Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
A qui profite l’instabilité généralisée de l’économie ?
Le président de la République a dénoncé les dérives du capitalisme financier. C’était à Londres, dans le fief de la finance. « "Ce capitalisme-là, je n'en veux pas, parce que c'est le capitalisme de la frivolité, du mensonge et de l'absence de transparence" (www.lemonde.fr, 28 mars).
On peut s’attendre à ce qu’il signe la pétition, ci-après, publiée simultanément, le 27 mars, dans divers médias : L'Humanité, Le Monde Diplomatique, Politis, Là bas si j'y suis, Flamman (Suède), Trybuna Robotnicza (Pologne), Publico (Espagne), Il Manifesto (Italie), Die Tageszeitung (Allemagne).
La finance déréglementée détruit les sociétés. Silencieusement, au quotidien, quand les actionnaires pressurent les entreprises, c'est-à-dire les salariés, pour en extraire davantage de rentabilité, au Nord comme au Sud. A grand spectacle et avec fracas dans les crises aiguës où se révèlent brutalement les invraisemblables excès de la cupidité spéculative et leur contrecoup sur l'activité et l'emploi. Chômage, précarisation, accroissement des inégalités : les salariés et les plus pauvres sont voués à faire les frais soit de la spéculation, soit des nuisances du krach qui s'ensuit.
Depuis deux décennies, le cours de la finance mondiale n'est qu'une longue suite de crises : 1987, krach boursier ; 1990, crise immobilière aux Etats-Unis, en Europe et au Japon ; 1994, krach obligataire américain ; 1997 et 1998, crise financière internationale ; 2000-2002, krach Internet ; 2007-2008 enfin, crise immobilière et peut-être crise financière globale.
Pourquoi une telle répétition ? Parce que toutes les entraves à la circulation des capitaux et à «l'innovation» financière ont été abolies. Quant aux banques centrales qui ont laissé enfler la bulle, elles n'ont plus d'autre choix que de se précipiter au secours des banques et des fonds spéculatifs en mal de liquidités.
Nous n'attendrons pas la prochaine crise sans rien faire et ne supporterons pas plus longtemps les extravagantes inégalités que la finance de marché fait prospérer ni les dangers qu'elle fait courir à tous. Parce que l'instabilité est intrinsèque à la déréglementation financière, comment les dérisoires appels à la «transparence» et à la «moralisation» pourraient-ils y changer quoi que ce soit – et empêcher que les mêmes causes, de nouveau, produisent les mêmes effets ?
Y mettre un terme suppose d'intervenir au cœur du «jeu», c'est-à-dire d'en transformer radicalement les structures. Or, au sein de l'Union européenne, toute transformation se heurte à l'invraisemblable protection que les traités ont cru bon d'accorder au capital financier.
C'est pourquoi nous, citoyens européens, demandons l'abrogation de l'article 56 du Traité de Lisbonne, qui, interdisant toute restriction à ses mouvements, offre au capital financier les conditions de son emprise écrasante sur la société. Et nous demandons également que soit restreinte la «liberté d'établissement» (art. 48) qui laisse opportunément au capital la possibilité de se rendre là où les conditions lui sont le plus favorables, et permettrait ici aux institutions financières de trouver asile à la City de Londres ou ailleurs.
Si par « liberté » il faut entendre celle des puissances dominantes, aujourd'hui incarnées dans la finance, d'asservir le reste de la société, disons immédiatement que nous n'en voulons pas. Nous préférons celle des peuples à vivre hors de la servitude de la rentabilité financière.
Les premiers signataires (par ordre alphabétique) : Elmar ALTVATER (Allemagne), Philippe ARESTIS (Royaume-Uni), Geneviève AZAM (France), Riccardo BELLOFIORE (Italie), Robin BLACKBURN (Royaume-Uni, Jérôme BOURDIEU (France), Mireille BRUYERE (France), Alain CAILLE (France), Claude CALAME (Suisse), François CHESNAIS (France), John CHRISTENSEN (Royaume-Uni), Christian COMELIAU (France), Laurent CORDONNIER (France), Jacques COSSART (France), Thomas COUTROT (France), Renato DI RUZZA (France), Gérard DUMENIL (France), Miren ETXEZARRETA (Espagne), Marica FRANGAKIS (Grèce), Jean GADREY (France), Susan GEORGE (France), Robert GUTTMANN (Etats-Unis), Bernard GUIBERT (France), John GRAHL (Royaume-Uni), Jean-Marie HARRIBEY (France), Michel HUSSON (France), Pauline HYME (France), Esther JEFFERS (France), Isaac JOSHUA (France), Matthieu LEIMGRUBER (Suisse), Frédéric LORDON (France), Birgit MAHNKOPF (Allemagne), Jacques MAZIER (France), Sabine MONTAGNE (France), François MORIN (France), Ramine MOTAMED-NEJAD (France), André ORLEAN (France), René PASSET (France), Dominique PLIHON (France), Christophe RAMAUX (France), Gilles RAVEAUD (France), Catherine SAMARY (France), Jacques SAPIR (France), Claude SERFATI (France), Henri STERDYNIAK (France), Daniel TANURO (Belgique), Hélène TORDJMAN (France), Eric TOUSSAINT (Belgique), Stéphanie TREILLET (France), Peter WAHL (Allemagne), Frieder Otto WOLF (Allemagne).
Voir le site www.stop-finance.org.
A noter aussi un article de Gabriel Zucman sur le site Rue89 http://www.rue89.com le 20 mars dernier, qui présente des éléments de réflexion sur la finance (Comprendre la finance contemporaine revue Regards croisés sur l’économie n°3, éditions La Découverte).
La crise du système financier américain, enclenchée depuis le mois d’août, a pris ces cinq derniers jours un caractère dramatique, de l’avis des plus grands responsables économiques de la planète (…). Pourquoi les autorités ont-elles montré tant d’empressement ? Parce que la structure du système financier mondial est celle d’un château de cartes. Les grandes institutions sont inextricablement liées par les prêts qu’elles se consentent mutuellement. Que l’une vienne à faire défaut, et ce sont toutes ses créancières qui sont fragilisées, acculant les plus faibles à la faillite, et ainsi de suite, en quelques heures (…).
En réalité, la crise financière est dans une large mesure de la responsabilité politique de l’administration Bush, et viendra encore noircir un bilan déjà bien piteux (…).
Aujourd’hui, sans l’intervention des autorités américaines, le système bancaire s’effondrerait entièrement. La crise, comme nous le dit Michel Aglietta, professeur de sciences économiques à Nanterre, est dans ses mécanismes et ses effets cumulatifs, aussi grave que celle de 1929 (…).
La différence avec 1929 réside dans la réactivité des autorités. Alors qu’il avait fallu attendre l’entrée en fonction de Roosevelt en 1933 pour que le gouvernement s’attaque sérieusement à la crise, en prenant les commandes des banques, la Banque centrale américaine et le gouvernement semblent aujourd’hui déterminés à empêcher, par tous les moyens, une aggravation de la situation et la multiplication des faillites.
Concrètement, cela signifie que les pertes réalisées par les banques seront socialisées, c’est-à-dire assumées in fine par l’Etat, comme l’ont été celles de la Northern Rock en Grande-Bretagne.