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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

PS : le congrès de Reims s'est achevé sur un profond renouvellement

 

Martine Aubry va faire du PS une ruche sans Royal

 

La partie est terminée, après plusieurs prolongations, car les deux équipes n’avaient pas réussi à se départager dans le temps réglementaire. Le congrès de Reims avait buté sur l’incapacité de la coalition « anti-Royal » à s’entendre sur une candidature commune à la fonction de premier secrétaire.

 

Aubry et Hamon ne pouvaient accepter que ce soit Delanoë, car il était trop lié à la direction sortante. Delanoë refusait d’appeler à voter pour celle qui l’avait fait échouer (en présentant une motion distincte) et la candidature Hamon était inacceptable par les partisans inconditionnels de l’Europe du traité constitutionnel et de son rejeton, le traité de Lisbonne.

 

Les uns et les autres ont alors misé sur l’élection du premier secrétaire, qui a mis face à face au second tour les deux femmes, Martine et Ségolène, Bertrand ayant préféré se mettre sur la touche en raison de sa contre-performance du 6 novembre. Benoît, au contraire, sortait du terrain avec les applaudissements du public et se portait en soutien actif à Martine, se souvenant qu’il avait porté le maillot de son équipe quand elle était au gouvernement.

 

Martine Aubry et Ségolène Royal finissaient la partie sur un résultat nul, mais l’arbitre avait vu le ballon franchir la ligne du but défendu par Royal, ce qui n’était pas prouvé car le match n’avait pas été filmé. Après de longues palabres, Martine Aubry était déclarée vainqueur, ce qui lui donnait le droit de constituer son équipe pour jouer dans le championnat national ces trois prochaines années.

 

Le dernier acte s’est déroulé hier, 6 décembre, lors du Conseil national. La nouvelle première secrétaire s’était entendue avec ses alliés (motions Hamon et Delanoë) sur un texte d’orientation, qu’elle a ensuite transmis à Ségolène Royal, sachant fort bien qu’elle ne pouvait le signer. La suite est logique : ne pouvant signer le texte, l’équipe Royal a décliné la proposition de participer de façon marginale au secrétariat national, qui est le gouvernement du PS.

 

Comme aux congrès d’Epinay-sur-Seine (1971) et de Metz (1979), notamment, le PS sort du congrès de Reims avec une majorité (coalition des trois courants Aubry, Hamon, Delanoë) et une minorité (Royal). C’est plutôt favorable pour conduire un action cohérente et forte.

 

L’ancienne candidate à l’élection présidentielle n’est certainement pas mécontente de cette situation, car elle a réussi à faire jeu égal avec sa rivale lors du vote des adhérents le 21 novembre et elle ne va pas avoir la responsabilité du résultat de la liste socialiste aux prochaines élections européennes (7 juin 2009).

 

Tout dépendra de la capacité de Martine Aubry à relancer le PS et à l’ouvrir sur le reste de la gauche. Si elle réussit, sa candidature à l’élection présidentielle s’imposera naturellement. Sinon, ce sera l’heure de Ségolène Royal.

 

Concernant la personnalité de la maire de Lille, je propose de lire le texte (paru 25 novembre, écrit le 2 juin 2008) de Xavier Dumoulin sur son blog Martine Aubry : Un réformisme moderniste chevillé au corps.

 

Concernant le déroulement du conseil national du PS, hier, j’ai retenu deux articles de presse :

 

- Le début de l'ère Aubry plombé par les divisions (Le Monde, 6 décembre),

- Aubry installe la direction du PS, les royalistes ne décolèrent pas (Rue89, 6 décembre).

Nouvelle direction : cliquer ici pour voir la liste complète.

 

            La première secrétaire s’est exprimée dans un discours de 90 minutes dont voici un extrait :

 

Le Président de la République rompt avec les fondements de la République

 

Rupture avec les fondements même de la République, ce fleuve dont la droite et la gauche formaient les deux rives.

 

Rupture historique avec le rôle de l’Etat dans notre histoire nationale dans ses fonctions régaliennes, celles d’assurer la sécurité, la justice, de promouvoir la solidarité nationale, et de porter une vision de l’avenir.

 

Rupture avec la décentralisation mise en place par le gouvernement de Pierre Mauroy, qui a partout conduit à une amélioration du service rendu au public, avec aujourd’hui des collectivités locales que l’on étrangle financièrement et dont on s’apprête à modifier les contours, les ressources, et les modes d’élection par strict souci politicien.

Je le dis ici au Président de la République : il est inacceptable et nous n’accepterons pas que les collectivités locales soient modifiées sans notre accord. Nous sommes prêts à mieux en définir les missions, à mieux articuler leurs actions, à améliorer encore l’efficacité, mais il n’y aura pas au sortir de la commission Balladur de « Big Bang » institutionnel sans nous. Nous nous y opposerons avec force.

 

Rupture avec le compromis social issu du Conseil National de la Résistance, quand la sécurité sociale est mise en péril, quand le système des retraites ne prend pas en compte les travaux pénibles et difficiles, quand les partenaires sociaux sont méprisés, les associations et les ONG tenus en lisière.

 

Rupture avec les libertés publiques. La scandaleuse interpellation de l’ancien directeur de l’information du quotidien Libération n’a été possible que parce que le mépris des libertés individuelles et le dévoiement du code de procédure pénale ont été élevés au rang de culture d’Etat. En témoignent l’explosion inquiétante du nombre des gardes à vue, la manière inacceptable dont sont trop souvent effectués les contrôles de police quand il s’agit de jeunes de nos quartiers, les conditions dégradantes de la rétention de sécurité.

 

Et que dire de cette incroyable atteinte à la liberté de la presse que représente le projet de loi sur l’audiovisuel public ! Un audiovisuel public que l’on veut mettre au pas en en nommant le PDG par décret présidentiel. Un audiovisuel dont on pille les ressources en transférant les recettes publicitaires aux chaînes privées amies. Saluons le travail, formidable de nos camarades députés qui se battent avec force pour empêcher le vote de cette loi.

 

Rupture avec la France des Droits de l’Homme par la réception en grandes pompes de Khadafi et de El Assad, quand la diplomatie est confondue avec le « business ».

 

Rupture avec l’esprit des institutions par une pratique personnelle du pouvoir, qui banalise et fragilise sa fonction.

 

Pour lui, la société n’existe pas ; il n’y a, face à face, que des individus et l’opinion. Il s’inspire de l’opinion et ne parle qu’aux individus, en les opposant les uns aux autres : les lève tôt contre les assistés, les vrais jeunes contre les racailles, les CDI contre les CDD, les Smicards contre les Rmistes, les bons immigrés contre les clandestins…

 

Ainsi, il oppose au lieu de réunir ; il joue de la peur, des peurs ; il instrumentalise l’événement et manipule les émotions. Il ne cherche pas à expliquer, à éduquer les citoyens ; mais toujours à simplifier.

 

Nicolas Sarkozy ne propose pas une vision et un projet à notre société. Il impose la loi du plus fort, le règne de l’argent et l’individualisme. Sa politique est vide : vide de valeurs, vide de solidarités, vide de sens. Faute de sens collectif, il donne des fausses réponses. Car il espère bien prospérer sur ce vide.

 

Et pour donner le change, il propose aux Français de se raccrocher à de fausses réponses qui sont autant de vrais dangers. Ainsi de sa politique sécuritaire –l’emploi du Taser, le honteux fichier EDVIGE- qui n’empêche pas l’insécurité d’augmenter, puisque là n’est pas son objectif : son objectif est de mettre en scène l’insécurité.

 

Ainsi du discours sur la « laïcité positive », qui n’est en réalité qu’une remise en cause de notre laïcité. Ainsi de la récupération du religieux : je pense aux discours du Latran et de Ryad, à cette affirmation étonnante pour un Président de la République de considérer qu’un prêtre vaut mieux qu’un instituteur pour l’éducation des enfants.

Ainsi du refuge dans une crispation identitaire qui oppose scandaleusement « identité nationale et immigration » et dénature ainsi l’identité de la France. Ainsi des discours – celui de Dakar, en particulier - reprenant les préjugés du colonialisme (…).


Cet article est le 99ème paru sur ce blog dans la catégorie
Gauche France 2007-08

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S
Bonjour Xavier ! J'avais bien lu sur ton blog le texte que tu as mis en commentaire, concernant les orientations communes aux trois motions Aubry, Delanoë et Hamon.A mon avis, ce texte n'a pas grande valeur. Il a été bricolé en urgence afin de rejeter Royal dans la minorité.Sur la question du traité de Lisbonne, le PS dans son ensemble y est favorable. Son but est de jouer à nouveau un rôle au PSE et de rechercher un accord dans le cadre du PSE pour les élections européennes.Ce que j'ai entendu, mercredi dernier, à Bruxelles dans les locaux du parlement européen, de la bouche d'un  député européen influent (PPE), c'est la décision prochaine de proposer à l'Irlande un nouveau référendum à la façon danoise après leur refus de ratifier le traité de Maastricht en 1992.Les danois ne voulaient pas avoir la même monnaie que les allemands; c'est la raison pour laquelle ils disaient non à l'euro. Alors, on les a fait voter sur la question suivante : acceptez-vous l'union monétaire, dont le Danemark ne fera pas partie ? Ils avaient répondu oui, ce qui avait permis la ratification du traité et l'adoption de l'euro.De la même façon, les irlandais seront invités à se prononcer par un nouveau référendum sur une nouvelle question, à laquelle ils répondront oui sans problème. Ainsi, la condition sera réunie pour la ratification du traité de Lisbonne.
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Je viens de lire la motion de Martine Aubry et de ses alliés dans le Monde en ligne du 6/12/2008.Je suis épouvanté du flou qui caractérise ce document. Je relève notamment l'absence de toute référence au pôle financier public.En cette période cruciale pour l'émergence d'une capacité politique et de propositions offensives face à la crise du capitalisme mondialisé, cette lacune me semble révêlatrice d'un manque certain de détermination. Le reste n'est que verbiage si l'essentiel passe à la trappe !Et que dire de l'option très européiste, façon PSE, pour qui sait lire entre les lignes  (1)  ?On peut s'interroger sur les réels clivages de ligne au sein du PS ! En tous cas cette ligne là ne peut servir de ciment et d'axe à toute la gauche.Il faut reprendre avec énergie et dans l'unité le projet stratégique de la gauche ébauché dans les premiers travaux du MRC. Dans le même sens, j'ai demandé par mel à Marie-Noëlle Lienemann de bien vouloir redonner de l'impulsion au projet de toute la gauche engagé par Gauche Avenir.<br /> P.S : Pour comprendre l'ambiguité de la position socialiste sur l'Europe après l'adoption du “manifesto” auquel se réfère avec insistance la motion majoritaire, lire l'article du 4 décembre 2008 de Jean-Michel Normand dans Puzzle socialiste “Le traité de Lisbonne, caillou dans la chaussure socialiste”, publié sur ce blog dans la catégorie Parti socialiste. Vous comprendrez pourquoi le manifesto n'est pas encore traduit en français.<br /> N.B : (1) la motion fait explicitement référence au manifesto<br />  le texte du Manifesto <br /> La « feuille de route », le document actuellement soumis à ses futurs alliés par Martine Aubry, affirme l’attachement du PS au Manifesto, le texte d’orientation du Parti socialiste européen (PSE) pour les élections européennes de juin. Un document approuvé en grande pompe dimanche dernier à Madrid en présence de la nouvelle première secrétaire qui effectuait sa première sortie officielle. Or, ce Manifesto fait ouvertement référence au traité de Lisbonne dont l’adoption « permettrait à l’Europe d’affronter les grands défis de manière plus démocratique, transparente et efficace ».   <br /> <br /> “For us, the European Union is the vital link in the era of globalisation. It puts our countries in a stronger position to solve global problems that have an impact locally. We need more active cooperation in Europe to tackle our common challenges and improve people’s lives. The entry into force of the Lisbon Treaty, subject to ratification by all EU member states, would make Europe betterable to tackle common challenges democratically, transparently and effectively.”<br />  <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br />
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