Gaza : non aux extrémismes d’Israël et du Hamas
Le conflit israélo-palestinien est lourd de menaces pour la civilisation humaine. Le Hamas est une organisation islamiste, dont les buts et les moyens sont condamnables. Mais, comment qualifier l’agression militaire de l’Etat juif, qui défie le droit international en prétendant détruire un adversaire qui a obtenu par les urnes la confiance de la population du territoire de Gaza ?
En vérité, les dirigeants d’Israël et du Hamas transgressent tout autant le droit international et le respect dû aux populations qui vivent dans cette prison à ciel ouvert. Hélas, on ne peut rien attendre de ce que certains appellent, à tort, la communauté internationale.
Les Etats-Unis d’Amérique ont le rôle principal. L’administration Bush a soutenu Israël sans conditions. On ne sait rien de ce que fera le président élu le 4 novembre (voir l’analyse de Gilles Paris dans Le Monde, ce 3 janvier, Barack Obama, Israël et la Palestine, par Gilles Paris).
L’Union européenne a décidé récemment de rehausser son alliance, ce qui a incité les dirigeants israéliens à lancer leur offensive contre le Hamas. Ils en ont besoin pour ramener la confiance de la population envers l’armée et, aussi, pour faire remonter leur cote de popularité à quelques semaines des élections nationales (voir l’article de Michel Bôle-Richard dans Le Monde, ce 3 janvier Consensus des partis israéliens sur l'offensive militaire contre Gaza).
Le Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) a publié ce jour le communiqué suivant :
Les bombardements israéliens sur Gaza, comme l’embargo mis en place contre la population civile palestinienne, sont une réponse disproportionnée violant le droit international, aux tirs de roquettes du Hamas, eux-mêmes défiant ce même droit. Ils font le jeu des franges les plus dures dans les deux camps. Ce conflit est le principal foyer de déstabilisation de toute la région. Il doit être résolu prioritairement pour éviter l’émergence d’une guerre de civilisations. La France doit clairement condamner la violation de la loi internationale. Elle doit apporter son soutien aux populations civiles victimes de ces bombardements. C’est la seule manière de préserver les chances d’une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens.
Je renvoie aux articles parus sur ce blog, notamment, le plus récent L'Etat israélien lance la guerre de reconquête de la bande de Gaza - 29 décembre 2008.
Des manifestations avaient lieu ce 3 janvier dans de nombreuses villes de France. Parmi d’autres, voici le texte de l’appel lancé, hier, par le Mouvement politique d’éducation populaire (M’PEP).
Depuis plusieurs jours, l’offensive militaire israélienne à Gaza intitulée « plomb durci » a causé des centaines de morts et de blessés. Elle vient s’ajouter au blocus inacceptable subi depuis des mois par le peuple palestinien.
Avec les autres forces progressistes, le M’PEP appelle à l’arrêt immédiat de tous les actes de violence dans les territoires du Moyen-Orient. Il exige des dirigeants politiques concernés en France et dans l’Union européenne, qu’ils prennent des mesures effectives pour que cessent les décomptes morbides. Il considère que les décisions, positions, hypocrisies, mises en attente, confusions, qui permettent là-bas que jour après jour les morts, blessés, blocus, offensives militaires, violences, se perpétuent dans la discrétion voire l’indifférence froide et bureaucratique des institutions et des responsables au pouvoir, doivent cesser ici.
Dans de nombreuses villes françaises, comme dans un grand nombre de pays sur la planète, les jours qui viennent seront marqués par des manifestations pour la paix en Palestine.
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J’ai relevé deux prises de position dignes d’intérêt, provenant de personnes engagées, l’une en faveur d’Israël, l’autre en faveur de la Palestine.
- D’abord, le point de vue publié par Le Monde, le 2 janvier, d’un historien du Moyen Orient, professeur en Israël (à l’université Ben Gourion) : Israël a le sentiment que l'étau se resserre, par Benny Morris.
- Ensuite, le texte de notre collègue au secrétariat national du MRC, Claude Nicolet, en sa qualité de président du Réseau de Coopération Décentralisée pour la Palestine - Cités Unies France (extrait).
Proche-Orient : et si nous cessions d’être hypocrites ?
La situation au Proche Orient une fois de plus, fait la une de l’actualité. Au-delà de l’horreur de la situation faite aux hommes, aux femmes et aux enfants, essayons d’analyser la situation dans laquelle nous sommes. Les puissances occidentales et, en particulier les Européens, ne feront rien. Ou plutôt si, ils soutiendront Israël jusqu’au bout. Peut-être que certains d’entre eux auront des hauts le cœur, diront qu’il faut cesser les combats, mais l’ensemble des dirigeants actuellement au pouvoir, pour des raisons historiques, politiques, religieuses, culturelles, économiques, militaires, stratégiques, énergétiques, sociologiques, psychologiques et idéologiques, ne peuvent envisager de s’opposer sérieusement à l’Etat d’Israël.
La récente décision du Conseil des ministres des Affaires étrangères de procéder au « rehaussement » des relations entre l’UE et Israël, contre le Parlement européen qui lui, avait décidé de repousser sa décision, en est l’illustration la plus évidente. D’ailleurs, sur la scène mondiale, qui veut réellement d’un Etat palestinien ? Il faut cesser d’être naïf et oser regarder les choses en face. Une poignée d’homme et de femmes ont fait l’analyse que le monde d’aujourd’hui et a fortiori de demain ne pouvait plus fonctionner avec les règles d’hier, car ces règles ne leurs conviennent plus. Le pouvoir serait une chose trop sérieuse pour le laisser entre les mains des peuples, pour paraphraser Clémenceau.
On voit bien à quel point le fonctionnement démocratique « normal » procédant de la souveraineté populaire est de plus en plus considéré comme un obstacle à l’élaboration de grandes structures politiques et technocratiques. L’exemple européen en est l’illustration. Le suffrage universel quand il s’exprime différemment du résultat attendu n’est plus considéré comme étant la source de la souveraineté mais comme le résultat d’un malentendu, d’une erreur, d’une mauvaise communication institutionnelle, voire de la bêtise de l’électeur. Le résultat du vote n’est en réalité pas accepté et on le contourne ou on fait revoter. Il faut se souvenir de la première élection de GW Bush, des référendums danois, français, néerlandais ou irlandais. Ces situations sont maintenant trop nombreuses pour relever simplement du hasard. Nous sommes maintenant dans le signifiant.
En réalité, la volonté farouche du peuple palestinien d’exister sur la scène internationale à égalité avec tous dans le concert des nations apparaît comme une incongruité. Sa volonté de voir reconnus ses droits historiques sur la Palestine comme un archaïsme. D’ailleurs l’Union européenne a-t-elle hésité un instant à ne pas reconnaître le résultat des élections législatives dont elle avait elle-même exigé la tenue via la « feuille de route » ? Au motif que le Hamas n’est pas fréquentable. Il fallait le dire alors et refuser de cautionner des élections auxquelles on savait qu’il participait.
Il est aisé d’imaginer l’incompréhension des Palestiniens devant un tel comportement, sauf que l’UE est en fait déjà dans un « ailleurs post démocratique » (…).
Ce n’est pas pour rien que Jean-Pierre Chevènement considère depuis longtemps que le dossier israélo-palestinien est à placer en priorité absolue de la politique internationale (voir Les voeux de Jean-Pierre Chevènement pour l'année 2009).
Ce n’est pas par hasard que la Fondation Res Publica | République, mondialisation, dialogue des ... a organisé deux colloques en 2008 sur l’évolution des sociétés israélienne et palestinienne
Voir Deux colloques de la Fondation Res Publica sur Israël et la Palestine
Cet article est le 7ème sur ce blog dans la catégorie Proche Moyen Orient.