Sortir de la crise du capitalisme
ou du capitalisme en crise ?
Sortir des sentiers battus de la politique est une nécessité dans la période actuelle. Si c’était possible, il y aurait une majorité de citoyens à vouloir reconstruire le monde sur des bases nouvelles. Mais il y a aussi la peur de tout ce qui est nouveau et révolutionnaire.
Autrement dit, faut-il sortir de la crise du capitalisme ou du capitalisme en crise ? (Samir Amin, Tribune sur le site de Marianne, 25 juillet : «Marx n’a jamais été aussi utile»).
Comparer les privilèges dans la société de l’Ancien Régime et ceux imposés par le capitalisme d’aujourd’hui est pertinent (voir, sur ce blog, L'aveuglement des élites de la finance, comparé à la situation en 1789 - 9 juillet 2009).
Le quotidien Le Monde, hier, a donné une large place à la nuit du 4 au 5 août 1789, à commencer par l’édito. « Trois semaines après la révolte parisienne et la prise de la Bastille, l'Assemblée constituante met à bas l'édifice multiséculaire de l'Ancien Régime. En quelques heures de transe collective, ce sont tous les privilèges de l'aristocratie, de l'Eglise et des provinces qui sont abolis. Et remplacés par le principe - révolutionnaire, au sens strict du terme - de l'égalité de tous devant la loi ». Lire 1789-2009.
D’autres articles (Le Monde, 3 août) apportent un éclairage intéressant :
"Notre société est aussi sclérosée qu'à la fin de l'Ancien Régime"
Professeur de philosophie à l'université de Poitiers, Patrick Savidan est également président de l'Observatoire des inégalités et directeur de la rédaction de la revue Raison publique. Il est l'auteur de Repenser l'égalité des chances (Grasset, 2007). Propos recueillis par Thomas Wieder.
« En 1789 déjà, certains faisaient valoir que l'aristocratie ne représentait qu'à peine 1 % de la population, et qu'il ne fallait pas aiguiser la jalousie du peuple à l'égard de ses élites naturelles. L'exigence d'égalité et de justice fiscale était pourtant nécessaire, incontournable. Elle l'est toujours aujourd'hui."
« C'est l'une des scènes fondatrices sur lesquelles s'est construite l'identité de la France contemporaine. Dans la nuit du 4 au 5 août 1789, l'Assemblée constituante renversait une organisation sociale plusieurs fois centenaire, bâtie sur un enchevêtrement de coutumes et de statuts, pour lui substituer un ordre nouveau, régi par le principe de l'égalité de tous devant la loi.
Cette nuit-là, rappellent les manuels scolaires, "les privilèges ont été abolis". Trois semaines après la prise de la Bastille, l'Ancien Régime s'effondrait. Moment inouï qui, deux cent vingt ans plus tard, imprègne encore profondément l'imaginaire politique des Français (…) » Jérôme Gautheret et Thomas Wieder.
"Une nouvelle nuit du 4 août est nécessaire"
Thomas Piketty, professeur à l'Ecole d'économie de Paris, a publié "Les Hauts revenus en France au XXe siècle : inégalités et redistribution" (Hachette, "Pluriel", 2006). Entretien.
« "Comme en 1789, la question des "privilèges" se pose avec une gravité particulière dans le domaine fiscal. La nuit du 4 août, en effet, a débouché sur une révolution fiscale fondée sur le principe de l'universalité de l'impôt (…) ».
Cet article est le 24ème paru sur ce blog dans la catégorie République Parlement.