La stratégie des grands syndicats, contestée par les militants
Le pouvoir politique surveille de près les directions des syndicats ouvriers et paysans, seul contre-pouvoir possible tant que la gauche est aux abonnés absents.
Car la situation sociale est potentiellement révolutionnaire, d’autant plus que le chef de l’Etat et de la droite est arc-bouté sur la protection des privilèges fiscaux de la classe dominante (dotée de très hauts revenus) qui l’a porté au pouvoir.
Les paysans mènent une action d’envergure qui est partie de la base.
Un petit groupe d’hommes de la terre (voir sur ce blog Grève du lait : Pascal Massol (APLI) hier soir à La Chapelle-Craonnaise - 18 septembre 2009), appuyé par les revendications des producteurs de lait qui luttent pour leur survie professionnelle, a réussi à se faire entendre des pouvoirs publics en utilisant des méthodes (grève des livraisons de lait) désapprouvées par les dirigeants du syndicat majoritaire (la FNSEA et ses proches).
L’association des producteurs de lait indépendants (APLI) est partie de la base paysanne dans le sud-ouest, à l’initiative de Pascal Massol, qui a adhéré à la démarche portée par la Coordination Rurale d’unification des producteurs de lait, au niveau européen, afin de créer un rapport de forces favorable face aux industriels laitiers et aux pouvoirs publics.
Cette stratégie est en passe de réussir, le ministre français de l’agriculture, Bruno Le Maire, ayant déclaré qu’il visait à réunir une « majorité qualifiée » des 27 Etats de l’Union européenne, en faveur de mesures de régulation du marché laitier, prenant ainsi le contre-pied de la politique de dérégulation conduite par la Commissaire européenne à l’agriculture, Mariann Fischer Boel, avec l’accord de l’ensemble des Etats, jusqu’à présent.
L’initiative franco-allemande de Le Maire et de sa collègue bavaroise est soutenue par 18 autres pays, ce qui rend possible un accord lors de la réunion « informelle » des ministres de l’agriculture, le 5 octobre à Bruxelles.
Ainsi, la mobilisation de la base, soutenue par les syndicats minoritaires (la Coordination rurale et la Confédération paysanne), entraîne dans le mouvement des syndicalistes de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) et JA (Jeunes Agriculteurs), qui perdent patience devant l’incapacité de leurs dirigeants à obtenir des résultats tangibles dans leurs négociations avec les industriels et les pouvoirs publics.
Les ouvriers manifestent, sans se faire entendre jusqu’à présent.
Les initiatives de la base ouvrière ne manquent pas, à l’occasion des restructurations et des délocalisations d’entreprises. Les syndicats se heurtent à des directions intransigeantes, qui misent sur le pourrissement, car elles ont confiance dans le soutien du gouvernement.
Les militants syndicaux ne trouvent pas dans leurs organisations, au niveau national, le relais souhaité. Le malaise n’est pas nouveau, mais il fait place désormais à des tensions et à des remises en cause des dirigeants (voir, à ce sujet, l’article paru sur ce blog le 16 mai 2009 Marcel Collet, militant syndicaliste CGT 53, interpelle son dirigeant).
Un article de Michelle Guerci, paru le 22 septembre sur le site de Marianne le montre bien. Voir Cette rage ouvrière que personne ne veut voir.
Voir aussi Panne d'allumage de rentrée pour le syndicalisme, par Michel Noblecourt (Le Monde, 17 septembre).
Cet article est le 58ème paru sur ce blog dans la catégorie Travail Economie.