La base militante du monde du travail est en colère
Il est de toutes les manifestations de travailleurs et propose très souvent des pétitions à la signature des citoyens, à Mayenne et dans les cantons limitrophes du Nord Mayenne. Ne lui demandez pas son âge : il en fait dix de moins qu’en réalité.
Marcel Collet travaillait dans la région parisienne avant de prendre sa retraite à Marcillé-la-Ville. Sa référence : le Conseil National de la Résistance. C’est un syndicaliste, un résistant, un homme de gauche, qui pousse au rassemblement de la gauche et des républicains de progrès, notamment les gaullistes.
Je l’avais rencontré le 1er mai, lors de la manifestation à Laval. Je ne savais pas que, le lendemain matin, il allait prendre la plume pour réagir aux propos de Bernard Thibault, sur France-Inter. Et sa lettre, elle fait le tour de la France, car elle a été mise en ligne et reçoit un accueil chaleureux.
Par exemple, ce site à Istres (13), le 8 mai, qui publie UN COMMUNIQUE D'UN SYNDIQUE CGT
Ou encore depuis le 10 mai, les Unions Syndicales Solidaires de la région PACA :
Camarade THIBAULT entends-tu la colère qui gronde dans les manifs et les usines ?
Lettre ouverte à Bernard THIBAULT, Secrétaire général de la CGT
Marcel Collet, militant CGT depuis 1955
Je viens d’écouter ta déclaration sur FRANCE-INTER ainsi que celles de J.C MAILLY de Fo et F. CHEREQUE de la CFDT.
Je ne suis pas surpris, ce n’est pas la 1ère fois que tu tiens des propos démoralisateurs qui permettent que tu ais droit aux compliments du MEDEF et des ministres de SARKO.
Par cette lettre, je veux te faire part du grave mécontentement qu’éprouve un grand nombre de militants qui sont scandalisés par les conséquences du virage réformiste de notre CGT depuis quinze ans (pour la plupart des membres du bureau confédéral et plusieurs secrétaires de fédérations REFORMISME est devenu synonyme de COLLABORATION). Je reviendrais un peu plus loin sur ta déclaration de ce jour.
Hier, je participais à ma 42ème manif du 1er mai (interdite de 1954 à 1967). C’est la 3ème qui connait un tel succès.
En 1968, nous étions environs 100 000 manifestants dans les rues de Paris. Le succès de cette manif nous aida considérablement au cours des semaines suivantes pour développer les luttes qui permirent des résultats fructueux.
2002 fut également un grand 1er Mai dirigé contre les dangers de l’extrême droite (LE PEN en particulier).
En conséquence, (mis à part 2002) le 1er Mai 2009, est le plus important depuis plus d’un demi-siècle. Hier à Laval, selon les infos de France Bleue Mayenne, nous étions près de 4000, c’est quinze à vingt fois plus que les années précédentes (y compris en 1968 il y avait moins de 300 participants). Ce succès est le résultat de l’action unitaire mais également et surtout du mécontentement qui touche l’ensemble des travailleurs, retraités, chômeurs, lycéens, étudiants etc.
Quelques mots sur des propos que tu tenais à la radio, début avril « Il est souhaitable que le 1er Mai nous soyons encore plus nombreux que le 19 Mars » s’exprimer ainsi est vraiment irresponsable de penser que le premier jour d’un long week end on va mobiliser autant qu’un jour de travail. C’est aussi la démonstration, à quel point les membres du Bureau Confédéral sont coupés de la base !
Maintenant j’arrive aux déclarations de ce jour (ce matin 2 Mai sur France Inter) dans l’ordre de l’émission : J. C MAILLY, B. THIBAULT, F. CHEREQUE. Déclaration correcte de S.G de FO qui propose que, après les succès du 1er Mai, il faut organiser une grève nationale inter- professionnelle, ensuite (j’ai vraiment l’impression qu’avec Chéreque, vous vous êtes partagés le sale boulot) tu es le 2ème intervenant pour dire qu’il n’est pas possible de demander aux travailleurs de faire grève, vu qu’ils ont de grosses difficultés financières (quel mépris pour les salaires les plus pauvres ! ) CHEREQUE ferme le banc, en affirmant que le gouvernement devrait tenir compte de la mobilisation du 1er Mai. Il n’est pas interdit de rêver, penser que l’on peut faire reculer avec deux manifs par trimestre c’est s’inscrire dans le domaine du rêve et de l’illusion !
Je rappelle qu’en 1968, nous étions plus de neuf millions en grève (avec occupation des entreprises), des millions d’autres salariés n’étaient pas dans le mouvement, beaucoup d’entre eux nous ont rejoint dans les luttes dans les années suivantes. Parmi les grévistes, des millions étaient payés au SMIC, quelquefois moins, notamment les jeunes qui subissaient des abattements et les salariés de l’agriculture. Dans la ville où je travaillais Argenteuil dans le Val d’Oise, sur environ 10 000 grévistes, de nombreux smicards notamment les femmes et les immigrés étaient très engagés dans le mouvement. Sur les fiches de paies du mois de juin, un bon en avant 35% de plus pour le SMIC et 55 % sur les SMAG (Salaire Minimum Agricole Garanti). L’action commune des OS avec les ouvriers qualifiés, les employés, les techniciens, et une partie des cadres avait été positive pour tous.
Deux exemples récents démontrent que les travailleurs les plus pauvres n’hésitent pas à s’engager dans l’action, nos camarades de Guadeloupe et de Martinique, encore plus mal payés qu’en métropole se sont engagés dans une lutte difficile et ils ont imposés les résultats que l’ont connait (44 jours de grève en Guadeloupe).
Depuis un an, les sans papiers ont aussi démontrés que des travailleurs mal payés et pauvres peuvent faire reculer Patronat et Gouvernement, il est vrai qu’ils ont le soutien de nombreux militants de la base, si bien que le Bureau Confédéral a du prendre le train en marche et soutenir la lutte des sans papiers !
Avant de conclure, je veux ajouter quelques mots sur les dizaines de milliers de salariés qui luttent, quelquefois depuis plusieurs mois, notamment dans la métallurgie, la chimie, l’enseignement, l’EDF, la santé, la poste etc. J’ai une pensée particulière pour les camardes de l’EDF qui vont recevoir pour le mois d’avril des fiches de paie amputée de 40 à 60 %. Je pense aussi aux enseignants qui depuis cinq ans, ont perdu la valeur de plusieurs semaines de salaires sans obtenir des résultats suffisants. Les directions confédérales portent une partie importante de la responsabilité de cette situation, jusqu’à présent, elles n’ont pas pris les dispositions nécessaires pour réaliser le Tous ENSEMBLE, EN MEME TEMPS. En 1968, dans un contexte, avec des points communs avec celui que nous connaissons en 2009, la CGT n’a pas appelé à la grève générale mais nous avons distribués des millions de tracts appelant à la généralisation des grèves, le résultat fut concluant.
Il est grand temps que la Direction Confédérale entende cette volonté d’agir Tous Ensemble.
A de nombreuses occasions, nous avons imposé des acquis considérables, notamment en 1953, 1968, 1995. C’est possible, dès maintenant, à condition que la CGT retrouve ses couleurs.
J’ose espérer que ces aspirations qui grandissent partout à la base seront enfin entendues (…).
Cet article est le 54ème paru sur ce blog dans la catégorie Travail Economie
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