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Présentation

  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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28 juin 2008 6 28 /06 /juin /2008 22:33

Un nouveau départ pour toute la gauche

 

Le congrès du Mouvement Républicain et Citoyen, les 21 et 22 juin 2008 au Kremlin-Bicêtre (94), a été marqué par l’élection de Jean-Pierre Chevènement à la présidence. Son intervention, le 22 juin, en fin de matinée, a été très appréciée.

Voici la troisième partie (extraits), que l’on peut retrouver sur le site du MRC : “Un nouveau cap” . On lira aussi le texte de la motion, adopté après prise en compte de nombreux amendements : La motion d’orientation du MRC et son annexe.

III - Pour toute la gauche un nouveau départ est nécessaire. C’est le sens de l’appel que le MRC lance à ses partenaires.

A) Un nouveau départ

Pour porter cette ambition de changement, la gauche française doit impérativement dépasser ses tropismes régressifs. Il est urgent pour elle d’organiser « l’évènement » qui, trente-sept ans après Epinay, permettra une nouvelle refondation, comme elle a su le faire à chaque étape de son histoire.

Cet évènement ne saurait être que la création d’un grand rassemblement de toute la gauche, ouvert à toutes ses sensibilités, radicales voire utopiques ou au contraire plus gestionnaires. La question n’est pas de savoir jusqu’où ira le rassemblement. L’impératif c’est le rassemblement lui-même qui doit se faire avec l’ensemble des hommes et des femmes de gauche et de progrès, mais en conservant la visée unitaire qui a toujours permis les grandes avancées de la gauche. Beaucoup des clivages hérités du passé ont été tranchés par l’Histoire. D’autres se sont déplacés et doivent être résolus par le débat.

La ligne politique du MRC est très volontariste. Elle vise, en créant un grand parti de toute la gauche reposant sur des analyses de principe, à contrarier, dans son intérêt même, le glissement à droite du parti socialiste et l’enfermement sur lui-même du parti communiste. Qui ne voit que la création d’un parti soi disant révolutionnaire à côté d’un parti devenu franchement social libéral offrirait pour longtemps un boulevard à la droite ?

Il faut contrarier ces tendances mortifères pour la gauche et pour le pays. A chacun de nos partenaires nous parlerons avec la franchise de l’amitié.

1. S’agissant du Parti socialiste

Ségolène Royal a été déséquilibrée pendant sa campagne par les manœuvres de l’aile libérale de son parti (les Gracques d’abord puis les prises de positions de Bernard Kouchner et de Michel Rocard).

Il ne sert à rien au PS d’être hégémonique à gauche s’il n’est pas capable de devenir majoritaire dans le pays. Le PS doit tenir compte des autres sensibilités de la gauche pour renouer avec les couches populaires. Or, le PS, après l’échec de mai 2007, a montré son absence de détermination sur le fond en faisant voter majoritairement le traité de Lisbonne. En recherchant des alliances sans principes avec le MODEM, certains, en son sein, ont oublié qu’avant de s’allier, il faut soi-même savoir où on habite. La déclaration de principes du PS, malgré des références républicaines appréciables, ne comporte pas d’analyse de la mondialisation. Elle est enfin marquée par un européisme que bat en brèche la volonté des peuples.

L’éloignement de la gauche des couches populaires est un problème déjà ancien. Le risque est grand qu’en 2012 le PS aborde l’échéance décisive avec les mêmes handicaps qu’au cours des trois élections présidentielles précédentes.

Il est vital de redresser cette évolution. L’aile gauche du PS le peut-elle ? Il semble qu’elle soit profondément affaiblie et elle est elle-même divisée.

Seul un évènement né d’un choc externe pourrait redresser cette évolution. Or le prochain Congrès du PS ne sera vraisemblablement pas décisif. Seul, le PS n’opérera pas le redressement nécessaire. Il lui faut renouer à travers un projet clair avec les couches populaires. Ce projet dynamique, nous pouvons contribuer à l’apporter. Le temps presse. Cet « événement » que le MRC appelle de ses vœux doit être créé au printemps 2011 au plus tard.

2. S’agissant du PCF

Près d’un siècle après le Congrès de Tours, les raisons du divorce entre communistes et socialistes se sont estompées. L’URSS et le communisme soviétique se sont effondrés. La théorie léniniste de la conscience révolutionnaire, importée dans une classe ouvrière spontanément réformiste et dominée par l’aristocratie ouvrière, et cela grâce à un parti appuyé sur le « socialisme scientifique », a fait long feu. Non que la théorie et l’analyse des phénomènes sociaux doivent être rejetées. Au contraire ! Mais c’est à travers le débat et la démocratie que les classes populaires doivent se doter d’un parti et d’une conscience politique à la hauteur des défis du monde d’aujourd’hui. Il ne s’agit pas d’en rabattre sur l’ambition transformatrice mais de rompre avec le dogmatisme et la stérilisation de forces militantes précieuses.

Le PCF est tiraillé aujourd’hui entre plusieurs tentations : celle de créer une nouvelle formation à gauche du PS, avec ou sans Besancenot, et en association avec des groupes plus ou moins spontanéistes. L’échec du rassemblement autour du « non de gauche » purement anti-libéral et a-républicain a manifesté la vanité d’une telle démarche qui ne peut que dissoudre le PCF dans une idéologie victimaire compassionnelle teintée d’anarchisme. L’autre perspective est le repli sur soi maquillé, soit aux couleurs de l’orthodoxie, soit d’une rénovation superficielle. En réalité, le PCF a atteint un étiage si préoccupant que sa réalité politique et sociologique qui reste estimable peut subir un coup fatal dès lors que le candidat du PCF aux élections risque de rééditer en moins bien les scores de Robert Hue en 2002 et de Marie-George Buffet en 2007. Le PCF dont nous apprécions la valeur de ses militants doit éviter d’aller dans le mur et nous voulons l’y aider.

Combien plus efficace en effet serait le potentiel de réflexion et d’action des militants communistes ancrés pour beaucoup encore dans la réalité populaire, s’il trouvait à se déployer à l’intérieur d’un grand parti de toute la gauche ! Ce potentiel aujourd’hui stérilisé trouverait un débouché porteur d’avenir (…).

B) Une refondation républicaine

Plus que jamais s’impose avant 2012 la nécessité d’une refondation républicaine de la gauche. Refondation républicaine parce qu’après l’effondrement du communisme soviétique qui a pendant des décennies barré l’horizon du socialisme démocratique, il est temps de repartir de la synthèse jaurésienne du socialisme et de la République.

L’exigence républicaine n’a rien de passéiste. Elle seule permettra de contrarier l’évolution de nos sociétés vers la fragmentation sociale et les replis identitaires, ethniques, intégristes et communautaristes. Seule l’idée exigeante de l’intérêt général dont la nation républicaine reste le lieu d’élection sans que d’autres niveaux d’appartenance doivent être gommés, peut permettre de fournir à une société déboussolée des repères convaincants. La nation républicaine est fermement ancrée dans le terreau des Lumières, celui du rationalisme et de l’humanisme. Sachons nous y maintenir fermement (…).

Le MRC, pour ce qui le concerne, sera l’inlassable artisan de cette refondation républicaine. Pour créer un cadre politique commun, il faut que nous soyons capables de porter et faire connaître notre projet à travers des forums de l’Unité et des Assises de la gauche qui pourraient se tenir dès 2009.

Dans le débat intellectuel contemporain, le MRC a un rôle essentiel à jouer : celui d’aiguillon idéologique et de formation militante. Dans l’immédiat, notre parti doit se fixer quelques objectifs simples d’ici notre Prochain Congrès :

1. la réussite de notre Université d’été à Belfort dont la date est fixée aux 6 et 7 septembre, et dont le thème sera l’état de la gauche et les perspectives de sa refondation ;

2. le doublement de nos effectifs et la mobilisation de nos réseaux de sympathisants ;

3. l’affirmation de notre cohérence politique par l’organisation de manifestations publiques, en liaison ou non avec d’autres organisations ou sociétés de pensée ;

4. la diffusion de « Citoyens militants » et de la ligne républicaine dans les milieux de sympathisants qui un jour pourront rejoindre le grand parti de toute la gauche et en attendant le MRC ;

5. la création d’une Ecole des cadres en vue de former au moins une cinquantaine de « leaders » potentiels, articulés idéologiquement et capables de s’exprimer dans les médias ;

6. financièrement je renouvelle l’appel à une souscription nationale et je demande à tous les élus qui touchent une indemnité d’en consacrer une partie pour assurer la réussite de notre projet. C’est pour remplir ces tâches qu’un secrétariat national renouvelé plus qu’à moitié, issu majoritairement des régions, à la fois expérimenté et rajeuni, vous a été proposé. J’aurai besoin de l’engagement de tous.

7. Enfin, je n’oublie pas que nous devons préparer les prochaines échéances électorales. Les sénatoriales d’abord, en septembre prochain, où je serai candidat pour faire entendre, avec nos deux autres parlementaires, une voix républicaine au sein du Parlement.

Ensuite viendront les élections européennes, les élections régionales, puis les cantonales. Nous n’entendons pas, comme certains essayent de le faire croire, rejoindre le PS avec armes et bagages. La refondation républicaine a un contenu idéologique. Elle a une assise politique. Aucune décision ne sera donc prise par le MRC pour participer à quelque recomposition de la gauche que ce soit, en dehors d’un Congrès extraordinaire.

Aucune refondation de la gauche en effet ne peut se faire qu’à travers une analyse du monde et précisément une critique de la globalisation libérale et, par ailleurs, à travers un projet comportant des éléments programmatiques réalisables.

Avant de se poser le problème des alliances, la gauche doit savoir où elle habite. Elle vise à rassembler le monde du travail sur un projet humaniste. Elle porte l’héritage républicain qui, à partir de la notion d’intérêt général, permet le dépassement des intérêts particuliers, des égoïsmes, des corporatismes et des communautarismes. La pluralité d’appartenances conduit à définir une multiplicité d’intérêts généraux qu’il faudra savoir hiérarchiser à travers un projet nouant ensemble l’intérêt national, l’intérêt européen et les intérêts de l’humanité dans son ensemble. Rien là qui ne soit conforme au patriotisme républicain et à l’internationalisme, dont Jaurès avait su montrer la complémentarité.

La valorisation du travail, la recherche de l’égalité et d’un progrès mieux partagé, la solidarité, l’épanouissement individuel prenant tout son sens dans un dessin de réussite collective, la promotion du sens des responsabilités, bref du civisme, la laïcité enfin, constituent un socle de valeurs solides pour l’édification d’une République moderne, démocratique et sociale.

A partir de ces orientations, nous proposons que toutes les organisations et toutes les personnalités de gauche et de progrès qui le voudront réunissent dans tous les départements des forums de l’Unité. Ces forums, largement ouverts, auraient à traiter quelques sujets clés :

1. l’analyse de la globalisation et les conséquences à en tirer pour l’action de la gauche au gouvernement ;

2. la valorisation du travail ;

3. la réorientation de la construction européenne ;

4. la forme du nouveau rassemblement de la gauche à créer.

Ces forums pourraient déboucher sur des Assises de la gauche en 2009 qui prépareraient, sur la base d’un projet clair, un Congrès de rassemblement de toute la gauche au sein d’un grand parti. C’est à cette occasion que serait élu, au suffrage universel des militants, le candidat de la gauche à l’élection présidentielle de 2012. Ce candidat ne serait pas seul. Il serait porté par un projet collectif et par un élan qu’il nous appartient de faire lever sans attendre dans le pays (…).

Lire la première partie de l’intervention de Jean-Pierre Chevènement, parue sur ce blog le 27 juin, ou l’ensemble sur le site du MRC : “Un nouveau cap”   

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27 juin 2008 5 27 /06 /juin /2008 22:14

Comprendre la globalisation pour la réorienter

 

Le congrès du Mouvement Républicain et Citoyen, les 21 et 22 juin 2008 au Kremlin-Bicêtre (94), a été marqué par l’élection de Jean-Pierre Chevènement à la présidence. Son intervention, le 22 juin, en fin de matinée, a été très appréciée.

Voici les deux premières parties, que l’on peut retrouver sur le site du MRC : “Un nouveau cap” . On lira aussi le texte de la motion, adopté après prise en compte de nombreux amendements : La motion d’orientation du MRC et son annexe

 

I - Il faut d’abord comprendre la nature de cette globalisation aujourd’hui en crise.

Cette « globalisation », en effet, est un phénomène à la fois économique et politique. Ce serait rester à la surface des choses que de voir dans les « subprimes » américaines et les dérives du capitalisme financier à l’échelle mondiale la cause essentielle de la crise actuelle. Le surendettement des ménages américains a été encouragé par le gouvernement des Etats-Unis pour sortir de la précédente crise née de l’explosion de la bulle technologique, en septembre 2000.

La réalité est que les Etats-Unis, artisans principaux de la globalisation depuis les années quatre-vingt, ont vécu à crédit. Ils ont depuis longtemps un train de vie qui dépasse leurs moyens. Ils ont proclamé imprudemment la fin de l’Histoire (selon l’expression de Francis Fukuyama) après la chute de l’Union Soviétique. L’Histoire les a rattrapés. Les pays émergents se sont autonomisés du FMI depuis 1998 en se désendettant. L’Hyperpuissance américaine a cru pouvoir pratiquer une politique de fuite en avant avec un déficit commercial abyssal. L’Administration Bush a entraîné ses alliés dans l’invasion de l’Irak, provoquant, à des fins principalement pétrolières et au nom de « la guerre contre la terreur », un véritable « clash des civilisations ».

Les Etats-Unis se trouvent confrontés aujourd’hui à trois problèmes cumulatifs : la récession économique, la chute du dollar, l’enlisement en Irak et au Moyen-Orient. Ils n’ont plus les moyens de maintenir seuls leur domination mondiale. Avec un budget militaire de 640 Milliards de dollars (plus de la moitié des budgets de défense à l’échelle mondiale), les Etats-Unis cherchent en Europe et en Asie des supplétifs. M. Sarkozy, en réduisant l’armée française à la dimension d’un petit corps expéditionnaire à la disposition de l’OTAN, est prêt à les leur fournir.

Nous avions dénoncé, en son temps, 1996, les conséquences possibles de l’abandon du service national, à savoir le gonflement des budgets de fonctionnement au détriment de l’équipement de nos forces armées. Aujourd’hui, on coupe dans les effectifs (-60 000) au prétexte de remédier au sous-équipement et à la vétusté des matériels. L’armée française est réduite à une taille de guêpe - 30 000 hommes - essentiellement à des fins de projection lointaine au service de l’OTAN, dans des conflits incertains et forts éloignés de nos intérêts nationaux : Kosovo ou Afghanistan.

C’est une politique de gribouille : on réduit l’effort de défense en même temps qu’on appelle à une "défense européenne" tout en rejoignant l’OTAN. Sur 27 pays de l’Union européenne, 20 sont membres de l’OTAN. Aucun, à part la Grande-Bretagne, alliée spéciale des Etats-Unis, et la Grèce face à la Turquie, ne fournit un effort de défense conséquent. La défense européenne est un mythe et restera un mythe. En réalité le Président de la République a choisi pour l’Europe une défense américaine, oubliant qu’un peuple ou des peuples qui abandonnent le souci de leur défense dans des mains étrangères abdiquent par la même la maîtrise de leur destin et l’indépendance de leur politique extérieure.

De Gaulle avait choisi l’indépendance. Sarkozy choisit la dépendance. Et cela au plus mauvais moment, quand l’Empire américain touche à sa fin, et risque de nous entraîner, comme en Irak, dans des aventures nuisibles aux intérêts de sécurité de la France.

Nous n’avons pas à nous mettre à la remorque d’une politique américaine sur laquelle nous n’exerçons aucun contrôle. C’est seulement en restant indépendants ou en se donnant les moyens de le devenir, que la France et l’Europe se feront respecter et pourront modérer utilement et orienter l’usage de l’Hyperpuissance américaine.

En effet, ce sont les règles du jeu à l’échelle mondiale qui doivent être modifiées, dans le cadre d’un monde multipolaire dont l’avènement est rendu d’ailleurs inévitable par la montée des grands pays émergents (Chine - Inde - Brésil, etc.) et le retour de la Russie. Nous voulons que ce monde soit régi par le droit car c’est la condition de la paix.

Là sont les rôles de l’Europe et de la France, levier de notre responsabilité au monde. Nous voulons rester les alliés des Etats-Unis mais nous ne voulons pas être leurs vassaux. L’opinion publique européenne est éprise de paix. Elle souhaite que les Etats-Unis redeviennent la grande nation qu’ils sont, en acceptant la réalité d’un monde multipolaire nourri par le dialogue des cultures.

La crise de la « globalisation » bat en brèche les postulats libéraux auxquels la gauche française a cédé depuis plus de deux décennies : ainsi le libre-échangisme, car personne n’attend plus d’une nouvelle libéralisation des échanges à l’OMC un rebond de la croissance à l’échelle mondiale. Ainsi encore le refus des politiques industrielles au nom d’une conception idéologique de la concurrence qui a fini par paralyser l’action publique. Jacques Delors en prenant la défense de M. Barroso sert une bien mauvaise cause car la Commission européenne n’est pas l’incarnation de l’intérêt général. Elle est la gardienne de l’orthodoxie libérale et son dogmatisme aussi bien que le rôle existant qui est le sien barrent l’horizon d’une réorientation positive de la construction européenne.

Enfin, le refus de l’intervention des Etats dans le capital des entreprises prend l’eau à son tour, car même les pays les plus libéraux renflouent, sur fonds publics, leur système financier et même leurs grands groupes industriels. Tout montre qu’après trois décennies de « globalisation » succédant aux « trente glorieuses » du New Deal, un nouveau cycle historique est près de s’ouvrir. C’est là le rôle du MRC, servir d’aiguillon idéologique pour réveiller la gauche française et la mettre en état de peser sur les équilibres du monde.

II - En second lieu, il faut comprendre les potentialités de réorientation qu’offre cette crise.

A) C’est d’abord à l’échelle mondiale qu’il faut agir.

Les désordres monétaires sont devenus insupportables. Des fourchettes de parités doivent être définies et défendues collectivement. Les Etats-Unis doivent rétablir leur épargne. Ils peuvent être aidés à retrouver l’équilibre de leur balance commerciale par une croissance concertée des autres parties du monde et d’abord de l’Europe.

Il faut aussi que les grands pays émergents prennent davantage en compte chez eux les besoins de leur population, ainsi que le respect, au Nord, des équilibres sociaux et, dans le monde, des exigences environnementales. C’est à ce prix seulement que les pays anciennement industrialisés pourront continuer à ouvrir leurs marchés à une concurrence qui repose trop exclusivement sur l’avantage comparatif d’un très bas coût de main d’œuvre. Une régulation concertée des échanges internationaux est nécessaire.

Elle devra ménager l’accès libre aux marchés des pays riches des produits des pays les moins avancés, et notamment de l’Afrique. Leurs productions, à l’inverse, doivent être protégées. L’aide publique au développement, scandaleusement négligée, devra être rétablie et accrue. Les institutions financières internationales devraient trouver une nouvelle vocation dans la correction des inégalités croissantes de développement. Cette nouvelle donne ne sera rendue possible que par une mobilisation de l’opinion mondiale et par la réunion de grandes conférences internationales sur le modèle de Bretton-Woods en 1944-45.

B) Parallèlement, la réorientation de la construction européenne est nécessaire.

L’Europe ne se redressera pas sans la France et sans que la gauche française fasse entendre sa voix. Encore faut-il qu’elles retrouvent confiance en elles. L’Europe ne trouvera sa place dans le monde multipolaire de demain que si elle-même se révèle capable d’organiser un modèle équilibré de développement. Le « non » irlandais révèle encore une fois le rejet par les peuples d’une Europe technocratique et antisociale.

À cet égard l’instauration d’un gouvernement économique de la zone euro est un enjeu décisif. Une politique de change moins pénalisante pour l’activité, la mise en œuvre de politiques contracycliques fondées sur l’investissement et la recherche pourraient créer un environnement propice pour l’harmonisation sociale et fiscale et la promotion des services publics. L’Europe ne peut se résumer à la mise en concurrence des systèmes sociaux. Il est temps de lui donner un contenu progressiste.

Le rôle de l’Allemagne sera déterminant car la politique de compression des coûts salariaux mise en œuvre depuis 2000 pénalise gravement la croissance européenne. L’excédent commercial allemand se réalise pour l’essentiel au détriment de ses partenaires européens. Le rôle de la France n’est pas moins important comme catalyseur politique pour réorienter la construction européenne dans le nouveau contexte mondial. Les institutions européennes auraient l’impérieux devoir de s’appuyer davantage sur les Etats qui restent les principaux acteurs de l’initiative publique. Malheureusement ce n’est pas le sens du Conseil européen des 19 et 20 juin.

Le « non » irlandais rend manifeste le fossé entre les élites dirigeantes européennes et les aspirations des peuples. Vouloir extorquer un « oui » au peuple irlandais en le soumettant à la « question » serait une nouvelle forfaiture.

Le peuple irlandais n’est pas un peuple méprisable. Certes il ne compte que 4 millions de citoyens mais c’est un grand peuple, farouchement attaché à son indépendance comme toute son histoire l’a montré, un peuple démocrate qui n’approuve pas les yeux fermés un texte rendu incompréhensible par la volonté de dissimuler aux peuples sa véritable nature : celle d’une Constitution européenne bis.

Et qui peut croire que, si on avait consulté les peuples français et néerlandais, ils auraient fait une autre réponse que le peuple irlandais ? M. Gordon Brown est pris la main dans le sac par la justice britannique alors qu’il renie lamentablement l’engagement de Tony Blair de faire approuver la constitution européenne par référendum.

L’Europe contre les peuples ne marche pas. La France quant à elle serait aussi fondée que les pays dérogatoires (Grande-Bretagne, Irlande, Danemark, Suède) à réclamer des garanties et des exemptions.

C’est ce que nous réclamons depuis longtemps en matière de service public, de fiscalité, d’élargissement des marges de manœuvre budgétaires. L’argument qu’on nous oppose c’est que la France, à l’initiative et au cœur du processus européen, doit montrer l’exemple. Mais tout montre au contraire qu’il s’agit, au prétexte de l’Europe, d’imposer à la France une procédure quasi disciplinaire : il est comme entendu que le peuple français n’est pas mûr pour une démocratie responsable et qu’il n’a donc pas la latitude d’exercer ses droits. Cette politique caporalisatrice est insoutenable.

C’est avec cette conception qu’il faut rompre pour aller franchement vers une Europe à géométrie variable s’appuyant sur la démocratie qui vit dans les nations.

C) Au niveau national.

L’urgence première sera de faire face à la récession qui vient. Aucun moyen ne devra être négligé, y compris l’intervention de l’Etat ou de compagnies publiques dans le capital des entreprises stratégiques, afin de préserver le tissu industriel. A cet égard, nous approuvons la prise de participation de l’Etat de 9% dans le capital des Chantiers de l’Atlantique car nous n’entendons pas nous laisser enfermer dans une opposition aveugle. Nous sommes avant tout des républicains. Nous sommes assez sûrs de notre projet pour ne pas nous enfermer dans une opposition systématique à courte vue.

Nous voulons contenir les exigences du capitalisme financier, stabiliser le capital de nos entreprises et fonder de nouvelles relations sociales sur la base d’une « Charte de l’entreprise ». L’éducation, la recherche, seront favorisées. La cohésion sociale, l’activation du sentiment républicain, la solidarité civique face à toutes les formes de communautarisme seront mises à l’ordre du jour. Une véritable écologie, au service de l’humanité tout entière, ne saurait s’enraciner que dans le terreau des Lumières, rejetant toutes les formes d’obscurantisme. Tel est notamment le cas pour ce qui est de la lutte contre le réchauffement climatique et pour un développement durable. La science et la culture doivent, en effet, rester au cœur de notre action.

Lire la 3ème partie demain sur ce blog ou sur le site du MRC : “Un nouveau cap”   

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24 juin 2008 2 24 /06 /juin /2008 21:37

Les régions auront leurs secrétaires nationaux

 

Lors d’une rencontre interrégionale des responsables départementaux MRC, qui avait eu lieu à Nantes, le 29 mai dernier, nous avions souhaité que Jean-Pierre Chevènement mette en place une organisation interne en rapport avec l’ambition de notre projet politique.

 

Relisons cet extrait de Rencontre des responsables MRC de l'ouest le 29 mai 2008 à Nantes.

 

« Nous demandons que le secrétariat national aux fédérations soit relayé par un(e) délégué(e) interrégional(e), qui soit chargé(e) de faire le lien entre les départements et le national. Le niveau interrégional est celui de la circonscription d’élection des députés au parlement européen.

 

Le secrétariat national aux fédérations, ainsi défini (secrétaire national(e) + délégués interrégionaux), doit être porteur de la mission d’organiser la présence du Mouvement dans tous les départements d’une part, et de soutien à l’animation militante d’autre part. Sa place au sein du secrétariat national doit être pleinement reconnue et validée par le futur président et le congrès ».

 

Nous avons obtenu satisfaction. Le président Chevènement a proposé au congrès une liste de 31 secrétaires nationaux, dont 11 ont une mission de « développement du parti dans les régions ». Voir www.mrc-france.org. Voici cette liste, qui a été approuvée par les délégués.

Secrétaires nationaux :
1. Coordination : Jean-Luc Laurent
2. Diffusion des idées et formation - Ecole de Cadres : Marie-Françoise Bechtel
3. Relations extérieures : Georges Sarre
4. Elus : Etienne Butzbach
5. Relations avec le Parlement : Christian Hutin
6. Porte-parole : Pierre Dubreuil
7. Porte-parole : Catherine Coutard
8. Syndicats - Mouvement associatif : Claude Nicolet
9. Finances : Yves le Hénaff
10. Trésorerie : Christophe Bénavides
11. Relations internationales : Sami Naïr
12. Droit des Femmes : Aimée Gourdol
13. Université d’été, Projet et prises de position du parti : Patrick Quinqueton
14. "Citoyens Actualités" : Dominique Vial
15. Fédérations : Béatrice Desmartin
16. Communication, Idées, rayonnement local : Julien de Verrières
17. Elections : Guillaume Vuilletet
18. Développement du parti (en liaison avec les secrétaires nationaux en régions) : Renée Rémy
19. Education : Michel Vignal
20. Etudiants : Eléonore Perrier
21. Jeunesse : Eric Martin
22. Citoyenneté : Rachid Adda
23. Santé et protection sociale : Ladislas Polski
24. Environnement, énergie : Gérard Pierre
25. Agriculture : Michel Sorin

Secrétaires nationaux au développement du parti dans les régions :
Déjà titulaires :
Claude Nicolet, Nord
Michel Sorin, Grand Ouest
Ladislas Polski, Midi méditerranéen
Dominique Vial et Catherine Coutard, Rhône Alpes

6 nouveaux :
Maurice Schwartz, Grand Est
Thierry Cotelle et Josette Robert, Sud-Ouest
Jean-Marc Miguet, Auvergne
Denis Durand, Centre
Serge Lezement, Normandie

Par ailleurs, le MRC 53 avait proposé un amendement sur la question des retraites, soutenu en cela par le MRC 56. Voir l’article paru hier sur ce blog sous le titre :

Gérard Beillard, délégué de la Mayenne, est intervenu au congrès MRC

La Commission des résolutions, présidée par Marie-Françoise Bechtel, a reconnu le bien fondé de notre demande et ajouté un paragraphe (retraites) à la partie « Garantir les protections sociales ». Les propositions concrètes seront décidées lors d’une convention thématique, qui sera réunie prochainement.

Garantir les protections sociales

Le chômage important des jeunes et des salariés après 50 ans constitue une immense perte de cotisations pour les régimes de protection sociale. L’issue n’est pas dans les fonds de pension qui ne font qu’engendrer de nouveaux risques. Elle est dans la réforme de l’assiette des cotisations, l’amélioration du taux d’activité en fin de carrière... et dans le recul du chômage.

C’est dans cette optique que nous estimons indispensable d’affirmer le droit à la retraite et de revenir à une logique de solidarité nationale, responsable et respectant un humanisme républicain. Cela demandera un important chantier de refonte des systèmes qui devra notamment prendre en compte la pénibilité du travail.

Nous voulons renforcer un système de protection universel, égalitaire et solidaire, dégagé des contraintes de rentabilité mais équilibré financièrement. Nous proposons de rendre au Parlement un rôle directeur dans la politique de santé publique et dans les dépenses de santé : prévention, politique du médicament, libérée des pressions des grands groupes pharmaceutiques, défense et modernisation de l’hôpital public, qui doit rester un élément essentiel de notre système de soins, et synergie entre médecine de ville et établissements, maintien des services de proximité, juste répartition des moyens, organisation du risque dépendance, etc.

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23 juin 2008 1 23 /06 /juin /2008 21:06

Le chantier de la refonte des systèmes de retraite

 

Lors du congrès du Mouvement Républicain et Citoyen, le 21 juin 2008, au Kremlin-Bicêtre (94), Gérard Beillard a présenté le projet d’amendement à la motion d’orientation porté par le MRC 53, concernant les retraites. Voici le texte qu’il a lu à la tribune du congrès.

 

« Remettre le système de retraite dans la logique de solidarité »

 

Michel Sorin m’a demandé de présenter cet amendement sur les retraites, car j’ai travaillé la question et fait des propositions au comité MRC de la Mayenne.

 

Je suis ouvrier dans une entreprise de textiles à Laval, et je participe pour la première fois à un congrès politique. J’ai accepté de prendre la parole ici, même si ce n’est pas évident, mais je compte sur votre indulgence. Je tiens à représenter le monde du travail à ce congrès, et plus particulièrement les milieux populaires, ceux qui subissent la précarité des revenus et les handicaps de toutes natures.

 

Quand j’ai lu la motion et son annexe, j’ai été surpris qu’il n’y ait rien sur les retraites. C’est pourtant une revendication de première importance des syndicats dans la période actuelle et un point sensible au niveau des citoyens. Le républicain de gauche que je suis n’accepte pas la logique de grignotement des pensions de ceux qui sont en situation défavorisée.

 

Notre Mouvement, qui représente la gauche républicaine, se doit de parler clair sur cette question des retraites, car le grand parti de toute la gauche que nous appelons de nos vœux devra prendre position en se situant dans une logique alternative, fondée sur la solidarité.

 

Notre amendement s’intitule « Remettre le système de retraite dans la logique de solidarité ». Il prend place dans l’annexe de la motion, le projet républicain, après les deux paragraphes « Rééquilibrer les revenus du travail et du capital » et « Garantir les protections sociales » de la partie « 1-2 Revaloriser le travail ».

 

Voici le texte de l’amendement :

Remettre le système de retraite dans la logique de solidarité

Le système de retraite est un enjeu de société. Si nous voulons promouvoir une politique alternative aux politiques libérales, fondée sur l’intérêt général et respectant un humanisme républicain et socialiste, nous devons faire en sorte de pérenniser le système par répartition, c’est-à-dire garantir les retraites pour toutes les générations.

 

Pour cela, le gouvernement de la gauche devra procéder à une refonte du système de façon à le remettre dans une logique de solidarité :

 

- Prise en compte de la pénibilité et des conditions de travail, ouvrant des droits qui auront pour effet de réduire le nombre de trimestres de cotisation pour ceux qui seront concernés.

 

- Revalorisation des pensions à hauteur du SMIC de ceux qui, tout en ayant cotisé régulièrement, perçoivent des pensions inférieures au SMIC - pour des raisons liées à la maladie, l’invalidité, la précarité de l’emploi (CDD, intérim, temps partiel subi).

 

- Mise à contribution de tous les revenus du travail (l’intéressement inclus), de manière à élargir l’assiette des cotisations sociales.

 

- Indexation des pensions sur l’évolution des revenus du travail, et non sur les prix.

 

Nous avons limité nos propositions à ces quatre points de réforme du système. Dans la rédaction initiale, il y avait d’autres aspects, notamment la stricte mise en œuvre de l’égalité de rémunération homme-femme, la suppression d’exonérations de cotisations patronales concernant les contrats d’emploi précaire et la garantie d’un taux de remplacement de 75% du salaire, à moduler selon les salaires.

 

Nous avons préféré aller à l’essentiel, qui est de changer de logique de système, de passer de la logique libérale à la logique de solidarité. Et de revaloriser les petites retraites, celles des salariés en situation de précarité et de faibles revenus, pour des raisons indépendantes de leur volonté, qui subissent l’équivalent de la « double peine ». Ils sont touchés par les inégalités croissantes et ont envie de se révolter.

 

Regardons les réalités en face : certaines directions d’entreprises utilisent des méthodes inacceptables, comme les pressions individuelles sur les salariés afin de les pousser à la démission, certes avec indemnités mais cela débouche sur la précarité.

Il faudrait un traitement à part pour les postes de travail en équipes, qui font faire des taches répétitives et pénibles. Les conséquences sont graves : la durée moyenne de vie de celles et ceux qui les ont occupés est plus faible.

 

Nous ne comprenons pas que les pouvoirs publics acceptent la multiplication des licenciements des salariés après cinquante ans alors qu’on s’achemine vers l’allongement au-delà de quarante années de la durée des cotisations ouvrant droit à une retraite à taux plein.

 

Il faut maintenir à quarante ans la durée de cotisation pour tous, encourager l’emploi des seniors et compenser les effets de la précarité de l’emploi sur les petites retraites.

 

La question des retraites est un bon test de la volonté et du courage de l’engagement réel de la gauche en faveur d’une politique de solidarité et de justice sociale, prenant en considération le besoin de dignité des êtres humains.

 

En conclusion, nous souhaitons que cet amendement soit pris en compte par notre congrès. Cela facilitera notre tache de rassemblement des républicains de gauche autour de Jean-Pierre Chevènement et nous serons plus crédibles auprès des citoyens et de nos partenaires des autres partis de gauche. Nos propositions doivent sortir des sentiers battus. Cette motion le fait sur de nombreux points, tels que le capitalisme financier et l’analyse de la mondialisation. Elle doit le faire aussi sur la question des retraites.

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23 juin 2008 1 23 /06 /juin /2008 19:59

Un parti mieux organisé et plus communicant

 

Voici le texte de mon intervention le 21 juin, au congrès du Kremlin-Bicêtre.

 

Nous sommes réunis pour un nouveau départ. Pour aller où ? Vers un nouveau parti de toute la gauche ? C’est ce que nous souhaitons. Mais, pour y aller, nous devons d’abord nous organiser, travailler notre collectif, ne pas laisser notre président seul au front. Il nous faut être suffisamment attractifs pour rassembler la gauche républicaine.

 

Premier point de mon intervention : l’organisation de notre Mouvement.

 

Avant moi, Christine Tasin a évoqué le constat de certaines carences de notre démocratie interne. C’est la réalité. Elles s’expliquent par un manque de moyens et par défaut d’organisation interne. C’est à cela que nous devons remédier collectivement. Nous sommes plus près d’un club de réflexion que d’un parti politique. Nous n’exploitons pas assez les avantages de notre petite dimension, que pourraient être la souplesse, la communication interne. Nous pourrions peser davantage si nous en prenions les moyens. C’est ce que nous pensons dans l’ouest, où notre implantation est modeste.

 

Nous en avons discuté au cours d’une rencontre à Nantes, avec mes collègues de l’ouest ; ceux du Morbihan, de Loire-Atlantique, du Maine-et-Loire et de la Vienne, étaient présents. L’amendement adopté par nos camarades du Morbihan traduit bien ce que nous pensons. Il fait des propositions concrètes :

 

- Les secrétaires nationaux élus doivent s’engager à animer un secteur d’activité, à produire régulièrement des analyses, proposer des prises de position du parti, diffusées aux militants par Internet et publiées sur le site national du MRC.

 

- Un secrétariat national aux fédérations, appuyé sur des délégués interrégionaux, doit être porteur de la mission d’organiser la présence du Mouvement dans tous les départements d’une part, et de soutenir l’animation militante d’autre part.

 

- Pour faire vivre l’activité militante des fédérations, il est impératif de mettre en place un système prévoyant le retour dans un délai d’un mois de la partie de la cotisation revenant au département.

 

Nous savons que les moyens financiers et matériels à la disposition de notre parti sont très faibles, en l’absence de financement public. Raison de plus pour compenser par une organisation intelligente et efficace, utilisant tous les moyens humains et technologiques à moindre coût.

 

Second point : les retraites.

 

La Mayenne propose un amendement concernant les retraites. La motion et son annexe n’en parlent pas. Gérard Beillard, au nom du MRC 53, va intervenir après moi pour présenter cet amendement. Il a travaillé cette question et a beaucoup de mérite de le présenter au congrès, car c’est sa première participation. Vous lui ferez un bon accueil.

 

Cette question des retraites est difficile mais très importante. Les syndicats et les citoyens attendent de nous et de la gauche des propositions et des solutions. Nous devons proposer des solutions qui soient en cohérence avec la logique de solidarité et empreintes de réalisme, au niveau du financement. C’est à l’image de notre projet d’ensemble : radicalité dans la rupture avec la logique libérale et financière, mais réalisme républicain dans la mise en œuvre.

 

Troisième point : la politique agricole.

 

Dans l’ouest, nous sommes très sensibilisés aux questions agricoles. J’ai cette délégation depuis le congrès de 2004, à la demande de Georges Sarre. Depuis 2005, j’ai rédigé des textes sur l’agriculture, la politique agricole commune (PAC), la crise alimentaire, etc. Quand je parle de politique agricole, cela ne concerne pas que l’agriculture et les agriculteurs. Il s’agit aussi de politique alimentaire environnementale, en relation avec la société, la vie rurale.

 

Vous pouvez trouver ces articles sur le blog du MRC 53 et sur le site national MRC, à la rubrique « Positions » puis Agriculture.

 

Il m’est arrivé d’être invité dans des départements, comme le Morbihan, la Côte-d’Or, la Gironde (Libourne). Et aussi par la Fondation Res Publica, comme c’était le cas le 9 juin dernier, avec la Table ronde sur « la politique agricole, au défi de la crise alimentaire mondiale ». A chaque fois, c’est l’occasion de contacts et de nouvelles relations.

 

J’ai proposé de constituer un groupe de réflexion, sans grand succès. Je réitère ma proposition devant le congrès et vous demande de proposer des correspondants agricoles. Nous pouvons communiquer par courriel et par téléphone, sans nous déplacer. Il y a des compétences à utiliser. Faisons-le.

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22 juin 2008 7 22 /06 /juin /2008 22:36

Le MRC se relance pour refonder la gauche

 

Je n’ai que peu de temps, ce soir, pour commenter le congrès qui s’est achevé ce midi avec la belle intervention de Jean-Pierre Chevènement. Je renvoie aux informations publiées sur www.chevenement.fr ou www.mrc-france.org et, tout particulièrement, aux articles suivants :

 

Plébiscité par son parti, Chevènement veut refonder la gauche

 

Le nouveau secrétariat national du MRC

 

J’ai ressenti une vraie complicité entre le président et le congrès, la nouvelle équipe dirigeante étant le reflet de la volonté des congressistes.

 

Lors de la fondation du MRC, en janvier 2003, les désaccords étaient évidents, la synthèse contrainte. Le fondateur, Jean-Pierre Chevènement, s’était mis en retrait en acceptant la présidence d’honneur. Le premier secrétaire, Jean-Luc Laurent, était contesté par une partie des dirigeants.

 

En 2004, c’était la revanche : le nouveau premier secrétaire, Georges Sarre, était critiqué par l’autre partie des dirigeants. En 2006, la tentative de rassemblement n’était pas menée à son terme.

 

Cette fois-ci, l’initiative de Jean-Pierre Chevènement a été la bonne : le 6 avril, il a présenté au Conseil national son plan de refondation républicaine de la gauche, en partant d’une analyse approfondie de la situation de la France et de la gauche. C’est Un nouveau cap que les militants, représentés par les délégués au congrès, ont approuvé largement.

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20 juin 2008 5 20 /06 /juin /2008 17:09

Un électrochoc pour que la gauche se rassemble

 

Le Mouvement Républicain et Citoyen a été créé en janvier 2003, lors du congrès de St-Pol-sur-Mer, près de Dunkerque, puis il y eut deux congrès à Paris, en 2004 et 2006. Jean-Pierre Chevènement a été le président d’honneur du MRC depuis le début, mais il n’avait pas souhaité exercer de responsabilité directe. C’est Jean-Luc Laurent, en 2003, puis Georges Sarre, en 2004 et en 2006, qui furent élus à la responsabilité du Mouvement, avec le titre de Premier secrétaire.

 

Lors du Conseil national du 6 avril 2008, la décision a été prise, sur proposition de l’intéressé, de créer le poste de président et de confier à Jean-Pierre Chevènement la présidence du Mouvement, lors du prochain congrès. Cette décision, prise à l’unanimité des membres du Conseil national, n’est pas de second ordre. C’était une nécessité pour permettre le rassemblement des militants et une relance du Mouvement.

 

L’appel au rassemblement de la gauche exprime la ligne stratégique qui sera développée dans les mois qui viennent. Cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais c’est indispensable dans la perspective des prochaines échéances électorales nationales.

La gauche doit se refonder et se rassembler, en prenant appui sur les valeurs de la République et de la démocratie, afin de reconquérir la confiance de l’électorat populaire.

 

Ce samedi et dimanche, au Kremlin-Bicêtre (94), ville dont le maire est Jean-Luc Laurent (depuis 1995), les délégués (dont Gérard Beillard et moi, qui représenterons la Mayenne et la Sarthe), les auditeurs et les invités, assisteront à un nouveau départ du MRC.

 

C’est la volonté de Jean-Pierre Chevènement, c’est aussi celle des cadres et des militants, chacun étant conscient de l’urgence de se donner les moyens de s’organiser pour peser sur les orientations de la gauche.

 

Ce congrès sera l’occasion de rencontrer les amis et camarades des autres départements, mais aussi d’autres mouvements, comme Gauche Avenir, qui aura un stand dans l’enceinte du gymnase Jacques Ducasse.

 

J’invite à lire l’article paru hier dans Libération, rubrique Rebonds, sous la signature de Marie-Noëlle Lienemann, Paul Quilès, Jean Mallot et André Vidalies, dans lequel ces personnalités socialistes appellent le PS à changer. Voir Face aux crises, le parti socialiste doit changer! A lire aussi sur le site www.gaucheavenir.org.

 

Concernant le congrès, chacun peut se reporter sur le site du MRC www.mrc-france.org et y trouver Toutes les informations pratiques concernant le Congrès du MRC en cliquant ce lien et le Journal du Congrès 2008 à télécharger.

 

Concernant le PS et les réactions au NON irlandais, voir http://www.rue89.com/2008/06/17/le-non-irlandais-ravive-les-dissensions-au-ps

 

Dernière minute : Jean-Pierre Chevènement s’exprime dans Le Monde

 

Lire l’ensemble de l’entretien au Monde : Jean-Pierre Chevènement : "Le traité de Lisbonne est juridiquement mort".

 

Voir aussi son blog www.chevenement.fr

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19 juin 2008 4 19 /06 /juin /2008 22:50

Avec Jean-Pierre Chevènement, un nouveau départ

 

Nous venons de loin et nous avons laissé beaucoup de force en chemin. Mais il nous en reste assez pour repartir de l’avant et contribuer à une nouvelle donne politique à gauche en vue des prochaines échéances électorales nationales.

 

Nous venons de loin… Le début remonte aux années 1960, avec la démarche novatrice de quelques jeunes énarques (Jean-Pierre Chevènement et Didier Motchane, notamment) qui ne se contentaient pas de critiquer l’ENA. Ils avaient créé un centre d’étude politique (le CERES - Centre d’Etude, de Recherche et d’Education Socialistes) afin de re-générer le parti socialiste moribond qu’était la SFIO, dirigée par Guy Mollet.

Ils avaient plutôt des affinités avec Pierre Mendès-France, l’homme d’Etat sous la IVème République, et avec François Mitterrand, l’homme de l’union de la gauche en 1965 sous la Vème.

 

Leur coup de maître fut le congrès d’Epinay-sur-Seine en 1971 quand, avec François Mitterrand, ils réussirent à faire basculer le parti socialiste du côté du renouveau, avec la stratégie et un programme d’union de la gauche.

 

Puis, ce fut l’action au sein du PS dans les années 1970 et, à nouveau, l’alliance majoritaire avec François Mitterrand, lors du congrès de Metz en 1979, et le programme du PS pour la France, en 1980, la victoire le 10 mai 1981 et le premier gouvernement d’union de la gauche.

 

A partir de 1982, et, surtout, de 1983, les difficultés économiques et financières du pays et le vent libéral venant de l’ouest anglo-saxon conduisirent le président de la République à se déporter sur le terrain de l’Europe libérale, délaissant pour un temps le socialisme. C’était la fameuse « parenthèse libérale » qui n’a jamais été refermée depuis vingt-cinq ans.

 

Durant ce quart de siècle, après la disparition du gaullisme, ce fut celle du communisme. Celle du socialisme n’est pas encore actée mais la menace se précise. Il est grand temps d’agir pour redresser le cours de l’histoire.

 

Nous sommes à la veille d’évènements graves. Le capitalisme a perdu la tête sous l’effet de la libéralisation des capitaux et de l’économie, sans contrôle politique. Il s’est laissé aller à des pratiques de dérégulation dans tous les domaines, le but étant la rentabilité maximale à court terme des capitaux. L’informatique et les nouvelles technologies ont fourni aux banques et à la finance les moyens techniques les plus sophistiqués et les plus incontrôlables pour endetter les pauvres gens qui voulaient devenir propriétaires de leur logement, sans en avoir les moyens financiers.

 

La crise immobilière américaine débouche logiquement sur une crise bancaire, qui ne se limite pas aux USA. La fin du mandat de Bush pourrait bien coïncider avec la plus grave crise qu’ait connu ce pays. L’Europe et le monde en paieront aussi les conséquences, d’autant plus que les règles du jeu sont en plein bouleversement.

 

La flambée du prix des matières premières a eu des effets immédiats sur l’alimentation ; ils seront différés, mais violents, sur le transport aérien et l’industrie automobile. Croissance démographique, raréfaction des ressources naturelles, contraintes environnementales, sont incontournables dans un monde de plus en plus inflationniste où la maîtrise des approvisionnements et des coûts s’impose à tous.

 

Nous arrivons à la fin de la folie du capitalisme financier débridé et au début d’une ère nouvelle, où l’économie réelle reprend le dessus, avec une nouvelle donne mondiale. Tout change.

 

Dans un tel contexte, les responsables politiques français devront avoir les idées claires et les nerfs solides. Le président de la République ne présente pas toutes les garanties sur ce point. Mais la gauche est-elle bien préparée pour faire face à une telle situation ? Poser la question, c’est y répondre. Elle a besoin de faire un retour sur l’essentiel et de se rassembler autour d’une stratégie claire.

 

Jean-Pierre Chevènement peut l’y aider s’il peut prendre appui sur un mouvement politique organisé et efficace, occupant le créneau de la gauche républicaine, une gauche à la fois réaliste (car tenant compte du monde tel qu’il est) et radicale (par sa volonté de faire respecter l’intérêt général et la justice sociale). Il s’agit de passer de la logique libérale à la logique de solidarité, en permettant à notre pays de faire les choix de l’avenir.

 

Ce mouvement politique, le Mouvement Républicain et Citoyen, est l’outil d’une dynamique de rassemblement de la gauche. Il faut lui donner les moyens de jouer ce rôle. Jean-Pierre Chevènement, lors de ce congrès, saura constituer une équipe autour de lui, qui soit représentative de l’ensemble des régions dans leur diversité, et capable d’être présente sur les grands thèmes politiques que la gauche devra développer auprès des citoyens.

 

Le MRC 53 a choisi de présenter un amendement sur la question des retraites, qui n’est pas traitée dans le projet de motion, ni dans l’annexe, et qui doit l’être, car c’est un test de l’engagement réel de la gauche en faveur d’une politique de solidarité et de justice sociale, respectant la dignité humaine.

 

Face au libéralisme économique et financier, nous devons opposer un humanisme républicain et social. Ce clivage doit être mis en avant dans toutes nos propositions. C’est ainsi que nous regagnerons la confiance du peuple français.

Voir le blog de Jean-Pierre Chevènement www.chevenement.fr
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7 juin 2008 6 07 /06 /juin /2008 20:58

Refonte et pérennisation du système par répartition

 

Gérard Beillard avait travaillé cette question des retraites, qui lui tenait à cœur. Voir, sur ce blog, l’article paru le 5 juin Gérard Beillard : contribution à la réflexion du MRC sur les retraites.

 

Le comité MRC 53 en a fait un projet d’amendement à la motion d’orientation du congrès 2008 Un contenu et un chemin pour la création d’un grand parti de toute la gauche à placer dans l’annexe « Un projet républicain plus que jamais d’actualité » à la fin de la partie 1-2, avec le titre suivant «Remettre le système de retraite dans la logique de solidarité».

1-2 - Revaloriser le travail

Rééquilibrer les revenus du travail et du capital

La revalorisation du travail, par rapport aux revenus du capital, peut commencer en France par la réforme des charges sociales. Nous proposons que les cotisations sociales patronales, aujourd’hui assises sur les salaires, soient graduellement remplacées par une taxe assise sur la valeur ajoutée comptable de l’entreprise. Les cotisations salariales, à l’exception de la retraite, doivent être transférées vers une CSG ne supportant pas l’impôt. Ces transferts permettront aux entreprises de poursuivre l’effort de revalorisation du SMIC et de rendre aux salariés du pouvoir d’achat. A l’inverse, les revenus du capital seraient appelés à financer bien davantage la protection sociale. Une taxe sur les contrats précaires pourrait être instituée.

Garantir les protections sociales

Le chômage important des jeunes et des salariés après 50 ans constitue une immense perte de cotisations pour les régimes de protection sociale. L’issue n’est pas dans les fonds de pension qui ne font qu’engendrer de nouveaux risques. Elle est dans la réforme de l’assiette des cotisations, l’amélioration du taux d’activité en fin de carrière... et dans le recul du chômage.

Nous voulons renforcer un système de protection universel, égalitaire et solidaire, dégagé des contraintes de rentabilité mais équilibré financièrement. Nous proposons de rendre au Parlement un rôle directeur dans la politique de santé publique et dans les dépenses de santé : prévention, politique du médicament, libérée des pressions des grands groupes pharmaceutiques, modernisation de l’hôpital public, et synergie entre médecine de ville et établissements, Agences régionales de santé, organisation du risque dépendance, etc.

Remettre le système de retraite dans la logique de solidarité

Le système de retraite est un enjeu de société. Si nous voulons promouvoir une politique alternative aux politiques libérales, fondée sur l’intérêt général et respectant un humanisme républicain et socialiste, nous devons faire en sorte de pérenniser le système par répartition, c’est-à-dire garantir les retraites pour toutes les générations.

 

Pour cela, le gouvernement de la gauche devra procéder à une refonte du système de façon à le remettre dans une logique de solidarité :

 

- Prise en compte de la pénibilité et des conditions de travail, ouvrant des droits qui auront pour effet de réduire le nombre de trimestres de cotisation pour ceux qui seront concernés.

 

- Revalorisation des pensions à hauteur du SMIC de ceux qui, tout en ayant cotisé régulièrement, perçoivent des pensions inférieures au SMIC - pour des raisons liées à la maladie, l’invalidité, la précarité de l’emploi (CDD, intérim, temps partiel subi).

 

- Mise à contribution de tous les revenus du travail (l’intéressement inclus), de manière à élargir l’assiette des cotisations sociales.

 

- Indexation des pensions sur l’évolution des revenus du travail, et non sur les prix.

 L’idée principale est que la gauche doit s’engager à fond sur les retraites. Jusqu’à présent, la grosse interrogation du financement est à l’origine du manque d’empressement des partis politiques de gauche, MRC inclus.

Ces propositions vont dans le sens de ce qui a été proposé par Gérard Beillard. Il est bien vrai que les salariés en situation de précarité et de faibles revenus, pour des raisons indépendantes de leur volonté, subissent l’équivalent de la « double peine » en matière de justice, ce qui provoque des inégalités croissantes et des prédispositions à la révolte, pouvant conduire à des violences sociales.

 

Il est vrai aussi que les méthodes de plus en plus utilisées par les directions d’entreprises (pressions individuelles sur les salariés les poussant à la démission, certes avec indemnités mais avec débouchant sur la précarité) sont de plus en plus intolérables.

 

Par ailleurs, de manière générale, il est anormal de ne pas accepter un traitement à part pour les postes de travail en équipes, dans des conditions de répétitivité et de pénibilité telles qu’elles ont pour conséquence d’abaisser la durée moyenne de vie de celles et ceux qui les ont occupés.

 

Et, comment se fait-il que les pouvoirs publics aient pu accepter de laisser perdurer la contradiction entre la multiplication des licenciements des salariés âgés de plus de cinquante ans d’une part, et la volonté affirmée d’allonger au-delà de quarante années la durée des cotisations ouvrant droit à une retraite à taux plein d’autre part ?

 

Il faut maintenir à quarante ans la durée de cotisation pour tous, encourager l’emploi des seniors et compenser les effets de la précarité de l’emploi sur les petites retraites, qui sont fort nombreuses.

 

La question des retraites est un bon test de la volonté et du courage de l’engagement réel de la gauche en faveur d’une politique de solidarité et de justice sociale, prenant en considération le besoin de dignité des êtres humains et donnant de la crédibilité à l’objectif de cohésion sociale.

 

On peut en dire autant de la question du système fiscal. Rappelons que la contribution par l’impôt direct est à la base de la citoyenneté. Il importe donc qu’elle soit réhabilitée.

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31 mai 2008 6 31 /05 /mai /2008 18:42

Face à la crise, l’Europe doit se réformer

 

Hier, j’ai évoqué la stratégie du MRC, en la distinguant des autres. Voir Michel Sorin : la gauche doit être rassemblée pour être populaire. Je vais aborder, aujourd’hui, en les résumant, les propositions du MRC pour mettre la gauche à la hauteur des défis de notre temps.

Nous partons des réalités de la crise

Nous sommes à la veille d’une crise sans précédent de l’économie capitaliste. La France ne sera pas épargnée. Le gouvernement prépare des réformes libérales qui ne feront qu’aggraver le mal. Elles visent à abaisser le coût du travail et à procéder au retrait de la puissance publique afin de laisser libre cours au marché.

En fait, cette crise trouve son origine dans la dictature des marchés financiers, qui a imposé la théorie de la « globalisation ». Celle-ci a deux composantes :

-          La domination du capital financier sur le capital industriel, suite à l’ouverture, à l’échelle mondiale, des marchés et mouvements de capitaux et des exigences de rentabilité des capitaux insoutenables par les industries européennes, provoquant les délocalisations vers les pays à coûts salariaux très bas.

-          Le rôle central des USA, qui ont fait de leur monnaie, le dollar, la monnaie mondiale, mais, dans les faits, l’utilisent comme si elle était seulement la leur.

La grande crise, qui s’annonce comme étant la plus grave depuis celle de 1929, est en réalité une crise américaine. Elle va déboucher sur un réexamen critique des postulats libéraux, que sont l’apologie du libre-échange, l’effacement de l’Etat, le marché roi.

C’est l’opportunité que doit saisir la gauche française pour faire entendre son message. Encore faut-il que son projet soit à la hauteur des défis de notre temps.

Les grands axes du projet républicain

- Faire face à la crise en réaffirmant clairement la souveraineté populaire et le rôle de l’Etat.

 

- Des mesures urgentes et exceptionnelles doivent être prises au niveau européen, par des institutions qui devront se réformer, en évoluant dans le feu de l’action, d’une part vers la confédération de nations au niveau des vingt-sept (le peuple français a rejeté par référendum la perspective fédérale) et, d’autre part, en instaurant un véritable gouvernement économique de la zone euro, prenant des décisions de relance dans la tradition keynésienne.

 

L’Europe doit veiller à préserver les services publics et l’agriculture. Il faut imposer à l’OMC la prise en compte de normes sociales et environnementales. La liberté des échanges n’a de sens qu’entre pays de niveau de développement économique comparable.

 

La responsabilité de l’Allemagne dans la réorientation de la construction européenne est déterminante, car ce pays, en comprimant excessivement ses coûts depuis 2000, a pu dégager d’énormes excédents commerciaux. L’Allemagne doit mettre en œuvre une stratégie coopérative de relance à l’échelle européenne. Il appartient à la France de l’y aider en formulant des propositions adaptées.

Cette perspective de réorientation de la construction européenne eût paru, il y a peu, hérétique, tant elle est contradictoire avec les dogmes de la globalisation, imposée au fil des décennies, par les Etats-Unis et relayée par l’Europe libérale. Mais aujourd’hui le système craque de toutes parts. Ce sont les Etats les plus libéraux (Grande-Bretagne - Etats-Unis - Suisse) qui utilisent les moyens de l’intervention publique.

- En France, le principe de souveraineté populaire aura matière à s’exercer. Le cadre et les repères de la République seront bien utiles dans la période qui vient.

 

- La priorité des priorités sera de maintenir notre tissu industriel. Nous ne devons pas hésiter à utiliser tous les moyens : réglementation stricte des OPA, constitution de pactes d’actionnaires stables, promotion de l’épargne salariale et de la participation des travailleurs au capital des entreprises, renforcement du rôle des grands intermédiaires publics et notamment de la Caisse des dépôts, instauration de « golden share » (action publique impliquant un pouvoir de veto), nationalisations partielles ou totales le cas échéant, de certaines entreprises stratégiques.

 

Il est temps de passer un pacte nouveau entre les entreprises, les acteurs concernés (détenteurs du capital mais aussi travailleurs), la puissance publique et les sous-traitants. Il faut remettre en cause l’actuelle dictature de l’actionnariat. Celle-ci est récente. Elle n’a pas de légitimité profonde. Nous trouverons beaucoup d’alliés, et d’abord dans le secteur productif, pour remettre en cause les règles du jeu immorales du capitalisme financier et pour définir les bases d’une nouvelle Charte de l’Entreprise.

Cette politique de redynamisation du tissu industriel s’appuiera :

- sur la relance d’un vigoureux effort de recherche orienté vers les technologies nouvelles (énergies renouvelables, réacteur nucléaire de quatrième génération, biotechnologies, NTIC, productique, nouveaux matériaux, nanotechnologies, promotion de normes et de standards ouverts),

- sur les économies d’énergie et la promotion de nouvelles formes d’habitat et de transport ainsi que sur un important programme de grands travaux d’infrastructures.

- Le renouveau de l’Etat ira de pair avec la reconquête du territoire et une décentralisation républicanisée.

La revalorisation du travail sera le socle d’une nouvelle croissance. Celle-ci permettra de garantir justement les protections sociales en tenant compte de priorités démocratiques (prise en compte de la pénibilité du travail) et en mettant fin à certains privilèges et abus (tarifs déconventionnés - concurrences privées déloyales au service public).

Cet immense effort de redressement collectif prendra appui sur une citoyenneté raffermie. Ce n’est pas le modèle républicain qui est en cause : ce sont les attaques qu’il subit. Egalité hommes-femmes, accès égal à la citoyenneté, défense de la laïcité, refondation républicaine de l’Ecole, rien de tout cela qui ne soit éminemment moderne.

Il faudra revoir notre politique d’immigration sans préjudice de la nécessaire maîtrise des flux migratoires dans le cadre d’accords de codéveloppement fondés sur l’intérêt mutuel avec les pays d’origine.

La science et la culture seront au cœur de notre démarche. Pour faire face au réchauffement climatique, une véritable écologie de l’Humanité éloignant toute tentation d’un obscurantisme paré aux couleurs de la modernité, est nécessaire. La culture doit s’ouvrir au plus grand nombre et la culture française sur le monde. La francophonie sera un des moyens de cette ouverture.

- En même temps que la France aura repris confiance en elle-même et en ses capacités, elle aura le devoir de parler aux autres pour dessiner les contours d’un monde multipolaire et pacifique, fondé sur le respect du droit international (…).

Voir Un contenu et un chemin pour la création d’un grand parti de toute la gauche

Motion d’orientation du MRC pour le Congrès des 21 et 22 juin 2008.

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