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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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26 novembre 2023 7 26 /11 /novembre /2023 20:57

Les conditions du bail emphytéotique et le montant du loyer dans le flou

 

Le Collectif d'Organisations pour le Développement de l’Université à Laval (CODUL) s'était constitué en début d'année 2021 à la suite d'interrogations concernant les conditions de l'installation de l'UCO* (université catholique de l'ouest) sur le campus universitaire de Laval-Changé.

 

La nouvelle présidence de Laval Agglo (Florian Bercault après les élections municipales 2020) a pris en considération certaines des objections émises par le CODUL. La propriété des locaux qui seront utilisés par l'UCO ne sera pas transmise à cet organisme privé, comme il était prévu initialement par les trois collectivités territoriales concernées (Laval Agglo, Département de la Mayenne et Région des Pays de la Loire). Du moins pendant la durée du bail emphytéotique.

 

Il reste, néanmoins, des éclaircissements à obtenir concernant le montage financier de l'opération. C'est l'objet des questions posées par le CODUL dans le communiqué, ci-après, qui a été transmis à la presse le 24 novembre.

 

Quel loyer pour l’installation de l’UCO sur le campus universitaire de Laval-Changé ?

 

En lisant le magazine du Conseil départemental de la Mayenne (mayMAG N°20, AUTOMNE 2023), les Mayennais ont eu des informations concernant le bâtiment qui sera construit sur le campus universitaire Laval-Changé à la demande de l'UCO (université catholique de l'ouest).

 

Rappelons que ce sont les collectivités territoriales et leurs fonds publics qui financeront l'investissement (5,5 M€ par Laval Agglo - 2,5 M€ par le Département - 2 M€ par la Région) et Laval Agglo qui en sera propriétaire. Dans le projet initial - avant l'intervention du CODUL - c'est l'organisme privé UCO qui en devenait propriétaire, avec une participation de 3 M€.

 

Les locaux, qui seront construits par le Département - par délégation de Laval Agglo - seront ensuite loués à l'UCO sous la forme d’un bail emphytéotique dont la durée et le montant du loyer (qui sera au prix du marché, selon l'indication du président de Laval Agglo, lors d'une réunion du Conseil communautaire) seront précisés ultérieurement.

Rappelons que les conventions signées - entre le Département et Laval Agglo d'une part et entre Laval Agglo et l’UCO d'autre part - précisent : « Un bail emphytéotique fixera les termes de la location. La durée ainsi que le montant du loyer viseront à mobiliser la participation prévue par l'UCO à hauteur de 3 M€ ».

 

Nous demandons des éclaircissements sur le montage financier, en tenant compte du fait que l'UCO ne participera pas au financement de l'investissement, contrairement à ce qui était prévu dans le projet initial. C'est, désormais, Laval Agglo qui a absorbé la part de l'UCO (5,5 M€, dont 3 M€ qui était la part de l'UCO).

 

Ces éclaircissements sont nécessaires concernant le loyer, en relation avec ce qui devait être la participation financière de l'UCO. Il faut lever les ambiguïtés, dire clairement que la propriété des locaux restera publique.

Quel sera le montant du loyer ? Si l’on s’en tient au prix moyen du m² pratiqué sur le campus universitaire et annoncé lors de la séance du conseil communautaire du 28 novembre 2022 - 11€/m²/mois - et si l’on tient compte de la surface du bâtiment revue à la baisse (de 3700 à 2260 m² ), le loyer annuel devrait être de 298 320€.

 

Soucieux de l’usage de l’argent public et opposé au financement public de l’enseignement supérieur privé, le CODUL attend avec intérêt les réponses de Laval Agglo à ses questions.

 

* Le nom UCO (université catholique de l'ouest) n'est pas approprié, s'agissant d'un établissement privé d'enseignement supérieur. Le terme "université" est réservé à l'enseignement public. Voir l'article 4 de la loi du 18 mars 1880. Le nom "faculté catholique de l'ouest" serait plus correct.

 

Cet article est le 3319 ème sur le blog MRC 53 - le 41ème paru dans la catégorie L'école

Le 24 février 2022, au Lycée agricole de Laval (Agricampus), grand débat organisé par le CODUL sur la situation de l'enseignement supérieur en Mayenne

Le 24 février 2022, au Lycée agricole de Laval (Agricampus), grand débat organisé par le CODUL sur la situation de l'enseignement supérieur en Mayenne

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16 octobre 2023 1 16 /10 /octobre /2023 22:46

 

Le vice-président du Sénat parlait, le 12 octobre, de sa proposition de loi


 

Le sénateur des Hauts-de-Seine, Pierre Ouzoulias (voir son parcours sur Wikipédia), était à Laval le 12 octobre 2023, invité par le PCF 53 sur le thème de la mixité sociale à l'école, le sénateur étant l'auteur d'une Proposition de loi visant à autoriser la puissance publique à conditionner les subventions accordées aux établissements privés sous contrat à des critères de mixité sociale et scolaire

Voir l'ensemble des Propositions de loi ou de résolution déposées par M. Pierre Ouzoulias

 

Le quotidien Ouest-France avait annoncé sa visite. Voir À Laval, une réunion publique sur la réussite scolaire, avec l'un des vice-présidents du Sénat.


 

Après une rencontre avec les élus en mairie de Laval, en présence du président du Conseil départemental de la Mayenne, Olivier Richefou, et de la vice-présidente du Conseil régional des Pays de la Loire, Samia Soultani, chargée de l'enseignement supérieur, le sénateur participait à une réunion publique à la maison de quartier des Pommeraies, sur le thème des inégalités sociales à l'école, animée par Gérard Pigois.


 

Dans un premier temps, Marie-Christine Degand présentait les actions de l'association ATD Quart Monde à Laval, avec l'objectif d'associer les parents les plus éloignés de l'école.


 

Puis, Pierre Ouzoulias faisait part de son constat dans le département des Hauts-de-Seine, où il y a des écoles pour les riches et des écoles pour les pauvres. L'enseignement privé sous contrat choisit les écoles les familles les plus favorisées.

Est-il acceptable que l'argent public (8,5 milliards d'euros) soit distribué sans contre-partie et sans contrôle ? L'actuel ministre de l'Education n'y voit pas de problème, la solution est dans la pédagogie. Son prédécesseur, qui voulait réduire les inégalités sociales, n'a pas compris à quoi il s'attaquait politiquement.

Des dispositions de la loi concernant la mixité sociale ne sont pas appliquées. Les territoires sont les uns à côté des autres.

La proposition de loi vise à ce que l'Etat et les collectivités locales aient la possibilité de moduler leurs aides en fonction de critères de mixité sociale. Cette proposition de loi, qui sera présentée dans le cadre d'une niche parlementaire, touche la fibre républicaine et est bien reçue, même à droite, sur certains bancs. Les Français ne supportent pas l'injustice sociale.

Ensuite, est venu le temps du débat.


 

Cet article est le 3313 ème sur le blog MRC 53 - le 40ème paru dans la catégorie L'école

Pierre Ouzoulias, avec Marie-Christine Degand (ATD Quart-Monde) et Gérard Pigois, le 12 octobre 2023 à Laval (Mayenne)

Pierre Ouzoulias, avec Marie-Christine Degand (ATD Quart-Monde) et Gérard Pigois, le 12 octobre 2023 à Laval (Mayenne)

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17 mai 2023 3 17 /05 /mai /2023 20:52

Le communiqué de presse du MRC 17 et des partis de gauche NUPES

 

Le 4 mai 2023, à Saintes (Charente-Maritime), "Emmanuel Macron a présenté, après sa contre-réforme de l’assurance-chômage et sa contre-réforme des retraites, sa nouvelle contre-réforme de la voie professionnelle".

"Ainsi se poursuit, avec un redoutable esprit de système une œuvre de destruction massive du modèle social français et de l’école républicaine, prenant à rebours tout un héritage républicain et une vision véritablement progressiste de la société".

 

Le Mouvement Républicain et Citoyen 17 a participé à la rédaction du communiqué de presse rédigé par les organisations politiques de gauche après la visite du Président de la République.

Voici ce communiqué, qui m'a été transmis par Serge Maupouet, responsable MRC Limousin-Poitou-Charentes.


 

Les contre-réformes selon Macron, des retraites à la voie professionnelle : c’est non !

 

Ce 4 mai 2023, un Président de la République restant sourd et aveugle au mécontentement populaire – et aux manifestations qu’il prend beaucoup de soin à cantonner au plus loin de lui par un service d’ordre manifestement démesuré – est venu présenter sur le site des lycées Palissy son plan de destruction de l’enseignement professionnel public.

 

En ayant pris de multiples précautions pour s’assurer de l’absence de contradiction, devant un public choisi, ne rassemblant qu’une partie de la communauté éducative, sans concertation préalable avec les organisations représentatives des personnels, Emmanuel Macron a présenté, après sa contre-réforme de l’assurance-chômage et sa contre-réforme des retraites, sa nouvelle contre-réforme de la voie professionnelle. Ainsi se poursuit, avec un redoutable esprit de système une œuvre de destruction massive du modèle social français et de l’école républicaine, prenant à rebours tout un héritage républicain et une vision véritablement progressiste de la société.

 

Le Président n’a pas voulu voir et entendre les centaines de manifestants venus exprimer leurs revendications à l’appel de l’Intersyndicale, à laquelle la NUPÉS (EELV, LFI, PCF, PS) ainsi que le NPA, le MRC et le POI signataires de ce texte ont apporté leur soutien. Les manifestants ont été tenus éloignés à des centaines de mètres du lycée par un cordon sécuritaire jamais vu à Saintes. Les élèves et les professionnels accédant au lycée ont dû montrer patte blanche et subir plusieurs fouilles, alors que les fédérations de parents n’ont pas reçu d’invitation à se rendre sur place, comme s’il était inutile d’échanger avec les parents et leurs représentants concernant l’avenir de leurs enfants.
L’idéal qui a soutenu la création de l’enseignement public consistait à vouloir former des citoyens éclairés, des salariés à l’esprit formé et critique, à permettre aux jeunes de s’élever au-dessus de leur condition d’origine.


L’actuel projet présidentiel et gouvernemental, concernant la voie et les lycées professionnels, consiste à orienter de manière de plus en plus précoce, à réduire les temps d’enseignement et à faire des cadeaux au patronat, en lui offrant une main-d’œuvre jeune, docile et à fort peu de frais.
Ainsi la gratification relative aux stages était déjà possible, mais elle devait être financée par les entreprises ; avec les annonces du Président Macron, cette gratification sera prise sur le budget de l’État : non pour permettre aux familles de faire face aux frais de formation par le biais de la solidarité nationale redistributrice mais pour se substituer aux entreprises, grandes gagnantes de cet arrangement à bas coût pour le patronat.


 

Pour alimenter cette main-d’œuvre, le projet veut susciter des vocations dès la classe de Cinquième, chez des collégiens âgés seulement de douze ans : gageons qu’on ira inégalement susciter ces vocations précoces selon les quartiers d’origine et les catégories sociales des parents.
Des temps d’enseignement réduits, aussi bien en enseignement général qu’en enseignement professionnel, une volonté de coller seulement au marché de l’emploi local restreindront les capacités d’adaptation des jeunes à des postes de travail variés, réduiront leur mobilité professionnelle tout autant que les perspectives de prolongement des études.


 

Le Président de la République et le gouvernement montrent par leur projet qu’ils considèrent les jeunes essentiellement comme des facteurs de production, et tirent le système éducatif vers une vision passéiste et rétrograde. Tout ceci sent le XIXe siècle et la réaction et non pas le XXIe siècle et le progrès.

Pour nous, c’est clair, nous disons : non !


 

Voir aussi (Sud-Ouest, 4 mai 2023) : Emmanuel Macron à Saintes : le président accueilli par plusieurs centaines de manifestants

Rappel : Congrès MRC 2023 : contribution du MRC Limousin-Poitou-Charentes


 

Cet article est le 3292 ème sur le blog MRC 53 - le 39ème paru dans la catégorie L'école

Les manifestants lors de la venue à Saintes (17) d'Emmanuel Macron le 4 mai 2023 (photo article de Sud-Ouest)

Les manifestants lors de la venue à Saintes (17) d'Emmanuel Macron le 4 mai 2023 (photo article de Sud-Ouest)

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27 février 2022 7 27 /02 /février /2022 18:18

 

L'absence de l'Etat est compensée par les collectivités locales

 

Voici le compte rendu fait par Ouest-France 53 - Florence STOLLESTEINER, édition papier du 26-27 février 2022 - du Débat CODUL sur les enjeux de l'enseignement supérieur en Mayenne.

 

On le retrouve dans l'édition numérique, en entier pour les abonnés, ici : À Laval, les élus sommés de rendre des comptes

 

UCO : les élus sommés de rendre des comptes

 

Un débat s'est tenu pour parler de l'enseignement supérieur en Mayenne. La soirée a vite tourné à l’affrontement autour de la question du financement public de l’enseignement supérieur privé.

 

Le débat

Cela devait être une soirée axée sur l’enseignement supérieur en Mayenne, et ses enjeux. Mais la réunion publique organisée jeudi 24 février 2022 au soir, à l’Agricampus de Laval, par le Collectif d’organisations pour le développement de l’université à Laval (Codul), a vite tourné à l’affrontement autour de la question du financement public de l’enseignement supérieur privé.

 

D’un côté : une assistance d’une soixantaine de personnes, majoritairement formée par le Codul, collectif qui s'était constitué à la base pour lutter contre le financement public des nouveaux locaux de l'Université catholique de l'Ouest (UCO). Ses partisans se sont insurgés de la "marchandisation de l'enseignement supérieur", de sommes données au privé "de plus en plus importantes", ou d'une offre d'enseignement supérieur "qui ne permet pas l'égalité des chances", avec des formations privées très onéreuses.

 

"Il n'y a plus d'argent dans l'enseignement public"

 

Sur le banc des accusés : les trois élus invités du soir, Olivier Richefou (président du conseil départemental), Florian Bercault (maire de Laval et président de Laval Agglo) et Samia Soultani (vice-présidente du conseil régional, déléguée à l'enseignement supérieur), qui ont dû justifier leurs choix.

 

"Il n'y a plus d'argent dans l'enseignement public. Si les collectivités ne mettent pas la main à la poche, il n'y a pas d'enseignement supérieur en Mayenne", a attaqué Olivier Richefou. Et de rappeler que les collectivités locales "donnent aussi de l'argent à l'enseignement public, alors qu'on ne devrait pas : il y a des postes administratifs à l'université qu'on finance, du renouvellement de matériel, etc."

 

De plus, "quand on voit les projets ambitieux en termes de développement du nombre d'étudiants dans l'agglo de Laval (l'objectif étant d'en accueillir 10 000 d'ici 2030, pour 6 000 actuellement et 7 000 espérés en 2025, N.D.L.R), l'université ne peut pas être la seule à apporter cette masse d'étudiants", a reconnu Vincent Barré, vice-président de Le Mans Université - invité pour représenter l'université, tout comme l'étudiante Valentine Chenel. Mais s'il y a des coups de pouce publics au privé, "il faut poser des conditions de contreparties", a martelé Florian Bercault."Et avoir un développement équilibré", a conclu Olivier Richefou.

 

L'UCO a bien sûr beaucoup fait parler ce soir-là, un mois après qu'il a été décidé qu'elle devra louer ses nouveaux bâtiments aux collectivités. Samia Soultani a souligné que la structure possédait "35 % de boursiers", ce qui est "supérieur à ce qu'on trouve dans les écoles d'ingénieurs", a pointé Olivier Richefou. Soulignant au passage que le Département attribuait des bourses aux familles. L'élu a également fait remarquer que les collectivités "faisaient la différence entre le privé non-lucratif (UCO, écoles d'ingénieurs), aux tarifs supérieurs car c'est aux élèves de payer les professeurs ; et le privé lucratif, avec des investisseurs, à qui on ne donne pas un kopeck."

 

"Aucun Codul ne s'est monté pour l'Estaca"

 

Pas de quoi convaincre le Codul, qui demande des précisions sur ces accords entre l'UCO et les élus. Pourtant, quand les collectivités ont décidé de mettre de l'argent sur la table pour l'Estaca, "aucun Codul ne s'est monté", a riposté Florian Bercault. "Il faut qu'on se dise les choses : c'est parce que la lettre C d'Estaca* ne veut pas dire catholique..., a fait remarquer Olivier Richefou. Cela a heurté, ce que je comprends. Le débat que vous avez créé était judicieux. Mais on ne voulait pas que cette école parte au Mans."

 

Tous sont cependant tombés d'accord sur un point : les manquements de l'Etat et ses non-investissements dans l'enseignement supérieur. Pour le Codul, "ce débat n'était qu'une étape, et il n'est pas terminé".

 

* ESTACA : Ecole d'ingénieurs automobile, aéronautique, ferroviaire
 

Cet article est le 3181 ème sur le blog MRC 53 - le 38ème paru dans la catégorie L'école

Les intervenants, le 24 février 2022, lors du débat public dans l'amphi d'Agricampus (Lycée agricole) Laval : Gérard Prioul (CODUL), Gérard Pigois (CODUL, animation), Olivier Richefou (Département), Valentine Chénel (campus Changé), Florian Bercault (Laval Agglo), Samia Soultani-Vigneron (Région), Vincent Barré (Le Mans Université), Pierre-Louis Boyer (Fac de Droit), Rosemary Bertholom (Ouest-France, animation) de gauche à droite

Les intervenants, le 24 février 2022, lors du débat public dans l'amphi d'Agricampus (Lycée agricole) Laval : Gérard Prioul (CODUL), Gérard Pigois (CODUL, animation), Olivier Richefou (Département), Valentine Chénel (campus Changé), Florian Bercault (Laval Agglo), Samia Soultani-Vigneron (Région), Vincent Barré (Le Mans Université), Pierre-Louis Boyer (Fac de Droit), Rosemary Bertholom (Ouest-France, animation) de gauche à droite

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23 février 2022 3 23 /02 /février /2022 18:03

 

Elus et universitaires le 24 février dans l'amphi d'Agricampus Laval

 

Le CODUL* organisera un débat public à Laval le 24 février 2022 à 20h30, dans l'amphi d'Agricampus (Lycée agricole) sur les enjeux de l'enseignement supérieur en Mayenne.

* Collectif d'organisations pour le développement de l'université à Laval : Ligue de l'Enseignement-FAL 53, DDEN, UFAL, FCPE, LDH, Libre Pensée, Collectif services publics CDSP, FSU, UNSA Education, CGT, FO, Solidaires, GRS, PCF, PG, LFI, Génération.s


Déroulement

- Etat des lieux. Présentation des formations actuelles par un membre du CODUL, Gérard Prioul.

- Avis exprimés par les invités : Samia Soultani-Vigneron pour la Région, Olivier Richefou pour le Département, Florian Bercault pour Laval Agglo, Vincent Barré pour Le Mans université et Pierre-Louis Boyer pour la Faculté de Droit, Valentine Chénel pour les étudiants du campus Laval-Changé.

- Débat avec le public, animé par la directrice départementale de Ouest-France, Rosemary Bertholom, et régulé par Gérard Pigois, membre du CODUL

 

Voir l'article de Ouest-France, 22 février : À Laval, une soirée-débat sur les enjeux de l'enseignement supérieur


Cet article est le 3180 ème sur le blog MRC 53 - le 37ème paru dans la catégorie L'école

Première réunion avec la presse du Collectif 53 pour l'enseignement supérieur (qui prendra le nom de CODUL)  le 21 janvier 2021

Première réunion avec la presse du Collectif 53 pour l'enseignement supérieur (qui prendra le nom de CODUL) le 21 janvier 2021

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22 mai 2016 7 22 /05 /mai /2016 22:39

 

En réalité, c'est une contre-réforme qui s'inscrit dans la logique néolibérale

 

Serge Maupouet est professeur d'histoire dans un collège de Saintes (Charente-Maritime). Il milite à la FSU en tant qu'enseignant et à la FCPE en tant que parent d'élève. Responsable départemental (17) et régional (Poitou-Charentes et Limousin) du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), il participe à la commission Education de ce parti de gauche présidé par Jean-Luc Laurent et représenté en vue de l'élection présidentielle par Bastien Faudot, la gauche avec le peuple.

Rappel (17 sept. 2015) : Le MRC opposé à la réforme des collèges prévue pour la rentrée 2016

 

Dans la Saintonge Jacobine, Serge Maupouet vient de publier un texte de fond sur la réforme du collège, intitulé :

La "réforme" du collège : vers une prise de conscience des enjeux réels ?

Mi-mai 2016. Il reste encore beaucoup à faire pour expliquer les conséquences concrètes - d'affaiblissement de l'enseignement secondaire public - qui découlent d'une soi-disant réforme du collège qui est en réalité, derrière un vernis apparent de rénovation pédagogique (un habillage néanmoins désorganisateur [1]), profondément inscrite dans une logique néo-libérale : la recherche d'économies de moyens, et la mise des établissements en concurrence par le biais d'une autonomie accrue sont désormais patents.

Si l'on en consulte la définition courante proposée par le Larousse la notion de réforme suppose un progrès: "Changement de caractère profond, radical apporté à quelque chose, en particulier à une institution, et visant à améliorer son fonctionnement : Réforme de l'enseignement." Or, c'est à partir de cette définition qu'il est permis de s'interroger : sauf à en être complexifié, en quoi le fonctionnement du collège serait globalement "amélioré" par les changements imposés ? 
 

A regarder sous cet angle, il s'agit certainement plus d'une contre-réforme, aux dépens des enfants des milieux populaires et modestes qui seront les premiers à en payer le prix en terme de restriction d'offre éducative, de perte en temps d'enseignement et en possibilités de remédiation aux difficultés scolaires. Le journal Le Monde dressait ainsi, dans un article daté du 8 février 2016 ("Réforme du collège : la bataille des moyens est lancée"), ce simple constat "L’année prochaine, toutes les classes auront vingt-six heures de cours par semaine (hors option). C’est plus qu’en 5eaujourd’hui (+1 heure), mais c’est moins qu’en 6e (-1 heure), 4(-2 heures) et en 3(-2h30). Au final, si l’on compare les grilles horaires réglementaires avant et après la réforme, on peut considérer que les élèves vont perdre 162 heures sur l’ensemble de leur scolarité au collège (soit un peu plus de six semaines de classe)La perte sera encore plus importante pour les élèves qui suivent des options."

 

Aussi, la contre-réforme du collège n'est pas seulement sans les moyens nécessaires pour l'appliquer - même dans l'optique de ceux qui l'ont conçue -, mais elle induit bien une évolution vers moins de moyens ! Cette perception est largement partagée, comme le montre un article de La Dépêche du 16 mai, intitulé "Collèges: une réforme qui fâche", et qui donne des aperçus de la réception de la réforme dans l'Académie de Toulouse du point de vue enseignant. Au stade de l'année scolaire où nous sommes, cette perception repose sur des constats objectifs puisque les dotations horaires et structures pour l'année à venir ont été présentées dans les Conseils d'Administration, et que les formations liées à la réforme se sont largement tenues (quoique certaines soient repoussées à la rentrée de septembre 2016). En outre, si la perspective d'une année 2017 comportant des élections majeures a sans doute joué dans le sens d'une préservation au moins temporaire de moyens humains, qu'en sera-t-il après ?
 

Du côté des représentants de parents, la prise de conscience des réalités liées à la "réforme" a vraiment progressé, face à l'évidence des faits : plus d’un tiers des délégués au 70e Congrès national de la FCPE (Marseille, 14 au 16 mai 2016) se sont positionnés pour une suspension de la réforme, et in fine une motion majoritaire critique cette réforme. Le constat est ainsi posé que la réforme n'est pas acceptable telle qu'elle est conduite et dans un certain nombre de ses conséquences, dont la mise en concurrence des établissements, le manque de moyens, les inégalités accrues entre élèves [2].


L'urgence est, en effet, de penser sérieusement aux élèves: les conditions d'accueil proposées à la rentrée de septembre 2016 seront à l'évidence dégradées; sans parler de la difficulté pour les enseignants d'être en simple situation de maîtrise de l'ensemble des données d'un système réformé imposé avec une rapidité déboussolante, faire face aux heures de permanence nouvelles qui seront induites pour les élèves sera sans doute un défi pour les personnels de Vie scolaire ! 
Aussi, la question d'actualité est sans doute celle-ci : comment s'organise-t-on, parents, enseignants, membres et acteurs de la communauté éducative, comment agit-on assez puissamment pour obtenir les moyens et les réorientations indispensables ? Il ne reste qu'un peu plus de 3 mois : c'est court !


Pour la suite, il faudra un autre projet. En 2012, j'écrivais déjà, dans une contribution pour la commission éducation du MRC intitulée "Le collège unique : éléments de réflexion" (texte extrêmement synthétique d'un travail de recherche en réalité beaucoup plus large) qu'il était nécessaire de "proposer une rénovation et une relance ambitieuses du collège unique [pour faire] du collège un maillon fiable et fort du système éducatif, [rénovation et relance] qui conservent l’objectif d’une démocratisation élevant le niveau général d’instruction tout en mettant en place l’organisation, les dispositifs, les moyens propres à atteindre cet objectif."

Michel Sorin avait placé sur son bloc-notes en ligne une version préparatoire que je lui avais transmise (article-le-college-mis-en-cause-par-les-liberaux-reflexions-de-serge-maupouet) et qui exprimait plus complètement les "manières de voir les évolutions" que je souhaitais alors mettre en débat, au vu du contexte de rédaction (2011). Il faut confronter ces "manières de voir" alors proposées avec les options idéologiques qui sous-tendent la contre-réforme actuelle : n'est-ce pas clairement l'école libérale qui est actuellement en construction au niveau du collège ? Par conséquent, je replace ici ce passage de la version préparatoire qui ne se trouve pas dans la version synthétique, mais qui me paraît toujours utile aux échanges et à la prospective d'ensemble, sous réserve des actualisations nécessaires en des points particuliers (presque 5 années s'étant écoulées, voir certaines précisions en notes) : "Le collège est aujourd'hui une étape incontournable dans un parcours (...).

Pour contrer ce collège néo-libéral qui se construit maintenant sous nos yeux, pour mettre en place une rénovation et une relance ambitieuses, il faudra véritablement manifester la volonté de continuer à combattre les déterminismes sociaux, de refuser les conservatismes c'est-à-dire tout retour en arrière vers une orientation précoce, un tri social déguisé, et mettre pleinement les moyens humains et financiers pour porter à son terme la « Troisième révolution scolaire », en renouant avec la marche vers une véritable élévation générale du niveau de formation initiale, au bénéfice de tous. C'est possible, mais cela implique des choix à mettre clairement et largement en débat dès maintenant, dans la perspective de 2017.


[1] des personnels de direction font état dans cet article du Télégramme du 8 mai 2016 de leurs difficultés actuelles, et on pourrait évoquer d'autres facteurs comme l'impact, d'une année sur l'autre, des modifications liées à la variable d'ajustement que seraient les EPI (Enseignements pratiques interdisciplinaires), etc.
 

[2] voyez par ce lien un article en ligne afférent sur francesoir.fr ; sur le site de L'Humanité, on trouve les motions adoptées lors de ce Congrès de la FCPE, à la suite d'un article qui décrit un certain nombre de débats internes :http://www.humanite.fr/lopposition-la-reforme-du-college-prend-ses-marques-la-fcpe-607198 
 

[3] dans ce passage, la répétition se justifie par le contexte de rédaction [2011] où l'on sentait la volonté de faire sortir le plus précocement les élèves en difficulté (avec l'apprentissage junior par exemple). Il faudrait actualiser le propos et inscrire désormais la volonté dans une optique de prolongation de la scolarité obligatoire vers 18 ans, ce qui suppose aussi une adaptation de la structure actuelle du lycée. 
 

[4] le nouveau type de "brevet" qui se profile pour 2017 n'est certes pas le modèle que j'avais à l'esprit en 2011, est-il nécessaire de le préciser ?
 

[5] car plus la formation initiale est rendue brève et limitée, plus s'impose la nécessité de ladite "formation tout au long de la vie". L'expression n'est par conséquent pas aussi neutre qu'il pourrait y paraître au premier abord.

 

Rappel (8 janv. 2012) :  Le collège mis en cause par les libéraux : réflexions de Serge Maupouet

 

Cet article est le 36ème paru sur ce blog dans la catégorie L'école

Serge Maupouet, au côté de Martine Souvignet, le 26 novembre 2014, lors d'une conférence organisée par le MRC à Saintes (17) sur la réforme territoriale

Serge Maupouet, au côté de Martine Souvignet, le 26 novembre 2014, lors d'une conférence organisée par le MRC à Saintes (17) sur la réforme territoriale

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17 septembre 2015 4 17 /09 /septembre /2015 15:41

 

L'école de la République a d'abord besoin de repères et de constance

 

Le Mouvement Républicain et Citoyen soutient les personnels de l'Education nationale mobilisés contre la mise en œuvre de la réforme du collège prévue pour la rentrée 2016Voir, sur le site du ministère : Collège 2016 : tout savoir sur la réforme

 

Voici le communiqué à ce sujet de Bastien Faudot, porte-parole du MRC.

Cette réforme procède d’une approche démagogique qui accroîtra la ségrégation scolaire à laquelle elle prétend s’attaquer. En supprimant l’apprentissage du latin et du grec, en diluant les savoirs dans des enseignements interdisciplinaires à la carte, en mettant fin aux dispositifs d’excellence que sont les classes bilangue, l’esprit égalitariste et compassionnel de la réforme accentuera le nivellement par le bas des enseignements et dépréciera la qualité de l’école publique. 
 

Derrière les alibis pédagogiques invoqués par le Ministère et en fait dictés par l'OCDE, ce sont les logiques comptables qui conduisent à la fermeture des filières d'excellence. 
 

L'école doit redevenir l'instrument de la méritocratie, en récompensant l'effort, en permettant la promotion par le travail. En fermant ces filières et en engluant les établissements dans les difficultés de leurs territoires, le gouvernement réinstalle une sélection par les revenus. L'école doit apporter aux enfants ce que leur famille ne peut leur offrir. 
 

Ainsi, le renforcement de l’autonomie des collèges, en fait plus de pouvoir concédé aux chefs d'établissement, favorise l’inégalité territoriale et instaure la concurrence des établissements. C’est l’unité de la République qui est menacée. 
 

L’école de la République a d’abord besoin de repères, mais aussi de constance. La frénésie des réformes ne permet aucune continuité ni sérénité dans l’exercice des missions essentielles dévolues à cette institution. 
 

Il est indispensable que la Ministre de l’Éducation Nationale entende enfin les professeurs et revienne sur le processus d’une réforme engagée au pas de charge. Il n’y a pas de déshonneur à enclencher la marche arrière quand on a emprunté une voie sans issue. La précipitation pour faire appliquer cette réforme a provoqué une rentrée brouillonne, les programmes devant s'appliquer en septembre 2016 ne sont toujours pas prêts. Les enfants méritent mieux.

 

Voir aussi le texte publié le 1er septembre 2015 sur le site du MRC par Fatiha Boudjahlat, secrétaire nationale à l'éducation, sous le titre : Réparer l'école, retrouver l'exigence

 

Cet article est le 35ème paru sur ce blog dans la catégorie L'école

Bastien Faudot, le 30 juin 2013

Bastien Faudot, le 30 juin 2013

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11 septembre 2013 3 11 /09 /septembre /2013 19:49

Pierre Jacque pointe la responsabilité du ministère

 

En complément de l’article paru hier concernant la rentrée scolaire (voir Rentrée scolaire : Peillon a initié des changements, pas sur l'essentiel - 10 septembre 2013), il faut reproduire le texte laissé par l’enseignant marseillais, Pierre Jacque, qui s’est suicidé la veille de la prérentrée. Il explique sa décision par le fait qu’il ne croyait plus dans son métier. Il a souhaité que sa lettre soit lue au maximum, comme l’indique Eric Conan, sur le site de Marianne, le 7 septembre 2013, sous le titre :

Voilà pourquoi il faut lire la dernière lettre de Pierre Jacque, enseignant de 55 ans au lycée Artaud de Marseille, qui vient de se suicider.

Cette semaine de rentrée des classes a été marquée par le suicide d’un enseignant de 55 ans, mais, curieusement, la presse, qui est toujours à la recherche de sujets et d’angles pour traiter de cette actualité scolaire aussi prévisible que répétitive s’est peu penchée sur ce geste tragique.

On se dit que c’est peut être un sage réflexe, car on le sait, on le répète, un «suicide-reste-toujours-un-mystère-humain-aux-facteurs-multiples-difficile-à-interpréter». En l’occurrence ce n’est pas le cas, puisque certains médias nous ont précisé de façon macabre que l’intéressé avait évoqué l’idée de s’immoler devant son établissement ou indiqué qu’il avait laissé une lettre expliquant qu’il ne supportait plus les conditions de son métier, mais sans nous en dire beaucoup plus.  

C’est bien dommage. Car
Pierre Jacque (c’est le nom de ce professeur de technologie et d’électronique en STI2G au Lycée Artaud de Marseille) a clairement décidé de son dernier acte et laissé un texte mûrement réfléchi qui constitue un véritable document sur le calvaire de professeurs motivés et conscients de l’état de délabrement de l’institution éducative.

La lecture intégrale de ce long texte kafkaïen vaut beaucoup d’enquêtes et de reportages sur le quotidien des enseignants. En effet, tout y est du naufrage d’une institution: réformes absurdes, improvisées, contradictoires et inapplicables; ravages de l’idéologie des pédagogistes fous, qui ne sévissent pas qu’en Français ou en Maths mais en Electronique également; niveau de plus en plus faible d’élèves de moins en moins maîtrisables; conditions de travail concrètes (salles, matériels) impossibles; programmes technologiques inadaptés au monde économique et à la fameuse «compétitivité», cynisme de la hiérarchie et des inspections qui savent tout mais font tout pour ne pas voir et ne pas faire savoir; trucages des examens pour cacher le désastre; etc.

Dans son bilan, Pierre Jacque n’épargne pas les syndicats dont il dénonce l’inutilité et les complicités et il faut donc rendre hommage à la section du SNES-Aix-Marseille qui a quand même décidé de mettre en ligne sur son site cette lettre adressée à tous ses collègues enseignants. 

Pierre Jacque ayant fait l’effort de réfléchir à cette lettre et à la rédiger pour «tous ceux que (son) témoignage intéressera», avec peut-être un dernier espoir d’être encore un peu utile, la moindre des choses est de la faire lire au maximum.

 

  A ma famille, à mes proches et à tous ceux que mon témoignage intéressera. 
 
Objet : Evolution du métier d'enseignant. 
 
    Je vous fais part de ma décision de ne pas faire la rentrée scolaire 2013. En effet le métier tel qu'il est devenu au moins dans ma spécialité ne m'est plus acceptable en conscience. Pour éclairer ma décision je vous décris succinctement mon parcours personnel. Je suis devenu ingénieur en électronique en 1982 à l'âge de 24 ans. Ma formation initiale et surtout mon parcours professionnel m'ont amené à exercer dans la double compétence "hard" et "soft". Le métier prenant et difficile m'a toujours convenu tant que j'avais le sentiment de faire œuvre utile et d'être légitime dans mon travail. Passé la quarantaine la sollicitation de plus en plus pressente d'évoluer vers des tâches d'encadrement et le sort réservé à mes ainés dans mon entreprise m'ont incité à changer d'activité. En 1999 j'ai passé le concours du Capet externe de Génie électrique et j'ai enseigné en section SSI et STI électronique. Le choc pour moi fut brutal de constater la baisse de niveau des sections techniques en 18 ans passé dans l'industrie notamment pour la spécialité agent technique (niveau BTS ou DUT suivant les cas). Même si le niveau enseigné était bien bas de mon point de vue, ma compétence était au service des élèves et je me sentais à ma place. Une difficulté était quand même le référentiel applicable (le programme) datant des années 80, ambitieux pour l'époque et en total décalage avec le niveau réel des élèves des années 2000. Une réforme semblait souhaitable pour officialiser des objectifs réalistes et orientés en fonction des besoins du marché du travail.  

    Puis vint la réforme de 2010 mise en place par Luc Chatel et applicable à la rentrée 2011. Pour le coup, le terme réforme est faible pour décrire tous les changements mis en place dans une précipitation totale. L'enseignement des métiers est réduit à peu de choses dans le référentiel de 4 spécialités seulement qui constitue des "teintures" sur un tronc commun généraliste d'une section unique appelée STI2D qui rentre bizarrement en concurrence avec la section SSI. L'électronique disparait purement et simplement. En lieu et place il apparait la spécialité "Systèmes Informatiques et Numériques" (SIN). Cela ne me pose pas de problème personnel, je maitrise bien le domaine et je l'enseigne même plus volontiers que les classiques problèmes de courant de diode ou de montages amplificateurs.  

      Je me pose quand même la question de la compétitivité de notre pays dans le domaine industriel avec un pareil abandon de compétence. La mise en place de la réforme est faite à la hussarde dans un état d'affolement que l'inspection a du mal à dissimuler. Entre temps le gouvernement a changé sans que les objectifs soient infléchis le moins du monde ou qu'un moratoire soit décidé, ne serait-ce qu'à cause du coût astronomique de cette réforme. En effet il aura fallu réorganiser l'implantation de tous les ateliers de tous les lycées techniques de France, abattre des cloisons, en remonter d'autres à coté, refaire tous les faux plafonds, les peintures et renouveler les mobiliers. Ceci est fait à l'échelle du pays sans que la réforme ait été testée préalablement dans une académie pilote.  

    Début 2011, l'inspection nous convoque en séminaire pour nous expliquer le sens et les modalités de la réforme; il apparait la volonté de supprimer toute activité de type cours ce qui est la radicalisation d'une tendance déjà bien marquée. On nous assène en insistant bien que l'élève est acteur de son propre savoir, qu'il en est le moteur. Pour les spécialités, donc la mienne SIN entre autre, cela signifie qu'une partie conséquente de l'activité sera de type projet. A l'époque les chiffres restent vagues, il est question de 50% du temps au moins. La nature des projets, la façon de les conduire, la façon de les évaluer, ne sont pas évoquées et les questions que posent les enseignants à ce sujet restent sans réponses, nous serons mis au courant après la rentrée de septembre.  

    En attendant l'inspection nous fait entièrement confiance pour continuer comme d'habitude. Je fais remarquer qu'il ne faudra pas tarder car nous préparons les élèves au bac en deux ans et que la connaissance des modalités d'examens est incontournable rapidement après la rentrée pour un travail efficace, c'est-à-dire sans perte de temps. Lors de la réunion suivante, après la rentrée 2011, l'inspecteur répond un peu agacé à la même question «que notre travail c'est d'enseigner et que l'évaluation verra après» (sic). En attendant le travail devant élève est commencé et moi et mes collègues travaillons à l'estime. Le manque de matériel se fait cruellement sentir dans mon lycée, les travaux nécessaires ne seront faits qu'à l'été 2012. Lors d'une réunion aux alentours de février il nous est demandé pour la prochaine réunion d'exposer l'état d'avancement de la réforme et si possible les projets envisagés ou mieux déjà mis en œuvre.  

   A ce moment je viens juste de recevoir un premier lot de matériel et je ne dispose du logiciel correspondant que depuis novembre. La pression amicale mais réelle pour commencer les projets va aller augmentant. J'ai un groupe de 16 élèves et un autre de 15 dans une salle qui est déjà trop étroite pour recevoir proprement 14 élèves en travaux pratiques et avec un matériel réduit qui ne me permet qu'un choix très restreint de sujets. La phase passée en projet sera cauchemardesque pour l'enseignant et la fraction d'élèves sérieux. Le dernier mois de cette année de première sera passé en activités plus classiques. A la rentrée 2012 les élèves sont maintenant en terminale, j'ai les tables de travail prévues dans une salle provisoire de 80 m2 au lieu des 140 m2 prévus. Il est difficile de bouger, le travail en travaux pratiques reste possible et je couvre ainsi la partie communication réseau de référentiel au moyen d'un logiciel de simulation. Je ne dispose pas du matériel support. On me bricole une salle de 150 m2 à partir de deux salles de cours séparées par un couloir et j'attaque les projets dans ces conditions. Le couloir sera abattu aux vacances de février. 

     Pendant ce temps nous avons appris que la note du bac porterait uniquement sur le projet final est que la note serait constituée de deux parties égales, une attribuée par un jury en fin d'année suite à une soutenance orale avec support informatique, l'autre attribuée par l'enseignant de l'année au vu du travail fourni par les élèves. Les critères d'évaluation portent principalement sur la gestion de projet et la démarche de développement durable. Il est explicitement exclu de juger les élèves sur les performances et la réussite du projet. Ceci appelle deux remarques. La première est que les critères sont inadaptés, les élèves sont incapables de concevoir et même de gérer un projet par eux-mêmes. De plus la démarche de développement durable est une plaisanterie en spécialité SIN où l'obsolescence programmée est la règle.

Comment note-t-on alors les élèves ? A l'estime, en fonction de critères autres, l'inspection le sait mais ne veut surtout pas que la chose soit dite. Du coup cette note relève "du grand n'importe quoi" et ne respecte aucune règle d'équité. Elle est attribuée par un enseignant seul qui connait ses élèves depuis au moins un an et compte coefficient 6 ce qui écrase les autres matières. Cela viole l'esprit du baccalauréat dans les grandes largeurs.
Je considère que ceci est une infamie et je me refuse à recommencer. L'ensemble du corps inspectoral est criminel ou lâche ou les deux d'avoir laissé faire une chose pareille. Cette mécanique est conçue dans une idée de concurrence entre les enseignants mais aussi entre les établissements pour créer une dynamique de très bonnes notes à l'examen y compris et surtout si elles n'ont aucun sens. Vous avez l'explication des excellents résultats du millésime 2013 du baccalauréat au moins pour la filière technologique. Cela fait plus d'un an que je me plains à mon syndicat de cet état de fait. Pas un seul compte-rendu ni localement sur Marseille ni à un plus haut niveau n'en fait mention. Je suis tout seul à avoir des problèmes de conscience. Ou alors le syndicat est activement complice de l'état de fait, le responsable local me dis : «Mais non Pierre tu n'es pas tout seul». En attendant je ne vois aucune réaction et ce chez aucun syndicat.  

    Que penser ? Soit nous sommes muselés, soit je suis le dernier idiot dans son coin. De toute façon je n'accepte pas cette situation. Je pense au niveau toujours plus problématique des élèves, autrefois on savait parler et écrire un français très convenable après 5 ans d'étude primaire. Aujourd'hui les élèves bacheliers maitrisent mal la langue ne savent plus estimer des chiffres après 12 ans d'études. Cherchez l'erreur. La réponse de l'institution est: «Oui mais les élèves savent faire d'autres choses». Je suis bien placé dans ma spécialité pour savoir que cela n'est pas vrai ! Les élèves ne maitrisent rien ou presque des techniques numériques d'aujourd'hui. Tout ce qu'ils savent faire est jouer et surfer sur internet. Cela ne fait pas une compétence professionnelle.  

   Les médias nous rabattent les oreilles sur la perte de compétitivité du pays en laissant entendre que le coût du travail est trop élevé. Cette présentation pèche par une omission grave. La réalité est que le travail en France est trop cher pour ce que les travailleurs sont capables de faire véritablement. Et là la responsabilité de l'Education nationale est écrasante. Qui osera le dire ? J'essaye mais je me sens bien petit. J'essaye de créer un maximum d'émoi sur la question.  

   J'aurais pu m'immoler par le feu au milieu de la cour le jour de la rentrée des élèves, cela aurait eu plus d'allure mais je ne suis pas assez vertueux pour cela. Quand vous lirez ce texte je serai déjà mort. 
 
Pierre Jacque  
Enseignant du lycée Antonin Artaud à Marseille

 

Voir aussi Suicide d'un prof à Marseille: la "vive émotion" de Vincent Peillon (L’Express, 3 septembre 2013)

 

Cet article est le 34ème paru sur ce blog dans la catégorie L'école.

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10 septembre 2013 2 10 /09 /septembre /2013 22:50

Les critiques de fond viennent de divers horizons

 

Cette rentrée scolaire, la première préparée par le gouvernement de gauche*, a été marquée par la remise à niveau dans les effectifs salariés. Voir Rentrée : 40 000 adultes de plus dans les écoles (Ouest-France, Philippe Simon, 30 août 2013). Et aussi par la mise en œuvre du retour à 4,5 jours de classe par semaine dans les communes qui avaient choisi de ne pas attendre la prochaine rentrée. Voir Rentrée scolaire 2013 : premières applications de la réforme des rythmes scolaires (Vie publique, 20 août 2013). Et encore par l’affichage dans les écoles publiques de la charte de la laïcité. Voir Charte de la laïcité. Les profs satisfaits de ce premier pas (Ouest-France, 10 septembre 2013).

 

Le point de vue de l’ UFAL - Union des FAmilles Laïques sur cette rentrée est modérément critique. Voir Rentrée scolaire : école laïque et gratuite, on est loin du compte (UFAL, 2 septembre 2013). Le responsable de la commission Laïcité de l’UFAL, Charles Arambourou, dans la Lettre électronique Ufal Flash du 10 septembre 2013, exprime son accord avec cette décision : Une Charte de la laïcité à l’école : pourquoi pas ?

L’UFAL qui a milité activement pendant 15 ans en faveur d’une loi réglementant le port des signes religieux à l’école ne peut qu’approuver l’initiative du ministre Vincent Peillon de compléter la loi du 15 mars 2004 par une « Charte de la laïcité ». Présenter la laïcité comme une condition de la liberté, et non une suite d’interdictions, c’est exactement l’idée que nous ne cessons d’avancer, comme nous l’avons fait à l’occasion du 9 décembre 2012 avec notre campagne « la laïcité, c’est la liberté ».
Une Charte a-t-elle valeur contraignante ? Au cas présent, oui : inscrire son enfant dans une école publique c’est adhérer à ce texte, qui engage donc les élèves, mais aussi l’établissement et ses personnels. La Charte vaut comme un super-règlement intérieur de toute école publique.
Toutefois, si l’intention est bonne, sera-t-elle facile à concrétiser après un abandon total, depuis des décennies, de toute formation des enseignants à la laïcité ? L’UFAL est disposée à jouer son rôle, et qualifiée pour intervenir en la matière.
Le texte de la Charte n’appelle pas de critiques majeures : il commence par le rappel de l’article 1er de la Constitution, et mentionne clairement à plusieurs reprises les « bornes » fixées par la loi à l’expression religieuse : elle ne peut être invoquée pour se soustraire aux règles ni aux programmes scolaires.
On émettra une réserve sur le terme « valeurs de la République ». Le problème des valeurs est que nul ne les définit de la même façon. Un seul exemple : le « pluralisme des convictions », « valeur » invoquée par la Charte, l’est également par les partisans du port de tous les signes religieux à l’école ! Contentons-nous des « principes », objectifs et explicités par le droit (les textes et la jurisprudence), ce sera bien.
Autre imprécision, le concept de « culture » (« commune et partagée », point 7) reste totalement ambigu : signifie-t-il « ensemble de savoirs et de références académiques communs » (sens scolaire du terme) –auquel cas nul ne contestera la nécessité de son acquisition, ou bien « traditions symboliques particulières à un groupe humain » (sens anthropologique) –ce qui serait une redoutable invitation au relativisme des « valeurs », justement, et au fameux « multiculturalisme », ennemi de l’universalisme –donc de la laïcité ? Rappelons que la laïcité est un « cadre sans contenu » : ni « culture » ni courant de pensée particulier, elle les permet tous (sous réserve du respect de l’ordre public).
Enfin, on notera que le Défenseur des Droits vient de rappeler la question, selon lui non résolue, des accompagnateurs bénévoles (parents) de sorties scolaires : le port du voile peut-il leur être autorisé ? L’UFAL considère, comme l’a fait le tribunal administratif de Montreuil, que ces « collaborateurs occasionnels du service public » sont astreints aux mêmes règles de neutralité religieuse absolue que les agents publics. Mais les partisans du « multiculturalisme » et de la « laïcité ouverte (inclusive, positive, plurielle, apaisée, etc.) » continuent de s’agiter. Il est dommage que rien dans la Charte ne permette de régler le problème.

Un autre point de vue, plus critique, est exprimé par un enseignant, Jean-Paul Brighelli. Voir Brighelli : laïcité, le dessous des chartes (Le Point, 10 septembre 2013) et Rentrée des classes : le professeur Brighelli note Vincent Peillon(Le Point, 3 septembre 2013), sans oublier Les petites économies de Vincent Peillon(Le Point, 10 septembre 2013).

* Rappel : Assemblée nationale : Vincent Peillon propose une loi refondant l'école - 15 mars 2013. Voir les principaux points du Projet de loi sur l'école

 

Cet article est le 33ème paru sur ce blog dans la catégorie L'école.

 



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18 mars 2013 1 18 /03 /mars /2013 23:54

Réunions de concertation : un sentiment de frustration

 

La décision d’application de la réforme des rythmes scolaires est laissée à l’appréciation des collectivités locales : rentrée 2013 ou 2014. De nombreux élus veulent aller vite mais ils sont conscients des incidences importantes sur l’organisation de la vie scolaire et périscolaire.

 

Rappel : Assemblée nationale : Vincent Peillon propose une loi refondant l'école - 15 mars 2013. Voir les principaux points du Projet de loi sur l'école

 

En fait, la question n’est pas simple. Voici deux cas, très différents : à Lille et à Saintes.

 

Lille : les propos de Martine Aubry  

Rythmes scolaires : Aubry repousse l'application de la réforme à Lille en 2014 (Le Monde, 18 mars 2013)

 

Saintes : la concertation laisse parents et enseignants frustrés  

Des parents frustrés (Sud Ouest, 13 mars 2013). Les élus restent dans l’incapacité de répondre aux questions des parents.

 

Les réflexions personnelles de Serge Maupouet, professeur dans un collège de Saintes.

 

Il est assez clair que de nombreux points sont profondément problématiques, aussi bien en primaire que dans le secondaire.

La question des rythmes en primaire, tout spécialement, engage l'Education nationale sur une pente qui peut devenir très dangereuse : inégalités accrues monde urbain-monde rural, horaires d'école et dispositifs péri-éducatifs variant nettement d'une école à l'autre, non-respect des préconisations des chronobiologistes (quoiqu'en disent les promoteurs du décret - samedi délaissé pour le mercredi, horaires de sortie possibles à 15h30 en primaire alors que c'est grosso modo à partir de cette heure-là que les enfants, et en particulier pour les dernières années d'élémentaire, retrouvent un pic d'attention propice aux apprentissages), moins-disant maintenu en terme d'horaires d'enseignement pour tous, possible usine à gaz en construction concernant l'ensemble du péri-éducatif (problèmes de locaux, problèmes de recrutement et de qualification des intervenants, horaires de fin des cours placées non pas en fonction des intérêts des élèves mais de ceux des adultes, problèmes évidents de financement).

Stoppons-là pour faire bref, en évoquant seulement l'inquiétude généralisée des parents : les réunions d'information organisées localement sont révélatrices de leur ampleur, mais aussi des incompréhensions ou des tensions qui s'instaurent entre les élus et différents membres de la communauté éducative (parents inclus). 

 

Certes, certaines organisations soutiennent le processus, et il y a quelques progrès (dont la scolarisation possible dès deux ans, ou le retour aux 9 demi-journées) mais l'impression qui se dégage globalement n'est-elle pas qu'en des lieux éloignés du terrain on continue à avancer alors que sur le terrain l'incompréhension est de plus en plus évidente au niveau de nombreux acteurs, et ce concernant la mise en oeuvre concrète ou bien même les objectifs réellement poursuivis à moyen et long terme ?  

 

Pour ce qu'il est possible de constater ici, localement, il faudrait regarder en face le fait que le sentiment qui se généralise est que ce n'est pas essentiellement pour l'intérêt des élèves que la réforme des rythmes est faite, mais que cet intérêt des élèves dont l'on parle tant est avant tout un alibi pour des réformes poursuivant d'autres objectifs non clairement explicités.

 

Aussi, n'est-il pas à exclure que l'ampleur du malaise puisse apparaître réellement aux alentours de la rentrée, au moment où les faits livreront leur réalité ? Ne vaudrait-il pas mieux en tenir compte dès maintenant, alors qu'il serait encore temporellement possible d'améliorer ce qui doit l'être et de répondre de manière convaincante aux inquiétudes ?  

 

Cet article est le 32ème paru sur ce blog dans la catégorie L'école.

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