De nombreux intervenants dans le débat, dont le député Guillaume Garot
Dans une première partie (28 novembre 2023), ont été relatées les propositions-revendications de la CGT en Pays de la Loire en matière de santé, présentées par Pascal Bouvier, le 23 novembre à Laval, lors du débat public organisé par la CGT 53 et le comité régional CGT.
Voir CGT : débat public à Laval sur l'état du système de santé en Mayenne.
Dans cette seconde partie, seront relatées certaines interventions dans la salle, notamment celles des élus politiques qui avaient répondu à l'invitation de la CGT.
- La première intervention a été celle de Meryame El Hamdaoui, aide-soignante, secrétaire du syndicat CGT du Centre Hospitalier de Laval.
Voir Ouest-France, 16 août 2022 Hôpital de Laval : « Soignants et usagers en danger et 19 septembre 2022 Laval. Rassemblement devant l'hôpital le 22 septembre.
- Un médecin, retraité depuis 18 ans, a insisté sur le fait que l'évolution démographique des médecins n'avait pas été intégrée dans les choix politiques. En 1988, il a été décrété qu'il y avait trop de médecins. Mais des éléments ont joué par la suite, notamment les 35 heures et l'aspiration aux loisirs, la féminisation de la profession. En 2016, 25 % des médecins jeunes diplômés n'exercent pas en tant que médecins. Et la ministre Bachelot, qui a fait de l'hôpital une usine, n'a rien arrangé...
- Jacques Poirier s'est fait le porte-parole de l'élue départementale et lavalloise, Camille Pétron. Voir son TEMOIGNAGE. En immersion chez les pompiers de Laval (Ouest-France, 24 novembre).
- Gérard Beillard a apporté son témoignage personnel d'usager des services de santé et souligné le besoin de considérer avec plus d'humanité les gens dans les EHPAD.
- Guillaume Garot, député de la Mayenne, a rappelé que la santé est un choix politique et souligné l'importance de la sécurité sociale (chacun cotise selon ses moyens et a droit selon ses besoins). Notre département se situe dans les derniers en France en nombre de médecins et, pire encore, pour les dentistes.
L'ancien ministre regrette avoir fait partie d'un gouvernement qui n'a pas donné les moyens de s'attaquer au problème. L'ancien maire de Laval considère que les maisons de santé n'ont apporté que des améliorations relatives.
Le député d'opposition critique le gouvernement qui renvoie les responsabilités sur les territoires et leurs élus, alors que l'accroissement global des maisons de santé et des médecins ne se traduit pas par une meilleure répartition sur le territoire national. L'écart tend à augmenter dans la répartition territoriale des médecins généralistes, des spécialistes ophtalmologistes et dermatologues.
Il faut réguler la médecine libérale, comme c'est le cas pour les pharmaciens, car la formation des médecins se fait sur financement public. Les médecins libéraux tiennent à leurs libertés acquises, mais ils ne veulent pas voir à quel prix ils conservent ces libertés.
La volonté de réguler l'installation des médecins existe dans les différents groupes de députés à l'Assemblée nationale, de LR à LFI. La proposition de loi n'a pas été inscrite à l'ordre du jour car le ministre et la présidente ont refusé. Une 2ème version est en préparation.
Trois propositions :
1- Désertification médicale : aller vers la régulation de l'installation des médecins. Former 12000 médecins par an. Avec le numerus clausus, il y a trente ans, il n'a pas été anticipé l'évolution du travail (diminution du temps de travail, coefficient 1,8 de renouvellement des médecins, pas 1).
2- Hôpital public : sortir de la tarification à l'activité (T2A). Indispensable pour aller vers l'égalité. Le coût est un choix politique.
3- Prévention : approche cohérente, globale de la santé. Voir comment les politiques sont favorables à la santé. La CGT fait de bonnes propositions. Les citoyens de gauche doivent préparer 2027. La droite veut supprimer l'Aide médicale d'Etat (AME).
- Franck est délégué CGT chez Ambulances Harmonie. Il témoigne de la situation dans le secteur des ambulanciers. Les délais d'intervention augmentent. Un ambulancier appelé par les urgences a 6 ou 7 interventions par nuit. La fermeture des urgences à l'hôpital de Laval est un gros problème.
Au SAMU, il y a un médecin régulateur. Tout est régulé, sauf l'installation des médecins. Ceux-ci ont trop de pouvoir en France. L'absence de médecin, c'est la fermeture d'un hôpital. C'est un problème pour le renouvellement des médicaments en cas d'urgence. Ce qui est positif, ce sont les échanges entre pompiers et le SAMU, La régulation.
- Eric Paris est pédiatre, retraité récemment, élu de Laval. Il propose de nommer Caisse primaire d'assurance santé ce qui est actuellement d'assurance maladie, afin d'inclure la prévention.
Les maisons de santé, c'est ce que demandent les jeunes médecins. Mais il n'y a pas de règles communes, elles se font concurrence. En matière de soins, il faut tout penser à l'échelle de l'intercommunalité. La commune, c'est complètement dépassé.
Dans les années 1980, les médecins organisaient les gardes, ils faisaient de l'auto-régulation. La régulation, il faut se poser deux questions : sous quelle forme la faire et comment on la fait. Il conseille à Guillaume Garot de modifier son approche de la régulation de l'installation des médecins. Il doit changer la clé pour ouvrir la porte.
Les études de médecine sont longues. Les jeunes médecins ont besoin de se poser. Il faudrait proposer une expérience d'installation. Les internes font trop d'heures et elles sont sous-payées. Les conditions sont très différentes à Laval par rapport à Angers ou Rennes. Il faudrait revaloriser les heures à Laval.
70 % des jeunes médecins sont des femmes. Et les conjoints ? Il y a 25 % d'abandons.
Il faut discuter, proposer des solutions consensuelles.
L'espace manque ici pour citer les autres intervenants, dont la dernière, Catherine Paris, secrétaire du comité régional CGT des Pays de la Loire. Le débat, de plus de deux heures, a été intéressant.
Cet article est le 3322 ème sur le blog MRC 53 - le 71ème dans la catégorie Santé et sécu sociale