Extraits commentés du livre "Moi, Jaurès, candidat en 2012"
Après une première partie de la soirée qui a consisté à faire mieux connaissance avec Jean Jaurès (voir Jean-Pierre Fourré a raconté Jean Jaurès à Saint-Berthevin le 2 février), Jean-Pierre Fourré parcourt son livre (voir Editions de Matignon - Discours de Jaurès) et commente les citations les plus remarquables.
Sur la laïcité
« L’idée, le principe de vie qui est dans les sociétés modernes, qui se manifeste dans toutes leurs institutions, c’est l’acte de foi dans l’efficacité morale et sociale de la raison, dans la valeur de la personne humaine raisonnable et éducable. C’est le principe, qui se confond avec la laïcité elle-même, c’est ce principe, qui se manifeste, qui se traduit dans toutes les institutions du monde moderne. C’est ce principe qui commande la souveraineté politique elle-même…
Et la preuve c’est que la société moderne lorsqu’elle constitue les organes de sa souveraineté, lorsqu’elle met sa souveraineté propre en action, en mouvement, quand elle confère, quand elle reconnaît à tous les citoyens le droit de participer à l’exercice du pouvoir, à l’élaboration de la loi, à la conduite de la société, l’Etat ne demande ni au citoyen qui vote, ni au législateur qui traduit la pensée des citoyens : Quelle est votre doctrine religieuse ? Quelle est votre pensée philosophique ?
L’exercice de la souveraineté, l’exercice de la puissance politique dans les nations modernes n’est subordonné à aucune formule dogmatique de l’ordre religieux. »
Moi, Jaurès, candidat en 2012 – page 23
« Puisque ces enfants parlent deux langues, pourquoi ne pas leur apprendre à les comparer et à se rendre compte de l’une et de l’autre ? Il n’y a pas de meilleur exercice pour l’esprit que ces comparaisons ; cette recherche des analogies et des différences en une matière que l’on connaît bien est une des meilleures préparations de l’intelligence. Et l’esprit devient plus sensible à la beauté d’une langue basque, par comparaison avec une autre langue. Il saisit mieux le caractère propre de chacun, l’originalité de la syntaxe, la logique intérieure qui en commande toutes les parties et qui lui assure une sorte d’unité organique.
Ce qui est vrai du basque est vrai du breton. Ce serait une éducation de force et de souplesse pour les jeunes esprits ; ce serait aussi un chemin ouvert, un élargissement de l’horizon historique…
Il y aurait pour les jeunes enfants, sous la direction de leurs maîtres, la joie de charmantes et perpétuelles découvertes. Ils auraient aussi un sentiment plus net, plus vif, de ce qu’a été le développement de la civilisation méridionale, et ils pourraient prendre goût à bien des œuvres charmantes du génie du Midi…
Même sans étudier le latin, les enfants verraient apparaître sous la langue française du Nord et sous celle du Midi, et dans la lumière même de la comparaison, le fonds commun de latinité, et les origines profondes de notre peuple de France s’éclaireraient ainsi, pour le peuple même, d’une pénétrante clarté.
Amener les nations et les races à la pleine conscience d’elles-mêmes est une des plus hautes œuvres de civilisation qui puissent être tentées. »
Jean Jaurès, 15 octobre 1911
Moi, Jaurès, candidat en 2012 – pages 76,78
« Mais je répète que, de toutes les formes d’assurance, celle qui a le plus de noblesse morale, c’est l’assurance contre la vieillesse, précisément parce qu’elle oblige l’esprit de l’homme à se préoccuper d’un objet lointain, et parce que, ne pouvant pas selon les lois de la nature, profiter individuellement à tous, elle a plus que toutes les autres formes d’assurance un caractère de mutualité.
Elle doit intervenir à un âge où l’ouvrier, où l’homme, s’il n’est pas prématurément usé, doit pouvoir travailler encore. La retraite conçue comme le brusque arrêt total de l’activité humaine me paraît une chose horrible, à la fois contraire aux intérêts économiques de la nation et à la santé de l’individu.
La vérité est qu’il faut qu’à l’heure où la force des travailleurs commence à fléchir, ils puissent se dire ceci : que s’ils sont, en effet, obligés de s’arrêter tout à fait, ils auront une retraite suffisante, ou que, s’ils ont seulement besoin de se ménager, de prendre quelques jours ou quelques semaines de relâche, afin de ne pas arriver à l’épuisement, ils le pourront grâce à leur retraite, sans s’infliger de trop dures privations. C’est dans cette pensée que nous demandons que l’âge de la retraite soit abaissé normalement à 60 ans, sauf à être abaissé davantage dans certaines industries, comme la verrerie, qui sont particulièrement épuisantes. »
Jean Jaurès – La Dépêche de Toulouse, 16 juin 1911
Moi, Jaurès, candidat en 2012 – page 45
Cet article est le 33ème paru sur ce blog dans la catégorie CIVIQ Rencontres CIVIQ