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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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17 juin 2023 6 17 /06 /juin /2023 17:15

Il faut revégétaliser la planète pour assurer le cycle de l'évaporation

 

L'éleveur laitier bio de Quimperlé (Finistère), qui va avoir 60 ans en fin d'année, veut transmettre à ses concitoyens l'idée simple que nous faisons fausse route dans notre approche du problème de l'eau.

Voir cet article de Béatrice GRIESINGER (Ouest-France, 12 mai 2023) : En Finistère, selon cet agriculteur, « il y a urgence à s'occuper du cycle de l'eau

Producteur de lait bio installé à Poulfanc, à Quimperlé (Finistère), Pierrick Berthou a vécu, comme d’autres agriculteurs, la sécheresse de l’été dernier. Il avait alors interpellé les élus de Quimperlé Communauté sur le cycle de l’eau, la manière de le préserver. Un courrier qui n’a suscité que « très peu de réactions ». Il se désole de voir la terre s’assécher, de voir émerger de fausses solutions.

 

Voir aussi : Pierrick Berthou, éleveur laitier à Quimperlé, aimerait fédérer par l'eau.

 

Près de Quimperlé, À Arzano, lors du traditionnel "Boeuf de l'Ellé" ce week-end, Pierrick Berthou animera un débat avec les gens présents. Voici la présentation qui en a été faite ce 17 juin dans l'édition locale du Télégramme.

 

Agriculteur bio, Pierrick Berthou développe des arguments « de bon sens » mais aussi étayés par des études effectuées à l’échelle internationale. Il les présentera dimanche 18 juin, à Arzano.

Persuadé qu’on ne réglera pas les problèmes du climat si on ne règle pas celui du cycle de l’eau, le producteur de lait bio, Pierrick Berthou, exposera ses solutions ce dimanche à Arzano.

 

« Économiser l’eau est un mauvais mécanisme de pensée ! » Cela fait déjà plusieurs mois que Pierrick Berthou monte au créneau pour imposer sa vision de la problématique autour de l’eau. Dimanche, ce producteur bio présentera sa façon de voir la situation, à la prairie de Ty Nadan, dans le cadre de la fête Le bœuf de l’Ellé, à Arzano. Selon lui, c’est une évidence : la quantité d’eau sur terre est la même depuis toujours, elle ne manque pas et ne manquera jamais.

« Revégétaliser la planète »

Le problème des sécheresses vient plutôt des ruptures de son cycle générées par les activités humaines. "Il ne pleut pas au-dessus des déserts parce qu'il n'y a pas de végétation et non le contraire !", assure-t-il. "Il n'y a pas de canicule au-dessus des forêts de feuillus suffisamment alimentées en eau pour assurer leur évapotranspiration. Il suffit d'arroser son sol pendant les canicules pour constater que l'évaporation suffit à faire baisser la température ambiante."

Il faut donc "revégétaliser la planète pour assurer le cycle de l'évaporation et du retour dans l'atmosphère de l'humidité qui fera baisser les températures, revenir les pluies assurant ainsi le remplissage des nappes phréatiques, la réhydratation de la végétation qui deviendra ainsi moins sensible aux incendies."
 

Ne pas entraver la circulation de l'eau

"Je veux bien me tromper mais les plantes sobres en eau aggravent les choses." Il ne faut pas non plus se priver d'arroser les champs, la pelouse et même les stades de foot : "en remettant de l'eau dans les sols, on remet de l'eau dans l'atmosphère. Il ne faut pas entraver sa circulation, mais la laisser ruisseler, s'infiltrer."

A l'échelle locale, Pierrick propose des solutions simples pour mieux gérer les 31 milliards de m3 d'eau qui tombent chaque année sur les zones imperméables urbaines de Quimperlé et faciliter sa circulation : la végétalisation des parkings des zones commerciales, les petites réserves d'eau des agriculteurs, alternatives aux mégabassines, "qui sont les conséquences des impératifs industriels. Il y a d'autres solutions !"


 

Cet article est le 3308 ème sur le blog MRC 53 - le 89ème, cat. Climat énergies environnement

Pierrick Berthou. Photo de l'article de Ouest-France, 12 mai 2023, avec la mention "Pour Pierrick Berthou, agriculteur à Poulfanc, à Quimperlé (Finistère), c’est maintenant qu’il faut agir pour préserver le cycle de l’eau."

Pierrick Berthou. Photo de l'article de Ouest-France, 12 mai 2023, avec la mention "Pour Pierrick Berthou, agriculteur à Poulfanc, à Quimperlé (Finistère), c’est maintenant qu’il faut agir pour préserver le cycle de l’eau."

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13 juin 2023 2 13 /06 /juin /2023 22:01

Des réflexions originales sur la façon d'aborder la question de l'eau

 

Pierrick Berthou, éleveur laitier à Quimperlé (Finistère Sud), s'était fait connaître en lançant cet appel en septembre 2016 : Pierrick Berthou, éleveur laitier (29) : il faut sauver les paysans.

En avril 2023, l'hebdomadaire Marianne publiait sa tribune libre sur la gestion de l'eau.
En mai 2023, Christophe Violette rapportait ses propos iconoclastes sur l'eau dans un article de Ouest-France (30 mai, édition papier).

 

Les agriculteurs façonnent nos paysages et réfléchissent au futur. C’est le cas de Pierrick Berthou, éleveur laitier à Quimperlé (Finistère), dont les contributions sur l’eau et les sécheresses sont passionnantes, voire inattendues.

 

Pierrick Berthou, 59 ans, est éleveur laitier à Poulfang, à Quimperlé (Finistère), juste à l’orée de la forêt de Carnoët, bien arrosée. Les pluies de printemps, très abondantes, que reçoit cette pointe de Bretagne ne viennent pas de l’océan.  Un tiers seulement. Les deux-tiers de la pluie viennent de la végétation et du sol, grâce à l’évaporation et l’évapotranspiration , corrige Pierrick Berthou, s’appuyant sur les recherches de l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Inrae).

 

 C’est bien la végétation qui fait le climat. Et pas l’inverse. C’est parce qu’il n’y a pas de végétation dans le désert qu’il n’y pleut pas. De même, c’est parce qu’il y a une végétation exubérante qu’il pleut quasi constamment dans les forêts tropicales ! ».

 

"L'eau n'est jamais perdue"

 

Pierrick Berthou a repris la ferme de ses parents et grands-parents. Conventionnel, il bascule en bio en 2009, un élevage de 120 vaches et génisses sur 90 hectares, certifié lait de foin :  Elles pâturent au maximum. Et mangent, l’hiver, le foin de nos prairies. 

 

La sécheresse de l’été 2022 et les commentaires qui l’ont accompagnée l’ont beaucoup agacé. Pierrick Berthou a réfléchi et sorti sa calculette. "Ici, à Quimperlé, 12 000 habitants sur 3 173 hectares, nous recevons 7 m3 d'eau de pluie par jour et par habitant. Combien en utilisons-nous, pour tous nos usages communs ? 180 litres par jour et par habitant... Ce qui veut dire seulement 2,45% des eaux de pluie, notre bien commun..."

 

Alors, les débats sur les économies d'eau, claironnés sur tous les tons, l'ont révolté. De quoi susciter ses contributions et ses tribunes remarquées, dans de nombreuses publications, dont l'hebdomadaire Marianne.

 

"L'eau est gaspillée", estime-t-il. Primo, l'eau "n'est pas une ressource", rappelle-t-il. Mais "un bien commun" et, surtout, un cycle permanent. "On ne consomme pas l'eau, on l'utilise et on la restitue, en permanence. Ce sont ces cycles de l'eau qu'il faut préserver". Comment ? "Grâce à la végétation. En replantant les haies, en rétablissant fossés et talus." En choisissant mieux les cultures de céréales ou de maïs. "On le voit bien dans la Beauce et la Brie, les cycles de l'eau y sont cassés."

 

Les bassines, si controversées ces derniers temps ? "Un pansement sur une plaie infectée. Cela ne sert à rien, sauf à une agriculture élitiste." Non, le véritable enjeu, à ses yeux, "c'est l'agroforesterie. Les haies, les talus, les mares et les bassins de rétention. Les zones humides à rétablir." Partout où l'on peut freiner ces chasses d'une eau si précieuse. "Y compris en ville", avec ses immenses surfaces artificialisées. "On a tout busé et drainé depuis des dizaines d'années, c'est ce qui nous fait perdre l'eau."

 

"Arrêtons la culpabilisation"

 

Mais n'est-il pas trop tard ? "Non,, sûrement pas !" réfute-t-il. Expliquant que l'eau s'évapore dès 10 °C, "Les retenues d'eau en perdent beaucoup par évaporation ? Et alors , Quel problème ? Elle nous revient sous forme de pluie, elle n'est jamais perdue." Les appels à des politiques d'économie d'eau, du moins dans nos régions, lui semblent "désastreux". Même si la sécheresse est d'ores et déjà de nouveau à l'oeuvre dans les régions du sud de l'Europe.

 

C'est le contraire qu'il faut faire : "Laissons l'eau couler sans entraves. Et arrêtons d'agresser l'agriculture [en lui faisant le procès de nuire à l'environnement, NDLR]. Il n'y a rien de moins naturel que les haies et les talus. Ils ont été conçus et dessinés par l'homme", rappelle-t-il.

 

C'est à une agriculture de "restauration qu'appelle Pierrick Berthou. Sortons du catastrophisme ambiant, de la dénonciation et de la culpabilisation. Remettons la science au centre des débats. L'eau, vitale, peut fédérer tout le monde. Mais sûrement pas avec la menace de la peur..."


 

Cet article est le 3304 ème sur le blog MRC 53 - le 88ème, cat. Climat énergies environnement

Photo de Pierrick Berthou dans Ouest-France, 30 mai 2023

Photo de Pierrick Berthou dans Ouest-France, 30 mai 2023

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30 avril 2023 7 30 /04 /avril /2023 22:44

Ce paysan de Quimperlé (29) explique que le débat sur l'eau est mal posé

 

Dans une tribune publiée sur le site de Marianne le 27 avril 2023, Pierrick Berthou, paysan à la ferme de Poulfang, à Quimperlé, dans le Finistère, explique pourquoi le débat sur l'eau est mal posé, selon lui.

 

Des boulons, des boules de pétanques, des matraques, des grenades… 400 blessés dont 40 très gravement. C'est la guerre ? Non, juste un week-end de contestation à Sainte-Soline autour de l'eau : le combat de l'eau.

Cet épisode nous explique où nous en sommes arrivés avec l'accès à l'eau, mais c'est surtout révélateur de ce qui nous attend et des violences potentielles. Et pourtant, nous ne manquons pas d'eau et nous n'en manquerons jamais… L'eau est un bien commun, personne ne peut, et ne doit, revendiquer sa paternité. L'eau obéit à un cycle, de ce fait ce n'est pas une ressource, ce n'est pas un volume quantifiable limité, qui pourrait faire défaut. Nous avons, depuis la nuit des temps, la même quantité d'eau à notre disposition. Pas une goutte d'eau ne manque à l'appel, c'est un fait. L'eau est là à notre disposition à tous en quantité illimitée, comme l'air que nous respirons. Cessons d'avoir peur et cessons de réagir aux peurs véhiculées et entretenues par des mercantis, le problème est là ! Cependant, le débat existe bien.

Entre sécheresses, canicules, inondations et… bassines, le débat est bien présent, tout à la fois irrationnel et passionnel que radicalisé. Irrationnel et passionnel parce que cela touche notre quotidien et notre survie, radicalisé parce que l’on doit être pour ou contre. Nous ne savons pas trop pour quoi, ou contre quoi, mais il n'y a pas beaucoup de place, dans ce débat, pour la temporisation, la modération et la lucidité. Cependant, c'est ce que nous allons tenter de faire… Dans les Deux-Sèvres, deux conceptions s'opposent de plus en plus durement. Les actes d'incivilité se succèdent. La situation des Deux-Sèvres est assez symbolique et représentative de ce qui se passe autour de la « guerre de l'eau ». Et pourtant, il ne manque pas d'eau et l'eau n'est pas une ressource, faut-il le rappeler ?

L'OUBLI DU COMMUN

D'un côté, nous avons des agriculteurs qui, afin de produire, affirment que le stockage de l'eau est vital pour eux. S'ils n'ont pas d'eau en réserve, ils ne pourront pas produire. Certes, ce n'est pas tout à fait faux, mais… mais, irriguer leurs cultures répond aux exigences des industriels qui collectent leurs récoltes (dates de récoltes, régularité, qualité, etc.). Il s'agit avant toute chose de préserver, quoi qu'il en coûte, l'agriculture industrielle. En effet, une grande partie de la production agricole qui sera irriguée n'est pas destinée à l'alimentation locale voire nationale mais va à l'export ou même participera à remplir les méthaniseurs ! En faisant du chantage alimentaire – pas d'eau, pas de nourriture – les partisans des « bassines » exacerbent les crispations. Au fond, ils ne veulent pas vraiment remettre en cause l'agri-business, qui, pourtant, est à l'origine de leurs maux, qu'il s'agisse de l'eau, ou de la façon d'aborder leurs pratiques agricoles ou encore de leurs relations aux industriels. L'irrigation n'est pas mauvaise en soi, c'est même une bonne chose, puisqu'elle permet, tout de même, de garantir des récoltes, en traversant les périodes sèches. Ce qui fait, et devrait faire, débat ce sont bien les conditions de remplissage des bassines, le mode de stockage (qui est fait par imperméabilisation du sol), et surtout l'accès à l'eau. Or, seuls ceux qui auront accès aux capitaux, auront accès à l'eau, donc pourront produire. Avoir accès à l'eau donnera un droit à vivre. Les autres pourront crever ! C'est tout simplement inacceptable, cette gestion de l'eau est inacceptable !

« En filigrane de ces oppositions radicalisées se profile la marchandisation de l'eau, de notre eau, ce bien commun à tous. »

 

Les opposants aux « bassines », eux, ce qu'ils proposent en alternative, c'est l'application de la « continuité écologique ». Voilà une belle formule qui promeut un écoulement sans entrave de l'eau, et c'est la loi ! Autant dire que nous devons laisser couler l'eau librement. La « continuité écologique », telle que définie, appliquée et imposée, est un véritable bras d'honneur aux civilisations anciennes (Incas, Aztèques, Romains etc.) qui, par empirisme, avaient acquis une connaissance prodigieuse de l'eau. Il ne leur serait jamais venu à l'idée de laisser couler l'eau alors que justement ils en avaient besoin. D'un côté, ces mêmes personnes demandent l'économie d'eau, pour ne pas dire son rationnement, et de l'autre côté exigent que l'eau puisse s'écouler sans freins jusqu'à l'océan. Quel beau paradoxe ! En fait, les opposants aux bassines ont raison de s'opposer à ce type de gestion de l'eau, mais ils le font pour de mauvaises raisons.

Défendre la « continuité écologique », cette idée totalement saugrenue, qui part d'une idéologie farfelue érigée en dogme INCON-TES-TABLE, nous mènera tous à la catastrophe : le manque d'eau. Car nous allons accélérer le transfert de notre eau douce vers la mer. En fin de compte, nous organiserons l'expulsion de notre eau douce. Cette eau douce dont nous avons tant besoin. Il faut drastiquement ralentir son ruissellement et même la stocker, mais pas avec des « bassines ». Le combat des « anti-bassines » est faussé par leurs objectifs. L'ironie veut que leurs revendications et activisme feront le jeu de leurs adversaires « pro-bassines » et nous conduiront tout droit à la mise en place d'une logique monétisable d'un bien commun. Les belligérants de ce combat se rejoindront malgré eux. En filigrane de ces oppositions radicalisées se profile la marchandisation de l'eau, de notre eau, ce bien commun à tous.

DES SOLUTIONS EXISTENT

 

Mark Shepard, agriculteur américain à la New Forest Farm, nous rappelle, en guise de ligne de conduite, qu'« il faut faire en sorte que chaque goutte de pluie qui tombe sur votre ferme y reste le plus longtemps possible ». Par cette rhétorique, il faut comprendre deux choses. Tout d'abord, l'eau, de toute façon, nous échappera, soit par infiltration, soit par ruissellement, soit par évapotranspiration, soit par évaporation, et c'est justement cela dont nous avons besoin pour alimenter le cycle de l'eau. Mais, nous ne la retiendrons pas. In fine, l'eau terminera toujours son cheminement dans une rivière, toujours ! Ensuite, il faut concevoir que l'eau, avant de terminer son périple dans une rivière (afin de se déverser dans l'océan) – certes, l'eau n'est pas perdue, mais cela reste un immense gaspillage d'eau douce – doit être gérée dès que la pluie touche le sol.


 

En définitive, nous devons réparer et compenser, ce qui a été abîmé depuis 60 ans. À savoir, la rectification des cours d'eau, l'assèchement des zones humides, la destruction de nos sols et l'étalement sans cesse, sans fin, des surfaces artificialisées. S'intéresser à l'eau dans les rivières est louable, mais il vaudrait mieux s'intéresser à l'eau avant qu'elle n'arrive dans les rivières et cela dans l’intérêt de tous, y compris les poissons. L'eau est un bien commun, seuls son traitement et son acheminement doivent être facturés. Si nous acceptons de payer ce bien commun, nous mettrons le doigt dans un engrenage infernal. Aujourd'hui, c'est l'eau. Demain, ce sera l'air que nous respirons. Après-demain, la vie elle-même pourrait être une marchandise. Ne laissons pas nos émotions et la peur nous guider. Elles sont de bien piètres conseillères. Les solutions existent, sont simples, peu onéreuses et efficaces. Ne mettons pas nos vies entre les mains des mercantis.


 

Cet article est le 3285 ème sur le blog MRC 53 - le 87ème, cat. Climat énergies environnement

Le Vicoin à Saint-Berthevin (Mayenne), le 23 avril 2023

Le Vicoin à Saint-Berthevin (Mayenne), le 23 avril 2023

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19 avril 2023 3 19 /04 /avril /2023 18:14

En ne sortant pas : plus de mille tonnes d'émissions de CO² en moins

 

L'Allemagne est totalement sortie du nucléaire. Le collectif "Sauvons le climat" a fait le bilan de l'opération et constaté que le climat n'en sort pas gagnant. Pour information, L'essentiel sur l'Association Sauvons le Climat.

 

L'Allemagne est totalement sortie du nucléaire.
Une victoire pour certains, mais pas pour le climat


 

  Ça y est, après un long chemin débuté au début des années 2000 et accéléré par l’accident de Fukushima, l'Allemagne vient d'arrêter ses derniers réacteurs nucléaires. Elle a donc atteint son ambition de sortir du nucléaire. Certains s'en réjouissent, d'autres beaucoup moins.

 

               La vraie question est celle des conséquences. Examinons donc la situation de la production d'électricité allemande : passons sur les questions de coût, sur lesquelles il y a beaucoup à dire, et de stabilité du réseau, sur lesquelles il y a aussi beaucoup à dire, pour nous concentrer sur le climat et les émissions de CO2 :

 

Entre 2010 et 2022, la production allemande est en baisse (de 606 à 553 TWh)

La production charbon et lignite est passée de 263 (43 % du total) à 170 TWh (31 %).

Le nucléaire est passé de 140 (23 %) à 34 TWh (6 %) résiduels et le gaz de 89 (15 %) à 80 TWh (14 %).

Le total éolien + solaire a augmenté de 50 (8 %) à 186 TWh (34 %).

L'hydraulique a légèrement baissé de 21 à 17,5 TWh (3,5 % dans les 2 cas) et la biomasse est passée de 29 (4,8 %) à 44 TWh (8 %).

À la marge, le fioul est en baisse de 1,2 à 0,7 %, la part renouvelable de l'incinération des déchets est de 1% environ. 

 

La part des énergies fossiles a donc évolué de 58 à 46 %, celle des renouvelables de 19 à 46 % et la part des productions bas carbone de 42 à 52 %.

 

Les émissions de CO2 équivalent, de 313 Mt en 2010 sont passées à 230 Mt en 2022 (valeur non définitive).

 

Baisse brute des émissions de 83 Mt (26 %) mais baisse nette de 20% puisque la production a baissé de 10 %.

 

Le niveau d'émission moyen 2022 est de 416 g de CO2 par kWh produit, très loin donc du bas carbone et loin du résultat de certains pays européens comme la Suède, la Norvège, la Suisse ou la France qui ont des niveaux d'émissions inférieurs à 70 g sur la même période.

 

               Si l'Allemagne avait consacré ses politiques et ses budgets à réduire en priorité la part des fossiles en maintenant son parc nucléaire et en diminuant d'autant sa production de charbon et de lignite, elle aurait, avec les mêmes politiques sur les renouvelables, baissé ses émissions de plus de 100 Mt supplémentaires et aurait dépassé les 50 % de baisse.

 

              C'est au total plus de 1 000 Mt qui auraient pu être évitées depuis 2010 si le parc nucléaire allemand avait été maintenu en service. Et 140 Mt par an dans les années à venir.

 

              Tout cela ne serait qu'une question germano-germanique (c'est leur argent et leur réseau) si les émissions de CO2 respectaient les frontières et si le CO2 émis par l'un n'avait pas des effets sur le changement climatique des autres.

 

              Tout cela ne serait qu'une question germano-germanique (c'est leur argent et leur réseau) si l’intermittence toujours croissante de leur production ne perturbait pas l'ensemble du réseau européen.

 

              Tout cela ne serait qu'une question germano-germanique (c'est leur argent et leur réseau) si l'activisme forcené, structuré et efficace de l'Allemagne à Bruxelles n'amenait pas les politiques de l'Union Européenne à s'aligner sur sa propre politique énergétique. 

 

Si le choix démocratique de recourir ou non à l’énergie nucléaire appartient à chaque État, il reste que l’écart stratégique entre pays qui partagent la même plaque électrique et le même espace économique constitue un poison potentiel.

 

Chaque pays doit pleinement assumer ses choix. Les pays nucléaires doivent supporter les coûts d’une gestion exemplaire du cycle du combustible. Quant à l’Allemagne, elle devra assumer pleinement les conséquences économiques et environnementales de son renoncement à une énergie nucléaire décarbonée sans chercher à en transférer les dommages à ses partenaires à travers des manœuvres au niveau de la Commission Européenne.

 

               Bien sûr, il y a des grands gagnants dans l'opération : les doctrinaires de l'anti-nucléaire qui voient une part de leur rêve se réaliser quelles qu'en soient les conséquences, les financiers et les marchands de renouvelables intermittents qui voient leur portefeuille enfler en grande partie grâce à l'argent public, mais il est certain que le climat n'en fait pas partie.

 

               Comment accepter qu'un pays moderne et responsable ait mis en œuvre un tel camouflet à l'Accord de Paris dans lequel chaque pays s'était engagé à faire de son mieux dans la lutte contre le changement climatique ?

 

              Comment accepter qu'un pays moderne et responsable ait mis en œuvre une telle offense à la planète ? 

 

              La France doit rester fière de ses choix passés et préparer son avenir en consolidant des atouts. Pour cela, elle doit mettre toute son énergie (décarbonée) pour éviter que Bruxelles n'impose à toute l'Europe une telle dérive funeste pour le climat.

 

 

Pour information, lire le compte rendu de la réunion organisée par l'association Réseau CiViQ à Saint-Berthevin (Mayenne) le 26 octobre 2006 sur le thème "Le climat et les énergies". Voir ici :

 

Exposé de Gérard Pierre sur les énergies - rencontre CIVIQ 26 10 06 St-Berthevin

 

Exposé de Michel Lemosquet sur les énergies - rencontre CIVIQ St-Berthevin

 

Cet article est le 3274 ème sur le blog MRC 53 - le 86ème, cat. Climat énergies environnement

Gérard PIERRE, actuel vice-président de "Sauvons le climat" - photo : le 30 juin 2013, lors d'une réunion du Conseil national du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC)

Gérard PIERRE, actuel vice-président de "Sauvons le climat" - photo : le 30 juin 2013, lors d'une réunion du Conseil national du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC)

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18 février 2023 6 18 /02 /février /2023 22:13

L'Europe libérale fait payer très cher son idéologie à EDF

 

Public Sénat a publié le 17 février cette analyse de Henri Clavier, sous le titre :

 


 

EDF a annoncé des pertes records de 17,9 milliards d’euros, la dette totale du groupe s’élève à 64,5 milliards d’euros.

EDF avait déjà annoncé, en juillet, des pertes à hauteur de 5 milliards au premier semestre 2022. Un montant colossal en partie lié à l’augmentation des prix de l’énergie puisque EDF a pourtant réalisé un chiffre d’affaires historique de 143,5 milliards d’euros - une augmentation de 70 %. En revanche, la production d’électricité a diminué de 23 % pour atteindre son plus faible volume depuis 1992. En 2021, les bénéfices s’étaient élevés à 5,1 milliards d’euros. Plusieurs facteurs, conjugués, expliquent le montant historique des pertes. Certains mécanismes comme le marché européen de l’énergie ont accentué la crise.

« Le marché européen de l’énergie dysfonctionne complètement »

 

La guerre en Ukraine a déclenché une flambée des prix de l’énergie et plus spécifiquement du gaz. Le marché européen de l’énergie, où le prix de l’électricité est calqué sur celui du gaz, a été particulièrement critiqué pour sa dimension inflationniste. La France, dont le mix électrique ne dépend pas du gaz (le nucléaire et l’hydraulique représentent 80 % du mix électrique français), a subi de plein fouet cette situation expliquant en partie les pertes records d’EDF.

 

Un niveau de pertes attendu pour Nicolas Goldberg, consultant spécialiste de l‘énergie à Colombus Consulting, « à partir du moment où EDF produit tellement peu et vend tout au tarif régulé et si on ajoute le bouclier tarifaire, c’était une évidence que les résultats d’EDF seraient mauvais ». Ce dernier nous a également confié qu’il était surpris du niveau d’endettement d’EDF compte tenu des charges qui avaient pesé sur l’électricien durant l’année 2022.

 

Pour le sénateur communiste de Seine Saint-Denis Fabien Gay, les résultats d’EDF sont la preuve que « le marché européen dysfonctionne complètement ». Ce dernier affirme que l’électricien français « paye les effets de la libéralisation du marché, de la mise en place de l’Arehn et du marché européen de l’énergie ». Le sénateur communiste formule une critique plus profonde de la logique de libéralisation et d’ouverture à la concurrence du marché de l’énergie « On marche sur la tête, les dindons de la farce de l’Europe libérale c’est EDF, il faut bien comprendre que le secteur de l’énergie n’est pas du tout adapté à la libéralisation ».

 

L’Arenh au cœur des critiques

 

L’accès régulé à l’électricité nucléaire régulée historique (Arenh), créé en 2011 pour encadrer l’ouverture à la concurrence, est aussi ciblé pour sa responsabilité dans les pertes massives d’EDF. L’Arenh devait permettre l’installation de la concurrence chez les fournisseurs d’électricité en leur garantissant un prix d’achat de 40 euros /MWh (46,50 euros aujourd’hui). Le sénateur LR des Vosges Daniel Gremillet rappelle que « l’Arenh a été un moyen trouvé pour que les alternatifs puissent bénéficier des avantages de la production nucléaire ». Avec la baisse de production d’électricité due à l’arrêt de 22 réacteurs nucléaires pour maintenance, EDF s’est vu obliger d’acheter de l’électricité sur le marché européen afin de la revendre aux fournisseurs au tarif réglementé de l’Arenh.

Une situation aux conséquences désastreuses pour EDF. « L’Arenh est responsable à hauteur de 10 milliards de la dette d’EDF » note Daniel Gremillet. « La décision sur le plafond de l’Arenh a des conséquences financières qui découlent de décisions politiques prises par des décisions de l’Etat» affirme le sénateur LR. Pour Nicolas Goldberg, EDF a tout de même réussi à minimiser les dégâts en assumant « une grosse partie de cette crise énergétique, y compris ce qui n’était pas de leur ressort ».

 

« Il n’y a pas de cap dans la politique énergétique du gouvernement »

 

Si le contexte, extrêmement défavorable, explique en partie les résultats d’EDF, la stratégie énergétique de l’Etat suscite des doutes. Ou plutôt l’absence de vision stratégique selon Daniel Gremillet « Il n’y a pas de cap dans la politique énergétique du gouvernement, on est dans une vision politique datée, ces décisions politiques mettent en danger notre sécurité énergétique, notre pays a besoin d’une stratégie énergétique ».

Un constat partagé par Fabien Gay « Il faut créer un véritable service public de l’énergie, il nous faut vite une nouvelle loi Marcel Paul ». La question du nucléaire et les tergiversations de l’Etat sur le sujet illustrent ce manque de cap pour Daniel Gremillet « En 2019, sans le Sénat on avait la décision de fermer 14 réacteurs, on a toujours dans la loi la décision de fermer 12 réacteurs pour 2035 ». Ce dernier regrette notamment « l’abandon » des filières nucléaires et hydrauliques.

Quel avenir pour EDF ?

 

Le bouclier tarifaire, permettant d’encadrer les prix de l’électricité, est à l’origine de 8,34 milliards d’euros de pertes pour EDF. Le mécanisme, obligeant EDF à ne pas augmenter ces tarifs au-delà de 4 %, devait soulager les petites entreprises et les collectivités territoriales. Une mesure sur laquelle Daniel Gremillet se montre sceptique « le bouclier tarifaire ne répond en rien aux problématiques, le nombre d’artisans et de commerçants en difficulté à cause des prix de l’énergie est en forte hausse ».

Les perspectives d’avenir ne sont pas beaucoup plus réjouissantes, « la nationalisation telle que prévue n’apporte rien » note Daniel Gremillet avant de rappeler que la situation n’avait rien de ponctuelle. Une fausse solution aussi pour Fabien Gay qui considère qu’« il n’y a pas de volonté de sortir des griffes du marché, c’est du libéralisme pur jus ». Le volume de production électrique devrait repartir à la hausse affirme Nicolas Goldberg « Côté disponibilité cette année devrait être meilleur, l’objectif de production d' EDF toujours entre 300 et 330 térawattheures » contre 279 cette année. « La disponibilité hydraulique sera un facteur structurant, la possibilité de sécheresse et de faibles pluies est un risque important » nuance Nicolas Goldberg. 


 

Cet article est le 3223 ème sur le blog MRC 53 - le 85ème catégorie Climat énergies environnement

Photo en provenance de l'article publié par Public Sénat

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16 février 2023 4 16 /02 /février /2023 22:00

Le manifeste de l'association qui datait de 2005 a été actualisé

 

Les fondateurs de l’association avaient, dès l’origine en 2005, rédigé un manifeste présentant la vision qu’ils souhaitaient partager avec tous les adhérents. Pour tenir compte des évolutions enregistrées depuis cette date, une version actualisée a été rédigée avec le concours du Conseil scientifique et de quelques académiciens, puis validée en assemblée générale de l’association le 21 janvier 2023.

 

Consulter le site sauvonsleclimat.org

 

Objet de l'association : informer et sensibiliser le public sur les problèmes liés aux émissions de gaz à effet de serre et au réchauffement climatique, afin notamment de lui permettre de prendre part dans les meilleures conditions aux débats publics européens, nationaux et locaux portant sur les problèmes écologiques ; fournir une expertise sur les problèmes énergétiques et climatiques ; agir auprès des médias, des personnalités politiques, des associations scientifiques, des acteurs économiques et de la société civile pour populariser ses analyses et conduire à des politiques efficaces de lutte contre le réchauffement climatique ; fournir à ses membres, dans la mesure de ses moyens, prestations, services et conseils dans les domaines énergétiques et climatiques.

 

Le Manifeste de Sauvons le Climat actualisé


 

Version actualisée en 2022 du manifeste original rédigé par Roger BALIAN, Rémy CARLE, Bernard LEROUGE, Hervé NIFENECKER à l’occasion de la création de Sauvons de Climat en 2005

 

La concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère de notre planète a atteint dès le début du XXIème siècle un niveau supérieur à tous ceux qu’elle a connus depuis plus d’un million d’années, et la tendance ne ralentit pas. Observée dès le début de l’ère industrielle, vers les années 1760, cette hausse est essentiellement due à l’accumulation dans l’atmosphère, de gaz carbonique et de méthane résultant de l’activité humaine. Les alertes renouvelées et les belles paroles non suivies d’actions à la hauteur des ambitions n’ont évidemment pas corrigé la tendance. Malgré les conférences COP annuelles, les objectifs affichés à l’occasion des accords de Paris ne sont pas tenus. Si rien n’est fait, les conséquences sur notre santé, les productions agricoles, le niveau des mers, la biodiversité … en seront majeures.

 

Sauf récession économique catastrophique, la consommation énergétique mondiale va continuer à croître. Il est donc capital de mettre en œuvre, aussi souvent que possible, des techniques de production d’énergie technologiquement et scientifiquement éprouvées qui ne fassent pas appel aux combustibles fossiles (pétrole, charbon, gaz) : solaire thermique, géothermie, biomasse bien gérée, pompes à chaleur pour le chauffage et la production d’eau chaude ; électrification de tous les secteurs où cela est techniquement et économiquement possible.

 

Si une réduction de la consommation d’énergie est souhaitable et possible dans les pays développés, il est inconcevable d’exiger des efforts similaires de la part des pays moins avancés. Le charbon, le gaz et le pétrole sont à la base du développement de ces pays, comme ils l’ont été pour nous au cours des deux siècles passés. Donc, sauf aboutissement, bien difficile à prévoir, des études en cours depuis de nombreuses années sur le captage et la séquestration du gaz carbonique, ces pays vont voir croître leurs rejets de gaz carbonique. Face à eux, les pays développés doivent absolument limiter leurs émissions de gaz à effet de serre grâce aux technologies modernes. Mais il est essentiel de limiter aussi les consommations évitables, et d'avoir recours aussi souvent que possible aux sources d’énergie qui n’émettent pas de gaz à effet de serre. De par ses capacités à produire continûment une électricité décarbonée, abondante et pilotable, le nucléaire est appelé à jouer un rôle important dans le mix électrique de nombreux pays.

 

La question n’est pas de savoir s’il faut ou non « sortir du nucléaire » ; la question est de savoir comment sortir de l’utilisation massive actuelle des combustibles fossiles qui menace notre climat.

 

Sauvons le Climat appelle les dirigeants, les décideurs, les hommes et les femmes de bonne volonté, à soutenir, maintenant, une politique résolument volontariste et rationnelle pour une réduction drastique des émissions des divers gaz à effet de serre. L’objectif majeur est le remplacement accéléré de l’utilisation d’énergies fossiles par l’électrification massive des usages grâce à une électricité décarbonée et pilotable, associée à une lutte constante contre le gaspillage auquel malheureusement nous avaient habitués les énergies fossiles abondantes et peu chères. Une telle politique est la seule qui puisse raisonnablement permettre le maintien de conditions climatiques acceptables et prévisibles pour notre génération et les générations futures.


 

Cet article est le 3221 ème sur le blog MRC 53 - le 84ème catégorie Climat énergies environnement

Gérard Pierre, actuel vice-président de Sauvons Le Climat - photo : le 30 juin 2013, lors d'une réunion nationale du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC)

Gérard Pierre, actuel vice-président de Sauvons Le Climat - photo : le 30 juin 2013, lors d'une réunion nationale du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC)

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15 décembre 2015 2 15 /12 /décembre /2015 23:25

 

En France, le débat doit désormais s'appuyer davantage sur des expertises

 

La France a fortement contribué au résultat de la COP 21 qui a eu lieu pendant deux semaines près de Paris (Voir Conférence de Paris de 2015 sur le climat - Wikipédia) et s'est terminée le 12 décembre sur un accord entre les 195 nations représentées.

L'association « Sauvons le climat », le 14 décembre, a publié sur son site une explication détaillée du contenu de ce accord.

Voir COP21 : forces et faiblesses de l’Accord de Paris

1. L’Accord de Paris signé dans le cadre de la COP21 doit être salué. SLC se félicite du rôle de la France qui a  su mobiliser les pays les plus réfractaires, pays en développements ou pays bénéficiant de ressources fossiles abondantes, en présentant des compromis certes insuffisants, mais qui ont pu emporter le vote.

· Le réchauffement climatique et son origine anthropique sont reconnus par la totalité des 195 états et une démarche volontariste de limitation du réchauffement entre +1,5 °C et +2 °C est envisagée ;

· Les plus grands émetteurs (Chine, USA, Russie, Canada, Australie etc.) se sont désormais engagés à limiter puis diminuer leurs émissions. 

· Les pays acceptent que leurs progrès soient périodiquement évalués sur la base de leurs propositions de contribution à la réduction des gaz à effet de serre.

· Cet accord n'est pas "juridiquement contraignant", mais seulement ambitieux, global et moralement contraignant. C’est un compromis arraché à la limite de l'acceptable pour les parties dont les intérêts divergents se sont affrontés jusqu'à la dernière minute. 

2. Le succès technique est moins évident, car la limitation du réchauffement au-dessous de 2 degrés sera extrêmement difficile à obtenir et s’engager sur une limitation à nettement moins, vers 1,5 °C, est illusoire sans ouvrir nettement un recours à toutes les voies non carbonées, en ne déséquilibrant pas les écosystèmes (par un recours massif à la biomasse par exemple). Des points importants sont à souligner :

· Pas d’indications des mécanismes de formation d'un prix du carbone, pourtant largement demandés par le monde scientifique.

· Si tout recours aux énergies fossiles est appelé à disparaître avant 2100, les technologies les plus aptes à réduire les émissions de CO2 dans des conditions économiquement et socialement acceptables ne sont pas citées.

· Le traitement sibyllin du problème crucial de la production d'énergie durable, avec le cas particulier des énergies renouvelables en Afrique, montre que le débat sur l'énergie n'est pas abouti et que l'énergie nucléaire et la séquestration du carbone restent des tabous imposés par certaines ONG.

· La réduction d’ici 2030 des émissions de 50 à 40 milliards de tonnes mentionnée dans l'Accord de Paris, soit environ 5 t CO2 par an par habitant, est insuffisante pour passer nettement au-dessous de 2 degrés de réchauffement, a fortiori pour atteindre l'objectif de +1,5 degrés qui sera évalué en 2016.

3. Le travail à accomplir reste immense

· Tous les 5 ans, la COP évaluera les évolutions de chaque «contributions nationales déterminées», en laissant aux instances techniques le soin de préciser les moyens d’action qui seront recommandés.

· Il est demandé au GIEC de déterminer les effets d’un réchauffement de 1,5°C et les scénarios d’émissions de gaz à effet de serre correspondants..  

· Les mécanismes pour répartir les efforts de manière équitable restent à préciser : par exemple pourquoi, en Europe, la France devrait elle s’imposer des objectifs plus contraignants que ceux de voisins moins vertueux ? Le risque est d'obtenir des «contributions nationales déterminées» insuffisantes pour atteindre l'objectif.

· La trajectoire actuelle conduisant plutôt à 3°C, les dispositions à prendre vis-à-vis des populations menacées (niveau des mers, sécheresses, etc.) devront se développer parallèlement aux dispositions de réduction des gaz à effet de serre.

· Le constat des évolutions de chaque pays pourrait être le départ de conflits d’intérêt très clivants, qui pourraient paralyser les mécanismes futurs d’action. Quelles responsabilités historiques des uns et des autres dans l’évolution du climat et ses conséquences pour les populations fragilisées ? Qui paiera quoi ?  Le changement climatique, s’il était mal maîtrisé, ne mettra pas la planète en danger, comme veulent le faire croire les activistes de l’écologie punitive, mais sera injuste, certains pays en bénéficiant et d’autres en souffrant. Comment équilibrer les financements apportés par les pays de l’OCDE (et la Chine) entre action contre les émissions, adaptation au réchauffement et aides aux pays les plus fragilisés : presque tout reste à faire… or, il y a urgence. 

4. SLC estime qu'une limitation du réchauffement climatique résultera principalement des progrès réalisés dans les 15 prochaines années, avec essentiellement des technologies déjà matures. Certains pays et ONG ont réussi à marginaliser l'énergie nucléaire, à brider l’hydraulique. Or, les énergies intermittentes ou saisonnières auront besoin d'un back-up pilotable et non carboné, que seul le nucléaire et hydraulique pourraient offrir dans de nombreux pays ayant le niveau technologique requis.

 Le grand climatologue James Hansen et de nombreux scientifiques de tous pays ont souligné qu’un recours au nucléaire, en support des énergies renouvelables, sera obligatoire pour respecter l'objectif. Ils ont plusieurs fois pris exemple sur la France et la Suède pour démontrer l'efficacité du remplacement des centrales électriques à charbon par des centrales nucléaires et la possibilité d'une transition en une vingtaine d'années.

Il serait grand temps que les ONG qui font profession de lutter contre le réchauffement climatique reconnaissent que l'énergie nucléaire est une part importante de la solution de la question climatique avec les énergies renouvelables.

Conclusion :

L’unanimité du vote donne à cet accord une force certaine, probablement supérieure à celle d’un accord juridiquement contraignant inapplicable. Mais deux points essentiels résultent des discussions et des compromis acceptés. Le premier est que les deux notions qui devraient guider les futurs débats sont le niveau de gaz à effet de serre acceptable et l’inventaire des énergies durables disponibles à court terme en priorité (15 ans) et envisageable raisonnablement à moyen terme (30/40ans), dans chaque pays et dans des conditions économiques et sociales supportables. Le second est que les constats futurs devront être correctement évalués, qu’il s’agisse des émissions ou des évolutions du climat et ses conséquences, pour limiter les conflits d’intérêt.

Concernant la France, Sauvons Le Climat ne peut que noter le peu de crédibilité du discours politique français, fondé sur la loi sur la transition énergétique. Il reste en-dessous des mérites reconnus de la France en matière de baisse des émissions de gaz à effet de serre. Il est en effet surprenant que la France n’ait pas mis en avant ses performances actuelles, qui lui permettent d’être très en avance sur les autres grands pays européens, et pratiquement à l'objectif de 5 tonnes de CO2 par habitant et par an, grâce à ses énergies renouvelables, comme l’hydraulique et la biomasse, à des efforts qui devraient être amplifiés sur l’efficacité énergique et au nucléaire pour la production d’électricité.

Le débat doit sortir du terrain des alliances électorales pour s’appuyer sur des expertises techniques et économiques. Il n’y aura pas de solution unique, chaque pays devant agir à la fois efficacement et dans l’intérêt de sa population.

 

Consulter le site sauvonsleclimat.org

 

Rappel (5 octobre 2013) : Evolution du climat : les experts du GIEC renforcent leur diagnostic

 

(21 novembre 2013) : Conférence internationale sur le climat à Varsovie, le pays du charbon

 

Cet article est le 83ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

Le site de Coupeau à Saint-Berthevin

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21 novembre 2013 4 21 /11 /novembre /2013 21:27

Première source d’énergie de l’économie mondiale en 2020

 

Le charbon est, de loin, la source d’énergie la plus polluante (gaz à effet de serre) et dangereuse pour la santé - voir Les dangers du charbon (Bernard Durand, 16 novembre 2011, Sauvons le Climat) - et, pourtant, elle est en passe de devenir la principale énergie utilisée dans le monde.

 

On peut supposer que c’est avec l’espoir d’impliquer davantage la Pologne (championne du charbon) dans les actions contre le changement climatique que le choix s’est porté sur Varsovie pour accueillir la Conférence internationale sur le climat en 2013, avant Paris en 2015.

Cette Conférence a vu l’opposition entre les nations qui ont contribué à la pollution atmosphérique (les USA, en tête) et celles qui ne veulent pas s’interdire de le faire maintenant (notamment la Chine). Voir Climat : les ONG claquent la porte(Le Monde, 21 novembre 2013). Extrait. « Cet accord, qui doit entrer en vigueur en 2020, se veut le plus ambitieux jamais obtenu sur le changement climatique : universel, légalement contraignant, il devrait réduire les émissions de gaz à effet de serre afin de limiter le réchauffement à 2 °C par rapport à l'ère préindustrielle. Pour l'heure, les émissions sont à la hausse et mettent le monde sur la trajectoire d'un réchauffement de près de 4°C ».

Rappel : Evolution du climat : les experts du GIEC renforcent leur diagnostic - 5 oct. 2013 

 

Depuis une vingtaine d’années, des recherches ont été conduites sur le captage du gaz carbonique (CO2) des industries polluantes pour le stocker dans le sous-sol. Le quotidien Ouest-France a posé la question des résultats de ces travaux. Voici des extraits de l’article daté du 13 novembre 2013, intitulé « Le stockage du CO2 a du mal à faire son trou ».

Entretien de Serge Poirot avec Isabelle Czernichowski, géologue au Bureau de recherche géologique et minière.

La recherche a beaucoup progressé, mais le développement de cette technologie butte sur des limites financières. Pourtant, elle est considérée comme indispensable pour freiner le changement climatique.

 

Où en est le stockage du gaz carbonique (CO2) ?

Après vingt ans de recherche, on est à un moment charnière. En 1993, un premier projet de recherche européen avait pour but d’évaluer la faisabilité du captage du CO2 des industries pour le stocker dans le sous-sol afin de lutter contre les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Depuis, il y a eu de nombreux développements dans le monde. Maintenant, on a besoin d’expériences de terrain - de recherche et de taille industrielle - pour pouvoir préparer un développement commercial, à partir de 2020-2025 (…).

 

Quelles sont les perspectives ?

Dans tous les scénarios de lutte contre le changement climatique, on a besoin du stockage du CO2. Cela pourrait permettre d’éviter 17 % des émissions mondiales, soit presque autant que la part des énergies renouvelables. Mais il faudrait mille sites comme Sleipner (en Norvège). La capacité de stockage du sous-sol le permet : elle est estimée à au moins 2 000 milliards de tonnes alors que les émissions de CO2 humaines sont de 30 milliards par an. Mais pour que les industriels gros émetteurs - centrales électriques à charbon, cimenterie, sidérurgie… - aient intérêt à investir, il faudrait des contraintes réglementaires ou un marché du carbone plus fort. Il y a un problème de volonté politique.

 

Le rédacteur en chef de la publication Edito Matières Premières (publications AGORA), pécialiste des matières premières et des pays émergents a une connaissance approfondie de l'ensemble de la chaîne industrielle des matières premières - des pays producteurs aux marchés de consommation. Voici ce qu’il a écrit le 20 novembre 2013.

Le charbon "propre" est-il un mirage ?

 

Peut-on être écologiste et défendre le charbon ? Greenpeace s’est chargé de répondre à cette question cette semaine par la négative en occupant le toit du ministère polonais de l’Economie, à Varsovie, pour dénoncer son mix énergétique trop dépendant du charbon. Le choix de Varsovie n’était pas le fruit du hasard. La ville polonaise s’est prêtée au jeu du grand écart en accueillant en même temps deux manifestations autour de thèmes diamétralement opposés. La première était la conférence mondiale sur le climat des Nations unies, dix-neuvième du nom. Ouverte dans l’anonymat général, du moins en France, ce grand raout des acteurs de l’écologie lancera un cycle de deux ans pendant lequel seront étudiés les différents moyens de limiter l’augmentation de degrés Celsius de la température du globe. Pendant plusieurs jours s’est tenue une autre conférence qui a rassemblé ceux qui tiennent justement entre leurs mains la solution pour limiter ce réchauffement, puisque Varsovie a accueilli le sommet international du charbon.

 

Le charbon, une énergie paria

Il y a peu de temps, le charbon était encore présenté par les mouvements verts comme une énergie que l’on pouvait maîtriser. Bien entendu, le charbon est la plus polluante des énergies fossiles. La combustion d’une tonne équivalent pétrole (tep) de charbon rejette 1 123 kilos de CO2. Mais les technologies de capture du CO2 ont longtemps été présentées comme la clef pour rendre cette énergie inoffensive pour le climat. Tout était question d’investissement et de R&D. L’enthousiasme est aujourd’hui quelque peu retombé. Les technologies de captage/stockage du CO2 (CSC) peinent à percer, et l’emprise du charbon sur le mix énergétique mondial continue de s’étendre. Le charbon propre n’est peut-être pas la meilleure énergie pour lutter contre le réchauffement climatique du fait de son prix.

 

Un coût extrêmement élevé

Voici une publication qui donnera un argument de plus aux défenseurs des énergies vertes. Selon un rapport de la Banque mondiale publié le 18 novembre dernier, le réchauffement climatique coûterait 200 milliards de dollars par an. Toutefois, il semble encore que le coût des technologies de captation de carbone soit tout aussi ruineux. Aux 200 milliards de la Banque mondiale, l’Agence Internationale de l’Energie oppose le chiffre de 900 milliards de dollars. C’est le coût global estimé de la séquestration géologique des émissions mondiales d’ici 2050. Bien que ce chiffre représente une dépense de 24 milliards par an, le calcul de l’AIE pointe bien le principal du problème des technologies CSC, son prix.

Effectivement, les projets qui ont été lancés ces dernières années se sont révélés particulièrement peu rentables. Le Wall Street Journal s’est fait l’écho en octobre dernier du désastre de la centrale au charbon propre de Kemper aux Etats-Unis. Ce projet de centrale doit capter 65% des émissions de CO2 pour une puissance de 582 MW. Alors qu’aucun électron n’a encore été produit, les coûts ont déjà augmenté de plus de 50%. Le projet a englouti 4,7 milliards de dollars, contre 2,9 prévus au départ. Comme le décrit Michael Haggarty, analyste chez Moody’s Investors Service, Kemper “fait fuir les gens”.

Plus généralement, les études menées ne laissent pas un grand espoir aux défenseurs du charbon propre. Selon les calculs de Philippe Le Moal, professionnel du commerce des certificats d’économie d’énergie (CEE), le surcoût du MWh produit à partir du charbon vert oscille entre 40 et 60% au regard de l’exemple allemand. En 2009, c’est le Centre International de recherche sur l’environnement et le développement (CIRED) qui a conclu que le coût de production d’énergie augmentait de 25 à 50% avec un système de CSC. Le problème, c’est que si les technologies de CSC stagnent, l’utilisation du charbon elle décolle.

 

Le charbon, première énergie au monde en 2020

Dans le monde, le charbon représente 40% de la production d’électricité. En Chine et en Inde, cette proportion atteint respectivement 70% et 80%. Or malgré l’importance prise ces dernières années des thématiques environnementales en Chine, la consommation continue de progresser. La consommation de charbon hors OCDE a augmenté de 8,4% en 2011, principalement du fait de Pékin. La progression est si forte que selon le cabinet Wood Mackenzie, le charbon devrait en 2020 devenir la première source d’énergie de l’économie mondiale. Pour inverser cette tendance, les décideurs se sont attaqués à son principal atout face aux autres énergies, son coût. Comme le souligne un article de ParisTech Review, selon le C2ES (Centre de recherche indépendant sur le climat et l’énergie), “un dollar de charbon permet de produire autant d’énergie que 6 dollars de pétrole ou de gaz naturel”.

Pourtant, les gouvernements ont essayé de renchérir le coût du charbon en obligeant les industriels à payer pour sa facture “environnementale”. C’était l’idée de la création d’un marché du CO2. Malheureusement, les cours de la tonne de CO2 en Europe se sont effondrés depuis plusieurs années, passant au-dessus des 30 euros lors de son pic de 2006 à moins de 5 euros actuellement.

 

Qui saura verdir le mix énergétique ?

Tout espoir n’est pourtant pas perdu. Si la consommation chinoise est effectivement en pleine progression, Pékin vient de créer à son tour son propre marché du CO2. Son bon fonctionnement pourrait permettre au minimum de contrôler les émissions de CO2 de l’empire du Milieu. Il n’en demeure pas moins qu’à l’avenir il est peu probable que le charbon soit sévèrement concurrencé par les énergies renouvelables, ne serait-ce que pour une simple question de performance. Toutefois, le charbon est en train de perdre du terrain face à une autre énergie fossile, du moins aux Etats-Unis : le gaz.

Le développement des gaz de schiste a effectivement fait reculer la consommation de charbon américaine, alors même que son industrie montait en puissance depuis 2000. Moins efficace que la technologie CSC, la fracturation hydraulique est pour l’instant le moyen le plus rapide et le plus économique de réduire les émissions de CO2 (…).

 

Cet article est le 82ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

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5 octobre 2013 6 05 /10 /octobre /2013 22:11

Aggravation de la concentration de gaz à effet de serre

L’affaire est entendue : le réchauffement climatique prend de l’ampleur sous l’influence des activités humaines. Le groupe  intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) a fait connaître ses conclusions.

Voir l’article de Stéphane Foucart sur le site du quotidien Le Monde (27 septembre 2013), intitulé Réchauffement climatique : les experts du GIEC durcissent leur diagnostic.

 

Les experts du climat aggravent leur diagnostic. Au terme d'une négociation-marathon qui s'est achevée à Stockholm (Suède), vendredi 27 septembre au petit matin, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a adopté le premier volet de son cinquième rapport. Sur plusieurs points cette édition apparaît bien plus alarmante que la précédente, publiée en 2007.

Le texte le plus attendu n'est cependant pas le rapport lui-même, qui sera publié en janvier, mais son Résumé à l'intention des décideurs, bref document d'une vingtaine de pages qui servira de base aux éventuelles actions politiques menées sur le front climatique.

Adopté ligne à ligne par les délégués et les scientifiques de l'ensemble des pays membres du GIEC, il présente l'état des connaissances scientifiques sur le réchauffement en cours de la manière la plus consensuelle possible. Celles-ci n'en dessinent pas moins un tableau assez sombre. "C'est une confirmation mais aussi un renforcement des diagnostics précédents", résume Jean-Pascal van Ypersele (université catholique de Louvain), vice-président du GIEC (…).

Communiqué  du 5 octobre 2013 de l’association Sauvons Le Climat

Résumé pour décideurs de la partie « bases scientifiques » (travaux du Groupe de Travail I) du 5ème rapport du GIEC (2013).

 

Le réchauffement depuis les années 1950 ne fait aucun doute. Chacune des 3 dernières décennies est plus chaude que toutes les précédentes depuis qu’on a des mesures systématiques (seconde moitié du 19ème siècle). Les 30 dernières années sont la période la plus chaude de l’hémisphère nord (températures moyennes de l’hémisphère) depuis au moins 1400 ans. Le réchauffement concerne l’atmosphère et les océans qui ont stocké plus de 90% de la chaleur accumulée par la Terre depuis 40 ans. Le réchauffement a provoqué une disparition massive de glace de la quasi-totalité des glaciers de montagne, des calottes polaires et de la partie pérenne de la banquise, ainsi que la diminution notable de la neige de printemps de l’hémisphère nord. Depuis le milieu du 19ème siècle, le niveau de la mer a monté à un e vitesse supérieure à celle des 2 millénaires précédents.

Les concentrations de gaz à effet de serre ont atteint dans l’atmosphère des valeurs inconnues aussi loin qu’on sache remonter avec certitude (800 000 ans). Elles ont augmenté de 40% depuis le début de l’ère industrielle, majoritairement du fait de l’utilisation des combustibles fossiles, de façon importante aussi du fait du changement d’utilisation des sols. L’océan a absorbé 30% du dioxyde de carbone d’origine fossile, ce qui a entraîné une acidification de ses eaux de surface.

On a de nombreuses preuves croissantes de l’action de l’homme sur le climat.

Les modèles de climat se perfectionnent et s’améliorent et reproduisent les variations globales et régionales de divers paramètres climatiques ainsi que l’effet des éruptions volcaniques majeures, ce qui donne confiance dans la capacité des modèles à décrire l’évolution à venir du climat.

La poursuite des émissions de gaz à effet de serre va entraîner un surcroît de réchauffement et des changements dans toutes les composantes du système climatique. Limiter le changement du climat va nécessiter des réductions substantielles et soutenues des émissions de gaz à effet de serre.

Même avec les hypothèses les plus optimistes sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la température moyenne à la surface de la Terre aura augmenté d’au moins 1,5°C à la fin du 21ème siècle. Le réchauffement va se poursuivre, éventuellement modulé à l’échelle de l’année voire de la décennie par la variabilité naturelle du climat. L’océan va continuer à se réchauffer, avec un impact possible sur les courants océaniques. Les précipitations vont, sauf exceptions locales, s’accroître dans les régions ou aux saisons humides et décroître dans les régions ou aux saisons sèches. La masse de glace va continuer à décroître. Le niveau de la mer va continuer à s’élever, avec un rythme probablement accru. Les processus d’absorption du carbone atmosphérique vont être perturbés. L'acidification de l’océan va augmenter.

S’il est inéluctable que le réchauffement se poursuive, impactant le climat pour des siècles. Mais l’amplitude de ce réchauffement et ses impacts dépendront  fortement de la quantité de dioxyde de carbone émis par l’homme.

Ceci conforte la lutte de Sauvons Le Climat pour réduire les émissions de gaz à effet de serre  de la France d’une façon économiquement et techniquement réaliste sans conséquences fâcheuses pour nos niveaux de vie. Sauvons Le Climat rappelle que l'Allemagne émet 50% de plus de CO2 par habitant que le France.  La principale raison en est que la France a, par le passé, pratiquement éliminé les énergies fossiles dans sa production d'électricité. SLC demande plus que jamais qu'une politique tout aussi volontariste soit conduite pour réduire fortement l'utilisation des énergies fossiles dans les autres domaines : habitat/tertiaire, industrie et mobilité.

La traduction des points forts du texte du GIEC se trouve sur le site de Sauvons Le Climat. Elle contient quelques-unes des figures très significatives du document du GIEC et des notes explicatives pour les non-spécialistes, rédigées par Sauvons Le Climat.

 

Cet article est le 81ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

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3 août 2013 6 03 /08 /août /2013 21:21

Les énergies renouvelables intermittentes mises en cause

 

L’association « Sauvons le climat » (voir Le blog de Sauvons Le Climat) a fait des propositions dans le cadre de la transition énergétique, même si elle n’a pas été invitée à participer au grand débat organisé par le gouvernement. Voir Sauvons le climat : quinze propositions pour la transition énergétique - 26 juillet 2013.

 

Le 31 juillet 2013, elle a publié un communiqué dans lequel elle met en évidence la forte probabilité d’un « black-out » du réseau électrique si l’Europe ne consent pas à mettre sur pied une vraie politique commune. Les énergies renouvelables électriques, dites « intermittentes » ou « fatales » car non maîtrisables, bénéficient d’une obligation d’achat à des tarifs administrés. Les conséquences sur le marché rendent problématiques les investissements dans ce secteur. Lire ce communiqué.

 

Situation ubuesque en Europe : électricité à prix négatifs et chute des investissements

 

En Europe, les énergies renouvelables électriques bénéficient d’une obligation d’achat à des tarifs administrés (évidemment avantageux pour leurs producteurs sans quoi ces tarifs n’auraient pas lieu d’être) de sorte que notre “marché [dit] libre et non faussé” se trouve associé à un système quasi-soviétique de subvention de certains modes de production, forcément au détriment d’autres.

L’ennui, au-delà d’une distorsion que la Cour de Justice Européenne est en passe de qualifier “aide d’Etat”, réside dans l’intermittence structurelle des deux principales énergies « vertes » (à ce titre, dites “fatales”) :

- l’éolien européen ne produit de façon efficace que 15 à 25 % du temps sur terre (environ 35% en offshore),  et selon une météorologie plus ou moins prévisible ;

- le solaire-photovoltaïque ne donne que 10 à 15% du temps, certes de façon cyclique mais dépendante de la nébulosité, donc de la météorologie.

Cette donnée est rarement mise en lumière, les tenants de ces énergies (militants, politiciens) préférant vanter leur apport en termes de puissance installée, passant sous silence leur faible contribution à la production réelle (au prorata des facteurs de charges sus-indiqués). Régulièrement, au rythme de la progression de puissance installée de ce parc (de l’ordre de 7.000 MW dans l’hexagone à ce jour), le Syndicat des Energies Renouvelables émet des communiqués de victoire, complaisamment relayés par les medias, soulignant les pics de puissance instantanée atteints par le parc éolien.

Les mêmes acteurs se gardent bien de souligner les “pannes de vent” faisant chuter la puissance des aéro-générateurs à quelques % seulement de la puissance nominale (226 et 243 MW respectivement les 22, à 10:45, et 24 juillet 2013 à 11:15, selon le site RTE “éCO2mix”), ce qui se produit de façon récurrente. En cas d’anticyclone chaud, ce n’est guère gênant pour les gestionnaires du réseau, a contrario des grands froids hivernaux qui privent RTE de l’assurance d’une “puissance garantie” substantielle, essentielle à l’équilibre production-consommation (et ce sur toute l’Europe, bien souvent, comme l’a démontré une étude SLC).

 

Il y a plus grave !

L’essor des énergies intermittentes, dopé par l’obligation de leur achat, est tel (l’Allemagne cumule d’ores et déjà plus de MW éoliens et solaires que la France ne compte de MW nucléaires) que certaines conditions (épisodes venteux, soleil au zénith) provoquent des bouffées d’électrons verts submergeant toute l’Europe (Rép. Tchèque, Pologne, Pays-Bas, France, notamment), au gré des lois de Kirchhoff (lois physiques qu’un vote en Assemblée Nationale ne peut abolir !). En période de faible demande (fins de semaine, estivales surtout), ces excédents pèsent sur les cours boursiers, à la baisse bien sûr. Ce qui contraint certains opérateurs à arrêter leurs centrales dites “dispatchables” (c’est-à-dire susceptibles d’être mises à l’arrêt ou démarrées en fonction des besoins du réseau), qu’elles soient au gaz, au charbon ou à l’uranium, en fonction de leurs contraintes propres. Au solstice d’été 2011, EDF dut se résoudre à un véritable gâchis en déversant de l’eau de ses retenues ... sans la turbiner alors que l’hydraulique constitue presque la seule énergie renouvelable vraiment dispatchable. L’idéal serait de pouvoir engranger ces surplus d’énergie, sous réserve de disposer des moyens ad hoc : seule la technique des Stations de Transfert d’Energie par Pompage (STEP), stockant de l’eau en altitude, est industriellement opérationnelle à ce jour mais, à supposer que de telles installations, comme celles de Grand-Maison (38) ou Revin (08), soient acceptées par le public, il en faudrait de quoi ceinturer l’hexagone de Stations de Transfert d’Eau de Mer (STEM) compte tenu des puissances mises en jeu rien qu’en Allemagne !

 

Encore plus préoccupant, sur le moyen terme !

L’obligation d’achat a un autre effet, totalement imprévu : faute d’être le “marché électrique donnant un «signal-prix» cohérent ” (sujet d’interrogation de l’éditorial d’Enerpresse du 23 07 2013), le système européen de promotion des énergies renouvelables engendre, sur les Bourses, des prix d’électricité ... négatifs, des opérateurs préférant payer pour qu’on les débarrasse de leurs propres électrons plutôt que de devoir arrêter leurs propres moyens de production au risque de ne plus pouvoir les redémarrer quand la demande l’exigera ! Situation ubuesque qui dissuade les investisseurs, le modèle économique de leurs moyens de production ne pouvant plus s’appuyer sur des prévisions de recettes crédibles. Des centrales à gaz toutes neuves sont mises sous cocon, en France, en Allemagne ..., même les électriciens suisses en viennent à abandonner leurs projets de STEP si propices à leur commerce habituel !

De ce fait, alors que le parc de production fatale, c’est-à-dire immaîtrisable, ne cesse de croître, celui des moyens garantis, voire dispatchables, stagne. Il devrait même régresser avec l’entrée en vigueur, en 2016, des nouvelles normes environnementales visant les centrales thermiques à flamme. Et c’est dans ce contexte que certain(s) envisage(nt) de se priver des 1760 MW de Fessenheim …

Sans gravité en été (il faut tout de même construire de longues lignes THT pour acheminer une énergie théoriquement destinée à la consommation locale vers les centres de consommation !), cette situation sera ingérable en hiver, sauf délestages, quand la consommation de pointe ne sera plus assurée par une production défaillante pour cause d’anticyclone ...

D’où, pour la toute première fois, de sombres prévisions de RTE qui n’ont pas échappé à la presse spécialisée comme le « Journal de l’Environnement » du 9 07 2013 titrant “Vers un maxi black-out en 2016 ?”. Un tel black-out, hautement probable si l’Europe ne réagit pas, constituera plus qu’un avertissement car les délais de reconstruction d’un parc cohérent feront perdurer quelques années le déséquilibre alors patent, pesant sur la compétitivité de notre économie.

Il est vrai que la France, après l’Espagne (qui en fait les frais …) et quelques autres Etats européens, semble n’avoir d’autres soucis que d’imiter l’Allemagne, ignorant que celle-ci n’en fait qu’à sa tête ; assise sur son lignite et adossée, grâce à Gerhardt Schröder et Joschka Fisher, à ses contrats de gaz russe, elle n’hésite pas à transférer sur ses voisins les déséquilibres de ses réseaux qu’elle ne peut résoudre seule !

De nombreuses voix déplorent l’absence d’une vraie politique européenne. Les risques encourus, en l’occurrence sur le réseau le plus réactif et le plus fragile qui soit, semblent ignorés de nos dirigeants. Le sacro-saint principe de précaution les contraindra-t-il à ouvrir les yeux ?

 

Cet article est le 80ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

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