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Présentation

  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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21 avril 2007 6 21 /04 /avril /2007 21:01

 

Maîtriser la consommation, diversifier les énergies (2)

 Cette réunion publique était organisée par l’association CIVIQ (Citoyenneté et Vie Quotidienne) présidée par Michel Sorin. Le thème : le climat et les énergies. Deux invités Gérard Pierre* et Michel Lemosquet**, exprimant leurs positions respectives sur le sujet. Un débat entre les participants (une trentaine de personnes) et les intervenants 

 

   - Gérard PIERRE , professeur émérite de physique à l’université de Bourgogne à Dijon, représentant le président du collectif « Sauvons le climat », association dont l’ambition est : « informer nos concitoyens, de manière indépendante de tout groupe de pression ou parti politique, sur les problèmes relatifs au réchauffement climatique et sur les solutions proposées pour le ralentir ».

 - Michel LEMOSQUET , agriculteur à Champgénéteux (Mayenne) et militant en faveur des énergies renouvelables, responsable de l’association « COEDRA Maine » créée en 2000 en opposition au projet de laboratoire de stockage (enfouissement) des déchets radioactifs sur le canton de Bais (53 - massif granitique d’Izé), aujourd’hui opposée à la création d’une ligne à très haute tension (THT Cotentin-Maine) qui relierait Flamanville (50), site du futur (en projet) réacteur nucléaire EPR, au nord-ouest du Maine.

 Michel Sorin rappelle que cette rencontre-débat doit permettre aux citoyens présents de se faire une opinion sur le sujet traité, à l’issue des exposés des deux intervenants et du débat qui suit.

 « CIVIQ ne prend pas position. Ce n’est pas un parti politique. Son rôle est d’aider les citoyens à exercer leurs responsabilités dans la vie publique démocratique ».

 L’intérêt de cette réunion est la confrontation sereine de points de vue différents sur un thème très controversé, celui de l’énergie nucléaire, qui divise dès qu’on aborde les solutions permettant de diminuer l’émission des gaz à effet de serre, qui sont principalement à l’origine du réchauffement climatique. Gérard Pierre est favorable à l’énergie nucléaire et Michel Lemosquet y est opposé.

 L’exposé de Gérard Pierre a été présenté dans un article précédent (paru le 21 avril 2007).

 L’exposé de Michel Lemosquet

 Michel Lemosquet commence par préciser qu’il était agriculteur dans la Manche avant de s’installer en Mayenne. Il s’est donc intéressé à l’énergie nucléaire, La Hague et Flamanville étant situés dans ce département. En fait, les questions énergétiques le passionnent depuis longtemps, notamment l’électricité. Il ne partage pas certains points de l’intervention de Gérard Pierre, qu’il juge trop favorables à l’énergie nucléaire.

 NUCLEAIRE OU RENOUVELABLES : IL FAUT CHOISIR

Le projet de ligne THT, consécutif à la décision de construire un E.P.R. à Flamanville, ne laisse pas les Mayennais indifférents. Il pose la question du choix entre la poursuite du « tout nucléaire » et «  le développement des énergies renouvelables », accompagné d’une maîtrise des dépenses, visant la meilleure efficacité énergétique possible.

 Déjà mobilisée, pour s’opposer au projet de laboratoire d’enfouissement des déchets radioactifs dans le Massif granitique d’Izé, en 2000, la population, et de nombreux élus, continuent de s’informer et de débattre de l’électricité, mais aussi, plus globalement, de l’énergie. Ici comme ailleurs, ils ont compris que l’énergie sera l’un des enjeux décisifs des prochaines décennies, sur le plan économique, social et environnemental. De nombreuses initiatives voient le jour, sur le terrain, pour le développement des énergies renouvelables, et la mise en œuvre des économies d’énergie.
C’est un débat, à la fois local et national, car l’énergie est aussi une affaire de citoyens.

A QUELLES DONNEES DEVONS- NOUS FAIRE FACE ?

- Plus personne, aujourd’hui, ne conteste le réchauffement climatique, dû aux émissions de gaz à effet de serre, Halocarbures (CFC), CO2, Méthane, Protoxyde d’Azote.

 - Dans le même temps, nous percevons les limites des ressources fossiles et fissiles et leur épuisement : pétrole, gaz, charbon. Mais ce qu’on oublie souvent de dire, c’est que les réserves d’uranium (combustible des réacteurs nucléaires), n’excèdent pas 70 années, au rythme des consommations actuelles.

 - Troisième problématique : les déchets nucléaires pour lesquels on n’a pas de solution. La loi Bataille de 1991 (qui proposait trois voies de recherche : la séparation - transmutation des éléments, l’entreposage en surface et l’enfouissement profond) est en révision pour aboutir à un nouveau projet de loi actuellement en étude au Parlement.

 - Quatrième problématique : l’augmentation des consommations.

QUELS SONT NOS ENGAGEMENTS ?

Le protocole de Kyoto est ratifié, La France se doit de maintenir son taux d’émission de GES tel qu’il était en 1990.
Dans le prolongement de ces accords et dans le cadre du développement durable, la France a signé la directive européenne, visant à passer de 16 à 21% la part d’Energies Renouvelables consacrée à l’électricité en 2010. Tous les spécialistes s’accordent à dire que nous n’y parviendrons pas, avec la politique qui est menée aujourd’hui.
En 2005, notre pourcentage d’Energies Renouvelables est descendu de 16 à 14 %. Passer de 14 à 21 % exigerait un développement massif des énergies renouvelables, c’est-à-dire, pour prendre l’exemple de l’éolien, une puissance d’au moins 12 000 MW, alors que nous ne sommes qu’à 800 MW, pendant que l’Espagne atteint les 10 000 MW et que l’Allemagne arrive à 18 000 MW installés.

ETAT DES SOURCES D’ENERGIE ELECTRIQUE AUJOURD’HUI EN FRANCE

Le nucléaire représente 75 %, l’hydraulique 14 %, le charbon 6 %, le pétrole 2 %, le gaz 1 %, le solaire et l’éolien … 1%. Sans l’hydraulique, constituée par les grands barrages, notre part d’énergie renouvelable est insignifiante.
La France est le seul pays de la planète, à avoir tout misé sur le nucléaire et rien que sur le nucléaire, depuis 30 ans (95 % du budget de recherche sur l’énergie est consacré au nucléaire, 2% seulement aux renouvelables).
Avec ses 58 réacteurs, la France exporte 15 % de sa production électrique à bas prix mais garde les déchets. En revanche, elle importe 2 à 3 % à prix fort, lors des pics de consommation que le nucléaire ne sait pas gérer. Pour exemple : le 22 février 2005, jour le plus froid de l’année, la France a eu besoin de 86 000 MW et a dû acheter 3 % de son électricité.

 Deux mois plus tard, il faisait très beau, il n’y a eu besoin que de 35 000 MW et plusieurs centrales ont dû être mises à l’arrêt. La consommation moyenne étant de 65 000 MW, il paraît urgent de lisser les pics, plutôt que de poursuivre la fuite en avant en construisant l’E.P.R.

NUCLEAIRE ET EFFET DE SERRE

Au niveau mondial, le nucléaire ne représente que 6% de l’énergie globale. Pour voir la quantité de gaz à effet de serre diminuer de façon significative, il faudrait multiplier le nombre de centrales par quatre (passer de 450 réacteurs à 1800). 

C’est à l’évidence impossible puisque les réserves d’uranium se trouveraient épuisées, la gestion des déchets, particulièrement dans les pays où la démocratie est fragile ou absente, deviendrait incontrôlable et poserait très vite des problèmes sanitaires irréversibles, le passage du nucléaire civil au nucléaire militaire entraînerait une prolifération des armes atomiques. L’Iran est là pour nous le rappeler. Au niveau national, le nucléaire ne représente que 15% de l’énergie consommée. C’est dans le transport, principal secteur émetteur de Co2 en croissance permanente, qu’il faut agir en priorité, ainsi que dans le résidentiel tertiaire. Les produits pétroliers représentent plus de la moitié de la consommation énergétique française et sont dominants dans ces secteurs.

E.P.R. ET COÛTS

L’E.P.R. est évalué à 3 milliards d’Euros l’unité, par commande de 10. Il est très coûteux pour sa construction, mais aussi pour son exploitation et, dans le futur, pour son démantèlement. Si le prix du kilowatt nucléaire semble compétitif, c’est qu’il ne prend pas en compte ses coûts réels.
De nombreux coûts ne sont pas intégrés dans le calcul du kwh nucléaire :
- investissement énorme de la mise en place,
- coût futur du démantèlement,
- coût total de la gestion à long terme des déchets,
- coût de la protection des centrales,
- assurances pour lesquelles le nucléaire bénéfice d’un régime exceptionnel dérogatoire,
- coût éventuel d’un accident grave.
Tous ces coûts sont et seront pris en charge par les contribuables, ce qui fausse la concurrence au détriment des autres énergies.
La Cour des Comptes, par la voix de
Philippe Seguin, a signifié ses inquiétudes sur le coût explosif des déchets et l’avenir de la filière ; elle souligne,aussi, le manque de provisions pour le démantèlement des réacteurs, opération qui coûtera beaucoup plus cher que prévu. Jamais dans l’histoire, et dans le monde, une énergie n’a reçu autant de fonds publics que le nucléaire français.

E.P.R. NUCLEAIRE ET RISQUES

 Les risques liés au nucléaire ne sont, en aucun cas, comparables à d’autres risques industriels. L’accident, toujours possible, les risques terroristes, déclencheraient une catastrophe dont personne ne peut maîtriser les effets. Les conséquences de Tchernobyl doivent faire réfléchir. Le nucléaire, de ce fait, n’est pas assuré, car il n’est pas assurable. Est-il raisonnable de prendre autant de risques lorsque d’autres choix sont possibles ?

D’AUTRES CHOIX SONT POSSIBLES

Le projet E.P.R. engage l’avenir énergétique de la France. D’autres choix sont possibles.
La maîtrise de l’énergie d’une part, les énergies renouvelables d’autre part, fournissent ensemble une alternative urgente et incontournable.
Le nucléaire, c’est la culture de l’offre, aboutissant à un gaspillage, c’est aussi une dépendance, à cause des importations d’uranium. Au contraire, les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique procurent une indépendance. Par ailleurs elles permettent d’avoir une production décentralisée répondant mieux à la demande, avec moins de nuisances, causées par le transport de l’énergie sur le territoire.
Ce choix est le plus convenable pour l’environnement et la santé, car il n’émet ni gaz à effet de serre, ni déchets radioactifs. Mais aussi, plus convenable, des points de vue social et économique, puisqu’il développe l’emploi d’une manière durable.

SCENARIOS ALTERNATIFS

Il existe des scénarios alternatifs de maîtrise de l’énergie et de développement des énergies renouvelables :
- Scénario Négawatt,
- L’analyse réalisée par le bureau d’étude « Les 7 Vents du Cotentin » à la demande du Réseau « Sortir du nucléaire » sur la région Grand Ouest (Haute et Basse-Normandie, Bretagne et Pays de Loire) : avec 3 Milliards d’Euros (Coût de l’E.P.R.) que peut-on faire dans le grand ouest en électricité ou Comment sortir du modèle énergétique français au profit d’une approche en devenir ?                                                                                                                                    
1- Avec la même somme (3 milliards d’euros) que celle consacrée à la seule production d’électricité, on obtient une capacité de réponse aux besoins électriques, deux fois supérieure à celle de l’E.P.R., en ajoutant la production d’électricité à celle qui est évitée.
2- Le nombre d’emplois pérennes dépasse les 10 000. Le projet EPR, quant à lui, comptera jusqu’à 2 300 personnes en phase de construction. Sur quinze ans, la moyenne cumulée est de 600 emplois créés. L’effectif permanent sera de 250 à 300 emplois.

Ces actions, si elles se concrétisent, engageront le Grand Ouest sur la voie de la productivité énergétique. Plus compétitives, à la pointe de l’innovation, les régions feraient un pas décisif en matière de performances économiques et d’amélioration des conditions sociales et de respect de l’environnement.
Véritable tournant en France, amorce vers une politique de décroissance, les évolutions en matière de consommation et de production électriques rendront obsolètes les projets d’EPR et de ligne THT.

Le projet ITER, très coûteux, a peu de chances de réussir. La problématique énergétique se pose bien avant cent ans. A noter que l’ambassadeur ITER pour la France est François d’Aubert, maire de Laval, ancien ministre.

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