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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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30 novembre 2023 4 30 /11 /novembre /2023 18:25

Un débat très riche en présence de 200 personnes au Théâtre Jean-Macé

 

Deuxième "mercredi pour la paix" au Théâtre Jean Macé, après la soirée du 15 novembre (voir, 22 novembre) : Israël-Palestine : l'apport historique de Vincent Rebérioux (LDH) à Laval).

Jean-Luc Bansard présente ses deux invités, Sandrine Mansour et Daniel Levyne.

 

- Sandrine Mansour est historienne, université de Nantes. Elle conseille les collectivités territoriales françaises qui pratiquent la coopération décentralisée avec la Palestine. Son livre (2013) sur la Palestine, intitulé L'histoire occultée des Palestiniens (1947-1953), est présenté ainsi par l'éditeur.

Ce livre est un événement ! L'auteur, historienne palestinienne, y développe une approche différente et nouvelle des conflits arabo-sionistes, et replace la Catastrophe, traduction française du terme arabe nakba qui évoque le début de l'exode forcé des palestiniens en mai 1948, dans une perspective historique nourrie d'archives nouvellement ouvertes et de textes d'historiens, tant palestiniens qu'israéliens. Sujet d'une immense sensibilité, l'exode violent dont ont été victimes les palestiniens est parfois occulté, souvent minoré. Ce livre entend lui redonner sa place dans l'histoire du XXe siècle.

 

- Daniel Levyne était enseignant, il est retraité, membre de l'Union juive française pour la paix. C'est lui qui intervient en premier.

 

La première "montée" juive date de la période 1881-1903. Elle provient de Russie et d'Europe de l'est. Voir (France Culture, Le Cours de l'histoire) : Avant l'État d'Israël, le sionisme et le peuplement de la Palestine.

La Palestine fait partie de l'empire ottoman. La moitié des émigrés de cette première "alya" se maintiendront en Palestine. Le congrès de Bâle, en 1897, à l'initiative du théoricien du sionisme, Theodor Herzl, eut un grand retentissement. Les chefs des empires aux sionistes que les terres de la Palestine appartiennent au peuple ottoman. Et le projet sioniste (un Etat pour les juifs) se heurte à l'hostilité des rabbins, qui sont en attente du messie, pas d'un Etat (extrait France Culture).

Le sionisme est un mouvement politique qui naît à la fin du XIXe siècle, et qui défend l'aspiration à un territoire pour le peuple juif. En 1897, le Premier congrès sioniste se déroule à Bâle sous l'égide de Theodor Herzl. Ce journaliste et écrivain austro-hongrois s’emploie à transformer la question juive en question nationale. Il propose dans son manifeste, L'État des Juifs, un programme détaillé afin de créer un État juif. Dans le contexte d’une Europe de la fin du XIXe siècle, marquée par un antisémitisme et des persécutions grandissants, la constitution d’un État apparaît comme un gage de sécurité et un refuge pour la diaspora juive. Le mouvement sioniste s'emploie donc à trouver un espace pour créer un État juif.

La Palestine est envisagée, car c’est dans cette région du monde que les textes sacrés du judaïsme situent la "Terre promise". La nostalgie de Sion, synonyme de Jérusalem, tradition religieuse entretenue depuis la destruction du Second Temple en 70, donne son nom au mouvement. 

En 1917, la déclaration Balfour donne le feu vert à la colonisation de la Palestine (extrait France Culture).

À l’issue de la Première Guerre mondiale, l’Empire ottoman disparaît. Suite aux accords Sykes-Picot, la Palestine passe sous mandat britannique, de 1920 à 1948. Le 9 novembre 1917, la Déclaration Balfour est publiée. Dans cette lettre, la Grande-Bretagne se déclare favorable à l’établissement d’un foyer national juif en Palestine

"La déclaration Balfour de 1917 marque une sorte de tremplin pour le mouvement sioniste, qui est assez minoritaire avant la Première Guerre mondiale.", explique Chloé Rosner. L’historienne ajoute : "C’est à ce moment-là que la Palestine devient le lieu d’établissement du projet sioniste. C’est une brèche dans l’histoire de l’immigration juive en Palestine." Le mandat britannique modifie la manière dont les populations en Palestine sont classifiées, et distingue les populations selon leur religion, ce qui modifie profondément le tissu local.

Entre les deux guerres, tous les antisémites sont favorables à ce projet sioniste, qui leur permet de se débarrasser des juifs. Il y aura des accords entre les sionistes allemands et les nazis.

Pour autant, il ne faut pas faire d'amalgame entre sionisme et antisémitisme. Daniel Levyne l'affirme : être juif, c'est être toujours du côté des opprimés, jamais du côté des oppresseurs.
 

Sandrine Mansour évoque la question du mandat sur la Palestine accordé aux Britanniques. Pourquoi pas à la France, qui avait une présence historique à Jérusalem ?

La question des ressources dont était dotée la Palestine (à Gaza, notamment) a pu jouer dans le choix de ce territoire par le mouvement sioniste. Mais celui-ci s'est heurté à des Palestiniens très attachés à leurs terres. Voir cet extrait de l'émission de France Culture.

Le modèle national du sionisme apparaît comme un danger pour la population arabe palestinienne, qui refuse d’emblée le projet d'État juif en Palestine et voit d'un mauvais œil l'augmentation de l'immigration juive sur son territoire. Des révoltes visent à la fois la population juive, avec des massacres comme celui d’Hébron en 1929, et les autorités britanniques qui contrôlent la zone, avec des actions violentes comme la grande révolte arabe entre 1936 et 1939, qui demande la fin du mandat britannique, la création d’un État arabe indépendant, et la fin de l’immigration juive.

Le mouvement sioniste a étudié les moyens de faire partir la population (comité de transfert), ce qui peut être assimilé à de l'épuration ethnique. En 1922, c'est le début des plans de partage de la Palestine. En 1948, c'est la Nakba (la catastrophe). 70 % de la Palestine est attribué à Israël. Les 800 000 palestiniens ont fui avec l'intention de revenir sur leurs terres.

 

La suite dans un prochain article.

Cet article est le 3323 ème sur le blog MRC 53 - le 37ème dans la catégorie Proche Moyen Orient

Sandrine Mansour et Daniel Levyne, le 22 novembre 2023, au Théâtre Jean-Macé à Laval (Mayenne), sont intervenus sur la question palestinienne

Sandrine Mansour et Daniel Levyne, le 22 novembre 2023, au Théâtre Jean-Macé à Laval (Mayenne), sont intervenus sur la question palestinienne

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22 novembre 2023 3 22 /11 /novembre /2023 17:32

Premier Mercredi pour la Paix en Palestine, animé par Jean-Luc Bansard

 

Le 15 novembre, au Théâtre Jean Macé (théâtre du Tiroir) à Laval, nous étions invités par Jean-Luc Bansard à une conférence, suivie d'un débat, portant sur l'histoire entre Israël et la Palestine. Voir Ouest-France Israël-Palestine : des rencontres pour la paix chaque mercredi dans ce théâtre de Laval.

 

Dans un premier temps, Jean-Luc Bansard donnait la parole à Ibrahim Awad, un palestinien de Gaza, qui a témoigné de la vie de sa famille à Gaza. Voir Ouest-France, 21 novembre, Marie Provot : Guerre Israël-Hamas. « Ma famille vit une période que jamais un Palestinien n'a vécue.

 

La parole a été donnée ensuite à Vincent Rebérioux, membre du Bureau national de la Ligue des Droits de l'Homme, qui a développé deux points : rappel historique (Israël et Palestine) et enjeux actuels.

 

1- Rappel historique

 

La Palestine mandataire (Palestine sous mandat britannique) a existé (1920-1948) à l'initiative de la Société des Nations. On parle d'Etat Palestine (Cisjordanie, Gaza, Jérusalem Est) depuis la création de l'Etat Israël en 1948, le seul Etat construit par la volonté internationale.

L'antisémitisme était à son apogée dans la première moitié du XXème siècle. Les juifs sont persécutés, le paroxysme étant atteint avec la Shoah. En 1947, la question nationale se pose partout en Europe. L'empire ottoman s'écroule. Le sionisme fait débat parmi les juifs. Le Foyer national juif (religieux) et les sionistes poussent à la création d'un Etat juif en Palestine. La Grande-Bretagne fait des promesses aux juifs et aux arabes. Les tensions avec les juifs incitent les britanniques, en 1947, à poser le problème palestinien devant l'ONU.

Le 14 mai 1948, l'Etat d'Israël est proclamé. Les pays arabes voisins refusent cette situation. Ils lui déclarent la guerre, mais la perdent. 800 000 palestiniens sont chassés de leurs terres (la Nakba, la grande catastrophe). Une agence de l'ONU prend en charge les réfugiés, qui emportent la "clé", symboliquement. Les réfugiés le sont encore, et l'agence de l'ONU continue de les aider.

Les palestiniens ont créé l'OLP (Organisation pour la Libération de la Palestine), organisation politique et militaire. A partir de 1964, se produit le renouveau de la question palestinienne.

En 1967, la "guerre de 6 jours" oppose Israël et certains pays arabes voisins (Egypte, Jordanie, Syrie), qui ne résistent pas longtemps. Les "territoires occupés" par Israël sont la Bande de Gaza, la péninsule du Sinaï, la Cisjordanie (dont Jérusalem Est) et le plateau du Golan. Il s'ensuit la 2ème vague de 500 000 réfugiés palestiniens. L'ONU vote la résolution 242 qui crée les conditions d'une paix juste et durable, avec deux Etats.

En 1973, la guerre du Kippour marque la capacité d'une coalition militaire menée par l'Egypte et la Syrie à surprendre l'armée israélienne. Mais celle-ci se reprend et des négociations de paix aboutissent à la normalisation des relations entre Israël et l'Egypte (accords de Camp David en 1978).

En 1982, Israël déclenche une invasion du Liban pour contraindre la résistance palestinienne (OLP) à quitter le Liban. Elle fuit en Tunisie. Mais des milices chrétiennes massacrent les palestiniens dans les camps de Sabra et Chatila, sous le regard bienveillant de l'armée israélienne qui contrôle les lieux.

En 1987, la première Intifada (guerre des pierres) marque le soulèvement spontané des palestiniens dans les territoires occupés par Israël.

Elle s'achève en 1993 par les Accords d'Oslo entre l'OLP (Arafat) et Israël (Rabin), qui acceptent une reconnaissance mutuelle et prévoient, en 5 ans, de régler durablement les questions cruciales. La droite israélienne refuse le dialogue avec les palestiniens. Le Hamas islamique est créé, en opposition à l'OLP, car refusant la reconnaissance de l'Etat israélien. Arafat rentre en Palestine en 1994. La Cisjordanie est divisée en 3, selon le degré de surveillance par Israël.

Le 4 novembre 1995, le Premier ministre Yitzhak Rabin est assassiné par un extrémiste israélien. Des attentats-suicides sont perpétrés par le Hamas. Israël contribue à affaiblir l'Autorité palestinienne.

En 2000, la seconde Intifada est déclenchée par des émeutes palestiniennes dans les territoires occupés. Les mouvements islamistes (Hamas et Jihad islamique) multiplient les attentats-suicides dans les villes israéliennes. La colonisation se développe, la violence des colons ayant le soutien de l'armée israélienne.

Les élections législatives en 2006 donnent la majorité au Hamas dans la bande de Gaza (67 élus sur 136, le Fatah en ayant 46). Des affrontements violents ont lieu entre le Fatah et les mouvements islamistes (Hamas). Le Fatah est exclu de Gaza par le Hamas. Il se cantonne à la Cisjordanie. Israël impose un blocus sur le territoire de Gaza, qui devient une prison à ciel ouvert pour deux millions de palestiniens, soumis à la loi du Hamas.

 

2- Maintenant (période récente)

C'est la montée du radicalisme et du fondamentalisme religieux des deux côtés avec une absence totale de perspectives.

Une Loi fondamentale adoptée en 2018 définit Israël comme étant le foyer national du peuple juif et prône le développement de l'implantation juive (la colonisation) comme étant l'objectif du peuple juif. Les représentants de la minorité arabe (20 % de la population), qui s'affirment "palestiniens d'Israël", se considèrent désormais comme étant des citoyens de seconde classe.

Cette Loi peut être qualifiée de bascule politique. En Cisjordanie, l'Autorité palestinienne est délégitimée, considérée comme étant l'auxiliaire d'Israël. Les élections n'ont pas été organisées depuis 2006. Les cadres politiques palestiniens sont en prison. La communauté internationale ne parle plus des palestiniens. Les Accords d'Abraham marquent le rapprochement entre Israël et les pays arabes. L'annexion pure et simple de la Palestine est à l'ordre du jour.

Israël est une démocratie. Avant le 7 octobre 2023, il y avait une mobilisation populaire très importante en faveur du refus de voir le judiciaire passer sous la coupe du politique. Cette démocratie se heurte à un double refus : le Hamas refuse la paix et l'extrême droite israélienne refuse les négociations de paix avec les palestiniens. Pourtant, il y a tout dans la résolution de l'ONU en 2007 pour aller vers la paix. Israël a fait 4 guerres pour en finir avec le Hamas mais Israël refuse de voir pourquoi le Hamas prospère.

Le 7 octobre 2023, c'était une affirmation du droit de résister. Les crimes du Hamas donnent lieu à une punition collective des palestiniens par Israël. Tous les israéliens sont en guerre contre le Hamas. Il n'est question que de la force, le droit est oublié. Il faut agir pour la paix. Allons-nous vers une 3ème vague de réfugiés dans des camps ? N'oublions pas que chaque vie compte, il n'y a pas de différence.

Cette intervention a été suivie d'un débat.

 

En complément, concernant la partie historique, voir (Le Monde, 14 octobre 2023) : Israël-Palestine : un siècle de conflit en cartes et dates-clés.

 

Cet article est le 3317 ème sur le blog MRC 53 - le 36ème dans la catégorie Proche Moyen Orient

Vincent Rebérioux, au côté d'Ibrahim Awad, palestinien de Gaza, lors de sa conférence au Théâtre Jean Macé à Laval, le 15 novembre 2023, sur le thème d'Israël et de la Palestine

Vincent Rebérioux, au côté d'Ibrahim Awad, palestinien de Gaza, lors de sa conférence au Théâtre Jean Macé à Laval, le 15 novembre 2023, sur le thème d'Israël et de la Palestine

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17 novembre 2023 5 17 /11 /novembre /2023 17:54

En France, pour l'unité de la Nation, combattre l'antisémitisme et le racisme
 

Le Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), comme les autres partis associés au sein de la Fédération de la Gauche Républicaine (FGR), est signataire de l'appel des organisations de gauche et écologistes à manifester samedi 18 novembre pour la paix et la justice au Proche-Orient.

Voici le texte de la déclaration du PS, du PCF, des Écologistes, de la Gauche républicaine et socialiste (GRS), du MRC, de l’Engagement, de la Nouvelle gauche socialiste (NGS) et des Radicaux de gauche (LRDG), rendue publique le 16 novembre.

ISRAËL – PALESTINE : POUR LA PAIX ET LA JUSTICE, NOUS MANIFESTERONS SAMEDI 18 NOVEMBRE

Les bombardements qui frappent et endeuillent la population civile de Gaza s'accompagnent d’une catastrophe humanitaire avec le déplacement forcé de la population, le manque d’eau, de nourriture et d’énergie du fait du blocus sans compter la destruction des infrastructures hospitalières et le manque de moyens médicaux pour porter secours aux blessés.

L’horreur des attaques terroristes du Hamas le 7 octobre dernier contre les civils israéliens a précipité la région dans le chaos. Le Hamas n’est en rien un mouvement de libération mais une organisation terroriste. Et la riposte décidée par le gouvernement d’extrême droite de Nethanyahu, qui frappe indistinctement la population civile à Gaza, est devenue « une punition collective » comme l’a dénoncé Philippe Lazzarini, commissaire général de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). Certaines attaques pourraient même constituer des crimes de guerre.

Face à cette situation, nos organisations portent ensemble les propositions suivantes pour la paix et la justice en Israël – Palestine :

La libération immédiate et sans condition de tous les otages ;
• Un cessez-le-feu immédiat, comme l’ont demandé toutes les organisations humanitaires lors de la conférence du 9 novembre dernier ;
• La levée du blocus de Gaza
• La fin des violations des droits humains et de la colonisation en Cisjordanie ;
• La relance du processus de paix pour la reconnaissance de l’État de Palestine aux côtés de l’État d’Israël permettant aux peuples palestiniens et israéliens de vivre côte à côte et en sécurité.

Et nous lançons un appel aux Françaises et aux Français, un appel à l’unité de la Nation. L’antisémitisme et le racisme sont des crimes contre la République toute entière. Combattons-les ensemble avec la plus grande fermeté !

Dimanche dernier, nous marchions ensemble contre l'antisémitisme et tous les fauteurs de haine et de racisme.

Aujourd'hui, nous appelons ensemble à ce que tous les Françaises et les Français qui souhaitent la paix se joignent en masse à la manifestation de samedi 18 novembre pour porter avec nous ces propositions et cette exigence d’unité du pays.

Nous appelons également à participer ce dimanche à la marche silencieuse initiée par le monde de la culture dans le respect des modalités annoncées par le collectif "Une autre voix".
 

Voir aussi (France info avec AFP, 16 nov 2023) : Guerre entre Israël et le Hamas : le PS, PCF et EELV appellent à manifester samedi 18 novembre pour un cessez-le-feu et la libération des otages
 

Rappel (MRC 53, 4 novembre 2023) : Conflit israélo-palestinien : ouvrir un chemin pour la paix et la fraternité
 

Cet article est le 3316 ème sur le blog MRC 53 - le 35ème dans la catégorie Proche Moyen Orient

Le 12 novembre 2023, à Paris, la gauche participait à la marche contre l'antisémitisme

Le 12 novembre 2023, à Paris, la gauche participait à la marche contre l'antisémitisme

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4 novembre 2023 6 04 /11 /novembre /2023 18:31

 

Faire taire les extrémismes religieux fanatisés

 

Le conflit opposant Israël et le Hamas a pris une dimension fanatique le 7 octobre 2023 avec l'agression terroriste de la population israélienne par des islamistes palestiniens de Gaza.

Voici le texte publié le 29 octobre par le Mouvement Républicain et Citoyen MRC.

 

Conflit Israélo-Palestinien : Agir pour ouvrir un chemin pour la paix ; faire prévaloir la fraternité républicaine en France

Le MRC condamne à nouveau avec la plus grande fermeté les massacres odieux perpétrés par l’organisation terroriste islamiste qu’est le Hamas. Face à cette attaque d’une cruauté préméditée intervenue le 7 octobre, c’est d’abord et avant tout la compassion qui doit prévaloir, à la fois envers les populations israéliennes victimes de la barbarie terroriste du Hamas, mais aussi vis-à-vis des victimes palestiniennes que celui-ci utilise cyniquement comme bouclier humain face aux représailles décidées par le gouvernement de Benjamin Netanyahou.

C’est bien d’abord et avant tout le Hamas qui est responsable de ces actes macabres. Le « oui, mais » n’est pas acceptable et les responsables politiques qui cherchent à relativiser la dimension évidemment terroriste de ces actes, voire à tirer un profit politique de cette situation tragique, vont à l’encontre du sens de l’honneur et de la dignité dont tout responsable politique doit faire preuve. Cette tragédie ne dispense pas d’une réflexion plus large sur les conséquences de la politique menée par le gouvernement de Benjamin Netanyahou et de l’extension des colonies d’Israël en Cisjordanie.  

C’est aujourd’hui le temps de la guerre: Israël a le droit de se défendre face au terrorisme et l’objectif de libération des otages doit être un objectif partagé par la communauté internationale, tout comme la préservation de la population civile de Gaza utilisée comme bouclier par le Hamas qui impose la terreur et cherche à apparaître comme une victime. Une escalade mortifère de ce conflit, notamment entre Israël et l’Iran doit être évitée et la recherche d’une solution politique de long terme doit rester un objectif. Conformément aux accords d’Oslo, la solution à deux Etats est la plus juste dans l’intérêt des deux nations. La sécurité pérenne d’Israël passe nécessairement par cette perspective.  

 

La France doit prendre toute sa place pour éviter l’affrontement entre les démocraties libérales et sécularisées d’un côté, et les régimes autocratiques et théocratiques de l’autre. Il reste qu’une attaque d’une telle ampleur n’a pas pu être perpétrée sans aide militaire et logistique de l’Iran, voire du Qatar. Notre diplomatie doit faire entendre la parole spécifique et singulière de la France et clarifier ses positions afin de sortir des injonctions contradictoires dans lesquelles elle s’est elle-même placée, en particulier vis-à-vis du Qatar. La solidarité avec le peuple israélien ne doit pas conduire la France à s’aligner sur toutes les décisions du gouvernement de Benjamin Netanyahou.

 

La France doit agir d’urgence pour ouvrir un chemin pour la paix. Pour cela, il faut aboutir au plus vite à un cessez-le-feu, à la libération immédiate des otages, et à la tenue d’une conférence internationale de paix avec l’objectif d’une solution politique à deux Etats. En France, nous devons tout faire pour ne pas importer ce conflit au sein de la communauté nationale. 

 

Les Ministres de l’Intérieur et de la Justice doivent sanctionner avec la plus grande fermeté tous les actes antisémites répertoriés sur le territoire national et protéger les lieux de culte juifs. Un réel volontarisme politique doit aussi s’imposer sur les réseaux sociaux afin d’éviter toute propagande pro-Hamas et / ou à caractère antisémite.

 

Au-delà des sentiments d’appartenance ou des affinités que chaque Français peut ressentir avec l’une ou l’autre partie dans ce conflit vieux de 75 ans, la fraternité républicaine doit nous rassembler. 

 

Le message républicain universaliste, issu de la tradition des Lumières, est plus que jamais utile à notre pays et au monde face à l’obscurantisme et à la barbarie.


 

Rappel (article du 6 juin 2010, intitulé "Des deux côtés, l'extrémisme religieux est aux manettes") : Blocus de Gaza : réactions à l'intervention israélienne contre la flottille

 

Cet article est le 3314 ème sur le blog MRC 53 - le 34ème dans la catégorie Proche Moyen Orient

 

Le président, Jean-Luc Laurent, lors du congrès du Mouvement Républicain et Citoyen, le 1er avril 2023

Le président, Jean-Luc Laurent, lors du congrès du Mouvement Républicain et Citoyen, le 1er avril 2023

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13 octobre 2013 7 13 /10 /octobre /2013 15:32

Rechercher une solution politique à la guerre civile

L’action de la diplomatie française a été commentée par Julien Landfried, lors de la table ronde intitulée « Les leçons de la crise syrienne » pendant l’université de rentrée de « Maintenant la gauche », sensibilité de gauche, minoritaire au sein du Parti socialiste (Emmanuel Maurel, Jérôme Guedj, Marie-Noëlle Lienemann), le 12 octobre 2013.

 

Université d'été MRC 2011 004 TSyrie et Proche-Orient : pour une diplomatie d’équilibre de la France

(…) Que faut-il penser de l’action diplomatique de la France concernant le dossier syrien et plus particulièrement des orientations consécutives à l’attaque chimique d’un quartier de la banlieue de Damas le 21 août dernier, action commise selon une majorité d’observateurs par le régime syrien ?

1. La politique de « regime change »

Après l’élection à la présidence de la République de François Hollande, le gouvernement français n’a pas remis en cause la décision du Quai d’Orsay, alors dirigé par Alain Juppé, de fermer l’ambassade de France à Damas en mars 2012. Cette continuité ne pouvait être interprétée par les acteurs locaux et la Russie que comme un signe que la priorité de la France était de faire tomber, à terme, le régime de Bachar el-Assad. Cette politique de regime change (changement de régime), déjà mise en œuvre en Libye contre Kadhafi, est clairement d’inspiration néo-conservatrice, et traduit l’existence au plus haut niveau de la diplomatie française, d’un courant d’opinion que l’on pourrait, avec Jean-Pierre Chevènement, qualifier d’« occidentaliste ». C’est ce courant qui s’est opposé avec véhémence au refus de l’intervention en Irak de Jacques Chirac, et qui a puissamment œuvré à l’élection de Nicolas Sarkozy en 2007 puis à sa politique étrangère, même si celle-ci était par certains aspects profondément erratique. Il est pour le moins inquiétant que ce courant ait « résisté » à l’alternance politique en France.

 

2. L’opposition syrienne : faut-il armer les rebelles dit « modérés » ?

Si la France a reconnu très tôt le Conseil national syrien (le 10 octobre 2011), qui affirme représenter les différentes tendances de l’opposition nationale syrienne, force est de constater que près de deux ans plus tard, les éléments non islamistes des rebelles armés semblent marginalisés sur le terrain par des éléments radicaux ou djihadistes, souvent d’origine étrangère. Distinguer parmi les rebelles ceux qui sont modérés des extrémistes liés à Al Quaida est-il possible compte tenu de la fragilité de la situation sur le terrain et de la dégradation des conditions de vie des combattants et des populations civiles qui rendent les frontières floues et particulièrement sensibles aux arguments financiers ?
Le précédent de l’intervention en Libye devrait mettre en garde la France contre la tentation naïve de croire armer tel groupe plutôt que tel autre. L’exportation du djihadisme de la Libye vers le Mali n’est-il pas en bonne partie la conséquence d’une intervention franco-anglaise mal pensée et sous-estimant l’importance du « jour d’après » l’intervention militaire et la mort de Kadhafi ? Aussi,
les parlementaires du Mouvement Républicain et Citoyen ont-ils mis en garde le gouvernement en mars dernier contre une politique de livraison d’armes, qui est en réalité, incontrôlée dans son principe même.

 

3. Droit d’ingérence et droit international

Le droit d’ingérence, tel qu’il a été pensé et popularisé à partir des années 1980, masque souvent, derrière une conception extensive d’une diplomatie des droits de l’homme des objectifs politiques plus ambigus. Or, pour reprendre à nouveau les mots de Jean-Pierre Chevènement, on n’a jamais vu les faibles s’ingérer dans les affaires des forts. Si bien que le droit d’ingérence est toujours le fait d’une puissance régionale ou mondiale.
La France, qui est intervenue au Mali dans le strict respect de la légalité internationale, n’avait rien à gagner à intervenir militairement en Syrie, avec ou sans les Etats-Unis, dans le non respect du droit international. Dans un monde marqué par le développement des pays émergents et par l’existence d’antagonismes militaires bien réels, le rôle d’un pays comme la France, puissance militaire membre du Conseil de sécurité des Nations Unies, est de s’appuyer sur le droit international. La France est pacifique, mais n’est pas pacifiste. Elle ne doit pas s’interdire d’user de la force si le Conseil de sécurité lui en donne mandat. Mais elle n’a pas vocation à conduire des expéditions militaires unilatérales quand ses intérêts vitaux ne sont pas en jeu.
Dans le cas syrien, quels étaient les buts de guerre ? Infliger une punition à un dictateur sanguinaire ? Mais on sort là du cadre des affaires étrangères et du droit, pour rentrer dans celui de la morale.

 

4. Quel politique avec la Russie ?

La Russie a proposé, par l’intermédiaire de son ministre des affaires étrangères Sergeï Lavrov, un plan pour contrôler les armes chimiques syriennes, que les Etats-Unis ont, finalement, accepté. Cette initiative diplomatique a été prise sans que la France y soit associée. C’est le signe d’un échec de la diplomatie agressive qui a culminé pendant une dizaine de jours en septembre 2013.
La Russie est une grande puissance, et défend ses intérêts au Proche-Orient. C’est par un dialogue diplomatique ferme que l’on pourra faire avancer avec elle une solution politique négociée à la guerre civile qui fait actuellement rage en Syrie. Cette solution impliquant toutes les parties prenantes, ne peut se négocier que dans le cadre du Conseil de sécurité des Nations Unies. Croire trouver une solution en Syrie sans la Russie ou contre la Russie est tout simplement absurde, et relève soit de l’idéologie, soit d’une méconnaissance des équilibres régionaux.


5. Ne pas gâcher le gain politique de l’action au Mali, revenir à une diplomatie autonome

L’action résolue du président de la République au Mali a permis une stabilisation de la situation sur place et a évité une prise du contrôle du pays par des islamistes radicaux. Le crédit que la France a gagné grâce à cette intervention a été pour une large part perdu par son aventurisme momentané en Syrie. Bien que s’étant auto-promue « plus ancienne alliée des Etats-Unis », la France a dû assister impuissante à l’exercice de realpolitik du président Obama qui a accepté la proposition russe de contrôle des armes chimiques syriennes sans associer la France à sa démarche.
Quelle leçon en tirer ? En substance, que la « communauté internationale » n’existe pas. Il y a des Etats qui défendent leurs intérêts économiques et géopolitiques. D’où l’impérieuse nécessité d’une compréhension correcte des rapports de forces entre puissances et d’une vision stratégique qui permette de penser au « coup d’après » (cf. le colloque du 22 mars 2010 de la Fondation Res Publica,
« La France et ses stratèges » ).
C’est sans doute la leçon tirée par le président Hollande, à en juger par sa poignée de mains avec le nouveau président iranien Hassan Rohani le 24 septembre dernier. Il faut espérer que cette ligne « réaliste » soit réaffirmée et affermie dans les semaines et les mois à venir. C’est en recherchant une solution politique à la guerre civile syrienne que la France fera le meilleur usage de sa force
.

 

Voir aussi : Syrie: des armes, et après ? (Marie-Françoise Bechtel, MRC, 15 mars 2013)

Dialoguer avec l’Iran est de l’intérêt de tous (Marie-Françoise Bechtel, MRC, 24 septembre 2013)

 

Rappel : Syrie : différents enjeux et conflits rendent plus incertaines les solutions - 26 juillet 2012 (blog MRC 53) 

 

Cet article est le 33ème paru sur ce blog dans la catégorie Proche Moyen Orient.

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7 septembre 2013 6 07 /09 /septembre /2013 21:46

Soutenir partout les processus démocratiques

 

Le 19 août 2013, Patrick Nivet a publié sur son blog sa lettre à un ami, collègue au Conseil municipal de Libourne (Gironde), dans laquelle il exprime son point de vue sur les évènements en cours dans les pays arabes.

 

Bonjour Omar,

 

Tu suis sans doute  comme moi les nouvelles bien terribles venues d'Egypte, de Tunisie et d'ailleurs. Tous ces pays du Moyen Orient et du Maghreb sont comme des volcans en éruption que rien n'éteint, pas même des processus démocratiques plus ou moins réussis ; le feu des déchirements couve toujours sous les cendres et la moindre manifestation se transforme en coups d'Etat ou en répressions plus ou moins féroces qui, elles mêmes, entraînent de nouvelles manifestations jusqu'à la guerre civile qui embrase maintenant la Syrie, voire l'Irak et même la Libye.

 

Je pense que les problèmes économiques, les contradictions religieuses, la non résolution du Problème israélo-palestinien, les nationalismes en souffrance, en sont les grandes causes mêlées... Les pays occidentaux jouent en général les « sainte nitouche » mais multiplient souvent les approximations et les erreurs en tous genres.

 

Pour l'essentiel, ils font la part trop belle à Israël et cherchent dans le maquis des intentions des uns et des autres à défendre évidemment le fil de leur intérêt en se prenant souvent les pieds dans le tapis incandescent des incendies qu'ils allument parfois ...

 

Ce qui est sûr, c'est qu'en Algérie il y eut bien un coup d'Etat dans les années 1990, qui a débouché sur une guerre civile, et qu'en Egypte aujourd'hui le risque est grand d'une telle évolution après celui auquel on vient d'assister.

En fait, l'impression c'est que, pour beaucoup, la démocratie ne peut être conçue avec un pouvoir religieux... qu'évidemment le FIS en Algérie et les Frères musulmans en Egypte se proposaient d'installer...

 

J'avoue que je préférerais que les élections débouchent sur un pouvoir laïque mais, pour autant, je ne pense pas que nous puissions montrer une quelconque satisfaction devant des coups d'Etat qui constituent des remèdes pires que le mal qu'ils sont sensés soigner. Sinon, ce n'est pas la peine de montrer la moindre distance avec les partis Bass en général et Bachar el Assad en Syrie.

La démocratie en Iran me parait très contrôlée par les religieux, que la société iranienne supporte, tout compte fait, difficilement, en essayant de se faufiler dans les interstices des processus électoraux.

Quand aux contradictions religieuses, c'est un sous-produit attisé par les autres, économiques notamment.

 

Au fond, il n' y a pas de solutions simples, mais la nécessité de soutenir les processus démocratiques en les rendant le moins imparfaits possibles me parait quand même incontournable et c'est pour cette raison que les militaires en Egypte et les bandes armées en Iran ou ailleurs ne doivent pas être encouragés.

 

Je ne souhaite pas, d'autre part, que nous intervenions militairement en Syrie aujourd'hui pas plus qu'hier en Irak. La position de la France au début des année 2000 (Chirac - De Villepin), sans oublier évidemment JP Chevènement au début des années 1990, trouvant dans la guerre civile larvée d'aujourd’hui le prolongement de son bien fondé.

 

Voir, précédemment (30 mai 2013) : Patrick Nivet : 14 ans de commissions de discipline des hôpitaux publics

 

Cet article est le 32ème paru sur ce blog dans la catégorie Proche Moyen Orient.

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9 janvier 2013 3 09 /01 /janvier /2013 23:53

Le beau texte de Fadwa Barghouti pour « le Palestinien »

 

Voici un texte*, poignant, écrit par l’avocate Fadwa Barghouti**, le 20 mai 2010, à l’occasion de son passage à Paris au cimetière "Père Lachaise", en mémoire de Mahmoud Hamshari**, qui était, en 1972, le correspondant à Paris de l’Organisation pour la libération de la Palestine (OLP). Il avait été assassiné à son domicile. Voir Wikipédia Mahmoud Hamchari et Vidéo Ina - Attentat représentant OLP à Paris.

 

C’est une terre sans peuple… C’est ce qu’ils ont dit pour en justifier la confiscation.

C’est la terre du lait et du miel… C’est ce qu’ils ont dit pour justifier leur soif de conquête.

Or, la Palestine… est un rêve permanent, de Mahmoud Hamshari à la fin des temps.

 

Nous sommes réunis pour refaire le rêve palestinien en couleurs, en images et en senteurs, nous sommes réunis pour chanter l’hymne de la vie face à la mort, l’hymne de la liberté face à l’occupation, l’hymne de l’amour face à la haine et au ressentiment. Nous sommes réunis pour évoquer le souvenir de notre martyr, Mahmoud Hamshari.

 

Mahmoud Hamshari était venu à Paris pour présenter la Palestine au monde. Il a bâti de vastes relations avec les partis politiques français, il y a représenté l’Organisation de libération de la Palestine, il a œuvré pour que cette représentation soit officielle, il a mis en place les actions de solidarité avec le peuple palestinien, il a parlé aux intellectuels et aux hommes politiques de Paris, mais il ignorait qu’il se tenait, comme tout Palestinien, au bord du gouffre de la mort.

 

Les lâches l’ont tué avec un explosif placé dans son domicile, sans égard pour l’innocence des enfants ni pour les sentiments de l’épouse, ils ne connaissent de l’humain que le crime. Il y a de cela 37 ans.

Et nous voici aujourd’hui réunis pour évoquer son souvenir, lui qui a passé sa courte vie à danser sur le bord du gouffre de la mort et que sa mort a propulsé au sommet de la vie. C’est lui qui resplendit de vie et nous qui sommes des ombres.

 

Mahmoud Hamshari n’a pas négligé la dimension politique dans un monde militarisé, il n’a pas négligé l’amour au milieu de la bataille. Le ressentiment, la privation, la condition de réfugié, l’exil, n’ont pas vaincu Mahmoud Hamshari. L’assassin ne l’a pas vaincu, c’est lui qui est tombé devant l’horreur du crime, le tueur était extravagant face à la nature de la mort naturelle, le criminel n’était qu’un pantin dans le carnaval de la splendide éternité que vit Mahmoud Hamshari.

 

Mahmoud et la Palestine, c’est l’histoire de la vie, lorsqu’elle transcende le sang, le récit de la souffrance lorsqu’elle devient seconde nature, l’histoire de la création lorsque l’homme devient souffrance.

C’est un chant que nous chanterons ensemble, indéfiniment, sans jamais nous lasser… le chant de ceux qui sont en quête d’une patrie… d’une identité… d’un passeport.

 

C’est notre chère Palestine, devenue depuis longtemps une patrie, qui vit en nous, l’histoire d’un bel amour entre le Palestinien et son sang, entre le premier olivier et l’âme de la terre absolue.

La haine que sème l’occupant peut-elle tracer une histoire ? Le fusil peut-il engendrer une rose ? Le moment n’est-il pas venu pour que le Palestinien recouvre sa liberté ? N’est-il pas grand temps que le Palestinien trouve le chemin de l’olivier planté pour lui par ses ancêtres ? Le Palestinien doit-il encore chaque jour célébrer ses morts et répandre son sang et ses larmes pour réaffirmer son existence ?

 

L’occupant, sorti du cours du temps, a essayé de couper le cordon ombilical qui relie le Palestinien à sa terre, mais celui-ci demeure lié par le jasmin de la maison, le citronnier de la plantation et l’olivier de la lointaine patrie. Cela fait plus de 60 ans d’exil, d’occupation, d’oppression, de sang et de larmes versés. Il est temps que la promesse devienne réalité, que l’idée devienne Etat.

 

Comme c’est beau d’être aujourd’hui réunis face à l’éternité, car à travers le corps et la tombe du martyr Hamshari, Paris rencontre la Palestine à jamais. Comme c’est beau de toujours nous souvenir de nos martyrs.

A lui l’éternité et la permanence. A nous désormais la fidélité et l’action pour faire que le rêve devienne réalité.

 

* Merci à Marie-Claude, qui m'a permis d'être destinataire de ce texte.

 

** Voir Entretien avec Fadwa Barghouti. Propos recueillis par Chris den Hond et Mireille Court, le 15 mars 2005. Entretien paru sur le site AFPS (Association France Palestine Solidarité), le 11 avril 2005.           

Depuis 2010, il y a eu une avancée vers un Etat palestinien. Voir La Palestine est un Etat à l’ONU en attendant de l’être dans les faits (Rue89, Pierre Haski, 30 novembre 2012)

La Palestine est donc un Etat. Ainsi en a décidé l’écrasante majorité des Etats-membres des Nations unies, par 138 voix pour, 9 contre et 41 abstentions, dans un vote historique qui a fait, jeudi soir, de la Palestine-en-devenir un Etat non membre de l’ONU, un statut similaire à celui du Vatican. Ce vote, survenu le même jour que celui qui avait permis la naissance d’Israël en 1947, était attendu, étant donné qu’il n’y a pas de droit de véto dans les votes de l’Assemblée générale, et qu’une majorité de pays reconnaissait déjà à la Palestine ce statut.

Même s’il ne change rien à court terme à la réalité du terrain, surtout avec l’opposition farouche d’Israël et de son gouvernement, ce vote est l’aboutissement symbolique de décennies de lutte des Palestiniens pour leur reconnaissance étatique(…).

Cet article est le 31ème paru sur ce blog dans la catégorie Proche Moyen Orient.

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26 juillet 2012 4 26 /07 /juillet /2012 22:48

Le régime El-Assad sans avenir mais quoi à la place ?

 

C’est très difficile de se faire une opinion sur ce qui se passe en Syrie. C’est fort complexe et il n’y a que des mauvaises solutions. Voici des informations. En attendant mieux. Mais la situation est vraiment dramatique.

 

Voir Syrie : Toute l'actualité sur Le Monde.fr et Syrie - Le Monde diplomatique

Syrie : les troupes d'Assad se déploient autour d'Alep pour une bataille décisive (Le Parisien, 26 juillet 2012)

Syrie. Les Etats-Unis craignent un massacre à Alep (Ouest-France, 26 juillet)

 

La Syrie brandit la menace des armes chimiques en cas d'"agression" des Occidentaux (Le Monde, 23 juillet)

 

Pierre Haski est l’auteur d’une bonne synthèse (Rue89, 24 juillet 2012) : Syrie : pourquoi Bachar el-Assad se battra jusqu’au bout

 

Enjeux nationaux, régionaux, confessionnels : plusieurs conflits se déroulent en un. Une complexité stratégique plus grande qu’en Tunisie, en Egypte ou en Libye.

Les événements de Damas ou Alep, deux métropoles restées largement absentes du soulèvement depuis seize mois, montrent une accélération du conflit en Syrie. Et, en creux, l’échec de l’approche diplomatique, enterrée par le double veto à l’ONU. Même si l’issue de ce conflit n’est pas nécessairement aussi proche qu’il y paraît.

Malgré son arsenal militaire et sa détermination à se maintenir au pouvoir par tous les moyens, le régime d’Assad n’a sans doute plus les moyens de gagner le bras de fer avec ses opposants ; mais ceux-ci, avec leurs divisions et leurs conflits internes, n’ont pas encore fait la preuve de leur capacité à l’emporter, et encore moins à présenter une alternance crédible.

Avec ou sans la chute du régime, l’instabilité pourrait ainsi durer longtemps en Syrie. Certains parlent d’années, avec son cortège de victimes civiles – déjà plus de 15 000 morts – et de populations déplacées – des centaines de milliers de réfugiés dans les pays voisins et déplacés à l’intérieur du pays.

Complexité syrienne

Le régime syrien ne se résume pas au pouvoir d’un homme, d’un clan, ou même d’une caste. Il est le produit d’une longue histoire qui plonge ses racines dans la composition confessionnelle de la Syrie, l’histoire coloniale et en particulier française, et la revanche sociale d’un groupe qui a atteint le sommet en utilisant le canal de l’armée.

Les Alaouites, la communauté dont est issue Bachar el-Assad et qui constitue le cœur du pouvoir syrien, ont longtemps été les mal-aimés de la Syrie. Ne serait-ce que pour des raisons religieuses : issus du chiisme au sein de l’islam, ils étaient considérés aussi bien par les chiites que par les sunnites comme des hérétiques, jusqu’à d’opportunes cautions religieuses très politiques, provenant d’abord du grand mufti de Jérusalem Mohamed Amin al-Husseini, puis de l’imam irano-libanais Moussa Sadr avant sa disparition en Libye en 1978.

Le pouvoir syrien ne s’est évidemment jamais assumé comme alaouite. Il s’est confondu avec le parti pan-arabe Baas, né en 1947 et déconnecté de toute considération religieuse au point d’avoir été loué comme un modèle de laïcité pour le monde arabo-musulman.

Pouvoir alaouite

Mais la réalité en Syrie est la concentration du pouvoir, en particulier militaire et sécuritaire, et de plus en plus économique, autour de la communauté alaouite, même si celle-ci ne constitue que 11 à 12% de la population totale, tandis que les musulmans sunnites en représentent la majorité, au côté des autres groupes minoritaires (chiites, chrétiens, kurdes...).

Vous savez que le climat est à la guerre civile lorsque les citoyens cessent de se référer à leur identité nationale – en l’occurrence syrienne – pour en revenir à leur identité communautaire : alaouite, sunnite ou chrétienne. Ce fut le cas en Yougoslavie avant le début de l’éclatement et de la guerre de 1991 ; c’est aujourd’hui le cas en Syrie, comme le racontent, par exemple, Florence Aubenas à Alep ce lundi, et le New York Times dimanche.

De ce fait, il ne suffit pas de faire sauter un homme ou un clan comme en Tunisie ou en Egypte. Les Alaouites, dans leur grande majorité (il y a de rares exceptions, comme l’écrivaine Samar Yazbek, exilée à Paris), sont aujourd’hui convaincus que s’ils perdent le pouvoir, il y aura des représailles, et qu’ils subiront, en tant que communauté, la vengeance des autres après des décennies d’exactions et de pouvoir despotique. Les autres minorités – Kurdes, chiites, et surtout chrétiens – partagent peu ou prou ce sentiment, comme l’avait inopportunément exprimé la hiérarchie catholique d’Alep aux premiers temps du soulèvement populaire.

Un mini Etat-alouite ?

Autre signe qui ne trompe pas : le retour progressif de nombreux Alaouites vers leur région d’origine, au port de Tartous (qui abrite une base russe) et dans les montagnes, là où certains fantasment déjà sur la création d’un mini-Etat alaouite comme les Français, dans leur stratégie de diviser-pour-mieux-régner, l’avaient fait au début de leur mandat, dans les années 20. Ils durent y renoncer en 1936 sous pression de la bourgeoisie sunnite des villes, non sans qu’une pétition de protestation de dignitaires alaouites ne soit envoyée à Léon Blum, alors président du Conseil, notamment signée par... le grand-père de Bachar el-Assad.

Dans une « lettre de Tartous », le site Foreign Policy parle de plusieurs milliers de familles alaouites réinstallées dans cette région en fuyant les zones d’affrontements de Homs et d’ailleurs. Et en Israël, on se prépare officiellement au cas de figure improbable d’un afflux de réfugiés alaouites en cas de chute du régime Assad. Ce contexte laisse à penser que le régime se battra jusqu’au bout, plutôt que le scénario « soft » d’un départ de Bachar el-Assad et de sa famille à l’étranger, ou d’un coup de force interne au régime dans l’espoir de sauver l’édifice en sacrifiant la tête, comme dans le précédent égyptien.

Une dimension stratégique

Lorsque Ben Ali s’est enfui de Tunis, le 14 janvier 2011, les experts de la région se sont empressés de dire qu’un tel scénario était impossible en Egypte, trop gros morceau par rapport à la modeste Tunisie. Un mois plus tard, Moubarak tombait à son tour. L’effet domino s’est arrêté là dans la vague révolutionnaire. En Libye, il a fallu l’intervention de l’Otan pour aider les insurgés de Benghazi à faire tomber le pouvoir de Kadhafi après quatre décennies ; à Bahrein, à l’opposé, la coalition d’intérêts régionaux a écrasé la contestation.

Quid de la Syrie ? On ne peut pas évoquer la seule dimension intérieure et sa complexité pour analyser l’avenir du soulèvement populaire.

Jeux d’alliances

La Syrie fait partie d’un tissu complexe d’alliances à l’échelle régionale et internationale qui en fait un enjeu de choix :

·         au Moyen-Orient, la Syrie est l’alliée de l’Iran et du Hezbollah libanais ; elle joue un rôle-clé dans la vie de son voisin libanais, pour son plus grand malheur, et dans l’éternel conflit israélo-arabe, en raison de l’occupation du plateau du Golan par l’Etat hébreu depuis 1967 ;

·         au niveau international, elle bénéficie toujours de la protection bienveillante de la Chine et surtout de la Russie, deux membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU qui ont mis leur veto la semaine dernière à une résolution inspirée par les Occidentaux.

Pour autant, ceux qui tentent de décrire le conflit actuel comme un affrontement entre l’« impérialisme » occidental et un front « anti-impérialiste » recomposé sont dans l’illusion ou la fiction :

·         le pouvoir d’Assad cherche d’abord à perpétuer son contrôle dictatorial du pays ;

·         les Russes sont dans l’affirmation de leur puissance renaissante ;

·         les puissances du Golfe qui soutiennent l’opposition, mènent, par Syriens interposés, leur éternel conflit avec l’Iran chiite ;

·         la Turquie s’affirme comme nouvelle puissance régionale dans l’ancien empire ottoman.

Les Occidentaux, pour leur part, sont totalement engagés dans ce jeu complexe. Ils se sont impliqués à reculons dans le conflit syrien, en raison justement de la situation stratégique différente de ce pays. Sans oublier, tout de même, que tout infréquentable qu’il soit, le régime baassiste a collaboré avec la CIA pour accueillir les prisonniers jihadistes ou supposés tels (exemple : le Canadien d’origine syrienne Maher Arar) soumis à la torture dans le programme de « rendition » de l’administration Bush, et que Bachar el-Assad trônait sur les Champs-Elysées pas plus tard qu’en 2008.

Etre du « bon côté » ?

Aujourd’hui, ils ont choisi d’appuyer politiquement, et sans doute en sous-main militairement, l’opposition syrienne, malgré ses divisions et ses contradictions, dans l’espoir de se trouver du « bon côté » du manche à l’heure du bilan. Le paradoxe est que les pays occidentaux se sont trouvés en porte-à-faux en Tunisie et en Egypte, et que lorsqu’ils ont pris l’initiative comme en Libye, ils n’en ont guère récolté les bénéfices.

En Syrie, ils avancent à pas mesurés : pas question, par exemple, de rejouer l’aventure militaire avec BHL, malgré les exhortations de ce dernier restées lettre morte. En revanche, les Occidentaux font le pari de peser sur l’issue désormais jugée inéluctable de ce conflit qui verra la chute d’Assad, afin de contenir l’influence trop grande des islamistes et notamment des jihadistes, tout en sortant la Syrie de l’orbite russe et iranienne. Ce pari est évidemment hasardeux car, comme le montrent les autres révolutions arabes, nul ne peut en garantir l’issue ni même les rapports de force politiques à l’issue de quatre décennies de glaciation.

L’appel, ce week-end, de Laurent Fabius, à la transformation de l’opposition en un gouvernement provisoire susceptible de remplacer le gouvernement syrien en cas de chute du régime, relève pour l’heure de l’incantation, tant cette opposition est divisée, même si, sur le terrain, c’est l’armée syrienne libre qui a la seule légitimité qui compte, celle des armes.

Il y a quelques jours, la réunion au Caire de la principale composante de l’opposition s’est terminée en pugilat lorsque les représentants kurdes ont réclamé la reconnaissance de leurs droits...

Quoi qu’il en soit, c’est toute l’équation du Moyen-Orient qui sera bouleversée quand (et pas si) Bachar el-Assad tombera. La région entrera dans un monde imprévisible, où tous les repères en place depuis des décennies seront à revoir. Mais avant que ce « big bang » moyen-oriental ne se produise, Assad ne se rendra pas sans un combat au finish, entraînant son cortège de souffrances et de destructions. Et l’inévitable radicalisation qui va avec.

 

Cet article est le 30ème paru sur ce blog dans la catégorie Proche Moyen Orient.

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28 septembre 2011 3 28 /09 /septembre /2011 22:27

Les peuples palestinien et israélien aspirent à la paix

 

La politique israélienne ne permettant pas aux négociations avec les palestiniens d’aboutir, il est légitime que la demande de création d’un Etat palestinien soit présentée dans le cadre de l’ONU. Cela contribuera à relancer les négociations et cela va dans le sens de la volonté des deux peuples, palestinien et israélien, qui aspirent à vivre dans la dignité et la liberté.

 

Voici les prises de position d’élus du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC).

Jean-Pierre Chevènement (sénateur du Territoire de Belfort, 19 septembre) : La France doit dire oui à la création d’un Etat palestinien souverain

On ne peut se réfugier sans hypocrisie derrière l’exigence d’une négociation entre Israël et l’Autorité palestinienne pour s’opposer à la demande de celle-ci de voir reconnue par l’ONU un Etat palestinien souverain. C’est faire comme si la poursuite de la colonisation de la Cisjordanie par Israël n’avait pas empêché jusqu’ici toute négociation sérieuse.

Le changement de cap du Président Obama, signe de son affaiblissement intérieur, ne saurait être un argument valable pour amener la France à renoncer à la position qui a été celle de tous les Présidents de la République jusqu’à Nicolas Sarkozy : la reconnaissance d’un Etat palestinien à côté d’Israël avec, bien évidement les garanties de sécurité que cela implique.
La France compromettrait son influence dans le monde arabe mais aussi dans le reste du monde en adoptant le « deux poids deux mesures ». Il ne peut y avoir d’exception au droit de chaque peuple à disposer de lui-même.

 

Christian Hutin (député du Nord, 20 septembre) :

 

Aujourd’hui, le statu quo n’est plus possible au Proche-Orient. La situation actuelle entre Israël et la Palestine est lourde de menaces. L’Autorité palestinienne a l’intention de demander aux Nations unies, réunies à partir du 13 septembre 2011 en 66ème assemblée générale, son admission comme Etat. La France va donc être appelée à se prononcer. Elle doit répondre positivement et sans ambiguïté à cette demande légitime. Il faut reconnaître un Etat palestinien viable et souverain aux côtés de l’Etat d’Israël dont le droit à l’existence et à la sécurité doit être pleinement reconnu et garanti.

Il est temps que la Palestine se constitue en Etat, au nom du droit à l’autodétermination des peuples. En s’appuyant notamment sur les résolutions 181 (1947), 242 (1967) et 338 (1973). En réalité depuis l’assassinat d’Itzak Rabin le 4 novembre 1995, par un extrémiste israëlien , le processus dit « de paix » ne fonctionne plus. La colonisation des terres palestiniennes par Israël, la perpétuation d’un terrorisme palestinien, ont empêché la confiance nécessaire à son application.
 
Il est donc temps de mettre fin à l’incertitude et au déni de droit. La reconnaissance d’un Etat palestinien est de nature à provoquer un réajustement diplomatique  et politique salutaire. Il ne faut pas désespérer le peuple palestinien du droit et de la communauté internationale. Cette reconnaissance n’a bien sûr de sens que si elle conforte le droit et la paix. Le peuple palestinien a droit à son Etat, un Etat inscrit dans les limites antérieures au conflit de 1967. Israël a droit à une reconnaissance entière et à sa sécurité.

Les modalités des ajustements que supposent la mise en œuvre de cette reconnaissance croisée, portant sur les échanges éventuels de territoires et de populations ainsi que sur le statut de Jérusalem, ne peuvent être le fruit que d’une négociation postérieure entre les deux Etats. La reconnaissance de la Palestine comme Etat souverain membre des Nations unies est la meilleure réponse qui peut être apportée au mouvement pour la démocratie apparu dans le monde arabe et en Israël ces derniers mois.

  

MRC national 005 TClaude Nicolet (conseiller régional Nord-Pas-de-Calais) : Avec l'arrêt du processus de paix, le statu quo n'est plus possible (La Voix du Nord, 24 septembre, Olivier Berger). Claude Nicolet, adjoint MRC aux relations internationales à Dunkerque et historien de formation, est président du Réseau de coopération décentralisée pour la Palestine depuis 2004. Fort d'une dizaine de visites à Gaza City (jumelée avec Dunkerque depuis 1996 à l'initiative de Michel Delebarre), il déchiffre le bras de fer palestinien entrepris à l'ONU...

 

-Comment analysez-vous le discours d'hier de Mahmoud Abbas ?

 « Son discours a été classique mais efficace, ne manquant pas d'émotion ni d'ironie quand il félicite le Sud-Soudan d'être devenu le 193e membre de l'ONU la semaine dernière. Il a été grave en dénonçant la colonisation et l'attitude du gouvernement israélien. Il n'avait pas de raison de se retenir. Il sait le veto américain et son discours était également destiné à tous les Palestiniens. Il fallait montrer une stature et il n'a pas reculé devant les pressions internationales. Il n'a pas cédé mais il n'avait pas le choix. Il a mis la communauté internationale face à elle-même et gagné une espèce de stature morale. »

  

- Pourquoi a-t-il soudain décidé de faire une demande d'adhésion à l'ONU ?

« Avec l'arrêt du processus de paix, le statu quo n'est plus possible au Proche-Orient. Mahmoud Abbas est politiquement coincé, d'une part à cause d'un gouvernement israélien qui s'est radicalisé sur la question des colonies, et d'autre part, parce qu'il est dans une impasse au niveau de sa politique intérieure malgré l'accord entre le Hamas et le Fatah. Il essaye de tracer une ligne politique, de reprendre la main. Il a perdu beaucoup de crédibilité, y compris devant les Palestiniens. »

  

- Que peut gagner la Palestine avec ce défi ?

« Cette bataille diplomatique acharnée pour dissuader les Palestiniens démontre qu'il y a quelques petits enjeux derrière tout cela. Passer d'un statut de territoire occupé à un État occupé n'aurait rien d'anodin. Si la Palestine ne peut adhérer mais devient observateur non membre (comme le préconise la France), elle ne pourra pas voter mais aura accès à tous les droits, les textes, les traités, les organismes comme l'UNICEF... Par exemple, elle se bat pour le classement de la vieille ville d'Hébron au patrimoine mondial de l'UNESCO. Aujourd'hui, c'est impossible car son État n'existe pas. Or Hébron est un lieu de crispation très fort avec une petite colonie juive qui cristallise le conflit. Il y a de vrais enjeux. Si l'entité Autorité palestinienne devient un vrai État avec un gouvernement, des ministres, la considération ne sera plus la même. Le domaine symbolique, ça compte en politique. »

  

- Pourquoi la France ne pousse-t-elle pas à l'adhésion ?

« La France est coincée par la position européenne qui fabrique de l'impuissance. L'Allemagne, de par son histoire, soutient Israël... »

 

- Comment sortir de cette crise diplomatique ?

« La procédure d'adhésion peut durer des semaines. Je crois à la puissance des idées, aux peuples acteurs de l'histoire. Les opinions publiques, épuisées des deux côtés, doivent rentrer dans le jeu. À long terme, il n'y a qu'une seule perspective puisque personne ne veut d'un État binational : deux États souverains vivant en paix avec des garanties de sécurité pour l'un et pour l'autre, basées sur le droit international. Géographiquement, il faut revenir aux frontières antérieures à la guerre de 1967. Il est presque déjà trop tard avec les colonies. La Palestine est un peu une peau de léopard parcellisée. Il y aura des ajustements à négocier entre eux, des échanges de territoires à effectuer. Pour l'instant, il n'y a plus aucune confiance entre les gouvernements israélien et palestinien. Mais les deux peuples aspirent à vivre tranquillement, dans la dignité et libres. »

 

Cet article est le 29ème paru sur ce blog dans la catégorie Proche Moyen Orient.

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6 juin 2010 7 06 /06 /juin /2010 22:11

 

Des deux côtés, l’extrémisme religieux est aux manettes

 

L’agression militaire israélienne d’une flottille naviguant dans les eaux internationales - avec la volonté de faire cesser le blocus de Gaza - est un acte grave, engagé au nom de la liberté d’Israël de se protéger, mais qui est, peut-être, lié à la nature de plus en plus théocratique du régime juif.

 

Voici le texte que m’a fait parvenir Jean-Luc Bansard, au nom du bureau de l’association France Palestine Solidarité 53, le 31 mai. Palestine-10-10-09-002.jpg

 

Jean-Luc Bansard, le 10 octobre 2009, avec Julien Salingre

(voir L'histoire de la Palestine le 10 octobre à Laval avec Julien Salingre - 7 novembre 2009)

 

La barbarie n’a pas de limite. Nous avons appris avec consternation que l’armée israélienne d’occupation a attaqué ce matin à 4h la flottille de la liberté dans les eaux internationales.    

 

Cette flottille totalement pacifique et sans armes de 6 bateaux et plus de 500 militants pour la paix dont des députés européens, tentait d’apporter une importante aide humanitaire aux habitants Palestiniens de Gaza sous blocus israélien depuis plusieurs années avec refus de laisser reconstruire les maisons et bâtiments qu’ils avaient détruits lors du massacre de décembre 2008/janvier 2009.

Les dernières informations dont nous disposons venant des militants à bord parlent de  plusieurs morts et plusieurs blessés. Des sources de presse israéliennes parlent de 10 à 16 morts et plusieurs blessés. Nos pensées vont tout d’abord vers les familles de militants assassinés. Nous rappelons au gouvernement français sa responsabilité non seulement envers ses propres citoyens mais aussi envers celle de tous les militants de la liberté. Sa responsabilité morale est engagée pour avoir été inactif et inconséquent face au blocus de Gaza qualifié de crime de guerre par la commission du juge Goldstone notamment.

 

L’ASSOCIATION FRANCE PALESTIENE SOLIDARITÉ de la Mayenne condamne ces nouveaux crimes et appelle les citoyens mayennais à intervenir par tous les moyens auprès de tous les élus de la Mayenne pour qu’ils fassent part auprès du Gouvernement français de notre indignation et de notre écoeurement vis à vis des violences répétées de l’Etat d’Israël que les Etats dits « démocratiques » laissent faire lamentablement.

Nous appelons à un recueillement vis à vis des militants pacifiques tués. Nous exigeons que la France et l’Europe condamnent par des sanctions politiques et économiques Israël à la lever du blocus de Gaza,

Nous rappelons que le premier acte pour une Paix juste et durable au Proche Orient consiste à mettre fin à l’occupation et à la colonisation de la Palestine et aux retours aux frontières de 1967.

 

Voici un extrait de la publication ce 6 juin sur Internet La Lettre du Lundi qui considère que « Pire qu’un crime, c’est une faute ».

 

Crime assurément. Neuf morts dans un assaut qui viole nombre de règles du droit international, perpétré contre des bateaux non armés, dans une débauche de violence qui s’apparente à une action terroriste. Faute politique évidemment. Une fois de plus, en se comportant comme un « État-voyou », Israël fait la quasi-unanimité contre lui au sein de la communauté internationale. Il voit également s’éloigner un allié de poids, la Turquie, et attise un peu plus (s’il en était besoin !) la haine du monde arabe à son encontre. Pourquoi ? Quel calcul politique derrière cette décision ? Quelle explication rationnelle peut expliquer un tel comportement ?

Des raisons rationnelles ?

Si explication rationnelle il y a, il faut peut-être la chercher du côté de la politique intérieure israélienne. Au sein de son gouvernement et vis-à-vis de l’opinion publique israélienne, le Premier ministre, Benyamin Netanyahou, envoie constamment des signaux de « fermeté » à l’égard des Palestiniens en général et du Hamas, qui détient la bande de Gaza, en particulier. Il doit donner des gages à ses alliés d’extrême-droite des partis Shass ou Israël Beytenou qui ont fait de la haine anti-arabe leur fonds de commerce électoral. Cette explication est-elle suffisante ? Sans doute pas si l’on considère qu’à de très rares exceptions près, quel que soit le Premier ministre ou la formation au pouvoir, ce type de comportement du gouvernement israélien est devenu monnaie courante. En effet, dès que la situation entre Palestiniens et Israéliens fait mine de s’améliorer, dès que l’espoir d’une esquisse de dialogue semble voir le jour, un « incident » – le plus souvent d’origine israélienne – remet tout en cause et accroît un peu plus les tensions entre les deux communautés. On observe ainsi non seulement l’incapacité de sortir, mais surtout la volonté de rester dans un cycle perpétuel de violence, de haine, de dissensions, de ressentiments.

À ce niveau, il ne s’agit plus d’un calcul politique : tout « bon » politique essaierait, selon les circonstances, de temporiser, de prendre l’initiative, de diviser le camp adverse, voire de rallier certains « ennemis » à sa cause. Israël fait exactement le contraire : sa violence, ses excès et ses crimes, son refus de toute négociation sérieuse, ont pour conséquence et pour objectif de « radicaliser » les Palestiniens, de rendre chaque jour un peu plus impossible la mise en place d’un accord politique durable et mutuellement accepté. Si ce n’est par calcul politique « intelligent », la raison d’une telle attitude est alors vraisemblablement plus profonde, plus « culturelle ».
Des raisons « culturelles » ?

Faut-il aller les chercher du côté de la notion de « peuple élu » ? Compte tenu de l’influence grandissante des mouvements religieux traditionalistes en Israël, des phrases du Deutéronome comme « L’Éternel, ton Dieu, marchera lui-même devant toi, il détruira ces nations devant toi, et tu t’en rendras maître. Josué marchera aussi devant toi, comme l’Éternel l’a dit » sont désormais prises au pied de la lettre. Ordonnés par Dieu, l’occupation des terres palestiniennes, la soumission ou le massacre de ses habitants, deviennent parfaitement « légitimes » aux yeux d’une part croissante de la population israélienne.

On ne se soumet plus au droit des hommes, puisque l’on n’a plus de comptes à rendre qu’à Dieu. « Si obsédés par leur dieu qu’ils ont négligé l’humain » : cette phrase que Marguerite Yourcenar prête à Hadrien dans ses Mémoires reflète parfaitement le « pêché originel » d’Israël. Quand un État est fondé par et pour un groupe religieux et est donc, par essence, théocratique, la raison et l’humanité disparaissent pour laisser la place au dogmatisme et à l’intolérance (…).

 

Lu dans la presse

Flottille : Israël rejette une enquête internationale (Le Monde, 6 juin) - L'ambassadeur israélien aux Etats-Unis a affirmé que son pays refusait une enquête internationale sur l'intervention de Tsahal contre la "Flottille de la liberté".

L'assaut d'Israël contre la flottille humanitaire 'injustifiable"  (Le Monde, 6 juin, courriels de lecteurs).

Israël : la déchirure aussi parmi les Mariannautes (Philippe Cohen, Marianne2, 6 juin)

 

            Conflit israélo-palestinien : il n'y a pas que deux parties (Elie Arié, Marianne2, 6 juin)

Elie Arié revient sur le conflit israélo-palestinien, qui s'est envenimé depuis l'assaut meurtrier de l'armée israélienne contre la flottille de militants pro-palestiniens. Dans cette tribune, il laisse entrevoir des possibilités pour l'avenir, tout en gardant à l'esprit que la paix n'arrangerait pas tout le monde.

 

Sur le blog de Patrick Le Hyaric, député au Parlement européen, le 6 juin : Je condamne avec force les violences exercées contre mon amie Hanine Zoubi, députée arabe à la Knesset, et la volonté du pouvoir Israélien aujourd'hui de lui retirer son immunité parlementaire et sa nationalité, au prétexte qu'elle a été le témoin direct des massacres commis à bord de la flottille "Gaza libre " [...]. Lire la suite

 

Le précédent article sur ce blog concernant la Palestine est daté du 3 janvier 2010 (voir Marche pour Gaza : un an après, marcheurs au Caire, soutien à Laval).

 

Cet article est le 28ème paru sur ce blog dans la catégorie Proche Moyen Orient.

 

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