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Présentation

  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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11 novembre 2007 7 11 /11 /novembre /2007 22:46

De meilleures conditions de réussite dans le privé 

 

Depuis quelques mois, l’équipe de « ReSPUBLICA « a donné naissance par scissiparité à « Riposte laïque », qui publie un journal en ligne sur des thèmes spécifiquement laïques (Riposte Laïque). La rédaction est animée par Pierre Cassen. L’une des rédactrices est Christine Tasin, que l’on retrouve par ailleurs sur son blog http://christinetasin.over-blog.fr.

 

Enseignante dans un collège de Saintes (Charente-Maritime), passionnée par son métier, participant à toutes les innovations pédagogiques depuis plus de 25 ans, Christine ne partage pas les points de vue optimistes développés dans la presse sur le système scolaire français (voir dans Ouest-France, 13 septembre 2007, l’entretien de Bernard Le Solleu avec Eric Maurin, auteur de « La nouvelle question scolaire. Les bénéfices de la démocratisation »).

Elle a découpé son texte en trois parties, réparties entre les numéros 12, 13 et 14 de « Riposte laïque ».

Voici la première partie, qui porte sur le thème de la laïcité et de la façon dont elle est appliquée dans les écoles, publiques et privées.

« Ecole française : deux poids, deux mesures »

D’un côté des professeurs payés par l’Etat, des locaux et des dépenses de fonctionnement pris en charge par les collectivités locales, des élèves qui dépendent d’un établissement et y ont droit, motivés ou pas, travailleurs ou pas ; des effectifs surchargés ; l’interdiction/impossibilité de faire des classes à profil ; l’obligation de faire des économies de chauffage pour pouvoir faire des photocopies ou financer une sortie scolaire ; des heures de soutien ou d’étude surveillée vécus comme des contraintes insupportables par de nombreux collégiens, qui cherchent à les éviter quand ils ne les sabordent pas en chahutant ; la difficulté, voire l’impossibilité de gérer les éléments violents, indisciplinés et/ou en refus d’école.

C’est l’école publique. On y trouve, de fait, de moins en moins de mixité sociale ; politique de la ville, ghettos sociaux, techniques dérogatoires et existence du privé obligent.

- De l’autre, des professeurs payés par l’Etat, des locaux et des dépenses de fonctionnement pris en charge par les collectivités locales, des élèves triés sur le volet, un peu plus motivés que la moyenne, puisque leurs parents font la démarche de chercher une école et sont prêts à payer une certaine somme, fût-elle modique, pour cela ; des classes souvent peu chargées, les moyens financiers et la liberté pédagogique pour créer des classes à profil, à projets, de remédiation ; des élèves qui acceptent ou demandent les heures de soutien, d’étude surveillée ; des élèves motivés pour réussir, donc pour travailler ; le droit de se débarrasser des élèves indisciplinés ou de ceux qui refusent de travailler …

C’est l’enseignement privé, catholique, juif ou laïque en France. Même si l’on peut nuancer les propos ci-dessus en disant que le privé accueille/recueille certains élèves en perdition dans le public, il n’empêche que, globalement, les conditions de réussite des élèves sont meilleures que dans le public, avec la bénédiction des pouvoirs publics et l’argent des contribuables. Elle est belle, l’égalité républicaine !

On peut donc comprendre, dans ces conditions, les efforts de la communauté musulmane pour obtenir un contrat d’association avec l’Etat afin de bénéficier des avantages de l’enseignement privé. Certes, la loi de 2004 interdisant le port de signes religieux à l’école n’a pas amené la multiplication annoncée des écoles musulmanes : quatre actuellement sur le territoire français, qui obtiendront sans doute, un jour ou l’autre, leur contrat d’association, à la Réunion, Lille, Décines et Aubervilliers (plus deux autres en pourparlers à Vitry sur Seine et à Marseille). Certes, la prière et l’enseignement religieux y sont en théorie facultatifs ; certes on affirme y respecter les programmes officiels (même Voltaire ?) … Hélas, ces écoles bafouent allègrement l’égalité républicaine : élèves, surveillants et professeurs du sexe féminin affublées d’un foulard dans le meilleur des cas, d’un tchador noir enveloppant trop souvent ; cantine séparée, cours de sport non mixtes …

Est-ce un hasard si c’est l’UOIF (Union des Organisations Islamiques de France), proche des Frères Musulmans, qui militent contre l’interdiction du voile à l’école publique, qui se bat pour la création d’établissements privés musulmans ? Il y a même une sorte de chantage, "si vous acceptez voile, viande halal et non mixité à l’école publique, nous ne créerons pas d’établissement musulman"… D’autres musulmans, au contraire, craignent que ces établissements ne créent "un ghetto dans le ghetto", sans parler du poids financier que représente la création d’une école de ce type, avant qu’elle ne soit sous contrat …

Effectivement, l’on peut craindre que ces écoles ne soient un premier (deuxième, après la maison ?) lieu d’enfermement des filles, obligées de se conformer à un code vestimentaire et à des pratiques sociales discriminants. Qu’ils puissent exister est déjà une aberration, que l’on puisse envisager, sereinement, de les financer avec l’argent du contribuable est une hérésie. Comme est une hérésie le financement des autres écoles confessionnelles. Il est scandaleux que chacun paye pour ce qui est un choix individuel. Il est scandaleux que l’on permette - et favorise - le repli communautariste dès l’école. Il est, tout bonnement, scandaleux que l’on applaudisse des deux mains l’individualisme forcené qui aboutit à l’éclatement de la société.

Ils sont en train de nous fabriquer des enfants qui ne connaîtront que la loi non écrite, celle du groupe, celle de la famille, celle de la religion ; aux dépens, forcément, de la loi républicaine, choisie et votée par le plus grand nombre, pour le plus grand nombre.

Il y a donc urgence en la demeure, l’école publique ne doit plus être ce lieu où l’on apprend à vivre ensemble et rien d’autre (et ce n’est même pas toujours le cas, il semble qu’un enfant juif sur trois intègre le privé pour fuir les lazzis et les violences dont d’autres élèves l’abreuveraient dans le public).

 Elle doit redevenir le lieu où l’on apprend, tout simplement. Elle doit aussi redevenir ce lieu où chacun s’épanouit, apprend à devenir un citoyen et est protégé. Protégé des coutumes tribales, religieuses ou familiales, protégé des haines d’adultes, protégé des ignorances et de l’obscurantisme. C’est, pour lui, la seule façon d’être libre, libre de découvrir, libre de choisir, à l’âge adulte, sa religion, ses valeurs, sa vie. De cette façon, on n’aurait plus besoin de fuir dans l’enseignement privé et le financement public des écoles privées, aux dépens de l’école républicaine, ne serait plus justifié.

En effet, derrière la volonté affichée – et louable- de certains établissements de proposer aux élèves à la dérive dans certaines communes des "établissements de la réussite", on retrouve l’idée que l’école publique n’est pas (plus, hélas !) capable d’imposer travail, discipline et réussite ni de favoriser l’émergence des élites comme le souhaitait Jules Ferry. C’est grave. Les causes en sont multiples, c’est ce que nous tenterons d’analyser dans la seconde partie de cet article.

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4 septembre 2007 2 04 /09 /septembre /2007 17:47

 

La qualité exige volonté, clarté et cohérence

 Le président de la République voudrait apparaître comme un nouveau Jules Ferry pour l’école alors qu’il s’est engagé à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Il affirme mettre en avant la qualité de l’enseignement et la revalorisation du métier d’enseignant tout en réduisant les moyens mis à la disposition du monde éducatif.

 

   Ce jour même, on peut lire sur www.lemonde.fr qu’une lettre va être adressée par le président à chaque enseignant pour un coût de 500 000 euros.

 « M. Sarkozy adresse une lettre-manifeste aux enseignants » 

"Ce n'est pas une "lettre", comme l'avait annoncé François Fillon, que Nicolas Sarkozy va adresser aux enseignants. C'est un manifeste de 32 pages que le chef de l'Etat leur consacre, sous le titre "Lettre aux éducateurs". La présentation est sobre, le style élégant, le propos humaniste. Non sans lyrisme, M. Sarkozy demande "une nouvelle Renaissance, qui n'adviendra que grâce à l'éducation".

Rédigé par le conseiller spécial de M. Sarkozy, Henri Guaino, et présenté au ministre de l'éducation, Xavier Darcos, qui a "fait quelques remarques" et y a trouvé "quelque chose de très républicain et de très fondateur…", ce texte devait être lu devant un public d'enseignants à Blois (Loir-et-Cher), mardi 4 septembre. Il sera adressé à quelque 850 000 enseignants, nommément et à domicile, pour un coût qui devrait avoisiner 500 000 euros.

 C'est la première fois qu'un président de la République s'adresse ainsi directement aux enseignants. L'Elysée dit s'inspirer de la circulaire adressée aux instituteurs par Jules Ferry en 1883. Le début de ce texte a été cité dans presque tous les discours de campagne du candidat Sarkozy : "Monsieur l'instituteur…", commençait-il, avant d'ajouter avec emphase : "Monsieur… Déjà on sent que l'on est dans une civilisation."

 La tonalité de la "Lettre aux éducateurs" est pourtant différente. Les accents de tribune, stigmatisant l'adversaire et l'héritage de Mai 68, ont cédé la place à un discours ciselé pour séduire les enseignants. On y retrouve les thèmes chers au candidat : autorité, respect, transmission du savoir et des valeurs, condamnation du relativisme culturel" (...).  

Chacun doit replacer cette initiative dans la problématique d’ensemble de cette rentrée scolaire, comme l’a fait Michel Vignal, secrétaire national MRC à l’éducation, il y a quelques jours, dans le communiqué de presse, que j’ai extrait du blog de Xavier Dumoulin (voir http://sr07.unblog.fr -1er septembre).

 

    Communiqué de Michel Vignal (MRC)

 « Nicolas Sarkozy et le gouvernement Fillon accentuent les méfaits de la politique aveugle et régressive qui sévit depuis plusieurs années vis-à-vis de l’école publique. Après les importantes suppressions de postes répétées des budgets précédents, ce sont 11.200 postes qui disparaîtront en 2008. Cette coupe de grande ampleur compromettra la relève des graves défis que doit affronter l’Ecole.

 Alors qu’un nouveau rapport, après bien d’autres sur le système éducatif, souligne les graves insuffisances des résultats de trop nombreux élèves à l’école primaire, situation qui contribue aux difficultés et échecs au collège et au lycée, le gouvernement renonce au redressement nécessaire et aux nécessaires mesures de réorientation que Jean-Pierre Chevènement et le M.R.C. proposent avec constance depuis plusieurs années.

 Le Mouvement Républicain et Citoyen a depuis longtemps analysé les ratés, en particulier le manque d’exigences et de qualité, d’un système victime de réformes successives marquées par la facilité, la démagogie, et finalement l’abandon de l’impératif du savoir pour le plus grand nombre d’élèves.

La démocratisation nécessaire exige tout à la fois de mettre l’accent sur l’effort, le travail et la considération du savoir, et aussi sur des moyens budgétaires convenables. Ce n’est pas en taillant dans les postes d’enseignants pour des raisons étroitement comptables et par clientélisme fiscal qu’on permettra le soutien scolaire individuel ou collectif, ni que l’on garantira l’exigence de l’enseignement. Celle-ci dépend de la pertinence des programmes, de la valorisation de la mission des maîtres, mais aussi d’horaires suffisants pour les principaux champs du savoir.

  La solution aux difficultés et aux défis de l’école publique n’est donc certes pas dans une nouvelle réduction du nombre d’heures enseignées, comme l’envisage le ministre Darcos, poussé par le président Sarkozy qui veut réduire le nombre de fonctionnaires, mais au contraire dans la sauvegarde de ces horaires et leur relèvement chaque fois que nécessaire.

 La République, pour rétablir une juste confiance dans son Ecole, doit garantir et conforter partout et pour tous sa qualité. Cela exige que l’on conjugue volonté politique, clarté des orientations et cohérence budgétaire ».

Voir sur ce blog (catégorie "l'école") les orientations pour l'Ecole et la carte scolaire, sous la signature de Michel Vignal, professeur agrégé, secrétaire national MRC. 

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27 janvier 2007 6 27 /01 /janvier /2007 17:01

 

Le nécessaire aménagement de la carte scolaire

 Cette semaine, entre le 23 et le 26 janvier, ont été mis en ligne les orientations pour l’école retenues par Michel Vignal, professeur en IUFM, au nom de la commission éducation du MRC. Celle-ci avait également débattu sur le problème de la carte scolaire, lors de sa réunion du 27 octobre 2006, à partir des contributions de Patrick Quinqueton (à voir sur ce blog, 29 septembre 2006) et d’Eric Ferrand.

Je pense que cette réflexion sur la question de la carte scolaire est très intéressante, car ouverte non seulement sur la question scolaire mais aussi sur d’autres politiques : urbanisme, logement, emploi. Voici ce texte de Michel Vignal, en complément des quatre précédents sur l’école.

 LA CARTE SCOLAIRE

 L’avant campagne présidentielle s’est emparée de la question de la carte scolaire. Nicolas SARKOZY a tout bonnement proposé sa suppression pure et simple. Ségolène ROYAL a évoqué son aménagement ou son assouplissement. Les débats qui s’organisent autour de ces prises de position mêlent souvent la pure tactique, le double langage et la mauvaise foi. Il est utile d’y voir clair, d’autant qu’à des éléments objectifs se mêlent préjugés et éléments irrationnels.

 La carte scolaire date de 1963 : elle a été mise en place en même temps que la création des collèges d’enseignement secondaire (les CES). Il s’agit de la fixation d’un périmètre à l’intérieur duquel toutes les familles qui résident doivent envoyer leurs enfants dans un établissement scolaire donné. Cette sectorisation des élèves s’applique aussi aux écoles primaires et aux lycées.

 Deux raisons qui font de la carte scolaire une question d’actualité.

 Si la question est aujourd’hui posée, c’est pour au moins deux raisons, l’une liée aux pratiques personnelles et familiales des couches moyennes supérieures, l’autre résultant d’une analyse lucide de la réalité.

 La première raison : les stratégies d’évitement de la carte scolaire.

 Il est clair que les couches moyennes supérieures (cadres supérieurs, professions libérales) ont engagé depuis longtemps la course au contournement de la carte scolaire.

Aujourd’hui, ces stratégies d’évitement concernent aussi une partie importante des couches moyennes dans leur globalité (des cadres supérieurs aux professions intermédiaires), mais également une fraction minoritaire mais croissante des couches populaires (surtout parmi les employés et ouvriers qualifiés).

 Trois stratégies sont pratiquées :

 - l’obtention de dérogations à la carte scolaire auprès des commissions spécialisées,

 - le choix d’établissements privés qui, eux, ne sont pas soumis à la carte scolaire,

 - le changement de domicile des familles en fonction de la géographie de la réputation scolaire.

  La prise de position contre la carte scolaire est donc pour ces familles une forme d’autojustification.

 Ces stratégies ont des facteurs variés selon le cycle d’enseignement.

 A l’école primaire, à la recherche de la proximité, s’ajoutent le choix de l’homogénéité sociale et linguistique (d’où aussi des considérations ethniques de la part de certaines familles), ainsi que la qualité supposée des enseignants.

 Au collège, ces mêmes facteurs sont complétés par la prise en compte de la sécurité, des options et des pratiques habituelles d’orientation à la fin de la troisième.

 Au lycée, parmi les facteurs précédents joueront particulièrement les filières et options, ainsi que les résultats au baccalauréat et la présence de classes post baccalauréat (B.T.S. et classes préparatoires).

 La seconde raison : dans sa forme actuelle, la carte scolaire a sans doute épuisé une partie de sa capacité de lutte contre les inégalités.

 En effet, la constitution de ghettos urbains conduit à concentrer dans certains établissements, les enfants des couches populaires, notamment issues de l’immigration, qui deviennent des établissements « déclassés ».

 Bien que la sectorisation soit souvent plus efficace dans les villes petites et moyennes, elle est impuissante dans les grandes agglomérations à endiguer la montée des inégalités sociales et culturelles.

 Les « zones d’éducation prioritaire » mises en place en 1982 visaient à tenir compte de cette réalité en affectant des moyens supplémentaires dans les établissements qui y sont situés.

 Mais force est de constater que, si certains établissements ont pu ainsi se redresser, ce n’est pas le cas partout. Et, en tout état de cause, les ZEP tenaient compte des inégalités entre établissements plus qu’elles ne les combattaient malgré plusieurs tentatives de réorientation. Même si cette ambition volontariste doit être maintenue, il faut bien constater que le bilan des Z.E.P. reste mitigé.

 La suppression pure et simple de la carte : une mesure d’inspiration « ultra-libérale ».

 Elle vise, au nom des limites de cette politique, à redonner bonne conscience à chacun et à laisser les parents, en fonction de leurs moyens et de leurs relations, trouver les « bons établissements » pour leurs enfants. Elle doit être combattue.

 Le nécessaire aménagement de la carte scolaire doit éviter deux écueils :                                                                            

 - renforcer la concurrence, déjà présente, entre établissements, concurrence qui accroît l’attitude consumériste des parents,

 - mettre en œuvre, sans le dire, des dispositifs de discrimination positive qui ruineraient tout autant le principe républicain d’égalité.

 Le M.R.C. propose d’agir dans quatre directions principales :

 - la politique de l’urbanisme et du logement en lien avec celle de l’emploi,

 - la qualité et l’attractivité des établissements scolaires,

 - le changement des règles du jeu de la carte scolaire,

 - la refondation de l’Ecole sur des bases républicaines.

 1- Les politiques de l’urbanisme, de logement et aussi de l’emploi sont déterminantes.

 L’Ecole ne peut pas tout, toute seule. Les graves difficultés de l’Ecole dans certains quartiers ou banlieue vont de pair avec la crise des banlieues et quartiers périphériques.

 Si l’on veut remédier aux difficultés liées à l’absence de mixité sociale et à la misère sociale et culturelle, il faut s’attaquer au déterminisme de quartier.

 La carte de la ségrégation scolaire recoupe largement celle de la ségrégation urbaine et de la division sociale de l’espace.

 Il faut supprimer les ghettos urbains, restructurer de nombreux quartiers en reconstituant la mixité des formes de logement afin de mêler les habitants de différentes origines sociales et ethniques dans tous les espaces urbains. Il faut aussi y renforcer les services publics, les commerces, les équipements sociaux et culturels et les activités économiques.

 Cette politique est, certes, difficile car elle demandera un grand volontarisme et d’importants moyens financiers. Et elle ne réussira que si ces quartiers restructurés sont pourvus en emplois suffisamment diversifiés et durables, suite à une nouvelle politique de croissance économique qu’engagerait notre pays.

 2- La qualité et l’attractivité des établissements scolaires doivent être rehaussées dans de nombreux quartiers par une série de mesures :

 Première mesure : une politique volontariste de création d’options et de filières d’excellence.

 Tout en maintenant et renforçant l’aide aux élèves en difficulté (soutien scolaire, études dirigées ou surveillées, ZEP et réseaux d’éducation prioritaire…), il faut une politique volontariste de création d’options et de filières d’excellence (qui sont majoritairement concentrées dans les « beaux quartiers ») dans les établissements des quartiers périphériques dégradés, ainsi que dans les communes banales des grandes agglomérations comme dans des villes de plus faible importance où cohabitent encore les couches moyennes et les couches populaires.

 Il s’agit d’utiliser l’outil de la carte des enseignements et des options pour ouvrir dans ces collèges et lycées des options de langues rares, des classes européennes, des classes à horaire aménagé et des classes préparatoires aux grandes écoles.

 Deuxième mesure : renforcer et soutenir les équipes enseignantes.

 Il est aussi nécessaire de renforcer et de soutenir les équipes enseignantes de ces établissements en leur attribuant des bonifications indiciaires, en formant davantage et mieux les jeunes professeurs, et en envisageant un système de double affectation pour des professeurs expérimentés, volontaires, d’établissements de centre-ville qui effectueraient une partie de leur service dans ces établissements.

 Troisième mesure : le soutien scolaire en dehors de l’horaire obligatoire.

Le soutien scolaire en dehors de l’horaire obligatoire doit, alors qu’explose un marché des cours particuliers organisés par de nombreuses officines privées, être mieux pris en charge par la puissance publique (Etat et collectivités territoriales) sous forme d’aide aux devoirs, d’études surveillées ou dirigées qui doivent être gratuites ou à tarifs très modestes.

 Quatrième mesure : le développement d’internats modernes.

 Le développement d’internats modernes, adaptés et fonctionnels pour les élèves de collèges et de lycées, est le moyen d’offrir des conditions d’accueil, d’hébergement et d’étude pour permettre à des élèves défavorisés ou difficiles, d’accomplir une scolarité encadrée et de qualité.

 Cinquième mesure : la promotion des élèves des quartiers en difficulté.

 La prise en compte des efforts et du mérite doit permettre à des élèves des quartiers en difficulté, d’avoir aussi accès aux filières d’excellence, en particulier après le baccalauréat. Cet accès aux filières sélectives de l’enseignement supérieur s’appuiera sur l’analyse  critique des démarches volontaires des établissements réputés, afin d’en tirer le meilleur, tout en évitant de mettre en place des mesures de discrimination positive.

 Son développement nécessite l’amélioration des possibilités d’accueil dans des internats modernes et dans des résidences universitaires.

 Mais, cette politique de mobilité scolaire ne saurait se substituer à une politique d’ouverture de voies d’excellence dans les quartiers difficiles ou banals, là où elles font défaut. Si la République veut recréer de la mixité sociale et la confiance dans l’Ecole publique, elle devra élever le niveau de qualité et d’excellence sur tout le territoire.

 3- Maintenir la carte scolaire tout en modifiant les règles de sa définition afin de limiter les stratégies d’évitement.

 L’enseignement privé ne peut plus rester à l’écart de la sectorisation.

 Le secteur privé n’est que partiellement privé puisque, avec les contrats d’association signés selon les dispositions de la loi Debré, il est très largement financé par l’Etat et constitue, de fait, un secteur parapublic qui bénéficie d’un avantage concurrentiel : la liberté de choisir ses personnels et ses élèves.

 Puisque l’Etat finance les établissements privés sous contrat qui, d’après la loi Debré, doivent correspondre à « un besoin scolaire reconnu », il pourrait en contrepartie les insérer dans la sectorisation, même si  cette sectorisation devrait être propre à l’enseignement privé afin de tenir compte du nombre plus restreint d’établissements concernés.

 Pour appliquer une telle mesure, il faudrait aller contre les intérêts de nombreuses familles des couches sociales les plus privilégiées, dont les enfants sont les plus utilisateurs de ce secteur privé.

 La carte scolaire doit être recomposée sur le plan géographique.

 Les  frontières des secteurs scolaires doivent être redessinées, là où c’est nécessaire, soit à l’échelon communal, soit à l’échelon intercommunal selon la composition sociale de l’espace et les types d’établissements.

 En découpant des secteurs géographiques plus larges et donc plus diversifiés socialement, on pourrait exiger que chaque établissement soit tenu de viser, lors de l’inscription des élèves, à respecter un éventail socioprofessionnel diversifié des familles des élèves se rapprochant de la structure socioprofessionnelle moyenne de ce territoire large.

 Ainsi, il serait plus difficile de trouver des collèges qui concentrent tous les élèves des familles en difficulté ou des populations les plus pauvres.

 Ce nouveau découpage devrait se faire en tenant compte de la politique des transports publics et du ramassage scolaire. Dans les villes, en particulier moyennes, un tel découpage devrait souvent rassembler des parties du centre-ville avec des quartiers périphériques.

 De telles cartes ont déjà été réalisées, avec un certain succès, dans plusieurs villes. Ces découpages plus équilibrés socialement seront plus faciles à réaliser pour les collèges ou les lycées que pour les écoles primaires où la demande de proximité établissements - résidence des parents sera un frein.

 4- La question de la carte scolaire ne peut être séparée de celle de la refondation de l’école sur des bases républicaines.           

 Recentrer sa mission sur la transmission du savoir et de la culture.

 Donner de la qualité, tout en assurant la démocratisation de l’Ecole, c’est d’abord  recentrer sa mission sur la transmission du savoir et de la culture.

 Pour cela, un enseignement de qualité doit être dispensé sur tout le territoire, avec des niveaux d’exigence relevés et mieux contrôlés, des savoirs respectés avec des horaires suffisants dans les différentes disciplines, l’effort encouragé et le mérite valorisé.

 Des maîtres mieux formés, davantage considérés, à l’autorité respectée, seront les meilleurs agents d’une telle refondation.

 Valoriser les établissements scolaires.

 Les établissements scolaires doivent être valorisés comme éléments de l’institution majeure de la République. Outre l’attention portée à la qualité des bâtiments qui contribue à leur considération et attractivité, ils doivent être préservés des difficultés de leur environnement et de « l’ouverture » à toute les fatalités sociales, à toutes les formes d’incivilité et de violence.

 La question de la sécurité dans et aux abords des établissements, en particulier pour les collèges et les lycées professionnels, est, en effet, très importante. Les familles y sont très sensibles dans leur choix d’établissements. La fermeté et la discipline s’imposent comme facteurs primordiaux de la liberté d’enseigner et d’apprendre. C’est ce qu’attendent aussi bien les élèves et les professeurs que les parents

 Développer l’éducation à la citoyenneté.

 L’action cohérente et résolue des équipes enseignantes et des chefs d’établissements, ainsi que la collaboration de l‘Ecole avec les services municipaux, les organismes sociaux et la police ou  la justice, sont des conditions indispensables pour faire connaître, comprendre et partager les valeurs morales et civiques, qui prennent tout leur sens dans une application exemplaire des règles. C’est un des éléments essentiels  de l’éducation à la citoyenneté.

 Les quatre grandes orientations qui viennent d’être proposées constituent un ensemble ; elles sont complémentaires et leur application les renforcerait mutuellement.

 Le soutien de la nation à l’institution scolaire.

 La nation se doit ainsi de donner tout son sens et sa force à l’institution scolaire, dans un souci retrouvé d’égalité. Les enfants des familles les moins cultivées sont dignes d’un enseignement exigeant et de qualité.

 C’est pourquoi, il faut tout à la fois renforcer les moyens humains et matériels là où les élèves ont besoin de soutien, mais aussi diversifier les possibilités offertes par les établissements, afin que partout, sur le territoire de la République, existent des voies de l’excellence et de la réussite.

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26 janvier 2007 5 26 /01 /janvier /2007 16:17

 

ORIENTATIONS POUR L’ECOLE (4ème partie)

 Après avoir réaffirmé la mission première de l’Ecole (1ère partie), écarté les faux remèdes (2ème partie), puis proposé les vraies solutions pour l’Ecole (3ème partie), Michel Vignal*, en tant que responsable de la commission éducation du MRC, aborde dans cette 4ème partie les différents éléments de la reconstruction, afin que l’Ecole reparte sur des bases solides au niveau de chaque cycle d’enseignement.

 Quatrième idée :

 RECONSTRUIRE DES BASES SOLIDES DANS LES DIFFERENTS CYCLES D’ENSEIGNEMENT.

 A l’école primaire, un redressement est nécessaire, car sa tâche est fondamentale.

 Les savoirs élémentaires doivent être mieux maîtrisés .La maîtrise en premier lieu de la langue française est la clef de tout, la clef de toute réussite ultérieure. L’accent doit être mis sur le décodage de l’écrit, l’orthographe et la grammaire. La qualité des apprentissages fondamentaux est un « devoir d’Etat », en particulier vis-à-vis des enfants des couches populaires qui n’ont que l’école pour se faire une place dans la société.

 Les préapprentissages à la maternelle, assurés dès 2 ans si les parents le souhaitent, doivent être renforcés et les difficultés individuelles détectées et remédiées précocement.

 Il faut revenir sur la réforme des cycles qui a largement échoué et instituer des programmes simples, structurés, rigoureux, qui redonnent toute leur place à une solide progressivité et au contrôle des acquisitions. Ces savoirs ne doivent pas être réduits comme le prévoit le socle commun de la loi Fillon.

 L’examen probatoire avant l’entrée en 6ème, proposé par Jean-Pierre Chevènement, permettra de relever les niveaux d’exigence en amont à l’école élémentaire et de rendre moins hétérogènes les classes de collège. Les élèves qui ne maîtrisent pas les apprentissages fondamentaux bénéficieront de modules de soutien avec des groupes spécialisés de petite taille.

 Au collège, tout en gardant un collège démocratique, le terme de collège « unique » est devenu une illusion qui dessert majoritairement les élèves.

 A partir d’une culture générale commune, qui doit être assurée jusqu’à 16 ans, nous souhaitons des options renforcées et des pré-filières qui préfigurent le lycée, à partir de la 4ème, plutôt qu’une indifférenciation desservant les élèves les plus en difficulté autant que les meilleurs.

 Il faut tenir compte, plus qu’actuellement, des goûts et des aptitudes des collégiens. Les voies de l’éducation sont multiples et il y a différentes formes du mérite.

 Pour des élèves en rupture scolaire, il est préférable d’offrir des voies diversifiées, faisant place aux stages professionnels ou au préapprentissage avec accompagnement éducatif, comme cela est proposé précédemment.

 Et parallèlement, doivent être conçues des formations passerelles qui permettent à ceux qui le veulent et le peuvent de rejoindre un enseignement général et à d’autres de faire un choix réfléchi et positif pour l’enseignement à caractère professionnel.

 Le lycée, lui-même déjà diversifié, doit retrouver partout qualité et exigence afin de préparer un Baccalauréat qui doit rester essentiellement un examen national anonyme et suffisamment exigeant. Toutes les disciplines scolaires actuellement enseignées doivent y garder leur place.

 Nous sommes également favorables à la multiplication des lycées polyvalents, articulant voies générale, technologique et professionnelle avec les passerelles nécessaires entre les filières.

 La voie professionnelle (dont l’apprentissage) et l’enseignement technologique doivent être revalorisées comme voies de la réussite, ce qui est un travail de longue haleine, lié à l’amélioration souhaitable des carrières des ouvriers, des employés et des techniciens et à des changements de mentalités.

 Le service public national de l’orientation doit être renforcé en liaison avec les enseignants, afin de lui donner plus de moyens et d’efficacité dans l’accomplissement de sa tâche d’information et d’orientation des élèves et des familles. Son action devra être aussi tournée vers les écoles de parents nouvellement crées.

 CONCLUSION

 Le travail est immense. Il faut des moyens financiers, mais ce n’est pas qu’une question de moyens. Est-ce que la gauche sera dans ce domaine capable d’effectuer le redressement nécessaire ? Il le faut. C’est le sens des propositions de Jean-Pierre Chevènement et du MRC pour refonder l’Ecole républicaine.

 Il faut d’abord résister à l’air du temps, marqué par la crise persistante de l’éducation, par l’influence dominatrice de la forme de communication télévisuelle, si éloignée du travail scolaire et résister aussi aux formes et critères de la mondialisation libérale relayée par Bruxelles.

 C’est cette résistance qui déjà  fait se lever les potentialités de redressement et de transformation pour une refondation associant enseignants, parents, citoyens.

 Pour le MRC, le combat est clair.

 Nous voulons une Ecole publique forte, car nous aimons la République.

 * Michel Vignal est professeur agrégé en IUFM dans l’Académie d’Amiens.

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25 janvier 2007 4 25 /01 /janvier /2007 14:13

 

ORIENTATIONS POUR L’ECOLE (3ème partie)

 Après avoir réaffirmé la mission première de l’Ecole (1ère partie), puis écarté les faux remèdes (2ème partie), Michel Vignal*, dans cette 3ème partie, aborde les vraies solutions préconisées par la commission éducation du MRC en vue de leur mise en œuvre par la gauche à l’issue des élections 2007.

 Troisième idée :

 POUR REUSSIR LA DEMOCRATISATION DE L’ECOLE, LA GAUCHE DOIT METTRE L’ACCENT SUR LA QUALITE ET DONC SUR L’EFFORT ET LE TRAVAIL.

 La qualité, l’exigence, doivent être les objectifs essentiels.

 L’Etat doit assumer pleinement son rôle.

 Moins d’Etat, moins de crédits budgétaires, c’est plus de renoncement et plus d’inégalité. On le voit avec l’actuel budget de l’Education nationale qui réduit de 30 % les postes au concours de professeurs. La réduction du temps de formation effectif des enseignants en formation en I.U.F.M. comme la mise en place d’une bivalence au rabais pour les professeurs certifiés, ainsi que la suppression d’heures de décharge justifiées dans le secondaire, sont de mauvaises décisions.

 Plus d’école, d’heures enseignées et dans toutes les matières, plus de soutien scolaire en groupes de petite taille, d’études surveillées ou dirigées, d’efforts pour les ZEP, de surveillants et d’éducateurs pour assurer la sécurité et la vie scolaire, tout cela c’est plus de qualité et d’égalité.

 L’Ecole se doit d’être plus présente auprès des élèves.

 Les dispositifs d’accompagnement et de soutien doivent se développer dans le cadre de la gratuité des établissements publics pour combattre l’explosion du marché des cours particuliers :

 - modules de soutien scolaire adaptés aux difficultés des élèves,

 - suivi personnalisé des élèves en relation avec les familles qui doivent être associées et conseillées,

 - études dirigées ou surveillées pour l’aide aux leçons, exercices et devoirs.

 Mieux soutenir et conforter les enseignants, pour reconnaître aux professeurs l’autorité qui découle de leur fonction, pour valoriser leur magistère, c’est leur permettre de mieux accomplir la tâche difficile d’inculquer le goût de l’effort dans une société hédoniste, le sens du travail dans un monde qui applaudit la réussite par l’argent; donner la joie de comprendre; la fierté de s’élever dans une société où règnent le zapping et les démagogies télévisuelles.

 Les professeurs ont besoin que l’Etat et la nation leur témoignent plus de considération.

 Nous proposons de réformer les IUFM dans le sens d’une formation exigeante, plus rigoureuse, plus progressive, plus cadrée sur le plan national et nourrie des valeurs républicaines.

 Une telle formation doit articuler de solides connaissances théoriques à une sérieuse formation didactique et pédagogique (dégagée des dérives « pédagogistes »), qui ne sont pas contradictoires mais complémentaires.

 Il faut aussi créer des financements d’Etat pour aider des jeunes de milieu modeste à faire leurs études, s’ils s’engagent ensuite à servir l’Education nationale et d’autres services publics pendant 10 ans.

 L’éducation civique doit, au-delà des discours, être une réalité forte dans les programmes et les pratiques.

 Elle apprend à connaître, comprendre et partager les valeurs morales et sociales, en particulier celles de la vie collective dans l’institution scolaire, qui prennent leur sens dans l’application exemplaire des règles.

 Plus largement, elle apprend à l’élève à connaître et comprendre ce qu’est la citoyenneté, l’exercice de la souveraineté populaire, et le sens des droits et devoirs du citoyen. L’éducation aux institutions et à la vie politique, ainsi que la morale civique, sont parties prenantes d’une formation des futurs citoyens qui doit gagner en ampleur, conviction et  rigueur.

 Les établissements scolaires doivent être valorisés comme éléments de l’institution majeure de la République.

 Outre l’attention portée à la qualité des bâtiments qui contribue à leur considération et attractivité, ils doivent être préservés des difficultés de leur environnement et de « l’ouverture » à toute les fatalités sociales, à toutes les formes d’incivilité et de violence.

 La question de la sécurité dans et aux abords des établissements, en particulier pour les collèges et les lycées professionnels, est, en effet, très importante. Les familles y sont très sensibles dans leur choix d’établissements. La fermeté et la discipline s’imposent comme facteurs primordiaux de la liberté d’enseigner et d’apprendre. C’est ce qu’attendent aussi bien les élèves et les professeurs que les parents

Plus de qualité partout, c’est aussi aménager la carte scolaire, afin de lutter contre les inégalités territoriales et particulièrement supprimer les ghettos scolaires.

 Nous sommes partisans de redécouper des secteurs scolaires plus larges afin de mêler  dans les mêmes établissements des élèves de diverses origines sociales en utilisant les possibilités données par des transports scolaires gratuits.

 Il faut aussi multiplier et diffuser sur le territoire les voies du mérite et de l’excellence. L’accès aux meilleures formations supérieures doit être ouvert aux élèves des banlieues et des villes petites et moyennes. Nous favoriserons aussi l’obtention de bourses au mérite tout en augmentant le nombre de bourses sur critères sociaux.

 Jean-Pierre Chevènement propose aussi la création d’un Institut de la parentalité, autrement dit une Ecole des parents.

 Cette école serait facultative, mais installée sur tout le territoire avec des conseillers et spécialistes afin que les parents puissent disposer de cadres et repères qui font de plus en plus défaut.

* Michel Vignal , conseiller municipal de Laon (Aisne), est secrétaire national du MRC.

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24 janvier 2007 3 24 /01 /janvier /2007 15:10

 

ORIENTATIONS POUR L’ECOLE (2ème partie)

 Dans le texte paru hier, Michel Vignal, au nom de la commission éducation du MRC, soulignait la nécessité de réaffirmer la place de l’Ecole dans un Etat républicain. Aujourd’hui, dans cette deuxième partie, il met en avant ce qu’il considère comme étant des fausses solutions.

  Deuxième idée :

 POUR REDRESSER, VOIRE REFONDER L’ECOLE, LA GAUCHE DOIT REFUSER LES FAUX REMEDES :

 Faux remède n° 1 : réduire les savoirs enseignés et ne plus centrer l’école sur l’élévation par le savoir.

 Dans une certaine critique de gauche, mélange d’esprit libertaire et libéral, on a vilipendé le savoir comme discriminant, dénigré la culture classique, l’orthographe, la grammaire, la dissertation et autres... pour magnifier la spontanéité, la créativité de l’enfant et le plaisir à l’Ecole. La considération du savoir a été abaissée. Celle de l’effort laborieux et du courage aussi. D’autant plus facilement que les facilités du zapping télévisuel éloignent les enfants des nécessaires contraintes pour suivre positivement des enseignements systématiques, répétitifs et progressifs. 

 Aujourd’hui, la loi Fillon propose de réduire les enseignements de la scolarité obligatoire à un socle a minima des « indispensables » pour hiérarchiser les formés aux besoins de la globalisation libérale. Moins de connaissances et les premières victimes seront les enfants des couches populaires qui ne bénéficient pas de cours particuliers et des bons établissements.

 Les familles les plus privilégiées, comme celles, de plus en plus nombreuses des couches moyennes, éviteront de plus en plus un système public aux objectifs et résultats abaissés en contournant la carte scolaire ou en ayant recours à un enseignement privé devenu conquérant du fait des faiblesses de l’Ecole publique.

 Faux remède n° 2 : le retour à l’apprentissage à 14 ans, voulu par D. de Villepin, qui remet en cause la scolarité à 16 ans décidée en 1959, et qui est une manière de stigmatiser et appauvrir un peu plus les jeunes d’origine populaire de banlieue et de les traiter comme des laissés pour compte.

 La loi « égalité des chances » vole honteusement son nom. Il faut faire de gros efforts pour supprimer les écoles ghettos en recherchant partout la qualité, l’exigence, la mixité sociale et le mérite. La ségrégation spatiale est une plaie de la réalité scolaire.

 La voie de l’apprentissage a sa place comme filière d’accomplissement à partir de 16 ans, préparée, pour des élèves en rupture, par des dispositifs pré-professionnels à 14 et 15 ans.

 Des formules d’apprentissages à 14 et 15 ans sont possibles si les élèves restent sous statut scolaire et surtout si ce dispositif d’enseignement leur préserve une formation théorique et générale. Il faut aussi offrir à ces jeunes sous statut adapté une rémunération  comme apprenti.

 Enfin, pour les élèves très instables ou en grandes difficultés familiales, des collèges avec internat moderne et accompagnement éducatif adapté doivent être développés.

 Faux remède n° 3 : l’autonomie des établissements, établie par la loi de 1989 et que N. Sarkozy veut accroître.

 Elle aboutit à différencier les établissements selon leur environnement socioculturel, développer des concurrences, favoriser les parents-consommateurs d’école et instituer, de fait, l’inégalité. D’un côté, les écoles-ghettos, de l’autre les lycées de grande réputation.

 Nicolas Sarkozy veut encore accroître cette autonomie et, dans la même logique, supprimer la carte scolaire : pour cet ultra libéral, il s’agit bien de faire fonctionner un marché de l’éducation qu’encouragent l’O.M.C. et l’O.C.D.E. relayés par les experts de Bruxelles. Le projet de décret créant des établissements publics d’écoles primaires va accroître le rôle des élus locaux aux dépens de l’unité de l’Education nationale puisqu’ils auront 50 à 60% de sièges dans leurs conseils d’administration.

 Toujours plus d’autonomie, toujours plus d’expérimentations locales réduisent de fait les savoirs et les horaires réellement enseignés. Ainsi, l’école au nom de l’adaptation à son environnement, se soumet à la fatalité sociale, celle des inégalités sociales, alors que l’école se doit d’être différente, séparée même, de son environnement pour justement élever l’enfant grâce à la découverte et maîtrise de savoirs nouveaux qu’il ignore.

 Le MRC ne veut pas que l’école soit assujettie aux féodalités locales et se prononce contre le processus actuel de décentralisation et de concurrence.

 Jean-Pierre Chevènement indiquait dans son programme que « nous ne laisserons pas régionaliser le recrutement des maîtres, multiplier les programmes à la carte, en fonction des besoins locaux ».

 Faux remède n° 4 : l’adaptation pédagogique à tout prix, sans exigence, pour faire du chiffre ou par concession à l’idéologie libérale libertaire.

 La pédagogie est nécessaire. Mais la pédagogie n’est pas une finalité, c’est un moyen ; et donc elle doit être au service des contenus enseignés et niveaux à atteindre. La qualité des acquisitions doit être ambitionnée et vérifiée. A force d’adaptation sans mesure aux élèves, les autorités ont adapté les programmes, rendu les examens plus faciles pour justifier les mauvaises réformes, et le système a fini par attribuer des diplômes dévalorisés et, de fait, a abaissé les capacités scolaires d’une partie des élèves.

 Résultats:

 - 20% des élèves ne lisent, n’écrivent et ne calculent pas couramment et correctement en 6ème.

 - 30 % de ceux de 3ème ne maîtrisent pas les savoirs fondamentaux d’une indispensable culture générale.

 En 1985,  Jean-Pierre Chevènement, ministre, a voulu augmenter le nombre de lycéens (les 80 % au niveau du bac) pour démocratiser les études secondaires tout en maintenant l’exigence nécessaire à travers l’affirmation d’un élitisme républicain. Mais fallait-il que 82 % des candidats obtiennent le Bac en 2006, alors que c’était le cas de 62 % en 1985 parmi ceux qui le passaient ? L’examen a été rendu plus facile pour faire du chiffre.

 Conséquence: plus de 40 % des étudiants du Supérieur échouent lors de leur 1ère année, car ils sont insuffisamment préparés au lycée comme à l’université. Environ 25 % abandonnent leurs études avant le D.E.U.G., devenu 1ère et 2ème année de la licence depuis la réforme L.M.D.

 La sélection a lieu pendant la licence et les étudiants d’origine modeste ont plus de mal à accomplir des études universitaires de qualité.

Ils sont de moins en moins nombreux dans les Grandes Ecoles.

La démocratisation, celle qui allie quantité et qualité, est donc encore largement à accomplir.

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23 janvier 2007 2 23 /01 /janvier /2007 22:27

 

         ORIENTATIONS POUR L’ECOLE

Voici un sujet ô combien important, qui a été traité par la Commission Education du Mouvement Républicain et Citoyen, en vue des prochaines échéances électorales. Le texte de synthèse, rédigé par Michel Vignal, comprend quatre parties. J’ai décidé de publier une partie chaque jour, à partir d’aujourd’hui.

 Je demande aux lectrices et aux lecteurs de ce blog d’être actrices et acteurs d’un exercice de démocratie participative. Réagissez, donnez votre point de vue, à votre façon, soit par un commentaire publié directement sur le blog, soit par un courriel à mon adresse (voir sur le blog), soit par téléphone (02 43 69 06 32). Je transmettrai vos réflexions à Michel Vignal et il y répondra.

 Peut-être Michel pourra-t-il se déplacer en Mayenne et en Sarthe, dans le cadre des débats que nous aurons l’occasion d’organiser d’ici l’été. Pourquoi la Sarthe ? Parce que la gauche républicaine doit aussi être présente dans ce département, avec lequel la Mayenne entretient une proximité non seulement géographique mais aussi historique.

 Aujourd’hui : la première partie.

  L’Ecole est une question centrale, puisque Ecole et République sont intimement liées depuis la Révolution française. Le combat pour l’Ecole rejoint celui pour la République. Or, l’Ecole et la République sont aujourd’hui affaiblies. Et le futur républicain de la France dépend grandement de son Ecole publique et laïque.

Une conception exigeante de l’Ecole républicaine demande que l’Etat fixe clairement les missions de l’Ecole.

 Je voudrais développer quatre idées :

 1.      FACE A UNE CRISE GENERALISEE, POUR REDRESSER L’ECOLE, IL FAUT REAFFIRMER SA MISSION PREMIERE.

 2.      POUR REDRESSER, VOIRE REFONDER L’ECOLE, LA GAUCHE DOIT REFUSER LES FAUX REMEDES.

 3.      POUR REUSSIR LA DEMOCRATISATION, LA GAUCHE DOIT METTRE L’ACCENT SUR LA QUALITE ET DONC SUR L’EFFORT ET LE TRAVAIL.

 4.      RECONSTRUIRE DES BASES SOLIDES DANS LES DIFFERENTS CYCLES D’ENSEIGNEMENT.

 Première idée :

FACE A UNE CRISE GENERALISEE, POUR REDRESSER L’ECOLE, IL FAUT REAFFIRMER SA MISSION PREMIERE.

 Il y a une crise généralisée aux multiples facettes :

 - crise sociale liée à un chômage de masse, qui n’est pas dû à l’Ecole, mais qui la sape dans sa vocation de promotion sociale,

 - crise de la démocratie, avec cette montée de la barbarie néo-libérale, qui détruit les fondements de la politique et la confiance dans les idées et savoirs,

 - crise conjointe de la nation citoyenne et de l’Europe, cette dernière étant de plus en plus perçue comme un relais de la mondialisation libérale.

 On constate des contradictions mais aussi de la résistance.

 Et pourtant, la résistance s’est manifestée : le non au référendum, le refus du CPE (outil de normalisation libérale) le montrent. L’Ecole est traversée par ces contradictions : elle n’échappe pas à la crise et à l’adaptation libérale de ses contenus et fonctionnement.

 En même temps, s’y manifestent des facteurs de résistance au sein du corps enseignant, l’appel aussi à des valeurs solides de plus en plus partagées par de larges fractions du peuple. Des possibilités de redressement et de transformation existent.

 Nous sommes sans doute proches d’un tournant : un basculement de fond orienté et encouragé par des gouvernants courageux est envisageable.

 L’Ecole est une institution majeure de l’Etat républicain.

 L’Ecole est une institution majeure d’un Etat républicain à construire, car c’est le savoir, la connaissance qu’elle dispense qui libèrent l’homme de son ignorance. Elle donne par la culture, à chaque élève, la possibilité de construire sa propre émancipation.

 Cette Ecole doit préparer à un métier et une fonction sociale, mais aussi parce qu’elle est laïque, elle apprend à chacun à juger selon sa propre conscience, à penser librement et devenir un citoyen souverain.

 Finalité qui doit concerner tous les élèves, y compris les enfants des familles les moins cultivées, d’où le défi de la démocratisation qui doit élever le niveau général de formation, sans renoncer à la qualité, sans réduire les savoirs fondamentaux essentiels, et cela dans toutes les disciplines scolaires.

 La démocratisation, ce n’est pas la facilité.

 La démocratisation, pour un républicain de gauche, c’est l’accès du plus grand nombre à un enseignement exigeant, qui offre à chaque élève la faculté d’aller jusqu’au bout de ses possibilités, en refusant les facilités et adaptations démagogiques, là au nom de ségrégations socioculturelles subies, ailleurs aux intérêts du marché et aussi aux formes de crétinisme télévisuelles.

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29 septembre 2006 5 29 /09 /septembre /2006 14:32

 

La carte scolaire doit être rénovée pour être légitimée

 La carte scolaire a fait une rentrée fracassante, début septembre, en même temps que les élèves et les enseignants.

 

 J’ai lu, dans Le Monde daté du 9 septembre, un point de vue intéressant de Mme Duru-Bellat et de M. Dubet, intitulé « Carte scolaire : la fin d’un tabou », suivi d’un sous-titre

« Remettre en cause la sectorisation ? Seulement si on propose des solutions aux établissements désertés » et qui se termine ainsi : « L’enjeu n’est donc pas de savoir si l’on est pour ou contre la carte scolaire, tant il est évident qu’elle couvre de grandes injustices, mais il est de savoir ce que l’on fait après. Et là, il peut y avoir une véritable opposition entre la droite et la gauche ».

 

 Dans le texte, ci-après, Patrick Quinqueton apporte un éclairage sur le constat, puis amorce la réflexion sur l’avenir, en pensant aux établissements qui ont le plus de difficultés.

 

 La carte scolaire

             L’avant-campagne présidentielle s’est emparée de la question de la carte scolaire. Nicolas SARKOZY a tout bonnement proposé sa suppression pure et simple. Ségolène ROYAL a évoqué son aménagement ou son assouplissement. Les débats qui s’organisent autour de ces prises de position mêlent souvent la pure tactique, le double langage et la mauvaise foi. Il est utile d’y voir clair.

             La carte scolaire date de 1963 : elle a été mise en place en même temps que la création des collèges d’enseignement secondaire (les CES). Il s’agit de la fixation d’un périmètre à l’intérieur duquel toutes les familles qui résident doivent envoyer leurs enfants dans un établissement scolaire donné.

 

              Si la question est aujourd’hui posée, c’est pour au moins deux raisons, l’une liée aux pratiques personnelles et familiales des couches moyennes supérieures, l’autre résultant d’une analyse lucide de la réalité. Pour la première, il est clair que les couches moyennes supérieures ont engagé depuis longtemps la course au contournement de la carte scolaire. La prise de position contre la carte scolaire est donc une forme d’autojustification. Quant à la seconde, il est clair que, dans sa forme actuelle, elle a sans doute épuisé sa capacité de lutte contre les inégalités. En effet, la constitution de ghettos urbains conduit à enfermer dans certains établissements les enfants des classes populaires, notamment issues de l’immigration, qui deviennent des établissements « déclassés ».

             Les « zones d’éducation prioritaire » mises en place en 1982 visaient à tenir compte de cette réalité en affectant des moyens supplémentaires dans les établissements qui y sont situés. Mais force est de constater que, si certains établissements ont pu ainsi se redresser, ce n’est pas le cas partout. Et, en tout état de cause, les ZEP tenaient compte des inégalités entre établissements plus qu’elles ne les combattaient.

             La suppression pure et simple est une mesure d’inspiration « ultra-libérale », qui vise, au nom des limites de cette politique, à redonner bonne conscience à chacun et à laisser chacun, en fonction de ses moyens et de ses relations, trouver les « bons établissements » pour ses enfants. Elle doit être combattue.

 C’est à son aménagement qu’il faut se consacrer, par une politique de requalification des établissements déclassés. Plusieurs pistes peuvent être explorées.

 

              1 – L’affectation des bons élèves des classes populaires dans des établissements qui constituent des filières de réussite est possible grâce au développement des internats, qui est absolument nécessaire.

             2 – Il est nécessaire de mettre en œuvre la proposition de Patrick Weil qui consiste à décider l’affectation d’un pourcentage fixe des meilleurs élèves de chaque établissement (par exemple, 5%) dans les filières sélectives de l’enseignement supérieur. L’accès aux classes préparatoires aux grandes écoles, par exemple, serait ouvert à autant d’élèves du lycée de Calais ou d’Aubervilliers que des grands lycées réputés. C’est un moyen de redonner de l’attractivité à tous les établissements.

             3 – Une politique volontariste de répartition des options « rares » en direction des collèges et des lycées situés en ZEP serait aussi de nature aussi à redonner de l’attractivité à ces établissements.

             4 – Il pourrait aussi être envisagé un système de double affectation, en tablant d’abord sur le volontariat, de professeurs affectés dans des collèges de centre-ville ou dans des « grands lycées », qui pourraient effectuer une partie de leur service dans un établissement situé en ZEP, tout en restant titulaires de leur poste.

 5 – Il  pourrait être expérimenté dans une académie une forme de « busing » à la française. Il est rappelé que le busing désigne, dans certains Etats américains, la politique qui consiste, de façon volontariste, à transporter les élèves pour assurer la « mixité sociale » (et, en l’occurrence, aux Etats-Unis, la mixité raciale) des différents établissements. Mais les conditions de réussite d’une telle expérience doivent être soigneusement réunies.

             Ces mesures, qui peuvent être discutées, pourraient être de nature, avec d’autres (ce n’est pas exhaustif), à redonner une légitimité à une carte scolaire rénovée. Il faut placer les parents dans une autre situation que celle d’éviter les mauvais établissements et de rechercher par la débrouille ceux qui sont supposés les meilleurs. C’est la qualité de l’enseignement dans son ensemble qu’il faut reprendre.  

 

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