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Présentation

  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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16 décembre 2013 1 16 /12 /décembre /2013 23:24

Le problème est beaucoup plus à Paris qu’à Bruxelles

La Fondation Res Publica, présidée par Jean-Pierre Chevènement (voir sa Présentation de la Fondation), avait mis le thème Refaire l’Europe ? Aperçu rétrospectif et esquisse d’une politique à l’ordre du jour du colloque du 2 décembre 2013, dont les Actes seront publiés dans quelques semaines sur le site de la Fondation.

Res-Publica-colloque-Europe-011213-002-T.jpg

 Pierre de Boissieu a été le premier intervenant. C’est un éminent homme du sérail européen, reconnu pour ses compétences, aujourd’hui retraité, qui est intervenu le temps qu’il a voulu, de manière très précise sur le fond et très claire sur la forme.

 

Pour le quotidien d’information spécialisé Europolitique, « Bien plus qu’un acteur clé de la construction européenne, Pierre de Boissieu est quasiment une légende pour toute une génération de diplomates, d’eurocrates et de journalistes qui ont arpenté les couloirs de l’Europe entre le milieu des années 1970 et la fin de la dernière décennie ».

 

 

Le plan de l’exposé est le suivant :

1- L’Europe de Maastricht, où en est-elle ?

2- Comment reconstruire l’Europe ?

3- Quelles sont les conditions de sa reconstruction ?

Les années 1983-84 ont été très importantes, car elles ont été un tournant dans la politique européenne, qui a débouché sur le traité de Maastricht.  Le système monétaire européen (SME), créé en 1978-79, a eu pour effet le changement de politique économique dans de nombreux pays européens (France, Italie, Belgique, Danemark, Irlande), à l’origine de l’Acte unique (marché intérieur) en 1986 et de la libéralisation des capitaux. Le traité de Maastricht, c’est quelques points importants : la monnaie unique (que voulait Mitterrand), la politique étrangère de sécurité collective et le système institutionnel faisant cohabiter méthode communautaire et méthode gouvernementale. Il y avait aussi une révision administrative, le changement de l’article 235 du traité de Rome (…).

 

La situation actuelle de l’Union européenne est très mauvaise. Le système institutionnel est crispé, contesté, de plus en plus autiste, coupé de toutes les institutions. C’est devenu une machine folle, un peu anonyme, que rien ne peut arrêter. Cette phrase est inspirée de la boutade de Van Rompuy « Quelle est la différence entre une locomotive folle et l’UE ? Quand une machine dérape, elle s’arrête, pas l’UE ! ».

L’UE est devenue un obstacle à l’Europe. Elle pratique la course aux traités face aux mécontentements : Maastricht, Amsterdam, Nice (pour rattraper Amsterdam), Convention VGE (TCE), Lisbonne (pour rattraper le TCE). Il s’agit de rattraper sans cesse les traités.

 

Les causes profondes, qui sont dans les Etats, se répercutent sur le fonctionnement de l’UE :

-          Les effets de la mondialisation,

-          La perte de pouvoir dans tous les Etats est à l’origine de l’affaiblissement des procédures de coordination ; le système devient ingérable, avec des incertitudes partout,

-          Les mouvements centrifuges se multiplient dans toute l’Europe (Pays nordiques, Bénélux, France-Allemagne, et même l’unité de certains Etats remise en cause : Belgique, Espagne, Royaume-Uni),

-          L’élargissement de 12 à 27 dans des conditions abominables ; les Etats fondateurs voudraient conserver la même place à 27 qu’à 12 (28 maintenant) ; c’est injouable, compte tenu du nombre d’orateurs dans les réunions ; il y a des problèmes de procédure ; la Commission n’est plus homogène,

-          L’UE n’est pas faite pour gérer les crises (elle est collégiale à tous les niveaux, sans chef, avec des sous-collèges…) ; il y a des cassures à la suite de crises (Irak en 2003, crise financière en 2007-08-09)

-          Depuis dix ans, les divergences économiques entre les pays sont de plus en plus profondes (à l’intérieur et à l’extérieur de la zone euro),

-          Les différences structurelles et culturelles se creusent au sein de l’UE ; on ne comprend pas ce que sont les autres.

C’est un problème européen, pas seulement un problème de Bruxelles mais c’est aussi un problème de Bruxelles.

 

Que faire ? Agir sur les institutions, sur les politiques et sur l’euro.

Le système institutionnel est déréglé, paniqué, ce qui l’amène à prendre des décisions ridicules. Par exemple, l’escargot (Politique commune de l’escargot). Les partis sont coupés de leur base nationale et très influencés par les lobbies catégoriels.

 

Le Conseil européen est mort. Il n’existe plus. Il a bien marché mais, ensuite, il a improvisé (réunions à huis clos, sur des sujets non préparés). Depuis 10 ans, il n’y a pas eu de vraie décision. Elles sont mal préparées, filtrées par les Affaires générales. Et, pourtant, le Conseil européen est la clé de voûte.

 

La Commission n’existe plus. Il faut revoir d’urgence le problème de sa composition. Ses membres veulent se montrer. Ils n’ont pas assez de distance avec les gouvernements qui les ont nommés.

 

Le Parlement européen est nécessaire mais il faut associer les parlements nationaux (idée de congrès suggérée à Mitterrand, qui a provoqué des tirs de barrage). Les parlements nationaux sont déconnectés.

 

Il y a eu des problèmes de jurisprudence et d’interprétation de la Cour de justice, qui a éloigné les Britanniques. De nouvelles compétences ont été instaurées, sans concertation (exemple : commerce des armes). Les Etats ne se concertent ni sur les politiques ni sur les compétences. Le Secrétariat général a cherché à inculquer la culture de sécurité et la culture de transparence. Il y a aussi le problème des langues (23 ou 24), certaines devant être traduites (le castillan en catalan, en basque et en valencien). Il a été décidé de traduire (dans le cadre de la hiérarchie des langues obligatoires) seulement les textes officiels.

 

Propositions : se concentrer sur quelques domaines prioritaires : l’énergie, Schengen, les industries de défense. La politique étrangère, cela ne concerne que la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni.

 

Concernant la zone euro, il y a trois grandes options.

 

- Les décisions au jour le jour, au dernier moment, quand on ne peut faire autrement. C’est de plus en plus contesté. Le problème de la Grèce. La troïka n’aurait jamais dû être acceptée (suppression de 10 000 postes de fonctionnaires). Certes, la fonction publique est clientéliste et pléthorique mais pourquoi 10 000 ? Cela ne veut rien dire. Ceux qui vont partir sont ceux qui le peuvent. La Grèce n’a pas d’Etat. C’est cela son problème principal.

 

- La solution de la monnaie commune (celle de JP Chevènement) me terrifie car elle est abstraite (Sapir ?…). Je n’y crois pas une seconde. Balladur l’avait proposée. Elle avait été violemment rejetée par l’Allemagne. Si elle était mise sur la place publique, il y aurait des spéculations et des mouvements de capitaux. La France est liée par le traité. Elle ne peut pas négocier un titre du traité, mais tout le traité. Cela donnerait lieu à des contentieux, des ayant droits, avec rétorsion. La dévaluation serait supérieure à 20 %. Il faudrait mettre des montants compensatoires. Reprise en mains de l’économie nationale, le nucléaire, les gaz de schiste… Vraie politique salariale, compétitivité. Ce n’est pas une décision qu’on prend à mi-quinquennat. La livre avait dévalué de 20 % et beaucoup d’autres mesures avaient été prises par le gouvernement britannique (politique de l’offre).

 

- L’avenir de la zone euro, c’est la persistance à 10 ans de rapprochement. L’Allemagne est déterminante pour les marchés. Il n’y a pas de problème Bruxelles.

 

En résumé

 

Il ne faut pas de nouveau traité maintenant. Ce serait  abominable : le budget de la PAC serait remis en cause très profondément. Il faut des géométries variables (coopérations renforcées). Il vaut mieux être 10 et agir en fonction des réalités.

Il faut réduire les désaccords franco-allemands. La séparation est dangereuse. L’Allemagne exporte trois fois plus que la France. Elle est la force d’attraction de l’Europe. Pour fonctionner, les institutions doivent avoir derrière elles les accords franco-allemands.

Il faut donner un nouveau visage à l’Europe, éventuellement au détriment de l’Union européenne.

 

Dans le débat

 

Les nations existent. L’Europe est vassale des USA, les Etats aussi. Ils n’ont que l’impression d’indépendance. En tant que partenaires, ils sont tenus pour quantité négligeable.

Oui à l’Europe européenne. Le problème n’est pas à Bruxelles. Nous ne pouvons être forts qu’avec l’Allemagne.

Les fautes de l’Europe sont souvent des loupés de la France, de la Grande-Bretagne ou de l’Allemagne. Il y a des désaccords profonds. Les traités, c’est la France qui les a demandés (Giscard, Delors). Le traité constitutionnel européen (TCE) n’a pas été approuvé par le peuple français. Le traité simplifié, c’est la France qui l’a voulu.

Il ne faut pas faire le traité avec les USA. L’exception culturelle, ce sont des lentilles.

 

En résumé, le problème est beaucoup plus à Paris qu’à Bruxelles (énergie, recherche, industries de la défense). Il ne faut pas refaire du Giscard. Ne pas inventer une nouvelle Europe.

 

Ce sont les Etats qui décident. On peut avoir la nostalgie de l’Europe à 6. Elle a affronté des crises majeures mais il y avait des débats. La possibilité d’une Europe européenne existait. Mais après la déclaration de Giscard en 1978, puis l’élargissement… il n’y a plus aucun espoir. Où pourrait être le port ?

Voir aussi : Refaire l'Europe : Esquisse d'une politique (Pierre de Boissieu est l’un des quatre auteurs, 7 octobre 2013)

 

Cet article est le 189ème paru sur ce blog dans la catégorie CHEVENEMENT

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15 décembre 2013 7 15 /12 /décembre /2013 23:43

Appel pour le maintien de ce pôle culturel en centre ville

 

C’est une belle histoire, celle d’un libraire indépendant, devenu éditeur, qui avait réussi à convaincre la municipalité lavalloise d’installer la librairie Siloë dans le cadre d’une offre culturelle de qualité en centre ville de Laval, la Médiapole.

 

Le point de départ, c’est en 1979, quand Michel Thierry, originaire du Maine-et-Loire tout proche, acquiert la librairie Delapierre, une librairie réputée, rue des Déportés, centrée sur les livres religieux tout en étant généraliste.

En 1982, il lui donne un nouveau nom, Siloë, et lance les Éditions Siloë (aujourd’hui, 600 titres au catalogue, de nombreux livres d’art et d’histoire, mettant souvent en valeur la Mayenne et l’ouest de la France).

En 1988, il crée un GIE avec une soixantaine de libraires indépendants qui ont opté pour l’enseigne Siloë (espace livres religieux et espace librairie générale).

En 1993, il devient, au niveau national, président de l’association de formation des libraires.

Entre 1995 et 1997, il contribue à la création d’une école de formation des libraires à Laval. Voir Formation BP libraire (ex ISM - Institut supérieur des métiers Laval).

 

Commencée avec la municipalité socialiste avant 1995, la réflexion pour installer la librairie au sein d’un pôle culturel de centre ville aboutit avec celle de François d’Aubert à la fin des années 1990. La librairie Siloë - dont Michel Thierry n’est plus propriétaire, il l’a vendue à son associé en 1997, donnant tout son temps au projet - s’installe dans la Médiapole de Laval en 2001.

 

Après avoir lutté plusieurs années contre la maladie, Michel Thierry est décédé le 30 octobre 2013.

Voir Siloë à Laval. Michel Thierry, l'ancien patron est décédé (Ouest-France, 31 oct. 2013)

Michel Thierry, la vie d'un grand libraire (Ouest-France, 2 nov. 2013)

 

Le groupe Chapitre achète la librairie Siloë en août 2008. Réseau Librairies Chapitre, filiale du groupe Actissia, comptait 57 magasins en France (avant la vente de 4 magasins). Avec France Loisirs, il est le n° 2 de la distribution du livre en France Le groupe emploie 1 200 salariés. Actissia est contrôlé depuis mai 2011 par Najafi companies, un fonds d'investissement américain. Sources Ouest-France.

 

Le groupe Chapitre se heurte à des difficultés financières, mais la Librairie Chapitre Siloë de Laval semble préservée. Voir Malgré les difficultés, Chapitre ne fermera pas (Ouest-France, 6 mai 2013).

En fait, ne n’est qu’un répit. Les librairies Chapitre déposent le bilan (Ouest-France, 28 nov. 2013).

 

Le réseau des 53 librairies Chapitre a été déclaré en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Paris, le 2 décembre 2013, avec poursuite de l’activité jusqu’au 7 janvier 2014. Voir Médiapole : les salariés veulent sauver leur librairie (Ouest-France, 5 déc. 2013). Extrait.

 

Une librairie peut-elle être rentable ? Il s’agit d’un secteur à faible marge. Les librairies indépendantes sont bousculées par la concurrence des grandes surfaces culturelles et de la vente sur Internet. Elles survivent grâce à l’engagement des libraires qui consentent souvent des sacrifices. Mais, et c’est le paradoxe, les livres continuent à se vendre.

 

Les salariés et des associations se mobilisent et proposent la signature d’une Pétition pour préserver la culture en centre-ville de Laval.

L’offre culturelle actuelle constituée à la Médiapole du seul disquaire et papetier du centre-ville, de la seule grande librairie généraliste du département pourrait disparaître dans une agglomération de près de 100 000 habitants.

Le personnel de la librairie, les associations culturelles, les lavallois et plus largement les mayennais sensibles à la vie culturelle de Laval et du département, s’interrogent et s’inquiètent (…).

Voir Sauvons la librairie de la Médiapole.

 

Cet article est le 127ème paru sur ce blog dans la catégorie Travail Economie

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14 décembre 2013 6 14 /12 /décembre /2013 22:10

Forte baisse de la valeur ajoutée nette de l’agriculture

 

Depuis la sévère crise agricole de 2009 (voir Crise agricole 2009 : les explications des services économiques APCA - 30 déc. 2009), les revenus de l’agriculture ont évolué selon les marchés, de manière erratique. Voir les articles concernant les revenus agricoles en 2010, 2011 et 2012.

 

Revenu agricole 2010 : les céréaliers heureux, les animaliers moins - 17 déc. 2010

Revenu agricole 2011 : écarts croissants selon régions et productions - 7 août 2012

Revenu agricole 2012 : en forte baisse pour les éleveurs (lait, viande) - 29 déc. 2012

 

L’Insee a publié Les comptes prévisionnels de l'agriculture pour 2013. Résumé.

L’année agricole 2013 est marquée, après la flambée de 2012, par une forte baisse des prix des céréales, oléagineux, protéagineux et pommes de terre, ainsi que de ceux des œufs. Les volumes sont globalement stables, ils se réduisent nettement pour le colza et le blé dur tandis qu’ils progressent fortement pour les œufs. Au total, la valeur de la production agricole, y compris subventions, diminue de 3,7 % par rapport à 2012.

Parallèlement, les charges des agriculteurs augmentent à nouveau, principalement en raison du renchérissement de l’alimentation animale et de la progression des quantités d’engrais utilisées. Après trois années de hausse, le résultat de la branche agriculture régresserait globalement. L’emploi agricole continuerait par ailleurs à décroître.

D’après les estimations du compte prévisionnel de l’agriculture, le résultat agricole net (ou valeur ajoutée nette au coût des facteurs) par actif se réduirait de 16 % en termes réels en 2013, après trois années de croissance. Cette évolution résulte de grandes disparités selon les orientations des exploitations.

Les prix des grandes cultures diminuent

En 2013, le volume global des récoltes de céréales décroît légèrement par rapport au niveau élevé de 2012, la hausse des surfaces ne compensant pas tout à fait le repli des rendements. La production d’orge se réduit en raison de moindres rendements ; ces derniers avaient atteint un niveau record en 2012. La récolte de blé dur chute en 2013 sous l’effet d’une baisse importante des surfaces due aux mauvaises conditions climatiques lors des semis. En revanche, les récoltes de blé tendre et de maïs progressent du fait d’une hausse des superficies.

 

Le prix de l’ensemble des céréales décroît fortement en 2013, après une envolée en 2012. En effet, la production mondiale est abondante et les stocks se sont reconstitués. Néanmoins, la demande mondiale reste soutenue, notamment de la part de la Chine. En France, les prix du blé tendre et de l’orge diminuent de 22 % dans ce contexte de hausse des disponibilités. Le prix du maïs recule de 25 % en lien avec le record de production mondiale attendu et la forte concurrence ukrainienne. Les cours du blé dur se replient aussi, limités par la baisse de qualité de l’offre française due aux pluies printanières, et par la vive concurrence canadienne.

 

La récolte d’oléagineux décroît de 14 % par rapport à 2012 et devient inférieure de 12 % à la moyenne quinquennale : la récolte de colza se réduit de 20 % en raison des conditions climatiques défavorables, tandis que celle de tournesol se redresse après une chute en 2012. Les cours des oléagineux régressent fortement en 2013 car la production mondiale est abondante, notamment aux États-Unis, en Argentine et en Ukraine, et les stocks sont élevés. Toutefois, la demande mondiale, en particulier chinoise, reste importante. Le prix du colza diminue de 20 % malgré la baisse de la production française et celui du tournesol se replie de 22 %, dans un contexte de production élevée en Europe et dans les pays de la mer Noire. La récolte de protéagineux diminue à nouveau en 2013 du fait du déclin continu des surfaces et d’une baisse des rendements. Le prix des protéagineux baisse de 22 %, dans le sillage de ceux du blé et des tourteaux de soja auxquels ils peuvent se substituer pour l’alimentation animale.

 

La production de betteraves recule en 2013, comme en 2012, après avoir atteint un niveau record en 2011. Les rendements se replient fortement, pénalisés par le climat défavorable du printemps et les pluies abondantes d’octobre. La richesse en sucre est faible. Le prix des betteraves s’infléchit en lien avec la baisse des cours mondiaux du sucre, la production mondiale étant attendue en excédent.

 

Les récoltes de fruits sont en hausse ; elles s’accroissent fortement pour les cerises, les poires et les pommes, après la chute de 2012, tandis qu’elles déclinent pour les abricots et les pêches. Elles se stabilisent pour les fraises. Les prix des fruits augmentent : ils se redressent nettement pour les abricots et les pêches, favorisés par l’importance de la demande due à la chaleur estivale, tandis qu’ils reculent pour les fraises et les cerises face à une demande affaiblie par le temps froid du printemps.

 

Les récoltes de légumes diminuent à nouveau en 2013 et les prix continuent à monter. Les volumes produits sont en recul pour la plupart des légumes, notamment pour les concombres et les courgettes en raison du climat défavorable du printemps et de la diminution des surfaces.

 

Les quantités de pommes de terre de conservation se redressent en 2013, mais restent inférieures à la production moyenne des cinq dernières années. Les surfaces augmentent, stimulées par les bons prix de la campagne précédente, et les rendements s’améliorent. Après une envolée en 2012, les prix reculent en 2013.

 

La production de vin se redresse en 2013. La récolte est légèrement supérieure à celle historiquement faible de

2012 : elle s’accroît pour les vins de table et de pays et pour les vins de champagne, mais elle continue à décliner pour les autres vins d’appellation en raison des conditions climatiques défavorables, notamment en Bourgogne et dans le Bordelais. Les prix des vins continuent sur une tendance à la hausse dans un contexte de faiblesse des disponibilités, les stocks restant peu élevés. Les exportations poursuivent leur progression initiée en 2010. Les vins courants et le champagne continuent à s’apprécier ; la hausse des prix des autres vins d’appellation s’accélère en 2013.

 

Le prix des œufs régresse

Le prix des gros bovins continue à s’accroître, tiré par le tassement de l’offre. Le volume de la production baisse légèrement. Les abattages se réduisent en 2013, sauf pour les taurillons.

Les exportations de bovins mâles vivants faiblissent également. La diminution du cheptel est moins forte qu’en

2012.

Le prix des veaux continue à augmenter en raison d’une offre maîtrisée et bien adaptée à la demande. Le volume de production poursuit donc son recul.

Pour les porcins, la hausse de prix est modérée dans un contexte d’offre réduite. Les abattages se replient et le cheptel porcin est en baisse, notamment pour les truies.

Pour les ovins, les prix restent soutenus en raison de la faiblesse de l’offre conjuguée à une concurrence extérieure limitée, même si la demande reste peu dynamique. Le volume de production décroît : les abattages augmentent pour les brebis, mais ils se replient fortement pour les agneaux en lien avec la diminution du cheptel reproducteur.

Le volume de production des volailles se stabilise. Les abattages de dindes se réduisent, après une reprise ponctuelle en 2012, tandis que ceux de poulets repartent à la hausse. Les prix continuent à s’accroître en raison d’un meilleur équilibre entre l’offre et la demande.

La production d’oeufs s’accroît fortement après une baisse modérée en 2012, mais très nette en 2011 pendant les travaux de mise aux normes européennes des cages de poules pondeuses. Après la flambée de 2012, le prix des oeufs chute (– 28 %) dans un contexte de surproduction française et européenne.

La collecte de lait reste stable depuis deux ans. Après douze mois consécutifs de baisse, la collecte a progressé à partir de juillet 2013 sous l’effet de conditions climatiques favorables à la repousse de l’herbe, mais aussi d’une réévaluation du prix du lait et d’un fléchissement du prix des aliments pour bétail. En moyenne annuelle, le prix du lait se redresse de 7 % en 2013 en lien avec le renchérissement des prix des produits laitiers industriels (poudres de lait, beurre…).

 

La valeur de la production agricole décroît de 4 %

Au total, en 2013, les volumes produits sont quasiment stables, mais les prix baissent. La valeur de la production agricole, hors subventions sur les produits, décroît de 3,8 % par rapport à 2012, en retrait de 2,9 milliards d’euros : la baisse de 3,8 milliards d’euros pour la production végétale n’est pas compensée par la hausse de 0,9 milliard pour la production animale (graphique 1 et tableau 1).

Les subventions sur les produits (définitions) s’élèvent à 1,1 milliard d’euros, comme en 2012. La prime au maintien du troupeau de vaches allaitantes, qui reste couplée à 75 % à la production, est la subvention la plus importante de cette catégorie.

La production agricole au prix de base (définitions) présente des évolutions en volume et en prix proches de celles de la production hors subventions : respectivement – 0,3 % et – 3,4 %.

 

La remontée du coût des intrants se poursuit

La valeur des consommations intermédiaires de la branche agriculture (définitions) augmente de 2,6 % en 2013 sous l’effet d’une hausse conjuguée des volumes et des prix. Elle s’accroît pour la troisième année consécutive, mais à un rythme moins soutenu qu’en 2011 et 2012.

Les achats d’aliments pour animaux (hors produits agricoles intraconsommés) sont le poste principal des dépenses.

Leurs prix augmentent fortement depuis 2010 du fait de l’envolée des prix des céréales jusqu’à fin 2012. Les quantités consommées sont en recul : elles progressent pour les aliments pour bovins, mais se replient pour les aliments pour volailles et surtout pour porcins.

Après s’être fortement alourdie de 2010 à 2012, la facture énergétique diminue en raison du recul des prix.

Les prix de l’essence et du fioul régressent dans le sillage du prix du baril de pétrole. Toutefois, le prix du gaz et surtout celui de l’électricité se renchérissent. Les dépenses en engrais s’accroissent sensiblement : le prix des engrais reste élevé et les quantités consommées augmentent.

La charge en produits de protection des cultures s’alourdit, mais de façon plus modérée qu’en 2012. Les prix augmentent légèrement et le volume consommé s’accroît : les agriculteurs ont eu davantage recours aux fongicides du fait du climat froid et humide du printemps.

 

Le résultat de la branche agriculture baisserait fortement en 2013

Comme les consommations intermédiaires continuent à progresser en valeur alors que la production au prix de base diminue, la valeur ajoutée brute (définitions) devrait baisser nettement : – 12,7 %après trois années de croissance.

La valeur ajoutée nette de la branche agriculture (définitions) diminuerait de manière plus accentuée (– 21,3 %), la consommation de capital fixe (définitions) étant en hausse de 3,2 %. Elle retrouverait le niveau de 2008, bien supérieur au point bas de 2009.

Les subventions d’exploitation (définitions) versées à la branche agriculture s’élèvent à 8,2 milliards d’euros (tableau 2), en retrait de 3,1 % par rapport à 2012, le « paiement unique » et les aides agro-environnementales ayant baissé.

Après la prise en compte des subventions d’exploitation et des impôts, en 2013, le résultat agricole net (définitions) serait réduit de 17,1 % par rapport à 2012. Comme le volume de l’emploi agricole baisserait tendanciellement de 2,0 % (tableau 3), la baisse du résultat agricole net par actif (définitions) atteindrait

– 15,4 %. Le prix du produit intérieur brut (PIB) augmentant de 1,2 %, le résultat agricole net par actif en termes réels (définitions et graphique 2) chuterait de 16,4 % en 2013. Après trois années de croissance, c’est un retournement sur l’année mais, en tendance, le niveau reste haut.

 

Cet article est le 418ème publié sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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13 décembre 2013 5 13 /12 /décembre /2013 16:39

Une alliance citoyenne belge bloquera le Sommet européen

 

AG Apli 120911 001 TPaul de Montvalon, président de l’Office du lait national, lance un appel à l’organisation des producteurs face aux autres membres de la filière laitière française, notamment ceux qu’il appelle les « requins » exploiteurs. Voici ce qu’il écrit (communiqué de presse du 12 décembre 2013) :

 

SCANDALEUX !

 

La filière laitière se porte bien. Les déclarations positives fleurissent. La routine syndicale se met en place. Les industriels (FNIL) soulignent que le prix du lait payé aux producteurs n’a jamais été aussi élevé en France (34 cts en moyenne pour 2013).

Le syndicat majoritaire acquiesce en entamant une esquisse de mobilisation contestataire conventionnelle d’un autre temps selon sa trilogie inefficace fumier-stickage-blocage. Les syndicats minoritaires, aux portes de l’interprofession, boite vide par excellence, attendent sans broncher leurs strapontins pour enfin se donner une contenance et de nouvelles sources de financement.

La majorité ministérielle se réjouit de sa future loi d’avenir comme leurs prédécesseurs se réjouirent d’avoir occupé le temps. Mais la réalité est toute autre. Partout en Europe le prix du lait dépasse les 40 cts. Les pays du nord, aux coopératives efficaces, frôleront les 40 cts de moyenne pour 2013. Le lait spot se négocie à 485 €. Pourtant seul pays d’Europe à s’enorgueillir d’une interprofession (CNIEL) et d’une contractualisation, les éleveurs français restent les dindons de l’embellie générale.

La loi d’avenir ne résoudra rien tellement la production laitière y est absente avec pour seule avancée le pouvoir du médiateur, non dans le sens de l’équité mais comme futur bouc émissaire, chargé d’absorber l’échec du manque de courage politique. Les Organisations de Producteurs verticales sont un échec criant et attendu. Pour preuve, la position du géant Lactalis sur le non respect des accords à minima, pour un prix au producteur dérisoire, et qui  va rapidement faire tâche d’huile, entraînant d’autres industriels dans son sillage.

En 2014, une nouvelle embellie du prix est promise. Elle soulagera les trésoreries des exploitations et c’est un bien. Mais notre rôle d’élus responsables est de ne pas verser dans l’euphorie et d’anticiper, en tant que représentants de chefs d’entreprises, l’avenir.

2014, peut être à la fois année d’espoir et année noire. Année noire si, comme tous nos représentants actuels, nous nions les réalités et ne tirons pas les leçons des échecs récents. Année d’espoir, si dans le laps de temps qui nous reste mais qui s’amenuise chaque jour avant 2015, nous arrivons à nous structurer pour faire face aux requins qui nous exploitent.

L’Office du lait National appelle toutes les organisations responsables et soucieuses de l’avenir des éleveurs, au mieux à rejoindre les France MilkBoard reconnus, au moins à se regrouper en AOP de bassins pluri-représentatives, indépendantes et horizontales pour la mise en place d’un contrat cadre élaboré par les producteurs, pour l’ensemble de la filière.

L’Office du lait National appelle également tous les producteurs, quelle que soit leur appartenance, à faire pression sur leurs représentants pour s’orienter vers cette seule alternative porteuse, évitant ainsi l’absurdité irréversible du modèle Suisse vers lequel nous sommes propulsés. Il est déjà tard. Evitons qu’il ne soit trop tard.

La production européenne dans son ensemble subit les effets de l'ouverture au marché européen de tous les produits à bas prix provenant de pays où les travailleurs sont exploités au mépris de toute justice sociale et où on produit sans se soucier des impacts sur l'environnement. Ce n’est pas nouveau mais cela devient insupportable. C’est ce qui a conduit le MIG, groupe de défense des producteurs de lait en Belgique, présidé par Erwin Schöpges, à participer les 18 et 19 décembre 2013 à Bruxelles à l’action de blocage du Sommet européen (voir Alliance D19-20).  

L’Europe dérive de plus en plus vers l’ultra libéralisme. Nous sommes fiers d’habiter dans des pays où AG Office du lait Avranches 221111 006 Tla solidarité sociale, le respect de la nature et de notre environnement sont des valeurs prioritaires. Or, à l'heure actuelle, ces valeurs sont mises à mal par une logique financière qui anéantit tout.

Dernièrement, nous nous sommes donnés les moyens de rencontrer Mr Barroso à Liège pour lui expliquer les difficultés des jeunes agriculteurs pour s’installer dans le contexte complètement incertain de la nouvelle PAC. Il nous a expliqué les priorités de la politique européenne:

1.        Créer un filet de sécurité ; c'est-à-dire faire en sorte que les producteurs survivent, à défaut de vivre, pour que l’agro-industrie soit alimentée quoi qu’il arrive. Cela peut sembler suffisant pour les agriculteurs en fin de carrière, certainement pas pour des jeunes qui s’installent.

2.        Ouvrir les marchés ; avec comme exemple concret l’exportation de fromages vers le Canada en échange d’importation de bœuf canadien. Qu’on importe ou exporte des choses qui ne peuvent être produites ici ou là, d’accord, mais mettre en concurrence les producteurs de chaque côté de l'Atlantique avec des armes et des normes inégales, au seul profit des multinationales ou pire, opposer producteurs de lait et producteurs de viande, sans oublier, cerise sur le gâteau, le dommage collatéral de la pollution qui découle de tous ces transports, n’est, en aucun cas, justifiable, ni acceptable.

Nous avons également été à la rencontre de Mr le Premier Ministre Di Rupo et de Mr le Ministre Président de la Région Germanophone Lamberts pour qu’ils justifient la signature du traité d’austérité (TSCG) demandée par l’Europe. Celui-ci nous inscrit dans une crise permanente pour longtemps : les restructurations exigées au niveau des administrations et des communes vont entraîner beaucoup de licenciements, une dégradation des services au public et un effet boule de neige sur de nombreux secteurs comme la construction, la santé, ou l'enseignement. Il nous ont expliqué tous deux qu’il n’avaient pas le choix s'ils voulaient qu’une prochaine catastrophe bancaire soit assumée par l’Europe. Autrement dit, ces banques qui nous pressent, nous agriculteurs, au lieu de soutenir nos investissements et ont déjà coûté 3000 milliards d’euros au contribuable, vont à nouveau pouvoir réaliser des opérations à haut risque pour le contribuable, et à haut profit pour leurs dirigeants ! Et c'est pour garantir ces risques, à leur profit, que nous devons encore nous serrer la ceinture ! Impensable ? Et pourtant c'est ça le traité d'austérité ! C'EST INACCEPTABLE !

Mais cette logique destructrice ne touche pas que nous, c’est tout le secteur de la production européenne qui est mis à mal par l'ouverture au marché européen de tous ces produits à bas prix provenant de pays où les travailleurs sont exploités au mépris de toute justice sociale et où on produit sans se soucier des impacts sur l'environnement ! Il faut cesser de dire que nous ne sommes pas concernés : si l'employé et l’ouvrier sont sous-payés ou perdent leur emploi demain, comment voulez vous qu’ils se procurent nos produits de qualité et nous fassent vivre ? Si les chômeurs sont privés de leurs allocations, comment vont-ils se nourrir ?

Le rapport récent des Nations Unies montre que le changement climatique s’accélère et par leurs décisions, les politiques se rendent complices de ce désastre pour enrichir quelques-uns. Nous ne pouvons pas rester passifs, NOUS DEVONS REAGIR. A notre appel, et avec le soutien d’un grand nombre d’ONG et de syndicats, un groupement de citoyens de tous bords a décidé de se constituer en alliance (www.d19-20.be) contre le traité d’austérité et les accords de libre échange avec l’Amérique du Nord. Étant donné que notre gouvernement, comme la Commission européenne, se laisse conduire par les lobbies de l’argent, nous devons faire un LOBBY CITOYEN pour renverser la vapeur.

 

Cet article est le 417ème publié sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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12 décembre 2013 4 12 /12 /décembre /2013 17:37

L’enjeu : la survie de la France, grande nation politique

 

Chevènement Commer 301111 007 TLe projet de loi de programmation militaire était examiné en deuxième lecture par le Sénat le 10 décembre 2013. Comme il l’avait fait en première lecture (voir Au Sénat, Chevènement favorable à la loi de programmation militaire - 4 nov. 2013), Jean-Pierre CHEVÈNEMENT, sénateur du Territoire de Belfort, s’est exprimé lors de cette séance au nom du groupe du RDSE, ajoutant quelques considérations personnelles. 

Ce contrat nous engage tous

Monsieur le Président, Monsieur le Ministre,

L’adoption par le Sénat en deuxième lecture de la loi de programmation militaire dans le texte issu des travaux de l’Assemblée Nationale, et utilement précisé à cette occasion, marquera la fin positive d’un long marathon que vous avez su mener à bien à partir de l’arbitrage initial du Président de la République assurant à nos armées une ressource totale de crédits de 190 milliards d’euros sur six ans.

Mon concours, et plus généralement celui des sénateurs RDSE, au nom desquels je m’exprime, ne vous manqueront pas plus à l’issue de la seconde lecture que de la première.

Comme l’a rappelé le Président de la CAEDFA du Sénat, M. Jean-Louis Carrère, dont je tiens à saluer le travail considérable et l’implication constante, l’Assemblée Nationale a approuvé la plupart des avancées introduites par le Sénat et notamment les clauses de sauvegarde permettant le respect de la trajectoire financière dessinée par la LPM. A l’initiative du gouvernement a été introduite une majoration potentielle éventuelle des recettes exceptionnelles, à hauteur de 500 millions d’euros, pour compenser les annulations de crédits de la fin de gestion 2013. En effet, le Ministère de la Défense a dû contribuer, à hauteur de 486 millions d’euros, à l’effort de réduction des déficits publics demandé à tous les ministères pour que l’Etat puisse tenir les engagements européens qu’il a pris en la matière. C’est à ce prix que la Commission européenne a accordé son satisfecit au budget 2014.

 

Par ailleurs, votre Ministère devra prendre en charge un dépassement de la masse salariale de 232 millions d’euros, dû pour les trois quarts aux dysfonctionnements du système Louvois. Je ne vous demanderai pas combien vous espérez récupérer du trop versé … Vous avez obtenu, Monsieur le Ministre, le dégel de la plus grande partie des crédits liés à la réserve de précaution et la couverture par des crédits interministériels de l’intégralité du surcoût des OPEX, soit 1,26 milliard d’euros, dont 630 millions seulement avaient été budgétés.

Je mesure tout ce qu’il vous a fallu de ténacité pour obtenir ces résultats. Il n’en reste pas moins que vous héritez d’une « bosse » de près de 3 milliards d’euros en reports de charges pesant principalement sur le programme 146, c’est-à-dire sur les programmes d’équipement. Cette bosse, qui n’est pas de votre fait, puisque vous en avez hérité de la gestion précédente, n’en fait pas moins peser un lourd handicap de départ sur le respect de la trajectoire financière de la programmation, inévitablement exposée à de multiples aléas. Le surcoût réel des opérations extérieures dépassera inévitablement les 450 millions prévus par la loi de finances 2014, avec la prolongation de Serval qui mobilise encore au Mali 2000 hommes et le lancement en Centrafrique de l’opération Sangeris avec 1 600 hommes.

J’ajoute qu’il faudra financer la formation de 20 000 soldats africains par an à laquelle le Président de la République s’est engagé au sommet africain de Paris, le 6 décembre dernier.

Le Président de la République a annoncé que l’opération Sangeris serait courte. Il est plus facile cependant de prendre un billet aller qu’un billet de retour. Au Mali, le deuxième tour des élections législatives a lieu dimanche prochain, le 15 décembre. Le Mali est un pays indépendant. Son Président nous l’a rappelé très récemment. Il lui incombe donc de résoudre par lui-même le problème structurel qui est le sien depuis l’indépendance en 1960 et de le faire par le dialogue autant que possible, conformément aux accords de Ouagadougou. Pour ce qui concerne Serval, il paraîtrait raisonnable d’atteindre rapidement l’objectif de 1 000 hommes initialement prévu pour la fin de l’année. Les autorités maliennes savent que les groupes terroristes, pour être réduits, doivent être coupés de la population dont le soutien conditionne le retour à une paix durable. La formation de troupes africaines de maintien de l’ordre est donc un objectif essentiel et urgent, comme l’a déclaré le Président de la République. On n’imagine pas cependant que la Communauté internationale, l’ONU et l’Union européenne en particulier, puissent se décharger de cette mission sur la France
(...).

 

La contradiction entre nos engagements européens et le souci que vous avez réitéré de voir la France conserver en Europe une posture militaire de premier rang, implique en toute bonne logique que les dépenses consacrées à la défense viennent en déduction du déficit autorisé par les traités européens. Il me semble que cette demande devrait être effectuée officiellement par le Président de la République et par le gouvernement au Conseil européen. L’impotence stratégique de l’Europe n’est plus à démontrer. Seul un Etat comme la France ou la Grande-Bretagne a la vélocité qui lui permet d’intervenir militairement de façon efficace, dans le cadre des résolutions de l’ONU, bien entendu.

J’aimerais, pour conclure, Monsieur le Ministre, que vous puissiez nous confirmer les propos du Délégué général pour l’Armement devant notre Commission le 2 octobre 2013, s’agissant des perspectives de vente à l’exportation du Rafale et que vous nous précisiez où en est la coopération avec la Grande-Bretagne et d’autres partenaires européens, s’agissant de la construction d’une industrie européenne des drones.

Il serait paradoxal que le déclassement stratégique de la France apparaisse comme la résultante du choix européen fait il y a plus de deux décennies et maintenu depuis lors par les plus hautes autorités de l’Etat. Il serait peut-être temps de revoir non pas l’objectif mais les termes du contrat.

Sous cette modeste réserve qui m’est personnelle, j’approuve, comme l’ensemble des sénateurs du groupe RDSE, le projet de loi de programmation militaire avec les modifications introduites par l’Assemblée Nationale, qui ne changent pas la structure du texte sur lequel nous nous étions déjà prononcés le 21 octobre.

Ce contrat nous engage tous, car c’est de la survie de la France comme grande nation politique qu’il s’agit. Vous vous êtes battu pour y arriver mais nous avons encore à nous battre tous ensemble pour qu’il soit, jusqu’au bout, intégralement tenu.

 

Cet article est le 37ème paru sur ce blog dans la catégorie Chevènement sénateur

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11 décembre 2013 3 11 /12 /décembre /2013 11:48

Avec Chevènement, il ne faut jamais dire jamais…

 

Le PS, que l’ombre de Jospin ne couvre plus, commence à se libérer des tabous et Chevènement en était un depuis la fin des années 1990 et sa rupture avec le Premier ministre d’alors. De nombreux parlementaires ont de l’estime pour celui qui joua un rôle majeur au côté de Mitterrand en 1971 au congrès d’Epinay-sur-Seine et en 1981 avant l’élection présidentielle. Dans les deux cas, Chevènement était l’homme des projets socialistes qui avaient contribué à la réussite du PS rénové.

 

Conseil national MRC 240313 013 TC’est en 2008 que Jean-Pierre Chevènement s’est relancé sur le terrain politique en donnant une nouvelle dynamique au Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) et en étant élu sénateur du Territoire de Belfort (dans des conditions particulièrement difficiles, face à l’UMP et au PS local).

C’est en 2011 qu’il a fait son retour médiatique avec Le livre "La France est-elle finie?" et c’est en 2013 que ce retour a été amplifié avec son nouveau livre l'Europe sortie de l'histoire.

Voir aussi Le nouveau livre de JP Chevènement : revue de presse, dont Le Monde - 8 novembre 2013 et Chevènement, une passion européenne (Marianne, 1er décembre 2013).

 

Dans un nouvel article, paru le 9 décembre 2013 sur le site du quotidien Le Monde, Thomas Wieder constate que Jean-Pierre Chevènement suscite à nouveau la curiosité.

Rien n'est définitif en politique. Aux revers les plus cuisants peuvent succéder les résurrections les plus inespérées. Jean-Pierre Chevènement en fait l'expérience. Le 1er février 2012, après quelques semaines d'une poussive précampagne, il avait renoncé à se présenter à l'élection présidentielle, constatant que sa candidature ne suscitait pas le même intérêt que dix ans plus tôt. Beaucoup pensèrent alors qu'une page était tournée. Que le « Che » était devenu une fois pour toutes l'un de ces vétérans de la politique dont on ne parle plus qu'au passé.

Près de deux ans plus tard, le voilà pourtant de retour. Dans les librairies, d'abord, avec un essai paru en octobre sous le titre 1914-2014, l'Europe sortie de l'histoire ? (Fayard, 342 pages, 20 euros), dont l'éditeur confie qu'« il marche très bien pour un livre d'homme politique ». Dans les médias, ensuite, où le sénateur de Belfort, grâce à cet ouvrage, court les plateaux les plus en vue.

Tout ceci serait anecdotique si Jean-Pierre Chevènement se contentait, lors de ses récentes prises de parole, de disserter sur le siècle passé. Evidemment, il n'en est rien : en vieil animal politique, le président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen sait qu'il aurait tort de se priver des tribunes qui lui sont offertes à l'occasion de la parution de son essai historique pour ne pas exposer ses solutions pour demain.

« UNE RUPTURE DANS LA POLITIQUE ÉCONOMIQUE »

Celles-ci sont connues de longue date. L'engouement qu'elles suscitent n'en est que plus étonnant. Tout a commencé avec l'économiste Jacques Sapir. Certes, son intérêt pour les idées de M. Chevènement ne date pas d'hier. Mais de là à ce qu'il plaide pour que celui-ci soit nommé à Matignon… Tel est pourtant ce qu'il a écrit sur son blog, suggérant à François Hollande de faire « appel à un homme dont le prestige et les positions garantiraient qu'il serait celui d'une rupture dans la politique économique actuelle mais sans rupture avec le cadre démocratique et républicain ».

L'idée aurait pu en rester là. Il n'en fut rien. Le 6 novembre, l'hebdomadaire Marianne demanda à 84 personnalités de proposer un successeur à Jean-Marc Ayrault. M. Chevènement arriva en troisième position (8,1 % des réponses), derrière Martine Aubry (24,3 %) et Manuel Valls (20,2 %), mais devant Arnaud Montebourg (5,4 %) et Michel Sapin (4 %).

Il n'en fallut pas plus pour activer les réseaux du « Che ». A 74 ans, l'ancien ministre de François Mitterrand et de Lionel Jospin compte parmi ses maigres troupes des jeunes gens particulièrement actifs sur les réseaux sociaux, au point de créer sur la plateforme Tumblr un blog intitulé #lecheamatignon.

MATIGNON ? « JE N'Y CROIS PAS »

Des élus ont aussi été approchés. Marie-Noëlle Lienemann, par exemple. « Sur la question européenne, l'histoire donne raison à Chevènement. Il incarne aussi une certaine idée de l'autorité de l'homme d'Etat et un côté hors magouilles partisanes que les Français réclament aujourd'hui », estime la sénatrice socialiste de Paris. A l'Assemblée, son collègue Pouria Amirshahi se dit lui aussi séduit : « J'ai révisé mon jugement sur son côté “vieille gauche”. Il incarne l'idée que la France peut rester progressiste sans s'effacer des radars de l'histoire », confie le jeune député PS des Français de l'étranger.

Le « Che », lui, regarde tout cela avec un mélange de distance et de satisfaction. L'hypothèse Matignon ? « Je n'y crois pas, dit-il au Monde. Il faudrait que le chef de l'Etat estime que les circonstances sont exceptionnellement graves. Or il est par nature optimiste et pense que l'économie va finalement se redresser. » Niant être en rivalité avec Jean-Marc Ayrault, « un homme courageux qui fait ce qu'il peut dans les limites qui sont les siennes », le sénateur de Belfort se contente d'expliquer la curiosité qu'il suscite par le « besoin des Français pour des idées courageuses qu'ils ne trouvent pas dans le débat politique actuel ». Une curiosité que ses partisans ont l'intention de faire perdurer, en envisageant la commande d'un sondage à un grand institut, et en misant sur une invitation de leur champion devant le groupe socialiste de l'Assemblée nationale, début de 2014.

 

 Lu récemment dans la presse

"Il faut une école forte" - Entretien de Jean-Pierre Chevènement au journal "Le Télégramme", mercredi 10 décembre 2013. Propos recueillis par Philippe Reinhard.

Cet article est le 188ème paru sur ce blog dans la catégorie CHEVENEMENT

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10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 20:32

Un magnifique discours d’Obama pour célébrer Mandela

 

C’était un grand moment qui restera dans l’Histoire. Voir et écouter Le discours de Soweto, Hommage de Barack Obama à Madiba ce 10 décembre 2013 à la mémoire de Nelson Mandela.

 

Au cours de son éloge, le président américain a fait référence à la notion africaine ''d'ubuntu'', chère au leader disparu. Cette notion est si importante en Afrique qu’il faut y revenir.

 

Lu sur le site de Metronews, ce 10 décembre : Discours d'Obama pour Mandela : ça veut dire quoi, ubuntu.

Et soudain le brouhaha se transforma en une impressionnante clameur. Dans le stade détrempé de Soweto, à Johannesburg, Barack Obama a prononcé, mardi, un vibrant hommage à Nelson Mandela, mort jeudi soir à l'âge de 95 ans. Au cours de son discours, l'un des moments forts de cette journée dédiée à l'homme qui fit tomber l'apartheid il y a vingt ans, le président américain a fait vibrer les foules en prononçant un mot quasiment magique en Afrique noire : ''ubuntu''. Une notion intraduisible, proche des concepts d'humanité et de fraternité, inextricablement liée à la longue lutte de Nelson Mandela contre la ségrégation raciale et à la mise en oeuvre de sa politique de réconciliation nationale une fois arrivé au pouvoir.

''Mon humanité est inextricablement liée à ce qu'est la vôtre''

L'origine de ce mot provient des langues bantoues - plusieurs centaines de dialectes parlés en Afrique subsaharienne - et peut être associé à un célèbre proverbe zoulou : ''Un individu est un individu à cause des autres individus.'' ''Mon humanité est inextricablement liée à ce qu'est la vôtre'', a également théorisé Desmond Tutu. ''Quelqu'un d'ubuntu, a encore expliqué le prix Nobel de la Paix 1984, est ouvert et disponible pour les autres (...) car il ou elle possède sa propre estime de soi, qui vient de la connaissance qu'il ou elle a d'appartenir à quelque chose de plus grand. Il se sent diminué quand les autres sont diminués ou humiliés, quand les autres sont torturés ou opprimés.''

Les larmes de Desmond Tutu

C'est d'ailleurs imprégné par cet idéal ''d'ubuntu'' que l'homme d'église a pris les rênes de la commission ''Vérité et réconciliation'' à la chute de l'apartheid. Unique au monde, cette commission avait pour objectif de confronter les victimes des années de ségrégation à leurs bourreaux. En échange d'amnistie, ces derniers ne devaient rien cacher des violations des droits de l'Homme qu'ils avaient pu commettre. Au prix d'une intense émotion - on se souvient des larmes de Desmond Tutu - l'Afrique du Sud a ainsi pu ''purger'' les haines individuelles pour construire la société multiraciale chère à Nelson Mandela.

A plusieurs reprises, le premier président noir d'Afrique du Sud avait d'ailleurs livré sa propre définition de l'ubuntu, qui a guidé sa vie entière : ''Respect, serviabilité, partage, communauté, générosité, confiance désintéressement. Un mot peut avoir tant de significations. C'est tout cela l'esprit d'ubuntu'', expliquait le grand homme dont le monde célèbre la mémoire ce mardi

 

A signaler l’action de la poétesse et romancière sud-africaine Antjie Krog.

Méconnue en France, Antjie Krog s'est faite remarquer très jeune en Afrique du sud. Encore lycéenne, elle publie un poème réclamant la fin de la ségrégation entre les blancs et les noirs. Son texte fait scandale et parvient jusqu'à Mandela alors emprisonné sur l'île de Robben Island. Plus de 40 ans ont passé et Antjie Krog utilise toujours la littérature comme arme de combat. En 1999, elle a publié La douleur des mots, une chronique des travaux de la commission "Vérité et réconciliation" qu'elle a couvert pour une radio en 1996 et 1997. C'est de cette expérience, entre autres, qu'elle est venue témoigner en Pays de la Loire, notamment à Laval le jeudi 7 novembre à 20 h 30 à la bibliothèque Albert Legendre. Voir France - Afrique du Sud / La poétesse Antjie Krog en tournée dans les Pays de la Loire le 23 octobre 2013 (vidéos de sa prestation à Saumur le 16 octobre 2013).

 

Lu aussi sur le site Lapresse.ca, le 5 décembre 2013, ce bon résumé par la journaliste canadienne Agnès Gruda : Mandela: l'élégance du libérateur

 

Rappel : L'Ubuntu, manière de vivre des peuples bantous, a façonné Mandela - 9 déc. 2013.

Mandela, l'homme du combat du peuple sud-africain pour sa libération - 6 décembre 2013 5 06

 

Cet article est le 29ème paru sur ce blog dans la catégorie Afrique.

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9 décembre 2013 1 09 /12 /décembre /2013 22:33

Cette philosophie a permis une sortie pacifique de l’apartheid

 

Nous avons beaucoup à apprendre de Mandela. Il faut comprendre comment il a pu éviter une sortie dramatique du régime de la ségrégation. Pas lui seul, mais il y a fortement contribué. D’où lui venait cette capacité de grandeur d’âme respectant ses adversaires ? Comment est-il parvenu, unique exemple dans l’histoire, à réconcilier oppresseurs et opprimés dans un seul pays, un même système ? Comment, par intelligence tactique, tout autant que par la bonté d’âme qui était sa marque, a-t-il su pardonner et entraîner tout un peuple vers la réconciliation ?

 

Deux hommes vont nous aider à comprendre : Patrice Claude et André Brink

Patrice Claude est le principal rédacteur du Hors-Série du Monde publié en décembre 2013 (vendu 7,50 euros). Voir Mandela Leçons d'une vie.

Lutteur infatigable contre l’apartheid, emprisonné pendant 27 ans et premier président noir d’Afrique du Sud, Nelson Mandela a incarné le courage en politique par sa lutte pour la liberté et contre le racisme. Alors que la planète entière lui rend hommage, Le Monde revient dans ce hors-série de 100 pages sur le destin exceptionnel de « Madiba », de la création de l’ANC à son élection en 1994, et raconte, avec les témoignages d’André Brink et de Kofi Annan ainsi que des reportages photo exceptionnels, comment il a mené la « nation arc-en-ciel » sur la voie de la réconciliation. « Je ne suis pas un messie, seulement un homme ordinaire dont des circonstances extraordinaires ont fait un leader » (Nelson Mandela).
 

MADIBA L’UNIVERSEL
Le 18 juillet 1918, en Europe, la première guerre mondiale s’achève en boucherie. A la pointe sud de l’Afrique, un nourrisson mâle vient à la vie sur le sol de terre battue d’une hutte en torchis. Il s’appelle Rolihlahla Dalibhonga Mandela. Son père est un « prince » déchu des Thembu, une grande tribu de la nation des Xhosa. Il y a beau temps que le colonialisme a dépouillé les familles royales africaines de leurs terres, de leurs pouvoirs et de leurs richesses. Mais certaines, comme celle de Mandela, ont su garder leur dignité. Bientôt, la planète entière le découvrira et célébrera le nom de ce noble fils d’Afrique qu’une institutrice britannique, conformément à la coutume coloniale d’alors, a affublé du prénom de Nelson.
Aujourd’hui, Mandela est mort. Il laisse son nom à des milliers de rues, de places, d’universités et de fondations à travers le monde. Il emporte avec lui une part de la grandeur, de l’invincible charme et de l’imparfaite sagesse de cette planète. Il laisse aussi dans son sillage un espoir terriblement humain, celui qui fait que, oui, un homme seul, pourvu qu’il soit doté des qualités nécessaires, peut éviter une guerre et changer le sort d’une nation.
Nelson Mandela était un homme qui n’aimait pas qu’on le prenne pour un prophète. Encore moins pour le demi-dieu que certains se sont plu à voir en lui. «
J’ai commis des erreurs », reconnaissait-il. Et certains de ses proches alliés, dans son propre pays, ont su les pointer en leur temps. « Sa principale faiblesse, disait son compagnon de lutte, l’évêque Desmond Tutu, Prix Nobel de la paix en 1984, tenait à cette indéfectible loyauté qu’il éprouvait à l’égard de ses amis, de ses camarades de combat. » Il a, c’est vrai, favorisé la carrière, ou laissé en place au pouvoir, des hommes et des femmes incompétents ou corrompus. Ainsi était Madiba, comme il aimait à être appelé, parce que tel était le nom du clan de ses aïeux.
On lira dans les pages qui suivent, illustrées par de grands photographes, comment cet homme d’exception a libéré son pays d’un régime inique et violent, à force de courage, de ténacité et de clairvoyance. Comment il est parvenu, unique exemple dans l’histoire, à réconcilier oppresseurs et opprimés dans un seul pays, un même système. Comment, par intelligence tactique, tout autant que par la bonté d’âme qui était sa marque, il a su pardonner et entraîner tout un peuple vers la réconciliation. On verra enfin comment il a su établir une authentique, et donc imparfaite, démocratie, dans une région du monde où elle n’avait jamais eu droit de cité.
On comprendra comment et pourquoi Nelson Mandela accéda à l’universel, comment il est devenu pour tous un exemple moral sans pareil, pratiquement le premier « saint laïc » de la planète.
De Bill Clinton à Tony Blair en passant par Kofi Annan et le dalaï-lama, tous les « grands », passés et présents de ce monde, ont dit combien la simple présence de Madiba les rendait tous
« plus grands » encore. Tour à tour pacifiste convaincu puis chef d’une résistance armée, prisonnier rebelle puis martyr patenté durant vingt-sept années et cent quatre-vingt-trois jours, diplomate roué et maître tacticien pour la bonne cause, à savoir la paix entre les hommes, homme d’Etat tout à la fois pragmatique et visionnaire, Nelson Mandela a montré la voie à suivre, l’exemple à imiter. Y compris la grâce, si rare sur le continent africain, avec laquelle il s’est retiré du pouvoir en 1999, après avoir effectué un seul mandat présidentiel.
Nous avons voulu, dans ce numéro hors-série du
Monde, dresser l’inventaire d’une vie, décrire les circonstances qui ont permis à un être ô combien particulier de déployer toute la richesse de son destin. Il s’appelait Nelson Mandela et il prétendait transformer « un désastre humain », l’apartheid, « en une société dont l’humanité tout entière sera fière ».
Patrice Claude et Martine Jacot

Patrice Claude est aussi l’auteur de cet article paru dans les colonnes du quotidien Le Monde, le 7 décembre 2013. Voir Nelson Mandela, l'Africain capital. Extrait concernant l’Ubuntu.

 

(…) La personnalité africaine de Mandela n'y est pas pour rien. Adolescent, il a découvert, auprès du régent des Thembu, la philosophie centrale de la culture xhosa – et de tous les peuples bantous auxquels appartiennent aussi les Zoulous et d'autres peuples noirs : l'ubuntu, une fraternité, une manière de vivre ensemble. Fondé sur un sentiment d'appartenance à une humanité plus vaste, le concept contraint ses adeptes à respecter autrui, à faire preuve de compassion, de compréhension. Il s'oppose à l'égoïsme et à l'individualisme, réputés « valeurs blanches ».

Dans le manifeste que Mandela contribue à rédiger dès 1944 pour la création de la Ligue des jeunes de l'ANC, le Congrès national africain, qui existe alors depuis trente-deux ans mais ne se faisait guère entendre, l'ubuntu, qui interprète l'univers comme un tout organique en chemin vers l'harmonie, est déjà présent. L'idée fera sa route dans d'autres documents politiques de l'ANC et jusque dans la nouvelle constitution de la nation « arc-en-ciel » de 1996.

Les Afrikaners, qui ont institutionnalisé le développement séparé – apartheid – en 1948, qui ont créé les bantoustans, régions autonomes réservées aux Noirs, privés des droits les plus élémentaires, mais ont aussi tué, torturé et emprisonné des milliers de gens parce qu'ils se rebellaient contre cet ordre inique, doivent-ils à l'Ubuntu d'avoir échappé aux massacres postapartheid ? Sans doute en partie.

Car l'homme qui, après sa libération, poussera l'exemple du pardon jusqu'à serrer la main du procureur afrikaner qui voulait le pendre en 1964, qui rendra visite à la veuve du Dr Verwoerd, l'architecte historique de l'apartheid, le président qui mettra en place à travers le pays, et contre l'avis de ses camarades de combat, ces commissions Vérité et réconciliation, où les leaders, les serviteurs civils, policiers et militaires de l'apartheid, viendront confesser leurs crimes et demander pardon, cet homme-là, on l'a dit, n'était pas un pacifiste (…).

 

André Brink a aussi beaucoup contribué à ce dénouement positif de l’apartheid, lui qui a raconté son parcours dans un livre. Voir Mes bifurcations par André Brink. Né dans une famille Afrikaner, il n’aurait pu jouer ce rôle s’il n’avait pas été influencé par Albert Camus. Par ses livres, il a, à son tour, inspiré Mandela. Voici ce qu’écrit Lounes75, concernant « Mes bifurcations ».

 

André Brink a entrepris, à 70 ans d'écrire ses mémoires ou "ses bifurcations" d'intellectuel blanc, face à l'Apartheid, dans son pays l' Afrique du Sud. Il a acquis dès les années 70 une aura internationale, par ses romans superbes et courageux et ses nombreuses initiatives contre l' Apartheid. Trois de ses romans à ma connaissance ont fait rapidement le tour de la planète : « Une saison blanche et sèche », « Un turbulent silence », « Au plus noir de la nuit », trois révélations pour moi dans les années 80. Dans « mes bifurcations » André Brink ne nous livre pas une autobiographie ordinaire : Bien sûr son histoire personnelle, marquée par son enfance dans la communauté Afrikaner est attachante, racontée avec talent et sensibilité. Dans sa communauté blanche, Noirs et Blancs ne se rencontrent jamais, mais cela ne l'empêche pas de s'endormir la peur au ventre, persuadé « qu'un Noir est tapi sous son lit ». Mais ce qui fait son prix est son extrême sincérité, pour faire part de ses difficultés à s'arracher « au ghetto mental blanc », aux avantages de sa communauté d'origine qui dirige le pays, et impose un régime de discriminations à la majorité noire, ses hésitations pour rentrer au pays à l'issue de ses séjours en France, l'étonnement de ses premières amitiés avec des compatriotes noirs. Au milieu du récit émergent ses réflexions sur le rôle de l'écriture, sa responsabilité d'écrivain pour faire entendre la voix de la raison, la démocratie, l'égalité pour tous les êtres humains. Enfin il nous délivre un témoignage inestimable sur l'histoire récente de l'Afrique du Sud, le fossé creusé à force de haine et de mépris entre Blancs et Noirs. « La violence est le lot de toutes les sociétés, mais en Afrique du Sud, elle semble presque invariablement doublée d'une exacerbation, d'un surplus imprévu de hargne ». André Brink se souvient des heures les plus terribles de l'Apartheid, les innombrables morts en prison, au terme de sévices sans nom ou de longues grèves de la faim, la répression sanglante jusqu'en 1990. Son éveil politique eut lieu le jour de la tragédie de Sharpeville. Il se trouvait à Paris dans le jardin du Luxembourg le 21 mars 1960, lorsqu'il apprit que la police sud-africaine venait de tuer 69 manifestants noirs. Il paya cher son engagement contre l' Apartheid. Il se souvient du harcèlement de la police politique à son encontre, celle de sa famille ,les filatures et vexations en tout genre ,il se souvient de ses phases de découragement lorsque la mort violente se rapprochait trop. Mais aussi, les souvenirs heureux occupent une large place dans son récit, il rend hommage à toute la part de bonheur reçue, les femmes aimées, les amis qui ne l'ont pas trahi lorsqu'il se trouvait interdit de publication, les rencontres intellectuelles, amicales, artistiques qui l'ont fait ce qu'il est aujourd'hui. Il nous offre une galerie de portraits étonnants : Mazizi Kunene, dirigeant de l' ANC (congrès national africain) : « un être exceptionnel. Un genre unique de dignité. Peut-être, me disais-je souvent, une dignité zouloue ? Discernable même quand il était triste et abattu. Il venait me voir, mettait un disque kwela des townships sur mon minuscule tourne-disque dans le salon ; il fermait les yeux et se mettait à danser, sur place, et très lentement, il tournait, tournait et des larmes coulaient sur ses joues ridées. » Mgr Desmond Tutu, « ce petit paquet de joie pure », « en présence de qui il ressent à chaque fois le bonheur de côtoyer un des rares individus qui dans les ténèbres et le chagrin, ait trouvé le chemin de la compréhension et de la joie ». Aimé Césaire à qui il demande s'il éprouve de la haine : « De la haine ? Cela me rendrait dépendant d'autrui. J'ai refusé une bonne fois pour toutes d'être esclave comme mes ancêtres. Je ne permettrai donc pas à la haine de me faire retomber en esclavage ».Il se souvient d'avoir pleuré le 11 février 1990 quand il a vu à la télévision Nelson Mandela, septuagénaire grisonnant, quittant sa dernière prison, après 27 ans d'incarcération. Quatre pages ensuite disent l'inoubliable émotion individuelle et collective, le fameux 27 avril 1994, le jour des premières élections libres : « que mon pays attendait depuis des siècles ». « Des ondes de gaieté traversaient la foule ».Il dit l'émotion qui l'étreint à chacune de ses rencontres avec le grand homme Nelson Mandela. Mais la route est plus longue que prévu. Le nouveau régime d'Afrique du Sud est gagné par la « pourriture », la « stupidité », « la corruption ». André Brink n'a plus d'excuses pour les présidents Mbeki, Zuma et leurs ministres. Il les dénonce avec la même colère que leurs prédécesseurs blancs : « Tant que cela sera possible, je parlerai, je ne pourrai pas, je ne voudrai pas me taire »

Rappel : Mandela, l'homme du combat du peuple sud-africain pour sa libération - 6 déc. 2013 

 

 Cet article est le 28ème paru sur ce blog dans la catégorie Afrique.

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8 décembre 2013 7 08 /12 /décembre /2013 23:00

L’anglais n’est pas la langue universelle, la traduction est nécessaire

La question de la langue a été abordée lors du colloque de la Fondation Res Publica le 14 octobre 2013. Voir L'exception culturelle, thème du colloque de la Fondation Res Publica - 7 déc. 2013. Deux thèses se sont affrontées, soutenues l’une par Jean-Marc Daniel, professeur d'économie, qui est contre l’exception culturelle française, et l’autre par Jean-François Colosimo, ancien président du Centre national du livre, qui est favorable à L'exception culturelle.
L’attaque a été lancée par Jean-Marc Daniel. Voir  Pourquoi l’exception culturelle n’existe pas.
(…) Nous devons redonner à la culture française une attractivité, ce qui ne peut se faire qu’en attirant davantage d’étudiants en France. La mesure la plus intelligente décidée par le gouvernement en place a été prise par Mme Fioraso quand elle a décidé d’introduire l’anglais dans les cours universitaires* : les cours seront donnés en anglais mais quand ils seront à Paris, les étudiants iront à la Comédie française entendre parler en français, argumentait-elle.
Si nous voulons garder une capacité d’audience au niveau mondial, nous devons avoir une capacité d’attractivité, c’est-à-dire faire en sorte que les gens qui nous regardent aient envie de venir nous voir. Il ne sert à rien de nous proclamer « exceptionnels » si nous sommes les seuls à le penser et si, à l’extérieur, on nous juge plutôt grotesques. Si être « exceptionnels » c’est être isolés, cette « exception » n’a absolument aucun avenir.
La première mesure à prendre est donc de généraliser l’attractivité intellectuelle et culturelle de notre pays.
Ceci passe par la généralisation de l’activité de notre enseignement, une amélioration conséquente de notre enseignement et une capacité à produire de l’enseignement dans la langue universelle mondiale qu’est devenue l’anglais. Quelqu’un a évoqué François Ier. Certes François Ier a imposé le français, Richelieu a fait l’Académie française mais on a continué à publier en latin. Aujourd’hui on publie en anglais. Si on veut se faire entendre, il faut être connecté avec le reste du monde (…).
Jean-François Colosimo a répondu ceci lors du Débat final :
Je voudrais répondre à M. Daniel qu’il y a une très bonne raison pour laquelle il ne faudrait pas enseigner en France en anglais. Ce n’est pas seulement notre mauvaise maîtrise de cette langue qui déprécie, appauvrit le plus souvent l’enseignement dispensé en anglais par un Français. C’est surtout qu’il ne faut pas rater le train de l’histoire ! Il y aura 600 millions de francophones en Afrique dans vingt ans. Allons-nous les inviter à passer à l’anglais ? Ce train de l’histoire, ce n’est pas la francophonie aux consonances un peu nostalgiques, ce sont ces centaines de millions de véritables francophones. Quel message leur envoyez-vous ?
Il n’est pas vrai qu’il faille écrire en anglais. Lorsque j’ai eu l’honneur de présider le CNL nous avons consacré plusieurs millions d’euros à la création (avec Cairn) d’un grand portail de sciences humaines et sociales, pour permettre à nos jeunes chercheurs d’être lus et évalués au niveau international. Toutes les publications scientifiques étant en anglais, ils étaient contraints d’écrire dans une sorte de pidgin pentecostal qui stérilisait leur pensée. En effet, nous parlons le monde avant de l’avoir pensé. Transférer sa pensée dans une autre langue, cela s’appelle la traduction. C’est pourquoi nous avions mis au point un grand plan pour traduire les sciences humaines et sociales françaises et d’expression française de manière à ce que nos chercheurs continuent à écrire en français des choses qui ne s’écrivent qu’en français – particulièrement en sciences humaines et sociales –, qui ne peuvent pas être conçues en anglais (c’est aussi cela la diversité culturelle). Leurs œuvres sont ensuite traduites dans le respect de leur pensée en raison de la domination de l’anglais. La domination n’entraîne pas que la soumission. Il faut être un peu plus astucieux … et l’astuce s’appelle la traduction. Or ce projet est aujourd’hui miné par Bruxelles et, pour une fois, pas par des mesures libérales : sous prétexte que les auteurs en sciences humaines et sociales ont été payés pour leurs recherches, Bruxelles considère que leurs articles doivent être gratuits. La seule expérience européenne pour contrer la domination de l’anglais va donc être annulée par une mesure technocratique totalement stupide. Et nous ne pourrons pas valoriser notre recherche en sciences humaines et sociales en raison d’une disposition vraisemblablement adoptée à l’unanimité de tous ceux qui parlent anglais.

 

Dans la salle, Madame Jennifer Low-Rouskov - professeur d’anglais pendant plus de 40 ans à Paris, elle a vécu toute sa jeunesse sous le régime de la ségrégation en Afrique du sud - a également réfuté les arguments de Monsieur Daniel, en ces termes (la salle a applaudi), tels qu’ils sont rapportés dans les Actes du colloque (Voir Débat final) :  

Je m’insurge contre l’idée que l’attractivité de la France dépende de l’utilisation de l’anglais.
D’origine sud-africaine, de langue anglaise, élevée dans une ferme au milieu de la brousse sud- africaine parmi les zoulous, je suis venue en France grâce à la lecture de Victor Hugo et de Rimbaud.
Je partage l’idée que la langue universelle est la traduction.
Celui qu’on nomme “le diable” est peut-être victime de son école de commerce. 
Je tenterai d’être claire et concise. C’est ce que la France m’a appris.
J’ai enseigné pendant plus de quarante ans à l’université à Paris, dans certaines grandes écoles de commerce et à l’E.N.A.
En Afrique du Sud, c’est quand les oppresseurs de langue afrikaans ont exigé des écoliers à Soweto d’apprendre les mathématiques en afrikaans qu’une révolte importante contre le régime de l’apartheid a commencé.
Je rends hommage à la France d’avoir traduit sitôt les romans d’André Brink. Ces romans ont eu une influence décisive dans la lutte contre le régime de l’apartheid.
L’Inde a subi deux cents ans de domination anglaise et c’est grâce à un groupe de poètes bengalis, prenant appui sur les textes du Veda en sanskrit, que le mouvement de libération de l’Inde a été déclenché.
Vive la France !

Depuis ce colloque, Madame Low-Rouskov m’a expliqué le fond de sa pensée. Ce débat sur la langue concerne la transmission des valeurs humaines. L’anglais, qui est une langue magnifique et riche (poésie, littérature) comme beaucoup d’autres, ne peut être la langue universelle. Il faut maintenir et développer la traduction, car on ne peut appréhender le monde et le réel qu’à travers sa propre langue. La réflexion passe par les mots et le raisonnement. Certains réduisent la langue anglaise à un outil de communication économique et commercial, dans un monde dominé par le libéralisme anglo-saxon et les valeurs marchandes. La réalité est plus complexe. Pour sa part, la France s’en tient à une politique humaniste de protection des cultures et des souverainetés politiques, ce qui passe par la sauvegarde des langues.

 

* Rappel : Projet de loi Fioraso : l'anglais devient langue de l'université française - 21 juin 2013

Projet de loi Fioraso (enseignement supérieur) : porte ouverte à l'anglais - 12 mai 2013 

Cet article est le 21ème paru sur ce blog dans la catégorie Culture langue medias histoire

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8 décembre 2013 7 08 /12 /décembre /2013 14:30

Champion du monde, recordman du monde en 2013

 

C’est un rêve qui devient réalité. Le mayennais François Pervis a pulvérisé cette nuit le record du monde du kilomètre sur piste lors d’une épreuve comptant pour la Coupe du monde.

Voir le Site officiel de François Pervis

Trente heures après avoir battu le record du monde du 200 m lancé, François Pervis vient de pulvériser au Mexique le record du monde du kilomètre vieux de douze ans. Il est l'homme le plus rapide du monde sur la piste !

François Pervis est en train de marquer l'histoire de son sport. En deux soirs de compétition, il inscrit doublement son nom sur les tablettes. Comme il l'avait annoncé, il a pris le départ du kilomètre départ arrêté avec l'objectif de faire mieux qu'Arnaud Tournant en 2001 à La Paz en Colombie. Il y est parvenu puisque le Mayennais a signé un chrono incroyable de 56''303 (63,939 km/h) améliorant de deux secondes et demi la temps de Tournant (58"875).
Inutile de dire qu'avec ce record du monde, François Pervis a remporté cette manche de Coupe du Monde à Aguascalientes sur le kilomètre. Mais le tournoi fut très relevé car pas moins de dix coureurs sont passés sous la barre symbolique de la minute et cinq pistards (!) ont fait mieux que le record du monde d'Arnaud Tournant. Le champion du monde du kilomètre 2013 a réalisé le meilleur chrono à chaque temps de passage tous les 125 mètres. Le plus rapide de tous ce samedi soir au Mexique, c'était bel et bien François Pervis.

 

Voir aussi : Un record du monde pour Pervis (Cyclisme-mag.com, 7 décembre 2013)

Pervis entre dans l'histoire (cyclisme-mag.com, 8 décembre 2013)

 

Francois-Pervis-Laval-040913-005-T.jpgLe 4 septembre 2013, à Laval, les anciens conseillers régionaux des Pays de la Loire lui avaient remis un chèque de mille euros. Voir Les anciens conseillers régionaux à Laval pour récompenser François Pervis - 4 sept. 2013. J’avais rappelé son parcours et expliqué quels étaient ses mérites, justifiant notre choix.

 

Le parcours du jeune cycliste mayennais François Pervis

 

Il est né en octobre 1984 à Château-Gontier. Ses parents, Colette et Patrick Pervis, sont domiciliés à Villiers-Charlemagne (sud-est de la Mayenne). Son palmarès sportif est impressionnant. Voir François Pervis - Wikipédia et le Site officiel de François Pervis.

Et, pourtant, la situation du cyclisme sur piste en France ne lui a pas permis d’intégrer une structure professionnelle (à part deux années chez Cofidis). Il a vécu avec les subventions des collectivités territoriales et des sponsors. De plus, il n’a pas été épargné par les blessures et les déceptions, notamment celle de la non sélection aux Jeux Olympiques de Londres, en 2012, alors qu’il remplissait les conditions de sélection.

 

Entre 2006 et 2011, il avait obtenu cinq médailles aux championnats du monde, mais il lui manquait celle qui compte vraiment : l’or. Pour l’obtenir, il a pris des décisions qui l’ont rendu plus fort dans les compétitions. D’abord, la préparation mentale (apprendre à gérer le stress d’avant-course) avec Denis Troch, l’ancien entraîneur du Stade Lavallois. Ensuite, la gestion des courses avec son entraîneur Florian Rousseau. Enfin, la participation aux courses de keirin (spécialité japonaise du cyclisme sur piste) au Japon a été positive pour renforcer sa puissance et apporter un complément de revenu. Mais il y a des frais et des contraintes (longues périodes au Japon l’éloignant de sa famille).

Les championnats du monde en Biélorussie, en février 2013, ont été couronnés de succès pour François Pervis. Médaille d’or au kilomètre, dans un temps remarquable. Voir cet article (Le Point, 20 février 2013) : Cyclisme - Mondiaux 2013 : François Pervis champion du monde.

Médailles de bronze en vitesse individuelle et par équipe. Regret d’être passé à côté d’un exploit en keirin, en raison d’une disqualification sur faute technique.

 

Ce parcours peut être considéré comme exemplaire par les qualités humaines de ténacité et d’intelligence déployées par François pour atteindre son objectif. Il lui a fallu mieux se connaître, faire appel à des conseillers, conserver la confiance en soi et surmonter les obstacles. Ce sont des qualités humaines dont les jeunes ont besoin pour accéder à la vie professionnelle.

 

Cet article est le 23ème paru sur ce blog dans la catégorie Les sports et loisirs

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