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Présentation

  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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29 juin 2007 5 29 /06 /juin /2007 09:27

 

Produire de la ville propre, solidaire, bien équipée

 François Martot est conseiller municipal d’Yvetot (76) et directeur d’un organisme de logement social. En novembre 2006, il a écrit, en tant que délégué national du MRC, une synthèse intitulée « Logement social : défis et pistes de réflexion ». Ce texte a été découpé en huit parties, qui sont publiées successivement sur ce blog. Voici la 5ème partie, qui concerne les attentes citoyennes par rapport à la ville.

 D) - Les défis urbains 

"Les Français entretiennent une relation paradoxale avec la ville. Si l'on a en 2005, pour la première fois depuis longtemps dépassé les 400 000 logements mis en chantier, c'est notamment grâce à (ou à cause de) l'explosion de la construction en diffus, hors de toute planification urbaine.

 

La signification de cette réalité mérite d'être analysée tant elle recouvre de paradoxes. Si la loi SRU a redéfini la finalité des différents documents d'urbanisme SCOT, PLU et si la loi ENL a doté les collectivités de certains moyens d'action en matière d'action foncière, ces 2 lois potentiellement porteuses de moyens d'intervention pour les collectivités n'étaient, par définition, guère en mesure de porter leurs effets dans ce contexte de très forte pression de la demande et de montée en régime du cycle immobilier.

Des documents d'urbanisme en fin de vie, d'autres en cours de lente élaboration ont laissé le champ libre à l'explosion urbaine alors que l'accent est mis sur l'élaboration de Plans d'Aménagement et de Développement Durable !

Mais le paradoxe réside dans la convergence de nombreuses études menées sur les attentes des Français autour du fait que ceux-ci rejettent la concentration  urbaine, plébiscitent les villes moyennes, sont attirés par les communes rurales lorsqu'elles sont à proximité des services. 

La tendance observée "au fil de l'eau" ne rencontrerait-elle pas, malgré ses effets pervers, l'attente "spontanée" de nombreux français ? Ces conclusions sont toutefois à manier avec prudence ; en accession, les valeurs foncières sont un critère de choix déterminant et l'éloignement des centres villes de ménages jeunes aux budgets et aux conditions de vie marqués par des coûts et des temps de trajet très pénalisants déstructure le tissu social et génère des inégalités.

 La capacité des élus - dotés des outils de planification urbaine que sont des documents d'urbanisme repensés et de meilleurs moyens d'action sur le foncier - à "produire de la ville" génératrice de valeur d'usage, offrant des services de qualité, maîtrisant ses nuisances et garantissant des solidarités, représente également un enjeu majeur ».

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29 juin 2007 5 29 /06 /juin /2007 09:20

 

Pour un protectionnisme social et écologique

 Dans l’UFAL Flash n° 23 paru le 27 juin  (voir www.ufal.info), Christian Schneider signe un texte qui invite à réfléchir aux raisons du vote NON du 29 mai 2005 et du résultat de l’élection présidentielle. Il préconise de mettre en avant la nation en tant que communauté des citoyens, bien loin des rives du communautarisme. En fait, c’est la réflexion sur les enjeux de la mondialisation qui doit conduire à proposer une nouvelle politique alternative aux politiques néo-libérales. Voici cette opinion présenté par le bulletin de l’Union des Familles laïques.

 « J’ai retenu du résultat des élections présidentielles deux constatations :

 - Le problème de la nation est probablement à l'origine de l'échec des collectifs anti-libéraux. Ceux-ci n'ont pas compris les raisons profondes du vote du 29 mai 2005. Le Non avait recueilli près de 55% de voix, dont 35 % d'électeurs de gauche et 20 % d'électeurs de droite. Ceux-ci ont tous été catalogués comme lepénistes, ce qui est une erreur.

 Comme le disait Stéphane Rozès en mars-avril 2005 (revue Le Débat), « voter non est devenu une façon d’empêcher les gouvernants d’utiliser les prétextes de l’Europe et la contrainte extérieure pour se défausser de leurs responsabilités ».

 Les classes populaires qui pour une fois avaient voté massivement, eurent dans l’idée que la construction européenne était antidémocratique, qu'elle nuisait aux citoyens, et que seule la nation pouvait les défendre. L'antilibéralisme ne pouvait être victorieux que sur cette base, et non accaparé par les gauchistes qui crachent sur la nation.

 - Les collectifs du NON avaient été le fer de lance de la campagne, ils n’ont pas compris que d’autres moins voyants avaient aussi contribué à la victoire, c’était le cas par exemple des gaullistes. Ceux-ci ne distribuaient pas de tracts sur les marchés mais agissaient individuellement dans des réseaux d’influence.

 Les collectifs du Non, rebaptisés collectifs antilibéraux ont considéré qu’il ne leur fallait pas s’allier avec les socialistes, sous prétexte que la majorité du PS avait voté oui, oubliant que 60 % des électeurs socialistes avaient voté Non. On connaît la suite : Lutte ouvrière se drapait dans un splendide isolement. La LCR acceptait de faire partie des collectifs, si le candidat commun à choisir promettait de ne pas gouverner avec les socialistes, José Bové se retirait. Les communistes restaient à peu près seuls comme force politique organisée et désignaient leur candidate. Les non-encartés se rallièrent à la candidature de José Bové.

 On se retrouvait avec cinq candidats antilibéraux dont le score d’aucun n’a dépassé 4 %. Pas un n’a fait référence à la nation, les uns considérant qu’au 21e siècle, la nation était morte au profit d’une fumeuse citoyenneté mondiale, les autres qu’il ne fallait pas prononcer ce mot réservé aux partis de droite et d’extrême droite qui avaient fait de la nation leur cheval de bataille.

 En ce qui concerne les deux finalistes, l'argument de la nation me semble avoir été le pivot de la campagne. Ségolène Royal avait parlé du drapeau, mais elle a été tellement raillée par toute la gauche que les électeurs ont cru que seul Sarkozy pourrait défendre la nation.

 Les 14 millions d’ouvriers et d’employés souhaitaient le retour du politique. Ils cherchaient une sécurité morale, physique, économique et sociale (Stéphane Rozès, interview à Marianne du 11 octobre 2006). Sarkozy leur a paru le plus crédible qui leur a parlé de les protéger des délocalisations par un retour à la préférence communautaire pour le commerce international.

 Dans les mois qui viennent, il nous faudra réhabiliter l’idée de communauté de citoyens, la nation qui est à l’opposé de la segmentation du peuple en petites communautés, le communautarisme sur lequel Sarkozy va essayer de s’appuyer. Le peuple serait découpé en petites entités rivales les unes des autres dirigées par des minorités dont les porte-parole s’arrogent le droit de parler au nom de toute leur communauté : les Corses, les Bretons, les Basques, les juifs, les musulmans, les homosexuels, les femmes (voir le livre de Julien Landfried, « Contre le communautarisme », publié chez Armand Colin en 2007).

 Le communautarisme détruit les solidarités, déjà mises à mal, depuis que le discours de classe a été remplacé par l’exaltation des tribus. Il est évident qu’il est de l’intérêt du néolibéralisme de diviser un peuple qui pourrait être redoutable s’il reconnaissait son ennemi.

 La nation est le seul endroit où la démocratie peut s’exercer. Il n’existe en effet pas de peuple européen et nous n’avons aucun autre moyen de défense que la volonté de la nation contre les mesures que l’Union européenne néolibérale veut nous imposer.

 Prenons un exemple : la concurrence des produits provenant de pays à bas salaires entraîne la désindustrialisation des pays occidentaux. Les néolibéraux affirment que le nombre de délocalisations est relativement faible, mais ils oublient de parler des délocalisations indirectes, c'est à dire des usines qui ferment, incapables de lutter contre la concurrence des produits à bas coût. Sarkozy propose d’établir des écluses pour lutter contre les délocalisations. Mais il ne dit pas comment faire, alors que tous les traités de libre-échange c'est à dire de réduction des barrières douanières et d’interdiction des quotas ont été signés par la Communauté européenne au nom des pays membres, et donc de la France.

Il faudrait que Sarkozy demande au Conseil européen le retour à la préférence communautaire en matière de commerce extérieur. En supposant qu’il ait le courage de faire une telle proposition, il faudrait l’unanimité pour qu’elle soit adoptée, ce qui est peu probable, car la Grande Bretagne entre autres s’y opposera. Il faudrait que la France adopte la politique de la chaise vide, comme l’avait fait le général de Gaulle dans d’autres circonstances en 1966 pour avoir gain de cause. La France pourrait aussi décider unilatéralement des mesures protectionnistes, ce qui créerait une crise encore plus grave avec l’Union européenne. Qui peut croire qu’elle pourrait continuer tranquillement sans la France ?

 Nous devons préparer l’opinion aux enjeux que nous impose la mondialisation. Il nous faudra creuser notre idée de nation et montrer qu’elle est différente de celle de l’extrême droite. Pour reprendre la question des protections douanières, notre but ne doit pas être d’empêcher les pays émergents de se développer, ce qui serait effectivement égoïste. Notre but doit être la sauvegarde de notre industrie, en mettant au même prix pour le consommateur les produits fabriqués en France et ceux fabriqués en Chine. Les droits de douane devraient être reversés à un fonds dont le but serait l’élévation des droits sociaux et des salaires des pays exportateurs, c’est ce que Jacques Sapir a appelé le protectionnisme social et écologique.

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28 juin 2007 4 28 /06 /juin /2007 10:57

 

L’exigence qualitative constitue un enjeu majeur

 François Martot est conseiller municipal d’Yvetot (76) et directeur d’un organisme de logement social. En novembre 2006, il a écrit, en tant que délégué national du MRC, une synthèse intitulée « Logement social : défis et pistes de réflexion ». Ce texte a été découpé en huit parties, qui sont publiées successivement sur ce blog. Voici la 4ème partie, qui concerne les défis du logement social en ce qui concerne la qualité de la construction.

 C- Les défis de Qualité

Si nous pouvons parler d'avancée chaotique du droit au logement opposable, il n'en est pas de même de l'"avancée réglementaire" liée notamment à des exigences qualitatives.

 Celle-ci porte notamment sur :

 - L'accessibilité des logements aux personnes handicapées. 

Toutes les demandes de permis déposées à compter du 1er Janvier 2007 devront respecter décret et arrêtés d'application de la loi du 11 Février 2005 pour "l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes". Certains aspects de la réglementation nouvelle voient leur mise en œuvre reportée au 1er Janvier 2008 pour l'accessibilité aux balcons et terrasses et au 1er Janvier  2010 pour l'adaptation des salles d'eau.

 Si cette loi comporte une dimension positive de solidarité qui oblige les concepteurs à réfléchir sur tous les types de handicap, si elle va améliorer la qualité d'usage des bâtiments, elle va générer des surcoûts de construction estimés à 5 % en collectif et à 3 000 euros pour les maisons individuelles groupées (dont l'occupant n'est pas le maître d'ouvrage).

 - La mise en œuvre de la réglementation thermique 2005 qui, dans le cadre du Plan Climat, n'est qu'une première étape et doit conduire à l'échéance 2020 à une amélioration de 40 % des performances énergétiques. Le coût de cette première étape est estimé entre 2 et 4 % du coût de construction selon la nature du bâtiment.

 - Simultanément, la certification des produits et matériaux progresse et la directive européenne (produits de construction) formule ses exigences aux produits commercialisés sous la marque CE.

 Ces tendances impactent fortement la nature des matériaux mis en œuvre, le travail de conception des maîtres d'œuvre et l'organisation de la filière construction.

Par ailleurs, même si elle ne constitue pas une "norme" ou une "réglementation", puisqu'elle découle d'une démarche volontaire du maître d'ouvrage, la démarche HQE réalise une percée significative. Des organismes certificateurs délivrent d'ailleurs des certifications HQE pour les bâtiments tertiaires (NF bâtiment tertiaire – démarche HQE) et pour la maison individuelle NF Maison individuelle – Démarche HQE alors que Qualitel délivre les certifications "Habitat et Environnement" en Habitat collectif.

 Ainsi, jamais les enjeux liés à une démarche qualité et à l'entrée de l'acte de construire dans une démarche de développement durable n'ont rendu aussi nécessaire une approche économique posée en terme de coût global (selon une étude ARECOOP/UNSFA, les coûts d'entretien et de maintenance d'un bâtiment d'habitation représenteraient 75 % du coût global).

 Simultanément, jamais les politiques visant à solvabiliser la demande (que ce soit par les biais des aides à la personne pour le marché locatif ou par celui de l'endettement des ménages pour celui de l'accession en cette période de haut de cycle) ne semblent autant avoir atteint leurs limites.

 En bref, élever l'exigence qualitative, valoriser le coût d'investissement par rapport aux coûts différés (ou externes à l'opération quand la solvabilité de la demande locative ou en accession est problématique) constitue aujourd'hui un enjeu majeur.

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28 juin 2007 4 28 /06 /juin /2007 10:50

 

Le projet de traité européen ira-t-il jusqu’au bout ?

 Dans le journal « Bastille République Nation » dont il dirige la rédaction, Pierre Lévy vient de signer un article dans lequel il doute ouvertement de la mise en œuvre du compromis du Sommet européen de Bruxelles. Ce mensuel, qui se qualifie lui-même « progressiste radicalement eurocritique », a été créé en décembre 2000 par Pierre Lévy, ancien journaliste à l’Humanité, avec l’idée de « livrer des informations, des analyses et des éclairages, qu’on ne trouve nulle part ailleurs » (voir l’article paru le 3 février 2007 sur ce blog).

 Avec une analyse complètement opposée, hier matin sur France Inter, l’ancien président Giscard d’Estaing s’est montré très prudent sur la possibilité d’appliquer l’accord enregistré dans la nuit du 22 au 23 juin. Des nouvelles divergences ne sont pas exclues, d’autant plus que Gordon Brown sera moins enclin au compromis européen que son prédécesseur. On peut prévoir de grosses difficultés de communication entre Brown et Sarkozy, qui ne feront que confirmer les divergences déjà constatées quand les deux hommes étaient ministres des finances.

 Voici le texte de Pierre Lévy. 

 « L’Europe vers un second chemin de croix »

 « Le compromis trouvé à Bruxelles le 23 juin nécessite d’être analysé avec rigueur. D’un côté, le mandat approuvé par les Vingt-sept n’est pas sans substance. L’extension de la règle de la majorité signifierait une pression accentuée sur la souveraineté de chaque pays, ce qui accentuerait la tendance engagée par les traités de Maëstricht, d’Amsterdam, et de Nice – sans cependant en changer la nature.

 L’instauration de la « personnalité juridique » pour l’Union européenne révèle l’ambition de ceux qui rêvent – par exemple – de voir celle-ci adhérer à l’ONU et se substituer aux Etats-membres sur la scène internationale. Le Royaume-Uni a cependant obtenu que cette perspective soit explicitement écartée. Par ailleurs, la force juridique conférée à la « Charte des droits fondamentaux », si inquiétante en ce qu’elle place le code du travail sous le haut contrôle de la Cour de Luxembourg, n’est pas nouvelle, puisqu’elle avait déjà été actée en 2000.

  Enfin, on peut redouter les conséquences qu’aurait la création d’un « président du Conseil » en lieu et place de l’actuelle présidence tournante. Cependant, désormais dépouillée de son contexte initial, cette innovation pourrait se retourner contre la volonté de ses auteurs. Car l’existence concomitante de deux présidents européens – celui du Conseil, en plus de celui de la Commission – ne manquerait pas de créer des rivalités de légitimité et d’exercice du pouvoir.

 Le retour d’éléments rescapés de feu la constitution constitue certes un danger réel. A contrario, il convient de mesurer ces « avancées » (!) à l’aune de l’ambition initiale affichée par l’ancien vice-chancelier allemand Joseph Fischer. Dans son discours de mai 2000, l’initiateur de l’idée constitutionnelle plaidait pour une fédération en précisant : « cela veut dire un parlement européen et un gouvernement, européen lui aussi, qui exercent effectivement le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif au sein de la Fédération ». Déjà, en décembre 1998, il lançait : « créer un Etat européen unique sur la base d’une seule constitution, cela constitue la tâche décisive de notre époque ». Le moins qu’on puisse dire est que ce projet est désormais en charpie.

 D’abord parce que la Constitution est morte. C’était certes évident depuis le 29 mai 2005 au soir – nos lecteurs le savent – mais, pour la première fois, les dirigeants européens l’ont acté officiellement. L’abandon du terme même constitue une reconnaissance, de fait, de l’hostilité des peuples. Il ne se trouve plus un seul dirigeant politique sérieux qui ose encore évoquer les « Etats-Unis d’Europe ». Si ce n’est peut-être M. Giscard d’Estaing, qui n’a de toutes façons plus rien à perdre – même l’honneur ; ou le premier ministre belge, à qui les électeurs viennent de signifier son congé ; ou peut-être, mezza voce, le président du Conseil italien, qui a cependant pour l’heure des ennuis intérieurs autrement plus prenants.

  Quant à Pierre Moscovici, ancien ministre socialiste des Affaires européennes, il n’a pu cacher sa tristesse : « tout ce qui était positif » dans le traité précédent a disparu « au profit d'une Europe purement intergouvernementale. (Sarkozy) a imposé sa vision, celle d'un mini-traité qui correspond à une mini-ambition ». Pour son collègue Vincent Peillon, « c'est la substance même de l'Europe qui est en train de disparaître ».

 Il serait erroné, à cet égard, de sous-estimer l’abandon de l’hymne ou du drapeau européens. Comme l’a relevé, très amer, Romano Prodi, ces symboles politiques constituaient le dernier espoir des européistes pour tenter d’insuffler aux peuples l’improbable « foi européenne » – ce n’est certes pas le pacte de stabilité qui est capable d’y pourvoir… La très sainte église apostolique et romaine serait-elle encore ce qu’elle est si elle se voyait contrainte d’abandonner la croix ?

 L’autre raison pour laquelle les dirigeants européens auraient tort de se réjouir trop vite tient au très aléatoire chemin qu’il leur reste à parcourir avant que le traité projeté ne prenne vie. Certes, l’accord conclu à Bruxelles leur a psychologiquement donné un peu d’air. Mais à l’issue du sommet, ils se retrouvent en réalité en deçà du point où ils étaient arrivés le 18 juin 2004, lorsque feu le traité constitutionnel fut signé. Aujourd’hui, ils ne disposent que d’un « mandat » censé encadrer les négociations sur un texte à venir.

 Ce mandat ne prémunit nullement des contradictions qui pourraient resurgir. Qui dit que Jaroslaw Kaczynski – que ses partenaires décrivent en soupirant comme « imprévisible » – ne se ravisera pas, en fonction de tel ou tel aléa entre les Vingt-sept ou sur sa scène politique intérieure ? Qui peut jurer que le nouveau premier ministre britannique, notoirement plus « eurosceptique » qu’Anthony Blair, mettra bien ses pas dans ceux de celui-ci – a fortiori à quelques encablures de ses propres élections où les conservateurs, plus que jamais adversaires du traité, feront monter la pression pour un référendum ? Et des surprises ne sont pas à exclure de la part de tel ou tel autre gouvernement, aux prises avec le « désamour » européen de son peuple – sans parler d’événements internationaux qui pourraient venir percuter l’arrangement bruxellois.

  En outre, les frictions à venir entre Etats-membres, certes sans rapport direct avec la CIG, pourraient bien empoisonner son déroulement. Il en va ainsi de l’adhésion de la Turquie. Le dossier a été mis sous le tapis pour faciliter un accord à Bruxelles, mais il ressurgit déjà. La foire d’empoigne pourrait aussi être redoutable quand il va s’agir, en 2008, de réexaminer le budget européen. La perspective d’un repartage du gâteau n’est pas propre à calmer les esprits.

  Enfin et surtout, à supposer que la CIG débouche sur un traité en bonne et due forme, il restera à faire ratifier celui-ci par les vingt-sept pays : juridiquement, le processus est à reprendre à zéro. Cela pourrait bien annoncer un second chemin de croix, pour reprendre une image utilisée dans ces colonnes en juin 2004. Les dirigeants danois n’échapperont sans doute pas à un référendum, leurs collègues irlandais sûrement pas – et peut-être les Néerlandais non plus. On sait que ces pays ne disent pas toujours Oui. En outre, prétendre que tous les parlements marcheront comme un seul homme serait bien présomptueux.

  En France même, l’hôte de l’Elysée ne dispose pas mécaniquement de la majorité suffisante (trois cinquième des députés et sénateurs) pour voter une modification constitutionnelle – d’autant moins qu’au sein de l’UMP se trouvent encore quelques partisans du Non. Dès lors, qui peut prédire ce que seront les jeux de politique intérieure dans un an ?

  Comme l’a noté Anthony Blair, « cet accord nous donne une chance d'avancer ». On ne saurait être plus prudent. Pour sa part, le chef de la diplomatie luxembourgeoise, Jean Asselborn, avait prédit, juste avant le sommet : « avec beaucoup de vaseline politique, nous pouvons trouver une solution ». La formule, assez leste, illustre sans doute le type de rapports que les dirigeants européens entendent avoir entre eux – à moins que ce ne soit vis à vis de leur peuple. Pour la suite, on ne sait si Bruxelles a constitué des stocks suffisants de lubrifiant. Le terrain, en tout cas, pourrait s’avérer glissant ».

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27 juin 2007 3 27 /06 /juin /2007 14:25

 

Le système de financement remis en cause

 Dans cette 3ème partie, François Martot, délégué national MRC au logement, aborde la question européenne qui est, de fait, une menace sur le financement du logement social en France.  

 B)- Les défis européens

 1- Quelles missions pour le logement social ?

 Si le logement n'est pas une compétence européenne, et ne disposait pas dans le  projet de Traité établissant une Constitution pour l'Europe de chapitre spécifique dans la partie III traitant des politiques et du fonctionnement de l'Union comme l'avaient l'agriculture, les transports, la recherche, l'énergie…Si le logement n'est pas un "domaine où l'Union peut décider de mener une action d'appui, de coordination ou de complément"…il n'a pas pour autant été absent des préoccupations européennes… 

L'existence d'un secteur aidé par l'Etat, missionné et régulé par l'Etat, doté d'opérateurs parfois puissants, ne pouvait pas ne pas être confronté à la logique de libre concurrence sous tendue par l'ensemble des traités européens : "le marché intérieur comporte un espace sans frontières intérieures dans lequel la libre circulation des personnes, des services, des marchandises et des capitaux est assurée conformément à la Constitution".

 Si le rejet par deux peuples fondateurs du projet de Constitution est une donnée politique majeure, la philosophie des traités antérieurs n'en a pas disparu pour autant. Des acquis ont été obtenus tout récemment et sont identifiés sous le nom de "paquet MONTI"

- les aides au logement social n'ont pas à être notifiées préalablement à la Commission et sont exclues du champ de la directive "services"

- le logement social est éligible aux fonds structurels ainsi que les investissements liés à la maîtrise de l'énergie et au développement des énergies renouvelables.

 Ces acquis ne règlent pas tout, loin s'en faut

- Si le principe de l'exclusion du logement social de la directive services est acquis, le passage à l'acte induit une définition précise du champ d'action du secteur du logement social. Sur ce point, Parlement, Commission et Conseil divergent entre une définition "ouverte" préservant l'essentiel de l'activité du secteur et une définition beaucoup plus restrictive limitant par exemple l'action des opérateurs HLM SEM au logement des plus démunis.

- Tous les opérateurs bailleurs sociaux se satisfont d'un des socles de la politique française de logement social : son financement à partir de l'épargne populaire centralisée par la Caisse des Dépôts et Consignations grâce aux collectes opérées par les réseaux de la Caisse d'Epargne, du Crédit Mutuel et de la Poste. Ce dispositif a toujours répondu aux attentes du secteur y compris en période de plan de relance ou d'engagement collectif. Si la faiblesse de l'aide à la pierre venant de fonds publics a souvent été un obstacle à l'équilibre financier des opérations, il n'en a pas été de même pour les financements à long terme qui n'ont jamais manqué, les fonds de collecte se trouvant ainsi régulés.

 Or, ce système est aujourd'hui remis en cause : le monopole à trois "tripole" est rejeté par la Commission qui le considérant comme non nécessaire à l'accomplissement des missions d'intérêt général a adressé une mise en demeure à la France. Il est pourtant à craindre que si la Commission obtenait gain de cause, si la collecte de cette épargne était banalisée et soumise à la concurrence de tous les réseaux bancaires, un système de financement pérenne et sécurisé qui a fait ses preuves s'en trouverait grandement déstabilisé.

 La fin de l'année 2006 et l'année 2007 seront donc essentielles et le secteur professionnel doit apprécier avec lucidité ses marges de manœuvre pour arrêter la stratégie la plus efficace.

2- Les choix étrangers

Trois pays européens symbolisent des choix alternatifs en matière de logement social

- le "modèle" britannique 

Pour les Britanniques très imprégnés de philosophie libérale, le modèle dominant d'accès au logement est la propriété.

 Les opérateurs bailleurs sociaux historiques ont été conviés à vendre massivement leur parc  et le logement social est limité au logement des plus démunis qui ne peuvent accéder à la propriété, quelle qu'en soit la forme.

 Dans ce contexte, pas besoin d'opérateurs immobiliers sociaux puissants – du type mouvement HLM – la mission relève du caritatif et doit être assurée par des associations.

 - le "modèle" allemand 

Dans la société allemande, le poids du secteur locatif est très élevé et les évolutions récentes ont conduit à banaliser la fonction de bailleur ; les spécificités des bailleurs sociaux ont été  gommées, et l'ensemble du secteur locatif – public et privé – est régulé par des dispositifs publics : plafonnement des loyers, conventionnement.

 Les règles du jeu sont donc connues des investisseurs et plusieurs "stadtwerke" équivalent des SEM ou des offices publics ont vendu (Dresde) ou sont sur le point de vendre leur patrimoine à des investisseurs privées, y compris des fonds de pensions américains.

 Simultanément, un droit au logement opposable existe : dans le cadre de leur devoir de police, les collectivités locales ont l'obligation d'assurer à tous un hébergement.

 - le "modèle" néerlandais 

Il est le plus proche du modèle français et est actuellement dans le collimateur de la commission de Bruxelles. Il repose sur des opérateurs immobiliers sociaux puissants et sur une définition large d'une mission de service public permettant aux opérateurs de faire jouer des péréquations selon la solvabilité des ménages logés et la qualité des logements. La commission voit dans ces péréquations des dispositifs d'aides publiques allant au delà d'une mission d'intérêt général.

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27 juin 2007 3 27 /06 /juin /2007 14:13

 

Faire du MRC un mouvement d’éducation populaire

 Sur son blog www.chevenement.fr Jean-Pierre Chevènement a résumé son intervention dimanche devant le Conseil national du MRC. S’il y a un parti politique en France où le dirigeant principal fait l’unanimité, c’est le MRC. Nous avons pu le vérifier dimanche dernier : l’ancien candidat à l’élection présidentielle s’est exprimé l’après-midi, après avoir écouté les interventions des membres de l’instance parlementaire du Mouvement. La clarté de son propos et la qualité de son argumentation ont suscité l’approbation générale.

 Les cadres du MRC avaient besoin de cette sérénité intellectuelle pour continuer le combat militant après une nouvelle déconvenue électorale. Voici le texte qui paraîtra dans le journal interne du MRC « Citoyen actualités » et qu’on peut lire également sur le blog de Jean-Pierre Chevènement (article daté du 26 juin).

 Les tâches du MRC après la séquence électorale de 2007  

I – Le MRC doit porter un regard lucide mais sans masochisme sur la période écoulée.

« A l'Université d'été des Ulis, trois perspectives s'offraient à nous :
- soit, hypothèse privilégiée, un accord avec le PS faisant respecter le vote du peuple français du 29 mai 2005 (refus de la Constitution européenne) ;
- soit, si un espace stratégique se dégageait, une candidature autonome à l'élection présidentielle (un parti digne de ce nom ne peut faire l'économie de cette capacité) ;
- soit une stratégie de « retrait sur l'Aventin », s'il n'était pas possible de trouver un accord politique convenable avec le PS ou de conquérir un nouvel espace politique.

Après que j'ai « marqué le terrain » par le lancement de ma candidature à l'élection présidentielle le 6 novembre, un accord politique sur des bases claires a été trouvé avec Ségolène Royal le 9 décembre, accord que la candidate a globalement respecté dans le déroulement de sa campagne (redressement de la construction européenne – affirmation de l'actualité du modèle républicain - rôle de la France en Europe et dans le monde). Cet accord a été assorti d'un volet électoral qui a été inégalement appliqué par le Parti socialiste (saboté dans trois département : Ardennes – Indre – Territoire de Belfort, il a néanmoins permis l'élection d'un député MRC : Christian Hutin, maire de Saint-Pol sur Mer, dans l'agglomération dunkerquoise).

 Ségolène Royal a été majoritaire dans la jeunesse, chez les ouvriers (24 % au premier tour, 56 % au second et a fait jeu égal avec Sarkozy dans le reste du salariat). Ce redressement sensible par rapport à 2002 (le candidat socialiste n'avait fait que 11 % des voix chez les ouvriers) ne lui a cependant pas permis de compenser le basculement très net en faveur de Sarkozy des professions indépendantes (commerçants - artisans – chefs d'entreprises) et des inactifs.

Si nous avons pu influer sur la campagne de Ségolène Royal sur des points décisifs (l'Europe, la nation républicaine, la politique étrangère et la défense), il y a eu un réel déficit d'explication sur la mondialisation et les moyens de lutter contre les délocalisations et de revaloriser le travail.

Sarkozy, grâce à la plume de Guaino, a su au contraire trouver des accents républicains, voire ouvriéristes, en campant démagogiquement trois épouvantails : les jeunes des cités assimilés à la « racaille », les chômeurs et les « Rmistes » à l'assistanat, l'immigration enfin considérée comme le principal problème posé à l'identité nationale. Soyons clairs : ces trois problèmes existent : la dérive des banlieues où la discrimination sert souvent d'alibi à l'idéologie « victimaire », la dévalorisation du travail au regard des revenus de substitution, politique consciemment menée par l'influence de Jacques Delors depuis 1982, et enfin une certain développement des communautarismes.

L'habileté de Nicolas Sarkozy a été de faire oublier que la crise à la fois sociale et nationale de la France procédait avant tout d'une mondialisation inégale où la dictature du capital financier remet en cause le modèle social patiemment édifié sur la base du programme du CNR de 1944.

Malgré les échappées belles de Ségolène Royal, la gauche, faute de s'être posée réellement la question de la mondialisation, était mal préparée à prendre l'offensive sur ce sujet. Elle s'est fait piéger par la démagogie de la droite sur les questions de sécurité et d'intégration (incidents de la gare du Nord et affaire des « sans-papiers ») parce que si la candidate était au clair, le Parti socialiste restait prisonnier, comme en 2002, de ses contradictions sur ces sujets.

Le score de Ségolène Royal (17 millions de voix contre 19 millions à Nicolas Sarkozy) a été honorable, mais chacun sent bien qu'un immense travail de recomposition et de clarification reste à faire.

II – Nos tâches

C'est là que la contribution du MRC peut être décisive. Notre force est d'abord celle des idées que nous portons : analyse de la « globalisation » – défense et illustration du modèle républicain et pas seulement en France. Cette force ne peut nous faire oublier la puissance du courant social-libéral au sein du Parti socialiste, abusivement paré du titre de « social-démocrate ». Par ailleurs, le camp du « non de gauche » a montré ses limites qui sont celles de son anti-républicanisme plus ou moins conscient. Le risque est grand que le PS attende encore une fois des erreurs de Nicolas Sarkozy et de la « stratégie de l'essuie-glace » son retour en grâce auprès de l'électorat sans avoir procédé aux remises en ordre nécessaires sur l'analyse de la mondialisation, l'Europe, la nation républicaine, etc.

Raison de plus pour être à l'offensive dès notre prochaine université d'été qui se tiendra à St-Pol sur mer le 8 septembre prochain. Il y a place en France et dans la gauche pour un courant républicain civique que le MRC est le seul à incarner.
 

 

Restons ouverts au dialogue dans la gauche et notamment avec les républicains. Participons aux assises de la gauche et aux différents forums qui ne manqueront pas de se tenir dans la période qui vient. Tout ne tourne pas autour des rivalités internes du Parti socialiste. Le débat d'idées reste l'essentiel.

 Sachons nous transformer en un vaste mouvement d'éducation populaire. Veillons à préserver notre rayonnement intellectuel et par conséquent notre capacité à dire « non » sans laquelle notre oui n'aurait pas de signification. Seul l'approfondissement du « logiciel républicain » nous permettra de peser à nouveau le moment venu. Certes, la tâche sera difficile, car les courants du PS qui n'entendent pas revenir sur le bilan de la gauche plurielle et encore moins exercer le droit d'inventaire réclamé jadis par Lionel Jospin sur la période antérieure, n'ont nullement désarmé à notre égard.

L'exemple du Territoire de Belfort où le refus prolongé des instances locales du PS d'appliquer l'accord national et la candidature d'un dissident socialiste Alain Dreyfus-Schmidt, soutenu par les caciques locaux (sénateur, président de région, conseillers généraux, etc.), a conduit à la démobilisation d'un électorat de gauche dont la conscience politique n'a pas été à la hauteur de l'enjeu. Comme vous le savez, j'en ai tiré les conséquences. Le suffrage universel est le vrai maître du temps : j'ai mis un terme à mon mandat de maire de Belfort que je détenais depuis 1983. Un nouveau maire aura pris le relais à l'heure où ces lignes paraîtront.

Je n'en serai que plus libre pour participer, au plan national, à la reconstruction et au rayonnement de ce courant républicain civique dont la gauche et la France ont plus que jamais besoin ».

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26 juin 2007 2 26 /06 /juin /2007 12:51

 

Des changements dans les pratiques sociales

 François Martot est conseiller municipal d’Yvetot (76) et directeur d’un organisme de logement social. En novembre 2006, il a écrit, en tant que délégué national du MRC, une synthèse intitulée « Logement social : défis et pistes de réflexion ». Ce texte a été découpé en huit parties, qui seront publiées successivement sur ce blog. La première est parue hier. Voici la seconde partie, qui concerne les défis sociétaux du logement social.

 A) - Les défis sociétaux

1- Les données socio-démographiques

 Depuis l'engagement de l'Etat dans une politique de logement social, la référence dominante a été celle du parcours résidentiel du couple stable doté d'un emploi stable.

 Si l'environnement économique a beaucoup bougé, générant précarité, instabilité et mobilité, ce qui n'est pas ici notre sujet, les données démographiques engendrent par elles-mêmes de nouveaux parcours résidentiels :

 - Il est devenu banal d'affirmer que la France vieillit. Selon l'INSEE les plus de 60 ans représenteront en 2020 17 millions d'habitants et en 2035 21 millions d'habitants (1/3 de la population) en France métropolitaine contre 12 millions (21 %) aujourd'hui). La part des plus de 75 ans a pratiquement doublé entre 1962 et 2006. Or si le statut d'occupation dominant du logement chez les 60-74 ans est celui de propriétaire, le statut d'occupation dominant chez les plus de 75 ans est celui de locataire.

 - Les études prévisionnelles ont souvent sous-estimé l'évolution des "modes de vivre" qui conduit à une progression du nombre de ménages sensiblement supérieure à celle de la population. Il y a aujourd'hui 2 millions de familles monoparentales, plus de la moitié des ménages parisiens comporte une seule personne. De nombreux couples ne partagent pas le même logement.

 Ces pratiques sociales pèsent sur les besoins tant quantitatifs que qualitatifs en logement.

 Par contre, la décohabitation plus tardive des jeunes, liée notamment à des données économiques, joue en sens inverse.

 2- L'évolution des modes d'habiter

 De 1982 à 2002, la superficie moyenne par personne dans les logements est passée de 31 à 37 m² (soit 31 m² en habitat collectif et 41 m² en habitat individuel), c'est à dire plus de 20 %. Il faudrait un nouveau bond de 20 % pour atteindre les superficies rencontrées dans la plupart des pays d'Europe du Nord (Belgique, Allemagne, Pays Bas), voire davantage (Suède, Danemark, Norvège). Dans le même temps, le volume du contenu d'un déménagement aurait augmenté de 25 % en 20 ans.

 La demande d'espaces de rangement s'accroît ; la chambre, notamment celle des jeunes, devient davantage un espace de vie ; les équipements informatiques, de plus en plus souvent utilisés à des fins professionnelles doivent trouver leur place et l'extension du temps libre transforme de plus en plus le garage en espace à tout faire, dans lequel il est de plus en plus fréquent que la voiture ne trouve pas sa place.

 Pourtant, selon le rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre, la taille moyenne des logements locatifs est passée de 69,2 m² en 1996 à 67,7 en 2001.

 3- Le droit au logement

 Reconnu par plusieurs lois, ce "droit au logement " qui conditionne l'accès à d'autres droits, est-il un objectif à atteindre ou un droit reconnu et protégé ? Son cheminement chaotique mérite examen :

 - La loi Quilliot de 1982 ("le droit à l'habitat est un droit fondamental"),

 - La loi Mermaz de 1989 qui, aujourd'hui encore, règle les rapports locatifs ("le droit au logement est un droit fondamental"),

 - La loi Besson de 1990 ("garantir le droit au logement constitue un devoir de solidarité pour l'ensemble de la nation"),

 Le Conseil Constitutionnel, dans un avis de 1995, a estimé "que la possibilité pour toute personne de disposer d'un logement décent est un objectif à valeur constitutionnelle".

 La loi de lutte contre les exclusions de 1998 : "La présente loi tend à garantir sur l'ensemble du territoire l'accès effectif de tous aux droits fondamentaux dans les domaines de l'emploi, du logement, de la protection de la santé" …

 Les reconnaissances juridiques ne manquent donc pas, mais le nombre de mal logés, qui recouvre des situations très diverses, avoisine les 3 millions de personnes et, dans le parc social, les délais d'attribution des logements sociaux s'élèvent presque partout, alors que les taux de rotation diminuent.

 Un rapport du Haut Comité pour le logement des Défavorisés a très bien défini les conditions d'une avancée vers un droit opposable, qui dépassent les textes législatifs actuels. Celles-ci passent par la désignation d'une autorité politique responsable dotée de moyens d'agir et par l'octroi au citoyen de voies de recours.

 Les délégations de compétences nées de la loi de décentralisation de 2004 créent à cet égard une situation entièrement nouvelle, dont les développements vont inévitablement s'inscrire dans la durée et qui vont nécessiter des arbitrages politiques très complexes ; c'est en effet toute la conception de la solidarité nationale qui est en jeu.

La délégation des aides à la pierre aux EPCI est une étape décisive. Cette montée en puissance des intercommunalités dans le domaine du logement constitue-t-elle une étape vers un droit au logement opposable ? Quels seront alors les rôles et les responsabilités respectives des EPCI et de l'Etat garant de la solidarité nationale ?

 Ce débat est au cœur de toute politique de cohésion sociale.

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26 juin 2007 2 26 /06 /juin /2007 10:21

 

Usagers, personnels, service public menacés

 Nous sommes tout près d’une échéance importante pour le gaz et l’électricité : le 1er juillet, tous les consommateurs pourront choisir leur fournisseur énergétique, trois ans après les professionnels et six ans après les gros industriels.

 Il s’y ajoute la filialisation des activités de distribution d’EDF et de Gaz de France à la même date. Ainsi, sont concernés les usagers et les personnels des deux entreprises et, à travers eux, le service public lui-même.

 Le MRC 92 s’est mobilisé en vue de cette échéance (http://mrc92.free.fr). Il a rédigé un tract dont voici l’essentiel du contenu, ci-après.

 Ouverture des marchés du gaz et de l’électricité le 1er juillet aux particuliers

 ~ Danger pour les usagers

 Pour « offrir le choix » de leur fournisseur aux consommateurs d'électricité et de gaz, un profond bouleversement des entreprises du secteur de l'électricité et du gaz est en cours.

 Toutes les associations de consommateurs le disent à l'unisson : cette ouverture est un piège grossier, le moyen de faire sortir par la force ou par la ruse des millions de foyers des tarifs réglementés par l'État :

 - par la force puisqu'au 1er juillet le prix du gaz pour toutes les constructions neuves sort sans autre forme de procès du tarif public du gaz au profit du prix du marché, même si les propriétaires restent abonnés à Gaz de France.

 - par la ruse puisque les offres mixtes électricité gaz d'EDF comme de Gaz de France conduisent Ipso facto à sortir du tarif réglementé gaz ou électricité (voire les deux), du fait de la mise en concurrence d'EDF et de Gaz de France.

 En fait, l'objectif de la commission européenne, avalisé par le conseil constitutionnel et applaudi par la Bourse (EDF a vu son cours de Bourse bondir lorsque le conseil constitutionnel a annoncé que les tarifs réglementés doivent être abolis), est de mettre fin à l'existence même de ces tarifs.

 La commission européenne n'hésite pas à considérer ces tarifs, inférieurs aux prix du marché, comme une entrave à la concurrence. Selon cette théorie fumeuse, le consommateur se porterait mieux (en terme de concurrence) si sa facture augmentait fortement !

 La conciliation des vertus supposées de la concurrence et du service public est un leurre.

C'est pourquoi nous devons oeuvrer pour une réorientation de la politique européenne en matière d'énergie par l'arrêt du processus de déréglementation, et a minima, le maintien des tarifs réglementés. Ceux-ci n'ont rien de scandaleux : ils sont basés sur les coûts de revient, intégrant le financement des investissements et même une marge substantielle pour les opérateurs (Les bénéfices 2006 d’EDF et Gaz de France en sont la démonstration).

 Le niveau attractif des tarifs d'électricité en France n'est pas le fruit d'une quelconque générosité de l'État envers EDF (ce sont EDF et GDF qui alimentent le budget de l'État et non l'inverse) mais d'une politique d'investissement adéquate dans les décennies précédentes (hydroélectricité et nucléaire font le gros de la production en France).

 Pour mémoire, l’ouverture aux entreprises a commencé dès 1999 et à été terminé en 2004. Depuis, les prix des nouvelles offres n’ont cessé d’augmenter. A tel point que pour les plus grosses, le gouvernement à dû intervenir pour créer un tarif de transition (TARTAM) pour celles qui avaient quitté les tarifs et qui trouvaient qui les prix libres étaient trop chers.

 La lois du marché : OUI, mais seulement quand cela arrange les patrons. Les particuliers, eux, n’auront au 1er juillet que le droit de ce faire plumer, par une publicité agressive et mensongère.

 1- Vous voulez une facture avec le Gaz et l’électricité regroupés ?

 2- Eh bien il va falloir sortir du tarif pour l’une des deux énergies !

3- Mais avant, j’avais une facture avec les 2 et au tarif.

 4- Oui, mais maintenant c’est moderne et conforme au droit européen.

 5- Bienvenue dans le monde de la concurrence !

 6- Le bonheur de consommer librement a un coût et les nouveaux actionnaires des entreprises énergétiques n’ont-ils pas, eux aussi, droit de jouir librement des profits ainsi générés ?

 ~ Danger pour le service public et les personnels d’EDF et de Gaz de France

Non seulement l'ouverture à la concurrence est mauvaise pour les usagers, mais elle s'avère destructrice du service public (investissements ralentis, emplois supprimés, concurrence stérile entre EDF et Gaz de France).

 S'ajoute, aujourd'hui, la filialisation des activités de distribution (acheminement par câble et tuyau) dans des conditions telles que la pérennité des missions de service public est menacée. Ce sont 50 000 emplois qui vont être filialisés pour les deux entreprises.

 L’attitude de Gaz de France, dont les dirigeants font toujours le forcing en vue de la privatisation (fusion GDF/SUEZ), pose de sérieux problèmes quant à la possibilité d'assurer la bonne exécution des activités de distribution communes à EDF et Gaz de France.

 La décision de renoncer à la privatisation de Gaz de France et de s'orienter vers un rapprochement d'EDF et de Gaz de France permettrait d'envisager l'avenir de la distribution (acheminement par câble et tuyau) de l'électricité et du gaz dans de bien meilleures conditions et de satisfaire pleinement les besoins des usagers et de la Nation.

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25 juin 2007 1 25 /06 /juin /2007 20:32

 

Une situation de crise qui a des causes précises

 Lors du Conseil national du Mouvement Républicain et Citoyen, hier,  François Martot s’est exprimé sur ce qu’il a appelé « le paradoxe du MRC » en prenant le cas de son département, la Seine-Maritime. Il est lui-même conseiller municipal d’Yvetot dans le pays de Caux et, sur le plan professionnel, directeur d’un organisme de logement social.

 En tant que délégué national MRC au logement, il avait écrit une bonne synthèse en novembre 2006 sur son thème de prédilection. Je vais publier ce texte assez long, en le découpant en huit parties. Voici la 1ère partie, introductive, qui pose la problématique.

 « En matière de logement, et notamment de logement social, 2006 est une année essentielle. Elle verra probablement battre le record, atteint en 2005, de 410 000 logements mis en chantier, après 360 000 en 2004, alors que l'INSEE situe à 320 000 le niveau de satisfaction des besoins (hors rattrapage des  déficits antérieurs).

 Pourtant, la perception d'une situation de crise grave ne cesse de progresser. En effet :

 - La part de constructions neuves dans des opérations d'urbanisme concerté (ZAC, lotissements) n'a cessé de baisser, ce qui illustre le triomphe du diffus et plus globalement du marché et la perte d'influence des décideurs publics sur la localisation des opérations.

 - La part du logement social ne suit pas la même courbe : 55 000 en 2005, peut-être 65 000 en 2006 dont une partie de PLS destinés à des ménages dépassant les plafonds de ressources HLM et une partie en remplacement de logement détruits dans le cadre du plan de cohésion sociale – c'est pour l'essentiel l'investissement privé placé dans une phase de cycle économique favorable (intérêts réels faibles) et dopé par la défiscalisation de Robien qui tire le marché – De même, en accession, la part des primo accédants diminue malgré le prêt à taux zéro.

 - Le coût du service logement est de plus en plus élevé et inadapté à la demande : explosion des loyers privés (reflet de la bulle immobilière), hausse des loyers sociaux, hausse des charges chauffage, non revalorisation des aides à la personne ; la part des dépenses liées au logement augmente dans le budget des ménages.

 La situation actuelle dans le secteur du logement résulte ainsi d'une double cause : 

- L'effondrement de la nouvelle économie en 2000 a généré, dans un contexte de faiblesse historique des taux d'intérêt longs, des arbitrages chez les investisseurs institutionnels et particuliers favorables à un important report de capitaux du marché des actions vers le marché immobilier.

 - La crise du logement et notamment du logement social résulte également d'une mauvaise anticipation des besoins. Par manque de volonté politique, l'Etat n'a pas rempli son rôle ».

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25 juin 2007 1 25 /06 /juin /2007 18:08

 

Gagner de l’argent sur l’achat et la vente des capitaux

 Dans le monde financier, il existe des esprits critiques, non conformistes et indépendants. C’est ainsi que se présentent les rédacteurs de La Chronique Agora. Voici l’article de fond (avec et sans s) publié ce jour avec la griffe de Bill Bonner (http://www.la-chronique-agora.com) sans langue de bois.

 « LE NOUVEAU CAPITALISME »

 "Nous assistons à la transformation du capitalisme managérial du milieu du 20ème siècle en capitalisme financier global", écrivait Martin Wolf dans le Financial Times mardi dernier. Oh non ! Pas une "Nouvelle Ere" de plus... on en a déjà vu tant. A peine avons-nous eu le temps de nous habituer à l'une qu'une autre arrive, et nous devons tout recommencer.

 Le capitalisme est sujet aux Nouvelles Eres, comme le note Wolf. Laissé à lui-même, il fait aux institutions établies à peu près ce que le général Sherman a fait à Atlanta. Ce Nouveau Capitalisme, cependant, est différent. Il ne ressemble à aucun capitalisme -- sinon dans sa caractéristique essentielle. Comme un bateau ivre, il roule et tangue sur les grandes vagues de l'argent et de la politique... dérive au gré des courants du marché... se fait mener ici et là par les bourrasques des foules, des folies, des démences monétaires... puis... il coule.

 M. Wolf affirme que ce Nouveau Capitalisme est bien plus financier et bien plus matérialiste que le précédent. L'ancien modèle de capitalisme se concentrait sur la production économique. Ce nouveau modèle se concentre sur l'achat et la vente des actifs eux-mêmes. McKinsey Global Institute rapporte que le ratio entre l'un et l'autre -- c'est-à-dire la valeur des capitaux immobilisés par rapport au PIB mondial -- a plus que triplé au cours du quart de siècle se terminant en 2005. L'Europe, qui a été un peu lente à la détente, possède désormais des capitaux valant 303% de son PIB. Pour le Royaume-Uni, ce chiffre est de 359%... tandis qu'aux Etats-Unis, il dépasse les 400%.

 Les capitalistes les plus prospères du moment tendent à gagner de l'argent non pas en produisant des choses, mais en finançant des transactions de capitaux. Ou, comme le dit Wolf, "la finance est bien plus orientée vers les transactions". Des accords, des accords et encore des accords !

 On trouve plus d'intervenants dans le monde de la finance ; les enjeux sont plus élevés -- et ils ont plus de jouets -- à commencer par les hedge funds et les fonds de private equity. En 1990, on trouvait moins de 1 000 hedge funds ; aujourd'hui, on pense qu'il y en a plus de 9 000. Et c'est à peine si les produits dérivés existaient il y a 20 ans. Aujourd'hui, si l'on inclut les produits dérivés sur l'immobilier, leur valeur totale aux Etats-Unis dépasse les 500 000 milliards de dollars, selon l'International Swaps & Derivatives Association. Cela représente à peu près dix fois le PIB mondial.

 Autre différence, avec ce nouveau capitalisme : il est plus cosmopolite que ses prédécesseurs. Les entreprises sont souvent multinationales. De nombreux hedge funds et fonds de private equity sont prêts à prendre l'argent de n'importe qui, quel que soit le pays inscrit sur leur passeport. Les accords traversent les frontières plus rapidement qu'un « sans-papiers ». Et les grands investisseurs agitent rarement des drapeaux ; ils vont là où l'argent est facile. Le monde entier peut donc désormais participer au jeu. Le vendeur de won-ton chinois... le marchand de saris indien... le dealer colombien -- tout le monde peut entrer dans le grand casino.

 Mais qu'est-ce qui rend ce Nouveau Capitalisme si nouveau ? M. Wolf n'en parle pas, mais l'ingrédient principal, c'est le nouvel argent en lui-même. Le 15 août 1971, Richard Nixon "ferma la fenêtre de l'or" du Trésor US.

 Avant cela, le système monétaire mondial reposait sur une base d'or. Aucune devise ne pouvait flotter trop haut, parce que la gravité de l'or stocké dans la cave la ramenait sur terre. Mais après 1971, les capitalistes avaient un nouveau système monétaire avec lequel travailler. A partir de ce moment-là, les pays du monde prirent le dollar comme référence. Et le dollar, que prendrait-il comme référence ? Le billet vert regarda à droite... puis à gauche. Ne voyant rien à quoi se raccrocher, il s'envola lentement !

 Sans or pour les retenir, les Etats-Unis émettent, dans les faits, autant de monnaie papier qu'ils le peuvent. Et ils peuvent beaucoup, parce que la dernière chose que veulent les autres pays, c'est de voir leur propre devise grimper par rapport au dollar. Les Américains, après tout, sont les plus gros dépensiers de la planète. Si la devise d'un pays grimpe par rapport au dollar, le prix de ses biens et services grimpera aussi. Suite à ça, les Américains iront acheter ailleurs. Toutes les banques centrales étrangères travaillent à éviter la chute du dollar de la pire des manières possibles -- en augmentant la quantité de leur propre monnaie !

 En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, le monde entier est inondé de plus de cash et de liquidités qu'il ne peut utiliser. Plus de dollars, plus de yuans, plus de yens, plus de francs suisses, plus d'euros, plus de livres ! Plus de crédit. Plus d'obligations. Plus de produits dérivés. Plus de dette. Plus de spéculation. Tant que les étrangers continueront à accueillir chaque nouveau dollar aussi chaleureusement que les précédents, les billets verts continueront d'affluer. Il suffit de regarder n'importe quelle Bourse ou presque de la planète. On y verra une tendance haussière très nette. L'immobilier -- en particulier dans les grands centres boursiers, comme New York, Hong Kong et Londres -- a grimpé également. Des choses comme l'art, les montres, les yachts et les jets privés montrent des hausses encore plus radicales. Rien que cette semaine, un tableau de Claude Monet représentant le Washington Bridge s'est vendu deux fois plus que ce qu'en attendaient les experts -- 17,9 millions de livres sterling. La semaine dernière aura certainement été la plus prospère de toute l'histoire de l'art -- avec la plus grande quantité d'argent de tous les temps changeant de mains. Et bon nombre d'acheteurs sont, tout naturellement, des gestionnaires de fonds de couverture.

 Mais alors que quelques riches acheteurs admirent leurs Monet, le reste d'entre nous doit se contenter de reproductions sur papier glacé, offertes gratuitement mercredi dernier par le Daily Telegraph. La plupart des gens n'ont pas d'autre choix que d'accepter la générosité du journal. Le Nouveau Capitalisme les a endettés si profondément qu'ils n'ont pas d'argent disponible pour acheter quoi que ce soit. Au cours des dix années ayant précédé 2005, les ménages britanniques ont vu leurs dettes grimper, passant de 108% à 159% du PIB. Les dettes des Américains ont fait de même -- de 92% à 135% du PIB.

 C'est le côté obscur du monde financiarisé. Mais pas d'inquiétude. Il y a une chose importante, avec le Nouveau Capitalisme : c'est qu'il n'est pas plus permanent que le capitalisme qu'il a remplacé.

 (*) Bill Bonner est le fondateur et président d'Agora Publishing, maison-mère des Publications Agora aux Etats-Unis. Auteur de la lettre e-mail quotidienne The Daily Reckoning (450 000 lecteurs), il intervient dans La Chronique Agora, directement inspirée du Daily Reckoning. Il est également l'auteur des livres "L'Inéluctable faillite de l'économie américaine" et "L'Empire des Dettes". Pour plus d'informations : http://www.publications-agora.fr

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