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Présentation

  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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27 février 2007 2 27 /02 /février /2007 12:20

 

Le droit d’un Etat de décider de sa politique agricole et alimentaire

 Ces jours-ci, sur ce blog, j’ai évoqué à plusieurs reprises la politique agricole et alimentaire, en guise de travaux pratiques après la présentation du texte d’orientation d’une nouvelle politique agricole (voir en page d’accueil du site national du MRC www.mrc-france.org ou, sur ce blog, l’article mis en ligne le 22 février dernier).

 Aujourd’hui, nous allons nous arrêter sur le thème de la souveraineté alimentaire, à partir de l’initiative présentée, ci-après, par Ibrahim Coulibaly, qui préside le Comité national des organisations paysannes professionnelles (Cnop) du Mali. Ces informations proviennent du quotidien Libération, en date du 23 février, sous la plume de Eliane Patriarca.

 Le Forum pour la souveraineté alimentaire

 « Jusqu'au 27 février, à l'initiative d'un collectif de mouvements paysans, de la Marche mondiale des femmes, de divers mouvements de pêcheurs et de l'ONG Amis de la Terre international, quelque 600 délégués venus d'une centaine de pays vont plancher, en ateliers, sur le concept de souveraineté alimentaire. Lancé en 1996 à Rome, durant le sommet mondial de l'alimentation de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), par le mouvement paysan international Via Campesina (représenté au Forum par José Bové), il désigne le droit des peuples à définir leurs propres politiques en matière d'alimentation et d'agriculture, le droit aussi à protéger la production et le commerce agricole intérieur.

Ce forum se tient en Afrique parce que l'agriculture y occupe une place centrale, alors que de nombreuses familles souffrent de la faim. Et au Mali car c'est le premier pays à avoir fait de la souveraineté alimentaire la priorité de sa nouvelle loi d'orientation agricole. Ibrahim Coulibaly présente les objectifs de cette rencontre.

 Pour le Mali, que signifie la souveraineté alimentaire ? 

 Le droit de décider de notre politique agricole et alimentaire sans nous référer aux Etats-Unis ou à l'Europe ; le droit pour les 70 % de paysans de la population malienne de vivre du fruit de leur travail et de pouvoir vendre leurs produits sur le marché local ; le droit de se protéger du dumping.

 Cela implique une nouvelle agriculture ? 

 Oui, nous voulons que les paysans puissent accéder librement aux ressources naturelles du pays, comme l'eau. Nous préconisons une gestion durable de ces ressources qui sauvegarde le potentiel productif de notre terre et non un système productiviste fondé sur l'utilisation de pesticides. Le Cnop milite contre les OGM et pour le libre échange des semences entre les paysans, car nous refusons d'être dépendants des multinationales de l'agrochimie et de l'agroalimentaire.

 Le coton est un exemple des ravages subis par l'Afrique... 

 Le coton est une culture qui rapporte des devises au Mali mais c'est une douleur pour les paysans. Imposée brutalement par la colonisation puis aujourd'hui par le marché et les organismes internationaux, cette culture abîme le sol, demande beaucoup de pesticides et d'engrais, et est vendue à un prix si indécent que les paysans maliens ne peuvent en vivre et n'ont plus de quoi manger. Et les devises que rapporte le coton au Mali servent à acheter du riz à l'Asie pour nourrir les Maliens. C'est une aberration !

 Qu'attendez-vous du Forum ? 

 Le concept de souveraineté alimentaire doit être approfondi, secteur par secteur, afin d'être intégré dans les politiques agricoles en Asie, en Afrique, en Amérique latine. Nous allons définir un agenda des actions à entreprendre pour transformer ce principe en réalité et obtenir sa reconnaissance comme droit spécifique par les Nations unies ».

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26 février 2007 1 26 /02 /février /2007 12:23

 

Pour une véritable politique alimentaire liée à la santé

 Après avoir présenté sur ce blog, le 24 février, le point de vue de Lucien Bourgeois (APCA) sur la nécessité de relier Politique agricole et Politique alimentaire, en prenant en compte la problématique de santé publique, je propose aujourd’hui des travaux pratiques sur le problème de l’obésité.

 Désormais, nous allons devoir forger le concept de politique « agri - alimentaire » (agricole et alimentaire) commune pour caractériser la future PAC. En fait, la PAC est devenu environnementale et rurale depuis une quinzaine d’années. Mais elle n’a pas intégré l’objectif d’équilibre alimentaire en lien avec la santé publique.

 Le 31 janvier dernier, je lisais sur www.liberation.fr cet article signé par Vincent Réquillard, chercheur à l’Institut d’économie industrielle, directeur de recherches à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), qui met en évidence une « aberration : les pouvoirs publics incitent à la consommation de fruits et légumes, mais c’est le prix des graisses et des sucres qui baisse ». Les intertitres sont de ma composition.

 « La politique agricole, fabrique d’obèses »

 « L'obésité est considérée comme un des problèmes majeurs de santé publique pour les années à venir. On parle d'une épidémie. Une de ses causes est la surconsommation de graisses et de sucres et une sous-consommation de fruits et légumes.

 Mais dans l'Union européenne, les prix du sucre et des produits d'origine animale diminuent aujourd'hui très rapidement, tandis qu'on maintient toujours à des niveaux élevés ceux des fruits et légumes. Vous avez dit absurde ?

 Baisse des prix du sucre et du beurre

 35% : c'est la baisse du prix du sucre programmée d'ici à trois ans. 25% : celle du beurre, depuis 2004. Bien sûr, ni vous ni moi n'allez-vous mettre à augmenter brutalement votre consommation de beurre et de sucre en raison de cette baisse des prix. Vous en êtes certains. Vos dépenses alimentaires ne constituent qu'une part réduite de votre budget. Vous raisonnez santé et non pas petits prix. Mais est-ce bien vous qui contrôlez le contenu de votre assiette ? Si vous préparez vous-même l'ensemble de vos repas, vous êtes vraiment un oiseau rare.

 Consommation et prix varient dans le même sens

 En réalité, toutes les études le montrent : à moyen terme, la consommation des produits alimentaires varie en fonction de leurs prix relatifs. Les ménagères aux revenus modestes cherchent souvent les prix les plus bas. Et nos cuisiniers préférés à tous, les industriels de l'agroalimentaire, même s'ils affichent volontiers leur intérêt pour notre ligne, modifient leurs recettes en fonction des variations de prix des matières premières, dès lors qu'ils parviennent à préserver les qualités gustatives et l'apparence de leurs produits. Ils n'ont pas d'habitudes bien ancrées. Ils arbitrent au meilleur coût.

 La préoccupation du soutien aux revenus des agriculteurs

 Et la politique agricole européenne actuelle va les inciter à avoir désormais la main lourde sur le sucre et les produits d'origine animale. Si les prix de ces produits avaient été longtemps maintenus élevés, c'était en réalité pour soutenir le revenu des agriculteurs européens, et non pour assurer la bonne santé de nos artères. La récente réforme de la politique agricole qui remplace le soutien des prix agricoles par des aides directes aux producteurs, va laisser les tarifs du sucre, du lait, du beurre se rapprocher peu à peu de ceux en vigueur sur le marché mondial.

 Une réforme justifiée

 Cette réforme est justifiée car le maintien des prix de ces produits à des niveaux déconnectés des prix mondiaux était source de nombreux surcoûts (surproduction, production dans des zones peu propices, etc.). Mais au moment où les pouvoirs publics lancent des campagnes de communication coûteuses pour inciter les consommateurs à manger fruits et légumes afin d'éviter diabète et maladies cardio-vasculaires, déguster une pomme, une tomate ou un melon va bientôt devenir une sorte de luxe.

 Les fruits et légumes pour un bon équilibre alimentaire

 Une prise de conscience est urgente. Il est aberrant de découpler ainsi politique agricole et politique de santé publique. La première met en place un système de prix relatifs défavorables à la consommation de fruits et légumes alors que la seconde recommande leur consommation. La politique agricole a intégré des préoccupations environnementales, puisque les aides aux revenus sont conditionnées au respect d'un certain nombre de pratiques soucieuses de l'environnement. Il faut désormais intégrer un objectif d'équilibre alimentaire, et donc parvenir à faire baisser les prix des fruits et légumes, lorsque chutent ceux du sucre et du beurre.

 Le rôle des pouvoirs publics

 L'intervention publique est justifiée par le fait que les acteurs privés, les industries agroalimentaires en l'occurrence, n'intègrent pas dans leur décision les conséquences qu'ils font subir aux autres. L'exemple du tabac ou de l'alcool est là pour le rappeler. De multiples solutions sont envisageables, il est nécessaire d'en établir explicitement les implications puisqu'aucune ne recueillera un soutien de tous. Il y aura des perdants et des gagnants.

 Des solutions possibles

 Quelques pistes : diminuer ou supprimer les taxes sur les fruits et légumes, taxer davantage le beurre et le sucre pour financer les actions en faveur des fruits et légumes, faciliter leurs importations en provenance de pays à bas coûts si ceux-ci s'engagent à respecter des normes sociales et sanitaires, inciter spécifiquement les populations défavorisées à consommer davantage de fruits et légumes, allouer différemment les aides directes aux revenus des agriculteurs (7,7 milliards d'euros en 2005 en France!) pour que les producteurs de fruits et légumes puissent en bénéficier...

 Le souci de prendre en compte l’intérêt général

 Chacune de ces solutions a un coût financier ou politique immédiat. Ne rien faire aura un coût social à moyen terme. Les Français dépensent déjà plus de 5 milliards d'euros par an pour le traitement des conséquences de l'obésité. Il est urgent d'intégrer ce coût social dans la définition d'une véritable politique alimentaire ».

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25 février 2007 7 25 /02 /février /2007 11:43

 

Les prescriptions du docteur Arié pour la Sécu

 Ce « point de vue » dans la rubrique « Rebonds », paru sur www.liberation.fr le 22 février, m’avait échappé. Heureusement, son auteur m’a transmis son texte, intitulé « Ce que les candidats à la présidentielle devraient prendre en compte ». Il traite d’un thème particulièrement important : la politique de la santé et son bras armé, l’assurance maladie. Ces propositions visent à remédier aux insuffisances et incohérences de notre système de santé, en repoussant le traitement libéral du candidat de l’UMP, dont le porte-parole n’est autre que le ministre de la santé.

 Elie Arié est cardiologue, enseignant associé à la chaire d’économie et gestion des services de santé au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), ancien secrétaire national du Mouvement républicain et citoyen (MRC).

 Il avait publié, dans L’Humanité du 25 janvier 2007, une « tribune libre » intitulée « On ne choisit pas d’être malade » (voir l’article mis en ligne le 28 janvier sur ce blog). Ses réflexions sont d’un grand intérêt, deux mois avant l’élection présidentielle.

  « Sept propositions pour l’Assurance Maladie »

 « Après l'invocation des mânes de Jaurès et de Blum, en attendant, si cela ne suffisait pas, celles de Trotski et de Kim-Il-Sung, la dernière mode, à l'UMP, consiste à minimiser les différences entre son programme et celui de Ségolène Royal, sans aller toutefois jusqu'à en tirer la conséquence logique, qui consisterait à appeler à voter pour elle.

 Voyons ce qu'il en est dans un domaine qui intéresse au premier chef les Français, celui de la santé (insuffisamment évoqué dans cette campagne pour 80 % d'entre eux, selon « Le Monde » du 26.01.07). Elle fait l'objet de 11 des 100 propositions de Ségolène Royal, et d'un mutisme total de Xavier Bertrand, porte-parole (si l'on peut dire) de Nicolas Sarkozy, sans doute parce qu'il est ministre de la Santé.

 Une seule déclaration de Nicolas Sarkozy: « Responsabiliser financièrement les assurés», en créant une franchise de plus, non remboursable par les assurances complémentaires, sur une consommation qui, pour l'essentiel, est subie : on ne choisit pas d'être malade.

 Or ce projet est à la fois anticonstitutionnel et incompatible, par l'interdiction du remboursement de cette franchise par les organismes complémentaire, avec le traité de l'Union européenne sur la liberté d'assurance que l'ancien assureur Xavier Bertrand semble ignorer; mais que cela ne mette surtout pas un frein à la campagne médiatique sur l'« incompétence » présumée de Ségolène Royal. Mais surtout, cette unique proposition relève bien d'un choix de société dans le droit fil de l'action menée depuis cinq ans, radicalement opposé au nôtre. Les gouvernements de droite, depuis cinq ans, n'ont cessé de déréguler la prise en charge des soins courants.

 Voici les problèmes essentiels de l'assurance-maladie française auxquels la gauche devrait s'atteler:

 Le financement

 1- Son financement, assuré à l'origine par les seuls revenus du travail, est devenu déséquilibré à partir du moment où les revenus du capital les ont rejoints ou dépassés; la CSG avait pour objectif de pallier cette injustice, mais elle ne finance aujourd'hui l'assurance-maladie qu'à 40%; il convient de basculer la totalité des cotisations sociales sur la CSG, et de remplacer les cotisations patronales par une taxe sur la valeur ajoutée, de façon à ne pas pénaliser les entreprises à forte main-d'œuvre.

 Le déficit

 2- Le déficit chronique de l'assurance-maladie de 10 milliards d'euros par an, plus élevé que la totalité du budget de l'enseignement supérieur, est inacceptable en termes de solidarité intergénérationnelle; l'Etat devra compenser intégralement les exonérations de charges consenties aux entreprises, sa dette annuelle envers la Sécurité sociale dépassant 6 milliards d'euros par an, car le système de soins n'est pas une vache à lait ayant vocation à financer des emplois dans d'autres secteurs; il appartiendra au Parlement de faire les choix du contenu d'une politique de santé lorsqu'il votera l'ONDAM , qui ne peut se limiter au vote symbolique et aveugle d'un chiffre prévisionnel de dépenses toujours dépassées sans sanctions autres que celle des assurés.

Les spécialistes

 3- Les spécialistes médicaux, aux honoraires aujourd'hui pratiquement libres, devront choisir entre réintégrer le système conventionnel avec ses avantages et ses contraintes, ou en sortir : tout assuré social devra, comme c'était le cas autrefois et c'est toujours le cas dans tous les pays développés, être normalement remboursé des sommes réellement payées lorsqu'il consultera un spécialiste conventionné.

 Les généralistes

 4- Les médecins généralistes joueront réellement leur rôle tant de fois promis de « pivot du système de soins », par le rétablissement du système de médecin référent supprimé par la réforme Douste-Blazy, qui alliait évaluation de la qualité des soins, obligation d'une formation médicale continue, et forfaitisation de la part de leurs revenus correspondant à leur activité de prévention, aujourd'hui inexistante car incompatible avec le paiement à l'acte.

 La démographie médicale

5- La démographie médicale, souffre non pas de pénurie, mais d'une répartition inégalitaire sur le territoire (ainsi que d'une ventilation par spécialités établie en fonction des souhaits des étudiants, et non des besoins de la population); les incitations financières à l'installation étant fatalement vouées à l'échec, l'assurance-maladie pratiquera, comme dans d'autres pays européens, le conventionnement sélectif en fonction des besoins géographiques, et facilitera la mise en place de regroupements rendant les conditions d'exercice plus attractives dans les zones rurales.

 Le réseau hospitalier

 6- La restructuration du réseau hospitalier le plus dense du monde sera poursuivie, avec le même objectif de pallier les inégalités géographiques et d'assurer à chaque établissement la qualité et la sécurité des soins; si le principe de budgétisation de chaque hôpital en fonction de son activité réelle ne sera pas remis en cause, la montée en charge de la tarification à l'activité ne se poursuivra que lorsqu'un système efficace pour empêcher l'exclusion des malades non rentables aura été mis en place.

 Le médicament

 7- La politique du médicament s'attachera prioritairement à rendre la formation médicale post-universitaire indépendante de sa prise en main complète, grâce à Xavier Bertrand, par l'industrie pharmaceutique, et de limiter le marketing de plus en plus pesant de cette dernière, tant auprès des médecins que des patients; lorsqu'un médicament identique est commercialisé par plusieurs laboratoires, le remboursement se fera sur la base du prix de celui qui est vendu le moins cher ; de même, les hôpitaux retrouveront leur droit de faire jouer la concurrence par les prix pour leurs achats de médicaments identiques, droit qui leur a été retiré par le très « libéral » Jean-François Mattéi.

 C'est très volontiers que nous laissons à Nicolas Sarkozy et à Xavier Bertrand la possibilité de prendre connaissance de ces propositions, en leur précisant qu'elles ne sont protégées par aucun brevet, et qu'ils sont parfaitement libres de les « génériquer » (Version raccourcie) ».

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24 février 2007 6 24 /02 /février /2007 16:40

 

La PAC et l’alimentation, un lien à créer   

 

Lucien Bourgeois est responsable des études économiques et de la prospective à l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture (APCA) www.apca.chambagri.fr . A plusieurs reprises, j’ai eu l’occasion de me référer à ses écrits et exposés très nombreux (voir sur ce blog les articles mis en ligne les 23 novembre et 26 décembre 2006, ainsi que le 22 janvier 2007). 

Il vient de m’adresser des documents qu’il a présentés aux séances du 10 janvier et du 14 février 2007 de l’Académie d’Agriculture de France, dont il est membre. Les premiers concernent  le revenu agricole 2006. J’y reviendrai. Dans l’immédiat, je propose de reprendre son intervention en conclusion de la séance du 14 février sur le thème de « l’économie de l’alimentation dans les pays industrialisés ».

 Le sigle PAC devrait signifier « Politique alimentaire commune » 

« Merci à nos trois intervenants de leur apport très intéressant sur un sujet rarement abordé, l’économie de l’alimentation.

 L’idée de cette séance m’était venue en assistant avec notre collègue Raymond FEVRIER à un colloque sur ce thème de l’Institut Français de la Nutrition fin 2005 organisé principalement par Pierre COMBRIS.

 Le colloque de l’IFN permettait de montrer que l’alimentation restait au cœur des préoccupations de la société. C’est elle qui donne encore aujourd’hui sa légitimité aux politiques agricoles.

 Pierre COMBRIS nous a expliqué que notre régime alimentaire avait beaucoup évolué au cours du temps. Il a montré aussi que cette évolution avait été conditionnée par le prix des produits et en particulier le prix relatif.

 France CAILLAVET nous a montré les profondes inégalités au sein même de nos pays industrialisés. Ce sont en effet les catégories les plus défavorisées qui paient le plus lourd tribut à l’obésité croissante dans nos sociétés. Le journal Libération titrait à propos d’un colloque qui vient de se tenir à Créteil sur ce thème « Mince comme un riche ». 

Louis - Georges SOLER nous a montré aussi que les politiques de santé vont prendre dans nos sociétés une place de plus en plus importante et qu’elles vont peser nécessairement sur les politiques d’alimentation et donc sur les politiques agricoles.

 Ces observations sont intéressantes car elles remettent l’alimentation au centre de nos préoccupations. Dans son souci de justifier les réformes de la PAC entreprises depuis 1992, la Commission européenne a accrédité l’idée que les conditionnalités environnementales sont devenues le principal objectif des aides versées aux agriculteurs. La beauté des paysages, la qualité des réserves d’eau potable, le bien-être animal, seraient devenus la principale préoccupation des politiques agricoles. 

Pour disposer d’une nourriture adaptée, il faut une politique agricole qui tienne compte des aspects sanitaires, nutritionnels et sociétaux, bref « durable ». 

Les problèmes alimentaires concernent le Nord et le Sud  

Après la séance organisée par Jean-Louis RASTOIN la semaine dernière, il y avait un risque évident, bien perçu par notre collègue Jean-Marc BOUSSARD, d’une certaine « schizophrénie » entre les préoccupations des pays du Nord qui mettent l’accent sur l’esthétique et aujourd’hui sur l’énergie pour éviter la surproduction et celles des pays du Sud qui en seraient toujours à une préoccupation « productiviste » pour éviter les famines.

 Les intervenants de ces deux séances ont, me semble t-il, réhabilité la conception alimentaire des politiques agricoles en montrant que c’était un enjeu pour l’humanité aussi bien dans les pays du Sud que du Nord.

 Michel Griffon nous a montré les nombreux enjeux pour l’avenir. Il faudra être capable de nourrir trois milliards d’habitants de plus d’ici 2050. Mais il faudrait aussi supprimer cette honte des 850 millions qui souffrent encore aujourd’hui de la faim et donner peut-être à une grande partie de la population la possibilité de disposer d’un peu de viande chaque semaine.

 Cet après midi, nous avons vu que le problème alimentaire n’était toujours pas bien résolu même dans les pays riches. Certes sur le plan des quantités fournies, les insuffisances sont rares mais en revanche les inégalités ont plutôt tendance à augmenter. Il y aurait 300 millions d’obèses et un milliard de personnes en surcharge pondérale dans le monde. L’obésité pose un problème de santé publique qui n’est pas simple à résoudre.

 Si l’on fait le bilan actuel, on a d’un coté près de trois milliards de personnes en état de manque et de l’autre un milliard de personnes en surpoids. Il n’y a donc qu’un tiers de l’humanité qui soit dans une situation satisfaisante. Pas de quoi pavoiser. Pas de quoi penser que le problème est résolu.

 Que pouvons nous conclure de ces observations ?

 1 – Les produits agricoles ne sont pas des « matières premières »

 Dans la séance précédente, Jacques NEFUSSI a bien montré qu’il serait temps que l’on bannisse de notre vocabulaire le concept de « commodités » qui n’a de réel avantage que pour les acheteurs car cela leur permet d’acheter au prix le plus bas. Pour les agriculteurs, ce mot a pris le sens de calamité. Cela signifie qu’ils fabriquent des produits substituables les uns aux autres, autrement dit des produits pour lesquels ils n’ont aucun pouvoir sur le marché. Jacques NEFUSSI nous a montré qu’il y avait des stratégies pour éviter ces inconvénients et que cela passait par des techniques de différenciation bien connues dans les autres secteurs. 

 2 – Parler de politique alimentaire et non de politique agricole

 Ces deux séances devraient nous permettre de hiérarchiser les problèmes. Nos sociétés n’ont jamais eu besoin de faire des politiques « agricoles ». Il n’y a en effet aucune raison de prendre soin du revenu des agriculteurs plus que de celui des autres catégories sociales.

 Si l’on s’intéresse à la production agricole c’est pour son aspect alimentaire. Tous les gouvernements du monde s’intéressent à l’alimentation. Encore aujourd’hui, les hommes souhaitent manger trois fois par jour. S’ils se contentaient de corned beef et de Corn Flakes, ce serait aisément réalisable. Mais s’ils veulent de la fraîcheur et de la variété, c’est un peu plus compliqué. 

 3 – Le secteur alimentaire garde un poids important dans notre économie 

Depuis quelques années, on finissait par croire que les aides n’avaient d’autre utilité que d’accompagner la mort naturelle d’un secteur archaïque qui gardait certes un poids électoral mais pour peu de temps. Il était indispensable que la France devienne enfin un pays moderne capable de sacrifier ses secteurs en perte de vitesse pour se recentrer sur les hautes technologies.

 Pour faciliter les transitions vers une agriculture « gardienne de la nature » il fallait  accorder ces aides en fonction de critères environnementaux. On pouvait avoir l’impression ainsi que cette politique n’avait qu’un aspect ludique et qu’on retrouvait ainsi une conception assez proche de celle qu’on prêtait à notre Reine de France, Marie-Antoinette dont le sort a été malheureux.

 Jean-Louis RASTOIN nous a montré toute l’importance de la chaîne alimentaire. Les IAA restent le premier secteur industriel de France et d’Europe. La Fédération des industries mécaniques a constaté avec surprise que les IAA étaient devenues leur premier client avant l’automobile.

 4 – Plus d’obèses dans les pays qui veulent libéraliser le commerce mondial des produits agricoles 

Détail curieux, ce sont les pays les plus actifs dans les négociations de l’OMC qui détiennent les records mondiaux pour le pourcentage d’obésité. Ce sont les pays dits les plus protectionnistes, autrement dit pour reprendre le vocabulaire en cours, les plus « rétrogrades » comme le Japon et la Corée du Sud qui ont le moins de personnes obèses dans leur population. Peut-être ne s’agit-il pas des effets du seul hasard ! Peut-être que l’alimentation des hommes ne dépend pas que du prix et qu’elle est un élément de la culture, de la diversité et aussi un indice des formes de cohésion sociale.

 5 – La PAC n’encourage pas les efforts nutritionnels 

 On entend souvent dire à tort que la PAC comme toutes les politiques agricoles a eu pour résultat de maintenir des prix élevés des produits agricoles au détriment des consommateurs et en particulier des moins riches d’entre eux. Quand on observe les évolutions relatives des prix des produits agricoles sur les vingt dernières années, il est frappant de constater que ce sont plutôt les prix des produits fortement encadrés par la PAC comme les céréales, les oléagineux ou le sucre qui ont vu leurs prix baisser relativement plus que ceux des fruits et légumes ou des pommes de terre qui ont été peu soutenus.

 Ceci explique peut-être cela quand on dit que l’obésité frappe davantage les classes pauvres de la population. Cela devrait peut-être nous inciter à mettre en place une vraie politique d’encouragement à la consommation de fruits et légumes qui ont vu leurs prix relatifs augmenter.

 Si l’on regarde avec attention les mesures prises par nos concurrents américains, on constate que les 2/3 de leurs dépenses agricoles sont des aides à la consommation pour les plus pauvres (50 à 55 milliards de dollars chaque année).

 Dans le projet de Farm Bill en discussion actuellement, il est question de profiter des hauts prix des céréales pour accorder 5 milliards de dollars par an de plus aux producteurs de fruits et légumes pour favoriser la consommation.

 Il serait temps que la PAC prenne en compte les besoins nutritionnels de la population. La priorité n’était peut être pas de faire baisser le prix du sucre !

 Ces deux séances devraient nous pousser à réhabiliter le concept de politique agricole.

 - Cela ne va pas être si simple de faire en sorte que le monde puisse nourrir le monde pour reprendre une expression chère à Edgard PISANI.

 - Cela ne va pas être évident d’assurer la meilleure santé à tous nos concitoyens en leur donnant la sécurité sanitaire dont ils ont besoin et la diversité des produits qui leur serait profitable.

 - Cela ne se fera pas par la baguette magique du marché car les réservoirs des automobiles des pays riches seront toujours plus solvables que les ventres affamés des pays pauvres ».

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23 février 2007 5 23 /02 /février /2007 17:06

 

Un citoyen ouvrier mayennais écrit à la candidate… 

 

C’est seulement la seconde fois, depuis que cette élection se fait au suffrage universel, qu’un(e) candidat(e) socialiste s’arrête en Mayenne pour rencontrer les électeurs.

 Après François Mitterrand le 9 avril 1981 à Méral et Cossé-le-Vivien, Ségolène Royal a fait une halte de deux heures le 21 février 2007 à Changé, dans cette charmante cité verdoyante et dynamique au voisinage nord de Laval et de Saint-Berthevin, en présence d’un millier de personnes, dont Gérard Beillard qui avait bien l’intention de remettre à la candidate la lettre qu’il avait préparée la veille. 

Pas si facile d’écrire à Ségolène Royal. Un texte trop long ne serait pas lu. Cinq ou six fois, il l’a repris pour en faire cette note (qui est présentée ci-après) qu’il m’a demandé de remettre à Ségolène. En fait, je l’ai remise à François Rebsamen, l’un des deux directeurs de campagne, secrétaire national du PS, qui m’a promis de la remettre à la candidate.

 Gérard Beillard écrit à Ségolène Royal

 La dette publique est de 1 800  euros pour chaque citoyen 

 Allez –vous prendre cela en considération afin que nos futures générations ne soient pas pénalisées à rembourser une dette qui sera lourde de conséquences ?

 Il serait intéressant d’établir une rente universelle pour les retraites sur la base du SMIC 

 Apparemment, il serait proposé de faire un complément de retraite par capitalisation. De nombreux citoyens n’auront pas les moyens mais au moins, ils auront le SMIC. Cela pourrait leur permettre de vivre décemment.

 Le « trou » de la Sécurité Sociale ne se désemplit pas 

Ce dossier est complexe mais va t’on avoir le courage de le résoudre ? Vous savez bien qu’il y a eu des réflexions positives et applicables dans ce domaine. Il faut conserver notre Sécurité Sociale comme elle est.

 Il serait souhaitable de clarifier le rôle des  Syndicats en faisant une loi 

 Ils seraient plus autonomes. Ils pourraient ainsi avoir un regard plus approfondi sur les Entreprises, notamment dans les grands Groupes.

 Pour les maisons de retraites 

 Que pensez-vous faire pour que le coût à supporter par les retraités soit moins élevé ?

 Pour aider ces personnes qui n’ont pas les moyens afin de ne pas pénaliser leurs enfants qui doivent payer les loyers, surtout que certains n’ont déjà pas de quoi boucler les fins de mois.

 Il n’est pas normal de laisser nos retraités peu fortunés, parqués dans une pièce, réduits au silence, comme hélas cela existe. Cela n’est pas digne d’une République comme la notre.

 Pour le nucléaire, allons-nous brader une énergie aussi importante pour notre indépendance ?

 D’ailleurs, je ferai remarquer que c’est l’énergie qui pollue le moins.

 Pour les déchets radioactifs que cela génère il faut faire confiance à nos scientifiques et à nos ingénieurs. Ils arriveront bien à résoudre une bonne partie du problème. Ils avancent dans ce domaine.

 Je vous assure aussi que je suis pour que l’on développe toutes les solutions pour les nouvelles énergies renouvelables.

 On ne peut pas faire autrement. Notre planète est assez malade. Il faut lutter contre les gaz à « effet de serre ». Je suis bien conscient que c’est l’avenir de la planète et de nous tous qui est en jeu.

 Vous avez annoncé que vous n’étiez pas favorable pour un deuxième porte-avion 

 Paradoxalement, je suis pour. Il faut garder notre indépendance étant donné que l’orientation de l’Europe n’est pas encore tout à fait arrêtée. Vers quelle Europe allons-nous ?

 En ce qui concerne les Régimes Spéciaux, les 40 années de cotisations pour le Privé, le départ en retraite à 60 ans 

 Allez-vous donner une vraie retraite à ceux qui auront cotisé durant 40 années car il est préconisé de prolonger les personnes désireuses d’aller plus loin que 60 ans ?

 S’est-on posé la question pour les personnes qui partiront à 40 ans de cotisations ? Se retrouveront elles avec une retraite assez élevée ? Ne se verront elles pas dans l’obligation de reprendre un travail même si elles ne le souhaitent pas ?

 Je ne suis pas contre que les personnes continuent à travailler mais au moins, de garantir une retraite dès 40 années de cotisations faites sur la base du SMIC.

 Surtout que le travail manuel par rapport au travail dit « intellectuel », est plus pénible.

 L’espérance de vie pour un ouvrier est de 7 à 8 ans de moins par rapport aux cadres et les professions libérales.

 Cela ferait une différence avec la « droite » qui n’est pas très claire à ce sujet ?

 Ne doit-on pas, pour les jeunes, leur donner la possibilité de les « lancer » dans le monde du Travail même s’il n’ont pas acquis l’expérience nécessaire ?

 Je pense que c’est le rôle de l’Etat et aussi de l’Entreprise de former ces jeunes sortis d’école à tous les niveaux.

 En conclusion

 Si on veut remonter dans les sondages, il faut expliquer les priorités que l’on veut appliquer, sans démagogie, réalistes et chiffrées et d’arrêter un calendrier pour les réalisations afin de tenir le cap.

 Il faut donner du temps au temps pour faire avancer notre conception de Société que l’on veut et sans tabou.

 Si on veut se démarquer de la « droite », il faut vraiment faire un programme social, juste, réaliste mais sans manquer de courage pour le réaliser. Je dis bien du social et non de l’assistanat. Il faut responsabiliser tous les français du plus petit au plus grand par la voie hiérarchique.

 J’aime bien votre slogan « gagnant, gagnant ».

 Je crois que nous avons la force et la volonté. A nous d’y travailler…

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22 février 2007 4 22 /02 /février /2007 12:36

 

Une nouvelle politique agricole française pour l’Europe

 Après la Côte-d’Or le 5 décembre et un débat MRC avec un syndicaliste de la Confédération paysanne, ce sera la Gironde le 16 mars à 20h30 à Libourne et un débat organisé par le MRC local (responsable Patrick Nivet) avec le responsable départemental de la Coordination Rurale, Christopher Derrett, arboriculteur et éleveur né à Londres, vivant en France depuis 1982. Après le Bourgogne, ce sera le Bordeaux, comme si j’étais attiré par le bon vin !

 Effectivement, la viticulture est une composante importante de l’agriculture française. Elle a été l’activité agricole la plus malmenée en 2006 (voir les articles mis en ligne les 26 décembre et 22 janvier sur ce blog, catégorie « Agriculture et PAC ») et elle apparaît comme étant la future victime des projets européens (voir l’article intitulé « La Commission européenne veut libéraliser le marché du vin », 26 novembre, sur ce blog).

 Patrick Nivet m’a transmis une copie d’une coupure du journal Sud Ouest, datée du 19 juin 2006, qui présente le point de vue de Christopher Derrett sur la situation des arboriculteurs et viticulteurs de sa région, sous le titre « Pour un juste prix ». En voici quelques extraits pris dans l’introduction puis dans la conclusion.

 « Partout dans le monde, on arrive maintenant à produire nos spécialités régionales : les cerises proviennent d’Espagne et les pommes de Chine ! Bientôt, ce pays saura tout produire et pourrait nous envahir comme pour les vêtements. Evidemment, les coûts de production sont à des années-lumière des nôtres. Ce qu’on connaît dans les fruits arrive dans la vigne. On fait maintenant du bon vin partout, alors qu’avant, les Français et les Bordelais en tête se sentaient protégés. Et la crise est sévère avec arrachages et distillations à la clef. Les consommateurs français veulent toujours payer moins cher leurs produits alimentaires. Mais ils doivent savoir que leurs actes d’achat conditionnent l’avenir de nombre d’agriculteurs (…). Je regrette que le producteur ne compte plus pour grand-chose dans ce beau pays qui est devenu le mien ».

 Pour ma part, je suis persuadé que les prix à la production doivent être revalorisés mais cela suppose de protéger l’espace européen des distorsions de concurrence, ce qui fait partie des principes fondateurs de la PAC au début des années 1960. On en est bien loin. Je propose, au nom du Mouvement Républicain et Citoyen, de refonder la politique agricole de la France (elle n’existe plus) et de convaincre les partenaires européens de l’adopter dans le cadre de la Politique Agricole Commune, en prenant appui sur la volonté des citoyens.

 Le texte qui suit a été présenté le 17 février dernier à Pontivy aux militants du MRC Bretagne. Il intègre les amendements reçus depuis le 9 décembre, date de sa rédaction en vue de le présenter au Conseil national du MRC le lendemain (en fait, l’ordre du jour a été bouleversé à l’initiative de Jean-Pierre Chevènement, proposant le retrait de sa candidature et le soutien de Ségolène Royal, suite à l’accord politique et électoral passé la veille avec le PS). C’est ce document que j’ai remis hier midi à Changé, d’abord à François Rebsamen, puis à Ségolène Royal elle-même, en souhaitant qu’elle le prenne en compte dans ses orientations de politique agricole pour le futur quinquennat.

 Nouveau texte d’orientation agricole à débattre dans le cadre de la campagne présidentielle

 L’agriculture est directement impliquée dans trois défis à relever dans la première moitié du 21ème siècle : l’eau, l’énergie, l’alimentation.

 L’eau et l’énergie

 L’eau, les sols et la biodiversité sont des biens rares qu’il faudra préserver. L’agriculture y veillera.

L’énergie est utilisée et produite par l’agriculture. Elle est utilisée par les tracteurs de façon beaucoup trop dépendante du pétrole. Il existe une bonne solution : les huiles végétales pures, notamment celle de tournesol.

L’agriculture et la forêt devront produire de plus en plus la matière première de nouvelles sources d’énergie afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre et économiser l’utilisation d’hydrocarbures. La biomasse est du « pétrole frais renouvelable ».

 Deux types de biocarburants peuvent se substituer à court terme au pétrole : le bioéthanol (dans l’essence) à base de céréales ou de sucre d’une part, et le diester (dans le gazole) à base de matières grasses contenues dans les plantes oléagineuses (colza, tournesol) d’autre part.

 Mais ils présentent de sérieux handicaps : leur bilan énergétique est médiocre (surtout l’éthanol), leur rentabilité (sans aides) n’existe qu’avec un pétrole à 85 dollars le baril (diester) et 140 dollars le baril (éthanol), la multiplication des surfaces cultivées en colza (diester) induirait des pollutions supplémentaires (pesticides sur les parasites).

 Il faudra examiner avec prudence leur développement en complément ou substitution au pétrole. La solution viendra avec la transformation industrielle de la biomasse en carburant (écarts forestiers, chutes de scieries, pailles…).

 Le défi alimentaire

 Le troisième défi, alimentaire, est en rapport direct et central avec l’agriculture. Je propose le plan suivant en indiquant mes références.

 1-      Le constat de la fracture agricole et alimentaire mondiale (Marcel Mazoyer et Laurence Roudart).

 2-      Les moyens à prendre pour relever le défi alimentaire (Michel Griffon).

 3-      Les principes d’une nouvelle politique agricole (Edgard Pisani).

 4-     Une politique agricole pour la France et l’Europe (Guy Paillotin).

 Le constat de la fracture agricole et alimentaire mondiale

 Beaucoup de belles paroles lors des Sommets de l’ONU (2000), de l’OMC (2001) ou du G8 (2005), les unes après les autres démenties par les faits.

 Un tiers de l’humanité souffre de malnutrition, 800 millions de personnes de sous-alimentation chronique, dont une majorité de paysans.

 La mécanisation a permis des gains de productivité, à l’origine de la baisse des prix agricoles dans chaque pays et sur les marchés internationaux. Et, pourtant, seulement 10% de la production agricole mondiale est mise sur les marchés.

 Et seulement 2% des actifs agricoles dans le monde utilisent un tracteur. En dépit des inégalités énormes entre les agricultures du monde, les baisses de prix ont été répercutées de la même façon dans la quasi-totalité des pays. La diminution des coûts du transport et la libéralisation du commerce international ont joué en ce sens.

 Jusqu’au début des années 1980, l’agriculture, considérée comme un secteur stratégique par les Etats, était restée en dehors des négociations internationales concernant la libéralisation des échanges.

 Par la volonté des USA et de l’Europe, elle y est entrée en 1986, dans le cadre du GATT puis de l’Organisation Mondiale du Commerce, obligeant les politiques agricoles des Etats à se libéraliser et à diminuer les interventions publiques.

 Depuis 2003, les pays en développement se font entendre, mais les voix qui portent sont surtout celles des pays exportateurs, comme le Brésil, dont les agricultures bénéficient de conditions favorables à la production extensive (vastes espaces et coûts de production très faibles).  

 Les divergences d’intérêt ont donné naissance à de profonds désaccords entre les groupes de pays, à l’origine de blocages dans les négociations.

 Ce qui est en cause, ce n’est pas l’OMC, ce sont les objectifs assignés à l’OMC, qui sont la libéralisation des échanges internationaux, le démantèlement des politiques agricoles et l’alignement des prix agricoles sur les prix mondiaux. 

 Les moyens à prendre pour relever le défi alimentaire

 La population mondiale va s’accroître de trois milliards de personnes à l’horizon 2050. La demande alimentaire va doubler sous l’effet conjugué de l’augmentation de la population et de la hausse du pouvoir d’achat dans les pays émergents.

 Au niveau mondial, il existe encore des possibilités d’accroissement des rendements en utilisant mieux l’eau, mais les surfaces disponibles sont limitées pour des raisons physiques et environnementales.

 En dehors des USA (qui gardent un potentiel d’exportation de matières premières alimentaires) et de l’Union européenne (qui peut trouver de nouvelles capacités de production dans ses parties centrale et orientale) certains continents et groupes de pays sont mieux armés que d’autres.

 - L’Asie, l’Afrique du Nord et le Moyen Orient seront importateurs.

 - L’Amérique du Sud, l’Ukraine et la Russie pourront exporter.

 - L’Afrique subsaharienne aura des difficultés techniques pour accroître sa production, mais aussi financières pour importer.

 Les pratiques intensives devront être reconsidérées, en remplaçant la chimie et l’énergie par de l’écologie et des connaissances scientifiques plus poussées. Il faudra utiliser la lutte intégrée biologique contre les maladies des plantes et les ravageurs.

 Les Organismes génétiquement modifiés (OGM) actuels ne sont pas indispensables et peuvent se substituer à des risques existants en faisant courir d’autres risques, notamment en matière de pesticides. La recherche pourrait être utile si elle était orientée vers la résistance des plantes à la sécheresse et à la salinité. Mais l’amélioration des plantes passe plutôt par l’écologie scientifique.

 Les mesures économiques et sociales devront être adaptées aux situations locales et régionales, tant les différences sont grandes entre les grandes exploitations du Brésil, les petites d’Afrique de l’ouest et les micro-parcelles de la Chine côtière.

 Pour réduire la sous-alimentation et sortir de la pauvreté, les pays concernés devront faire un effort productif et recevoir des appuis particuliers. Il s’agira de définir des politiques propres à chaque ensemble régional afin de répondre aux besoins croissants.

 Les principes d’une nouvelle politique agricole

 L’agriculture, en plus de la fonction alimentaire en lien direct avec la vie et la santé des personnes, assure d’autres fonctions utiles au milieu rural.

 Elle nécessite des relations particulières entre producteurs, consommateurs et citoyens. C’est pourquoi la politique agricole et alimentaire doit être aussi rurale et environnementale.

 Le « modèle occidental » ne peut convenir à toutes les agricultures du monde et doit lui-même être corrigé sur de nombreux points.

 Il faut adopter une approche globale tenant compte des besoins des populations dans leur diversité et non se focaliser sur la seule libéralisation des échanges.

 L’agriculture, qui fournit des denrées alimentaires, n’est pas une activité comme les autres. Les prix sont instables et ne reflètent pas les coûts de production. C’est pourquoi une politique d’intervention publique est justifiée. Il faut mettre en place une régulation des marchés agricoles, par produit et par région.

 Une politique agricole de la France pour redéfinir la PAC

 La France n’a plus de politique agricole

 La loi d’orientation agricole en 2005 n’a été qu’une adaptation libérale à la politique européenne, elle-même sous l’influence directe des négociateurs de l’Organisation Mondiale du Commerce.

 Il s’agit de revenir à une politique agricole qui ait suffisamment de souffle pour être prise en considération par les partenaires européens dans le cadre de la PAC.                                                                                 

 L’Europe ne pourra nourrir le monde, faute d’espaces suffisants. Elle devra répondre aux besoins des Européens en assurant la sécurité, quantitative et qualitative, de l’approvisionnement alimentaire.

 Elle développera son industrie agroalimentaire en ce sens et aussi pour exporter des produits transformés, sans bénéficier de subventions.

 Le produit de la valeur ajoutée devra être réparti équitablement sur l’ensemble des partenaires de la filière.

 C’est ainsi que les prix à la production devront être revalorisés car, de 1999 à 2005, les agriculteurs ont subi une baisse de leurs revenus proche de 30% et une diminution d’emploi considérable (50% sur les 25 dernières années) liée à une politique constante d’agrandissement des exploitations, qui s’est amplifiée depuis 2002.

 Les grands bénéficiaires de cette politique ont été l’industrie agroalimentaire et, surtout, la grande distribution.

 Cette nouvelle politique agricole permettra de refonder le lien entre le monde agricole et le reste de la société.                                                                                                                                     

  La PAC n'existe plus

 Il reste des mécanismes qui fonctionnent et qui sont réformés de temps en temps (1992, 1999, 2003) sous la pression des négociations internationales.

 Il faut refonder une PAC en s’inspirant des principes fondateurs de 1962 (libre circulation des produits agricoles au sein de l’espace européen, protection aux frontières, solidarité financière), mais en tenant compte de l’évolution du monde depuis 45 ans.                                                   

 La protection de l’espace européen est indispensable afin d’éviter les distorsions de concurrence et assurer la sécurité sanitaire des aliments. Les incertitudes liées aux changements climatiques et énergétiques plaident en faveur de la sécurité de l’approvisionnement agricole.

 Ces préoccupations seront recevables dès maintenant dans le cadre des négociations de l’OMC, mais plus encore dans la mesure où les objectifs assignés à cette institution auront été revus dans le but de favoriser une bonne régulation des échanges internationaux.

 Les aides directes ont pris, au fil du temps et des réformes de la PAC, une part trop importante dans les revenus agricoles. En 2005, elles représentaient, en moyenne, 93% des revenus nets des agriculteurs.

 Elles seront plafonnées par exploitation et réorientées vers les petites et moyennes exploitations familiales, afin de faciliter leur pérennité, en lien avec des objectifs sociaux et territoriaux définis à l’échelon régional ou interrégional.

 Des critiques diverses visent le dispositif actuel de répartition des aides. Il s’agira de corriger les injustices et légitimer l’existence même de ces aides publiques.

 Voir les autres textes de Michel Sorin, délégué national MRC à l’agriculture, sur www.mrc-france.org (onglet Positions, puis Agriculture) et sur http://mrc53.over-blog.com (Catégorie Agriculture et PAC).

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21 février 2007 3 21 /02 /février /2007 19:18

 

Ségolène Royal sur les pas de François Mitterrand 

 En voyant notre candidate Ségolène Royal s’exprimer ce 21 février 2007 devant un millier de Mayennais dans cette magnifique salle des Ondines à Changé, j’ai pensé à François Mitterrand intervenant le 9 avril 1981 dans la salle des fêtes de Cossé-le-Vivien devant le même nombre de Mayennais, après avoir été reçu par Michel et Yvonne Gaultier dans leur ferme à Méral devant une nuée de journalistes nationaux (nous avions organisé la rencontre agricole de la campagne présidentielle de François Mitterrand pour l’ouest de la France).

 Que de points communs entre les deux candidats socialistes à 26 ans d’intervalle ! Comme, d’ailleurs, entre les candidats de la droite néo-libérale, Giscard d’Estaing et Sarkozy. L’accueil chaleureux réservé à Ségolène est de bon augure. Ceux qui étaient présents à Rennes hier soir ont fait le même constat : la mayonnaise est en train de prendre depuis Villepinte et la présentation du pacte présidentiel et, surtout, depuis l’émission de TF1 lundi soir, regardée par neuf à dix millions de téléspectateurs.

 Certes, ce rendez-vous aujourd’hui était bref mais il a permis à notre candidate de s’exprimer avec clarté pendant une demi-heure, de rencontrer les salariés concernés par des suppressions d’emplois à Laval et beaucoup de personnes, même si ce fut trop brièvement.

 Pour ma part, j’ai pu remettre à François Rebsamen, co-directeur de campagne, deux documents : la note de réflexions et d’orientations que Gérard Beillard m’a demandé de transmettre à Ségolène Royal et le texte de propositions concernant la politique agricole (texte que j’ai remis directement à la candidate avant son départ pour la Normandie en tout début d’après-midi).

 Ce sont ces propositions que j’ai présentées à Pontivy samedi dernier aux militants MRC de Bretagne et qui intègrent les amendements reçus depuis le 9 décembre 2006. J’y reviendrai demain.

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20 février 2007 2 20 /02 /février /2007 19:20

 

Ce qui sépare les deux candidats principaux

 

Après avoir vu et comparé les prestations télévisées, à deux semaines d’intervalle, de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal, il est clair que ce n’est pas la même France qui sera au bout des cinq ans selon le verdict des urnes le 6 mai 2007. Je me garde bien de sous-évaluer les autres candidats. Mais il ne s’agit pas d’une élection à la proportionnelle. Un seul candidat sera élu. Dans le système électoral français, l’élection présidentielle est la clé de voûte de la République.

 C’est pourquoi, dans l’intérêt du pays, il ne faut pas se tromper sur le choix de la personnalité qui occupera le palais de l’Elysée et représentera la France pendant les cinq prochaines années. Lors de son point de presse au siège de campagne de Ségolène Royal, hier, Jean-Pierre Chevènement a mis en évidence ce qui se cache derrière les discours du candidat de l’UMP et les lignes de clivage entre les démarches et projets des candidats Sarkozy et Royal .  

 

Nicolas Sarkozy développe une conception amphigourique de la France. « M. Attrape-tout ». C'est toujours la même prétention de la droite à confisquer la nation. Il détrousse les cadavres des héros morts de la gauche. Il détrousse même les vivants (ex. préparations rémunérées aux concours de la Fonction Publique proposition Chevènement , Ecoles de la 2ème chance initiative Edith Cresson).  

 

 

Ségolène Royal expose une conception vertébrée et exigeante de la France à partir des valeurs de la Révolution. Elle récuse la prétendue synthèse entre l'Ancien Régime et la Révolution. Ségolène Royal expose un patriotisme de bon aloi, une politique étrangère « sans humilité et sans arrogance », essentiellement fondée sur le Droit.  

Nicolas Sarkozy c'est la conflictualité. Il veut réglementer le droit de grève et supprimer un poste sur deux dans la Fonction Publique.

  

Ségolène Royal c'est la démocratie sociale, la confiance faite au dialogue, le souci des entreprises innovantes  

 

 

Nicolas Sarkozy, c'est l'appel à l'effort égoïste

 

 

 

Ségolène Royal, c'est l'appel à l'effort partagé. Droits et devoirs s'équilibrent. C'est une République généreuse mais aussi exigeante. Il y a des contreparties à l'allocation d'autonomie pour les jeunes sur critères de ressources. Les jeunes devront passer un contrat. Cela n'a rien à voir avec l'assistanat.  

 

 

Avec Nicolas Sarkozy, les cadeaux fiscaux pour les riches. Inégalités et stagnation économique seront au rendez-vous. Sous couvert de « valeur travail », il redécouvre la plus-value : la détaxation des heures supplémen-taires profitera aux patrons et pas aux chômeurs. Il est en fait l'homme du capitalisme financier.

 

 

 

Ségolène Royal sait ce qu'est la valeur du travail : cela s'appelle les salaires qu'elle propose de revaloriser par une conférence des revenus dès juin 2007. Elle prévoit de lutter contre les délocalisations. La relance du pouvoir d'achat des salariés, à commencer par les travailleurs pauvres, nourrira la croissance 

Nicolas Sarkozy est en phase avec les libéraux européens. Avec lui, c'est la certitude d'une Europe au fil de l'eau

 

 

 

Ségolène Royal se prononce pour une Europe qui protège, pour une Europe redressée sur le plan économique et social (soutien à la croissance et à l'emploi dans les statuts de la BCE, gouvernement économique de la zone euro, politiques communes vigoureuses).  

 

 

Nicolas Sarkozy, c'est l'appel aux communautarismes : Ch. Estrosi: « la communauté juive a un candidat naturel, N. Sarkozy », N.Sarkozy : « Aucun ministre de l'Intérieur n'a autant fait pour les musulmans »  

 

 

Ségolène Royal c'est la République et la laïcité

Pour l'Ecole Nicolas Sarkozy propose de supprimer la moitié des postes des enseignants partant à la retraite.

 

 

 

Ségolène Royal a le souci de l'éducation des plus jeunes, des quartiers, des parents, d'un service de la petite enfance, du soutien scolaire. Elle donne la priorité à l'Education.  

 

 

Comme le gouvernement sortant, Nicolas Sarkozy a un rapport dégradé avec le monde de la recherche

 

 

 

Ségolène Royal propose un pacte de confiance avec les chercheurs : recherche publique, développement universitaire, recherche privée dans les entreprises innovantes.  

 

 

En matière de santé, Nicolas Sarkozy propose une franchise supplémentaire de remboursement pour les assurés sociaux et l'augmentation du tarif des généralistes.

 

 

 

Ségolène Royal demande un effort partagé entre les praticiens, les assurés sociaux et l'industrie du médicament. Elle donne la priorité à l'Hôpital public auquel elle accordera des moyens perennes.  

 

 

En matière de sécurité, Nicolas Sarkozy c'est le « tout répressif ». Il a supprimé la police de proximité et privilégié la police d'intervention et d'interpellation à l'aveuglette. Il a accru les tensions urbaines.

  

Ségolène Royal lie Education, citoyenneté, prévention et répression. Elle veut rétablir une police de quartier, proche de la population.  

Nicolas Sarkozy s'est fait le chantre de l'immigration « choisie », avec de forts relents xénophobes.

 

 

 

Ségolène Royal propose une intégration sur critères et le co-développement avec les pays d'origine, la priorité à l'Afrique en matière de politique étrangère  

 

 

En matière de politique étrangère, Nicolas Sarkozy symbolise l'inféodation extérieure

 

 

 

Ségolène Royal fait entendre la voix juste de la France, une voix de principe fondée sur le droit international.  

 

 

Conclusion : Nicolas Sarkozy joue les rassembleurs mais diviserait gravement le pays. Face au défi de la mondialisation, Nicolas Sarkozy offrirait un pays fracturé et amer, dominé par l'Argent roi, une France dépourvue de charme et d'attrait.

 

 

 

Conclusion : Ségolène Royal est une candidate à l'écoute, ouverte au dialogue, qui rassemble vraiment sur un projet de solidarité et d'ordre juste. Face au défi de la mondialisation, Ségolène Royal c'est la confiance retrouvée, une France au beau visage, accordée aux valeurs humanistes de notre Histoire, aussi bien qu'aux aspirations de notre temps, une France sympathique aux autres peuples, attractive et tournée vers l'avenir.  

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19 février 2007 1 19 /02 /février /2007 17:09

 

Face au réchauffement climatique : informer les citoyens

 Le collectif «Sauvons le climat» fondé en mai 2004, association loi 1901 depuis décembre 2005, a pour ambition d’informer nos concitoyens, de manière indépendante de tout groupe de pression ou parti politique, sur les problèmes relatifs au réchauffement climatique et sur les solutions proposées pour le ralentir. Il est doté d’un comité scientifique, présidé par Michel Petit, ancien responsable du groupe français d’experts au GIEC. Son manifeste a été signé par plusieurs milliers de personnes (www.sauvonsleclimat.org )
 

L’énergie éolienne et la grande panne électrique du 4 novembre 

 Chacun se souvient de la panne électrique du 4 novembre 2006, où l’on avait frôlé la catastrophe (15 millions d’Européens avaient été privés d’électricité - voir sur ce blog l’article paru le 6 novembre).

 Le collectif « Sauvons le climat » avait publié un communiqué le 8 novembre (voir sur son site) dans lequel il laissait entendre qu’il pouvait y avoir une part de responsabilité à rechercher du côté du parc éolien européen, ce qui avait été démenti par le SER (Syndicat des Energies renouvelables).

 Le 8 janvier dernier, dans un nouveau communiqué, le collectif faisait le point sur cette question à partir du rapport publié le  30 novembre par la commission d’enquête internationale.

 Il précisait que la responsabilité directe de l’énergie éolienne n’était pas engagée mais, bien que le rapport ne l’affirme pas explicitement, « le constat suivant est plus que probable : la surcharge de la liaison Landesbergen-Wehrendorf provoquée par la coupure volontaire d’une ligne 400 kV enjambant la rivière Ems (pour qu’un bateau quitte son chantier naval) a sans doute été accentuée, dans la demi-heure qui suivit, par une hausse mal prévue de la production éolienne du Nord de l’Allemagne, comme le démontre l'étude circonstanciée (…) ».

 « Sauvons le climat » conclut : « Sans doute le SER ne tenait-il pas à ce qu'on sache que l'éolien industriel peut s'avérer nuisible pour la stabilité du réseau électrique, sans, pour autant, présenter d’avantages significatifs, en France, dans la lutte contre le réchauffement climatique ».

 Des précisions après les déclarations de Ségolène Royal

 Un autre communiqué (début février 2007) de « Sauvons le climat » évoquait les déclarations, jugées inexactes, de Ségolène Royal, à l’occasion de la signature de la charte Nicolas Hulot par les candidats à l’élection présidentielle le 31 janvier. Le collectif apportait des précisions importantes, d’abord à propos des panneaux solaires, puis de l’évolution des parts respectives d’énergies renouvelables et d’énergie nucléaire à l’horizon 2020.

 Les panneaux solaires

 « Le terme « panneaux solaires » recouvre sans doute, ici, aussi bien les capteurs thermiques, chauffant de l’eau, que les capteurs photovoltaïques produisant de l’électricité. Dans les deux cas, il existe un certain nombre de fabricants sur le territoire national. La France compte même un « pionnier » dans chacun des domaines : Giordano en thermique, à Aubagne, et Photowatt en photovoltaïque, établi aujourd’hui à Bourgoin Jallieu, et 11ème producteur mondial. Photowatt à Caen a racheté en 1979 à Philips RTC l’activité photovoltaïque qui a installé en 1968 les premiers générateurs photovoltaïques terrestres au monde. Photowatt a fourni ensuite les modules alimentant toutes les premières mondiales en applications photovoltaïques, anticipations quasiment toutes françaises. Si nous savons anticiper, peut-être oublions-nous ensuite de concrétiser ? La France accueille trois autres fabricants : Free Energy à Lens, Solems à Palaiseau, et surtout Tenesol à Toulouse. Tenesol, filiale d’EDF et Total, produit aussi en Afrique du Sud, et devrait dépasser Photowatt en 2007 ».  

 Accroître les énergies renouvelables au détriment de l’énergie nucléaire ?

 La lutte contre le réchauffement climatique est une priorité absolue largement admise. Seules les énergies renouvelables et le nucléaire ne contribuent pratiquement pas à ce réchauffement.

 S’agissant de productions nationale et européenne d’électricité, l’hydraulique a peu de capacités supplémentaires (l’essentiel du potentiel français a été équipé et la nouvelle Loi sur l’eau et les milieux aquatiques entravera vraisemblablement l’exploitation des sites encore disponibles) et la biomasse n’a que des possibilités réduites pour la production d’électricité.

 Le solaire photovoltaïque comme l’éolien sont des énergies intermittentes. Les réseaux ne peuvent absorber une proportion d’énergies intermittentes importante, faute de moyens massifs de stockage d’électricité, moyens non envisageables sinon, peut-être, à très long terme.

 Par ailleurs, ces énergies ne produisent leur puissance maximale que pendant 20% du temps environ. La conjonction des ces deux facteurs limite, pour longtemps encore, à moins de 10% la contribution de ces énergies intermittentes dans le « mix » de production d’électricité européen.

 Dans ces conditions, la réduction de la part du nucléaire à 50 % ne pourra se réaliser sans recours aux énergies fossiles augmentant l’effet de serre.

 Les énergies renouvelables sont fortement subventionnées

Rappelons que, dès maintenant, les énergies renouvelables sont fortement subventionnées, soit directement, soit indirectement par la pratique de l’obligation d’achat. Nous avons déjà attiré l’attention sur la rente offerte par la construction d’éoliennes. Pour le photovoltaïque, les subventions (y compris un crédit d’impôt de 50% du prix du matériel) atteignent 75% dans certaines régions. Le prix de rachat de 55 c€ par kWh assure alors un retour sur investissement en 4 à 5 ans. Dans ces conditions, pour les particuliers c’est, de loin, l’investissement le plus rentable à la fois dans le domaine des économies d’énergie et dans celui des énergies renouvelables.

 Cette excellente rentabilité a d’ailleurs l’effet pervers de décourager les investissements dans les économies d’énergie puisque le crédit d’impôt est calculé sur une période de 5 ans et porte indistinctement sur les dépenses d’économie d’énergie et les investissements dans les énergies renouvelables. Nous suggérons que les deux types de dépenses soient traités indépendamment.

 Concentrer les subventions sur les dépenses efficaces contre les gaz à effet de serre

 La question se pose d’ailleurs de savoir s’il ne vaudrait pas mieux subventionner davantage les dépenses ayant une efficacité certaine sur les émissions de gaz à effet de serre (comme l’isolation des logements, ou les installations solaires thermiques) que celles relatives au développement de la production d’électricité renouvelable, alors que le contraire est fait actuellement (crédit d’impôt de 25% pour les matériaux isolants contre 50% pour le solaire photovoltaïque). Ajoutons que :

 - le solaire photovoltaïque autonome, avec stockage sur batteries, a un brillant avenir dans les zones non reliées à un réseau électrique des pays en développement pour apporter, avec l’électricité, un confort minimum, la santé, l’éducation et une amorce de développement économique. De plus il y est, dès maintenant, économiquement rentable en se substituant à des équipements archaïques (bougies par exemple) ou polluants et onéreux (groupes électrogènes, piles).

 - le solaire thermique peut contribuer au chauffage partiel (50 à 75%) d’une maison et à la production d’eau chaude sanitaire. L’impact peut en être important, vu la place primordiale du chauffage dans le bilan énergétique national. Dans les conditions françaises, c’est une des formes d’énergie renouvelable à soutenir fortement.

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18 février 2007 7 18 /02 /février /2007 14:14

 

La gauche doit se mobiliser et mieux s'organiser 

 Entre Rennes où elle tiendra un meeting mardi soir (puis rencontrera des lecteurs de Ouest-France mercredi matin) et Caen où elle sera mercredi soir, Ségolène Royal fera une halte en Mayenne mercredi midi, entre 12h et 14h, bref déjeuner compris. L’événement aura lieu salle des Ondines, près de la mairie, à Changé, près de Laval.

 La candidate à l’élection présidentielle veut rencontrer les Mayennais à l’heure de l’apéritif (qui sera à base de produits mayennais, bien entendu) entre 12h et 13h30. Il est prévu qu’elle fasse une intervention d’une dizaine de minutes vers 12h45 et, le reste du temps, elle souhaite aller vers les personnes présentes, les écouter et engager une courte conversation. A l’extérieur de la salle, celles et ceux qui souhaiteront se restaurer rapidement avant de reprendre le travail pourront le faire.

 Ces informations sont issues de la réunion vendredi du comité de campagne présidé par Guillaume Garot, où le MRC était représenté par Georges Minzière et moi-même. Ambiance sympathique. J’ai souligné que les sondages actuels sont à prendre comme une source de motivation supplémentaire pour participer activement à la campagne de soutien à Ségolène Royal. La menace Sarkozy doit être utile pour se serrer les coudes et mobiliser nos forces.

 A cet égard, on ne peut que regretter le fait que le MRC n’a pas été associé à l’invitation au meeting de Rennes mardi soir.  Mes amis du MRC Bretagne, où j’étais invité hier pour animer une réunion de travail à Pontivy sur les questions agricoles, m’ont affirmé que le PS a oublié volontairement le MRC car il privilégierait ses alliés UDB et Alternatifs. Cela reste à vérifier mais je note que le logo du MRC n’est pas présent sur les tracts et les affiches. J’en conclus que l’accord PS-MRC du 9 décembre n’est pas appliqué à Rennes.

 Pour sa part, Jean-Pierre Chevènement* continue de soutenir et de représenter Ségolène Royal de toutes ses forces. C’est ainsi qu’il a accordé un entretien au Parisien hier dont j’ai pris connaissance sur www.chevenement.fr . En voici le texte.

 « Le résultat de l’élection se jouera sur la mobilisation populaire »

Ségolène Royal semble en difficulté. Que doit-elle faire ?
Jean-Pierre Chevènement
:
Son discours de Villepinte sur la France, sur l'Europe et sur le monde était très cohérent et de haute tenue.
Par exemple en matière de politique étrangère, elle est cent coudées au-dessus de Sarkozy. Elle doit maintenant décliner les différents thèmes comme la politique industrielle - expliquer, par exemple, ce qu'on fait contre les délocalisations- ou la sécurité. Elle doit aussi enrichir ses propositions puisque, naturellement, elle n'a pas pu tout dire. Mais il est important de ne pas s'écarter de la ligne de Villepinte.

N'est-il pas dangereux d'être en retard à la mi-février ?

En fait, les choses se cristalliseront à partir de la mi-mars. Il est évident, pour moi, que la bataille va se jouer entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. A eux deux, ils totalisent dans les intentions de vote environ 60 %. Il est clair qu'aucun autre ne percera, ni Le Pen, ni Bayrou. C'est mécanique.

La machine Sarkozy apparaît difficile à prendre en défaut...

Sarkozy est très bien organisé, ça s'est sûr. Il embraye directement sur le système des grands médias qui sont très proches de lui. Cela lui donne un réel avantage. Ségolène a dit des choses très fortes, notamment sur l'Europe - une Europe qui protège et dont les statuts de sa Banque centrale doivent être modifiés - qui n'ont pas été reprises par les médias.

 Comment contrer Sarkozy ?
De deux manières : par une meilleure organisation par rapport au système médiatique et par la mobilisation populaire. Nous avons beaucoup de monde dans nos meetings : six cents personnes par exemple, jeudi soir, à Belfort. Et puis, il faudrait une veille plus attentive sur ce que sont les propos et gestes de Sarkozy. Cet homme inquiète les Français : c'est ce filon-là qui doit être exploité !

L'organisation de la campagne de Royal doit-elle être repensée ?

C'est toujours très dur, car tout repose toujours sur le candidat. L'essentiel est que le candidat tienne bon : c'est le cas de Ségolène. Elle encaisse bien, elle ne mollit pas !

On lui reproche de ne pas assez déléguer...

Vous croyez que Sarkozy délègue ? Non, pas du tout. Il ne faut pas renverser les rôles : c'est au PS de se mobiliser derrière sa candidate, qu'il a désignée à une très forte majorité. On ne peut pas tout reporter sur les épaules d'une femme, certes forte. Il faut l'aider. Il faut qu'un sentiment de solidarité se crée. Sur le terrain il y a certains traînards. Il est temps qu'ils montent dans le train ! J'aime citer en meeting la devise du 35 ème régiment d'infanterie de Belfort : « Tous gaillards, pas de traînards ».

Ne devrait-elle pas s'appuyer plus sur Strauss-Kahn et Fabius ?

Elle a confié une mission au premier et elle va en meeting le 24 chez le second. Et, il n'y a pas que le PS mais aussi le MRC et le PRG. Elle doit surtout s'adresser au peuple français. Il y a une attente forte dans le pays. La différence se fera sur la mobilisation populaire. C'est celle-là qui fera bouger les grands médias, qui sont tout acquis à Sarkozy.

Pour vous, il n'y a rien à changer ?

L'essentiel est qu'elle garde son tonus et qu'elle ne se laisse pas intimider. On a encore deux mois et huit jours : je suis tout à fait confiant.

Propos recueillis par
Philippe Martinat, Le Parisien, samedi 17 février 2007.

*A noter que Jean-Pierre Chevènement sera l’invité de France Info lundi 19 février à 8h15

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