Déconnecter les politiques agricoles de l’OMC Dans la Lettre économique de juin (http://paris.apca.chambagri.fr/download/apca/k/Temp/LetEco0706.pdf) Lucien Bourgeois, responsable des études économiques et de la prospective aux Chambres d’agriculture (APCA), évoque le changement de contexte des marchés mondiaux des produits agricoles. « Il y a deux ans, on pensait que le monde était abonné à l’abondance de matières premières agricoles. Il n’était question à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) que de diminuer les aides dans les pays riches pour permettre aux pays pauvres de profiter de leur avantage comparatif. Les USA étaient en désaccord car leurs agriculteurs risquaient de perdre trop. Entre temps le prix du maïs a presque doublé. Explication : la décision des USA d’affecter un quart de leur récolte de maïs à la production d’éthanol (cela correspond à 3% seulement de la consommation de carburants mais à 75% du marché mondial du maïs), ce qui fait monter le prix du mais et permet d’alléger les aides au revenu agricole. Voilà une des difficultés de l’accord OMC qui est levée ! Les problèmes agricoles dans le monde ne sont pas résolus pour autant. Le postulat de base à l’OMC est que tout se passerait mieux si les Etats cessaient d’intervenir et laissaient les marchés assurer l’équilibre entre l’offre et la demande. C’est oublier que le maïs est un aliment du bétail et, maintenant, un carburant pour les USA, et qu’il est un élément de base de la nourriture des hommes au Mexique. Or, pour le marché, les réservoirs des automobiles des pays riches seront un débouché plus rentable que les estomacs humains dans les pays pauvres. C’est cela qui explique, d’ailleurs, que le monde produisait trop alors que 850 millions de personnes souffraient de la faim et que deux milliards avaient des carences. La communauté mondiale ne sait toujours pas répartir les richesses entre les hommes, même dans un secteur aussi stratégique que l’alimentation ».
Lucien Bourgeois conclut qu’un accord bâclé à l’OMC ferait sans doute plus de mal que de bien surtout dans la partie du monde qui a faim. Il regrette que l’enjeu collectif essentiel, qui est l’alimentation de 6,5 milliards d’êtres humains, ne soit pas pris en compte.