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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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15 mai 2007 2 15 /05 /mai /2007 11:30

 

« Construire une Europe indépendante »

 Chaque jour, on peut lire sur www.liberation.fr des contributions au débat lancé sur l’avenir de la gauche sous le titre « Vers une nouvelle gauche ? ». Ce matin, c’est Sami Naïr qui signe un bon texte, à la fois réaliste et constructif.

 Sami Naïr est un universitaire proche de Jean-Pierre Chevènement. Il était membre du Parlement européen de 1999 à 2004 et est actuellement secrétaire national du MRC.

 Face à la mondialisation et à la nouvelle droite de Nicolas Sarkozy, l'union est la seule solution 

« Il faut oser le dire franchement, l'état de la gauche est aujourd'hui déplorableLe cycle inauguré, il y a trente-six ans, par la fondation du Parti socialiste à Epinay, s'est clos. La bipolarité du monde a disparu. Après la fin de l'URSS, l'influence du Parti communiste est devenue marginale. Le Parti socialiste est paralysé par des conflits internes qui traduisent, en réalité, de graves divergences d'orientation entre les principaux courants ; on aurait pu penser que la succession des défaites qu'il a subie, de 1993 jusqu'à l'échec du référendum sur le traité constitutionnel, allait entraîner une remise à plat du logiciel stratégique du parti. Il n'en a rien été. Le tournant de 1983 n'a été ni critiqué, ni remis en cause, ni pris en charge. La candidature de Ségolène Royal n'a d'ailleurs été si massivement approuvée par les militants que parce qu'elle est apparue comme une solution à côté, pour ne pas dire en dehors, des courants : et c'est pourquoi beaucoup y ont vu, à juste titre, un début de rénovation du Parti socialiste.

 En 1981, la gauche est arrivée au pouvoir. Elle a prétendu mettre en place une stratégie de changement réformiste et démocratique. Pourtant, force est de constater qu'elle s'est inclinée devant le conformisme libéral et qu'elle a été rejetée après chaque expérience de gouvernement. Depuis lors, elle ne peut plus prétendre au monopole du soutien majoritaire des couches populaires. Et même les couches moyennes traditionnellement acquises au PS semblent désormais douter de sa capacité à améliorer leur situation. La gauche est divisée, éparpillée, structurellement affaiblie, alors que les défis sont plus importants que jamais, et qu'ils ne sauraient être résolus avec les recettes des années 70, 80 ou même 90 du siècle dernier.

 Et cela d'autant plus que l'ensemble du champ politique donne l'impression de subir des modifications tectoniques.

 D'une part, avec l'arrivée de la génération représentée par Sarkozy, la droite subit une évolution importante. En gros, on peut dire que le vieux gaullisme, depuis longtemps humilié par l'opportunisme de la droite, ne sert même plus de justificatif politique.

 Sarkozy a opéré une vraie mutation : il a transformé son parti en nouveau parti conservateur, à l'image du néo-conservatisme américain, tant du point de vue de la forme publicitaire de l'action politique que sur le fond, en dévoyant des valeurs républicaines traditionnelles ­- le travail, le mérite, la responsabilité, le besoin de sécurité, l'attachement à l'identité nationale -­ et que la gauche n'aurait pas dû abandonner. C'est bien sûr ce qui explique l'adhésion à son programme de l'électorat d'extrême droite. L'UMP incarne aujourd'hui un parti de droite conservateur à côté d'un Front national affaibli.

 Face à cette évolution, le score engrangé par François Bayrou représente, par-delà l'appoint de la gauche sociale libérale, une autre voie : celle d'une droite néolibérale qui refuse d'être broyée par la machine néo-conservatrice. Il n'est pas sûr, cependant, que cet électorat «centriste» incarne réellement une alternative à la droite sarkozyste.

 La volonté affirmée aujourd'hui par Nicolas Sarkozy de constituer un gouvernement d'ouverture ne doit pas faire illusion : reste le programme du candidat, qu'il faudra bien appliquer s'il veut tenir ses promesses. Que les candidats dits de «gauche» au ralliement ne l'oublient pas...

 A gauche, l'on peut se poser la question : cette élection présidentielle sera-t-elle le détonateur d'un changement en profondeur ?

 La participation politique massive de nos concitoyens semble l'indiquer. Chacun sent bien qu'une profonde recomposition politique est en cours, qui concerne autant notre pays que sa place dans la globalisation actuelle. Celle-ci ne sera pas maîtrisée par des mesures cosmétiques. Naturellement multipolaire, le monde va mal parce qu'une puissance impériale veut en faire son espace de domination unilatérale.

 La catastrophe qui sévit aujourd'hui en Irak montre dramatiquement jusqu'où peuvent aller les méfaits de cette conception des relations internationales. Comment créer un contrepoids positif à la puissance américaine, et cela d'autant plus que la victoire de Sarkozy est partout déjà perçue comme celle de l'ami de Bush ?

 La construction d'une Europe indépendante, dans ce contexte, constitue un défi incontournable. Nous devons donc discuter du projet «Europe», ne pas nous laisser impressionner par ceux qui, sur ce plan, n'ont en fait rien d'autre à proposer qu'un succédané du traité rejeté.

 Il nous faut en réalité construire l'Europe indépendante comme perspective historique et comme projet social : une Europe compétitive, mais aussi et surtout de la croissance, de la politique industrielle, de la recherche, de l'innovation, de l'harmonisation des normes sociales et fiscales, de l'environnement, du social. Une Europe qui prend appui sur un véritable gouvernement économique de la zone euro et qui réforme les statuts de la Banque centrale en y intégrant l'objectif de l'emploi. Une Europe réaliste qui séduit par la preuve de ses actions.

 Sarkozy s'est prononcé pour une préférence communautaire et contre la politique de l'euro fort. Il faudra le juger sur pièces. De même, nous ne pouvons accepter que la compétition commerciale internationale se perpétue sans règles, car nous en connaissons les conséquences dans nos pays : destruction d'emplois, baisse du niveau de vie, éradication des conquêtes sociales acquises si durement durant tout le XXe siècle par les luttes populaires.

 Si les pays émergents ont tout à fait le droit de chercher à se développer ­ et nous devons les y aider ­ il n'est pas supportable que cela se fasse au détriment des normes environnementales et sociales les plus élémentaires. C'est aussi pourquoi nous devons plaider inlassablement, dans les enceintes internationales, pour une concurrence juste et loyale, concomitamment à l'aide au développement.

 En France, les défis sont majeurs, un grand parti de gauche doit les affronter.

 Encore faut-il nous mettre d'accord autant sur l'objectif que sur les modalités à plus long terme de la refondation de la gauche. Nous avons besoin d'un grand rassemblement des gauches, un rassemblement qui crée le moyen d'avancer ensemble, de lutter ensemble, de gagner ensemble. Un rassemblement qui devra réunir les sensibilités socialiste, républicaine, social-démocrate, radicale, environnementale et de tradition communiste.

 Nous avons besoin de ce rassemblement pour créer les conditions sociologiques et culturelles d'une hégémonie durable de la gauche dans les années qui viennent ».

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14 mai 2007 1 14 /05 /mai /2007 18:16

 

« Nous avons reconquis le vote populaire »

 « Je dirai simplement quelques mots pour dire aussi que tous ces applaudissements sont destinés aussi à tous les militants, les citoyens qui se sont formidablement mobilisés au cours de cette belle campagne.

Vous dire aussi la fierté d’avoir conduit cette campagne, désignée par 60 % des militants socialistes, je voudrais souligner la très forte mobilisation dans les fédérations, la mobilisation des militants, bien sûr, mais aussi celles des partis alliés qui nous ont rejoints, qui nous ont soutenus dans cette campagne, tous les élus qui ont également été en première ligne de ce combat. Nous avons vu des salles pleines à craquer, des citoyens enthousiastes, des citoyens mobilisés, et aujourd’hui c’est une force qui s’est levée, même si le combat ne s’est pas terminé comme nous l’aurions souhaité. C’est une force qui s’est levée de 17 millions de voix.

Et je pense, je le vois, vous le voyez aussi sur vos territoires, ce vote contient des perspectives d’avenir, ce vote contient un élan. On sent, à la fois bien sûr une tristesse, et j’y reviendrai, même parfois plus, et en particulier dans les quartiers populaires, mais on sent également une fierté très forte et une volonté de continuer. Il n’y a pas d’abattement, il y a une fierté dans ce qui a été réalisé, dans ce qui a été dit, dans ce qui a été porté au cours de cette campagne, dans ce qui a été réalisé, à l’exemple de ces images de meetings extraordinaires, dans ces images de Charléty par exemple, mais aussi partout dans les régions dans lesquelles vous êtes et dans lesquelles vous êtes mobilisés.

Moi, je veux aujourd’hui surtout retenir cette fierté-là parce que c’est sur ce socle-là que nous allons pouvoir construire le mouvement des élections législatives.

 Les valeurs fondamentales étaient là, les problèmes étaient bien identifiés, la question de la vie chère et des bas salaires, la question du chômage et des délocalisations, notamment le chômage des jeunes, la question de la précarité qui était au centre de notre campagne, les questions aussi liées à la sécurité, aux sécurités au sens large, avec le besoin que ressentent les Français d’avoir une clarification des règles du jeu, ce que j’ai appelé l’ordre juste. La question du refus de l’assistanat pour les tout petit salariés, pour les travailleurs pauvres. Et, cette question aussi, nous devons continuer à y travailler, les peurs aussi, les peurs des délocalisations, les peurs des personnes âgées face au déficit de tous les régimes de retraite et de santé.

 Bref, les questions sont là, les questions aussi que nous avons abordées sur la République, sur la nation, sur l’identité. Nous l’avions fait il y a déjà deux ans, donc ces questions-là qui ont parfois été recaptées, raptées parfois par la droite en étant déformées, nous devons continuer à y travailler et à les clarifier.
Je pense aussi à la question de la valeur travail, dont j’ai été une des premières à la mettre en avant dans ce débat. Tous ces sujets continuent à tarauder les Français, ils vont donc à nouveau émerger au cours de la campagne des élections législatives. Et tout ce travail qui a été accompli par le Parti socialiste, par le mouvement aussi de rassemblement au cours des échéances de la campagne présidentielle devra rapidement déboucher et être clarifié. Et c’est le rôle aussi de ce Conseil national et des présentations qui seront faites tout à l’heure.

Je voudrais ici dire très simplement que j’entends ici ou là des interprétations de la défaite, certaines justes, bien sûr, d’autres dérisoires, et d’autres inutilement blessantes, mais je crois qu’aujourd’hui le temps n’est pas aux polémiques. Je dirai pour ma part ce que j’en pense après les élections législatives.

 Car je crois que, d’ici là, nous devons rester unis et nous avons entre les mains ce talisman que j’évoquais tout à l’heure de la fierté et de la volonté de 17 millions d’électeurs qui attendent de nous que nous redéclenchions, pour les élections législatives, un mouvement d’unité, de fraternité, de solidarité, un élan qui nous permettra d’envoyer à l’Assemblée nationale le plus grand nombre possible de parlementaires ; parce que c’est le fonctionnement de la démocratie qui est en jeu, c’est l’émergence d’un contrepouvoir par rapport à une droite dure qui a fait la jonction avec l’extrême droite, donc il y a une attente extrêmement forte à notre égard.

 Et, pour ma part, ce que je crois, c’est que nous devons mobiliser les énergies positives qui ont émergé au cours de cette campagne, et nous devons les transformer positivement au cours de cet élan des élections législatives. La campagne sera conduite par le Premier secrétaire. J’y prendrai bien évidemment toute ma place en tant que candidate à l’élection présidentielle, je suis disponible pour venir faire des réunions sur le territoire, d’autant plus que je ne suis pas candidate.

 Je ne suis pas candidate parce que je m’applique à moi-même une des règles du pacte présidentiel du non-cumul des mandats, mais je conçois que cette règle ne soit pas suivie par tous puisque la loi ne l’impose pas aujourd’hui, donc je ne l’impose pas comme modèle, mais il me semble élémentaire, par rapport à ce que j’ai dit en tant que candidate à l’élection présidentielle, et portant une rénovation sur ce que nous avons appelé ensemble la république nouvelle, la VIe République, la modification des formes de l’exercice de la politique et en particulier la réforme des institutions au sein de laquelle nous avions inscrit ensemble, dans le projet socialiste, le non-cumul des mandats, il me semble que la politique par la preuve, qui m’est chère, est que le non-écart entre le discours et les actes soit appliqué.

Pour la suite, je ne sais pas si, ce qui compte, c’est de savoir s’il faut être plus ou moins à gauche. Vaut mieux être à gauche de toute façon, mais je crois que la question, et je pense qu’il ne faudrait pas qu’il y ait des conflits, de débats inutiles sur cette question-là, qui pourraient entraîner des difficultés ou freiner le mouvement positif, essentiel, indispensable, pour gagner le plus grand nombre de circonscriptions.

Je crois que la question, pour nous socialistes, c’est d’être vrais et de réaliser, d’incarner le socialisme du réel, c’est ensuite d’être cohérents, et j’allais dire disciplinés, même si ce n’est pas un mot fréquemment utilisé parmi les socialistes.

 Et je pense que pour l’avenir, sans anticiper les échéances, il est clair qu’il faudra réformer notre calendrier. D’abord, que le projet pour l’élection présidentielle ne soit pas fait avant, mais après la désignation de notre candidat ou de notre candidate pour qu’il y ait une cohérence.

 Ensuite, il faudra que le processus de désignation interne ne soit pas situé aussi près du combat principal et ne pas laisser un certain nombre de séquelles ou d’utilisations du combat interne utilisées par la droite. Mais nous aurons l’occasion d’en reparler, et d’en reparler sereinement, y compris dans la part que j’ai prise dans ce résultat qui n’est pas à la hauteur de ce que nous espérions.

 L’heure est maintenant à la mobilisation. Et je voudrais simplement souligner aussi un autre élément de fierté : nous avons reconquis le vote populaire, et notamment le vote ouvrier, 54 %. Nous avons fait venir vers la citoyenneté des jeunes, des jeunes très nombreux qui sont venus s’inscrire et qui ont voté pour nous, et notamment les jeunes des quartiers. Il y a des résultats qui sont sans appel, sans commentaire : Vaulx-en-Velin : 63 %, La Paillade : 65 %, Le Mirail à Toulouse : 70 %, les quartiers Nord de Marseille : 70 %, Aubervilliers : 61 %, Saint-Denis : 67 %, Trappes : 70 %, Bobigny : 66 %. Merci à ces jeunes, à leur élan citoyen, et nous savons aussi leur déception, leur désarroi, leur profonde tristesse.

Je pense que l’une de nos responsabilités, pour que ces jeunes continuent à venir voter, et continuent à s’inscrire dans cet élan citoyen, notre responsabilité, c’est de leur offrir des perspectives, c’est sans doute de repenser les formes de militantisme dans les quartiers, c’est d’y conduire avec eux, et non pas à leur place, des actions concrètes. Et nous pouvons le faire avec les collectivités territoriales, je pense en particulier aux emplois tremplins, je pense à toutes les formes de soutien, de solidarité, d’aide scolaire que nous devons aujourd’hui relayer et mettre en place, et prolonger par rapport à ce que nous avons dit dans le pacte présidentiel au niveau des Régions, des Départements, des communes.

 Je vois ici ou là déjà des élus qui se mobilisent et qui se demandent comment nous allons répondre à cette immense attente de citoyenneté et d’engagement des jeunes dans les quartiers, qui nous ont fait confiance et qui constituent une partie, non pas un problème comme je l’ai dit souvent dans cette campagne, mais une grande partie de la solution aux problèmes qui se posent aujourd’hui en France, et en particulier au regard de la consolidation du pacte républicain.

Et donc cette mobilisation-là, je crois que c’est le cœur de notre réflexion. Les catégories précaires, les milieux populaires, mais aussi les classes moyennes, qui attendent de nous que nous restions debout, que nous restions fiers, que nous restions imaginatifs, que nous restions forts sur nos valeurs qui finiront par l’emporter.

Merci de votre engagement ».

 A lire sur http://www.desirsdavenir.org/index.php

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14 mai 2007 1 14 /05 /mai /2007 16:57

 

La refondation de la gauche avec Ségolène Royal

 Un résumé des déclarations de Jean-Pierre Chevènement, hier soir, paru sur le blog de Xavier Dumoulin http://sr07.unblog.fr ce jour, retient mon attention. Le président d’honneur du MRC était invité aussi en tant que membre de l’équipe de campagne de Ségolène Royal. Il l’a bien défendue face aux critiques qui montent de certains dirigeants du PS. On peut écouter cet entretien en allant sur www.chevenement.fr .

 Haro sur Sarkozy 

"Bonapartiste", "brutal", "nerveux", "ultralibéral"… Sur le fond comme sur la forme, Nicolas Sarkozy n'a pas les faveurs de Jean-Pierre Chevènement. Rien de nouveau pour ainsi dire. Seul "l'habileté" de Nicolas Sarkozy est reconnu par le président d'honneur du MRC et encore n'est-ce pas là le compliment le plus profond."C'est au pied du mur qu'on voit le maçon"  a-t-il tout juste concédé, affirmant vouloir attendre les premières actions du président et juger sur pièce. "Mais je suis inquiet", par exemple sur l'Europe et alors que Nicolas Sarkozy n'envisage pas de faire passer un nouveau texte constitutionnel devant les Français via un referendum.

 Pour autant, et malgré ses craintes, Jean-Pierre Chevènement a dénoncé les mouvements violents dans les rues et a jugé "inopportuns" les appels à manifester, notamment des étudiants. Il préfère "s'ancrer dans les valeurs républicaines" et construire une opposition passant par le vote : "ce que les urnes ont fait, les urnes peuvent le défaire", a-t-il expliqué.

 Quant à la formation du gouvernement et l'ouverture à gauche, l'ancien ministre de l'Intérieur montre un réel détachement relativisant les approches d'Hubert Védrine et de Claude Allègre.

 Royal sauvée face au PS

 Sur la défaite de Ségolène Royal, Jean-Pierre Chevènement a cherché à positiver en voyant dans le vote en faveur de la socialiste l'adhésion de "la force du travail" et des jeunes chez lesquels elle a obtenu la majorité. En somme, faisant un parallèle avec l'élection de 1974, il veut y voir d'abord la création d'une "dynamique".

 Cela ne le dispense pas d'apporter certaines explications à l'échec. Il a très clairement attaqué l'attitude des "éléphants" du parti et leur faible mobilisation derrière la candidate. Il y voit leur incapacité à suivre la voie ouverte par Ségolène Royal. Car Jean-Pierre Chevènement veut croire à la nouveauté incarnée par la socialiste et défend sa campagne et ses idées, par exemple sur les 35 heures ou les régimes spéciaux. "Je ne suis pas de ceux qui vont l'accabler", a-t-il résumé.

 Mais il souligne "les démons" de la gauche notamment "un laxisme" sur les questions de sécurité, de régularisation des sans-papiers, des rapports aux symboles de la nation. Même ton sur les sujets économiques et le place du "mérite et du talent" dans la société.

 Car Jean-Pierre Chevènement reste assez critique sur le fond. Illustration des divergences de vues qui règnent encore et toujours à gauche. Pour répondre à ces constats, il appelle de ses voeux la formation d'un grand parti "républicain" de gauche réunissant "tous les talents".

 Et pour porter cette refondation de la gauche, il n'en voit qu'une : Ségolène Royal.

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13 mai 2007 7 13 /05 /mai /2007 11:03

 

A la recherche d’une nouvelle voie républicaine

 Jean-Luc Mélenchon a tiré les enseignements de l’élection présidentielle et conclut à l’urgente nécessité de rassemblement de la gauche, par dépassement de ses diverses structures actuelles. Voici ce qu’il écrit sur son blog www.jean-luc-melenchon.fr le 9 mai et qui se retrouve dans ReSPUBLICA 536 paru le 11 mai dernier Lien permanent vers cet article

 « Le devoir d’audace »

 « Depuis 1978 avec Michel Rocard, dès 20 heures, les soirées de défaites électorales voient surgir de l'horloge socialiste un coucou familier. Il chante la chanson désormais traditionnelle de l'appel à la rénovation et à la conversion sociale-démocrate de la gauche.

 Hier surprenante, l'antienne est aussi obsolète que son objet après trente ans d'usage. On pouvait y réfléchir au siècle dernier. Mais en 2007, comment le navrant naufrage de la social-démocratie européenne, suivant de près celui du communisme d'Etat, pourrait-il encore servir de modèle? Au Royaume-uni ou en Allemagne, seule ou en alliance avec la droite elle démantèle l'Etat social qu'elle avait construit. En Espagne ou en Italie, tranquillement ou dans les combinaisons, les réformes sociétales remplacent les conquêtes sociales. Et je ne dis rien du bilan effrayant de la social-démocratie latino américaine. Ici ou là, bien sûr, passent quelques rayons de lumière.

 Mais la social-démocratie qu'idéalisent d'aucuns, faute d'imagination, n’est pas un avenir utile en France. Nous ne pouvons échapper au devoir de remiser au rayon des archives toutes les formules dorénavant épuisées. La modernité n'est pas un prêt à porter mais une création à accomplir.

 Cette réinvention de la gauche a lieu en ce moment même en Amérique latine, au Brésil, Vénézuéla, Bolivie, Equateur parmi d'autres pays. Evidemment, aucune ne nous fournit de modèle transposable. Mais l'énergie, l'audace et la persévérance qui les ont rendues possibles doivent impérativement nous servir de référence. Elles valent bien mieux que certaines illusions de confort. Comme par exemple de croire que notre nouvelle défaite est seulement affaire de personne ou de style de campagne. Elle sanctionne d'abord l'échec de la gauche - toute la gauche - à entraîner la société. 

Quelle rude leçon nous inflige la droite à ce sujet ! La rupture proposée par Nicolas Sarkozy est le miroir de nos timidités, sa provocante clarté le revers des euphémismes sociaux-démocrates embarrassés dès qu'il s'agit de dénoncer l'accumulation des richesses dans les mains de quelques uns et le système qui rend possible cette spoliation. Le triomphe de Sarkozy est construit sur une victoire culturelle telle qu'à l'heure du choix, en toute bonne foi, la conscience sociale aveuglée par les mirages de l'idéologie dominante, les pauvres votent comme s'ils étaient riches!

 Face à une droite décomplexée, une gauche tout aussi décomplexée doit enfin s'affirmer pour construire une nouvelle conscience citoyenne.

 Assez rasé les murs pour parler du partage de la richesse, pour assumer le rôle de l'Etat stratège dans l'économie, maître du temps long, gardien de l'intérêt général, acteur de première ligne face à l'urgence sociale. Assez de litote pour rejeter la monarchie patronale, affronter la tyrannie de la dictature de l'actionnariat sur l'économie productive.

 Tout tourne autour d'une question : quelle attitude avoir face à la mondialisation libérale, ce nouvel âge du capitalisme? L'adopter : c'est la droite. L'accompagner : c'est l'illusion sociale-démocrate. Faire bifurquer le système au profit de priorités sociales et écologiques : c'est notre devoir d'invention.

 Comment faire? Avec qui? Dans quelle forme d'institution Républicaine en France et en Europe ? Qui oserait dire que nous ne possédons aucune réponse après tant d'années de colloques, de luttes, de forums sociaux et d'expériences sous toutes les latitudes. Ce qui manque c'est le lieu politique de la mise en mots partagée et en programme. C’est la condition pour que les idées deviennent une force matérielle : celle des millions de consciences qui la prendront en charge.

 Nombreux au sein du PS évoquent la création d'un nouveau grand parti progressiste largement ouvert aux forces diffuses de la société civile qui agissent aujourd'hui sans débouché politique. L'autre gauche est ainsi mise au défi. Comme pour la candidature à la présidentielle va-t-elle maintenir sa fragmentation si désespérante et si nuisible à la gauche toute entière ? Alors il faudra admettre que l'avenir de la gauche est dans le parti unique que préfigure le Parti socialiste.

 Au contraire saura-t-elle proposer un dépassement de ses structures ouvrant ainsi un autre choix à gauche ? Celui d’une alternative prête à la conquête des pouvoirs plutôt qu'à l'adjuration, à des alliances plutôt qu’à l'ostracisation de ses voisins et cousins de gauche?

 Comme au lendemain du référendum les délais de réponse ne sont pas infinis. Et la droite ne nous laissera pas de répit ».

 www.jean-luc-melenchon.fr voir tous ses articles

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13 mai 2007 7 13 /05 /mai /2007 09:53

 

Pour débattre, il faut savoir de quoi on parle

 L’article paru le 4 mai dernier sur ce blog traitait de l’énergie nucléaire et de la part de celle-ci dans la production d’électricité (Michel Naud dans ReSPUBLICA), suite au débat télévisé entre les deux candidats du second tour de l’élection présidentielle.

 Dans le numéro 536 du journal en ligne de « la Gauche républicaine, laïque, écologique et sociale », daté du 11 mai, Thierry de Larochelambert, qui est un universitaire, spécialiste de cette question, apporte des précisions utiles concernant les chiffres relatifs à la production d’électricité d’origine nucléaire en France. Voici son texte Lien permanent vers cet article et des liens intéressants.

 « La production d'électricité en France »  

« Les statistiques nationales françaises délivrées chaque année par la DGEMP (Direction Générale de l'Energie et des Matières Premières)/Observatoire de l'Energie au Ministère de l'Industrie donnent la production brute d'électricité primaire et la production nette d'électricité en France.

 Production brute d'électricité: c'est la quantité d'électricité annuelle qui sort des alternateurs et des génératrices de toutes les sources d'électricité (nucléaires, hydrauliques, thermique gaz ou fioul ou charbon, éoliennes, géothermiques, photovoltaïques, thermique bois). Une partie de cette électricité est directement consommée par les centrales elles-mêmes, les rotors des groupes alternateurs, et perdue dans les transformateurs des centrales.

 Production nette d'électricité: c'est la quantité d'électricité effectivement distribuée sur le réseau électrique français, à la sortie des transformateurs des centrales, c'est à dire après l'autoconsommation et les pertes de production. C'est la seule qui ait un intérêt énergétique et économique et qui entre dans le bilan d'énergie utilisable par les consommateurs (industrie, tertiaire, domestique, agriculture).

 Pour 2006 par exemple, les chiffres officiels sont les suivants :  

Production brute d'électricité totale: 574,5 TWh, dont nucléaire 450,2 TWh (78,4%), hydraulique 61,6 TWh (10,7%), thermique fossile 60,5 TWh (10,5%), éolien 2,1 TWh (0,37%), photovoltaïque 1 TWh (0,02%)

 Production nette d'électricité totale: 548,8 TWh, dont nucléaire 428,7 TWh (78,1%), hydraulique 60,9 TWh (11,1%), thermique fossile 57,1 TWh (10,4%), éolien 2,1 TWh (0,40%), photovoltaïque 1 TWh (0,02%).

 La part de l'énergie nucléaire dans la production électrique nette totale est donc de 78,1%.
Les valeurs de 85% et 88% avancées dans l'article cité plus haut sont physiquement inconsistantes car elles représentent uniquement la part du nucléaire dans la production brute d'électricité non thermique (87,6%), ce qui n'a strictement aucun intérêt puisque les centrales thermiques représentent tout de même 10,4% de la production française et que ce n'est pas la production brute qui compte mais la production nette! Cette présentation des chiffres est purement artificielle et gonfle artificiellement l'importance du nucléaire, probablement dans un but propagandiste ou commercial, mais certainement pas d'information neutre...


Pour terminer cette petite mise au point objective (je ne fais partie d'aucun lobby, ni nucléaire, ni pétrolier, ni gazier, ni charbonnier, ni écologiste mais je suis physicien sans carte politique), je rappelle qu'une partie importante de l'électricité produite en France est exportée (60 TWh, soit 11%), et que sur les 480,6 TWh d'électricité consommés en France, une bonne part (au moins 25 TWh, soit 5%) est autoconsommée dans le fonctionnement du cycle nucléaire (enrichissement de l'uranium dans l'usine Eurodiff du Tricastin entre autres) et perdue dans les lignes électriques et les transformateurs de lignes (32 TWh, soit 6,6% en 2006).

Comme la part de l'électricité dans la consommation d'énergie finale totale française en 2006 (161,7 MTEP) n'est que de 22,9%, la part du nucléaire n'en représente que 15,2% à 17,6% selon les méthodes de calcul.

 Vous trouverez toutes les données sur les sites ministériels (www.industrie.gouv.fr/energie, www2.ademe.fr) et une analyse plus complète dans le volet III de mon étude « L'urgence énergétique » (ReSPUBLICA n°524) ».

 Thierry DE LAROCHELAMBERT
Chaire supérieure de Physique-Chimie en CPGE,
Professeur de mécanique des fluides en École d'Ingénieurs,
Chercheur à l'Université. voir tous ses articles

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12 mai 2007 6 12 /05 /mai /2007 17:41

 

La refondation doit être celle de toute la gauche

 Le Conseil national du PS, réuni aujourd’hui, aborde en urgence la question des élections législatives. Le débat sur la refondation a commencé, lancé par Dominique Strauss-Kahn. Sur www.liberation.fr on peut lire ce jour plusieurs articles sur cette question.  

 Dans un entretien avec Paul Quinio, Laurent Fabius appelle le PS « à se moderniser, pas à se droitiser ». Voici sa réponse à l’une des questions.

 DSK estime que l'avenir de la gauche passe par un PS qui s'assume enfin franchement social-démocrate. Qu'en pensez-vous ? 

Laurent Fabius : « Je pense que, face aux nouveaux enjeux ­ la mondialisation financière, l'émergence de la Chine et de l'Inde, le risque de décrochage économique de la France, la précarisation accrue de la société, la confusion fréquente entre solidarité et assistanat, les périls environnementaux ­, il faut un PS modernisé et non pas droitisé. Le capitalisme a changé, il est davantage financier, transversal et transnational. Opposons-lui un socialisme offensif, une gauche décomplexée. Sans complexe à être ancrée à gauche, sans complexe à regarder le monde tel qu'il est pour l'améliorer ».

 De son côté, dans un entretien avec François Wenz-Dumas, Vincent Peillon estime que « le PS aurait dû engager sa refondation dès la défaite de 2002 ». Voici le texte de l’entretien.

  « Il y a une responsabilité collective dans l'échec de Royal »

 « Député européen, Vincent Peillon, 46 ans, a été un des fondateurs du courant NPS (Nouveau parti socialiste). Il a été porte-parole de Ségolène Royal pendant la campagne.

 Quel est l'enjeu du conseil national ? 

 Il y a qu'un seul objectif : se rassembler, tous, et relancer une dynamique pour les législatives. Elle a existé pour la présidentielle : 17 millions de voix, 47 %, ce n'est pas rien ! Il faut qu'elle se poursuive et s'amplifie pour permettre cette fois la victoire.

 N'y aura-t-il pas quelques règlements de comptes ? 

Certains pourraient être tentés de le faire, mais cela n'aurait aucun intérêt. La question n'est pas de chercher qui est responsable de l'échec du 6 mai. Elle est d'engager un travail de refondation en profondeur, de manière intransigeante et dans la durée. Il aurait déjà dû l'être après le 21 avril 2002. Cela n'a pas été fait. Aujourd'hui, c'est la troisième fois que le Parti socialiste subit un échec à la présidentielle. Est-ce que le PS est condamné à devenir un parti de protestation ? Ou est-ce qu'il est capable de s'assumer comme parti de gouvernement ? Nous devons poursuivre la reconquête des couches populaires et nous moderniser. Et cette refondation doit être celle de toute la gauche. Elle marquera la fin d'un cycle, entamé avec le congrès d'Epinay en 1971 et qui a permis en 1981 l'élection de François Mitterrand. Une nouvelle période doit s'ouvrir.

 Refonder seulement la gauche ? Cela risque d'être insuffisant pour revenir au pouvoir... 

Il ne faut pas réduire la gauche aux 37 % totalisés par la candidate socialiste et l'extrême gauche au premier tour. Il faut créer une gauche moderne et populaire capable d'élargir cette assise en s'adressant à tous ceux qui veulent concilier la conviction républicaine, le progrès social et l'ambition internationaliste.

 Ne devez-vous pas envisager une ouverture plus large, vers le centre ? 

 Qu'appelle-t-on le centre ? Si c'est le centre droit, il n'y a aucune ambiguïté : il a déjà rejoint la majorité de Nicolas Sarkozy. Si c'est le centre version François Bayrou, c'est autre chose. Il vient de la droite et il veut s'en émanciper mais, pour l'instant, il n'est ni à gauche ni à droite. Ce sera à lui de se déterminer en cohérence. Nous avons trois tâches à mener : d'abord, sortir des positions mi-chèvre mi-chou, et bâtir une nouvelle offre politique, en phase avec la société, courageuse et claire.

 Ensuite se pose la question de nouvelles formes d'organisation. Avec la campagne de Ségolène Royal, nous avons doublé le nombre d'adhérents. Quelles nouvelles façons de militer peut-on leur proposer ? Comment permettre à notre formation d'être utile à la victoire et non un empêchement ?

 La troisième question est celle de la stratégie politique. Il ne s'agit pas de se replier sur les 37 % de la gauche et de l'extrême gauche au premier tour ou de rêver à une alliance avec le centre mais de se demander pourquoi autant d'électeurs socialistes ont voté Bayrou et de recréer une dynamique de progrès en capacité d'être majoritaire demain.

 Pourquoi cette refondation n'a-t-elle pas été entreprise au lendemain du 21 avril 2002 ? Six années ont été perdues : il y a bien un responsable . N'est pas au premier secrétaire, François Hollande, que cela incombait ? 

 Certainement, mais il y a une responsabilité collective. Même le NPS, qui a souhaité accomplir ce travail dès 2002, a sa part de responsabilité, puisqu'il a échoué à convaincre la majorité du PS de la nécessité de ce travail en profondeur. Mais l'essentiel est maintenant de se tourner vers l'avenir. J'appelle à dépasser toutes les querelles du passé et à décloisonner le Parti socialiste, au-dedans comme au-dehors. J'appelle à s'engager résolument dans l'avenir.

 François Bayrou ne risque-t-il pas de séduire les militants proches de Strauss-Kahn ou ceux qui rêvent d'un socialisme façon Blair ? Chez les Verts, quelqu'un comme Jean-Luc Bennahmias a déjà sauté le pas. 

 On ne tire pas les mêmes conclusions quand on milite dans un parti dont la candidate recueille 1,5 % ou 26 % des voix. La démarche de Dominique Strauss-Kahn n'est pas de quitter le Parti socialiste mais bien de le transformer. Et ce qui est intéressant, c'est qu'aujourd'hui tout le monde semble vouloir la même chose. En voilà une bonne nouvelle ! Mener cette refondation en profondeur est d'autant plus urgent que nous avons en face de nous une droite dure, qui a déjà fait sa mue et contre laquelle la bataille doit être sans concession, mais sans amateurisme non plus ».

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12 mai 2007 6 12 /05 /mai /2007 15:15

 

La gauche doit clarifier son rapport au réel

 Cette fois-ci, le PS ne peut plus échapper à la remise en question de ce qu’il est devenu, 25 ans après avoir accepté d’ouvrir « la parenthèse libérale », selon le mot de Lionel Jospin, et 5 ans après avoir refusé toute réflexion critique sur la période gouvernementale 1997 - 2002. Les déclarations des dirigeants vont dans le sens d’une remise à plat après les élections législatives.

 Voici le point de vue de Guillaume Bachelay, membre du conseil national du PS et maire adjoint de Cléon (76), présenté sur www.lefigaro.fr  aujourd’hui.

 « La face cachée du socialisme »

 «Rénovation », « re- construction », « re- fondation » : au parti socialiste, depuis la défaite, chacun s'imagine en architecte. Mais pour l'heure, des archéologues seraient plus utiles pour comprendre l'origine de nos désillusions.

 Qu'il faille un leader rassembleur et sérieux, c'est entendu. Que le PS soit plus qu'une belle machine électorale, c'est souhaitable. Qu'il doive occuper tout le champ de la gauche depuis les antilibéraux jusqu'aux sociaux-démocrates, sans être l'otage des gauchistes ni la béquille des centristes, c'est recommandé. Reste le hic principal : pourquoi peine-t-il à accéder aux responsabilités depuis qu'on l'a vu à l'oeuvre ? 

François Mitterrand avait mis fin à la malédiction qui condamnait son camp à briller dans l'opposition ou à gouverner par éclipses. Un an en 1924 avec le Cartel, à peine plus avec le Front populaire, trois fois cinq ans depuis 1981 : dans la capacité à durer, la tendance est à la hausse. Peut-on en dire autant de la volonté de transformer la société ? 

La vérité, c'est que, depuis le tournant de 1983, chaque socialiste est un contorsionniste. Que nous ayons ou non vécu les deux ans qui l'ont précédé, nous ne nous sommes jamais remis du tournis de l'alternance : le vent chaud du changement, l'eau tiède de la pause, au final la douche froide de la rigueur.

 Les avancées les plus durables du double septennat mitterrandien furent réalisées au cours des dix-huit premiers mois. Après, la gauche changea de braquet. Il faut dire que ses adversaires avaient spéculé contre la monnaie et que le FMI menaçait d'intervenir... De guerre lasse et la tête basse, la France rejoignit alors le club des nations converties au libéralisme, renonçant à l'État producteur, célébrant l'initiative privée, pratiquant la rigueur salariale et la baisse des prélèvements. On sauva le gouvernement, pas le changement.

 

Bien sûr, pas question de tenir le langage abrupt de l'adaptation ! Ainsi naquirent « la parenthèse de la rigueur », « la société d'économie mixte » puis le « ni-ni ». Plus tard, on parla d'« ouvertures de capital » pour ne pas dire privatisations. Certes, bazarder des décennies de luttes et hypothéquer les réformes sociales sur l'autel de « la rupture avec le capitalisme » était un choix périlleux. Encore aurait-il fallu en débattre collectivement, en mesurer les effets réellement et assumer publiquement.

 Mais c'est l'Europe - le maintien dans le SME - qui servit de véritable rideau de fumée pour cacher l'ampleur du revirement. Puisque la France était devenue trop petite pour le socialisme, l'Europe lui servirait d'horizon. Celle-ci serait l'Hexagone en plus grand ; et l'euro, notre franc en plus fort. Jusqu'à Maastricht, les Français qui avaient le coeur à gauche vécurent positivement cette projection et crurent sincèrement que l'Europe allait permettre de préserver notre modèle social. L'ennui, c'est que, loin de stopper la sainte trinité - libéralisation-dérégulation-précarisation -, l'Union européenne l'accéléra. Lors du référendum sur la Constitution en 2005, c'est par la gauche que le non l'emporta. Heureusement, certains l'avaient anticipé et ne l'ont pas oublié depuis.

 La politique n'infléchissait plus la logique économique, l'État ne pouvait pas tout et la République ne servait plus à grand-chose ? Qu'à cela ne tienne, le PS changea de terrain. Ses propositions se firent de plus en plus sociétales et morales. Récemment, on y ajouta même une dose de régional et une ration de familial.

 Résultat : les catégories populaires et les couches moyennes déclassées ont déserté la gauche.

 On l'a vu le 21 avril 2002. Rebelote en 2007 : au premier tour, le duo Sarkozy-Le Pen a recueilli deux fois plus de suffrages des ouvriers et des employés que Ségolène Royal. Pendant que les inclus des grandes villes, la bourgeoisie d'artistes branchouilles, une partie de la jeunesse et les minorités sont devenus notre base sociale, Sarkozy fait un carton chez les salariés du périurbain et dans le monde rural en parlant travail, pouvoir d'achat, lutte contre les délocalisations et Europe qui protège.

La leçon de cette histoire, c'est que la gauche doit clarifier son rapport au réel. La mondialisation est un fait dont il faut corriger les effets. Le problème, pour un socialiste, commence quand cette contrainte ne lui apparaît plus comme une donnée extérieure à laquelle il peut opposer une politique, mais comme l'intériorisation de l'impossibilité d'agir. C'est alors que le gestionnaire tue le réformiste, que la droite consume la gauche et que les dégelées succèdent aux déroutes. Et si on parlait enfin de tout cela au PS ? 

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11 mai 2007 5 11 /05 /mai /2007 16:12

 

La gauche écartée durablement  du pouvoir d’Etat

 En lisant les commentaires à l’article de Jean-Pierre Chevènement sur son blog hier, j’ai relevé le message d’un internaute conseillant de prendre connaissance de l’analyse de Martial Foucault, professeur de science politique à l’université de Montréal, parue sur un site québécois Édition du jeudi 10 mai 2007 avec le commentaire « un regard honnête et lucide sur les résultats et la campagne, ce qui change de la presse française ». Voici ce texte pertinent, clair et concis.

  « Présidentielle française - La rupture dans la continuité ! »

 « L'élection de Nicolas Sarkozy comme nouveau président de la République française est apparue sans surprise dimanche soir.

 En effet, depuis l'annonce des résultats du premier tour du 22 avril dernier, le retard de Ségolène Royal paraissait insurmontable (écart de plus de cinq points par rapport à son adversaire) même si la dernière ligne droite a permis de révéler chez la candidate socialiste des qualités nouvelles ou, du moins, une posture de présidente qu'on ne lui connaissait pas.

 Par-delà le plébiscite accordé au nouveau président élu (avantage de 1,9 million de voix), la soirée électorale du 6 mai restera dominée par un contraste saisissant.

 En effet, nous pouvions observer d'un côté un candidat déjà installé dans les habits d'un président soucieux, dans le discours, du rassemblement de l'ensemble des Français, puis, de l'autre côté, une candidate défaite mais radieuse, préférant prendre rendez-vous pour de prochaines échéances plutôt que d'afficher les stigmates d'une perdante.

Par leurs stratégies de campagne, les deux candidats ont contribué à une profonde recomposition de l'espace politique et à une mutation de l'électorat français.

 Un politologue français, Dominique Reynié (IEP Paris), déclarait récemment que la «France s'installait [désormais] dans une culture de droite». Autrement dit, la valse des périodes de cohabitation s'éloigne à grands pas et réduit de facto les chances de la gauche d'occuper les plus hautes fonctions exécutives à moyen terme.

Le changement du calendrier électoral en 1999 par Lionel Jospin, consistant à faire précéder les élections législatives de l'élection présidentielle, prend ici un aspect autodestructeur pour la gauche de gouvernement. Rappelons qu'il s'agit de la première élection depuis 1981 où le candidat du parti politique (ou du gouvernement) sortant est réélu. En ce sens, si la France disposait jusqu'alors d'une prédisposition sociologique à voter à droite, la gauche bénéficiait régulièrement d'une contestation du bilan du sortant.

 Or, en 2007, le candidat Sarkozy sera parvenu à se désinhiber du statut de sortant en prônant paradoxalement la rupture dans la continuité.
Même s'il est encore trop tôt pour tirer un bilan de cette élection, plusieurs enseignements peuvent être tirés et lus en creux dans la perspective du troisième tour, celui des élections législatives des 10 et 17 juin prochains.

Des enseignements à retenir

Tout d'abord,
le taux de participation élevé (près de 85 % lors des deux tours) permet à la France de tourner le dos au cataclysme démocratique de l'élection précédente où Jean-Marie Le Pen, chef du Front national, avait atteint le second tour. Si le vote utile semble être la première explication de ce sursaut civique, il est intéressant de souligner que Nicolas Sarkozy n'a pas hésité à chasser sur le terrain idéologique du Front national pour assurer sa victoire (un million de voix en moins pour le FN). Ce recul sans précédent du FN depuis sa percée de 1983 renforce la polarisation à droite et conduit à de nouveaux équilibres électoraux.

Le deuxième enseignement de nature historique est
la présence d'une femme au second tour d'une élection présidentielle. Cela permettra sans doute d'amorcer un changement considérable dans la représentation politique d'un pays régulièrement classé comme mauvais élève de l'Union européenne à cet égard. Sur ce point, la présence massive de femmes dans les deux camps durant cette campagne a démontré que la vivacité, la férocité et même l'opiniâtreté sont des traits de caractère unisexes.

Le dernier enseignement, de loin le plus fondamental, concerne
la recomposition de l'espace politique français. Contrairement à ce que les résultats laissent penser, le modèle de la bipolarisation politique vit probablement ses dernières heures au profit du bipartisme. En effet, malgré des tentatives de morcellement vers les extrêmes (Le Pen au second tour en 2002, voire les bons résultats précédents de l'extrême gauche), la Ve République française avait vu s'affronter des blocs partisans entre eux.

L'émergence de François Bayrou au premier tour (6,8 millions de voix) risque de n'être qu'une anicroche politique à cette lame de fond vers le bipartisme. En effet, le système électoral français laisse peu de place pour un troisième parti lors des élections législatives. Et c'est précisément à cette occasion que la thèse du bipartisme pourra être validée et démontrée par un faible nombre de triangulaires (trois candidats présents au second tour) le 17 juin prochain.

Enfin, la victoire de Nicolas Sarkozy s'est construite dans un climat idéologique particulier fait d'instrumentalisation. Entre autres exemples, la valeur travail a rapidement été confisquée par le leader de droite à des fins électoralistes. Lorsqu'on s'attarde aux préférences de politiques publiques ayant motivé le vote des Français, on constate que la lutte contre le chômage, la politique de sécurité, le financement des retraites et la politique d'immigration les ont largement séduits.

L'adhésion à Nicolas Sarkozy se fonde sur plusieurs valeurs conservatrices (respect, autorité, mérite, ordre) et économiques (réforme du marché du travail, retrait du rôle de l'État dans l'économie, etc.).

Sous l'angle de la sociologie électorale, cette double adhésion transforme les anciennes grilles de lecture, car elle suscite de nouvelles attitudes électorales. La droite a disposé d'un soutien massif auprès des catégories socioprofessionnelles indépendantes, libérales et agricoles, ainsi que des retraités. Mais en même temps, Ségolène Royal n'a pas réussi à devancer significativement Nicolas Sarkozy auprès des catégories intermédiaires et ouvrières.

C'est pourquoi la leçon de ce scrutin est claire. Si le nouveau président élu réalise ses engagements, la gauche aura perdu le monopole de l'espoir et du changement social ».

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11 mai 2007 5 11 /05 /mai /2007 14:47

 

Contribuer à la refondation républicaine de la gauche

Sur son blog www.chevenement.fr hier, le maire de Belfort indique qu’il a décidé de « repartir au combat ». Il est candidat du MRC dans la deuxième circonscription du Territoire de Belfort avec le soutien du PS et du PRG, conformément à l’accord MRC-PS du 9 décembre 2006.

 La situation est doublement difficile en raison du résultat dimanche dernier sur cette circonscription (2 300 voix d’écart en faveur du candidat élu) d’une part, et de l’état des relations depuis cinq ans entre le PS et le MRC localement (possibilité d’une candidature socialiste dissidente) d’autre part.

 Voici le texte de la lettre que Jean-Pierre Chevènement a adressée aux électeurs en vue des élections législatives.

 Chères Concitoyennes, Chers Concitoyens,

J'ai décidé, avec le soutien du MRC, du PS et du PRG, de repartir au combat pour regagner la deuxième circonscription du Territoire de Belfort les 10 et 17 juin prochains.

Je sais bien que ce combat n'est pas gagné d'avance, loin de là : plus de 2 300 voix sur environ 40 000 votants séparent au deuxième tour de l'élection présidentielle Nicolas Sarkozy de Ségolène Royal.

Bref, la partie est difficile mais c'est pour cela même que je l'engage. Quand la maison brûle, il faut prendre des risques pour sauver ceux qui vous sont chers.

 La République a besoin de défenseurs respectés et écoutés. Je ne remets évidemment pas en cause l'élection de Nicolas Sarkozy comme Président de la République. Je souhaite qu'il agisse pour le bien de la France et pour ma part, je le jugerai sur les actes. Mais il n'est pas bon que tous les pouvoirs : politique, économique, financier, médiatique, judiciaire se trouvent concentrés dans les mêmes mains. Il faut un môle d'équilibre à l'Assemblée Nationale. Que des voix puissantes puissent s'exprimer pour défendre les intérêts du peuple. La démocratie et la paix civile ont tout à y gagner.

Vous me connaissez : je ne suis pas un démagogue et je sais me concentrer sur l'essentiel pour défendre les causes qui méritent de l'être.

Notre modèle social (contrat de travail, assurance maladie, retraites, indemnisation du chômage, services publics) va être –n'en doutez pas- remis en cause d'une façon ou d'une autre. Il faudra empêcher la régression sociale et rester vigilant sur la valorisation du travail qui est d'abord celle des salaires. Je pense pouvoir faire entendre une voix juste et forte sur ces questions.

L'avenir de l'emploi dans notre région comme dans le pays dépend beaucoup aussi de la réorientation de la construction européenne. J'y avais veillé dans l'élaboration du « pacte présidentiel » de Ségolène Royal. Nicolas Sarkozy, quant à lui, a prôné l'instauration d'une préférence communautaire, un euro plus faible et donc plus compétitif, et enfin une action résolue contre les délocalisations. Vous pouvez compter sur ma vigilance pour que ces engagements soient tenus.

Je serai toujours un défenseur résolu des valeurs républicaines qui lient la sécurité, l'éducation et la citoyenneté. La fermeté et l'humanisme doivent marcher de pair.

Plus généralement, je crois pouvoir contribuer à la refondation républicaine de la gauche. J'ai engagé avec Ségolène Royal, avec les dirigeants du Parti Socialiste et d'autres partis de gauche, le processus qui doit permettre de faire surgir une force neuve dans le paysage politique.

S'agissant du Territoire de Belfort, celui-ci aussi a besoin d'être défendu : sauvegarde de notre tissu industriel, particulièrement dans la sous-traitance automobile, diversification économique, maintien des services publics en zone rurale, poursuite du désenclavement ferroviaire (TGV) et autoroutier, développement universitaire, rénovation urbaine, équilibre des territoires, etc.

Même lorsque j'ai cessé d'être votre député, j'ai continué à mouiller ma chemise pour sauver Alstom en obtenant du Président de la République le 23 mai 2003 qu'il prenne toutes les mesures conservatoires auprès des banques. Je suis puissamment intervenu pour obtenir, en novembre 2003, le bouclage du dossier TGV. J'ose dire que sans mon action comme président du Centre Hospitalier de Belfort-Montbéliard, le site médian n'aurait eu aucune chance de voir le jour. Comme maire de Belfort et président de la Communauté de l'Agglomération Belfortaine, je n'ai pas ménagé ma peine pour pousser les grands dossiers économiques (aménagement du site Techn'hom, rachat du site « Plutons » au Fougerais), équiper nos villes et nos villages, rénover nos quartiers, poursuivre le développement universitaire, culturel et sportif de l'agglomération. Vous pouvez me juger sur les actes. D'autres, à ma place, auraient laissé tomber. Je vous suis resté fidèle. Mais je ne pourrais pas continuer ma tâche sans le carburant de votre confiance.

C'est pourquoi je vous demande de m'accorder cette confiance : mon seul but est de servir la République et le Territoire de Belfort. Je serai présent, à votre service, si vous le voulez bien.

La presse ne vous laisse rien ignorer des petites animosités personnelles que me vaut une action politique dévouée dans la durée aux idées que je crois justes et bonnes pour le pays. Je suis tout à fait disponible pour en parler librement avec quiconque le désirera. Mais parce que je suis un républicain et un démocrate, j'ai choisi, cette fois-ci plus que jamais de me mettre sous la protection du suffrage universel.

Avec Françoise Bouvier, maire d'Offemont comme suppléante, je solliciterai donc vos suffrages les 10 et 17 juin prochains pour la République, pour la France et pour le Territoire de Belfort !  

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10 mai 2007 4 10 /05 /mai /2007 15:38

 

Les trois droites françaises dans un seul homme

 Eric Dupin est journaliste. Ancien éditorialiste à Libération, il a collaboré à de nombreux titres de la presse française. Auteur de plusieurs essais, il enseigne l’analyse des médias à l’Institut d’études politiques de Paris et publie un blog (http://ericdupin.blogs.com).

  Xavier Dumoulin présente le dernier livre d’Eric Dupin (« A droite toute, Fayard ») le 8 mai sur son blog (http://sr07.unblog.fr).

   « En librairie depuis le 17 janvier 2007: "A droite toute" donne des clefs intéressantes pour comprendre la situation politique au lendemain de ce second tour. Le constat d'une droitisation du pays et de l'Europe est pertinent. Il est étayé par une approche du néolibéralisme et de ses processus économiques, politiques, sociaux et idéologiques. La critique de la gauche européenne devrait nous interroger quand certains, à gauche, prêchent un nouvel aggiornamento. Néanmoins sa thèse sur la posture de Ségolène Royal nous paraît critiquable et, peut être, en contresens. Ce livre est à recommander en ce qu'il alimente une réflexion bien actuelle ».

 Reprise de la couverture :

 « Et si la France de 2007 était à droite comme rarement dans son histoire ? Le sens de l’histoire s’est retourné. La droite ne se bat plus dos au mur face à un progressisme conquérant. Portée par le dogme libéral et la vague de la mondialisation, elle cherche à remodeler la société.

 Nicolas Sarkozy incarne cette nouvelle droite française, post-nationale et débarrassée de ses anciens complexes. La force du candidat de l’UMP est de se situer au croisement des trois traditions de la droite distinguées par l’historien René Rémond. 

Sarkozy est « orléaniste » par ses convictions libérales, « bonapartiste » par son autoritarisme et « réactionnaire » dans son approche de la société. Ce livre analyse les différentes facettes de cette mutation de la droite française en la comparant aux évolutions internationales.

 Aux Etats-Unis comme en France, les conservateurs réussissent à séduire une large partie des couches populaires en exploitant le besoin d’autorité stimulé par l’instabilité économique. L’acceptation des inégalités sociales, compensée par un discours hypocrite sur le mérite individuel, traverse l’ensemble du monde occidental.

 L’idéologie de droite s’appuie encore sur l’hyper-individualisme contemporain. Elle impressionne jusqu’à ses adversaires historiques. La percée de Ségolène Royal s’inscrit dans le mouvement de droitisation des gauches dans les pays riches et vieillissants ».

 Extraits de l’introduction (intitulée « Vers la grande alternance ? ») à lire sur http://www.geocities.com/ericdupin/Intro-droite.html

« Une victoire de Sarkozy, puis de l’UMP, en 2007 marquerait sans doute une étape historique majeure. Pour la première fois, une droite d’inspiration clairement libérale aurait devant elle cinq années pour appliquer son programme. Elle ne s’en priverait certainement pas, profitant d’un contexte porteur. Car son projet s’inscrit dans des évolutions sociologiques et idéologiques des sociétés occidentales favorables à ses valeurs. Ce livre entend pointer certains éléments de cette droitisation qui n’épargne pas la France.

 Nous commencerons par resituer les mutations de la droite française dans son contexte historique. Celle-ci revient de loin. Portant le péché originel de son opposition à la Révolution, le camp conservateur a longtemps été victime d’un complexe d’infériorité. La droite était honteuse et se laissait facilement culpabiliser par la gauche. Tout cela a changé dans les dernières décennies. La droite s’est progressivement affirmée par elle-même. Se dépouillant de l’héritage gaulliste, elle est insensiblement passée sous hégémonie libérale.

 Jacques Chirac a joué un rôle dans cette conversion, mais c’est Nicolas Sarkozy qui l’a porté jusqu’au bout. On verra que le candidat de l’UMP a réussi à être le fédérateur de son camp en synthétisant les héritages des trois droites françaises (légitimiste, orléaniste et bonapartiste) distinguées par l’historien René Rémond.

 On mettra aussi ces évolutions en relations avec les nouveaux équilibres idéologiques d’un monde occidental entraîné par la révolution néolibérale. Le discours sarkozien s’éclaire à la lumière des expériences de la droite américaine. Le candidat de l’UMP s’en inspire lorsqu’il mêle libéralisme économique et autoritarisme sociétal ou encore dans sa manière de se saisir de la question religieuse.

 Des deux côtés de l’Atlantique, les droites ont entrepris une reconquête des couches populaires aux prises avec de multiples insécurités. Elles marquent des points dans les milieux intellectuels où la pensée de gauche est en crise profonde. Le conservatisme profite aussi du pessimisme qui considère comme naturelles les inégalités sociales. On s’interrogera aussi sur l’inversion du rapport à la nation d’une droite française essentiellement convertie aux thèses mondialistes.

 La droitisation des pays riches balaie enfin la totalité du spectre politique. Nombre d’idées de droite ont pénétré ses adversaires historiques. Les gauches occidentales sont engagées depuis plusieurs années dans un recentrage spectaculaire. C’est désormais la gauche, et non la droite, qui n’a plus confiance en elle-même. S’inscrivant dans le cadre mental du camp opposé, elle peine à marier ses anciennes valeurs avec des choix politiques contraints.

 Le PS n’est pas imperméable à ces évolutions, comme en témoigne l’investiture de Ségolène Royal. Dans sa tentative de reconquête des couches populaires, celle-ci a multiplié les clins d’œil à droite. Il est vrai que la France ne s’est toujours pas remis du traumatisme du 21 avril 2002. L’extrême droite continue à focaliser l’attention de l’ensemble des forces politiques. C’est une France à droite comme rarement qui risque de sortir des urnes au printemps 2007 ».

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