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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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12 mai 2013 7 12 /05 /mai /2013 22:51

La langue française en perte de vitesse, même en France

 

Les associations de promotion de la langue française sont entrées en résistance contre le projet de loi du gouvernement déposé par Geneviève Fioraso, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche. Les débats vont commencer le 22 mai 2013 au Parlement.

La raison : l’article 2 remet en cause la loi Toubon (1994), qui posaitcomme principe qu’en France, dans n’importe quelle école ou université publique ou privée, tous les enseignements devaient être dispensés en français, la langue de la République. A deux exceptions près : pour les cours de langues et lorsque l’enseignant est un intervenant étranger. Voir L'université française va-t-elle parler anglais ? (Libération, Marie Piquemal, 12 avril 2013)

 

L’association « Avenir de la langue française » (ALF) est contre le projet de loi Fioraso (Albert Salon, 8 mai 2013) :

 

Depuis janvier, notre ALF a puissamment contribué à lancer et à nourrir la campagne contre l’abrogation de fait de notre loi Toubon, par l’article 2 du projet de loi de Mme Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Vous avez pu suivre cette campagne vigoureuse sur notre site, dans nos bulletins, et surtout dans la grande presse pour une fois consciente de l’énormité de l’enjeu. Aujourd’hui, j’ai considéré que l’éditorial devait être consacré à cette même affaire.

Le 7 mai, en vue du débat parlementaire ouvert le 22 mai sur le projet de loi, nous avons adressé aux parlementaires, avec le Mémoire que nous avons élaboré et signé avec l’aide de 6 autres associations, la lettre ci-dessous, pour les placer devant leurs lourdes responsabilités.

Nous savons que même une loi votée et non censurée par le Conseil constitutionnel peut toujours être contestée, et qu’une contestation légitime, forte mais pacifique, peut changer sensiblement la manière dont elle est ou non appliquée (…).

 

Mesdames, Messieurs les Parlementaires,

Le 22 mai au Parlement doit s’ouvrir le débat sur le projet de loi présenté par Mme Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR).

Au nom des associations de promotion du français, j'ai l'honneur d'attirer à nouveau votre attention toute particulière sur l'article 2 dudit projet de loi.

Par nos associations comme par les réactions qu'il a suscitées en France et hors de nos frontières, vous savez déjà pourquoi il nous paraît, dans nos universités et grandes écoles d'abord, vider en fait de sa substance la législation française de protection de la langue de la République, en violation effective d'un autre article 2, celui de la Constitution qui dispose : "La langue de la République est le français".

Il n'irait plus de soi qu'en France les établissements publics de formation enseignent en français. Il s'agirait là, maintenant, d'un changement voulu, discret mais radical.

Nos associations de promotion du français et de la Francophonie ont réagi toutes ensemble. Sept d'entre elles, lors d'un entretien du 16 octobre 2012 au MESR, avaient déjà été édifiées par le peu de cas fait devant elles de la loi Toubon. Elles avaient, du reste, été invitées à présenter, comme à un juge, une sorte de "mémoire en défense". Elles ont alors élaboré et signé le Mémoire "Sciences et langue française" ci-joint, très solidement argumenté, parvenu au ministère donneur d'ordre juste avant la découverte, en janvier 2013, de ce qui était alors l'avant-projet de loi Fioraso. Or, son article 2 venait couronner les efforts de tous ceux qui, depuis le début du quinquennat précédent, s'efforçaient d'écarter l'obstacle de la loi Toubon pour pouvoir enfin enseigner "en langues étrangères et renforcer ainsi l' "attractivité" (sic) du territoire".

Depuis lors, l'Académie française, l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, l'Académie des Sciences d'Outre-mer, ont, dans leur langage mesuré, mis en garde contre les graves conséquences de cette disposition. Des mouvements politiques ont lancé des pétitions qui ont, malgré l'aridité du sujet, recueilli bien plus de 10.000 signatures. De nombreux organes audio-visuels et de la presse écrite, hebdomadaires tel le Canard enchaîné, et les plus grands quotidiens (Libération, Le Figaro le 18 avril, Le Monde le 26 avril) ont ouvert leurs colonnes aux réactions hostiles au projet. Pouria Amirshahi, député socialiste des Français de l'étranger, président de Commission, a exprimé courageusement son opposition. Vous avez lu les avis tranchés de très hautes personnalités, de Jean-Pierre Chevènement et Michel Serres à Jacques Attali (difficile "d'imaginer une idée plus stupide, plus contre-productive, plus dangereuse et plus contraire à l'intérêt national"), au Professeur au Collège de France Claude Hagège ("acharnement"...suicidaire"...).

Hors de nos frontières, nos compatriotes conscients, partout où ils œuvrent, de la voix de la France et de nos atouts à préserver, mais aussi nos amis étrangers, profondément étonnés, se sont émus et mobilisés au secours de notre langue. Au nom de toute l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), son Secrétaire général Abdou Diouf, ancien Président de la République du Sénégal, a envoyé dès mars une lettre remarquable au Premier Ministre de la France. Au point que des chefs d'État et de gouvernement de pays francophones, en Afrique, au Québec, ailleurs, s'en émeuvent directement auprès du Président de la République ou de son Premier Ministre.

En fait, tout le monde sent bien - Mme Fioraso l'a presque reconnu entre les lignes de sa défense peu convaincante dans Le Nouvel Observateur - qu'il ne s'agit même plus de concourir pour l'accueil de quelques étrangers supplémentaires (la France, avec plus de 200.000 étudiants non français, est déjà au troisième rang des pays d'accueil, en français pour l'essentiel !), mais de passer à l'anglo-américain - au "globish-pour-tous" - comme langue de l'enseignement supérieur, aussi pour les francophones tant étrangers que français, en attendant d'étendre nécessairement ce méfait au secondaire, puis au primaire, à la maternelle...

Il s'agit du changement, maintenant, de langue. Il s'agit de soumission à l'oligarchie mondialisée, non plus spontanée, au cours de siècles, aux Romains du moment, mais brutalement décidée, hic et nunc, par des clans minoritaires de mauvais bergers. Le Président fédéral Joachim Gauck ne le recommandait-il pas lui aussi le 22 février à son peuple allemand et aux peuples européens, dans un "Discours à la Nation allemande" devenu fort différent des "Reden an die deutsche Nation" de Fichte en 1807 ?

Anglais, quand tu nous tiens !...

Une France fidèle à elle-même, et aux amis qui, un peu partout, croient encore en elle, ne peut que refuser cet alignement général, cette dhimmitude, cet esclavage, ce suicide. A partir du 22 mai 2013, comme dans les "heures sombres" de juin-juillet 1940, les élites françaises, au premier chef tous les représentants élus de la Nation, sont placés devant leurs écrasantes responsabilités.

Ils ont avec eux, s’ils résistent, le sentiment profond du peuple, qu'il ne faut plus tromper. Haut les cœurs !

 

Voir aussi la prise de position de Claude Hagège, publiée par le quotidien Le Monde le 26 avril 2013 : Claude Hagège : Refusons le sabordage du français

 

Une pétition est proposée CONTRE la loi ESR "Fioraso", parce que POUR la langue française

 

Cet article est le 19ème paru sur ce blog dans la catégorie Culture langue medias histoire

 

 

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11 mai 2013 6 11 /05 /mai /2013 20:39

C’est la gauche dans son ensemble qui doit gagner

 

Jean-Luc Mélenchon doit mettre son talent au service de la gauche, afin qu’elle réussisse, rassemblée. La voir divisée, comme c’est le cas actuellement, désespère son électorat potentiel. Cela fait le jeu de la droite et de l’extrême droite.

 

En 2010, j’avais comparé les deux personnalités politiques que sont Mélenchon et Chevènement. J’ai connu les deux mais en étant, depuis 40 ans, très proche du second (sauf entre 1993 et 2001 - j’étais resté au PS, ne l’ayant pas suivi au Mouvement des Citoyens). A aucun moment, je ne les ai vus alliés. Chacun met d’abord l’accent sur ce qui les sépare.

- Quand j’ai rencontré Jean-Luc Mélenchon, le 23 octobre 2008, à Laval - où il était venu soutenir Hervé Eon, le porteur de la pancarte « casse-toi, pov’ con », poursuivi en justice pour offense au chef de l’Etat - ses premiers mots étaient pour souligner son désaccord avec Jean-Pierre Chevènement. Il m’avait, ensuite, confié le caractère imminent de son départ du PS.

 - J’ai aussi le souvenir, après l’élection présidentielle de 2002, sur les ondes de France Inter, des déclarations fracassantes de Mélenchon, appelant au dépassement de la conception républicaine de Chevènement, et ne craignant pas d’affirmer que celui-ci avait fait son temps. J’en avais été meurtri.

 

En fait, s’ils sont tous les deux républicains de gauche, ils ne le sont pas de la même façon. Voir Chevènement et Mélenchon : deux républicains, vus par Michel Sorin - 22 avril 2010. 

 

Ce qui importe, au-delà de leurs différences, c’est leur contribution à la réussite de la gauche.

 

Université d'été MRC 2010 003 TL’un et l’autre ont fait savoir qu’ils accepteraient d’être premier ministre, si Hollande le leur demandait.

Voir Chevènement accepterait de conduire un gouvernement de salut public - 27 avril 2013 et Mélenchon : « Si Hollande me propose d'être Premier ministre, j’y vais immédiatement » (RMC, 3 mai 2013).

 

JL-M-lenchon-Laval-23-10-08.jpgL’un et l’autre se réfèrent à Jean Jaurès (voir Jean-Pierre Fourré a raconté Jean Jaurès à Saint-Berthevin le 2 février - 13 février 2012). Mais est-ce le même Jaurès ? 

 

Jean-Paul Damaggio aime bien Mélenchon, ce qui ne l’a pas empêché d’effectuer une analyse critique de ses déclarations. Voir, sur le blog « La Sociale » : Mélenchon aime citer Jaurès (9 mai 2013).

 

(…) Aujourd’hui Mélenchon et le Parti de Gauche aiment parsemer leurs discours et leurs textes de citations de Jaurès. C’est ainsi que Mélenchon a terminé son intervention du 5 mai 2013 par ce socialiste célèbre. Ceci m’incite à écrire cet article qui ne va pas me faire des amis car, quand on a la chance d’avoir un tribun qui relance l’espoir démocratique, il vaut mieux l’encenser. Je me contente d’avancer quelques faits; donc merci de juger les faits et non d’inventer des intentions…

 

Mélenchon et le culte du chef (…)

Mélenchon au-dessus des partis (…)

Mélenchon et l’ancrage politique (…)

Mélenchon et l’analyse du capitalisme actuel (…)

Mélenchon et la Sixième République (…)

 

Conclusion : Nous avons beaucoup à apprendre des combats de Jaurès, de sa méthode, de sa fermeté, de sa clarté mais pas à des fins utilitaires. Et j’ose espérer que Mélenchon lui-même a beaucoup à apprendre des uns et des autres et autant de ses laudateurs que de ses critiques. La révolution qu’il appelle de ses vœux ne sortira pas de sa tête, mais d’un mouvement social avec lequel nous devons chercher à construire notre propre conscience pour avancer pas à pas dans la lutte des classes.

 

Cet article est le 138ème paru sur ce blog dans la catégorie Gauche France

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10 mai 2013 5 10 /05 /mai /2013 21:47

Les militants socialistes étaient présents sur le terrain

 

Il y a 40 ans, le 4 mai 1973, nous étions 12 à Saint-Berthevin - près de Laval, en Mayenne - réunis chez Michelle et Daniel Legay ce soir-là afin de créer une nouvelle section du Parti socialiste.

 

Cette date avait été choisie en fonction de la disponibilité de Francis Bour, ancien directeur de cabinet du ministre Robert Buron (Wikipédia). Celui-ci était décédé le 28 avril 1973 et sa sépulture avait eu lieu à Villaines-la-Juhel le 3 mai, en présence de François Mitterrand. Francis Bour était adhérent du PS depuis le congrès d’Epinay-sur-Seine, en 1971, comme Robert Buron (Céas53), auteur du discours de clôture de ce congrès qui a profondément marqué l’histoire du socialisme en France.

Le 18 mars 1971, Robert Buron participe à Paris à un grand meeting d'union de la gauche avec les dirigeants du PCF et du Parti socialiste. Il lance un appel aux chrétiens à rallier la gauche. Robert Buron participe au congrès d'Épinay du Parti socialiste en 1971. Sa motion Vie nouvelle- Objectif 72 recueille 1,5 % des suffrages. Il est maire de Laval de 1971 à sa mort en 1973 (Wikipédia).

 

Michelle Legay, conseillère municipale de Saint-Berthevin depuis 1971, élue dans l’équipe du maire (centre droit), Bernard Le Godais, souhaitait bénéficier des réflexions d’une section PS et amorcer une opposition municipale. C’est, à sa demande, que j’ai été élu secrétaire de section, après m’être engagé à habiter Saint-Berthevin, ce qui fut fait rapidement.

 

La section PS de Saint-Berthevin a travaillé sur les questions de politique nationale mais aussi municipale. Le dimanche 26 octobre 1975, elle organisait un déplacement en car à Hérouville-Saint-Clair (Calvados), près de Caen, afin d’étudier l’action d’une municipalité socialiste (majorité d’union de la gauche depuis 1971). En 1976, elle soutenait la lutte des travailleurs de l’entreprise Gruau et préparait une liste en vue des élections municipales de mars 1977. C’était une première pour la gauche à Saint-Berthevin. La liste d’union de la gauche (PS-PCF) était arrivée en 3ème position mais c’était une bonne façon de marquer son territoire électoral.

 

Au niveau national, les élections législatives en 1978 étaient gagnables par la gauche mais finalement perdues en raison de divisions, à l’initiative du Parti communiste. Il fallut attendre 1981 pour voir la gauche réussir à l’élection présidentielle, à la 3ème tentative (après 1965 et 1974) de François Mitterrand (Wikipédia), alors qu’il n’était plus très jeune (64 ans).

(…) À force d'opiniâtreté et grâce à son habileté de stratège, il a néanmoins réussi à s'imposer comme chef de file de la gauche non communiste. D'abord en s'affirmant comme principal opposant au général De Gaulle en 1965. Ensuite, en prenant le contrôle du Parti socialiste, au cours du congrès d'Épinay en 1971, en s'appuyant à la fois sur l'aile droite (motion Mauroy/Gaston Defferre) et l'aile gauche (motion Chevènement) du parti. L'année suivante, l'Union de la gauche, stratégie poursuivie par Mitterrand depuis le début des années 1960, se concrétise avec l'adoption d'un programme commun de gouvernement par le Parti socialiste, le Parti communiste français, et le Mouvement des radicaux de gauche, portant notamment sur les nationalisations, la réduction du temps de travail et le désarmement nucléaire (…)

Malgré la défaite sur le fil de François Mitterrand à l'élection présidentielle en 1974, la dynamique électorale du PS est bien enclenchée dans les années 1970 (…). La rupture entre les deux partis est consommée lors de la renégociation du programme commun en 1977 (…).

 

J’ai vécu l’élection présidentielle en tant que mandataire départemental de François Mitterrand. Depuis le congrès de Metz, en 1979, étant à la tête du courant CERES (Chevènement), majoritaire en Mayenne en alliance avec le courant Mitterrand (les motions Mauroy et Rocard étant minoritaires, ensemble), j’étais responsable départemental et cela durera jusqu’au congrès de Bourg-en-Bresse, en 1983.

 

Résultats. Voir Élection présidentielle française de 1981 - Wikipédia

(…) Mitterrand a obtenu 51,76 % des voix exprimées, choisi par 15 708 602 électeurs, soit 1 065 956 de plus que son adversaire, et 8 202 302 de mieux que son résultat du premier tour, quand Valéry Giscard d'Estaing n'a rallié que 6 419 874 nouveaux électeurs. Par rapport au second tour de 1974, le score du candidat socialiste s'est amélioré de 2 736 658 votes. Le taux d'abstention (14,13 %) a été faible : par rapport au premier tour, 1 733 470 électeurs supplémentaires se sont déplacés. Les votes blancs et nuls ont doublé entre les deux tours. François Mitterrand a avant tout bénéficié d'un bon report de voix : 92 % des communistes, 53 % des écologistes, et 18 % des gaullistes selon la Sofres. François Mitterrand a remporté la majorité dans 65 départements de la France métropolitaine ; il en a conquis 25 de plus qu'en 1974. Les différences catégorielles entre l'électorat de Mitterrand et celui de Giscard d'Estaing ne sont pas très marquées. On peut néanmoins noter que, en moyenne, l'électeur de gauche est légèrement plus masculin, jeune et salarié que l'électeur moyen de droite  (…).

 

Commentaires 30 ans après

 

10 mai 1981 : les leçons d'une victoire (Le Monde, Jean-Noël Jeanneney, 7 mai 2011)

 

Dans un article qui aurait pu porter le titre d'un de ses livres, Leçon d'histoire pour une gauche au pouvoir, le président du conseil scientifique de l'Institut François-Mitterrand explique pourquoi, selon lui, le premier secrétaire du Parti socialiste l'a emporté en 1981 : la "maîtrise des rythmes", d'abord, autrement dit "l'art de réinjecter de la lenteur dans la vie publique". L'homme qui voulait "donner du temps au temps", rappelle l'historien, savait "créer lui-même l'événement sans se le laisser imposer". Il s'est déclaré tardivement candidat (le 8 novembre 1980), puis a fait une campagne courte. Bref, il ne s'est pas épuisé, et a su éviter d'épuiser l'opinion. Les souvenirs de Jean Glavany à propos de la campagne de 1981, racontés quelques pages plus loin, vont dans le même sens - et rappellent au passage quelques éléments de bon sens sur l'usage des sondages en période électorale.

Aux autres ingrédients de la victoire - un ancrage résolument à gauche et une capacité à "faire confiance aux vertus de sa propre pédagogie", au risque de prendre l'opinion à revers (ce qui fut le cas à propos de la peine de mort) -, Jean-Noël Jeanneney ajoute une autre réflexion, elle plutôt inspirée par les échecs postérieurs à 1981 : les socialistes, selon lui, auraient dû constituer à l'époque où ils étaient dans l'opposition une sorte de "contre-gouvernement", à la manière des Britanniques. Gage d'efficacité pour les lendemains de victoire, il s'agit, dit-il, d'un besoin "impérieux" aujourd'hui.

 

10 mai 1981, triste anniversaire  (Le Monde Diplomatique, Serge Halimi, 10 mai 2011)  

(…) En définitive, la question n’est pas tant de savoir, trente ans après, si les socialistes ont « échoué » ou s’ils ont « réussi ». Ils ont échoué sur le front de l’emploi et sur celui de l’égalité sociale. Ils ont réussi sur ceux de l’inflation et des taux de profit. Le problème, c’est qu’on attendait d’eux qu’ils livrent la première bataille, pas qu’ils remportent la seconde.

 

La refondation socialiste en France passe par une profonde réorientation de l’Europe

 

Ayant vu de près comment le PS s’est éloigné des idées qui l’avaient amené aux responsabilités en 1981 - Mitterrand a délaissé le socialisme pour se réfugier dans la perspective européenne - et comment les peuples ont perdu la main dans cette Europe néolibérale dépourvue de sens et de cap, je suis persuadé qu’une politique de gauche n’est possible en France qu’en imposant à l’Europe une remise à plat de son identité dévoyée, en insufflant le retour de la démocratie et le respect des souverainetés nationales.

Voir Les socialistes, les altermondialistes et les autres (Gaël Brustier, Edition Bruno Leprince, 2008 - commentaires de Samir Amin, Le Monde Diplomatique, décembre 2008)

Ce livre, qui analyse les raisons de l’abandon d’un projet socialiste en France, met d’emblée en cause l’adoption d’une « idéologie européaniste ». Conçue pour rendre le socialisme illégitime, voire illégal, cette idéologie de substitution annihile tout espoir social. De surcroît, plus l’Europe sera capitaliste, moins son capitalisme sera européen. L’atlantisme, indissociable de l’européanisme, ruine toute perspective internationaliste des travailleurs et des peuples.

La refondation socialiste en France passe donc par la déconstruction de l’Europe. Il n’y a plus en France de parti des ouvriers et des employés (60 % de la nation) depuis que le Parti socialiste (PS) a choisi de ne s’adresser qu’aux classes moyennes. En contrepoint des thèses d’Antonio Negri, l’auteur invite les contre-pouvoirs à envisager l’exercice du pouvoir. Il propose une géopolitique alternative à l’euro-atlantisme fondée sur le rapprochement entre Paris, Berlin et Moscou, renforcée par des alliances avec les peuples d’Amérique latine. Peut-être pourrait-il prolonger l’axe de libération de la tutelle de Washington jusqu’à Pékin, et celle des alliances anti-impérialistes en direction des pays d’Asie et d’Afrique.

 

Voir Europe à refonder : Michel Sorin propose de créer des groupes CiViQ - 30 avril 2013

 

Cet article est le 137ème paru sur ce blog dans la catégorie Gauche France

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9 mai 2013 4 09 /05 /mai /2013 15:15

En suspens, l’avenir de l’euro et des institutions

Ce 9 mai (comme chacun l’ignore*), c’est la fête de l’Europe. L’Union européenne a voulu célébrer ce qui est, pour elle, sa date de naissance, le 9 mai 1950 (discours de Robert Schuman**, ministre des Affaires étrangères de la France). Ainsi, le 9 mai est devenu un symbole européen (journée de l'Europe) qui, aux côtés du drapeau, de l’hymne, de la devise et de la monnaie unique (l'euro), identifie l'Union européenne en tant qu'entité politique (extrait de Toute l'Europe: 9 mai : Journée de l'Europe).

* Les inconditionnels ne l’ignorent pas. Par exemple, Guillaume Morin (MoDem) - voir Fête de l'Europe 2013 : vivement une vraie fédération européenne ! Pour lui, l’Europe, c’est plus de démocratie, la mise en place du fédéralisme et l’union autour d’une politique budgétaire.

** "L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord des solidarités de fait. Le rassemblement des nations européennes exige que l’opposition séculaire de la France et de l’Allemagne soit éliminée. L’action entreprise doit toucher au premier chef la France et l’Allemagne". C'est ce que déclarait Robert Schuman, le 9 mai 1950.

 

L’Allemagne en 2013 n’est plus celle de 1950

Les relations actuelles entre l’Allemagne et la France sont au cœur du débat européen. Voir Hollande profite du 8 mai pour apaiser les relations franco-allemandes (France Bleu, 8 mai 2013).

 

Les vieux Allemands comptent sur l'émigration des Européens du Sud (Mediapart, 7 mai 2013)

Vue de l'Allemagne, la crise qui ravage le sud de l'Europe n'a pas que des mauvais côtés. Fuyant la récession et l'austérité, des dizaines de milliers de diplômés espagnols, portugais et grecs migrent vers le nord ainsi que le confirme le bilan migratoire publié ce mardi. Berlin saisit l'aubaine pour attirer la main-d'œuvre dont le pays a besoin pour faire tourner son économie et compenser le vieillissement de sa population.

Angela Merkel mène une politique qui est contraire aux intérêts des Allemands eux-mêmes (Guillaume Duval, France Inter, vidéo, 3 mai 2013).

Guillaume Duval, rédacteur en chef à Alternatives Economiques, auteur de «Made in Germany : le modèle allemand au-delà des mythes » (Seuil) était l'invité de Patrick Cohen.

 

En Allemagne, les grèves se multiplient face à l'austérité (France tv info, 4 mai 2013)

Après les salariés de l'industrie, c'est au tour de ceux du secteur bancaire de se mettre en grève pour obtenir des augmentations de salaire.

Après quinze années d'austérité, les conflits salariaux se multiplient en Allemagne. Le syndicat Ver.di a annoncé vendredi 4 mai des mouvements de grève dans le secteur bancaire pour obtenir des hausses de salaire, à l'instar des salariés de l'industrie qui ont lancé un large mouvement cette semaine (…).

Ces négociations sont un temps fort de l'actualité sociale allemande et donnent le ton pour nombre d'autres secteurs. L'économie allemande continue de se porter bien mieux que celle de ses voisins, et le chômage y reste très bas, à 7% en moyenne en avril, attisant les revendications salariales après les sacrifices consentis par les salariés pendant la crise. Au début du mois d'avril, les deux millions de salariés de la fonction publique avaient obtenu 6,3% de hausse pendant deux ans, après avoir fait grève.

 

Le débat sur la réorientation de l’Europe s’impose

Les fédéralistes sont à la manœuvre.

Sur le blog du CEPII Un New Deal pour l'Europe (Michel Aglietta, Thomas Brand, 21 mars 2013)

 

L’opinion publique ressent intuitivement que la crise européenne arrive à un « moment politique ». L’euro souffre d’un vice originel qui est son incomplétude. C’est une monnaie utilisée dans les échanges par tous les citoyens des pays qui l’ont adopté, mais c’est une monnaie étrangère à tous les États. Il a fallu trois ans de crise de plus en plus profonde et étendue pour que l’impuissance de la concertation intergouvernementale comme mode de gouvernance de la zone euro soit reconnue. Sans institutions politiques fédérales, pas d’avenir pour l’euro et pas d’avancée démocratique donnant aux citoyens la conviction qu’ils appartiennent à un destin commun.

 

Ce livre cherche à démontrer la nature des déficiences structurelles de la zone euro et à démonter la dynamique infernale de la crise pour mieux aborder les deux questions prospectives : quelle union politique pour la zone euro ? Quelle croissance pour l’Europe ? En effet, l’originalité de ce livre est de ne pas séparer la forme du contenu, les changements institutionnels indispensables du projet européen, un projet qui doit nécessairement s’inscrire dans les mutations du capitalisme que la crise financière globale a déclenchées. Car la crise est un accélérateur de l’histoire dans cette première moitié du 21ème siècle. C’est dans la présente décennie que l’Europe devra faire les réformes qui lui permettront de conserver son influence dans la gouvernance mondiale pour répondre aux défis planétaires.

 

L’Europe entière sera profondément remodelée par les réformes qui feront de l’euro une monnaie complète. Les transformations institutionnelles nécessaires pour refonder le gouvernement de la zone euro sur une légitimité démocratique ne peuvent être séparées d’un contrat social de développement durable qui soit commun aux pays participants (…).

 

Ma préoccupation est grande concernant la zone euro (Sylvie Goulard, MoDem, 21 mars 2013)

Sylvie Goulard, députée européenne, membre de la commission des affaires économiques et monétaires a réagi ce jeudi 21 mars à la présentation du nouveau livre à la presse de Michel Aglietta, conseiller au CEPII et Thomas Brand chargé de mission au Centre d'Analyse Stratégique intitulé « Un New Deal pour l'Europe ». Celle-ci a indiqué être particulièrement préoccupée par la gouvernance de la zone euro. « Ma préoccupation est grande concernant ce qui est en train de se passer dans la zone euro. Il est crucial qu’il y ait un électrochoc » a déclaré Sylvie Goulard. Deux sources de préoccupations en particulier ont été mises en évidence par la députée : l’inadéquation des institutions existantes pour gérer l’union monétaire, et la désertion progressive des investisseurs internationaux.

 

Une autre vision du problème posé par l’Union européenne est celle de Jean-Pierre Chevènement.

Voir Réorienter l'Europe : JP Chevènement demande de reprendre le débat - 29 avril 2013

"La nécessaire réorientation de l’Europe, prônée pendant sa campagne par François Hollande, pose le problème des élites conservatrices en France. Elles s’appuient depuis trois décennies pour faire prévaloir leurs intérêts sur la complète superposition de l’idée européenne et du logiciel néolibéral mis en œuvre à partir de l’Acte Unique. Pour rouvrir le débat européen, comme l’exige aujourd’hui la démocratie, il faut rompre avec cette confusion monstrueuse". 

Voir aussi, dans le même sens Europe à refonder : Michel Sorin propose de créer des groupes CiViQ - 30 avril 2013.

 

Cet article est le 122ème paru sur ce blog dans la catégorie France et Europe

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8 mai 2013 3 08 /05 /mai /2013 22:44

Annoncer un remaniement ministériel, l’heure de vérité

 

Université d'été MRC 2010 042 TCertes, le président n’a pas toutes les qualités, mais il est élu et il a eu le mérite de gagner l’élection présidentielle, alors que la gauche n’est pas majoritaire dans le pays. Faut-il rappeler que son élection a évité un 2ème quinquennat de Sarkozy. En 2009, François Hollande était au plus bas dans les sondages, avant qu’il décide d’être candidat. Je l’avais vu très bon lors de l’université d’été du MRC le 6 septembre 2010 - photo (voir Université d'été MRC à Valence : le dialogue Chevènement-Hollande - 9 septembre 2010).

Au bout de la 1ère année de mandat présidentiel, la popularité de François Hollande (25 %) est au plus bas. Pourtant, ses engagements de campagne électorale sont en cours de réalisation.

Voir Les 60 promesses de Hollande, un an après (Nouvel Observateur, 30 avril 2013).

 

Jean-Pierre Chevènement prend sa défense : Voir "Halte au Hollande bashing !" (Les Echos, 3 mai 2013) et "Il y a toujours des couacs dans un gouvernement" (Entretien au journal Le Pays, 4 mai 2013).

 

Dans un entretien à Paris-Match, effectué le 2 mai 2013 avec Elisabeth Chavelet (édition publiée le 9 mai), François Hollande parle lui-même d’un remaniement du gouvernement. Voir (Sud-Ouest, 7 mai 2013) : Hollande évoque un remaniement : aucun ministre "n'est protégé.

 

Dans un entretien accordé à Paris-Match, François Hollande ne donne pas de date d'un remaniement, mais indique qu'il "viendra en son temps". "Aujourd'hui, ce sont des résultats que les Français attendent. Cette équipe doit en produire sur le chômage, le logement, la consommation, l'éducation, la place de la France dans le monde", poursuit le chef de l’État.

Selon lui, "personne n'est protégé dans le gouvernement. Personne n'a d'immunité", y compris le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, troisième homme de la primaire socialiste. Pour autant, il lui apporte son soutien dans le dossier Dailymotion : "Il y avait un risque de perdre cette entreprise française. L'idée était de nouer un partenariat avec Yahoo! qui l'a, pour le moment, refusé", explique François Hollande (...)


Selon Le Nouvel Observateur (2 mai 2013) : Gallois bientôt ministre ? L'ancien patron d'EADS et auteur du rapport sur la compétitivité* a le profil pour entrer au gouvernement. Ayrault y est très favorable. Hollande hésite.  

Ce n'est pas une rumeur. C'est un projet en bonne et due forme. Ayrault y est très favorable. Hollande semble encore hésitant malgré la multitude de ceux qui lui recommandent ce choix audacieux. Louis Gallois au gouvernement ? Le président, lors de sa conférence de presse d'octobre, avait expliqué en substance que les "experts" ne faisaient généralement pas de bons ministres. Politique, c'est un métier. Fermez le ban !

Mais les temps ont changé. L'auteur du désormais célèbre rapport sur la compétitivité de la France donne souvent l'impression d'expliquer mieux que quiconque à Bercy la ligne économique et industrielle du gouvernement. L'ancien patron d'EADS plaît à un certain patronat. Sa culture chevènementiste lui permet de ratisser large, à gauche, tout en brouillant les vieux clivages (…).

* Voir Louis Gallois propose un pacte de compétitivité pour l'industrie française - 5 nov. 2012 

Rapport Gallois : les 22 propositions pour reconquérir la compétitivité - 6 novembre 2012 

Compétitivité : Louis Gallois était l'invité de JP Chevènement à Belfort - 25 février 2013 

 

Cet article est le 10ème paru sur ce blog dans la catégorie Hollande Ayrault gouv.

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7 mai 2013 2 07 /05 /mai /2013 17:00

Vers une semaine d’action du 14 au 22 septembre 2013

 

Le réseau associatif CiViQ adhère au réseau des écoles de citoyens RECit (voir Qui sommes-nous ? - RECit), dont le fondateur est Didier Minot, un ami (voir Didier Minot : un exposé pour comprendre d'où vient la crise). Je me souviens des premières réunions auxquelles j’ai participé à Paris, en 2002, après le séisme politique du 21 avril de la même année.

 

En 2010, les associations étaient sous la menace des effets de la Circulaire du 18 janvier 2010 : le tout marché étendu aux associations - 23 avril 2010. Voir aussi Menace sur la liberté d'association en France, par Didier Minot (Le Monde Diplomatique, janvier 2011).

 

En 2013, les associations sont mises en difficulté par la réduction des budgets publics (Etat, collectivités locales). Voir Non à la disparition des associations (RECit, 10 avril 2013).

 

Appel à une mobilisation commune

pour le maintien des financements associatifs

et la reconnaissance du rôle des associations dans la société

Plate-forme inter associative "Non à la disparition des associations"


Pour signer l'appel : www.nondisparitionassociations.net

Pour télécharger l'appel en version PDF 


Le gouvernement a entrepris de redéfinir le cadre des relations entre l'État, les collectivités et les associations, ainsi que la législation et la réglementation relatives au financement des associations. Ces initiatives sont opportunes et importantes car les décisions prises dans ce domaine vont fixer le cadre institutionnel et réglementaire, sans doute pour longtemps. Mais cela ne saurait faire oublier que le même gouvernement a annoncé pour 2014 de nouvelles coupes sombres dans le budget de l'État et des collectivités, s'ajoutant à la réduction drastique des crédits en 2013. Le président de l'Association des Maires de France a dénoncé une situation "qui risque de peser sur les subventions aux associations".


On ne peut pas assister passivement à la disparition d'un nombre sans cesse croissant d'associations, alors que celles-ci constituent l'un des piliers de notre vie démocratique, sociale, civique et culturelle. Les associations sont l'un des creusets de la démocratie et de la participation citoyenne. Elles jouent un rôle indispensable de renforcement de la cohésion sociale, de développement de l'activité et de l'emploi et de préservation des droits fondamentaux. Aucune société ne peut exister sans leur apport.

C'est pourquoi les associations, réseaux d'associations et élus signataires affirment qu'ils ne laisseront pas détruire sans réagir le tissu associatif de nos territoires et de nos villes. Les associations refusent d'être la variable d'ajustement des diminutions des financements publics et appellent à se mobiliser.

 

Les signataires demandent à l'Etat et aux collectivités d'adopter 6 orientations :


1-  La restauration d'un climat de confiance doit se traduire par la reconnaissance de leur rôle et par le développement des financements associatifs, pour que la dynamique associative soit en mesure de contribuer à l'intérêt général. En particulier, des 2014, l'État et les collectivités doivent apporter aux associations les moyens d'exercer leurs missions en maintenant les lignes de crédits nécessaires (il ne s'agit pas du service civique).


2-  La subvention constitue un mode de financement légal qui doit être conforté et privilégié. Elle ne constitue pas la compensation d'un service rendu mais la reconnaissance de l'intérêt d'un projet associatif. Les subventions de fonctionnement doivent être développées. Les appels à projets constituent des formes parfois proches de celles des appels d'offres et ne sauraient devenir le mode habituel d'attribution des subventions.


3-  La plupart des actions associatives ne sont pas des activités économiques au sens européen du terme et doivent donc être considérées comme des activités non économiques ou des services non économiques d'intérêt général. Comme le permet la règlementation européenne, le gouvernement doit soustraire ces activités à l'extension indéfinie du champ de la concurrence, en réservant, lorsque la nature du service le justifie, la réalisation des actions d'intérêt général à des opérateurs ne poursuivant aucun but lucratif.


4-  La diversité associative est un trésor national qui doit être préservé. Il est nécessaire de distinguer les cas des associations relevant du régime européen d'encadrement des aides d'État et la très grande majorité des associations qui n'en relèvent pas, et n'ont pas besoin de mandatement pour recevoir un soutien public. Il faut également lutter contre les politiques délibérées de certaines collectivités et de l'Etat, visant à réduire le nombre d'associations, et définir un cadre juridique, comptable et administratif adapté aux petites et moyennes associations.


5-  La participation citoyenne doit être encouragée pour donner une place centrale au citoyen dans la vie politique et à l'engagement du plus grand nombre. Elle passe notamment par une pédagogie de la citoyenneté et une architecture institutionnelle dynamique, favorisant un écodéveloppement local participatif et solidaire, des relations partenariales entre les associations et les collectivités. Les 3 lois de décentralisation doivent aborder ces points.


6-  Ces enjeux concernent de nombreuses politiques publiques, notamment en matière d'écodéveloppement, d'éducation populaire, de défense des droits, de cohésion sociale, santé... C'est pourquoi la consolidation de la vie associative, annoncée par le Président au cours de la campagne présidentielle, doit être l'objectif de l'ensemble du gouvernement et faire l'objet d'un engagement du Premier ministre.

 

Signez et faites signer largement autour de vous cet appel, faites connaître vos difficultés et vos possibilités d'action, en allant sur le site www.nondisparitionassociations.net. Les signataires appellent les associations et les citoyens à signer cet appel et à participer à la semaine d'action organisée du 14 au 22 septembre 2013 pour engager un débat public sur l'avenir et le rôle des associations, défendre les financements associatifs, interpeller les pouvoirs publics et les élus, et si possible agir ensemble. Une journée de travail, ouverte à tous, aura lieu le 8 juin pour préparer cette semaine d'action.

 

 Cet article est le 8ème paru sur ce blog dans la catégorie Réseau CiViQ

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6 mai 2013 1 06 /05 /mai /2013 11:28

Un projet de démantèlement non justifié et non concerté

 

Le Collectif « Pour un Pôle public financier au service des Droits ! »*, qui comprend de nombreuses organisations syndicales représentant les salariés des secteurs bancaire et financier, ainsi que diverses associations politiques plus généralistes, vient de publier un document analysant l’action du président de la République au premier anniversaire de son entrée à l’Elysée.

 

BANQUES ET FINANCEMENT DES BESOINS ECONOMIQUES, SOCIAUX ET ENVIRONNEMENTAUX

Premier bilan de François Hollande, Président de la République (Mai 2012 - Mai 2013).

 

* Notre collectif est, pour une grande part, le successeur d’un autre collectif : le collectif « Pas touche au Livret A ! » qui s’est mobilisé, en 2007 et 2008, contre la banalisation de ce livret et pour le financement du logement social. Ce collectif était lui-même issu de l’intersyndicale du secteur semi-public économique et financier créée en octobre 1995, qui, forte d’une trentaine d’organisations syndicales, a porté pendant près de 15 ans une revendication unique : la mise en place d’un pôle public financier.

Cette intersyndicale a lutté au côté des personnels de différents établissements contre les logiques de démantèlement mises en œuvre par différents gouvernements : tentative de liquidation du Crédit Foncier de France, abandon du statut à « but non lucratif » des Caisses d’épargne, tentative de filialisation des activités et de démantèlement du statut du personnel de l’IEDOM, restructuration du réseau de la Banque de France …

Ces logiques sont toujours à l’oeuvre : absence de toute garantie sur l’avenir du personnel de DEXIA aujourd’hui en faillite, plan de réduction de 12% des effectifs du Crédit foncier, suppression programmée de 2 500 emplois à la Banque de France, projet en suspens de filialisation des activités de l’Agence française de développement en Outre-mer …

 

 

Rappel : Collectif pour un Pôle public financier : la BPI est loin des espérances - 5 mai 2013 

Collectif pour un Pôle public financier : la réforme bancaire ne règle rien - 4 mai 2013 

Collectif pour un Pôle public financier et Crédit Immobilier de France - 3 mai 2013

Le Pôle public financier fait le bilan de la première année de Hollande - 2 mai 2013 

 

Voici, dans ce document, la partie concernant le projet de démantèlement de la Banque de France

- Un projet de démantèlement expertisé et reconnu comme dépourvu de justification économique

- Un projet conçu au mépris de l’emploi de nos concitoyens dans une situation de chômage aggravé

- Un projet conçu au mépris des exclus du système bancaire et particulièrement des surendettés

-Un projet non concerté avec les parties prenantes et ne présentant aucun caractère d’urgence

 

Le projet de démantèlement de la Banque de France

 

Appelant constamment les pouvoirs publics à réduire les dépenses publiques, à remettre en cause notre système de protection sociale et cela sans aucune considération pour l’emploi de nos concitoyens et la cohésion sociale et territoriale de notre pays, Christian Noyer appelle ouvertement au démantèlement de l’Institution dont il a la charge : la Banque de France.  

Son projet prévoit, dans le cadre d'une RGPP aujourd'hui officiellement révolue, outre la suppression de 2.500 postes d'ici à 2020, la fermeture de 60 bureaux d'accueil sur 85, la disparition de 20 implantations permanentes et la transformation de 55 succursales départementales sur 96 en unités allégées.

Soutenu à bout de bras par le gouvernement (sous la pression constamment renouvelée des responsables de la direction générale du Trésor, tous nommés par le précédent gouvernement et tous maintenus dans leurs fonctions antérieures en dépit de l'alternance), ce projet de démantèlement, qui n'a pas été modifié de manière significative depuis début 2013, a suscité une très forte mobilisation du personnel et de très vives réactions de nombreux responsables politiques.

 

Un projet de démantèlement expertisé et reconnu comme dépourvu de justification économique  

Démanteler la Banque de France est un objectif politique majeur pour son Gouverneur. Le but poursuivi est de conforter et crédibiliser son discours, sans cesse martelé auprès des pouvoirs publics et de l’opinion publique, d’engager de fortes réformes structurelles au sein du secteur public à commencer par l’institution dont il a la charge. Car comme nous allons le voir, ce projet de démantèlement est dépourvu de motifs économiques légitimes.  

Mandaté par le comité d’entreprise, le cabinet d’expertise SECAFI a rendu son avis le 7 janvier 2013. Il a démontré qu’il n’y a aucune logique, ni opérationnelle ni en termes de missions, dans la restructuration proposée par la Banque de France. Les experts ont mis en évidence les risques ou les faiblesses de la réorganisation pour effectuer les missions, d’autant qu’aucune justification économique n’a été apportée par la direction à la suppression de 2 500 postes.  

Une des toutes premières de ces missions : assurer la qualité des billets mis en circulation sur le territoire national. En réduisant de 72 à 32 le nombre de caisses, il est incontestable que ces 40 fermetures généreront de fortes complications sur la filière. Et particulièrement pour les convoyeurs de fonds, face à «l’augmentation des distances parcourues soit par effet d’éloignement soit par effet de fréquence des navettes. Est-ce le bon choix sur le plan de la sécurité? » s’interrogent les auteurs de l’expertise, tout en alertant sur le risque de voir se développer «de nouvelles formes de braquage».

D’autre part, que se soit pour la cotation des entreprises ou le surendettement des ménages, les auteurs regrettent la séparation géographique entre l’accueil des usagers et la saisie des dossiers, mais aussi la volonté d’informatiser au maximum la saisine. Les experts notent que «l’implémentation de ces outils n’a pas été systématiquement suivie d’une amélioration de la productivité», alors que les risques sont clairement identifiés: «L’affirmation que dans 51 départements, les effectifs des succursales seront constitués de 4 à 10 personnes, nous semble donner une indication claire qui ne nous semble pas réaliste ». Le projet de réorganisation sous-estime par ailleurs la part du travail qu’il restera à faire sur place. Il sous-estime aussi l’importance, du point de vue de la qualité des dossiers (entreprises ou particuliers), du “lien entre le terrain et le dossier”.» Par ailleurs, pour les entreprises, les analystes déplorent que «le projet ne soit pas construit à partir des besoins exprimés».

Clairement, le projet n’est pas cohérent. Il menace la bonne exécution des missions de la Banque de France et est particulièrement préoccupant quant à la sécurité des convoyeurs de fonds.

 

Un projet conçu au mépris de l’emploi de nos concitoyens dans une situation de chômage aggravé  

Notre pays est affecté par un taux de chômage gravissime qui atteint aujourd’hui un pourcentage record. Dans de telles circonstances, comme l’ont souligné le Président de la République et le Premier ministre, tous les moyens publics doivent être mobilisés dans la bataille de l’emploi.

Or, le gouvernement refuse de reconsidérer ce projet de démantèlement à la lueur des faits. Les agents des succursales de la Banque de France sont les seuls dans l'histoire économique et sociale de notre pays à avoir permis, en un peu plus de trois ans, de sauvegarder cent dix sept fois plus d'emplois dans le secteur privé que ceux qu'il est envisagé de supprimer en interne (2 500 suppressions d'emplois programmées contre 293 444 emplois sauvegardés et 16 621 entreprises confortées à travers la médiation du crédit entre fin novembre 2008 et fin 2012 Communication officielle du ministère de l’économie et des finances du 6 mars 2013).

Il ne suffit pas de se réjouir de tels résultats en omettant délibérément d’en attribuer publiquement la paternité aux agents des succursales de la Banque de France. Encore faut-il leur donner les moyens de poursuivre leur mission de sauvegarde d’emplois dans les PME et TPE. La mise en oeuvre du projet de démantèlement de la Banque de France, soutenue par le ministre de l’économie et des finances, ne saurait y contribuer …

 

Un projet conçu au mépris des exclus du système bancaire et particulièrement des surendettés  

Comme l’ont souligné 8 associations de consommateurs (ADEIC, AFOC, ASSECO-CFDT, INDECOSA-CGT, CNL, FNAUT, CNAFAL, LEO LAGRANGE) regroupées au sein de CONSOFRANCE et représentant 2 500 000 citoyens consommateurs, ce projet menace gravement la cohésion sociale de notre pays compte tenu du rôle joué par la Banque de France dans la lutte contre l’exclusion bancaire (traitement du surendettement et droit au compte notamment).

Ce projet vise également à travers une forte incitation auprès des ménages surendettés à saisir en ligne, directement sur Internet, les dossiers de surendettement :

- A couper le lien physique entre ces ménages (environ 200 000 par an) et les agents de la Banque de France travaillant au sein des implantations territoriales qui seraient supprimées ou considérablement allégées,

- A opérer un transfert de charges - dont la collectivité nationale paierait le coût - sur des travailleurs sociaux déjà largement sollicités pour aider les ménages surendettés à saisir en ligne des dossiers de surendettement qui sont, par nature, des dossiers volumineux, complexes, qui requièrent beaucoup de précision dans leur saisie (risque d’erreur considérable) et qui sont enfin des dossiers lourds d’enjeux financiers pour les ménages concernés.

La Banque de France entend lancer ce transfert de charges sans avoir pris l’attache préalable des employeurs directement concernés (CCAS, Conseils généraux …). La Banque de France programme également un large transfert de charges en direction des associations de consommateurs dont les bénévoles seraient mobilisés pour compenser les très importantes suppressions d’emplois envisagées à la Banque de France. Il s’agit là d’une instrumentalisation pure et simple d’agents publics et de militants associatifs bénévoles.

 

Un projet non concerté avec les parties prenantes et ne présentant aucun caractère d’urgence  

Enfin ce projet de démantèlement n'a fait l'objet d'aucune concertation préalableréelle et sérieuse avec l’ensemble des parties prenantes (hormis des exercices, au cours des dernières semaines, de pures relations publiques avec quelques élus locaux et nationaux). Il ne présente aucun caractère d'urgence (il est prévu de l'étaler sur 8 ans). La Banque de France a vu son bénéfice net doubler à 3,14 milliards d'euros et son résultat d'exploitation grimper de 43 %, à 8,1 milliards, sur l'exercice 2012.  

Il n'existe absolument aucune raison objective, de la part du gouvernement, de refuser d'entendre tous les élus qui demandent - conformément au voeu exprimé par tous les syndicats de la Banque de France - une table ronde sur l'avenir de l'Institution ouverte à l'ensemble des parties prenantes concernées, notamment aux parlementaires et aux élus locaux. Se sont notamment ralliés à cette position :

- André Laignel, premier vice-président de l'Association des maires de France (plus de 36 000 maires adhérents) qui indique que les maires : « demandent au ministre de l'Economie de bien vouloir réunir toutes les parties (élus, parlementaires, direction de la banque et syndicats) pour échanger et discuter de l'évolution de l'organisation de la Banque de France ».

- Bruno Le Roux, Président du groupe Socialiste, Républicain et citoyen, premier groupe parlementaire de l'Assemblée nationale qui écrit au Gouverneur Noyer, le 10 décembre 2012, qu'il "considère que la redéfinition des missions et de la présence territoriale de la Banque de France ne peut se faire que dans le cadre d'une véritable concertation avec la représentation nationale, les élus locaux, les représentants des salariés et les différents interlocuteurs concernés, à partir de l'évaluation du niveau d'activité de ses implantations locales et des besoins économiques et sociaux des territoires" .

- EELV reste attaché au maillage territorial de la Banque de France et à son action de proximité. Les écologistes souhaitent que soit décidé un moratoire sur ce plan de restructuration, afin d’ouvrir le dialogue sur le plan stratégique à porter, associant les élus, les syndicats, le personnel et les usagers.

- La totalité des parlementaires communistes ont demandé au Premier ministre d'organiser une table ronde sur l'avenir de la Banque de France.

- Le Parti de Gauche soutient le projet intersyndical qui affirme l’ambition de la Banque de France au service des citoyens, des banques, des entreprises, et marque une volonté de développement.  

Face au projet de démantèlement non concerté préalablement d'un Gouverneur non élu, nous souhaitons que le gouvernement, conformément aux usages républicains et aux valeurs démocratiques de notre pays, entende enfin la voix des personnels, de leurs représentants, des élus locaux et nationaux et des partis en faveur d'une issue au conflit qui soit, d'une part, respectueuse de l'intérêt général, des populations, notamment des exclus du système bancaire, et des territoires et, d'autre part, porteuse d'avenir dans le cadre d'un système bancaire mieux régulé et mieux supervisé.

 

* Collectif " Pour un Pôle public financier au service des Droits !" (Droit à l’emploi et à un revenu décent, Droit à des services publics de proximité et de qualité, Droit au logement, Droit à la conversion écologique de l’économie, Droit à l’inclusion bancaire et financière) regroupant les organisations :  

CGTG IEDOM/AFD GUADELOUPE, CGTR IEDOM/AFD REUNION, SNB IEDOM/AFD MARTINIQUE, CGT MA IEDOM MAYOTTE, SNUCLIAS-FSU, CREDIT FONCIER : CFTC, CFE/CGC, CGT, SU/SNA, et CFDT (sous- délégation SPUCE), CAISSES D’EPARGNE (COLLECTIF NATIONAL CGT CAISSES D’EPARGNE, SNP FO), SNUP- CAISSE DES DEPOTS ET CONSIGNATIONS-FSU, CGT GROUPE CAISSE DES DEPOTS ET CONSIGNATIONS, CGT BANQUE DE FRANCE, CGT AGENCE FRANCAISE DE DEVELOPPEMENT, SPUCE CFDT (PARIS- ILE DE FRANCE : BANQUE DE FRANCE, CAISSES D’EPARGNE, CREDIT FONCIER, AGENCE FRANCAISE DE DEVELOPPEMENT), INDECOSA CGT, UNION SYNDICALE SOLIDAIRES, FEDERATION CGT FINANCES, FEDERATION CGT BANQUE ET ASSURANCE, FEDERATION SUD PTT, UNION FEDERALE DES RETRAITES CGT DE LA BANQUE ET DE L’ASSURANCE

Et

AFVS (Association des familles victimes du saturnisme), AITEC (Association internationale des techniciens, experts et chercheurs), ATTAC FRANCE, FONDATION COPERNIC, MARCHES EUROPEENNES, DAL (Droit au Logement), CONVERGENCES POUR LES SERVICES PUBLICS, COORDINATION NATIONALE DE DEFENSE DES HOPITAUX ET DES MATERNITES DE PROXIMITE, RESISTANCE SOCIALE

 

Cet article est le 122ème paru sur ce blog dans la catégorie Travail Economie

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5 mai 2013 7 05 /05 /mai /2013 14:00

Une belle initiative, trop liée à la logique de la finance

 

Le Collectif « Pour un Pôle public financier au service des Droits ! »*, qui comprend de nombreuses organisations syndicales représentant les salariés des secteurs bancaire et financier, ainsi que diverses associations politiques plus généralistes, vient de publier un document analysant l’action du président de la République au premier anniversaire de son entrée à l’Elysée.

 

BANQUES ET FINANCEMENT DES BESOINS ECONOMIQUES, SOCIAUX ET ENVIRONNEMENTAUX

Premier bilan de François Hollande, Président de la République (Mai 2012 - Mai 2013).

 

* Notre collectif est, pour une grande part, le successeur d’un autre collectif : le collectif « Pas touche au Livret A ! » qui s’est mobilisé, en 2007 et 2008, contre la banalisation de ce livret et pour le financement du logement social. Ce collectif était lui-même issu de l’intersyndicale du secteur semi-public économique et financier créée en octobre 1995, qui, forte d’une trentaine d’organisations syndicales, a porté pendant près de 15 ans une revendication unique : la mise en place d’un pôle public financier.

Cette intersyndicale a lutté au côté des personnels de différents établissements contre les logiques de démantèlement mises en œuvre par différents gouvernements : tentative de liquidation du Crédit Foncier de France, abandon du statut à « but non lucratif » des Caisses d’épargne, tentative de filialisation des activités et de démantèlement du statut du personnel de l’IEDOM, restructuration du réseau de la Banque de France …

Ces logiques sont toujours à l’oeuvre : absence de toute garantie sur l’avenir du personnel de DEXIA aujourd’hui en faillite, plan de réduction de 12% des effectifs du Crédit foncier, suppression programmée de 2 500 emplois à la Banque de France, projet en suspens de filialisation des activités de l’Agence française de développement en Outre-mer …

 

Rappel : Collectif pour un Pôle public financier : la réforme bancaire ne règle rien - 4 mai 2013 

Collectif pour un Pôle public financier et Crédit Immobilier de France - 3 mai 2013

Le Pôle public financier fait le bilan de la première année de Hollande - 2 mai 2013 

 

Voici, dans ce document, la partie concernant le projet de Banque publique d’investissement :

- Un projet de loi qui révèle que l’emploi n’est pas une priorité du gouvernement

- Un projet élaboré dans des conditions contestables et manifestement sous-doté financièrement

 

La Banque publique d’investissement

 

Aucun projet, issu des promesses du candidat François Hollande, n’aura suscité autant d’intérêt de la part de notre Collectif.

En effet, nous militons pour la mise en réseau des institutions économiques et financières investies de missions d’intérêt général, afin d’en améliorer l’efficacité et le service rendu à la collectivité nationale. Or, la Banque publique d’investissement (BPI), à travers un meilleur financement de l’économie, constituait une rare opportunité d’affirmer une grande ambition au service de l’emploi et de la nécessaire conversion écologique de l’économie au moment même où notre pays est à la recherche d’un nouveau modèle de développement capable de répondre aux enjeux sociaux et écologiques. Malheureusement, il n’en a rien été.

 

Un projet de loi qui révèle que l’emploi n’est pas une priorité du gouvernement

 

Notre Collectif s’est empressé, durant la campagne présidentielle, de solliciter des entrevues auprès de l’équipe de campagne du candidat. Malgré des demandes répétées, aucune de ses demandes n’a abouti. Alors que la banque publique d’investissement était présentée par beaucoup comme un outil au service de l’emploi, Monsieur Alain Rousset sera particulièrement clair s’agissant du programme de François Hollande : « la première partie de son projet est consacré aux entreprises ». ll ira plus loin au lendemain même de la présentation du projet de loi en conseil des ministres. En plein congrès de l’Association des Régions de France, Alain Rousset sera amené à déclarer que la BPI a également vocation à financer des « licenciements ».

En effet, Alain Rousset a souhaité publiquement que la BPI puisse proposer des « fonds de retournement » ceci afin d’intervenir pour aider une entreprise en difficulté à la « retourner ». C’est-à-dire la soutenir aussi bien pour réaliser des investissements que des licenciements. Alain Rousset est catégorique : « Si on veut sauver une technologie, il peut-être préférable de passer de 250 à 60 salariés ». On comprendra aisément que le Président de l’Association des Régions de France n’ait pas vu d’intérêt à débattre du projet de BPI avec des militants syndicaux et associatifs.

 

Il en va de même du gouvernement puisque aucune de nos demandes d’entrevue auprès de Monsieur Pierre Moscovici, ministre de l’économie et des finances, sur le projet de BPI ne se concrétisera. Et cela malgré notre appel direct à intervenir auprès du conseiller social du Premier ministre.

Le 28 octobre 2012, notre Collectif demandera l’intervention du cabinet du Premier ministre, afin d’être reçu à Bercy, en s’appuyant sur la déclaration suivante de Monsieur Jean-Marc Ayrault : " Je l'ai dit, dans ma déclaration de politique générale: une condition fondamentale de la réussite de toutes ces réformes dans la durée, c'est le dialogue social. Et je revendique ma méthode. C'est celle de la mobilisation de toutes les forces du pays (...), de la fédération de toutes les énergies, de l'adhésion des Français à des solutions durables qui permettent d'ancrer le changement dans la durée'.

 

Cette intervention n’aura aucun résultat. Et pour cause, le projet de loi portant création de la banque publique d’investissement, enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 17 octobre 2012 et cosigné par le Premier ministre et le ministre de l’économie et des finances ne contient aucune référence à l’emploi. Le terme « emploi » n’y figure pas. On ne saurait mieux signifier que l’emploi n’est pas une priorité de l’actuel gouvernement contrairement à la réduction des déficits publics et au soutien à la compétitivité des entreprises (le fait que le Parlement adoptera un amendement intégrant le terme « emploi » dans le texte qui sera définitivement voté ne change rien sur le fond). L’introduction de critères sociaux et environnementaux dans l’action de la BPI, voulue par notre Collectif et soutenue par quelques parlementaires, ne sera pas retenue par le parlement.

 

Un projet élaboré dans des conditions contestables et manifestement sous-doté financièrement

 

Le projet de banque publique d’investissement a donné lieu à une polémique publique sur le choix de la banque conseil retenue par le gouvernement : la Banque Lazard. On se souvient que ce choix a été réalisé sans l’aval d’Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, et sans véritable appel d’offres (un simple coup de fil auprès de plusieurs banques conseils …). Il y avait effectivement de quoi être surpris sachant que cette banque conseil fut retenue, par exemple, pour la création de NATIXIS, un véritable désastre financier qui conduisit pour éponger des pertes abyssales à la création du groupe BPCE. Groupe qui s’est illustré, notamment pour sa partie Caisses d’épargne, par de graves manquements aux valeurs mutualistes depuis le changement, en 1999, de son statut et l’abandon délibéré de son statut « à but non lucratif ». Changement de statut porté par Dominique Strauss-Kahn, alors ministre de l’économie et des finances, à la demande de Charles Milhaud ancien Président du directoire de la Caisse nationale des Caisses d’épargne, et adoptée à l’Assemblée grâce à l’abstention du groupe écologiste.

 

Monsieur Arnaud Montebourg sera amené à déclarer que la BPI «ne peut pas être créée par des banquiers, parce que faire une banque qui ressemblerait à d'autres banques, c'est vraiment pas ce que l'on cherche à faire». Nous ne pouvons que souscrire à de tels propos.

On se souvient moins du débat très tendu, entre Pierre Moscovici et Arnaud Montebourg, qui a précédé la création de la BPI. C’est le schéma – très modeste et conforme aux intérêts du patronat bancaire – qui a été retenu par le gouvernement. Le ministre du Redressement productif plaidait, pour sa part, pour que la BPI dispose d’une force financière considérable à la hauteur des enjeux (250 à 300 milliards d’euros). Cela nécessitait inévitablement de réorienter une part très significative de l’épargne de nos concitoyens vers la BPI.

 

Le projet, finalement adopté et défendu par Pierre Moscovici devant le parlement, prévoit que la BPI dispose de 20 milliards d’euros de fonds propres, apportés à parité par ses deux actionnaires, la CDC et l’Etat. Selon le ministre des finances, « cela donne 20 milliards d’euros en prêts ; 12 milliards d’euros de capacité en garanties ; 10 milliards d’euros de capacité d’investissement en fonds propres sur le quinquennat ».

 

Habile présentation qui consiste à faire des bilans des différentes structures financières qui vont être agrégées sous la houlette de la BPI, mais ne donne pas une vraie idée de ses réels moyens. Or, ceux-ci ne seront qu’à peine supérieurs à ceux des structures préexistantes, mis à part l’apport qui sera généré par l’augmentation du plafond des dépôts sur le Livret A.

Dès lors, les jeux sont faits : la BPI n’est pas en mesure de se substituer aux banques défaillantes dans le financement de l’économie mais contrainte à coopérer avec elles ; c’est-à-dire réaliser du cofinancement en fonction des critères classiques en vigueur dans l’ensemble du secteur bancaire et cela au moment même où nombre d’entreprises sont confrontées à un resserrement drastique du crédit. C’est d’ailleurs ce que dit sans ambages Nicolas Dufourcq directeur général de la BPI : « Je rappelle que nous interviendrons toujours dans une logique de co-financement, il est hors de question de faire du crédit sec en concurrence frontale avec les banques. Nous n'en avons d'ailleurs pas les moyens. La BPI est une institution de place, qui s'inscrit nativement en cofinancement avec ses partenaires bancaires et la profession du capital-investissement. C'est la banque qui fait la courte-échelle au marché. »

 

Au final, la BPI apparaît comme une très belle initiative gâchée par le jeu des lobbys et des influences qui ne veulent pas que l’Etat s’extraie du poids et des choix du secteur financier et des marchés. Quant aux disputes sur la place de tel ou tel dans l’organigramme de la BPI ou de la place des Régions par rapport à l’Etat, il s’agit de débats secondaires très éloignés de la finalité poursuivie : un meilleur financement de l’économie de notre pays qui nécessite une véritable volonté politique qui a failli dans la mise en place de la BPI, la définition de ses moyens et de ses orientations qui contribueront très peu à la reconquête de l’emploi et à la conversion écologique de l’économie.

 

NB : Concernant la Banque publique d’investissement (BPI), Benoît Hamon a indiqué, le 5 mars 2013 devant Le Réseau des territoires pour l’économie sociale et solidaire (RTES) et cinq associations d’élus, que l'ESS y serait représentée tant dans les instances nationales que régionales. La BPI devra réserver 500 millions au financement d’initiatives relevant de l’ESS.

Le ministre a précisé qu'il s'attend à ce qu’il ne soit pas toujours facile de convaincre les représentants de la BPI d’investir dans des projets dont le retour sur investissement se fait sur le long terme. Et d’avancer l’idée que « lors de l’évaluation de la performance de la BPI, il faudra sanctuariser l’ESS. ». Nous soutenons ce principe de sanctuarisation.

 

* Collectif " Pour un Pôle public financier au service des Droits !"(Droit à l’emploi et à un revenu décent, Droit à des services publics de proximité et de qualité, Droit au logement, Droit à la conversion écologique de l’économie, Droit à l’inclusion bancaire et financière) regroupant les organisations :

 

CGTG IEDOM/AFD GUADELOUPE, CGTR IEDOM/AFD REUNION, SNB IEDOM/AFD MARTINIQUE, CGT MA IEDOM MAYOTTE, SNUCLIAS-FSU, CREDIT FONCIER : CFTC, CFE/CGC, CGT, SU/SNA, et CFDT (sous- délégation SPUCE), CAISSES D’EPARGNE (COLLECTIF NATIONAL CGT CAISSES D’EPARGNE, SNP FO), SNUP- CAISSE DES DEPOTS ET CONSIGNATIONS-FSU, CGT GROUPE CAISSE DES DEPOTS ET CONSIGNATIONS, CGT BANQUE DE FRANCE, CGT AGENCE FRANCAISE DE DEVELOPPEMENT, SPUCE CFDT (PARIS- ILE DE FRANCE : BANQUE DE FRANCE, CAISSES D’EPARGNE, CREDIT FONCIER, AGENCE FRANCAISE DE DEVELOPPEMENT), INDECOSA CGT, UNION SYNDICALE SOLIDAIRES, FEDERATION CGT FINANCES, FEDERATION CGT BANQUE ET ASSURANCE, FEDERATION SUD PTT, UNION FEDERALE DES RETRAITES CGT DE LA BANQUE ET DE L’ASSURANCE

Et

AFVS (Association des familles victimes du saturnisme), AITEC (Association internationale des techniciens, experts et chercheurs), ATTAC FRANCE, FONDATION COPERNIC, MARCHES EUROPEENNES, DAL (Droit au Logement), CONVERGENCES POUR LES SERVICES PUBLICS, COORDINATION NATIONALE DE DEFENSE DES HOPITAUX ET DES MATERNITES DE PROXIMITE, RESISTANCE SOCIALE

 

Cet article est le 121ème paru sur ce blog dans la catégorie Travail Economie

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4 mai 2013 6 04 /05 /mai /2013 22:05

Capitulation devant le lobby financier, faute politique

 

Le Collectif « Pour un Pôle public financier au service des Droits ! », qui comprend de nombreuses organisations syndicales représentant les salariés des secteurs bancaire et financier, ainsi que diverses associations politiques plus généralistes, vient de publier ses réflexions concernant l’action du président de la République au premier anniversaire de son entrée à l’Elysée.

 Voir Le Pôle public financier fait le bilan de la première année de Hollande - 2 mai 2013.

 

*  Notre collectif est, pour une grande part, le successeur d’un autre collectif : le collectif « Pas touche au Livret A ! » qui s’est mobilisé, en 2007 et 2008, contre la banalisation de ce livret et pour le financement du logement social. Ce collectif était lui-même issu de l’intersyndicale du secteur semi-public économique et financier créée en octobre 1995, qui, forte d’une trentaine d’organisations syndicales, a porté pendant près de 15 ans une revendication unique : la mise en place d’un pôle public financier.

Cette intersyndicale a lutté au côté des personnels de différents établissements contre les logiques de démantèlement mises en œuvre par différents gouvernements : tentative de liquidation du Crédit Foncier de France, abandon du statut à « but non lucratif » des Caisses d’épargne, tentative de filialisation des activités et de démantèlement du statut du personnel de l’IEDOM, restructuration du réseau de la Banque de France …

Ces logiques sont toujours à l’oeuvre : absence de toute garantie sur l’avenir du personnel de DEXIA aujourd’hui en faillite, plan de réduction de 12% des effectifs du Crédit foncier, suppression programmée de 2 500 emplois à la Banque de France, projet en suspens de filialisation des activités de l’Agence française de développement en Outre-mer …

 

Voici, dans ce document*, la partie concernant la réforme bancaire :

- Un engagement solennel de François Hollande

- Un projet de loi a minima

- Un Président de la République et un gouvernement sous l’influence du lobby bancaire et de la technostructure

- Quand Pierre Moscovici, ministre de l’économie et des finances, appelle le Parlement à ne pas « moraliser » le secteur bancaire

- Un danger pour la démocratie

 

La réforme bancaire

 

Un engagement solennel de François Hollande

 

Le 22 janvier 2012, dans son discours du Bourget, François Hollande déclarait : "Maîtriser la finance commencera ici par le vote d'une loi sur les banques qui les obligera à séparer leurs activités de crédit de leurs opérations spéculatives." Une promesse détaillée dans un entretien au Nouvel Observateur : "Je veux séparer au sein de chaque établissement les activités de crédit, de dépôt et celles dites de spéculation. Il n'y a pas besoin de séparer les établissements. Des produits financiers seront interdits : les CDS [crédit default swap] à nu et les produits détachés de l'économie réelle. Aucune activité de placement spéculatif ne pourra être financée à partir des dépôts des Français."

 

Dans le septième de ses 60 engagements de candidat (voir les-60-engagements-pour-la-france-de-francois-hollande), il promettait de s'attaquer aux banques en les surtaxant de 15 % et en séparant le bon grain de l'ivraie (les activités utiles des opérations spéculatives). C’est en grande partie sur cette promesse, celle d’une réappropriation collective de la finance au service de l’intérêt général, que François Hollande est parvenu à constituer une majorité autour de sa candidature, ce qui l’a porté à la Présidence de la République en mai 2012.

C’est cette volonté d’une réappropriation collective de la finance au service de l’intérêt général qui constitue le « ciment » qui rassemble les organisations associatives et syndicales, membres du Collectif « Pour un Pôle public financier au service des Droits ».

 

« Mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance », clamait François Hollande dans une formule restée comme le marqueur de sa campagne. Un an plus tard, que reste-t-il de cette volonté de réformer le secteur bancaire à l’origine des crises de ces dernières années ?

L'axe central proposé par le candidat Hollande était d’obliger les banques à ne plus mélanger leurs deux grands métiers : financer l'économie réelle grâce au crédit et aux comptes des particuliers, d'une part ; placer de l'argent des spéculateurs sur les marchés financiers à leurs risques et périls, d'autre part.

 

Un projet de loi a minima

 

En réalité le projet de loi présenté par le gouvernement et adopté par le Parlement ne sépare quasiment pas les activités de banques de crédit et de dépôt avec les activités des banques de marché. La majorité parlementaire, après avoir fait mine de se rebeller, est rentrée – comme toujours – dans le rang. Ce qu'a d'ailleurs reconnu le porte-parole du groupe PS à l’Assemblée nationale, Thierry Mandon. Interrogé par Le Monde, mercredi 6 février, il assurait : "Il y a eu quelques crises d'acné [mais] on a appelé à la sagesse. Il n'y aura pas de psychodrame. Les amendements acceptés resteront cosmétiques. On n'a pas la volonté de charger la barque des banques".

 

Un Président de la République et un gouvernement sous l’influence du lobby bancaire et de la technostructure

 

Effectivement la barque des banques n’a pas été chargée. Dans les semaines qui ont suivi le discours du Bourget, avant même les élections présidentielles, le patronat bancaire soutenu par le Gouverneur de la Banque de France et la direction du Trésor (dont tous les responsables, nommés par le pouvoir Sarkoziste, ont été maintenus en place) ont fait le siège des principaux dirigeants du Parti socialiste et sont parvenus à leur fin : vider de sa substance l’engagement solennel pris par le Président de la République vis-à-vis de nos concitoyens.

Dès le 8 novembre 2012, et alors que le texte élaboré par le gouvernement n’est pas encore connu, Frédéric Oudéa, patron de la Société générale « se félicite de la bonne compréhension du gouvernement », révèle L’Express.

 

Encore déterminée, Karine Berger, députée PS nommée rapporteur du projet, promet que le Parti socialiste imposera « la réforme structurelle dont ils ne veulent pas ». Mais, selon L’Express, le directeur du Trésor, Ramon Fernandez, aurait « laissé entendre que les modalités d’application, sujet trop technique, pourraient relever du superviseur, l’Autorité de contrôle prudentiel (ACP), et non pas du débat législatif ».

 

Au final, le projet de loi bancaire français apparaît à de nombreux observateurs comme le pire de tous. Il «cumule les faiblesses de tous les projets existants» à l'étranger, juge le chercheur Gaël Giraud. Il est qualifié de « non-réforme bancaire » par Attac. Dans un entretien au Monde du 18 décembre 2012, Thierry Philipponnat, secrétaire général de l'association internationale Finance Watch, a critiqué le projet de loi de réforme bancaire. Pour l'ex-banquier spécialiste des produits financiers complexes –ancien d'UBS, BNP Paribas et Euronext, il s’agit d’un projet « en trompe l’oeil » et il ajoute : « Le président de la République, François Hollande, avait promis d'isoler les activités de crédit des activités spéculatives. Le texte parle désormais d'isoler les activités utiles à l'économie des activités spéculatives. Quel glissement sémantique ! Sous l'apparence du bon sens – l'utilité –, on a vidé la réforme de sa substance. »

 

Le 20 décembre 2012, le président du directoire de la BPCE, François Pérol, estimera que la réforme bancaire envisagée par le gouvernement était une «bonne réforme », ce qui surprendra certains observateurs. On comprendra mieux quelques semaines plus tard. En effet, le 30 janvier 2013, devant la Commission des finances de l’Assemblée nationale, Frédéric Oudéa, PDG de la Société générale, reconnaîtra l’évidence : la loi bancaire préparée par Bercy impactera moins de 1% de l’activité bancaire. Une goutte d’eau dans l’océan des profits bancaires.

 

Quand Pierre Moscovici, ministre de l’économie et des finances, appelle le Parlement à ne pas « moraliser » le secteur bancaire

 

Le 26 février 2013, devant la commission des Finances du Sénat, Pierre Moscovici déclarait : « Le Gouvernement avait proposé un plafonnement des frais pour les populations fragiles : c'était ma préoccupation centrale. L'Assemblée nationale a étendu ce plafonnement à tous les clients et à toutes les commissions d'intervention. A vous d'intervenir, sachant qu'il s'agit d'un enjeu économique important pour les banques : le chiffre de 1,8 milliard d'euros, qui a été évoqué, est le bon. On peut déplorer cette structure de financement, quoique notre rôle ne soit pas de porter des jugements moraux mais de nous assurer que le système financier fonctionne. Ayons aussi en tête la situation de l’emploi. Je vous invite à chercher un équilibre respectant l’objectif du Gouvernement. Un plafond unique risque d’être trop bas pour certains et trop haut pour d'autres : mieux vaut laisser la détermination des montants à la discrétion du pouvoir réglementaire. »

 

Pierre Moscovici obtiendra satisfaction sur ce point et le Sénat adoptera, à son tour, en première lecture le projet de loi, improprement appelé, de séparation et de régulation des activités bancaires, qu'il a durci notamment en matière de paradis fiscaux et de rémunération des banquiers.

Un mois auparavant, Pierre Moscovici publiait sur son blog personnel : Mon interview dans le Monde : « Nous sommes les premiers à entreprendre pour moraliser la finance ».

Sans commentaire …

 

Un danger pour la démocratie

 

Les banquiers français ont fait feu de tout bois pour empêcher une mise en cause de leur modèle économique. Les dispositions arrêtées par le gouvernement leur ont donné satisfaction. C'est une régulation a minima des activités spéculatives qui a été finalement avalisée par le Parlement.

 

Une micro régulation qui ne garantit absolument pas que demain il ne soit pas fait à nouveau appel au contribuable pour renflouer le secteur bancaire qui n’a été quasiment en rien découragé dans ses activités spéculatives. Dans son interview au Monde du 18 décembre 2012, M. Philipponat déclarait à propos des banques françaises : « Ce n'est pas parce que les banques ont résisté par le passé à un choc financier, qu'elles résisteront toujours. Quand un système fait faillite, ce sont deux générations de contribuables qui paient la facture. On le voit au Royaume-Uni, où la dette publique a augmenté de 50 % après le sauvetage des banques en 2008-2009. »

 

Cette absence de contrôle du secteur bancaire s’inscrit dans un cadre qui fragilise l’économie mondiale et la cohésion économique et sociale de notre pays avec les conséquences absolument désastreuses que l’on connaît : 

 

- resserrement du crédit au détriment de l’économie réelle et de la satisfaction des besoins économiques, sociaux et environnementaux,

- augmentation du chômage et de la précarité,

- priorité absolue accordée aux politiques d’austérité afin de satisfaire les attentes des marchés financiers,

- renoncement aux idéaux de justice et de progrès social qui constituent les fondements historiques et idéologiques des partis de la gauche gouvernementale,

- sentiment d’abandon voire de trahison des électeurs et des forces sociales qui ont permis l’alternance politique (présidentielles et législatives de 2012) ce qui ouvre vraisemblablement la voie à de futurs choix très éloignés des valeurs républicaines.

 

Avoir laissé le patronat bancaire, la direction du Trésor et le Gouverneur de la Banque de France, tous dépourvus de légitimité démocratique, dicter au Président de la République et au gouvernement le projet de loi qui a été présenté et validé par le Parlement, constitue incontestablement une capitulation en rase campagne devant le lobby financier et une faute politique gravissime, très lourde de conséquences économiques, sociales et politiques.

 

Rappel : Collectif pour un Pôle public financier et Crédit Immobilier de France - 3 mai 2013

Réforme bancaire : elle a été votée sans opposition par le Sénat - 22 mars 2013 

 

Cet article est le 120ème paru sur ce blog dans la catégorie Travail Economie

 

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3 mai 2013 5 03 /05 /mai /2013 18:26

L’extinction du CIF repose sur un « mensonge d’Etat »

 

Le Collectif * « Pour un Pôle public financier au service des Droits ! », qui comprend de nombreuses organisations syndicales favorables à la mise en place d’un Pôle public financier, vient de publier ses réflexions concernant l’action du président de la République au premier anniversaire de son entrée à l’Elysée.

Voir Le Pôle public financier fait le bilan de la première année de Hollande - 2 mai 2013.

 

* Notre collectif est, pour une grande part, le successeur d’un autre collectif : le collectif « Pas touche au Livret A ! » qui s’est mobilisé, en 2007 et 2008, contre la banalisation de ce livret et pour le financement du logement social. Ce collectif était lui-même issu de l’intersyndicale du secteur semi-public économique et financier créée en octobre 1995, qui, forte d’une trentaine d’organisations syndicales, a porté pendant près de 15 ans une revendication unique : la mise en place d’un pôle public financier.

Cette intersyndicale a lutté au côté des personnels de différents établissements contre les logiques de démantèlement mises en œuvre par différents gouvernements : tentative de liquidation du Crédit Foncier de France, abandon du statut à « but non lucratif » des Caisses d’épargne, tentative de filialisation des activités et de démantèlement du statut du personnel de l’IEDOM, restructuration du réseau de la Banque de France …

Ces logiques sont toujours à l’oeuvre : absence de toute garantie sur l’avenir du personnel de DEXIA aujourd’hui en faillite, plan de réduction de 12% des effectifs du Crédit foncier, suppression programmée de 2 500 emplois à la Banque de France, projet en suspens de filialisation des activités de l’Agence française de développement en Outre-mer …

 

Voici, dans ce document, la partie concernant l’accession sociale à la propriété et le dossier du Crédit Immobilier de France** :

- L’extinction du CIF repose sur un « mensonge d’Etat »

- Un adossement provisoire du CIF auprès de la CDC est réalisable

- Nos autres propositions en matière de financement de l’accession sociale à la propriété

 

L’accession sociale à la propriété et le dossier du Crédit Immobilier de France

 

La politique d’accession sociale à la propriété menée par un gouvernement constitue un indicateur pertinent de la mesure de sa volonté politique de faire face à la crise gravissime du logement qui sévit dans notre pays depuis un quart de siècle.

A cet égard, la politique suivie par le gouvernement dans le traitement du dossier du Crédit Immobilier de France (CIF) nous semble révélatrice d’un certain nombre de dérives qui portent gravement atteinte à l’intérêt public.

 

À la suite de la crise financière des années 2008 et de sa dégradation par l'agence Moody's, le CIF s’est trouvé à court de liquidités à l'été 2012. En effet, cette banque qui finance des prêts immobiliers pour des particuliers, souvent aux revenus modestes, trouvait ses ressources dans des emprunts sur le marché privé mondial des capitaux. Le 1er septembre 2012, l'État français a annoncé qu'il apportait une garantie à hauteur de 20 milliards d'euros aux créanciers de la banque, pour un portefeuille de 33 milliards de prêts. Ceci permet d’éviter la banqueroute du CIF mais également toute recherche réelle et sérieuse de responsabilité dans ce désastre financier.

 

Nul ne conteste que le modèle de financement du CIF, qui a parfaitement fonctionné durant des décennies, ait reçu un coup fatal suite à la crise financière mondiale mais comment ne pas voir que l’extinction programmée du CIF, en charge d’une véritable mission d’intérêt général (le prêt en accession sociale à la clientèle modeste et très modeste) remplit d’aise à la fois le patronat bancaire, le Gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, et le directeur du Trésor, Ramon Fernandez. Ce dernier, nommé par Nicolas Sarkozy, a été maintenu en place dans un seul but : rassurer les marchés financiers, première priorité du gouvernement.

 

Ce maintien, ainsi que celui de quelques autres grands responsables de la haute administration de Bercy, a un prix : la possibilité offerte à de hauts dirigeants de la technostructure de s’opposer ou de freiner un certain nombre de réformes. Ainsi, la direction du Trésor a mis tout son poids dans la balance pour que le projet de loi de régulation et de séparation des activités bancaires soit vidé de l’essentiel de sa substance. Ce maintien permet de poursuivre les dossiers de restructuration programmés avant l’alternance. Ainsi en est-il du dossier de démantèlement du réseau de la Banque de France basé uniquement sur une approche RGPP (suppression de 2 500 emplois par non remplacement d’un départ sur 2 d’ici 2020) sans aucune étude d’impact sur le rôle que ce réseau joue en matière de cohésion sociale (environ 200 000 dossiers de surendettement traités chaque année – statistiques des commissions de surendettement de 1990 à 2012) et de soutien à l’emploi (293 444 emplois sauvegardés, au travers de la mission de médiation du crédit, de fin novembre 2008 à fin 2012).

Abandonné à son sort par la direction du Trésor et la Banque de France, la direction du CIF a recherché en vain et tardivement une solution d’adossement auprès d’un établissement plus puissant. Le renoncement de La Banque Postale, candidate déclarée, a scellé le sort du CIF. Et si la Banque postale a accepté de se lancer dans l’activité de prêt à l’accession sociale, elle ne cache pas qu’elle ne s’adressera pas, comme l’a fait le CIF durant des décennies, à la clientèle modeste et très modeste (Voir à ce propos l’interview du 16 octobre 2012 de Thierry Bert, ancien délégué général de l’Union sociale pour l’Habitat – USH)

 

L’extinction du CIF repose sur un « mensonge d’Etat »

 

Pour justifier la mise à mort du CIF à travers une extinction programmée, Pierre Moscovici, ministre de l’Economie et des Finances a indiqué au parlement et à la presse qu’il s’agissait là d’une exigence de Bruxelles qui imposerait une telle contrepartie dès lors qu’un Etat accorde sa garantie à un établissement financier. (Voir Le Monde du 22 janvier 2013)

 

Nous savons aujourd’hui qu’il s’agit de ce qu’il convient d’appeler un pur « mensonge d’Etat ». Comme le souligne, sur son site institutionnel, l’Union sociale pour l’Habitat, c’est-à-dire l’ensemble du mouvement HLM (qui entretient des rapports étroits et historiques avec le CIF au travers notamment de ses actionnaires) : « CIF : Paris instrumentalise Bruxelles, Almunia riposte » puisqu’au nom du Collège des Commissaires européens, le Vice-président de la Commission européenne, Joaquin Almunia, a démenti formellement toute décision de l’exécutif européen d’extinction du CIF et de licenciement de ses 2500 collaborateurs.

 

Faut-il rappeler qu’en 1994, lorsque le Crédit Foncier de France (CFF) fut frappé de plein fouet par l’explosion de la bulle immobilière en France et la perte d’un monopole sur les prêts aidés, puis sanctionné par une baisse de sa notation (par S&P et Moody’s…), le gouverneur de la Banque de France de l’époque, Jacques de Larosière, fit face à la crise de liquidité du CFF en convoquant les banquiers parisiens et en les priant, au nom de la solidarité de place, de renflouer le CFF ? Le CFF sera ensuite adossé à la Caisse des dépôts et consignations (CDC), qui avancera la somme de 20 milliards de francs. Puis restructuré et finalement cédé aux Caisses d’épargne (il est aujourd’hui une des filiales de BPCE et est dirigé par l’inspecteur des finances Bruno Deletré, un des principaux responsables du désastre Dexia).

 

Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas mobilisé la CDC ? Nul n’ignore, au sein même de cette institution, que plusieurs dirigeants ont travaillé sur un schéma de soutien au CIF. Mais ce schéma ne pouvait être débattu avec la direction du CIF que si une demande, en bonne et due forme, était produite par Bercy - qui a préféré, comme nous l’avons vu, le schéma de l’extinction progressive

 

Un adossement provisoire du CIF auprès de la CDC est réalisable

 

Afin de régler au mieux la situation du Crédit Immobilier de France, rien n’interdisait et rien n’interdit encore d’envisager, à titre provisoire, un adossement à la CDC en s’appuyant, là encore à titre provisoire, sur une partie des ressources dégagées par l’augmentation du plafond du Livret A et la restitution à la CDC de la totalité de sa collecte. C’est sur cette perspective que se sont mobilisés non seulement les syndicats du CIF et de la CDC, dans une déclaration commune mais également l’Union sociale pour l’Habitat. Ceci afin de ménager une période de répit permettant de trouver une solution de financement de long terme et une probable évolution de l’actionnariat.

Si rien n’est fait en ce sens, ce sont, dans les mois à venir, de 1500 à 1800 emplois sur un effectif de 2500 qui disparaîtront purement et simplement. Le Président de la République et le gouvernement ont décrété que l’emploi est leur priorité. Mais l’est-il vraiment ? Nous considérons comme particulièrement hypocrite la déclaration de Monsieur Ramon Fernandez, directeur général du Trésor, selon laquelle l’emploi des salariés du CIF constituait « un sujet qui vient au tout premier rang des préoccupations du Gouvernement » (déclaration de l’intéressé, du 22 octobre 2012, devant la Commission des Finances de l’Assemblée nationale)

 

La disparition du CIF, en tant qu’établissement prêteur, affecterait durement sa clientèle modeste et très modeste dans un contexte de resserrement général du crédit, et plus particulièrement du crédit immobilier.

Les projets immobiliers de cette clientèle ne seront plus réalisables et réalisés puisque la norme dans le secteur bancaire classique est d’exiger aujourd’hui 20% d’apport minimum pour un prêt immobilier. On estime que ce nouveau critère a entraîné la division par 2 du nombre de primo-accédants. 250 000 foyers auraient déjà été mis sur la touche dans leur projet immobilier. Cela a d’importantes répercussions sur l’accès au logement et sur l’emploi dans le bâtiment. Une fois de plus, le logement et l’emploi sont-ils vraiment les priorités des pouvoirs publics ?

Si tel est bien le cas, le CIF qui dispose de quelques mois** (jusqu’en septembre 2013) pour bâtir un projet lui permettant de se projeter dans l’avenir doit recevoir le soutien plein et entier du gouvernement.

 

Nos autres propositions en matière de financement de l’accession sociale à la propriété :

 

- Soutien de l’accession dans l’ancien, accompagné de travaux de mise aux normes énergétiques, dès l’achat.

- Les prix des logements neufs, très élevés, sont peu accessibles aux primo-accédants, surtout s’ils ont des ressources peu élevées (manque d’apport, début de vie professionnelle ou/et familiale).

- La palette d’offre est plus vaste dans l’ancien : surfaces réduites, pas d’ascenseur, et offre des prix plus accessibles. Les remboursements de mensualités sont de fait proches d’un loyer.

- La réintroduction d’un PTZ dans l’ancien conditionné par des travaux d’économie d’énergie, qui seraient financées en agrégeant l’Eco-PTZ, pourrait faciliter l’accession des ménages les plus modestes et rénover le parc existant. Les travaux visant à la rénovation énergétique doivent être majeurs, car on doit éviter les opérations d’accession avec travaux lourds, autres, dont les budgets sont difficilement maîtrisables. Une quotité de 25 % maximum de travaux pourrait être instaurée, avec un minimum de 10 % pour les économies d’énergie.

- La maîtrise anticipée des besoins permet aussi de maîtriser et mesurer la consommation énergétique future.

- Il faut noter également, pour l’ancien, un montant d’Aide personnalisée au logement inférieur à l’Allocation-logement, réduisant de fait le coût de l’aide à l’accession.

- Nous regrettons actuellement, la majoration TVA qui pénalise le secteur de l’accession du neuf, ainsi que l’utilisation de l’Eco-PTZ, puisqu’une TVA majorée peut-être pénalisante alors que la remise aux normes devrait être particulièrement incitée. En matière d’Eco-PTZ, nous militons pour que la certification soit déléguée à des Organismes, type PROMOTELEC ou à des architectes, déjà habilités pour la certification RT2012.

 

** Voir Crédit Immobilier de France : 6 mois pour se restructurer si l'Etat le veut - 24 fév. 2013

 

Cet article est le 34ème sur ce blog dans la catégorie Le logement

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