Blanc + rouge = rosé (à la place de Bleu blanc rouge)
On peut s’étonner que la France ne se soit pas opposée au projet de réforme sur les pratiques œnologiques que la Commission européenne* avait soumis pour avis, fin janvier 2009, aux 27 Etats membres de l’UE (lire l’article de Philippe Brochen, paru le 13 mars sur le site de Libération : la France ne s'était pas opposée à la réforme).
Sous la présidence Sarkozy, notre pays a fait son retour dans l’atlantisme (l’OTAN) et dans l’européisme (c’était un slogan de la campagne électorale en 2007 « La France revient en Europe »).
Le ministre de l’agriculture et de la pêche, Michel Barnier, pressenti pour un nouveau poste de commissaire européen, est un inconditionnel de cette idéologie qui place les institutions européennes au-dessus des intérêts nationaux.
Il n’a rien trouvé à redire au projet de réglementation européen autorisant le mélange de vin blanc et de vin rouge pour faire du rosé. Pratique actuellement interdite dans l’UE, à de rares exceptions près, comme pour le champagne.
Sur le site de Libération, nous apprenions le 6 avril (voir Vin rosé: Bruxelles diffère l'autorisation de coupage) que c’est seulement le 29 mars que le ministre s'opposait au compromis proposé par Bruxelles et validé par la quasi-totalité des pays de l'UE, qui prévoit que le rosé français bénéficie d'un étiquetage spécifique de «vin traditionnel» pour le distinguer des produits issus de simples mélanges.
La décision est différée au 19 juin, mais il ne fait aucun doute que la France s’alignera, une fois de plus. C’est une hérésie, significative de la soumission européenne aux lobbies du commerce du vin.
Je propose deux articles de presse provençaux, qui apportent leur éclairage de l’évènement :
Le rosé coupé menace le vrai rosé (Libé Marseille, 7 avril)
En Provence, les producteurs de rosé voient rouge (Rue89 Le Ravi, 17 avril).
Ajoutons-y l’article de Périco Légasse, le 17 mars, sur le site de Marianne, qui commence ainsi « En autorisant la production de rosé par assemblage de vin blanc et rouge, la Commission de Bruxelles commet un sacrilège bachique. Mais attention, une hypocrisie peut en cacher une autre (…) ». A lire sur Europe du vin: rouge plus blanc, tout fout le camp !
Pour terminer sur une note plus optimiste, je signale le DVD que m’a offert mon viticulteur préféré, Florent Girou : Les Voix du Terroir.
Les Voix du Terroir - Film de Florent GIROU et Etienne BESANCENOT
"Cep d'Or" au festival Oenovideo 2007 - Catégorie du meilleur film destiné aux professionnels
Diplômés d'œnologie (Agro Montpellier), Etienne Besancenot et Florent Girou² ont parcouru le monde, de mars à décembre 2005, à la recherche de la notion de terroir : 160 personnes rencontrées pendant cinq mois de tournage dans 6 pays : Chili, Argentine, Brésil, France, Australie et Nouvelle-Zélande. Au final, une vingtaine d'entretiens retenus au montage (…).
² Florent GIROU (28 ans) est agronome et oenologue ; il produit de l'AOC Rosette sur les 12 ha du domaine familial de château Combrillac à Prigonrieux (près de Bergerac).
Voir aussi Les voix du terroir (Etienne Besancenot, Florent Girou) et son site Dordogne : Château Combrillac, Produits de la ferme, prigonrieux ....
Sur ce site, je recommande le film Mondovino, un film de Jonathan Nossiter.
* Voir, sur ce blog Viticulture en crise de surproduction et Europe - le point de vue de Raoul Marc JENNAR - 26 novembre 2006
Cet article est le 123ème paru sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.