Le ministre de l’agriculture a contrarié les céréaliers
Le ministre de l’agriculture et de la pêche, Michel Barnier, s’était engagé à modifier le dispositif d’aides publiques européennes aux agriculteurs, ce qui était demandé de tous côtés, sauf de celui des producteurs de céréales, bénéficiaires du système (voir, sur ce blog PAC : en retard, la France s'engage dans une réorientation des aides - 23 février 2009 - et sur le site d’Euractiv.fr, le 24 février : Barnier présente la version française du bilan de santé de la PAC ...).
Un rééquilibrage des aides par système d’exploitation a été constaté dans une étude de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) - voir Plan Barnier / étude Inra - Le rééquilibrage des aides par système ..., 23 mars.
Le quotidien régional Ouest-France a publié plusieurs articles relatant le mécontentement des céréaliers et la satisfaction des éleveurs d’ovins et de bovins nourris principalement à l’herbe.
Les céréaliers chahutent le congrès de la FNSEA (2 avril)
La FNSEA n'a pas explosé au congrès de Poitiers (3 avril)
Pac : « Michel Barnier est resté au milieu du gué » (Confédération Paysanne Bretagne, 16 avril)
Les moutonniers en choeur : merci M. le Ministre (17 avril)
Le syndicat le plus représentatif des agriculteurs, la FNSEA, s’est profondément divisé (voir, sur ce blog Sarkozy : une loi pour l'agriculture avant le démantèlement de la PAC - 19 février 2009).
Toutefois, le président d’Orama (qui regroupe les producteurs spécialisés de céréales, maïs grain et graines oléagineuses et protéagineuses), Philippe Pinta, écarte les perspectives de scission. Il regrette que la FNSEA n’ait pas pris le temps de mieux étudier, en interne, le point de vue des céréaliers. « Puisqu’il n’y avait pas de position claire, le ministre a joué la division. La pire des choses serait de perdre l’unité professionnelle » (L’Avenir agricole*, 17 avril).
Orama Ile-de-France s’est fait remarquer par sa capacité à organiser des manifestations, ce qui lui a valu d’être reçu par le président de la République et d’obtenir 170 millions d’euros de crédits européens et nationaux pour les céréaliers, notamment pour l’installation des jeunes (Michel Barnier, L’Avenir agricole*, 3 avril).
Accusé de mettre le feu à l’agriculture, le ministre de l’agriculture a réagi en affirmant qu’il a mis de la justice. Son argument : le revenu d’un céréalier est, en moyenne, trois fois supérieur à celui d’un éleveur bovin, voire quatre fois plus élevé que celui d’un éleveur ovin.
Jean-Claude Guesdon, économiste à l’Institut de l’Elevage (L’Avenir agricole*, 27 mars), intervenait lors de l’assemblée générale du groupement bovin de la Coopérative des Agriculteurs de la Mayenne (CAM 53).
« Votre avenir est plus lié à la casse des mécanismes d’intervention et des quotas laitiers qu’aux primes PAC » a-t-il dit aux producteurs. Aujourd’hui, la viande européenne est encore protégée, mais « le directeur de l’OMC Lamy veut laminer cette digue de protection aux frontières ». Si on dérégule tout, « on peut craindre que le modèle cyclique du porc ne se généralise pour la viande bovine et le lait ».
Rappelons qu’en France, la production de viande bovine est inférieure de 7% à la consommation.
* L’Avenir agricole, hebdomadaire d’informations générales agricoles et rurales, dont le siège est à Laval, couvre les départements de la Mayenne, de la Sarthe, du Maine-et-Loire et de la Loire-Atlantique.
Cet article est le 122ème paru sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.