Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
Pas de haine, pas besoin de réconciliation entre français et allemands
Lors des cérémonies du 40ème anniversaire de jumelage entre Wehingen et Saint-Berthevin, le 23 mai à Wehingen (voir Jumelage entre Wehingen et Saint-Berthevin : une belle oeuvre d'art - 25 mai 2009), l’émotion a été forte pendant les interventions de Jean Chauvin, au monuments aux morts, et de Bernard Le Godais, au cours des allocutions officielles de la soirée.
Bernard Le Godais a évoqué les raisons de son engagement militant pour l’Europe
Le co-fondateur du jumelage avait tenu à participer à l’évènement, malgré des difficultés physiques handicapantes.
Son fils, Philippe Le Godais, a prononcé son discours, lequel a été remarquablement traduit par Erich Mayer*.
Jean Chauvin*, au monument aux morts, a relaté des faits qui le touchent personnellement
Ces faits concernent son père, Auguste Chauvin
Voici le texte de son intervention, en français, puis en allemand :
JUMELAGE SAINT-BERTHEVIN WEHINGEN
40e anniversaire samedi 23 mai 2009
Monument aux morts de Wehingen
Chers amis,
Pardonnez moi de ne pas m'exprimer aujourd'hui en qualité de Président du Comité de Jumelage, mais je souhaite vous faire part de quelques pensées personnelles.
Comme beaucoup le savent déjà, je fais partie des victimes du nazisme. Mon père, Auguste Chauvin, résistant français, a été arrêté et torturé par la police française de Vichy, condamné par un tribunal nazi et fusillé avec 31 Français et 5 Espagnols par la Wehrmacht en 1943.
Comme Fernand Zalkinov, résistant juif d'origine russe, fusillé à 19 ans, il aurait pu écrire : « Je ne ressens aucune haine contre qui que ce soit ».
Comme Guido Brancadoro, résistant d'origine italienne, fusillé à 20 ans il aurait pu écrire:« Ce sont les Français qui me livrent, et je crie « Vive la France », les Allemands m'exécutent et je crie « Vive le peuple allemand et l'Allemagne de demain ».
J'entends souvent parler de « réconciliation» à propos des jumelages franco-allemands. Comme beaucoup de Résistants et enfants de Résistants, je n'ai jamais eu besoin de me réconcilier avec les Allemands. Nous avons toujours su qu'il y avait eu des opposants allemands au régime nazi. C'est pour eux d'ailleurs qu'a été créé dès 1933 le premier camp de concentration à Dachau.
Ils ont, pour moi, sauvé l'honneur de l'Allemagne, comme les Résistants français ont sauvé l'honneur de la France. Quant aux dictateurs, aux tortionnaires et aux bourreaux, ils n'ont jamais demandé pardon. Il n'y a donc pas de réconciliation possible avec eux.
Et lorsque je lis que le 13 février dernier, 5000 manifestants ont défilé à Dresde se réclamant du souvenir des SS, lorsque je lis que des slogans nazi ont été proférés en Autriche devant le camp de Mauthausen, mon sang se glace et j'en appelle à la vigilance «pour ne plus jamais revoir cela».
Devant ce monument, je souhaite dédier ces instants de recueillement à toutes les victimes de toutes les guerres et de toutes les dictatures, avec une pensée particulière pour tous ceux qui se sont battus pour les Droits de l'Homme et pour notre liberté.
PARTNERSCHAT SAINT-BERTHEVIN WEHINGEN
40.Jubiläum samstag 23. mai 2009
Ehrenmal Wehingen
Liebe Freunde,
Erlauben Sie mir, dass ich heute nicht in meiner Eigenschaft als Vorsitzender des Partnerschaftskomitees spreche. Ich möchte Ihnen vielmehr ein paar persönliche Gedanken vortragen.
Wie viele auch unter Ihnen wissen, gehöre ich zu den Opfern des Nationalsozialismus.
Mein Vater, Auguste Chauvin, wurde als französischer Widerstandskämpfer von der französischen Polizei des Vichy-Regimes verhaftet und gefoltert, von einem Nazi-Tribunal verurteilt und 1943 mit 31 Franzosen u nd 5 Spaniern von der Wehrmacht erschossen.
Wie Ferdinand Zalkinov, ein jüdischer Widerstandskämpfer russischer Herkunft, erschossen mit 19 Jahren, hätte er schreiben können: „Ich empfinde keinen Hass gegen irgend jemanden“.
Wie Guido Brancadoro, ein Widerstandskämpfer italienischer Herkunft, erschossen mit 20 Jahren, hätte er schreiben können: „Die Franzosen haben mich ausgeliefert und ich rufe: „Es lebe Frankreich“, die Deutschen richten mich hin und ich rufe: „Es lebe das deutsche Volk und das Deutschland von morgen“.
Wenn man über die deutsch-französischen Partnerschaften redet, höre ich oft das Wort „Versöhnung“. Wie viele Widerstandskämpfer und Kinder von Widerstandskämpfern brauchte ich mich nie mit den Deutschen zu versöhnen. Wir wussten immer, dass es deutsche Gegner des Nazi-Regimes gab. Für sie wurde übrigens schon 1933 das erste Konzentrationslager in Dachau errichtet. Sie haben für mich die Ehre Deutschlands gerettet, wie die französischen Widerstandskämpfer die Ehre Frankreichs gerettet haben. Die Diktatoren, die Folterer und die Henker haben nie Vergebung verlangt. Mit ihnen kann es deshalb keine Versöhnung geben.
Wenn ich lese, dass am vergangenen 13. Februar 5000 Demonstranten durch die Straßen Dresdens gezogen sind und sich bei ihrem Marsch auf das Andenken an die SS berufen haben,
Wenn ich lese, dass in Österreich vor dem Lager Mauthausen laut Naziparolen verkündet werden,
dann stockt mir das Blut in den Adern, und ich rufe zur Wachsamkeit auf, damit so etwas nie wieder geschieht.
Vor diesem Denkmal möchte ich diese Augenblicke der inneren Sammlung allen Opfern aller Kriege und aller Diktaturen widmen, mit einem besonderen Gedenken all jener, die für die Menschenrechte und unsere Freiheit gekämpft haben.
Erich Mayer* (à gauche) et Jean Chauvin*
lors d'une visite le 22 mai à Wehingen
Cet article est le 47ème paru sur ce blog dans la catégorie France et Europe.