Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
La question de la fin de l’étalon-dollar reste taboue
La seule question importante, à l’origine de tous les problèmes financiers du monde capitaliste, est celle du rôle du dollar, en tant que monnaie étalon du système monétaire international. La France et l’Allemagne ne l’ont pas posée à Londres, lors de la réunion du G20. C’est la preuve qu’elles ne veulent pas s’attaquer aux causes du mal.
Telle est la thèse défendue avec opiniâtreté par Edouard Husson, historien, le 5 avril, dans sa chronique « Ma semaine allemande » sur le site de Marianne (voir aussi Le blog d'Edouard Husson).
Merkel et Sarkozy ont raté le rendez-vous de Londres
Vendredi 3 avril - Frivolité française et frilosité allemande
Il ne faut pas se fier aux apparences. A lire le communiqué du G20, il n'y a pas de quoi pavoiser pour l'Europe. Et surtout pas pour la France et l'Allemagne. Les deux pays ne font en effet que manifester ensemble à la face du monde qu'ils sont sortis de l'histoire. Le sommet de Londres aurait pu être historique mais Nicolas Sarkozy et Angela Merkel sont sans doute les deux responsables qui auront le plus contribué à son échec. Ils ont opté ensemble pour l'insignifiance. Ils ont laissé à la Chine et à la Russie le soin de poser la seule question intéressante, celle de la refondation du système monétaire international et de la fin de l'étalon-dollar. Ils ont préféré dénoncer les symptômes de la maladie économique mondiale que s'attaquer aux racines du mal.
Les paradis fiscaux, les dérèglements de la finance internationale, le crédit incontrôlé ont la même origine : la fabrication monétaire inconsidérée rendue possible depuis des années par le système de l'étalon-dollar.
Depuis qu'ils ont aboli le lien entre le dollar et l'or, en 1971, les Etats-Unis ont eu la possibilité de s'endetter sans contrôle, sous prétexte qu'ils fournissaient à l'économie mondiale les liquidités dont elle avait besoin. Les bons du trésor américains ont été le support de la croissance monétaire mondiale en même temps que la garantie du crédit apparemment illimité que s'octroyaient les Etats-Unis.
Produisant toujours moins par elle-même, dépensant de plus en plus pour sa défense et important toujours plus, l'économie américaine a pu défier les lois de l'économie pendant plusieurs décennies grâce à l'attirance qu'elle exerçait sur les capitaux étrangers, du fait de la dérégulation quasi-totale de son système financier et de la croyance insufflée aux élites de la planète en la supériorité absolue de l'American way of life. C'est ce système qui est en train de s'effondrer.
La Chine est angoissée à l'idée de voir se déprécier les bons du trésor américain dont elle détient plus de mille milliards de dollars. La Russie voit bien les conséquences des variations de change du dollar pour le montant de ses revenus pétroliers. Les deux grands pays qui ont tâté du communisme au XXè siècle sont vaccinés en matière d'utopie et de manipulation monétaire.
Evidemment, on peut juger que les deux pays ne vont pas assez loin : les droits de tirage spéciaux du FMI ou le panier de monnaies qui nous sont présentés comme des solutions ne résoudront rien tant qu'on ne remettra pas des biens réels (or, argent, platine) dans la définition des instruments monétaires.
Les responsables du G20 ont dépensé des millions de dollars pour un sommet qui rend plus probable l'aggravation de la crise. Cependant, sachons gré à Moscou et à Pékin d'avoir, avant le sommet, posé la seule question importante, celle de l'instrument monétaire mondial.
On aurait pu s'attendre à ce que la France et l'Allemagne les rejoignent dans l'exigence commune d'une réforme du système monétaire. Après tout, les deux pays fondateurs de l'euro n'ont pas intérêt à ce que la montée de son cours par rapport à celui du billet vert finisse par asphyxier les sociétés européennes qui souffrent déjà énormément de l'euro cher.
Mais, que les Américains se rassurent, ils peuvent dormir sur leurs deux oreilles - en attendant l'effondrement de leur monnaie. Peut-être même obtiendront-ils un répit si l'euro éclate suite à une ou plusieurs graves crises sociales. En tout cas, ni Paris ni Berlin ne se joindront à Moscou et Pékin pour exiger la substitution au dollar d'un étalon monétaire qui ne soit plus une monnaie nationale.
Nul besoin de s'étendre sur l'incorrigible futilité du président français, uniquement obsédé par la popularité de Barack Obama. La fausse Gründlichkeit (un mot bien plus fort que le «sérieux» français) de Madame Merkel est, si l'on y réfléchit bien, plus inquiétante encore. Le chancelier allemand expliquait doctement, en début de semaine, au Financial Times que trop de liquidités ont tué la confiance dans le crédit. Bravo Madame ! Mais ne pas en tirer publiquement la conclusion qu'il faut refonder le système monétaire international et se contenter de prôner plus de rigueur monétaire revient à peu près au même que de prêcher la fidélité dans un club échangiste.
Seul un front uni des grands pays sur la question monétaire, contre les Etats-Unis, obligerait ceux-ci à mettre fin au dérèglement profond auquel ils se sont habitués : emprunter sans compter et consommer sans produire en se contentant d'entretenir un gigantesque réseau de service à la personne et de logistique de la division internationale du travail - en se réservant le droit de bombarder ceux qui ne veulent pas se couler dans cet ordre.
Il n'y va pas seulement de la prospérité, il y va de la paix du monde. C'est grâce au système de crédit illimité que leur a accordé le reste du monde que Washington et le complexe militaro-industriel américain ont pu développer l'arsenal militaire le plus coûteux de l'histoire. Les «alliés» des Etats-Unis ont financé ce système naguère au nom de la guerre froide, aujourd'hui de la lutte contre le terrorisme.
Quel symbole terrible pour l'Europe, pour la France et l'Allemagne en particulier, que le sommet de l'OTAN se tienne immédiatement après celui du G20. Barack Obama est logique : il a obtenu le maintien, au moins provisoirement, du système de financement à crédit de l'économie américaine, il peut demander aux pays membres de l'OTAN de marcher en cadence dans son projet de guerre perpétuelle en Afghanistan.
C'est à cause de l'étalon dollar que la planète est instable, que les conflits se multiplient au Moyen-Orient. Et dans l'aggravation de la crise économique, inévitable, germent les violences de masse et les génocides de demain. La cause de la paix et la prévention des génocides sont du côté de ceux qui veulent revenir à un étalon monétaire impartial.
Samedi 4 avril 2009 - La crise monétaire et la crise politique sont encore à venir
(…) Il y a bien une intuition juste dans l'attachement de la RFA à la paix depuis sa fondation. Mais l'idéal servi a été progressivement dévoyé. L'Allemagne, sa population comme ses dirigeants, croit qu'il est possible d'éviter l'épreuve de vérité avec «l'ami américain». Aujourd'hui, faire l'histoire c'est élaborer pacifiquement avec Pékin et Moscou un nouvel équilibre mondial. Cela passera à la fois par la refonte d'un système monétaire international et par la réaffirmation de règles communes à toute l'humanité. Il n'est plus possible, si l'on est un vrai Européen, d'accepter le double langage occidental. Les règles de la «gouvernance mondiale» ne sont pas respectées par ceux qui les élaborent. C'est cela qui nourrit tous les ressentiments.
Faute d'avoir compris cela, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel vont être contraints de subir, dans les mois qui viennent, la détérioration continuée des relations monétaires internationales et ils assisteront impuissants à la remise en cause de la mondialisation américano-centrée.
La crise monétaire, qui ne fait que commencer, précédera de peu une crise de tous les repères politiques. C'est ce malaise qu'expriment déjà les manifestants de Londres et de Strasbourg.
Cet article est le 69ème paru sur ce blog dans la catégorie Capitalisme .