En 30 ans, les locataires se sont appauvris relativement au reste de la population
C'est le premier du genre. Il s'appuie notamment sur les enquêtes Logement. Outre une vue d'ensemble sur « Le logement en France depuis trente ans », il inclut de nombreux tableaux :
le parc de logements,
les caractéristiques des résidences principales, avec entre autres des précisions sur leur coût
les propriétaires et les locataires, avec des indications sur les « difficultés de logement » de toutes sortes
les logements dans les DOM
des comparaisons internationales...
Il présente aussi quatre dossiers :
Être locataire, une situation plus durable dans le secteur social que dans le secteur libre
L’accès à la propriété en recul depuis la crise de 2008
Ça déménage ? La mobilité résidentielle et ses déterminants
Les déterminants du statut d’occupation des logements et de la mobilité résidentielle des ménages immigrés
Résumé assorti de quelques commentaires
Principal enseignement :
La catégorie des locataires s’est paupérisée relativement au reste de la population, car elle s’est progressivement vidée des ménages les plus aisés, qui ont pu accéder à la propriété.
Les dépenses des locataires (loyers, charges, chauffage, taxe d’habitation) ont évolué plus rapidement que leurs revenus depuis 2001.
Le taux d’effort, c’est-à-dire la part du revenu consacrée aux dépenses de logement des locataires, a fortement augmenté. Il est de 28,4 % en 2013 dans le secteur libre et de 24,1% en secteur social.
L’accroissement de l’effort a davantage pesé sur les plus modestes (+ 7,8 points pour les locataires du secteur libre du premier quartile de revenu par unité de consommation et + 5,1 points pour ceux du secteur social), malgré la contribution des aides personnelles au logement qui pour eux représentent plus de 30 % du montant des dépenses en 2013.
En 2013, 4,5 % des locataires sont en situation d’impayé de loyer ou de charges, une proportion comparable à 2006.
Autres enseignements de cette publication :
- La localisation est la source essentielle des écarts de prix et de loyers : le coût pour se loger est plus élevé dans les endroits proches des emplois ou les plus agréables à habiter. Coexistent ainsi des zones « tendues » et d'autres où les logements vacants sont nombreux.
- La croissance du nombre de logements (+80 % en 45 ans) a été supérieure à celle de la population (+30 %). Il y a donc moins de personnes par logement qu’autrefois (un peu plus de deux au lieu de trois). Responsables de cette « décohabitation » : le vieillissement de la population et en second lieu les « recompositions familiales ».
- Le surpeuplement est défini selon la surface du logement (18 m² par personne) et le nombre de ses pièces en fonction des caractéristiques du ménage. Le surpeuplement affecte désormais 8 % des ménages. Il a été divisé par 2 depuis 1984, mais concerne encore 21 % des ménages dans l’unité urbaine de Paris et 18 % des plus modestes.
- 82 000 adultes sont sans domicile dans les agglomérations de 20 000 habitants et plus, dont 8 000 dormant dans des lieux non prévus pour l'habitation ; par ailleurs, 450 000 sont privés de logement personnel (hébergés chez des amis, par de la famille ou à l'hôtel).
- L'accès à la propriété est devenu plus sélectif. Ceux qui n’y ont pas accès se trouvent de plus en plus parmi les plus modestes. L’allongement de la durée des emprunts et la baisse des taux d’intérêt n’ont qu’en partie compensé la hausse des prix. Pour un accédant récent à la propriété, le prix d’achat représentait 3,3 années de revenu à la fin du siècle dernier, il correspond à 4,7 années en 2013. La baisse relative du revenu des locataires entraîne une hausse de leur effort budgétaire pour se loger. Le « taux d'effort excessif » affecte désormais plus de quatre millions de ménages.
- Les ménages aisés et modestes n’occupent pas le même parc social ; les premiers, ayant plus de possibilité de choix, ne restent dans leur logement que si sa qualité et son environnement leur conviennent. Les seconds n’ont pas ce choix.
- En 2013, la majorité des ménages de France métropolitaine sont propriétaires de leur résidence principale. Leur part s’est nettement accrue durant les dernières décennies. La proportion de ceux qui sont devenus propriétaires, alors qu’ils ne l’étaient pas quatre ans avant, oscille depuis les années 1980 entre 10 % et 15 %. Elle se situe un peu au-dessus de 11 % en 2013, en baisse par rapport au point haut de 2001. Mais cette diminution du taux d'accès ne se traduit pas, et ne se traduira pas nécessairement dans l'avenir, par une une baisse de la proportion de propriétaires.
Au niveau local, la mobilité est plus faible dans un environnement plus favorisé mais aussi dans les communes à bas revenus.
- Les ménages immigrés sont en moyenne plus jeunes, vivent davantage en couple ou en famille monoparentale et plus souvent dans les grandes unités urbaines que les ménages non-immigrés.
Ils sont aussi moins diplômés et ont un revenu plus faible. Ces caractéristiques sociodémographiques jouent un rôle essentiel dans les différences de conditions de logement - locataire ou propriétaire - entre ménages immigrés et ménages non immigrés.
- Remarque d'ordre général : cette publication offre une description détaillée, avec souvent un recul historique appréciable, des logements et de leurs occupants. Mais elle n'a pas pour objet de fournir des explications - même si celles-ci apparaissent parfois assez clairement... - ni a fortiori des prévisions.
En particulier, l'Insee ne reprend pas à son compte les notions de crise du logement ou de déficit (selon lequel il « manquerait » 800.000 logements, voire un million...). Par ailleurs, le concept de mal-logement n'est pas repris ici : l'Insee préfère fournir des informations détaillées sur les difficultés de logement, qui sont de nature assez différente (de l'absence de domicile au « taux d'effort excessif » en passant par le surpeuplement et les logements « privés de confort »).
- Remarque « technique » : il n'y a absolument pas coïncidence entre les logements vacants et les logements mobilisables pour un hébergement de personnes en recherche de logement. D'une part, les logements vacants inoccupés peuvent être proposés à la vente, à la location, voire déjà attribués à un acheteur ou un locataire et en attente d'occupation, ou encore en attente de règlement de succession, voire inhabitables en raison de leur vétusté. En revanche, il existe des constructions existantes qui ne sont pas répertoriées comme des logements mais peuvent l'être ou le devenir assez rapidement.
Les chiffres clés des dossiers
. En 2013, sur 28 millions de résidences principales métropolitaines, 11 millions sont occupées
par des locataires.
. En 2013, les 10 % des ménages les plus pauvres sont très majoritairement locataires (74 %),
ce qui n’était pas le cas trente ans plus tôt.
. Les ménages propriétaires occupants constituent 58 % des ménages en 2013, en France
métropolitaine, soit environ 10 points de plus qu'en 1973.
. Entre 2009 et 2013, environ un ménage sur cinq a changé au moins une fois de logement.
. Les mobilités résidentielles vont de pair avec les transitions familiales et sont presque doublées après l’arrivée d’un enfant.
. En 2013, 2,7 millions de ménages immigrés et 25,3 millions de ménages non immigrés vivent en France métropolitaine. Entre 2009 et 2013, comme les ménages non immigrés, un ménage immigré sur cinq a déménagé.
- Rappels : un immigré est une personne née étrangère à l’étranger. Elle peut être de nationalité française en cas de naturalisation. Un ménage immigré est un ménage dont la « personne de référence » est immigrée.
Cet article est le 2981ème sur le blog MRC 53 - le 36ème sur ce blog dans la catégorie Le logement