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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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27 novembre 2023 1 27 /11 /novembre /2023 16:27

Il réfute les contre-vérités et montre tout l'intérêt de l'élevage herbager

 

Pierrick Berthou est un éleveur laitier breton qui veut revenir aux fondamentaux de l'agriculture. Il intègre dans son raisonnement les erreurs du productivisme et pense que l'agriculture ne peut se passer de l'élevage lié au sol.

Voici le texte qu'il a proposé à la rédaction de Marianne, qui l'a publié sur son site le 17 novembre 2023, en supprimant une parenthèse (charte de La Havane) dans cette phrase :

Notre agriculture doit s'appuyer sur deux piliers: l'autonomie alimentaire, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, et la coopération entre États (charte de la Havane), plutôt que de vouloir exporter à n'importe quel prix, souvent, à l'aide de subventions, et de mettre le monde en compétition.


 

Le professeur Allan Savory se définit comme un écologue. Il est l'un des pères de la gestion moderne du pâturage. Allan Savory nous rappelle que la survie de centaines de millions d'Humains dépend uniquement des animaux, pour leur alimentation, la production d'énergie, le travail du sol, le transport et...la fertilisation de leurs terres. La bonne gestion du pâturage se fait, nous enseigne t-il, par, d'un coté, le prélèvement d'herbage et, d'un autre coté, par la restitution aux sols des résidus de feuilles, de tiges, de racines des végétaux et…des excréments de ces mêmes animaux. Sans cela point de cultures pour les Humains. Depuis la nuit des temps, c'est exactement ce qu'ont fait les paysans pour l'entretien et l'amélioration de leurs terres et cela à peu près partout sur le globe.

 

L'élevage est étroitement lié à la bonne fertilité d'un sol, en faire l'impasse serait une grave erreur. Aujourd'hui, lors de nos débats, nous sommes dans une opposition, pour ne pas dire une radicalité d'opinions. D'un coté, les adeptes d'une écologie «puriste» qui prônent un modèle agricole sans élevage, et de l'autre, les partisans de la poursuite du modèle agro-industriel avec des animaux qui ne sortent presque plus. Ces deux visions ont d'énormes inconvénients (pollutions et/ou carences des sols) dus à la même cause: la spécialisation de l'Agriculture.

 

En un mot, dans un sens comme dans l'autre, nous séparons le sol de l'animal, nos problèmes viennent de là, de cette séparation. Il nous faut sortir de cette dualité, ne nous laissons pas leurrer par cette présentation artificieuse qui nous est faite. Il faut retrouver une autre voie d'avenir, d'autant que la solution existe: la polyculture-élevage. Allan Savory nous explique que notre devenir en dépend, et que cette bonne gestion de nos sols, donc de nos animaux, influencera le climat futur...

 

Depuis plusieurs années maintenant, dès qu'un agriculteur épand des déjections animales sur ses terres, il est accusé de polluer la nature, les sols et les cours d'eau. Nous sommes arrivés à cette situation car depuis la fin des années 60, l’État, les économistes, les industriels et les dirigeants agricoles ont mis en place un modèle agricole intensif. Cela voulait dire une spécialisation des élevages et une concentration d'un plus grand nombre d'animaux sous bâtiments. Cette orientation de l'agriculture à entraîné un sur-développement du maïs, des céréales et de l'épandage des déjections animales le tout accompagné d'une diminution vertigineuse des prairies et d'une importation massive de soja brésilien et américain.! Donc, il n'est pas surprenant qu'il y ait trop de nitrates dans nos cours d'eau. Cette forme d'élevage n'est pas une solution. Même si des ajustements ont été réalisés par les agriculteurs pour améliorer la situation, cela reste très insuffisant.

 

Insuffisant! Alors, de nombreux militants écologistes disent sans sourciller que pour régler le problème des nitrates dans l'eau, il suffirait de baisser drastiquement le nombre d'animaux, voire même de supprimer l'élevage. Pour conforter leur verdict ils n'hésitent pas à affirmer « plutôt que de donner des céréales à nos animaux, pourquoi ne mangerions-nous pas directement ces céréales?».

 

En effet, et cela paraît empreint du sceau du bon sens, ces militants partent du principe que moins nous aurons d'animaux, moins nous aurons de déjections animales, donc moins de nitrates dans l'eau. Voilà bien une solution simpliste qui découle d'une réflexion simpliste, pour le moins! Et, ce genre de diatribes contre l'élevage est répandu par certaines associations environnementales, au demeurant très influentes, et très largement véhiculées dans les médias à fortes audiences et/ou diffusions. Néanmoins, l'efficacité de ce genre de déclinaisons n'est pas aussi flagrante qu'elles prétendent, bien au contraire.

 

Prenons un instant de réflexion à ce concept: moins d'animaux, donc moins de déjections animales et donc par effet, moins de nitrates. Par conséquence cela induira moins de prairies pour nourrir les animaux; ces prairies étant, ainsi, destinées à l'emblavement. Immédiatement une question se pose « comment allons-nous fertiliser toutes ces surfaces de céréales?» La réponse tombe comme une évidence: avec des engrais azotés chimiques! Eux aussi, grand pourvoyeurs de nitrates. Par ailleurs, la quantité de pesticides chimiques, pour le désherbage, explosera! Et, le travail du sol, pour les semis des céréales, provoquera un besoin en énergies fossiles qui s'accroîtra prodigieusement! Nous voyons bien que le résultat serait catastrophique, sans pour autant régler le problème des nitrates. En prolongeant la prospective, nous pouvons aisément affirmer que ce concept de plus de céréales pour nourrir les Humains entraînerait une baisse de fertilité de nos sols par manque d'humus et par manque de fertilisants organiques indispensables au bon fonctionnement d'un sol. La solution n'est sûrement pas là non plus.

 

« Inventons une société paysanne végane », des propos inconséquents tenus par des enfants gâtés aux ventres pleins, (ref: Reporterre 13/09/2023), ou autres «cessons de manger de la viande pour sauver la planète», voilà le genre de boniments qui n'ont pas de sens, à part faire le bonheur des industriels grands promoteurs de viandes cellulaires et du lait synthétique. La fin de l'élevage voulue par bon nombre d'activistes écologiques et autres anti-spécistes nous conduirait inévitablement vers un cataclysme environnemental. Ce que traduit Dominique Bourg par «penser que manger un animal est immoral est totalement faux, c'est même anti-écolo»,( ref: Sans transition n°38, 04- 05/2023). Le remède serait bien pire que le mal.

 

Il n'y a pas si longtemps, quelques décennies, le Marais Poitevin était un territoire d'élevage, parsemé de prairies et lézardé de haies: une immense zone humide. Tout cela fut balayé à coups de bulldozers, afin d'y semer des céréales; exit l'élevage. Le bilan de cette stratégie est sans contestation: depuis 20 ans des sécheresses à répétition, une baisse de la fertilité des sols par manque d'humus, partiellement compensée par la fertilisation chimique, une baisse dramatique des nappes phréatiques et autres réserves d'eau, d'où un besoin des méga-bassines. Par ailleurs,le sud de la Loire est beaucoup plus sujet aux sécheresses que le reste de la France et ce phénomène commence à s'étendre aux zones où l'élevage est soit abandonné soit progressivement en régression. Tout cela n'est pas le fruit du hasard...

 

Il faut bien comprendre que s'engager en faveur de la polyculture-élevage demandera de nourrir nos animaux uniquement avec notre sol sans faire appel aux artifices de l'autre bout du monde. Un élevage herbager pour nos ruminants, quant aux mono-gastriques, ils devront être nourris par nos céréales, nos légumineuses et les portes de nos bâtiments devront s'ouvrir vers un élevage plein air ou semi plein air. Il faut stopper la folie des fermes usines qui sont une aberration écologique, économique, animale et ...humaine. Finissons-en avec cette agriculture faite d’artefacts.

 

Notre agriculture doit s'appuyer sur deux piliers: l'autonomie alimentaire, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, et la coopération entre États (charte de la Havane), plutôt que de vouloir exporter à n'importe quel prix, souvent, à l'aide de subventions, et de mettre le monde en compétition. Il s'agit, avant tout, de définir nos besoins en viande afin de nous nourrir, TOUS, convenablement. Ensuite, notre élevage doit être réparti sur l'ensemble du territoire. Ce faisant, nos sols et nos cours d'eau retrouveraient un état sanitaire qu'ils n'auraient jamais dû perdre...

 

En conclusion, nous devons faire attention aux analyses simplistes qui amènent des solutions simplistes. L’ Histoire nous apprend que toutes les civilisations qui nous ont précédés et qui ont disparu pour des raisons belliqueuses, économiques, religieuses, sanitaires ou autres avaient toutes adopté un régime alimentaire à base de plantes annuelles (céréales) et c'est exactement ce que vers quoi nous allons...

 

Vouloir faire de la terre de France et d'ailleurs un immense champ de céréales, serait une bien piètre réponse à un vrai problème. N'en doutons pas, c'est l'élevage qui sauvera la planète. Mais un élevage lié à notre sol et c'est cela que nous devons préparer et accompagner, dès maintenant. Cessons de faire la guerre à l'élevage !

 

Cet article est le 3320 ème sur le blog MRC 53 - le 479ème, catégorie AGRICULTURE et PAC

Le 10 février 2017, Pierrick et sa compagne Aurélie, à Saint-Berthevin (Mayenne)

Le 10 février 2017, Pierrick et sa compagne Aurélie, à Saint-Berthevin (Mayenne)

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