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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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11 février 2008 1 11 /02 /février /2008 22:21

La question de la responsabilité de la France

 

Je reçois des informations qui me sont adressées par Bernard Patureau, vice secrétaire général de l’association Ibuka France (« Souviens-toi »), qui milite pour le devoir de Mémoire et contre le négationnisme à propos du génocide des tutsis au Rwanda en 1994 (voir, à ce sujet, les articles parus » les 5 et 21 janvier 2008 sur ce blog, catégorie « Afrique ; voir aussi le site d’Ibuka France : http://one.xthost.info/ibukafrance).

 

Il vient de m’informer qu’un film intéressant concernant le Rwanda, sous forme d’une fiction, est programmé sur Arte le 22 février à 21h.

Voici un extrait de ce film sur http://www.dailymotion.com/video/7273543.

 

Le réchauffement des relations entre la France et le Rwanda est engagé depuis quelques mois, comme l’indiquait Philippe Bernard, journaliste au Monde (édition datée du 25 janvier 2008), avant la visite de Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères, à Kigali, le 26 janvier.

 

(…) « Cette visite "s'inscrit dans le cadre du processus de normalisation progressive de nos relations", a expliqué, mercredi, le Quai d'Orsay, en confirmant le principe. A Kigali, la secrétaire d'Etat à la coopération régionale Rosemay Museminali a salué "ce geste de relance de la coopération".

Le premier signal du réchauffement des relations franco-rwandaises avait été donné, à la mi-septembre 2007, par le séjour à Kigali d'une délégation diplomatique française conduite par Jean de Gliniasty, directeur de l'Afrique au Quai d'Orsay. Le processus a connu une accélération en décembre avec l'entrevue entre les présidents Nicolas Sarkozy et Paul Kagamé au sommet Union européenne-Afrique de Lisbonne. Le président français avait alors prononcé des mots traduisant sa volonté de dénouer le profond contentieux entre les deux pays tenant au rôle de la France dans le génocide des Tutsis, en 1994, dont le régime rwandais actuel est issu. Le génocide "nous oblige à réfléchir, France comprise, à nos faiblesses ou à nos erreurs", avait alors déclaré M. Sarkozy. Il avait précisé que sa formulation avait été "pesée", afin de "respecter toutes les sensibilités".

Le Rwanda avait rompu ses relations diplomatiques en novembre 2006, au lendemain de la publication de l'ordonnance du juge français Jean-Louis Bruguière désignant le président Kagamé comme l'instigateur de l'attentat du 6 avril 1994 qui avait coûté la vie à son prédécesseur, Juvénal Habyarimana, et donné le signal déclencheur du génocide. Le juge avait aussi délivré neuf mandats d'arrêt internationaux visant des dignitaires rwandais actuels.

Depuis six mois, Paris et Kigali discutent des moyens de vider ce contentieux. M. Kouchner, qui a noué des liens avec M. Kagamé à l'époque du génocide, a pris publiquement ses distances avec les accusations du juge Bruguière ». 

Par ailleurs, on pouvait lire, le 30 janvier, sur www.lefigaro.fr, un article de Filip Reyntjens, professeur à l’université d’Anvers, intitulé : « Les curieuses vérités de Kouchner sur le Rwanda ». L’auteur, qui fait siennes les positions du juge Bruguière et des pouvoirs publics français…avant Kouchner, adopte la posture des négationnistes du génocide. 

« Étonnante opinion que celle publiée sur l'avenir des relations franco-rwandaises par Bernard Kouchner dans Le Figaro du 26 janvier. Puisqu'il veut «respecter la vérité», essayons de la découvrir. Même si Kouchner dit ne pas savoir qui a commandité l'attentat contre l'avion du président Habyarimana, il ne croit pas que Kagamé «ait sciemment décidé d'allumer l'étincelle qui embraserait son pays». On ne sait pas sur quoi cette croyance est basée, et dès lors quelle vérité est respectée.

Kouchner ne peut pas «cautionner cette vision simpliste et infamante qui fait des Tutsis les responsables de leur propre malheur». Il tombe ici dans le vieux piège qui veut que FPR = Tutsis. Or, ce n'est pas Kagamé ni le FPR qui ont été victimes du génocide, mais les Tutsis de l'intérieur. Si donc le FPR a commis l'attentat, sachant quelles en seraient les conséquences, ce ne sont pas les Tutsis qui ont été responsables de leur malheur, mais bien le FPR.

Le ministre français des Affaires étrangères et européennes avance ensuite un argument d'autorité qu'il a déjà utilisé par le passé : «il y était», et donc il sait. Que sait-il ? Qu'a-t-il vu pendant les quarante-huit heures passées à Kigali à la mi-mai 1994 ? Se rendait-il compte que, pendant son séjour, au moment où il était «témoin» du génocide, le FPR commettait des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité à une échelle inouïe ?

Toujours dans le respect pour la vérité, Kouchner reconnaît que la France a commis des erreurs politiques, mais il affirme qu'il ne transigera pas sur la complicité de crimes et sur l'honneur de l'armée française. Or, une commission rwandaise «chargée d'enquêter sur le rôle de la France dans le génocide», dite «commission Mucyo», a déposé son rapport chez Kagamé il y a plusieurs mois. D'après son président, la commission disposerait «des preuves permettant de déférer de hauts responsables français devant la justice internationale». Sans croire un instant en l'honnêteté de la démarche rwandaise, il est permis de se poser la question de savoir ce qui arrivera lorsque la vérité rwandaise s'avère être différente de celle de Kouchner.

Bernard Kouchner affirme enfin que la normalisation des relations avec le Rwanda est une nécessité, et qu'elle est même conforme au droit international. Il est vrai que l'absence de relations diplomatiques doit être une exception, mais Kouchner semble oublier que c'est le Rwanda qui les a rompues, après qu'un juge d'instruction français eut simplement fait son devoir.

Plutôt que par le respect de la vérité, Bernard Kouchner semble être inspiré par la realpolitik, et notamment — il le dit lui-même — par le rôle «incontournable» du Rwanda en République démocratique du Congo, pays qu'il a occupé et pillé et où cinq millions de personnes ont péri à cause des guerres imposées par des voisins. Le régime de Kigali a l'habitude de raisonner en termes de puissance et de faiblesse. Il considérera la démarche de Bernard Kouchner comme un signe de faiblesse qu'il exploitera dès que l'occasion se présentera. Lorsque ce moment viendra, il sera très difficile d'entretenir des relations normales telles que le chef de la diplomatie française se les imagine ».

Cette opinion est contredite par l’envoyée spéciale en Afrique du journal belge Le Soir, Colette Braeckman.

A lire sur son blog : Rwanda. Un nouveau témoin confirme les accusations portées contre des Français à propos de l’attentat.

 

Voir aussi sur le même blog : Jean Hatzfeld ou l’impossible réconciliation

et le communiqué de presse d’Ibuka Rwanda http://ibukafrance.forumactif.com/tables-rondes-conferences-debats-journees-de-reflexions-f10/communique-de-presse-d-ibuka-rwanda-t1095.htm

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