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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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12 avril 2008 6 12 /04 /avril /2008 13:46

Les salariés roumains tirent bénéfice de l’Europe

 

Les 9 et 10 avril, j’ai évoqué sur ce blog la lutte menée par les travailleurs roumains de l’entreprise Dacia (qui fait partie du groupe Renault depuis 1999) afin d’obtenir une revalorisation de leurs salaires. La Roumanie est membre de l’Union européenne. Il faut que cela change quelque chose pour les citoyens roumains, ou c’est à désespérer de la construction européenne.

 

Les salariés de l’entreprise Dacia (13 000 salariés), à Pitesti (prononcer pitechti*), à une centaine de kilomètres de Bucarest, au sud de la Roumanie, ont mis fin, le 11 avril, au mouvement de grève qu’ils avaient commencé le 24 mars (plus de la moitié y participaient, condition de la légalité de la grève).

Voici, à ce sujet, l’article paru ce 12 avril sur le site de Libération www.liberation.fr, sous la signature de Luca Niculescu.

 

« Les ouvriers du constructeur roumain ont obtenu 40 % de salaire en plus »

 

« Nicu Oprea pousse un ouf de soulagement. Cet homme d’une quarantaine d’années, en survêtement imitation Nike, est content que la grève soit finie. «Chaque soir, je me demandais comment j’allais boucler le mois et payer les traites…, reconnaît-il, avant de reprendre fièrement : En plus, vous avez vu, on a gagné ! C’est la plus forte hausse salariale jamais obtenue en Roumanie ces quinze dernières années !»

Vendredi, les syndicats de Dacia (Renault) ont accepté la dernière offre de la direction, équivalente à 40 % de hausse de salaire, même s’ils réclamaient 65 % au début de leur mouvement, le 24 mars.

L’accord, qui met fin à trois semaines de grève, permet la reprise de la production de la Logan. Pour Nicu Oprea, qui gagnait 950 lei (280 euros) par mois après seize ans de travail dans l’entreprise, le nouveau salaire sera de 1300 lei (380 euros).

Il ne comprend pas pourquoi la direction a tant traîné : «On dit que les pertes générées par la grève s’élèvent à 150 millions d’euros [Renault parle de 13 millions, ndlr] alors que les augmentations demandées coûtaient 6 millions par an…»

Repas chaud. L’augmentation obtenue, la vie de Nicu Oprea ne changera pas pour autant. «On dit que la Logan est la voiture du pauvre, mais je ne peux même pas me l’offrir.» Il n’a qu’une R12, l’ancêtre de la Logan, achetée il y a huit ans. Sa femme, enseignante, gagne encore moins que lui. Comment font-ils pour survivre, alors que les seules charges de leur petit appartement à Pitesti s’élèvent à plus de 200 euros en février ? «Il y a la belle-famille, à la campagne, qui nous aide.» Propriétaire d’une petite ferme dans les environs de Pitesti, celle-ci envoie chaque semaine de la viande, du fromage et des légumes.

La direction de Dacia, elle, met en avant les efforts des dernières années pour améliorer le niveau de vie des employés. Depuis 2002, dit-elle, les salaires ont plus que doublé et les conditions de travail ont changé : chaque employé a droit à un repas chaud par jour, aux tickets restaurant, à des facilités pour le transport en commun… Maria, qui travaille dans l’usine depuis vingt-cinq ans, ne voit pas les choses de la sorte : «Ça ne sert à rien de nous donner un repas chaud à midi, alors que nous ne pouvons pas offrir le dîner à nos enfants», s’insurge-t-elle. Son fils de 23 ans n’est resté que quelques mois chez Dacia. Il ne pouvait pas se débrouiller avec les 650 lei (moins de 200 euros) de salaire. Il est parti travailler à l’étranger. Nicu Oprea avait aussi songé à quitter le pays, comme l’ont fait plus de 1,5 million de Roumains (7 % de la population) ces dix dernières années. «J’ai appris qu’en Italie ou en Espagne, un ouvrier peut gagner plus de 1 000 euros par mois», soupire-t-il. Pourquoi rester alors ? «Parce que mon fils a 7 ans, et je ne veux pas qu’il grandisse avec un père absent.»

Après l’accord conclu avec la direction, une partie des grévistes est retournée au travail dès vendredi après-midi, mais l’usine ne tournera à pleine capacité que lundi.

«Cette grève restera comme un exemple de mobilisation pour la direction», lance Matei Bratianu, responsable du Bloc national syndical roumain. Selon lui, la direction de Dacia a commis plusieurs erreurs : «Les directeurs n’auraient pas dû faire une action en justice en réclamant que la grève soit déclarée illégale. Cela n’a fait qu’irriter les grévistes. Et les menaces de délocalisation vers le Maroc ou la Russie ont été malvenues.»

Grogne. Combien de temps cette paix sociale peut-elle durer ? «Au moins jusqu’à l’année prochaine, estime un employé, c’est à ce moment que les syndicats discutent avec la direction des exigences salariales.» Il y a un an déjà, le conflit social avait été évité de justesse, après une augmentation de 25 %.

«Le succès des salariés de Dacia, peut inspirer d’autres syndicats, estime Constantin Rudnitchi, analyste économique, car dans d’autres entreprises, les salaires ne sont guère plus satisfaisants.» La grogne monte déjà chez les ouvriers de l’usine ArcelorMittal de Galati, qui réclament une hausse de 25 %, ainsi que dans la fabrique de roulements d’Alexandria, racheté par le japonais Koyo. «Avec l’entrée dans l’Europe, les Roumains peuvent faire des comparatifs, affirme Constantin Rudnitchi. Alors que le niveau de vie est devenu sensiblement le même que dans les pays occidentaux, le fossé salarial reste immense.» Après dix années de libéralisme pur et dur, durant lesquelles la voix des syndicats était presque inaudible, le printemps social s’annonce agité en Roumanie ».

Un accord « raisonnable », selon Renault

 « Renault a qualifié vendredi de «raisonnable» l’accord conclu vendredi entre la direction et les syndicats de Dacia, estimant qu’il était «de nature à maintenir la compétitivité du site». Ces augmentations «positionnent les salaires de Dacia au-dessus de la moyenne nationale et de la moyenne de l’industrie en Roumanie», estime-t-il ».

Lire aussi les articles de Pierre Haski (12 avril) sur http://www.rue89.com/2008/04/12/la-bonne-nouvelle-de-la-hausse-des-salaires-chez-dacia-en-roumanie et de Benoît Hopquin (12 avril) sur www.lemonde.fr « Les salariés de Dacia ne veulent pas "être esclaves dans l'Union européenne" »

 

 Informations sur la Roumanie : http://fr.wikipedia.org/wiki/Roumanie.

 

* Par analogie avec Desesti, la commune roumaine avec laquelle St-Berthevin entretient des relations depuis 1994. Je m’y suis déplacé en 1995 et 1997, en tant que maire, dans le but d’établir des échanges durables. Une délégation d’élus et de citoyens de Desesti, ainsi que des membres du groupe folklorique local, ont été accueillis à St-Berthevin l’été 2007.

Un jumelage officiel est possible depuis l’entrée de la Roumanie dans l’Union européenne. Il s’ajoutera aux quatre jumelages existants (Voir http://www.ville-saint-berthevin.fr/Presentation-des-jumelages). Desesti est un ensemble de trois villages situés dans le Maramures, au nord de la Roumanie, non loin des frontières ukrainienne et hongroise.

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