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Présentation

  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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2 mai 2007 3 02 /05 /mai /2007 14:53

 

Une France qui donne du travail, une Europe qui protège

 Le choix de la date et du lieu ne devait rien au hasard. 40 000 personnes dans le stade, 20 000 dehors, avaient tenu à être là ce premier mai pour soutenir la candidate de la gauche et espérer ensemble, en famille et entre amis, que le beau visage de Ségolène Royal apparaîtra dimanche à 20 heures sur les écrans de télévision.

 J’ai choisi de présenter ici la partie de son intervention concernant le travail, c’est-à-dire la partie principale de son discours. J’y ai ajouté des titres de ma composition pour en faciliter la lecture.

 « Je ne veux pas d’une France qui se résignerait à disparaître »

 (…) « La France, ce sont des valeurs exigeantes et belles proclamées par la Révolution française et des valeurs universelles qui sont une parcelle de la lumière du monde. La France, c'est la liberté, c'est l'égalité et c'est la fraternité ! Et c'est cela qui nous rassemble et qui nous mobilise aujourd'hui ! Et c'est ce chemin que nous allons prendre ensemble.

 Le monde, nous savons ce qu'il en est : la mondialisation, les échanges, les influences croisées et fertilisantes mais aussi le tohu-bohu, l'inéquité, le malheur, les crimes de masse et les guerres. Je ne veux pas d'une France qui aurait la tentation de s'éloigner de la scène et qui aurait la tentation de laisser faire.

 Je ne veux pas d'une France qui laisserait le monde éclater en morceaux, en blocs de vie et de pensées hostiles les unes aux autres.

 Non je ne veux pas d'une France qui se résignerait à disparaître de l'histoire et je veux vous le dire, vous êtes ici les ambassadeurs d'une aspiration qui monte du pays tout entier.

 Vos lettres de créance sont celles d'un peuple qui veut se redresser, d'un peuple qui affirme que notre pays mérite d'autres formes de gouvernement et d'autres choix politiques !

 La France ne se laissera pas abuser par des choix qui même parés des plumes de la rupture ou des ravages de la nouveauté, sont marqués du sceau de l'échec et de l'amnésie des bilans. Certes, maquiller un bilan n'est pas tâche facile et pour cela, sans vergogne, certains réécrivent l'histoire, captent celle des autres, en font un gadget médiatique pour brouiller les pistes et créer de la confusion dans les esprits.

 « La fête de la solidarité et de la demande de dignité du monde ouvrier »

 Alors chers amis, vous tous qui êtes là, je vais vous dire : nous ne sommes pas rassemblés ce soir un 1er mai par hasard. Cette date du 1er mai a un sens historique. Elle a un sens pour tous les travailleurs et pour toutes les travailleuses du monde entier. Elle est la fête de la solidarité et de la demande de dignité du monde ouvrier. Les plus jeunes ici présents ne le savent peut-être pas. Alors je vais le leur rappeler.

 Il y a plus d'un siècle, aux Etats-Unis, à Chicago, des ouvriers en grève furent sauvagement réprimés ; certains furent tués par balles et d'autres plus tard jugés et pendus ; c'était le 1er mai 1886. Cinq ans plus tard, six jeunes gens furent tués par balles dans une ville minière du Nord de la France lors d'une manifestation cruellement réprimée à Fourmies. Ils avaient entre 16 et 20, c'était le 1er mai 1891.

 Depuis ce jour, ces jours… ces deux jours et à l'initiative de la deuxième Internationale socialiste, les travailleurs, les salariés du monde entier, toutes appartenances politiques ou confessionnelles confondues, quand le droit le leur permet, ne travaillent pas ; ils manifestent ou ils se reposent ; ils font la fête en famille comme ce soir ici à Charléty. Et ils se souviennent et ils n'oublient jamais l'histoire du 1er mai. Voilà l'une des raisons pour lesquelles nous sommes là ce soir sans esprit de revanche mais tout simplement parce que nous savons ce que nous devons pour nos libertés à ceux qui nous ont précédé et qui ont donné leur vie pour qu'aujourd'hui les travailleurs soient libres, puissent manifester et puissent revendiquer le respect qui leur est dû.

« Une France qui donne du travail à tous, qui défend la valeur travail »

 Car c'est évident, l'histoire n'est pas une bande dessinée où tout se vaudrait, où tous les mots seraient permis et où on peut dire n'importe quoi. Je ne ferai pas, moi, de discrimination entre ceux qui se lèvent tôt et les autres parce que je sais combien il y en a qui se lèvent plus tard parce qu'ils travaillent tard et même la nuit comme ces infirmières que j'ai vues récemment. Et puis il y en a qui font semblant de se lever comme ce père de famille que j'ai rencontré dans les débats participatifs, qui est au RMI mais pour que son fils n'ait pas honte, il fait semblant le matin de se lever et de prendre les transports en commun pour faire croire qu'il a un travail.

 Et moi je veux une France qui donne du travail à tous et à chacun. C'est cela la défense de la valeur travail ! Car l'histoire a des permanences qu'il faut rappeler et ces jeunes gens du Nord dont j'évoquais la mémoire tout à l'heure, se battaient pour la journée de huit heures et pour la semaine de quarante heures. Il a fallu 1919 pour que ces droits élémentaires soient reconnus. Déjà à l'époque, il y avait des gens à la vie facile sans doute, qui disaient que ces travailleurs miniers étaient des paresseux qui voulaient se lever tard. Les mêmes à la vie facile sans doute qui en 1936, affirmaient que les congés payés allaient ruiner la France.

 Alors ce galimatias conservateur sans fondements économiques, a été démenti par l'histoire et c'est pour cela qu'aujourd'hui je veux une France active, une France réconciliée avec elle-même et qui n'en rabatte jamais sur la conquête des droits sociaux car je ne veux plus que l'on oppose l'effort humain et le travail des salariés au goût du risque des entrepreneurs.

 « Le but ultime du profit, ce doit être le progrès humain »

 Nous réconcilierons la réussite des entreprises et le progrès humain. Il y a de la place pour ces deux mots dans nos têtes. Notre cerveau est ainsi fait qu'il y a au moins deux lobes et je dis simplement que le but ultime du profit, ce doit être le progrès humain, sinon le gain des uns se paie toujours par une forme de servitude des autres et cela ne fait pas grandir la France.

 Oui, je ferai un pacte avec les entreprises et nous allons réconcilier la France avec les entreprises qui innovent, qui créent de la richesse et des emplois, qui se battent tous les jours pour que la croissance soit au rendez-vous. Oui ! Je salue ici les risques pris par ces milliers de petites et moyennes entreprises et les dangers qui les guettent. Ce sont elles qui créent le plus grand nombre d'emplois avec l'artisanat. Je sais quels risques personnels prennent ceux qui les créent, qui les font vivre parfois au prix de leur santé et que ces chefs d'entreprise sachent que je veux qu'ils soient de plus en plus nombreux à entreprendre, que je serai à leurs côtés dans leur bataille contre la concurrence internationale, que je soutiendrai l'embauche et la formation professionnelle de leurs salariés pour qu'elles améliorent leur compétitivité tout en versant des salaires décents et qui rémunèrent justement le travail.

  L’efficacité économique passe par des compromis sociaux

 Et c'est pourquoi je veux construire ces compromis sociaux. Et c'est pourquoi je veux que la France soit à l'avant-garde de la lutte contre le chômage des jeunes, que plus aucun jeune reste sans emploi plus de six mois. Oui, je les créerai ces 500.000 emplois pour projeter les jeunes dans la vie professionnelle et pour les sortir de l'inactivité et de l'abandon. Je sais que le succès économique dans le monde moderne, exige l'agilité des entreprises. Eh bien nous mettrons en place une sécurité sociale professionnelle qui sécurisera les entreprises comme les salariés.

 Voilà l'efficacité économique de demain ! Voilà la France que nous allons construire car c'est l'invention de toutes les nouvelles sécurités et de la lutte contre toutes les formes de précarité qui rendront notre pays performant. Et la première des sécurités doit être celle du parcours de toute la vie professionnelle. Je ne vois plus voir ces femmes en pleurs devant les grilles de leurs entreprises fermées. Je ne veux plus voir le regard désespéré d'ouvriers licenciés sans protection comme l'autre jour ; c'est un sort indigne d'un grand pays développé et ceux qui philosophent sur la valeur travail, ont-ils vu ces citoyens-là ?!

 Moi je cesserai d'opposer les chômeurs aux salariés. Il est inacceptable d'accabler les personnes privées d'emploi. Nous avons l'ardente obligation de leur donner du travail. Il est scandaleux de les stigmatiser et d'en faire les mendiants opportunistes de la ressource publique.

 Bien sûr quelques effets d'aubaine peuvent se produire ici ou là mais ces quelques effets d'aubaine auxquels nous mettrons fin bien sûr par une Agence Nationale Pour l'Emploi réorganisée et performante qui portera remède, car nous, nous n'avons jamais défendu l'assistanat. Mais je tiens quand même à dire que ces quelques effets d'aubaine n'ont rien à voir avec la masse financière des fraudes fiscales des plus riches dans notre pays ! Et cela, comme par hasard, on n'en parle jamais !

 « La valeur travail, c’est d’abord payer le travail à sa valeur »

 Il faut redonner du sens à l'effort et à la dignité au travail, mais du vrai. La valeur travail n'est pas un artifice de discours. La valeur travail, c'est d'abord payer le travail à sa valeur. C'est augmenter les bas salaires qui restent obstinément immobiles et nous sommes le seul pays dans ce cas où des millions de salariés hommes et femmes, surtout les femmes d'ailleurs, commencent leur carrière professionnelle au SMIC et terminent quarante ans après toujours au SMIC et cela, je ne le veux plus.

 Et notre chantier prioritaire sera celui de la formation professionnelle car la valeur travail, c'est de donner à tout être humain la possibilité de progresser, la possibilité d'avoir une perspective de carrière, la possibilité de se dire que ce travail va être plus intéressant. Bref, c'est la récompense de l'effort dans la formation professionnelle et dans la motivation au travail et c'est cette justice-là que nous construirons ensemble.

 « Notre économie a besoin de confiance et de nouvelles règles du jeu »

 C'est par le dialogue social que nous débloquerons le pouvoir d'achat. Notre économie n'a pas besoin de brutalité ni de choc. Elle n'a pas besoin, notre économie – au contraire, c'est dangereux – elle n'a pas besoin de déclarer la guerre à la fonction publique ; elle a besoin de confiance. De confiance de tous les métiers et de tous ceux qui travaillent et qui cherchent un travail sur tous les territoires et la confiance n'obéit pas au coup de menton sur des champs de bataille imaginaires !

 La confiance, c'est simple, c'est le soutien immédiat au pouvoir d'achat. Et je récuse toute fatalité, toute loi non écrite au nom de laquelle la réussite d'une entreprise devrait se traduire par la précarité des salariés.

 J'affirme ici le contraire et d'ailleurs les plus brillants de la nouvelle génération d'économistes affirment cela. Les chefs d'entreprise que j'ai rencontrés, le savent et me le disent et attendent désespérément de nouvelles règles du jeu. Ces nouvelles règles du jeu, je leur donnerai. Nous les re-motiverons.

 La valeur travail ne peut pas non plus se satisfaire de ce système de stock-options sans limite, de bonus ou de retraites chapeaux que la droite a organisés et feint de découvrir dans les derniers jours de la campagne électorale. Qui peut vraiment justifier que 38 dirigeants d'entreprise tous amis du pouvoir, aient touché au total 107 millions d'euros de primes de départ en 2006 ?! Le pire, voyez-vous, c'est qu'à peine en place, ils savent déjà combien ils vont toucher quand ils vont partir même s'ils ont échoué. Et cela, c'est le contraire de la valeur travail !

 Oui, la croissance va repartir et notre économie sera débloquée car nous allons en finir avec le travail privé de finalité et d'espoir. Oui, la France présidente sera la France du plein emploi. C'est notre combat et nous le gagnerons ! Car nos ressources humaines sont immenses et l'éducation sera mon grand chantier ; l'éducation et la formation au cœur de tout et en avant de tout. C'est cela la garantie que je vous donne.

 Nous redonnerons à l'université et à la recherche le rôle de bataillon d'élite de la France dans la mondialisation et je remercie le soutien du mouvement SAUVONS LA RECHERCHE parce qu'ils ont compris que c'était la France de demain. J'ai confiance car j'ai une grande ambition pour la France.

 « Nous pouvons réorienter l’avenir du monde et relever le défi de la mondialisation »

 La mondialisation qui est là nous lance un défi. Ce défi peut être relevé et nous avons les moyens de l'emporter. Actifs au sein de l'Europe, nous pouvons réorienter l'avenir du monde et sur le plan du commerce notamment. Mais il n'est pas acceptable que notre économie soit mise en péril par le jeu de la surexploitation des ouvriers dans les autres parties du monde.

 C'est pourquoi en ce jour de 1er mai, je soutiens aussi les immenses manifestations qui ont lieu par exemple dans des pays où les droits syndicaux et les salaires décents ne sont pas octroyés. C'est pourquoi je salue l'Union naissante ou renaissante du syndicalisme mondial parce que c'est en élevant l'ensemble des niveaux de vie et des salaires vers le haut que nous lutterons contre les délocalisations vers les pays à bas salaires.

 Et en attendant, il faudra que l'Europe se protège et se protège beaucoup plus efficacement qu'elle ne le fait contre toutes ces formes de délocalisations et de destructions d'emplois, j'en fais ici le serment ! (…) »

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