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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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19 avril 2008 6 19 /04 /avril /2008 15:49

Crise de l’énergie, crise financière, crise alimentaire

 

La crise alimentaire est la résultante des deux autres crises, de l’énergie et de la finance. Elle est, elle-même, la conséquence de la désorganisation du système politique sous les coups de boutoir des forces néolibérales, qui ont conquis les organisations internationales et influencé à l’excès les pouvoirs politiques en responsabilité dans les principaux pays, notamment les USA et l’Union européenne.

 

Avant le déclenchement de cette crise alimentaire, on comptait déjà 850 millions d’hommes et de femmes souffrant de malnutritions graves pouvant entraîner la mort, sans oublier les deux à trois milliards d’autres qui, trop pauvres pour se nourrir et vivre correctement, sont uniquement occupés à survivre. Cela n’alarmait pas les décideurs de la planète, engagés dans un suivisme déraisonnable vis-à-vis des plus privilégiés et le regard rivé au taux de profit des multinationales, rentabilité du capital oblige !

 

Il a fallu un crash de la finance aux USA pour que soient dévoilés les déséquilibres mondiaux, dus à la croissance des besoins énergétiques et alimentaires de grands pays émergents d‘une part, et à l’impossibilité d’y répondre durablement par les moyens habituels (énergies polluantes et insuffisantes, dérèglements climatiques) d’autre part.

 

La gravité de la situation alimentaire dans les pays dépendant des importations pour se nourrir est telle qu’elle nécessite le rassemblement de toutes les forces progressistes, afin d’obliger les pouvoirs publics à prendre les décisions à la hauteur des enjeux.

 

En tant que responsable des questions agricoles au Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), je souhaite que les dirigeants de toutes les forces progressistes (politiques, syndicales, associatives et citoyennes) se concertent dans les meilleurs délais afin de proposer une réorientation profonde des modes d’organisation et des politiques agricoles et commerciales dans le monde, en distinguant les actions à court terme des mesures à plus long terme.

 

Le texte, ci-après, publié hier par ATTAC et la Confédération paysanne est une bonne base de discussion.

 

« Les révoltes de la faim dans les pays du Sud, aboutissement logique de choix économiques et politiques désastreux »

Les révoltes dans divers pays révèlent une crise alimentaire mondiale qui s'installe sans doute pour une longue période, à défaut de changement radical d'orientation.

Nous ne sommes pas dans une situation de pénurie mondiale. Quoique extrêmement faibles, les stocks sont encore suffisants pour faire la jonction entre deux récoltes. Mais l'accès à l'alimentation des populations s'est dégradé brutalement face à une augmentation considérable des prix.  Elle aggrave encore la situation actuelle (20 000 morts par jour, près de 900 millions de personnes souffrant de malnutrition dont 80% de paysans).

La faiblesse des stocks est en cause. Elle provient en partie de phénomènes nouveaux : une demande forte en céréales et oléagineux pour l'alimentation, une demande en hausse pour la production d'agrocarburants industriels (éthanol et diester)  et des accidents climatiques qui ont diminué les récoltes sur certains territoires de la planète.

Mais cette nouvelle tension sur les marchés révèle surtout des problèmes structurels, issus de choix économiques désastreux, basés sur la croyance des bienfaits pour l'humanité de la libéralisation des marchés agricoles et de la marchandisation tous azimuts :
−    avançant la nécessité du remboursement de la dette, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale contraignent depuis des dizaines d'années les pays pauvres à réorienter leurs productions agricoles vers l'exportation. Ces pays ont ainsi dû délaisser leurs cultures vivrières, augmentant leur dépendance aux marchés extérieurs ;
−    sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce et sous la pression des accords bilatéraux, les politiques agricoles de tous les pays et leurs tarifs douaniers ont été progressivement démantelés : l'agriculture paysanne des pays du Sud se retrouve sans protection, en compétition directe avec l'agriculture subventionnée et industrielle des pays du Nord ;
−    la spéculation sur les marchés de matières premières accentue l'instabilité, à la baisse ou à la hausse, de leurs prix. Elle s'inscrit dans le cadre d'un capitalisme financier exacerbé, qui détériore l'ensemble des conditions de vie, y compris dans ce qu'elles ont de plus élémentaire ;
−    de nombreux pays, en soutenant le développement des agrocarburants, répondent aux intérêts des multinationales mais mettent un peu plus en danger la sécurité alimentaire mondiale. Tandis que leur bilan carbone est contesté dans la plupart des cas, les cultures intensives d'agrocarburants concurrencent directement les productions alimentaires et favorisent la hausse des prix et la spéculation.

Pour toutes ces raisons qui n'ont rien de conjoncturel, il est à craindre que l'extrême pauvreté et les conflits régionaux ne fassent que s'aggraver. Seules des mesures cohérentes, en rupture avec les politiques libérales actuelles, peuvent permettre d'endiguer la catastrophe qui s'annonce :
−    une régulation mondiale des marchés agricoles avec le recours aux stocks publics dans le cadre d'une instance internationale sous l'autorité des Nations unies : elle doit permettre une régulation des prix mondiaux compatible avec l'intérêt général et l'instauration d'une fiscalité procurant les ressources publiques pour satisfaire les besoins en développement des pays du Sud ;
−    la reconnaissance du droit à la souveraineté alimentaire, c'est-à-dire le droit des populations, de leurs États ou Unions à définir leur propre politique agricole et alimentaire sans dumping vis-à-vis des pays tiers ;
−    l'annulation de la dette des pays pauvres et l'augmentation substantielle de l'aide publique, à commencer par celle de l'Union européenne et de ses États membres, qui est aujourd'hui en diminution ;
−    un moratoire pour suspendre la production d'agrocarburants et expérimenter des solutions alternatives, comme le propose Jean Ziegler, rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation.

Enfin, la crise alimentaire ne peut être résolue au détriment des impératifs écologiques, notamment par la déforestation et le développement des OGM. La crise climatique et l'épuisement des sols sont autant de facteurs qui, au contraire, accentuent la crise alimentaire. Les solutions résident dans des pratiques agricoles écologiques et sociales. Elles nécessitent en particulier une réorientation de la recherche publique agronomique et des politiques agricoles et alimentaires dans leur ensemble.

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commentaires

S
La libre circulation des capitaux est à la base du développement du capitalisme financier. Il faut l'encadrer par des décisions politiques internationales. Et, il faut favoriser le développement agricole dans les pays pauvres qui importent des produits alimentaires et sont les plus sensibles à la hausse des prix, amplifiée par la spéculation sur les matières premières agricoles, liée à la crise financière américaine. Tout se tient dans ce système déréglementé et ultra-libéralisé, qui échappe au contrôle politique. La priorité est d'éviter les conséquences les plus dramatiques de la crise alimentaire et, dans la foulée, peser en faveur de l'organisation de la production alimentaire dans chaque pays ou groupe de pays géographiquement proches. Ce qui implique un minimum de protection, ce qu'ont fait l'Europe et les USA. Pourquoi les pays pauvres ne le feraient pas pour développer leurs productions vivrières ?
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C
N'oublions pas, non plus, que crise énergétiquse et crise alimentaire sont, aussi, le fait des spécualteurs ...il y a là un travail énorme à faire pour dénoncer, réformer et... remettre en cause la libre-circulation des capitaux.
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