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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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14 octobre 2008 2 14 /10 /octobre /2008 14:54

La régulation ne suffit pas, il faut des réformes de fond

 

La première qualité dont il faut faire preuve dans ce monde en crises est la lucidité. J’en ai trouvé dans le texte de Thierry Pouch intitulé « Illusions perdues », publié par la Lettre économique de l’Assemblée permanente des Chambres d’agriculture (APCA) en octobre 2008 - voir http://paris.apca.chambagri.fr/repeco.

 

Thierry Pouch a pris le relais de Lucien Bourgeois à la tête du Pôle Économie et Politiques Agricoles de l’APCA. Dans ce texte, écrit avant les récentes décisions européennes de consolidation du système bancaire, il décrit les mécanismes qui ont conduit à cette crise financière d’une gravité exceptionnelle.

 

Illusions perdues

 

La crise financière qui secoue le monde était annoncée depuis longtemps. Une première alerte fut envoyée durant l’été 2007. Un tournant a eu lieu en septembre.

 

Outre l’aggravation de la crise des systèmes bancaires et financiers qu’il s’agit de renflouer, plusieurs questions structurelles se posent. Il n’est pas certain qu’un renforcement de la régulation, mot magique, ni même une mise à l’index des responsables de cette crise financière, ne soient suffisants pour sortir de la crise actuelle.

 

La crise financière actuelle et les réactions des Banques centrales sont des plus traditionnelles. Au départ, des prêts bancaires sont consentis à des ménages peu solvables. De tels prêts ont été ensuite transformés en titres négociables selon le mécanisme de la titrisation.

 

Les banques transféraient ainsi les risques sur d’autres acteurs financiers, élargissant l’opacité des marchés financiers. Dès que le marché immobilier s’est retourné, dans le sillage d’un durcissement de la politique monétaire américaine, l’insolvabilité des emprunteurs a été mise au grand jour.

 

Afin d’éviter des faillites en chaîne et une panique généralisée, les Banques centrales, véritables prêteurs en dernier ressort, ont injecté des liquidités par centaines de milliards. Les gouvernements sont intervenus pour définir des modes de régulation des marchés financiers, avec, au passage, la volonté de rechercher les coupables d’un tel désastre.

 

L’usage du mot régulation dans la bouche des banquiers centraux comme des hommes d’État fait d’eux les nouveaux magiciens du monde. Ils ne pourront toutefois résoudre une crise en réalité bien plus profonde qu’il n’y paraît.

 

Pour la comprendre, il convient de remonter aux années quatre-vingt.

Le vaste mouvement de déréglementation des économies industrialisées, impulsé par le gouvernement conduit par Ronald Reagan, et poursuivi ensuite par ses successeurs et par les gouvernements européens, se traduisit notamment par une radicale inversion du partage de la valeur ajoutée en faveur des profits et au détriment des salaires.

 

Pour maintenir leur niveau de vie et garantir la croissance, l’endettement des ménages américains (plus de 90 % du PIB) s’enclencha à la faveur d’une politique monétaire très accommodante sous l’ère d’Alan Greenspan, patron de la FED dont on salua dans le passé le pragmatisme.

 

Un tel soutien à la croissance par l’endettement incita ensuite les ménages à acquérir des titres financiers, dont ils purent tirer un effet richesse dû à l’appréciation de ces titres. Il était dit que la déréglementation financière était une aventure obligée.

 

C’est ce régime de croissance fondé sur l’endettement qui est aujourd’hui en crise. L’insolvabilité des ménages a occasionné des pertes pour les banques, lesquelles resserrent les critères d’obtention du crédit. La dévalorisation des titres financiers engendre quant à elle un effet richesse négatif qui pèse sur la demande solvable des ménages.

Autant de facteurs qui assombrissent les conditions de  financement de l’économie et l’écoulement de la production, et accentuent la crise.

 

C’est pourquoi les discours incantatoires destinés à réguler les marchés financiers n’auront qu’un effet limité, car la crise est structurelle, une « grande crise » comme le système en a connu dans le passé, annonciatrice de changements non moins structurels.

 

Les effets de la régulation seront d’autant plus  limités que les clivages au sein même des organes étatiques de décision sont profonds, comme en témoigne l’absence tragique de coopération dans l’UE. Illusions perdues d’une finance qui devait pérenniser la croissance.

 

Voir, aussi, pour comprendre ce qui s’est passé aux USA, Crise immobilière, crise financière, crise de confiance, les USA sur la mauvaise pente - 26 janvier 2008 - qui est l’article le plus lu sur ce blog, et, plus généralement, la cinquantaine d’articles parus sur ce blog sur le thème du Capitalisme.

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