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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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27 février 2009 5 27 /02 /février /2009 19:10

Le combat des populations des DOM est aussi le nôtre

 

Hier, en fin d’après-midi, quelques dizaines de militants de diverses organisations politiques, syndicales et associatives, ont succédé aux étudiants qui achevaient leur manifestation, près du Jet d’eau au centre ville de Laval.

 

Au nom du collectif d’organisation* (voir sur ce blog Le soutien aux populations d'Outre-mer en lutte s'organise à Laval - 24 février 2009), Jacques Omnes a expliqué les raisons de notre présence à cette manifestation publique (voir, plus loin, le texte - et l’image - de son intervention) et Jean-Yves Griot a indiqué ce qui s’était passé, une heure plus tôt, lorsqu’une délégation avait été reçue à la préfecture. Le MEDEF 53 n’avait pas donné suite à une demande d’entrevue.

 

 


Intervention de Jacques OMNES, au nom du collectif d’organisation

 

Il aura fallu plus de cinq semaines de grève générale et de mobilisation à la Guadeloupe pour que se dessine enfin une possibilité de sortie du conflit par la prise en compte des revendications salariales du LKP : augmentation des bas salaires de 200 € mensuels.

 

La durée et l'ampleur exceptionnelles du mouvement témoignent de l'exaspération de la population et de sa détermination à mettre un terme à une situation inacceptable marquée, plus encore que dans l'hexagone, par la vie chère, les bas salaires et le chômage. Une situation d'autant plus insupportable, que se perpétuent dans les Antilles des inégalités sociales énormes et l'exploitation de la masse de la population par une poignée de descendants des anciens esclavagistes, qui concentrent dans leurs mains l'essentiel de la richesse, l'essentiel du pouvoir économique.

Comment, dans ces conditions, ne pas comprendre la colère des Guadeloupéens ? Une colère encore attisée par le comportement de Sarkozy, de son gouvernement et du Medef.

 

Aux revendications légitimes des Antillais, Sarkozy a répondu d'abord par le silence. Puis par le mépris, en envoyant à Pointe-à-Pître un secrétaire d'Etat, Yves Jégo, incapable de tenir les engagements pris, puis des "médiateurs", qui ont essayé d'amuser la galerie avec des propositions qui ne répondaient pas aux demandes du mouvement populaire.

 

Et que dire de la surdité, de la brutalité, de la mauvaise foi du Medef ? Selon lui, les patrons n'auraient pas les 108 millions nécessaires à la satisfaction des revendications salariales en Guadeloupe au moment où les patrons du CAC 40 viennent de déclarer 89 milliards de bénéfices et de distribuer 53 milliards de dividendes à leurs actionnaires.

 

La vérité, c'est que pour maintenir les profits d'une minorité, le Medef et Sarkozy n'ont pas hésité à miser sur le pourrissement du mouvement aux Antilles. Un pari très dangereux, qui ne pouvait que faire monter la tension, et qui a, malheureusement, coûté la vie à un militant syndical. Ce drame n'a manifestement pas ému le président de la République, d'habitude plus prompt à s'apitoyer sur les victimes. Il n'a pas eu un mot pour Jacques Bino dans son allocution du 18 février.

 

Le combat des populations des DOM (Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion), c'est aussi notre combat. Nous sommes tous victimes d'une politique qui tire prétexte de la crise du système pour mieux exploiter la masse de la population et enrichir plus encore une minorité. Nous sommes tous victimes, aussi, d'une même politique du mépris. Notre combat commun est un combat pour le mieux-être, pour l'égalité et pour la dignité.

 

Le 16 et le 21 février, des manifestations massives de solidarité ont eu lieu à Paris et dans de nombreuses villes de France. Nous devons maintenir la pression tant que les revendications des populations des DOM ne seront pas satisfaites. Nous devons être vigilants et prêts à réagir vigoureusement à toute tentative de répression violente de la part du pouvoir. La situation est particulièrement préoccupante en Martinique, où l'intransigeance du patronat fait monter dangereusement la tension.

 

Restons mobilisés et proclamons bien haut notre conviction : "Travailleurs des DOM, travailleurs de métropole, solidarité, même combat !", "DOM, métropole, doubout !"

 

* Collectif d’organisation : Lutte Ouvrière, Mouvement républicain et citoyen, Nouveau parti anticapitaliste, Parti communiste français, Parti de gauche, Parti des radicaux de gauche, Parti ouvrier indépendant, Les Verts, UD-CGT, FSU, Mouvement de la Paix ; avec le soutien des 3 Mondes, de l'UD-FO, de la Fédération de l'enseignement FO (FNEC-FP.FO).

 

Revue de presse :

 

-          Sur le site Le Monde.fr, ce 27 février, le leader du collectif à l'origine du mouvement en Guadeloupe assure que "le LKP a vocation à durer" : Elie Domota : "Le mouvement n'est pas près de s'arrêter".

 

-          Sur le site de L’Humanité, ce 27 février, « LE LKP SAVOURE UNE PREMIÈRE VICTOIRE »

Depuis la conclusion d’un accord salarial, la pression est maximale sur le MEDEF et la CGPME, qui renâclait toujours à opposer leur signature bien que l’effort financier repose sur l’État et les collectivités. « On peut déboucher ce week-end », estime Jean-Marie Nomertin, secrétaire général de la CGTG. À lire dès à présent sur humanite.fr

 

J’y ajoute le point de vue d’un haut fonctionnaire, Alex Céleste. L’un de mes anciens camarades de l’Agro de Rennes, qui vit en Martinique, me l’a conseillé en ces termes : « une analyse particulièrement intéressante et qui donne à mon sens la vision la plus juste de ce qui se passe aujourd'hui aux Antilles ».

 

 Ce haut fonctionnaire exprime ce que pensent beaucoup de gens sur place. A ce titre, il est bon d’en prendre connaissance. On trouve ce texte sur le site de Terra Nova, une Fondation indépendante, proche du PS.

Lire La crise guadeloupéenne entre dans sa cinquième semaine (note du 19 février)

En voici un extrait significatif.


Les véritables enjeux de la crise ne résident pas simplement dans une lutte contre la vie chère
– par ailleurs justifiée. Les objectifs du collectif LKP sont ambigus. Il faut placer ses revendications réelles dans la perspective de la consultation du 7 décembre 2003, qui a vu 75% des Guadeloupéens rejeter une modification du statut de l’île. Emmené par des responsables politiques de tendance régionaliste, ce mouvement contient des éléments dont le réel motif pourrait être de prendre dans la rue une revanche sur les urnes.

Il faut cependant saluer certains aspects de ce mouvement populaire, à savoir qu’il accélère la prise de conscience de la population, des élus et de l’Etat sur l’urgence de lutter contre les abus de sociétés métropolitaines. Il a également dénoncé les inégalités de la société antillaise, et mis en lumière la nécessité de moderniser les rapports interraciaux.

Contrairement aux autres acteurs dans l’île, le LKP affiche une grande cohérence dans son attitude et ses méthodes : La division du travail opérée entre la couverture « idéologique » des plus anciens et un leader charismatique rompu aux techniques de communication semble fonctionner parfaitement. Cependant, les méthodes utilisées, de plus en plus radicales, sont éminemment contestables en pays démocratique.

L’Etat a commis de nombreuses approximations dans la gestion de la crise. Les négociations-spectacle organisées au début de la crise, les promesses intenables du secrétaire d’Etat puis son départ à la dérobée de l’île ont illustré les dysfonctionnements dans la gestion interministérielle de l’outre-mer et, pour tout dire, le désintérêt du Gouvernement pour les questions ultramarines.

Le paysage politique guadeloupéen a été durablement affecté par cette crise. Les élus locaux, divisés par l’appel d’air du mouvement, avec les effets d’aubaine qu’il comporte, sont mal à l'aise. Les lignes tracées par le mouvement rendent difficile leur position.

Les chefs d’entreprises peinent à trouver la voie du dialogue social. Il est à regretter que les grandes entreprises métropolitaines ne fasse pas preuve de plus de bonne volonté, tant dans leur communication que dans les efforts qu’elles réalisent effectivement.

Quant à l’opinion publique, dans laquelle réside tout l’enjeu de la crise, elle est partagée. Le système démocratique ouvert depuis la départementalisation, s’il présente des avantages incontestables, n’est pas parvenu à effacer les blessures du passé. La situation sociale de l’île, marquée par le chômage et les inégalités, contribue à rendre attractif le mouvement qui semble s’intéresser aux difficultés quotidiennes de la population. Dans une situation aussi incertaine, il reste à faire confiance aux différents acteurs pour éviter une aggravation violente de la crise.

   

Cet article est le 45ème sur ce blog dans la catégorie Travail Economie

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