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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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29 juillet 2012 7 29 /07 /juillet /2012 22:35

Les USA vers la régulation, l’UE en pleine dérégulation

 

AG Office du lait Avranches 221111 032 TL’auteur du livre « Europe laitière » (Editions France Agricole, 2010) - voir Dans son livre, Europe laitière, André Pflimlin condamne le libéralisme, André Pflimlin, est sollicité pour intervenir lors de réunions et conférences en France mais aussi en Belgique, au Luxembourg et en Allemagne. Le 27 juin, il était en Belgique, invité par Erwin Schöpges, l’un des responsables de l’EMB (European Milk Board), confédération de producteurs de lait au niveau européen. Auparavant, le 5 juin, il avait présenté au groupe MARS (Mouvement agricole et rural solidaire) le même exposé, suivi d’un débat avec les membres du groupe présents.

 

Plan de l’exposé complet

I La compétition entre pays et régions de l’UE-27 est inéquitable et destructrice pour les éleveurs (cas du Danemark, de l’Irlande, de la France, de l’Allemagne et de la Roumanie).

II Le marché laitier mondial est un leurre pour nos producteurs et nos laiteries.

III Pour une autre politique laitière et rurale:

A- La privatisation du marché laitier… pour l’OMC ?

B- Les contre-exemples: USA, Canada, Confédération Helvétique.

C- La nécessité d’une régulation européenne.

 

Après avoir reproduit la 1ère partie de l’exposé (voir André Pflimlin et l'Europe des producteurs de lait : une infinie diversité - 27 juillet 2012), puis la 2ème (voir André Pflimlin contre la stratégie de produire plus de lait pour l'export - 28 juillet 2012), voici un résumé de la 3ème partie (A et B).

 

3ème partie : Pour une autre politique laitière…

La privatisation du marché laitier… pour l’OMC ?

Les contre-exemples: USA, Canada, Confédération Helvétique.

 

Rappel des 3 principes fondateurs de la Politique Agricole Commune (traité de Rome 1960 et traité de Lisbonne de 2009) :

- la sécurité alimentaire pour l’Europe en encourageant la productivité

- un niveau de vie équitable pour les agriculteurs et des prix raisonnables pour les consommateurs

- la préférence communautaire: la stabilité des marchés avec soutiens internes, taxes à l’import, aides à l’export

La Commission européenne a oublié ces principes… au profit du libre échange et de l’OMC.

 

La réforme 2003 de la PAC s’est traduite par la rupture pour la filière laitière : annonce de la fin des quotas (en 2015), baisse des volumes et des seuils d’intervention (215 dollars par tonne de lait), compensation partielle et découplage.

En conséquence, le prix du lait UE s’aligne sur le marché mondial : baisse en 2004, flambée en 2007, chute en 2008-09, reprise en 2010-11.

En pleine crise, fin 2008, la Commission et le Conseil confirment la sortie des quotas… et une hausse de 10% de la production UE par rapport à 2003 !

L’excédent net de l’UE va doubler (de 7 % en 2007 à 15% en 2015). Sans maîtrise des volumes c’est la guerre entre pays UE… aux dépens des éleveurs et des régions défavorisées…

 

Le « Paquet Lait » de la Commission en 2012 (approuvé par le Parlement européen) reste dans la ligne 2003-2008 de la dérégulation (fin des quotas, compétitivité, OMC) :

 

Contractualisation entre les producteurs et les laiteries (ce qui n’inclut pas les coopératives, qui collectent 60% du lait !

Groupement de producteurs limité à 3.5% de la production laitière européenne,

Interprofession laitière (rôle limité à l’information, pas de prix, ni volume, sauf AOP-IGP),

Transparence dans la filière (suivi des prix et des marges…),

• Un soutien du marché toujours a minima (seuil d’intervention : 215 euros par tonne).

 

Et des promesses (absentes du texte du Parlement européen du 15 février 2012) :

1. Soutien renforcé aux Zones défavorisées (montagne ?),

2. Si crise, rachat UE des Cessations volontaires (trop tard ?).

 

Il manque l’essentiel : la maîtrise des volumes et des prix. Le Paquet lait est le 2ème étage de la fusée… dont on casse le 1er !

 

Les critiques de la Cour des Comptes européenne (CCE) et du Conseil économique et social européen (CESE) n’ont pas été prises en considération :

 

La CCE (nov. 2009) :

- la PAC Lait n’a pas respecté les 3 principes fondateurs : équilibre du marché, stabilité des prix, garantie de revenu.

- l’UE n’est pas compétitive pour l’export de beurre-poudre.

Elle préconise un recentrage sur le marché UE et l’exportation des fromages sans aides.

 

Le CESE (Fév.2010)

- les produits laitiers ne doivent pas être à la merci du marché,

- la sécurité alimentaire laitière UE pourrait être compromise,

- la fin des quotas en 2015 est incompatible avec l’aménagement des territoires, le développement rural, l’agriculture durable…

La Commission européenne reste sourde. Pour elle, c’est le marché qui doit piloter.

 

Etats-Unis : le contre-exemple parfait ?

 

- Une production, plus ou moins hors-sol, qui s’est déplacée vers l’Ouest

- 90 millions de tonnes de lait, 60 000 troupeaux (moyenne : 155 VL et 10 000 L par VL)

- Les grands troupeaux à plus de 1000 VL font plus de la moitié de la production laitière

- Rapport de Prix Aliment-Lait déterminant (60% du coût de production) :

- très favorable jusqu’en 2007 (lait hors sol, feedlots),

- puis très défavorable en 2008 et 2009 (abattage en nombre des grands troupeaux)

- Production peu excédentaire sur la consommation

Jusqu’en 2005 : plus 2 - 3% net ; en 2008 et 2011: 5%

- Une politique laitière forte et continue depuis 1934 !

Pilotage par le Congrès et gestion par le Ministère de Agriculture (USDA)

a) Même prix de base pour tous les éleveurs par région MMO mais filet de soutien trop bas : seuil d’intervention : 200 dollars par tonne)

b) Compensation du prix du marché (45% du prix objectif)

c) Des taxes à l’importation, des aides à l’exportation (comme UE) et des aides diverses : assurance revenu, ventes à terme.

 

Farm Bill (loi agricole) 2012-16* : plus de sécurité pour le lait US

 

Après 2009 (année difficile), priorité à la sécurité (éleveurs et consommateurs).

Projet des producteurs présenté au Congrès: loi de sécurité laitière

Débat en cours dans les 2 assemblées, soutenu par les 2 partis :

a) Garantie de marge : prix du lait - coût alimentation (VL et Génisses) par tonne de lait

b) Régulation de la production par la réduction des livraisons par ferme jusqu’à 4% de la référence, sinon le lait livré en trop n’est pas payé !

2 critères : Prix USA par rapport aux prix mondiaux et marge par rapport au coût aliment. Les volets a) et b) sont obligatoirement liés dans un même contrat. Ce projet a été initié par les gros producteurs (Cal) repris par la NMPF (équivalent de la FNPL).

 

* Voir La politique agricole américaine (Farm Bill) orientée vers la régulation - 12 juillet 2012 

 

D’autres modèles de régulation…

 

Canada : une gestion des quotas co-pilotée par les producteurs et l’Administration

3 principes :

– Ajustement de l’offre au marché interne

– Ajustement du prix du lait aux coûts de production

– Responsabilité financière : surplus à la charge des éleveurs

3 axes :

– Contrôle de la production et de la répartition

– Contrôle des prix : transformation et distribution.

– Contrôle des importations (taxe 200-300%).

 

Avantages : sécurité, solidarité, garantie de revenu (prix du lait à 450 euros par tonne, y compris 2009)

Inconvénients : coût du quota (2euros par litre), rigidité (kg MG par jour), déconnection de l’aval (lait MP).

 

Suisse : le fâcheux précédent !

 

La Suisse a précédé l’UE pour l’adoption des quotas (1977) et aussi pour la sortie des quotas (2009). Organisation de producteurs (OP) et contrats laiteries.

 

Création de l’interprofession laitière… pilotée par les laiteries car trop d’OP (38), plus ou moins liées aux laiteries.

3 volumes avec prix différenciés (baisse du prix moyen : - 20 à - 30%).

En 2010-11 : retour au Parlement.

Motion Aeby… « Pour réguler les volumes et donc les prix… », car 6% de lait en trop (hors emmental). Motion adoptée au Parlement, gelée par la 2ème Chambre mais le débat n’est pas clos !

 

A suivre… C- La nécessité d’une régulation européenne.

 

Cet article est le 328ème publié sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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