Le football en Afrique du Sud saura-t-il s’en inspirer ?
Il y avait de l’émotion et du plaisir samedi à Roland-Garros, lors de la finale dames du tournoi 2010. C’est dans ces moments-là qu’on mesure à quel point le sport est une composante importante de la vie sociale. En présence, deux joueuses qui parvenaient pour la première fois à ce stade de la compétition, relativement peu connues, mais méritantes au vu de leurs performances dans ce tournoi.
L’australienne Samantha Stosur, très athlétique, était favorite. Mais on s’attendait à ce que l’italienne, Francesca Schiavone au jeu plus diversifié, ne se laisse pas faire. Ce fut le cas, au-delà des espérances. J’ai découvert une joueuse et une femme de talent, fort sympathique.
L’article que le chroniqueur du quotidien Le Monde, Franck Nouchi, lui a consacré, ce 7 juin, correspond bien à ce que j’ai ressenti. Vraiment, cette Schiavone a fait plaisir à voir, confirmant que l’Italie a des trésors cachés.
J’approuve aussi la comparaison avec le spectacle offert par les footballeurs français vendredi face à la Chine. Mais, pas complètement, car le match France-Chine à La Réunion était un match de préparation à la Coupe du monde, qui va commencer vendredi 11 juin en Afrique du Sud. Le contexte émotif n’était pas le même.
Je veux croire que cette sélection française sans système de jeu confirmé, sans personnalité affirmée, mais avec des joueurs talentueux et un sélectionneur théâtral et fantasque, saura nous surprendre, à la façon de la Schiavone…
Le jour de la Schiavone, par Franck Nouchi (Le Monde, 7 juin)
Un instant d'éternité italienne sur la terre rouge de Roland-Garros. Francesca Schiavone s'effondre sur le court central, ses beaux yeux noirs perdus dans le ciel. A quoi pense-t-elle en cet instant magique ? Quelques secondes, le temps sans doute de réaliser qu'elle vient de remporter le tournoi de Roland-Garros, et elle se retourne, face contre terre. Comme elle l'avait fait en quart et en demi-finale, elle embrasse la brique pilée du Central. Peut-être même lui chuchote-t-elle quelque parole de remerciement, et elle se relève, face au public, face au monde.
A 29 ans, la Schiavone a gagné de la plus belle des manières face à la très solide Australienne Samantha Stosur. Une nouvelle étoile est née au firmament du tennis.
Alors, elle court, Francesca, escalade les tribunes pour aller embrasser les siens, disparaît dans les bras de ceux qui l'ont fait championne. Les pleurs, la joie de la première Italienne victorieuse d'un tournoi du Grand Chelem. A la télévision, Amélie Mauresmo, remarquable commentatrice tout au long de la quinzaine, confie : "On est émus."
Emus, nous l'étions tous, comme cela arrive parfois en sport, comme on l'est face à une grande actrice qui se transcende jusqu'au sublime. Le triomphe de Francesca Schiavone, ou le triomphe du jeu. Au micro, tenant la coupe Suzanne Lenglen comme on tient un bébé dans ses bras, elle se laissait enfin aller au bonheur, sourire éclatant, cheveux détachés, sympathique en diable. Belle.
Que cela fait du bien de voir une telle joueuse gagner Roland-Garros ! "Je suis une artiste", dira Francesca après son match. La Schiavone, comme on dit la Vitti ou la Magnani. Exagéré, dites-vous ? A peine. Comme ces deux immenses actrices, la Schiavone dit l'Italie. On la regarde, et il est impossible de penser à autre chose qu'à son beau pays. Fan de l'Inter de Milan - elle possède le maillot de Milito - et de Valentino Rossi.
Deux heures durant, face à l'une des plus puissantes joueuses du monde, elle a montré qu'elle savait tout faire. Un remarquable service, une volée de battante, une endurance à toute épreuve, et surtout une audace, une envie de gagner qui la faisait avancer à la moindre occasion.
Un match érigé en belle histoire. Tout le contraire de ce sinistre France-Chine vu la veille dans la nuit de La Réunion. Un pensum français. Ni plaisir ni désir, le sport dans ce qu'il a de plus stéréotypé, de plus convenu, de plus triste. La bureaucratie appliquée au football. On avait envie de leur dire : "Mais enfin, jouez ! Amusez-vous ! Amusez-nous !" Rien. Pas la moindre étincelle. "Je veux quitter le court en ayant l'impression d'avoir donné tout ce que je pouvais", a dit Francesca Schiavone. On la croit volontiers. Si seulement les Bleus pouvaient en dire autant... Quant aux Chinois, ils ont gagné. La planète football peut trembler.
Lu sur le site de Libération, le 5 juin : Francesca Schiavone à Roland-Garros: «C'est la journée de ma vie »
Et aussi, à propos du football et de la Coupe du monde :
Non, Domenech n'est pas Jacquet. Hélas ... (Marianne2, 7 juin, Antidote)
Cinq anecdotes sur la Coupe du monde pour les non-footeux (Rue89, 7 juin)
Plus que quatre jours avant la Coupe du monde 2010 de football en Afrique du Sud et vous ne connaissez toujours pas la règle du hors-jeu, ni celle du « je-mets-la-main-pour-marquer-un-but-mais-on-n'a-rien-vu »… Pour esquiver les discussions de comptoir autour de la technique de jeu, lâchez un bienveillant : « Sais-tu que… » sur l'un des cinq à-côtés que vous dévoile Rue89 sur la compétition (…).
Cet article est le 13ème paru sur ce blog dans la catégorie Les sports