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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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28 février 2023 2 28 /02 /février /2023 20:56

C'est la doctrine des élites pour qui l'Etat doit être au service du marché


 

David Cayla était en visioconférence le 25 janvier 2023, invité par le collectif "Exigence démocratique", coordonné par Céline Piot, universitaire à Bordeaux, qui introduisait le débat en souhaitant que l'apport de David et le débat qui suivra permettent à chacun un éclairage et une formation sur le néolibéralisme.

Rappel concernant David Cayla et le néolibéralisme :

- (11 avril 2019) : David Cayla pose l'alternative entre le projet néolibéral et la démocratie

- (29 nov. 2020) : David Cayla, auteur de Populisme et néolibéralisme

- (30 déc. 2022) : David Cayla : éléments d'un agenda pour une économie démocratique

David Cayla précise qu'il intervient ici de manière non partisane, se situant dans l'histoire des idées, afin de mieux comprendre le monde d'aujourd'hui. Le néolibéralisme est une doctrine - ce qui diffère d'une théorie - voulant être une science dominante, ce qui est plus large que l'économie.

Il a écrit deux ouvrages sur ce thème du néolibéralisme :

- "Populisme et néolibéralisme. Il est urgent de tout repenser" (2020, Deboeck Supérieur),

- "Déclin et chute du néolibéralisme" (2022, Deboeck Supérieur).

Il distingue le choix collectif du choix individuel, qui concerne chacun et a peu d'influence politique. Le choix collectif est fait par des responsables qui font des choix au nom de la société et doivent rendre des comptes, justifier leurs choix selon le principe de rationalité, argumenter.

Sous l'Ancien régime (monarchie de droit divin), il n'y avait pas de comptes à rendre.

En démocratie, en Etat de droit, les dirigeants prennent des risques légaux, juridiques. Ils doivent justifier leurs choix. Il faut un cadre normatif permettant de justifier l'utilité de la doctrine. Il en est ainsi de la doctrine néolibérale, comme dans d'autres domaines. Pour tout choix collectif, il y a des avantages et des inconvénients.

Le problème, c'est d'en quantifier les coûts et les gains et de leur donner une valeur. Il faut un élément extérieur à la décision, rationnel, qui détermine les prix. C'est l'école autrichienne d'économie (Ludwig von Mises) qui a le plus réfléchi à ce problème, dans les années 1920, suite à la guerre civile en Russie débouchant sur le système soviétique et la collectivisation des moyens de production.

Pour Mises, le système soviétique n'est pas rationnel. Il y a un Etat planificateur mais les marchés sont supprimés. Comment quantifier les coûts de production ? Le système est hémiplégique. L'Etat ne peut calculer les coûts. D'où l'idée que le marché peut être un élément de quantification.

Friedrich Hayek a pris le relais en théorisant sur le prix de marché défini grâce à l'apport d'informations par le marché, l'Etat étant au service du fonctionnement des marchés.

C'est cela la base du néolibéralisme. Toutefois, les marchés peuvent dysfonctionner, il peut se créer des monopoles quand la concurrence s'affaiblit. C'est alors le monopole qui décide du prix du marché.

Mais, pour les néolibéraux, le problème est l'intervention de l'Etat, qui fausse le prix du marché. Et il y a aussi le problème de l'étroitesse du marché (pas assez de marchandises). D'où l'idée d'ouvrir les frontières, du libre marché.

L'Etat est garant de la valeur de la monnaie. La fonction des marchés est de quantifier la valeur. Depuis les années 1930, pour les néolibéraux, l'Etat est l'arbitre régulateur, faisant respecter le code de la route. Ils s'opposent aux libéraux du 19ème siècle (les ricardiens) qui étaient pour le laisser-faire.

Selon la doctrine néolibérale, l'Etat intervient au service des marchés. Cela ne s'est pas appliqué dans les années 1930. Puis ce fut l'économie de guerre (l'Etat fixe les prix) et, avec les Accords de Bretton-Woods, la monnaie est contrôlée. Aux USA, l'Etat intervient sur les moyens de production. En France, ce sont les 30 Glorieuses. L'Etat prend le contrôle de l'agriculture, des matières premières, fixe des prix garantis. C'est à l'opposé de la doctrine néolibérale. On prolonge l'économie de guerre avec la reconstruction et la croissance dans l'après-guerre.

Vient ensuite le désengagement de l'Etat, la suppression des frontières afin de contourner le contrôle par les Etats. Sont mises en place une autorité de la concurrence, néolibérale, des agences de régulation des marchés, indépendantes de l'Etat, mais au service des marchés.

Les autorités européennes créent un marché du carbone, accordent des droits d'émission aux grandes entreprises. C'est ainsi que le marché décide d'un prix qui n'a rien à voir avec la pollution.

On en arrive à la création d'un marché artificiel de l'électricité. Voir (23 janvier 2023) : "Le scandale du marché européen de l'électricité": entretien avec David Cayla.

Il y a le problème des services non marchands, qui sont soumis à la concurrence (marché de l'éducation privée). L'Etat subventionne les ménages pour qu'ils puissent acheter ces services privés.

Une partie de la gauche adopte l'imaginaire néolibéral en proposant le revenu universel, oubliant le principe d'émancipation et le fait que l'Etat peut produire des services publics, évitant ainsi d'enfermer les gens dans le marché.

On en arrive à la définition du macronisme, qui consiste à rendre l'Etat le plus attractif possible afin d'attirer vers lui les capitaux étrangers et de faire en sorte que le taux de profit soit le plus élevé possible. Diminution de la fiscalité des entreprises et augmentation de la durée de cotisation des salariés. A l'opposé, contrôler les mouvements de capitaux, c'est avantager les industriels. C'est la régulation politique.

Un Etat néolibéral est au service du marché. Il renonce à sa capacité d'intervenir dans l'économie. C'est un Etat impuissant, qui accepte l'ouverture totale aux marchés financiers, aux paradis fiscaux, à l'évasion fiscale, sans demander de justificatif.

La liberté des mouvements de capitaux, qui est à l'origine des paradis fiscaux, résulte d'une décision européenne sous la présidence de Jacques Delors en 1986.

Les règles européennes sont le produit de cette idéologie néolibérale. Les gouvernements ne contestent pas ces principes, les responsables politiques étant acquis à l'idée d'adapter la France à la mondialisation; l'Europe ne pouvant rien faire (principe de servitude volontaire).

Le rôle de l'Etat, en se mettant au service des marchés et en décidant de son impuissance, est de gérer les calculs coûts-avantages.

 

Il faut sortir de cette conception de l'impuissance de l'Etat qui laisse le peuple de côté. Aucun industriel français n'avait intérêt au marché européen de l'électricité, complètement débile. Cette idéologie va contre les intérêts des industriels. Il faut revenir à la défense de l'intérêt collectif, patriotique.

 

Après cette intervention, David a répondu, pendant plus d'une heure, aux nombreuses et judicieuses questions posées par les participants à cette visioconférence très instructive.

Cet article est le 3233 ème sur le blog MRC 53 - le 144ème, catégorie Capitalisme

David Cayla, à Marseille, le 7 septembre 2018, lors de l'université d'été de la Gauche républicaine.

David Cayla, à Marseille, le 7 septembre 2018, lors de l'université d'été de la Gauche républicaine.

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