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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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29 avril 2024 1 29 /04 /avril /2024 20:33

Une approche plus efficace, plus écologique et plus démocratique

 

En écho, certainement involontaire, avec l'article publié sur ce blog le 10 avril - voir Face aux mutations du travail, Arnaud Montebourg prône la démocratie - le blog de Bertrand Renouvin, ce 29 avril, publie un texte de Daniel Bachet - du même auteur, voir cet article sur Marianne le 7 juin 2019 Voir autrement l'entreprise pour émanciper le travail - qui émet des considérations importantes pour une alternative à la conception néolibérale de l'entreprise.

En voici des extraits.

Daniel Bachet : Refonder l’entreprise pour émanciper le travail et protéger la nature

Daniel Bachet est professeur émérite de sociologie à l’université d’Évry-Paris-Saclay et chercheur au Centre Pierre Naville. Il a été directeur du département « Entreprise » au Centre d’Études des Systèmes et des Technologies Avancées (CESTA) puis chargé de mission au Commissariat Général du Plan de 1988 à 1994 et à l’Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail (ANACT).

Il est l’auteur de plusieurs ouvrages et d’articles portant sur la refondation du travail, de l’entreprise et des outils comptables. On signalera parmi ceux-ci : Les fondements de l’entreprise, construire une alternative à la domination financière (Les éditions de l’Atelier, 2007), Critique de la finance capitaliste (les éditions du Croquant, 2015), Reconstruire l’entreprise pour émanciper le travail (UPPR, 2019) et en collaboration avec Benoît Borrits, Dépasser l’entreprise capitaliste, Travail, écologie, propriété, (Les éditions du croquant, 2021).

L’entreprise n’est pas seulement l’affaire du capital mais celle du capital et du travail. Pourtant, si cette entité, à la fois productive, économique et juridique, fait bien partie du rapport capital/travail, elle ne peut se confondre complètement ni avec le capital ni avec le travail (...)

De même, la définition de l’entreprise n’est pas neutre. Si l’on considère que cette entité n’est qu’un outil de rendement au service des détenteurs de capitaux ou bien qu’elle est simplement une somme de contrats commerciaux entre apporteurs de capital et apporteurs de travail, on admet implicitement comme légitime et naturel le pouvoir d’autorité sans partage des actionnaires et des propriétaires et celui des dirigeants auxquels il est délégué. Les salariés seront appréhendés comme des « tiers » et non comme des associés à part entière aux processus de décision (...)

Aujourd’hui, la rentabilité financière est le seul objectif tant pour sa traduction immédiate, la distribution de dividendes, que pour la valorisation du patrimoine de l’actionnaire, un profit important permettant de maximiser la valeur de l’action. En fait, la situation est même beaucoup plus inquiétante. Une entreprise ne vaut plus aujourd’hui par ses réalisations, ses acquis ou ses compétences propres mais par ses perspectives, son plan d’affaires futur. En somme, une entreprise ne vaut pas par ce qu’elle a fait, par ce qu’elle a réussi, mais par ce qu’elle se propose de réaliser pour satisfaire l’actionnariat. On ne fait pas mention ici bien entendu des PME dont les objectifs sont différents et qui pour l’essentiel tentent d’obtenir un revenu susceptible d’assurer leur pérennité (...)

En revanche, si l’on assigne comme finalité à l’entreprise de produire et de vendre des biens et des services, les ressources mises en œuvre ont d’abord le statut de facteurs de création de richesses et l’objectif économique premier est de préserver l’équilibre entre la valeur ajoutée et le coût global de la structure (coût du travail et coût du capital). Un véritable équilibre économique est atteint.

Les entreprises qui se sont repositionnées en priorité sur la production et la vente de biens et de services ont visé non pas la maximisation du profit (à partir du calcul des marges et des prix de revient), mais l’augmentation du taux d’équilibre économique, qui se mesure par le rapport entre la valeur ajoutée et le coût global de la structure. Elles ont tenté de faire plus et mieux avec les mêmes ressources – augmenter le numérateur – plutôt que de s’acharner à réduire le dénominateur (en particulier les salaires du personnel) opération qu’il faut sans cesse recommencer.

Si l’on admet que la valeur ajoutée est le véritable revenu de l’entreprise, il convient de rechercher les clefs de répartition qui permettront de partager au mieux ce revenu entre les parties constituantes de l’entreprise. Deux cas de figure au moins seront envisageables dans le cadre d’un partage des revenus et des pouvoirs qui s’appuieront alors sur une autre manière de voir et de compter. Les pouvoirs de délibération et de décision pourraient être enfin rééquilibrés en faveur des salariés. Dans les grandes sociétés, l’ouverture massive du conseil d’administration (ou du conseil de surveillance), qui est une instance stratégique, aux représentants des salariés permettra de mieux définir l’intérêt de l’entreprise et des différentes parties concernées,

 

L’organisation du travail et de la production quant à elle peut relever d’un « conseil d’établissement » de façon à ce que la nouvelle configuration institutionnelle d’ensemble (CA + CE) réorganise les pouvoirs opérationnels, tactiques et stratégiques. Cela implique de multiplier les formes de contrôle des salariés à ces trois niveaux qui relèvent des domaines économiques et politiques.

Les dirigeants seraient contraints par le politique et le législateur à prendre en compte l’ensemble des intérêts qui seront affectés par leur prise de décision et non les seuls intérêts des actionnaires de contrôle.

S’il est possible à terme d’aller plus loin sous l’effet de forces collectives puissantes et de dépasser les rapports de subordination et de soumission dans l’entreprise, alors les producteurs associés seront en capacité de devenir responsables de leur destin commun. Ils disposeront des outils de gestion c’est-à-dire des technologies politiques leur permettant d’organiser le travail et de prendre des décisions plus conformes à « l’agir commun » en entreprise.

 

Ce sera une approche plus efficace, plus écologique et plus démocratique que celle qui prévaut aujourd’hui, de produire sobrement et de répartir équitablement les richesses.


 

Cet article est le 3340 ème sur le blog MRC 53 - le 154ème catégorie Travail Economie

Article paru le 29 avril 2024 sur http://mrc53.over-blog.com

Le siège de l'entreprise de transports Bréger à Saint-Berthevin (Mayenne)

Le siège de l'entreprise de transports Bréger à Saint-Berthevin (Mayenne)

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