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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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16 juin 2008 1 16 /06 /juin /2008 18:42

Réconcilier l’Europe avec la démocratie et les nations

 

Avant de reproduire ici le point de vue développé par Jean-Pierre Chevènement dans la rubrique Débats du Figaro (voir www.lefigaro.fr, 16 juin) et sur son blog www.chevenement.fr, je vais reprendre certaines réflexions de journalistes, après le vote du peuple irlandais le 12 juin.

 

La première émane d’une analyse présentée par Arnaud Leparmentier, ce 16 juin sur www.lemonde.fr sous le titre :

 

« Le désamour européen »

 

« Quand les peuples sont consultés, ils disent non. Les eurosceptiques ont beau jeu d'exulter après le veto des Irlandais au traité de Lisbonne qui suit le rejet de la Constitution européenne par les Français et des Néerlandais en 2005.

Le désamour entre les citoyens et l'Europe est flagrant. Les professions de foi européennes attestées par les sondages semblent dérisoires. L'Europe est jugée lointaine, non démocratique, incapable de répondre aux préoccupations des citoyens et elle est vue, désormais, comme un échelon non pertinent entre la nation et le village global (…).

 

L'autre horizon qui fragilise l'Europe, c'est le village global. Les entreprises, qui avaient tant poussé pour le grand marché et l'euro, ont pour nouvelle frontière la Chine et les pays émergents.

Les citoyens, eux, se sentent dépassés par un monde qui leur échappe. L'impuissance européenne mérite bien sûr d'être nuancée : l'organisation mondiale du commerce est incapable de conclure le cycle de Doha, signe qu'une gouvernance mondiale reste chimérique, la pénurie alimentaire réhabilite la politique agricole commune qui visait à l'autosuffisance (…)».

 

La seconde réflexion est à lire sur www.rue89.com depuis le 14 juin sous le titre  Europe: vos dix raisons de ne pas l'aimer (introduction et conclusion).

« Depuis vingt-quatre heures, Rue89 est littéralement submergée par vos commentaires sur les 53,4% de "non" irlandais au Traité de Lisbonne. Vos réactions mêlent colère, amertume et lassitude face à une Europe qui semble laisser ses habitants au bord de la route. Revue des dix raisons que vous avez de ne pas la soutenir (…).

« L'Europe ne sait plus dans quelle direction se développer »

« Enfin, derrière les critiques, une réelle inquiétude se profile: où et comment l'Europe va-t-elle désormais pouvoir se construire ? Une interrogation partagée, quelles que soient les idées défendues. Ainsi, Marmotte64, super héros, qui dit avoir voté "oui" au référendum français de 2005, exprime sa perplexité au sujet de ce nouveau référendum :

"Il y a deux choses que je trouve inacceptables. D'une part, le fait de revenir avec un projet qui a déjà été refusé et sans prendre la peine de le présenter à ceux qui l'avaient rejeté (les Français ou les Hollandais qui avaient signifié par référendum leur refus). D'autre part, le fait que les citoyens, qui sont le primat de la démocratie, soient écartés car (implicitement) trop cons pour donner un avis sur le sujet, créant de facto une scission (grave) entre le peuple et ses représentants pour un sujet 'fondamental' (ne dit-on pas d'ailleurs qu'une Constitution est une 'loi fondamentale'?) ».

Après le non irlandais au référendum sur le traité de Lisbonne, Jean-Pierre Chevènement revient sur la nécessité de prendre en considération la volonté populaire pour aller plus avant dans l'élaboration de l'Union européenne (Le Figaro, 16 juin).

« Il faut construire l'Europe en respectant les peuples »

« Juridiquement, le traité de Lisbonne est mort avec le non irlandais : un traité n'a de valeur que s'il est adopté, dans les mêmes termes, par tous les pays qui l'ont signé. En France et aux Pays-Bas, les gouvernements avaient déjà contourné la volonté populaire en procédant, par un véritable déni de démocratie, à une ratification par voie parlementaire.

Patatras ! Là où le vote par référendum était constitutionnellement nécessaire, en Irlande, le rejet populaire est net. On cherche à minorer le vote irlandais : ce ne serait que 4 millions d'habitants, M. Sarkozy a eu un mot malheureux en parlant «d'incident irlandais». Mais qui peut douter, qu'en France, comme aux Pays-Bas, le résultat aurait été le même si le peuple avait été consulté ? Et qui peut croire que, s'il l'était au Royaume-Uni, en République tchèque, voire en Allemagne, le résultat serait pareillement négatif ?

Les dirigeants européens sont confrontés à la rébellion des peuples contre une construction technocratique et antisociale dans laquelle ils ne se reconnaissent pas.

M. Jouyet, dans un premier mouvement dont on sait qu'il est toujours le bon, a déclaré : «Je suis plus que touché : effondré !»

M. Barroso délégitime sa fonction de président de la Commission européenne en demandant la poursuite de la procédure de ratification. Il s'arroge un pouvoir qu'aucun traité n'a confié à la Commission.

M. Gordon Brown, premier ministre britannique, est pris en flagrant délit de déni de démocratie. Oublié l'engagement de Tony Blair de consulter le peuple britannique par référendum ! Le fossé se creuse ainsi entre les élites dirigeantes «oui-ouistes» et les peuples.

M. Sarkozy a oublié tout ce qu'il nous a dit pendant la campagne électorale sur la nécessité d'une Europe qui protège, d'un euro trop cher, et d'une politique de change plus réaliste. Ce mépris du peuple nourrira demain les pires régressions.

 

Nous sommes engagés dans une dérive gravissime où les peuples ne peuvent que perdre confiance dans ceux qu'ils ont élus. Il est temps de se mettre à leur écoute.

 

Les raisons du fossé qui s'est créé sont simples :

 

- Il y a d'abord un mécanisme de décision ultratechnocratique : ni la Commission européenne, ni la Banque centrale européenne, ni la Cour de justice de l'Union européenne ne rendent de comptes à des représentants élus par les peuples. Le Parlement européen n'exprime aucune volonté générale, c'est un Parlement fantôme ; de lui n'émane aucune légitimité.

- En second lieu, la construction européenne n'a été, en aucune manière, une barrière protectrice contre une mondialisation libérale qui frappe l'Europe de plein fouet.

 

Il n'y a plus de tarif extérieur commun, les taux de change sont assassins pour l'activité économique. Au nom du principe de la concurrence, on a tué les politiques industrielles.

La libéralisation des marchés de l'énergie a eu, pour conséquence, l'envol des prix de l'électricité et du gaz. La sécurité de l'approvisionnement énergétique européen est le cadet des soucis de la Commission, l'intérêt des peuples est foulé aux pieds par ceux dont la mission devrait être de le défendre.

Et, pendant ce temps-là, les dogmes usés du libre-échangisme et de la concurrence, érigée en fin dernière de toute la société, font eau de toutes parts. Même M. Sarkozy reconnaît que le traité de Lisbonne ne peut être d'aucune aide dans la solution des graves problèmes économiques auxquels nous sommes confrontés. La présidence française démarre ainsi complètement à côté de la plaque.

M. Sarkozy est ainsi placé devant un dilemme crucial pour la suite de sa présidence. Ou bien il persiste à se fondre dans la triste cohorte de ses homologues européens ou bien il se souvient de ses mâles discours de campagne électorale, il prend alors le taureau par les cornes et il choisit de porter le débat sur la réorientation de la construction européenne.

 

Cela ne peut se faire qu'en s'appuyant sur la volonté des peuples.

 

-          Il faut revoir les statuts de la Banque centrale européenne ou, à tout le moins, rappeler que la politique de change est de la compétence des gouvernements au terme du traité de Maastricht lui-même, disposition totalement oubliée, depuis lors.

 

-          Il faut assouplir le pacte de stabilité pour organiser une relance à l'échelle de la zone euro, ce qui sera le meilleur moyen d'aider les États-Unis à surmonter leur récession.

 

-          Il faut bloquer la politique de concession de M. Mandelson, dans la négociation agricole, à l'OMC.

 

-          Il faut, enfin, redresser les initiatives débiles de la Commission européenne en matière de politique énergétique commune.

 

Bref, il faut une France qui sache ce qu'elle veut. Pour M. Sarkozy, l'histoire ne repassera pas les plats. Ou bien, il choisira de s'appuyer sur le peuple, ou bien il continuera de le combattre en s'appuyant sur l'establishment européen.

 

Il faut laisser tomber le mauvais traité de Lisbonne qui entérinait la rupture de parité dans les votes au Conseil entre la France et l'Allemagne, parité qui avait permis, jusqu'ici, le progrès équilibré de la construction européenne.

 

Il faut faire avec le traité de Nice, dont ceux qui l'ont signé disent beaucoup de mal mais qui, depuis huit ans, permet quand même de fonctionner.

 

Il faut surtout de l'imagination et la volonté politique de construire une Europe avec les peuples, selon le principe de la géométrie variable. C'est ainsi qu'on réconciliera l'Europe avec la démocratie qui vit dans les nations ».

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commentaires

E
Vedrine est un sage. Comme Pisani. Les sages sont rares. Les insensés pulullent. Amicalement à toi Eva
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S
Merci, Eva, de ce commentaire et d'avoir mis cet article en lien sur ton blog.Le principal vice de la construction européenne, initiée par Jean Monnet et poursuivie par la plupart des dirigeants européens, est de se soustraire à la démocratie. C'est une construction par en haut, qui vise à l'intégration européenne sans consulter les peuples, pourtant directement concernés. Lire, à ce sujet, ce jour, l'article du Monde signé Hubert Védrine.Les institutions ne sont pas une solution aux problèmes de l'Europe. Les solutions viendront de la coopération entre les peuples et leurs dirigeants, dans le but de résoudre les vrais problèmes, liés à l'évolution du capitalisme et à l'emprise de l'idéologie néolibérale sur les chefs d'Etat et de gouvernement.
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E
Chevènement a raison : Il faut écouter les peuples... On ne gouverne pas pour une minorité, mais pour les peuples. Qui entendra cette parole forte, juste ? Pas les gouvernants Eva
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