Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
  • Contact

Texte libre

Recherche

Courriel

 

 

 

 

Articles RÉCents

15 août 2013 4 15 /08 /août /2013 22:21

Tirer les leçons des accords commerciaux avec les USA

 

Les traités de libre-échange sont fort recherchés par les Etats-Unis d’Amérique. On devine qu’ils y trouvent leur intérêt. Les négociations ont commencé avec l’Union européenne.

Voir, à ce sujet : Les dangers du traité transatlantique UE-USA (Laurent Pinsolle, 24 mai 2013) et Néolibéralisme en action : négociations ouvertes entre les USA et l'UE (Michel Sorin, 8 juillet 2013). 

 

Tirer les leçons des accords commerciaux avec les USA est très important. L’association Mars | Mouvement Agricole et Rural Solidaire, lors de sa réunion du 14 mai 2013, traitait des impacts économiques et sociaux sur l’agriculture mexicaine des accords commerciaux de l’ « ALENA » passés entre les Etats Unis, le Canada et le Mexique en Janvier 1994. Voir Accord de libre-échange nord-américain - Wikipédia

 

Le sujet était introduit par Victor Quintana, enseignant-chercheur à l’université de Chihuahua au Mexique. Il est spécialisé dans l’histoire des mouvements sociaux de son pays et conseiller de l’ANEC, l’un des syndicats d’agriculteurs familiaux les plus représentatifs du Mexique. Voir Víctor Quintana Silveyra – Wikipedia (en espagnol). Membre d’un parti de gauche (PRD), il avait pris position dès le début contre la partie agricole de l’ALENA.

 

Dans son exposé, Victor Quintana avait d’abord présenté les caractéristiques du Mexique…

1 950 000 km² (4 fois la superficie de la France ; le nord est un désert aride) ; 112 millions d’habitants ; République  fédérale ; 31 états, un district fédéral ; Les trois pouvoirs au niveau fédéral et local ; Chambre bicamérale au niveau fédéral (députés et sénateurs par élection directe) ; Chambre monocamérale dans chaque état ; Président de la République et gouverneurs des états : 6 ans, non rééligibles ; Sénateurs : 6 ans ; députés, 3 ans. Non réélection consécutive ; Non cumul des mandats ; Partis politiques. PRI, PAN, PRD, PT, MC. PVEM, PANAL. (MORENA). La constitution mexicaine date de 1917 (Révolution entre 1910 et 1923). Protectionnisme fort jusqu’en 1986.  

… Puis, il avait abordé l’agriculture mexicaine et l’ALENA. Le « miracle agricole mexicain » se traduit par une agriculture à deux vitesses (petits propriétaires entrepreneurs d’un côté, agriculture de subsistance de l’autre).

A partir de 1965, importation de maïs pour la première fois. Enorme transfert de valeur de l’agriculture à l’industrie. Prix garantis gelés. Investissement et production au ralenti. Relance 1970-1982. En 1982, suspension du paiement de la dette du Mexique. Programme d’ajustement structurel avec investissement public en agriculture et libération des prix. Ouverture commerciale abrupte à partir de 1986 (accords GATT). Suppression du système de crédit et d’assurance pour les petits paysans.

Application de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) en 1994. Rébellion des zapatistes. Ralentissement de la croissance agricole depuis le début des années 2 000. Depuis 1990, la productivité n’a plus progressé. L’agriculture mexicaine est moins dynamique que celles des pays hors ALENA. Avec l’ALENA, les exportations agricoles ont augmenté, mais plus encore les importations. La pauvreté a cru de 50 % au Mexique (95 % en campagne), la grande pauvreté concerne 32 % des Mexicains (57,8 % en campagne). La malnutrition s’est développée (70 % des adultes en surpoids, 30 % des enfants), suite à l’abandon de la nourriture traditionnelle (maïs et haricots secs) très équilibrée. « Nous ne vivons pas comme les Américains, mais nous mourons comme eux » …

Le Mexique est un très bon élève des organisations internationales ; il a suivi les préceptes néolibéraux. Le déficit commercial avec les USA s’est accentué. Les USA ont profité de l’ALENA, ainsi que les narcotrafiquants. La démographie a augmenté de 3 % par an entre 1950 et 1970 puis de 1,8 %, suite à des campagnes en faveur des petites familles. La population est passée de 30 millions en 1955 à 112 millions actuellement (dont 20 dans l’agglomération de Mexico). Les jeunes ne trouvent pas de travail. Il y a 12 millions d’habitants d’origine mexicaine aux USA.

L’ALENA est défavorable aux petits paysans et les investissements dans le développement agricole sont insuffisants. Le Mexique a un profil de pays industrialisé (producteur de voitures). Depuis peu (2012), il existe un plan pour aller vers la souveraineté alimentaire en développant la capacité productive des petits paysans. Les subventions agricoles sont concentrées dans les Etats du nord-ouest (irrigation, infrastructures pour les parties arides). Les OGM sont interdits mais des pressions sont exercées par Monsanto sur le gouvernement mexicain. Il y a peu de relations avec les pays voisins. Les pays d’Amérique du Sud ont une croissance plus forte.

Voir, par ailleurs, cet article du Monde Diplomatique : Le jour où le Mexique fut privé de tortillas (Anne Vigna, mars 2008).

Entré en vigueur il y a quatorze ans, l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena) a eu des effets dévastateurs sur l’agriculture du Mexique. Les productions américaines (subventionnées) ont inondé ce pays et ruiné des millions de petits paysans. Mais la situation va encore s’aggraver car, depuis le 1er janvier 2008, la libéralisation des échanges agricoles entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique, déjà fort importante, est devenue totale. Pourtant, les trois pays ont décidé de poursuivre dans cette voie.

Voir aussi cet article de Benjamin Sourice (Mediapart), cité le 14 août 2013 dans la revue de presse de l’Association nationale des producteurs de lait indépendants - Apli. Article issu d'une traduction d'un article de Nation of Change paru le 24 juin 2013 sous la plume de Barbara Chicherio, membre du Parti Vert américain.

 

Tirer les leçons des autres accords commerciaux avec les Etats-Unis

Dix ans après la mise en place de L’ALENA signé (Accord de libre-échange nord-américain) entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique, plus d'un million et demi de fermiers mexicains ont fait faillite parce qu’ils n’étaient pas en mesure de rivaliser avec le maïs subventionné et OGM américain qui entrait sur le marché mexicain. En matière d'agriculture, ces accords commerciaux ont provoqué le déplacement de dizaines de millions de petits fermiers, contraints à l'immigration ou la misère des bidonvilles. La destruction des économies alimentaires locales a entraîné une forte hausse des prix (plus de 100%)  jusqu'à provoquer la « crise de la tortilla » et ses émeutes de la faim en 2007. Vingt ans après la signature des accords, le Mexique est passé d’un pays autosuffisant produisant l’intégralité de son maïs à un pays important maintenant au moins le quart de cet aliment de base, et 40% de son alimentation, depuis les Etats-Unis. En 2013, le Mexique devançait cependant les Etats-Unis sur une chose : le pays compte désormais le plus fort taux d'obésité au monde selon la FAO.

 

« Alors que le Traité trans-pacifique est à de nombreux égards semblable à l’ALENA, il apparaît que les entreprises ont également su tirer les leçons des expériences précédentes. Elles peaufinent le PTP afin de s’assurer que les citoyens des pays impliqués n’aient aucun contrôle sur la sécurité alimentaire, sur ce qu’ils vont manger, sur le lieu où cette nourriture sera cultivée, sur les conditions dans lesquelles la nourriture sera cultivée et sur les restrictions d’utilisation d’herbicides ou de pesticides » analyse Chicheria pour Nation of Change. « Si le PTP est adopté, la porte sera alors encore plus ouverte aux abus envers les droits de l’Homme et de l’environnement » poursuit-elle.

Dans un ultime avertissement, la militant prévient que « les choses auxquelles nous devons nous attendre avec certitude sont les suivantes : plus d’exploitations agricoles à grande échelle et plus de monoculture ; la destruction des économies locales ; aucune donnée sur la façon dont notre nourriture sera cultivée ou sur ce que nous mangerons ; plus de déforestation ; une utilisation accrue des herbicides et des pesticides ; plus de pollution industrielle ; un nombre croissant de dépôts de brevets sur le  vivant ; plus de plantes et d’aliments OGM ; aucun étiquetage des OGM contenus dans la nourriture. »


Et demain l'Europe ?

Tout ceci représente un pas en arrière pour les droits de l’Homme et un pas de géant vers le contrôle de notre nourriture par Monsanto et toutes les multinationales de l'agroalimentaire américaines. Malgré ces conséquences désastreuses pour les Droits fondamentaux, ainsi qu'une perte de souveraineté alimentaire sans précédent, la plupart des américains comme les  citoyens des autres pays signataires ne sont au courant ni de cet accord commercial, ni de ses effets plus qu’inquiétants, tous soigneusement maintenus dans l'ignorance la plus crue. 

 

Début juillet 2013, les Etats-Unis ouvraient avec l'Union Européenne des négociations similaires pour répliquer l'accord trans-pacifique avec les pays européens sous le nom de Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP ou TAFTA). De la même manière, l'accord est négocié dans le secret entre les dirigeants européens et les négociateurs américains, de la même manière les multinationales cherchent à imposer des normes moindres pour introduire leur produits en Europe, de la même manière, un système de compensation financière sera érigé en système d'assurance des actionnaires contre la décision des citoyens de se protéger contre des produits indésirables, au premier rang desquels les OGM. Monsanto n'aura alors aucun mal à venir collecter ses « compensations » dans les pays qui maintiendront un moratoire sur ses semences...

 

Pourtant il existe une différence de taille : les négociations viennent tout juste de s'ouvrir pour aboutir en 2015 et déjà des informations fuites sur ces accords du TTIP. Les citoyens européens se montreront dès lors plus aptes à se mobiliser pour éviter cette catastrophe annoncée. De plus, les élections du Parlement européen se tiennent en mai 2014, et « ce seront ces eurodéputés issus du scrutin de 2014 qui auront, in fine, leur mot à dire » comme le rappelait le journal Politis. La mobilisation ne fait donc que commencer ! Suite...

 

Cet article est le 404ème publié sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

Partager cet article
Repost0

commentaires