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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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15 novembre 2013 5 15 /11 /novembre /2013 23:57

Un livre d’histoire et de brûlante actualité pour le débat public

 

Le 12 novembre 2013, la "Cité des livres" de la Fondation Jean Jaurès recevait, Cité Malesherbes, l'auteur d'un opuscule qui fera date 1914-2014 : l'Europe sortie de l'histoire?  (Fayard, octobre 2013, 342 pages, 20 euros). Le même auteur, Jean-Pierre Chevènement, pour son précédent ouvrage « La France est-elle finie ? », chez le même éditeur, avait reçu le prix du livre politique 2011.

 

Dans son numéro de novembre, la revue Esprit Critique avait proposé une critique du livre par Thierry Germain (voir Le livre de Chevènement sous la critique de la Fondation Jean Jaurès - 14 novembre 2013). 

 

Fondation-J-Jaures-livre-Chevenement-121113-007-T.jpgJean-Pierre Chevènement a commencé par indiquer que la Cité Malesherbes lui rappelait de bons souvenirs puisque c’était le siège du parti socialiste en 1971 et, donc, le lieu de travail des responsables du PS après le congrès d’Epinay. Il se souvient aussi, étudiant de Sciences Politiques à Paris mais aussi frontalier avec l’Allemagne, avoir rédigé en 1960 un mémoire de 160 pages sur la droite nationaliste allemande.

 

Puis il en vient à parler de son livre qui devait avoir pour titre « D’une mondialisation l’autre » car son objet est de mettre en évidence les ressemblances et différences entre les deux mondialisations, les modifications de la hiérarchie des puissances, les tensions politiques et militaires, qu’elles ont entraînées.

 

Lors de la 1ère mondialisation, l’Allemagne avait multiplié par 3 sa production entre 1875 et 1914, beaucoup plus que la Grande-Bretagne et la France. L’empire britannique s’inquiétait du développement des équipements de la flotte de guerre allemande à la fin du 19ème siècle. En fait, la guerre 14-18 n’est pas du tout une guerre franco-allemande. L’Allemagne se battait sur deux fronts. L’offensive russe en Allemagne a soulagé l’armée française. La rivalité entre la Grande-Bretagne et l’Allemagne, née de la première mondialisation, a été déterminante dans le déclenchement de la guerre.

 

La deuxième mondialisation est marquée par la croissance exceptionnelle de la Chine, qui n’avait pas été prévue par le business américain (200 milliards d’excédent de la Chine envers les USA et autant avec l’Union européenne. La théorie de l’hegemon dans la mondialisation spécifie que le marché est soumis à une puissance hégémonique. La Grande-Bretagne a laissé la place aux USA en 1945.

 

Les responsabilités allemandes dans le déclenchement de la guerre en 1914 sont clairement établies. L’allié austro-hongrois était un empire vacillant quand fut assassiné l’héritier de la famille régnante. L’Allemagne, en faisant pression pour que son allié déclare la guerre à la Serbie, pensait à un conflit localisé qui consoliderait l’Autriche-Hongrie. Elle imaginait que la Russie n’allait pas soutenir son allié serbe, ce qui était une erreur. En fait, l’Allemagne a engagé une guerre préventive (un plan existait depuis 1905), anticipant une menace russe prévue en 1917 et violant la neutralité de la Belgique, pourtant garantie par la Grande-Bretagne. C’était mal juger des intentions de celle-ci, qui ne voulait pas voir l’Allemagne dominer l’Europe.

 

En envahissant la Belgique, elle pouvait s’attendre à ce que la guerre s’étende à l’Europe entière et devienne mondiale car il était prévisible que la Grande-Bretagne ferait appel à son allié américain. Celui-ci assura un soutien logistique jusqu’à ce qu’il entre directement dans le conflit en 1917. En réalité, la 1ère guerre mondiale a été décidée par l’Allemagne, le chancelier ayant déclaré « Nous sautons dans le noir », sous l’influence de l’état-major de l’armée, qui voulait la guerre et s’est emparé du pouvoir. En 1918, le dernier gouvernement de l’empereur Guillaume II a demandé l’armistice, considérant que ce serait une trêve.

 

L’idéologie du pangermanisme a beaucoup compté dans la décision de l’Allemagne. Celui-ci était un mouvement élitaire qui a compté au maximum 40 000 membres, divisé en deux courants, l’un voulant un empire colonial en Afrique, l’autre recherchant un empire en Europe, avec des transferts de populations. La Ligue pangermaniste avait accès aux centres de décision, contrairement aux groupes nationalistes en France, qui n’avaient pas accès au pouvoir. L’opinion allemande, pas plus que la française, ne souhaitait pas la guerre. En fait, elle a duré quatre ans et demi et fait 11 millions de morts. Mais la responsabilité des peuples n’est pas engagée.

 

Le deuxième Reich était une alliance forte de deux composantes, l’aristocratie foncière et militaire à l’est et les industriels de la Ruhr à l’ouest, réalisant un développement économique de grande ampleur, qui a conduit à la suprématie allemande sur l’économie française. Sans déclencher la guerre, l’Allemagne aurait dominé l’Europe. Mais la Grande-Bretagne s’y est opposée.

 

L’Allemagne avait accepté les 14 points de Wilson en 1918 pour éviter que son territoire soit divisé. Mais la défaite de Wilson aux élections américaines et le refus du Sénat de ratifier le traité de Versailles ont déséquilibré ce traité (absence de garantie des USA, prééminence de l’armée française) et favorisé l’esprit de revanche des allemands, pour qui la défaite n’en était pas une car le sol allemand avait été préservé. Après 1920, l’industrie allemande est repartie et le militarisme bismarckien est revenu. Hitler, ensuite, introduisit une rupture. Mais il aura fallu la défaite complète de 1945 pour expurger le pangermanisme.

 

L’Europe était ensuite une bonne idée mais elle a été lancée sur la base de présupposés erronés. Il faut repenser l’Europe à la lumière des défis du 21ème siècle. Il faut une autre organisation. Pourquoi ne pas aller jusqu’à la Russie et y associer les pays du sud de la Méditerranée ? Il y a besoin d’une vue mondiale pour concevoir une Grande Europe, bâtie sur les nations. Une Europe à géométrie variable, en corrigeant l’erreur initiale de la monnaie unique pour faire de l’euro une monnaie commune. Faire l’Europe à partir des nations, c’est un projet viable dans un monde dominé par les USA et la Chine.

 

Après cet exposé introductif, Jean-Pierre Chevènement a répondu aux questions de l’auditoire.

 

Cet article est le 182ème paru sur ce blog dans la catégorie CHEVENEMENT

 

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