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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 23:29

Entre l’homme et la nature, à qui le dernier mot ?

 

Dans la nuit du 27 au 28 février, il s’est produit un phénomène météorologique extraordinaire, combinaison d’une forte tempête dénommée Xynthia, d’une marée et d’une dépression à l’ampleur exceptionnelle. Au-delà des prévisions de la météo nationale.

Marie Piquemal, le 2 mars dans Libération - voir «On ne va pas fuir à chaque tempête !» - rappelait les indications de Météo France :

«Tempête d'une ampleur et d'une intensité peu communes qui nécessite une vigilance particulière, même si cette tempête devrait être moins forte que celles de décembre 1999». Samedi, 16 heures, Météo France émettait un bulletin d'alerte, plaçant quatre départements en vigilance rouge: la Charente-Maritime, la Vendée, les Deux-Sèvres et la Vienne (…).

«Rester chez vous dans la mesure du possible»

En diffusant son alerte rouge samedi, l'institut météorologique rappelait les conseils de prudence et conséquences possibles, préétablis par le ministère de l'Intérieur. En l'occurrence : «Rangez les objets exposés au vent», «Restez chez vous dans la mesure du possible» «évitez toute activité extérieure», «des dégâts importants sont à attendre»...

Sauf que, souligne Béatrice Lagarde, sous-préfète des Sables-d'Olonne, interrogée par le Figaro, «le bulletin égrainait la liste habituelle des dangers sans mettre un accent particulier sur les risques d'inondations». Si l'alerte rouge portait sur les «vents violents», Météo France précisait bien un risque d'«élévation temporaire du niveau de la mer, pouvant submerger certaines parties littorales.»

«Personne ne pouvait prévoir une tempête de cette ampleur. Météo France a certes lancé l'alerte pour des vents violents et une mer agitée, mais on ne pouvait pas penser que les vagues allaient déplacer 800kg de rochers, et inonder des quartiers même pas classés en zone inondable», explique Serge Kubryk, maire de La Tranche-sur-Mer qui compte 2600 habitants l'hiver et 100 000 l'été.

«Il faut arrêter avec cette volonté de tout maîtriser»

Fallait-il évacuer les populations ? «On ne va pas fuir à chaque tempête ! Sinon, on ne vivrait pas au bord de la mer..., répond Louis Guérin, maire des Sables-d'Olonne. C'est le même raisonnement que de dire je ne prends pas la voiture parce qu'il y a 5000 morts sur les routes par an. Il faut arrêter avec cette volonté de tout maîtriser. On peut pas tout prévoir... Il n'y a que les Parisiens pour croire ça. Des vents à 120 km/h et une mer agitée comme samedi, cela arrive six fois par an !» Un brin agacé par cette controverse «qui n'a pas lieu d'être», il ajoute: «Cette tempête rappelle qu'il faut rester humble et modeste face aux éléments, face à la mer. L'heure n'est pas à la polémique, mais à la solidarité avec les familles des victimes.» (…)


La Faute-sur-Mer, assommée par la tragédie
(Ouest-France, Benoît Guérin, 2 mars)

Avec vingt-quatre morts, la petite commune vendéenne est celle qui a le plus souffert du passage de la tempête Xynthia. Piégés par les eaux, ses habitants prennent la mesure du cauchemar. « C'est comme une autre planète. » Rien à voir, en tout cas, avec les paysages habituels de La Faute-sur-Mer. Vingt-quatre heures après le passage de Xynthia, cette commune vendéenne est la principale victime de la tempête.

Coincée entre l'Atlantique, juste derrière la dune, et la capricieuse rivière du Lay, La Faute a été prise dans un étau. Piégée par la tempête d'un côté et une crue incontrôlée de l'autre. Vingt-quatre personnes y ont trouvé la mort. Vue du ciel, elle est devenue une gigantesque cuvette. À hauteur d'homme, c'est une cité meurtrie. Certains de ses quartiers ne sont accessibles qu'en bateau (…).

La Faute-sur-Mer et L’Aiguillon, victimes d'une urbanisation galopante (Le Monde, 2 mars)

Le développement des deux communes vendéennes a commencé dans les années 60 et s'est poursuivi à un rythme effréné depuis. L'urbanisation galopante de La Faute-sur-Mer et de L'Aiguillon-sur-Mer, les deux communes de Vendée les plus touchées par la tempête Xynthia, a commencé dans les années 1960 et s'est poursuivie à un rythme effréné jusque dans les années 1990 (…).

La mer, le risque (Le Monde, édito, 2 mars)  

Après la tempête qui a ravagé les côtes de Charente-Maritime et de Vendée, causé la mort d'au moins 51 personnes et provoqué des dégâts considérables, le temps est évidemment au deuil et à la solidarité. Pas aux "polémiques inutiles", comme l'a recommandé le chef de l'Etat. Restons-en donc aux questions utiles : ce drame est-il "incompréhensible", selon le mot de M. Sarkozy ? Etait-il prévisible ? Pouvait-on le prévenir ?

 

Chaque désastre naturel - de Vaison-la-Romaine, en 1992, à Sommières, en 2002, en passant par la baie de Somme en 2001 - est déclenché par une conjonction exceptionnelle de phénomènes climatiques : en l'occurrence, des pluies très abondantes, des vents violents et l'élévation extraordinaire du niveau de la mer due à de très fortes marées. Comme à chaque fois, il y a là une part d'imprévisible.

 

Mais la fatalité n'explique pas tout. Les risques pris par l'homme sont évidents. En dépit de la loi Barnier de 1995, qui instaure les "plans de prévention des risques", théoriquement obligatoires et contraignants pour les plans locaux d'urbanisme, 7 600 communes seulement les ont mis en oeuvre sur les 12 000 qui devraient y être assujetties.

 

Pour une raison simple, sinon acceptable : cédant à la pression de l'urbanisation, en particulier sur le littoral, de nombreux maires continuent de laisser construire dans des zones dangereuses. Entre 1999 et 2006, ce sont ainsi près de 10 0000 logements qui ont été bâtis en zones inondables sur l'ensemble du territoire. C'est le cas, notamment, à La Faute-sur-Mer où le conseil municipal bataille depuis des années avec le préfet de Vendée pour retarder la mise en place d'un plan de prévention du risque inondation. Avant de "durcir les règles", comme l'a évoqué la secrétaire d'Etat à l'écologie, Chantal Jouanno, il serait déjà bon de les faire appliquer.

 

De même pour les digues qui protègent des zones inondables, et dont M. Sarkozy a annoncé un plan de renforcement. Or, les 1 000 km de digues "à risques" sont parfaitement répertoriés ; en Vendée, la direction départementale de l'équipement avait alerté, à l'automne 2007, sur la fragilité de celles qui étaient censées protéger les deux communes les plus touchées par la tempête. Là encore, le risque était connu. Là encore, il a été occulté, comme si l'on voulait écarter la perspective du pire, et se persuader que les catastrophes n'arrivent qu'aux autres. Pas de polémiques inutiles, donc. Mais il faudra bien qu'après le temps de la solidarité, vienne celui des responsabilités.

Voir aussi :

- L'interview de Jean-François Fountaine, vice-président de la région Poitou-Charentes sur  lesechos.fr/interview (1er mars) ACR PCPL 231009 039


- En France, la gestion des digues est un véritable casse-tête
(Le Monde, 3 mars)


- Quand Sarkozy voulait assouplir la loi Littoral NouvelObs.com(2 mars)
 


- France Nature Environnement
 : Xynthia, le naufrage de la loi ordinaire (2 mars)

- Journal de TF1
 : Défilé funèbre APL-EMB au salon de l'agriculture le 1° Mars 2010 (spécial tempête)


Vue de l'atelier de production nautique Fountaine-Pajot
à La Rochelle, octobre 2009


Cet article est le 50ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

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