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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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24 mai 2013 5 24 /05 /mai /2013 22:52

L’agriculture, coincée entre les industriels et les marchés

 

Les décisions de politique agricole sont prises à Bruxelles et à Strasbourg (co-décision des Etats et du Parlement européen). Dans des articles récents, L'Avenir Agricole (journal hebdomadaire des Pays de la Loire) donne la parole à deux acteurs importants qui suivent les questions agricoles au Parlement européen.

 

Debat-Europe-Laval-301012-005-T1.jpgPatrick LE HYARIC est député, vice-président du « Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne », membre suppléant de la Commission « Agriculture et développement rural ». Par ailleurs, il est élu local (PCF, Front de Gauche) et directeur du journal « L’Humanité ».

Il a un blog (voir Patrick Le Hyaric) et continue d’écrire des éditoriaux du journal « La Terre » qu’il a dirigé (voir Alerte lait, 14 mai 2013).

Dans l’édition du 17 mai 2013 de L’avenir agricole, Patrick Le Hyaric (Wikipédia) s’est exprimé sous la rubrique « Champ libre » (dernière page), la plume étant tenue par Frédéric Gérard, journaliste. 

 

Il faut trouver le moyen de préserver les exploitations familiales

 

Son nom a circulé lors de la composition du Gouvernement Ayrault, en mai 2012. Mais un élu (La Courneuve) du Parti communiste français pouvait-il siéger rue de Varenne? Patrick Le Hyaric ne se montre pas rancunier. Il trouve même que majorer les aides Pac sur les 50 premiers hectares est “une très bonne idée” de la part du ministre français mais “difficile à faire passer”. Il se dit aussi "plutôt d'accord" avec Stéphane Le Foll sur le fait de “faire évoluer les moyens de production”. “Cela peut contribuer à diminuer les coûts de production, et aussi, à rendre plus autonomes les agriculteurs de l'amont et de l'aval, c'est-à-dire des firmes de la chimie et de l'agroalimentaire”. Et de renvoyer à l'actualité: “Il y a actuellement un débat sur les pesticides, c'est sérieux: médecins et justice commencent à reconnaître que les agriculteurs sont les premières victimes de l'utilisation intensive de la chimie dans l'agriculture”. En mars, un céréalier de Meurthe-et-Moselle a vu la justice reconnaître son cancer du sang comme la conséquence d'un manque d'informations sur la composition de phytos contenant benzène et toluène; un précédent avait eu lieu avec un agriculteur de Charente; Bruxelles a retiré trois substances (les néonicotinoïdes) pour leurs effets néfastes sur les pollinisateurs. A ses yeux, tout ceci fait partie d'un “ensemble” face auquel “producteurs et consommateurs sont désarmés”: “Un système agro-industriel”.

 

Pour un prix minimum garanti

Patrick Le Hyaric apprécie également les positions et le travail du commissaire Dacian Ciolos même s’“il devra agir en-deçà de ses propositions” quant au verdissement de la Pac. Il espère encore un prix de base garanti au producteur. “C'est toujours le même débat: on nous dit que c'est impossible à appliquer par rapport à l'ouverture des marchés. Mais ce système est mortifère. C'est comme les OGM: nous n'en produisons pas mais on autorise leurs importations, il y a quelque chose qui ne va pas! Il faut pourtant trouver le moyen de préserver les exploitations familiales en France et en Europe. Le moyen, c'est le prix minima, un peu comme il existait dans le temps avec l'Office du blé ou les quotas sucriers.”

 

L'autonomie par les jeunes

Comme le montre le plafonnement des aides à “seulement” 300 000 euros, l'Europe ne fait rien pour écarter la Pac de “la libéralisation à outrance” ou de “l'ultralibéralisme”. Mais il y a urgence: “Moins de 6% des agriculteurs européens ont moins de 35 ans!” Pourtant, “aucun effort n'est mis pour l'installation”. Le député européen appelle de se vœux “un système à la fois national et européen pour influencer davantage l'accompagnement des jeunes en agriculture”. Une idée qui ne fera peut-être pas d'émules: le nouveau rôle de “co-législateur” du Parlement européen est en effet “trop limité”, juge-t-il, pour permettre aux députés d'agir.

 

Jacques Loyau est attaché parlementaire à Bruxelles, actuellement auprès de Eric Andrieu (PS), après avoir travaillé avec Georges Garot, puis Stéphane Le Foll, actuel ministre de l’agriculture. Dans l’édition du 24 mai 2013 de L’avenir agricole (rubrique Champ libre), il répond aux questions de Antoine Humeau, journaliste.

            Le monde agricole a réussi à faire entendre ses propositions, pour la PAC ?

Pour être efficace, il ne faut pas seulement être contre. Il faut aussi proposer. Je trouve inquiétant que le Copa, qui rassemble tous les syndicats agricoles européens majoritaires, dise toujours « non » et ne propose rien. Les agriculteurs ne pensent pas assez européen. Ils ne prennent pas assez leur place dans la démocratie. L’avenir de l’agriculture et la reconnaissance du monde agricole doit commencer en sortant des corporatismes. Le Copa-Cogeca est dominé par des grandes productions et les petites productions sont peu représentées. On sent qu’il y a de fortes tensions au sein des syndicats. Les instances dites représentatives ne représentent plus grand-chose aujourd’hui. On a besoin de contre-pouvoirs, sinon dans les campagnes, ensuite, cela provoque des tensions, des réactions très vives. Et, pour cela, il faut proposer.

Avec Stéphane Le Foll, nous avons créé un « think tank », le groupe Saint-Germain, pour repenser l’agriculture, redessiner des idées pour l’avenir. C’était l’occasion de montrer que l’agriculture a un rôle à jouer, face au réchauffement climatique. Nous avons fait un rapport d’initiative pour ouvrir le débat, et cela a pas mal réussi, puisqu’il a été repris par le Parlement européen.

La France a-t-elle une grande influence au niveau européen en matière agricole ?

Avec l’élargissement de l’Union européenne, elle a eu tendance à perdre un peu pied. On est entre le Nord et le Sud, on est aujourd’hui un peu les conciliateurs dans les discussions.

La future PAC va-t-elle accompagner positivement les mutations de l’agriculture ?

De l’argent va être mis dans la recherche, la diversification de l’agriculture, car il faut changer la manière d eproduire. En terme s de rééquilibrage, de redistribution des aides, cette réforme offre beaucoup de choses et apporte plus d’équité. Ensuite, en manière économique, cette Pac doit faire en sorte que l’on puisse avoir des outils pour réguler les marchés par filière. Il faut donc renforcer les interprofessions, et faire en sorte que les agriculteurs aient un pouvoir de décision plus important, que la valeur ajoutée soit mieux répartie.

A quoi ressemblera une exploitation laitière après 2015 ?

Il y a aura différents modèles. Il faudra sans doute penser plus collectivement, avec des assolements en commun par exemple. Des agriculteurs resteront sur des marchés locaux, car le maintien passe par la reterritorialisation. Certaines régions auront du mal à maintenir les actifs. Il faudra aussi se diversifier  avec de la production d’énergie par exemple. Il y a une absolue nécessité de remettre un peu de collectif sur les territoires. Le monde agricole a besoin de se décorporiser.

Cet article est le 393ème publié sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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