Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
  • Contact

Texte libre

Recherche

Courriel

 

 

 

 

Articles RÉCents

31 décembre 2012 1 31 /12 /décembre /2012 17:33

Robert Buron et Francis Le Basser, les passeurs décisifs

 

En lisant l’article paru dans Ouest-France « Mayenne » le 10 décembre 2012 (voir Laval. Salmson, des pompes tournées vers l’étranger), Georges Minzière, ancien salarié de Salmson, a été stupéfait.

 

Salmson-Laval-001-T.jpgLe directeur de l’usine Salmson de Laval, Pierre-Yves Bailly, expliquant pourquoi Salmson est présent en Mayenne depuis 1962, indiquait (entre guillemets) « C’est en raison des copinages avec Robert Buron ». Et le rédacteur de compléter « l’information » : Robert Buron était « mayennais et ministre des Travaux publics, des Transports et du Tourisme, à l’époque ». Voir Wikipédia Robert Buron.

 

Voir Les 50 ans des Pompes Salmson à Laval : une belle histoire industrielle - 30 décembre 2012.

 

Qualifier de « copinages » les relations entre Salmson et Robert Buron n’est pas acceptable. Cela peut sous-entendre magouilles ou pratiques de corruption. Or, il s’agit de relations qui sont nées pendant l’Occupation allemande, dans le cadre des actions de résistance (réseau « L’Arche de Noé »).

 

Georges Minzière m’a transmis un journal interne de l’entreprise (St MELAINE INFOS Salmson, n° 24, juillet 1992) qui, page 4, fait un rappel historique des premiers contacts entre des membres de la famille Salmson et Robert Buron.

Puis ce fut au sénateur maire de Laval, Francis Le Basser, de peser en faveur de la décision d’accueillir Salmson à Laval. Pas si simple, car l’Etat a décidé de supprimer les primes d’équipement. C’est ce qu’on apprend en lisant un autre n°, daté de septembre 2000, du journal interne de l’entreprise. Voici un résumé de ces articles, permettant de comprendre comment la décision a été prise.

 

D’ « ICI LONDRES » A ST MELAINE : AUTOPSIE D’UN CHOIX

 

1960 : leur usine d’Argenteuil étant devenue trop petite, les fils d’Emile Salmson décident de créer en province une nouvelle unité de production… Ce sera LAVAL, petite ville perdue dans la campagne mayennaise. Le choix peut paraître étonnant : ses racines ne sont rien moins que liées à l’histoire, à la seconde guerre mondiale, à la résistance, à cet idéal prôné par un certain Charles de Gaulle.

 

Maurice PERCHE évoque quelques points d’histoire. C’est Georges, fils du fondateur Emile Salmson, qui a joué un rôle majeur (auprès de ses frères Jacques et Pierre) dans le choix de Laval comme implantation d’une nouvelle usine, plus fonctionnelle que celle d’Argenteuil.

 

Pour comprendre cette surprenante option, il faut retourner en arrière, à ces années d’occupation et de résistance qui ont marqué la France, de 1940 à 1945 et que retrace le livre de Marie-Madeleine Fourcade, « L’Arche de Noé », dans la première partie duquel apparaissent Georges et Jean-Philippe Salmson, fils et petit-fils d’Emile.

 

Ce réseau, « L’Arche de Noé », a été fondé par le commandant Loustaunau-Lacan (pseudonyme Navarre). Georges et Jean-Philippe Salmson ont participé à de nombreuses missions de ce réseau, entre 1940 et 1945. Ils y ont rencontré d’autres combattants de l’ombre. C’est dans ce cadre qu’ils ont noué des relations avec Robert Buron. En 1946, ils ont rejoint la société « Les fils d’Emile Salmson », à Argenteuil, en Ile-de-France. En 1958, quand l’entreprise, qui est en croissance (400 salariés) a besoin d’espace, qu’elle ne trouve pas sur place, les dirigeants de l’entreprise pensent à la décentraliser en province. Mais où ?

 

Les données sont les suivantes. Logiquement, les pompes Salmson ont intérêt à se rapprocher des lieux de fabrication de la fonte, dans l’est de la France. La nouvelle implantation ne doit pas être éloignée de plus de 300 km de Paris afin de ne pas alourdir le coût des approvisionnements. Les cadres, sondés, préfèrent l’ouest de la France. Georges Salmson reprend contact avec Robert Buron, alors ministre dans le gouvernement présidé par le général de Gaulle.

 

Connaissant la réputation de Salmson, le ministre propose Laval, dont le maire est Francis Le Basser et lui-même était le député de la circonscription avant devenir ministre. La mairie de Laval  offre des conditions avantageuses. Depuis 1957, elle met à la disposition des entreprises une zone industrielle entièrement équipée (Saint-Melaine), avec quasi-gratuité du terrain (1F le m²), prêt à long terme pour financer la construction de l’usine, facilités de logement pour le personnel, recrutement d’ouvriers et d’employés…

Dans le cadre de la décentralisation, pour faciliter le transfert de l’entreprise, l’Etat apporte une prime d’équipement de 50 millions de francs (anciens).

 

Sur ces bases, le contact est pris entre le PDG de la société, Jacques Salmson, et le sénateur-maire de Laval, Francis Le Basser, à l’automne 1959. A partir de cette première rencontre à Laval, une véritable relation de confiance s’établit entre les deux hommes. Il y a un excellent climat social et de la main-d’œuvre sérieuse et qualifiée disponible. Les efforts financiers de la ville sont très importants, de l’ordre de 45 millions de francs.

 

Coup de théâtre : l’Etat supprime la prime d’équipement de 50 millions de francs !

 

Dans le bulletin de l’entreprise, intitulé « L’eau vive », n°73, septembre 2000, est relatée « L’Affaire SALMSON », titre de l’article du 2 novembre 1959 de Ouest-France Laval, qui rendait compte de la séance du 30 octobre du Conseil municipal de Laval.

L’ordre du jour de cette réunion était le vote d’un crédit supplémentaire de 50 millions de francs, suite à la décision de l’Etat de supprimer les primes d’équipement jusqu’alors accordées pour faciliter la décentralisation en province des entreprises localisées dans la région parisienne. Motif : il faut assurer la sauvegarde ou la reconversion des chantiers navals français, ce qui mobilise tous les crédits disponibles de l’enveloppe « Affaires économiques ».

 

Dès cette décision connue par Jacques Salmson, il écrit au maire de Laval, lui demandant de se substituer à l’Etat défaillant. C’est pourquoi le maire a convoqué cette réunion extraordinaire du Conseil municipal. Les débats ont été houleux entre les « pour » et les « contre » le vote d’une subvention de 50 millions d’anciens francs. « Le représentant de la classe ouvrière » ayant apporté son soutien inconditionnel au maire, Francis Le Basser, le Conseil municipal a fini par décider… de se donner une semaine de réflexion.

 

En fin de compte, les 50 millions manquants seront accordés, rejoignant les autres aides de la ville, notamment la quasi-gratuité des 7 hectares de terrain. Les travaux ont commencé en janvier 1961.

 

Georges Minzière 26 03 09Dans un autre article, je reprendrai les informations communiquées par Georges Minzière concernant la période où il était secrétaire du comité central d’entreprise Salmson, dans les années 1970 et 1980. C’est très important et complètement ignoré, notamment :

-          le rôle du président Giscard d’Estaing, qui a tenu à ce que Thomson rachète tout à ITT, y compris les pompes Salmson qu’ITT voulait garder,

-          le rôle du ministre Chevènement, au moment des nationalisations, et du président Gomez du groupe Thomson (que Georges Minzière avait rencontré), qui a contribué à sauver Salmson,

-          le rôle des syndicats de Salmson, qui pouvaient s’opposer à la dénationalisation, en 1984, nécessaire pour que Salmson rejoigne le groupe privé allemand Wilo,

-          la complémentarité des groupes Wilo et Salmson et la qualité du projet industriel, à la base de la réussite du groupe Wilo.

 

Cet article est le 12ème paru sur ce blog dans la catégorie Les élus en Mayenne.

Partager cet article
Repost0

commentaires