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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 22:52

Les paysans appellent les Etats à plus de cohérence

 

Crises alimentaires de plus en plus fréquentes, prix agricoles de plus en plus volatils, comment sera-t-il possible de faire face au défi alimentaire des prochaines décennies ? Comment sortir des calamiteuses politiques néolibérales qui ont conduit à la panique alimentaire et à la désorganisation du monde ?

  

En 2011, jusqu’en novembre, la France préside le G20. Nos dirigeants prétendent vouloir relever ce défi, mais ils se heurtent à des intérêts financiers quasi inébranlables, selon le ministre de l’agriculture, Bruno Le Maire. Les paysans se mobilisent et parlent de plus en plus ouvertement de la souveraineté alimentaire, ce qui ravit les dirigeants agricoles du Québec, qui mettent en œuvre ce système qui leur donne satisfaction depuis 40 ans (politique de gestion de l’offre pour le lait, les volailles et les œufs).

 

Comme l’écrit la Mission Agrobiosciences dans sa revue de presse du 21 juin, il y a besoin d’un retour à des politiques agricoles, délaissées dans le but de laisser l’initiative aux marchés.

 

Du G20 agricole à la PAC : un si grand besoin de politiques

 

L’agriculture revient au cœur des préoccupations des « grands de ce Monde ». Vous en doutiez ? Pourtant, ces 22 et 23 juin se tiendra à Paris le G20 agricole - en préparation de la conférence du G20 en novembre, à Cannes. Il faut dire que depuis les émeutes de la faim de 2007-2008, et alors que les prix alimentaires atteignent encore des sommets, il est une urgence partagée par les politiques, les associations et les économistes de tous bords : faire un sort à la volatilité des prix agricoles.
Reste que, face à l’ordre du jour affiché par les 20 super-puissances mondiales, les ONG se disent déçues (Figaro du 20 juin) : la question des stocks, comme un des outils possible de régulation du marché, aurait été oubliée au programme. Autre sujet de grogne relayé par le quotidien : « Oxfam [1] reproche au G20 agricole de ne pas reconnaître les biocarburants comme l’un des principaux facteurs de la hausse des prix des matières premières agricoles et de s’en tenir à une discussion vague sur le sujet. »
Plus dur, dans un communiqué de presse, le mouvement paysan international La Via Campesina s’insurge contre l’instabilité du prix des produits alimentaires qui, d’après son analyse, serait principalement « la conséquence de (…) la libéralisation du commerce, la dérégulation de marchés, la spéculation et la promotion des agrocarburants ». Et accuse les « gouvernements des pays les plus riches de la planète de s’accaparer et de contrôler les politiques alimentaires » : du continent africain, seule l’Afrique du Sud a été admise dans ce club très fermé. Simple discours militant et altermondialiste ? Pas si sûr.

Dans une chronique publiée dans Le Monde, le 13 juin dernier et intitulée « A quoi sert le G20 agricole ? », l’économiste Philippe Chalmin, grand défenseur de la spéculation sur les marchés agricoles, demande : « qui souffre de cette crise ? ». Ce à quoi il répond : « Les pauvres des pays pauvres, et les éleveurs des pays riches. ». Et propose : « Pour les premiers le G20 doit redire le besoin de véritables politiques agricoles, peut-être aussi créer des stocks régionaux destinés aux situations d’urgence. Pour les seconds, la réponse se trouve aussi dans des politiques agricoles faisant la part belle aux solidarités. » Dont acte.

Puisqu’il est question de politique agricole, signalons enfin la publication, sur le site de la Fondation Robert Schuman, de deux articles sur « La Pac en quête de légitimité ». Daniele Bianchi et Nicolas-Jean Brehon rappellent que, outre la flambée des matières premières agricoles, avec la crise sanitaire d’Escherichia coli « l’agriculture est au cœur de l’actualité et le restera, notamment à l’occasion de la renégociation à venir du prochain budget européen (2014 – 2020). » Or, pour les deux auteurs, les réformes de la Politique agricole commune (ou des solutions comme le verdissement) « ne parviennent pas à répondre aux difficultés du monde agricole car elles ne s’attèlent pas au cœur du sujet : la PAC traverse une crise politique de légitimité et une crise de confiance généralisée. Reste à savoir comment sera renoué le lien avec le citoyen…

Pour tous ceux que cette question intéresse, rappelons qu’elle sera justement, les 3 et 4 août prochains, au cœur des 17emes Controverses de Marciac, organisées par la Mission Agrobiosciences et la Communauté de communes Bastides et Vallons du Gers.

Voir Les 17èmes Controverses de Marciac les 3 et 4 août 2011 sur la PAC - 31 mai 2011.

L’Europe ne prend pas le problème comme il faudrait. C’est le regret du député au Parlement européen, Patrick Le Hyaric, dans son édito du journal La Terre, le 21 juin : C’est le G20 des riches ou … le cri de la multitude des… j’ai faim ?

Cette semaine se tient à Paris une réunion des ministres de l’agriculture des pays dits du « G20 ». Dans le contexte actuel, cette réunion ne devrait pas être banalisée. Elle devrait au contraire prendre la mesure de la profondeur des graves difficultés qui se profilent pour l’avenir. En conséquence, des initiatives politiques nouvelles de grande ampleur, à l’échelle de la planète devraient être prises à partir d’une question fondamentale : entrons-nous dans le siècle de la faim ? Certains diront peut-être que j’exagère. Malheureusement, la question doit non seulement être posée, mais des réponses doivent être trouvées rapidement.

La FAO, organisation importante des Nations-Unies chargée de l’agriculture et de l’alimentation, et la Banque mondiale évaluent à près d’un milliard le nombre d’individus en situation de sous-alimentation et de famine. Selon les prévisions des Nations-Unies, la population mondiale atteindra dix milliards d’habitants d’ici la fin du siècle, soit trois milliards de plus qu’aujourd’hui. Ceci signifie que la production alimentaire mondiale devra sans doute doubler une nouvelle fois. Ceci dans un contexte où le complexe agricole et agroalimentaire mondial qui a vocation à nourrir l’humanité peut-être caractérisé comme étant en danger.

Ce facteur, combiné à l’utilisation, imbécile dans un tel contexte, du blé ou du maïs pour produire de l’éthanol et à la spéculation sur les matières premières agricoles, fait flamber les cours des denrées de base. Ceci a encore aggravé la famine. Cette donnée a d’ailleurs accéléré les « révolutions arabes ». Au cours des années 2007-2008, des émeutes de la faim ont éclaté dans plus de trente pays. A ceci s’ajoute la croissance urbaine qui avale peu à peu des terres agricoles et maintenant une nouvelle spéculation sur les terres par des entreprises privées ou des pays, particulièrement en Afrique, mais aussi en Europe de l’Est, font de la terre et de la production alimentaire des marchandises de rapport ou de spéculation, à l’opposé total du concept de biens communs et de droit fondamental à l’alimentation pour chacune et chacun.

Mais de nombreux scientifiques appellent désormais à prendre en compte un facteur jusque là trop négligé. Celui de la modification climatique qui contribuerait à déstabiliser les systèmes alimentaires et à mettre en cause encore plus la sécurité alimentaire mondiale.

Il est établi que nombre de mauvaises récoltes des dix dernières années résultent des catastrophes météorologiques, des inondations aux Etats-Unis, de la sécheresse en Australie, des canicules en Europe et en Russie. Il semble aussi établi que, contrairement à ce qui avait été projeté dans le passé, l’élévation du niveau des gaz carboniques n’agit pas comme un engrais pour les plantes et ne contrecarre donc pas les effets négatifs du changement climatique.

Ces éléments montrent l’impérieuse nécessité de systèmes de recherche coordonnés à l’échelle de la planète, à la fois sur les effets des modifications climatiques mais aussi sur l’approvisionnement en eau, son stockage et encore sur les plantes à cultiver, les moyens de le faire dans un nouveau contexte climatique.

Dans une telle situation d’extrême urgence, le G20 doit décider d’inverser des choix antérieurs qui ont consisté à réduire les moyens financiers pour la recherche et le développement. Au contraire, il conviendrait de créer un fonds mondial pour les scientifiques et instituts de recherche dont il faut favoriser la mise en réseau et la coopération. Celle-ci doit donc être publique et non accaparée par les grands groupes privés qui n’auront pour souci que leurs profits, au détriment du bien commun.

Cette réunion du G20 doit admettre cette donnée fondamentale selon laquelle l’accès à l’alimentation est un droit humain fondamental et que l’activité de produire ces biens alimentaires de manière soutenable en respectant la terre, les sols, l’eau, l’air, la biodiversité est une mission d’intérêt général. Elle induit le respect de la souveraineté alimentaire des peuples, le refus de la spéculation sur l’alimentation et la rémunération correcte du travail paysan selon les pays et grandes zones géographiques par des mécanismes publics de fixation et de soutien aux prix ; la préservation des terres agricoles ; une orientation générale visant à reconstituer les stocks contrôlés par les élus et les organisations agricoles de producteurs.

La politique générale en tout domaine devrait être celle de la coopération et non plus celle de la concurrence qu’exacerbent l’Organisation mondiale du commerce, le Fonds monétaire international et l’Union européenne. L’efficacité économique, sociale, de vie territoriale et écologique passe par le maintien et la création d’un maximum d’exploitations agricoles à taille humaine et familiale, combinée avec le développement d’un authentique système de coopération agricole pour valoriser au mieux et au plus efficace tous les facteurs de production, dans un période où la production agricole devra doubler d’ici la fin de ce siècle.

L’Union européenne devrait être active pour le relèvement de tels défis. Malheureusement, elle n’en prend pas le chemin. Cette semaine, le Parlement va se prononcer sur un rapport préparatoire de la réforme de la politique agricole commune. Bien qu’amendé par la Commission agriculture du Parlement européen, il est loin de prendre en compte des enjeux cruciaux. Le débat devrait prendre de l’ampleur dans nos sociétés. La conception capitaliste de « libre échange  intégral », inscrit dans les traités européens, n’est pas compatible avec la souveraineté alimentaire et l’action efficace contre la faim.

C’est une question d’intérêt général. Les politiques publiques devraient placer le défi agricole et alimentaire dans leurs priorités pour que ce siècle ne soit pas celui de la faim.  

 

Au Québec, les agriculteurs militent pour la sécurité alimentaire. Ils ne sont plus seuls. Pour mettre fin à la « volatilité en agriculture », une vingtaine de groupes d’agriculteurs de plus de 65 pays, dont le Canada, ont ratifié lundi à Bruxelles une déclaration officielle réclamant plus de cohérence des gouvernements « pour assurer la sécurité alimentaire » sur la planète (…). Sécurité alimentaire : les agriculteurs veulent plus de cohérence (Laterre.ca, Yvon Laprade, 20 juin).  

En France, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs ont organisé le G120 (120 organisations, 75 pays) à Paris, dans le but de préparer la réunion du G20 agricole. Voir Pourquoi un G120 avant un G20 agricole à Paris ? (Le Figaro, Eric de la Chesnais, 16 juin, entretien avec Christiane Lambert).

Discours de Bruno Le Maire aux agriculteurs du monde (17 juin)

 

Les Québécois étaient satisfaits : Voir Les agriculteurs ont de nouveaux alliés (La presse canadienne, 17 juin).

 

Au G20 agricole, la fumée sera "blanche ou noire" (Euractiv.fr, 17 juin). Bruno Le Maire ne fait pas de pronostic.

 

Cet article est le 234ème publié sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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