La SEH Laval était en perdition avant la nationalisation du groupe Thomson
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Le journaliste avait eu une formule lapidaire prêtant à confusion. « C’est en raison des copinages avec Robert Buron, tranche le directeur ». Robert Buron était « mayennais et ministre des Travaux publics, des Transports et du Tourisme, à l’époque ».
Georges Minzière avait réagi en précisant : qualifier de « copinages » les relations entre Salmson et Robert Buron n’est pas acceptable. Cela peut sous-entendre magouilles ou pratiques de corruption. Or, il s’agit de relations qui sont nées pendant l’Occupation allemande, dans le cadre des actions de résistance (réseau « L’Arche de Noé »).
Revenons à l’entreprise Wilo Salmson France actuellement. Voir QUI SOMMES-NOUS ?
WILO SALMSON FRANCE SAS : « Née du rapprochement des structures françaises du Groupe Wilo SE, Pompes Salmson et Wilo France, Wilo Salmson France SAS est une société spécialisée dans la conception et la fabrication de pompes et de systèmes de pompages pour les trois marchés du Bâtiment, du Cycle de l’eau et de l’Industrie. Basée à Chatou, l’entreprise réunit deux marques phares du Groupe, Salmson et Wilo. Elle emploie 765 salariés sur trois sites en France et a réalisé un chiffre d’affaires de 230 millions d’euros en 2016 ». Voir aussi (Ouest-France, 15 juin 2014) : À Louverné, Wilo Salmson fournit 105 pays
Georges Minzière ne sait pas ce qui a conduit la famille Salmson à vendre l’entreprise au groupe américain Nash, en 1961, pendant la construction de la nouvelle usine à Laval. Cela ne manqua pas d’inquiéter les élus qui avaient accepté l’implantation de l’entreprise en consentant d’importants efforts financiers, au nom des contribuables lavallois.
Il se souvient de la décision, en 1976, de la holding américaine ITT (téléphonie), de vendre LMT et Salmson, achetées en 1962. ITT voulait vendre LMT (Le Matériel Téléphonique) et garder les Pompes Salmson. Le président Giscard d’Estaing s’y était opposé. Thomson (avec des fonds publics) a tout racheté à ITT.
Par la suite, Salmson a pris le nom de « Société Electro-Hydraulique » au sein du groupe Thomson (téléphonie et mécanique), lequel s’est désintéressé de ce secteur de production. Un PDG, nouvellement embauché, avait licencié 80 personnes (ingénieurs et cadres), ce qui montrait à l’évidence qu’il ne voyait pas d’avenir à Laval pour Salmson. Georges Minzière, secrétaire du comité central d’entreprise (à partir de 1979), était très inquiet de l’évolution de la situation.
Ce qui a sauvé Salmson est la nationalisation du groupe Thomson. Voir Wikipédia Loi de nationalisation du 13 février 1982. Thomson-Brandt et Thomson-CSF (dont fait partie LMT et, donc la SEH, ex-Salmson) sont nationalisés en 1982 et regroupés en un seul groupe, Thomson SA, en 1983, avec organisation autour de deux pôles : l’électronique grand public et l’électronique professionnelle, essentiellement militaire.
Alain Gomez, proche de Jean-Pierre Chevènement (ils avaient créé le CERES ensemble en 1966) est le nouveau président de Thomson en 1982. Il a reçu Georges Minzière, accompagné d’une délégation du comité d’entreprise, qui veut lui présenter la situation très particulière de la SEH. Un collaborateur du président Gomez, Paul Calandra, qui sera nommé directeur des ressources humaines de Thomson, s’est déplacé à Laval. Il fera en sorte de consolider la SEH avec des investissements. Le PDG de la SEH, qui avait licencié 80 cadres, a disparu de l’organigramme SEH, suite aux protestations des représentants des salariés. Ceux-ci reprennent confiance, car ils sont écoutés par la direction de Thomson. Celle-ci prépare la vente de la SEH, car la fabrication de pompes ne peut pas rester dans le groupe Thomson restructuré.
L’évènement se produit en 1984. L’allemand Wilo (le groupe Opländer, société familiale, Dortmund) est acheteur. Il produit le même type de circulateurs, selon le même brevet de fabrication, qu’à Laval. Les syndicats de Salmson Laval se rendent sur place en Allemagne.
La direction Thomson propose la dénationalisation, démarche complexe qui rend possible la vente de Salmson. Le comité d’entreprise, les syndicats, pouvaient s’y opposer. Ils ne l’ont pas fait.
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