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Présentation

  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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20 décembre 2012 4 20 /12 /décembre /2012 20:41

La gauche n’a plus ni ligne directrice ni idéologie

 

Suite de la motion d’orientation adoptée à l’unanimité par le congrès le 16 décembre 2012 à Paris.

Voir Congrès MRC 2012 : la motion d'orientation a été adoptée à l'unanimité - 17 décembre 2012

Congrès MRC 2012 : du CERES, à l'intérieur du PS, au MRC, allié du PS - 19 décembre 2012

Congrès MRC 2012 : les fondamentaux républicains, logiciel du MRC - 19 décembre 2012 

 

Congres-MRC-2012-Paris-15-et-16-12-12-001-T.jpgVoici la 3ème partie du texte de la motion, qui affirme la nécessité de refondation républicaine de la gauche.

 

Le texte complet est à lire sur le site du MRC. Voir Le MRC, une boussole républicaine pour la gauche et pour la France

 

La gauche a besoin d’une refondation républicaine
Plus que jamais face à une droite décomplexée et à un centre européiste, l’idéal républicain ne peut être porté que par une gauche responsable. Nous devons mesurer la portée et les limites de l’actuelle équation politique. L’élection de François Hollande peut permettre des avancées décisives. Nous nous situons dans une perspective qui est la seule qui doit nous déterminer : faire réussir la France. C’est à cette aune-là que nous devons mesurer nos soutiens et le cas échéant, nos critiques, mais toujours avec l’objectif de servir le pays.

Il y a des républicains et des libéraux (ou des différentialistes) dans toutes les familles de la gauche : c’est aussi le cas au PS bien sûr, mais également au Front de gauche. Notre tâche est de nouer des liens avec tous les républicains et de faire mûrir les prises de conscience.

La gauche n’a plus de ligne directrice. Les mythes de la gauche – communiste et social-démocrate – se sont effondrés de pair. Les organisations demeurent avec des militants et des responsables sincères mais souvent déboussolés. La gauche doit se mettre au niveau. C’est le sens de la conversion républicaine que nous lui proposons (par opposition à la conversion libérale).

La social-démocratie se débat difficilement dans une situation historique où il n’y a plus rien à distribuer, parce que les marchés financiers dictent leur loi aux États et que la croissance a disparu. Or, si elle a réfléchi à la distribution, la social-démocratie a insuffisamment pensé les conditions de la production et la lutte contre le capitalisme financier. Partout en Europe, elle régresse durablement. Les difficultés actuelles de la social-démocratie allemande en sont le signe. Cela ne lui interdit pas quelques victoires ponctuelles. Le parti socialiste français est par ailleurs traversé de courants divers, que l’exercice du pouvoir devrait permettre de dépasser en une nouvelle synthèse républicaine.

L’idéologie communiste s’est dissoute avec la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’URSS. Le discours du PCF, en l'absence de débouché politique clair, est devenu largement incantatoire, se limitant à la défense, souvent louable mais essentiellement protestataire, des intérêts des "gens", qu’il oublie parfois de présenter comme des travailleurs. Il décline de plus en plus un discours sur les droits de l’homme oubliant ceux du citoyen, faute d’assumer aussi sa propre histoire. L’effondrement de sa base électorale est préoccupant. Son insertion en France dans le Front de gauche et son alliance municipale de fait avec le PS entrent en contradiction. Nous devons cependant maintenir un dialogue ouvert, à condition bien entendu que le parti communiste ne se dérobe pas devant le débat de fond, en cherchant à jeter l’anathème sur le discours républicain.

L’écologie politique est devenue un des modes d’expression des couches moyennes supérieures qui ont une activité tertiaire. Cette idéologie souvent a-républicaine et opportuniste a connu des succès relatifs aux élections régionales et européennes (scrutins peu clivants, où le taux d'abstention est de plus en plus élevé), mais ne s’est jamais vraiment affirmée comme une force politique nationale dotée de positions politiques claires, sauf dans le refus viscéral de l’électricité d’origine nucléaire et, parfois de toute forme d’aménagement structuré du territoire qui dépasserait la seule conservation de la Nature idolâtrée (tandis que le génie créateur de l’Homme est systématiquement dévalorisé).

Le trotskisme, qui s’est construit contre le communisme d’État et qui a connu quelques poussées électorales éphémères, est malade d’une vision exclusivement protestataire de l’action politique qui n’échappe pas toujours au communautarisme et ne se pose plus la question de la prise du pouvoir.

La crise politique qui s’est déclenchée à droite après la défaite de Nicolas Sarkozy est révélatrice d’un système politique obsolète qui a vu progressivement les grands partis muter en des appareils dont l’activité consiste essentiellement à gérer des ambitions et distribuer les postes, l’œil rivé sur les courbes de sondage pour coller à l’ "opinion publique". Le dessein d’un grand mouvement hégémonique à droite et l’approche d’un bipartisme à l’américaine ont échoué.

C’est donc à un vide idéologique que doit faire face la gauche française, alors même que la droite semble avoir définitivement rompu les amarres avec le gaullisme et que l’extrême droite essaie – hélas avec succès actuellement– de s’inscrire dans le paysage politique en profitant de la crise sur les décombres de la classe ouvrière. C’est aussi l’envers de la trahison de la plupart de ses élites politiques, médiatiques et économiques, qui ont perdu le sens de la patrie. Nous continuons de penser, avec Jaurès, que la République sociale que nous appelons de nos voeux, suppose d'organiser "les noces de la classe ouvrière et de la Nation".

La question républicaine est elle aussi revenue en force, parce que la question sociale est brûlante d’actualité. Or, la République en France est le système, la perspective, le moyen qui met en œuvre la question sociale comme question politique et démocratique. La question de l’égalité est au cœur de la République. Or, il est plus facile de parler de diversité que d’égalité, car on touche à des intérêts moins puissants en occultant le rapport entre le travail et le capital et les rapports de domination qui en découlent.

Pour réussir, la gauche doit d’abord se ressourcer dans sa meilleure tradition, qui est en France l’exigence républicaine. Nous le rappelions récemment lors de l’Université d’été de Belfort en septembre 2012 : « Cette exigence est particulièrement actuelle dans une époque dominée par l’Argent roi, celle du capitalisme financier à son apogée, où les marchés financiers rançonnent les États et où le Capital met les territoires en concurrence, en n’hésitant pas à coup de plans sociaux, à délocaliser la production au nom d’intérêts purement financiers. Actuelle est la République, face au déchaînement des intérêts particuliers et des corporatismes, à l’explosion de l’individualisme et des inégalités, et à la fragmentation de l’espace public au profit de revendications identitaires et communautaristes qui obscurcissent l’idée même d’un intérêt commun à tous les citoyens. »

Nous devons faire un bon usage de l’accord PS-MRC de 2012, qui préserve entièrement notre identité politique. Son contenu, qui identifie nos convergences, mais aussi quelques divergences importantes, doit nous conduire à une utilisation intelligente des termes de cet accord. Nous ne devons pas nous situer dans une opposition de gauche systématique qui chercherait à affaiblir le gouvernement. Mais il est utile de saisir toutes les occasions de mettre en évidence nos priorités politiques, en soutenant clairement les décisions gouvernementales qui vont dans le bon sens et en faisant entendre notre différence chaque fois que cela s’avère nécessaire.

A cet égard, le vote de nos quatre parlementaires contre la ratification du TSCG et la loi organique qui inscrit ce traité dans notre droit national, s’inscrit clairement dans ce qui est présenté comme une des positions communes de cet accord : « Le prochain traité européen est inacceptable, il provoquerait une austérité et une récession généralisée, et doit être renégocié : rachat des dettes publiques par la BCE qui doit soutenir la croissance, grand plan d’investissement financé par un emprunt européen, relance salariale, politique de change assurant un euro compétitif ». Mais il peut aussi se référer à l’un des points de désaccords reconnus par l’accord : « Le MRC rappelle son opposition au traité de Maastricht, propose la révision des statuts de la BCE afin que l’objectif de croissance soit intégré dans ses missions et qu’il soit mis fin à la politique de l’euro cher. De plus, la souveraineté budgétaire ne saurait en aucun cas être soustraite au contrôle des Parlements nationaux, et la monnaie devra être conforme à nos intérêts ». Il nous revient de faire un usage politique de cet accord qui permette de faire les choix que nous jugerons opportuns. La tâche du MRC est d’être la boussole républicaine de la majorité que nous voulons aider à réussir. Là est notre objectif central.

La forme politique que prendra la refondation républicaine de la gauche ne peut pas encore à ce stade être précisée. Mais si nous observons des limites sérieuses à court terme, il existe des possibilités à moyen terme, dès lors que le débat politique sera conduit sérieusement, sans opposition facile et sans approbation mécanique.

C’est par notre présence dans le débat politique à gauche que nous pourrons aider le plus efficacement la gauche de gouvernement à faire face aux difficultés de l’heure. La gauche comme force de gouvernement rencontre les limites de cette seule perspective, même si elle est nécessaire : faire de la politique, c’est agir sur le réel. Nous avons choisi, en soutenant « les yeux ouverts » François Hollande, d’être dans la majorité et d’en être l’aiguillon républicain. Cela signifie que, « les yeux ouverts », nous travaillons dans la majorité présidentielle, à sa réussite. Car il s’agit de la réussite et de l’avenir de la France. Nous savons que la réussite ou non du quinquennat passera par des changements que nous devons faire émerger en pesant dans le débat public.

"Donner du temps à François Hollande", comme nous l'affirmions à notre Université d'été, ne signifie pas que nous ne sommes pas conscients des choix politiques décisifs auxquels le gouvernement devra procéder rapidement si les mots d'ordre de la campagne doivent avoir un sens. A titre d'exemple, il convient que nous appuyions la proposition formulée par le candidat François Hollande consistant à organiser la séparation des activités bancaires. Face à la montée du risque systémique, la déconnexion des banques de dépôt et des banques d'affaires est une étape essentielle pour assainir la finance mondialisée. La responsabilité monétaire, élément fondamental de l'ordre public, doit être dissociée des responsabilités économiques, et en particulier des activités de marché. A contrario, le projet de supervision bancaire unifiée par la BCE, elle-même soustraite à tout contrôle démocratique, ne permettra pas d'encadrer les activités spéculatives.

Notre solidité politique consiste à être conséquents avec nous-mêmes en portant l'accord politique que nous avons passé. Dans l'immédiat, le MRC doit prendre la mesure de ses responsabilités pour aider la gauche à réussir, au service de la France. Comme le général De Gaulle avait su s'adapter hier face à l'évolution du problème algérien, François Hollande est confronté à des résistances aussi puissantes, parce qu'elles s'enracinent dans des croyances anciennes, sur la question européenne notamment. Mais les événements ne manqueront pas selon nous de fragiliser les certitudes des plus européistes. Le MRC doit avoir suffisamment confiance dans ses propres analyses pour exercer son influence et peser. La mobilisation de nouvelles générations de républicains sera la condition essentielle pour assurer la continuité de ce combat. 

Cet article est le 122ème paru sur ce blog dans la catégorie MRC national.

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19 décembre 2012 3 19 /12 /décembre /2012 22:52

L’Europe, le peuple, l’Etat, l’industrie, la recherche, l’école

 

Suite de la motion d’orientation adoptée à l’unanimité par le congrès le 16 décembre 2012 à Paris.

Voir Congrès MRC 2012 : la motion d'orientation a été adoptée à l'unanimité - 17 décembre 2012

Congrès MRC 2012 : du CERES, à l'intérieur du PS, au MRC, allié du PS - 19 décembre 2012

 

Congrès MRC 2012 Paris 15 et 16 12 12 001 TVoici la 2ème partie du texte de la motion, qui rappelle les fondamentaux républicains, logiciel du MRC. 

Le texte complet est à lire sur le site du MRC. Voir Le MRC, une boussole républicaine pour la gauche et pour la France

 

Notre logiciel politique républicain garde toute sa pertinence dans la situation actuelle

Le logiciel politique du Mouvement Républicain et Citoyen repose sur quelques fondamentaux, qu’il est nécessaire de rappeler. Ce logiciel, ces fondamentaux, doivent être les outils de notre influence, qui n’est pas séparable de l’affirmation claire et publique de nos positions.

1 – L’Europe ne peut se construire qu’en s’appuyant sur des peuples souverains.

Cette question est plus actuelle que jamais. En tant qu'entités historiquement constituées, les nations sont le cadre essentiel de la démocratie et de la solidarité. Bien entendu, nous défendons la conception républicaine de la Nation, communauté de citoyens, et nous condamnons la conception ethnique. Nous ne confondons pas la nation et le nationalisme qui en est une maladie. Nous sommes des patriotes car le patriotisme est l'amour des siens, tandis que le nationalisme est la haine des autres. On ne peut rien faire dans l'ordre international si on ne s'appuie pas sur les nations, briques de base de toute organisation supranationale. Le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN est une faute.

On ne gagne rien à occulter le rôle et la spécificité de chaque Nation, comme l'a fait le système de la monnaie unique. Celle-ci se révèle être une impasse. La situation de nombreux pays montre combien la création de l’euro, monnaie unique rassemblant des pays radicalement hétérogènes sur le plan économique et social, est une erreur profonde. Dans la tempête, l’orientation monétariste héritée de Maastricht (et sa seule obsession de lutte contre l’inflation) a été le principal facteur de divergence des nations européennes dont les économies demeurent structurellement différentes. Les intérêts propres de l’Allemagne ne sont pas les mêmes que ceux de la France et encore moins de la Grèce. Il faut nous rendre à l’évidence : il est peu probable que l’Allemagne accepte que la BCE vienne en appui du MES (mécanisme européen de stabilité), et accepte une politique de création monétaire à l’image de celle de la Réserve fédérale américaine, bref devienne une banque centrale comme les autres. Dans ces conditions, il nous appartient de rendre crédible la mutation de la monnaie unique en une monnaie commune qui permette de rétablir une compétitivité adéquate pour chaque économie nationale. Pour les membres de la zone euro, le maintien contre vents et marées de la monnaie unique n'est pas viable en l'état car la crise de l’euro n’est pas une crise de la dette mais d’abord une crise de divergence de compétitivité entre les différentes économies. Une politique monétaire tournée vers la croissance dans l’UE et dans chacun des États membres est l’une des clés d’une politique de progrès. Au-delà, il nous faut redresser et réorienter la politique européenne : le libre-échange intégral doit céder la place à une protection raisonnée des industries européennes. Les coopérations renforcées doivent progressivement remplacer le processus bureaucratique de l’unification juridique. La politique commune de commerce extérieur doit être sérieusement réorientée pour avoir comme unique objectif la défense de l’industrie et de l’agriculture européenne.

2 – Le peuple français peut se rassembler autour de l’intérêt général.

La République française est fondée sur la citoyenneté. Celle-ci est le corollaire de la souveraineté nationale. Chaque citoyen est une parcelle du souverain. La République ne va donc pas sans civisme, valeur aujourd'hui décriée, voire ignorée. République de citoyens, la République française se veut aussi une République sociale. Or, qu'en restera-t-il dans l'océan de la mondialisation libérale ? Ancienne base sociale de la gauche, les couches populaires l’ont largement rejetée ou abandonnée. La tentation est grande de chercher dans des réformes sociétales une diversion aux difficultés sociales. Mais dans une société en perte de repères, la structuration de la famille, la citoyenneté, la fermeté par rapport à la drogue ne peuvent être exclues de nos débats, ni dévoyées. Ainsi le MRC se prononce contre la libéralisation du cannabis. Il est essentiel de ne pas déstabiliser encore plus des couches populaires inquiètes pour leur avenir et de leur fournir les sûrs repères de la République et de la citoyenneté. Celles-ci sont en recherche de sécurité devant l’incertitude de l’avenir. Elles sont de plus en plus installées dans les zones périurbaines et rurales sans l'avoir forcément choisi : c'est la France des personnes modestes, des oubliés, des invisibles. Il ne suffit pas de constater que la classe ouvrière vote en partie à l’extrême-droite, encore faut-il mener une politique qui supprime le terreau sur lequel prospèrent les thèses du Front National et tenir un discours qui réponde au besoin de sécurité de ces couches populaires sans céder à la logique tendant à faire de l'immigré le bouc émissaire de la crise. Cette vision qui ethnicise les problèmes sociaux, est une impasse, non seulement parce qu’elle divise, mais parce qu’elle tourne le dos aux valeurs républicaines. Le droit de vote des étrangers aux élections locales déconnecterait le lien entre droit de vote et citoyenneté auquel le MRC est particulièrement attaché. Nous y sommes donc opposés mais favorable à un accès élargi à la naturalisation dans le respect des valeurs de la République.
Comment rendre le peuple acteur de son propre devenir ? Pour agir dans l’intérêt général, il nous faut retrouver des marges de manœuvre au niveau national comme au niveau européen. Nous proposons de relocaliser la dette publique par un grand emprunt, qui serait ouvert aux ménages afin d’assurer notre indépendance par rapport aux marchés financiers. Nous sommes favorables à une dette responsable pour assurer une politique de relance fondée sur la croissance et les investissements d’avenir. Si chacun peut admettre qu’elle ne peut être sans limite, la dette française se doit d’être relativisée. En effet, le montant de la dette nationale est à mettre en perspective (deux années de recettes).
L’impôt est un des fondements de la solidarité nationale, c’est un acte fort d’appartenance à la nation. Nous devons revoir l’assiette de l’impôt pour assurer une plus juste égalité entre le capital et le travail. Nous défendons un impôt progressif, assumé par tous en fonction des capacités contributives de chacun.
Mais il faut aussi mesurer que l’éclatement des cadres collectifs et le délitement de l'esprit républicain amènent les individus à s’identifier à des communautés aussi diverses que variées : le communautarisme est répandu à gauche comme à droite. La situation de victime est un des moteurs de l’action individuelle, fût-ce pour des causes parfaitement défendables, mais elle conduit aux recours juridictionnels plus qu’à l’action. Il est nécessaire de contrer par la laïcité et par le civisme républicain les communautarismes de toutes sortes, qui sont aujourd’hui flattés par la gauche et par la droite "branchées". Cela exclut toute inscription du concordat en Alsace-Moselle dans la Constitution. Pour lutter contre l'hyper individualisme libéral et les diverses formes de communautarismes qui l'accompagnent, il y a un remède : relever les valeurs républicaines, et particulièrement la laïcité.

3 - L'Etat républicain est le garant de l'égalité des citoyens

La République décentralisée n’est pas une juxtaposition de territoires "féodaux" ; elle reste une et indivisible. Le rôle de l’État républicain porteur de l’intérêt général doit être rappelé dans un contexte d’effritement de la notion de territoire national. Il appartient à l’État d’exercer pleinement ses fonctions régaliennes. Il assure l’aménagement du territoire. La sécurité doit être garantie à tous par l’État. En France, l’État républicain doit être en mesure de garantir la cohésion institutionnelle et sociale à chaque niveau d’administration du territoire, plus particulièrement en période de crise. Il convient de stopper le démantèlement des services de l’État dont les compétences et les capacités se sont réduites considérablement ces cinq dernières années avec l'application de la RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques). La mise en oeuvre de politiques publiques comme l’emploi ou l’aménagement du territoire, si elles doivent être coordonnées au niveau régional, comme au niveau national, s’inscrivent aussi dans le cadre de « bassins de vie » souvent infra-départementaux. Nous devons asseoir et défendre des services publics efficaces qui s’adaptent aux enjeux et aux nouveaux modes de vie de nos concitoyens, dans le respect des valeurs d’égalité républicaine et de non-marchandisation des services. C’est par la modernisation de notre administration et de nos services que nous pourrons contribuer aussi à la réduction des inégalités et assurer la continuité territoriale, jusque dans les espaces ruraux aujourd'hui abandonnés (notamment victimes de la désertification médicale). La commune doit être réaffirmée comme cellule de base de l’organisation républicaine du pays et nous affirmons notre attachement à l’existence des départements.

4 – L’industrie est la base de notre richesse collective.

Pour sortir de la crise et du chômage de masse, il est illusoire de penser que c’est par le seul développement des services et sans aucune base productive qu’on y parviendra. Notre pays ne renouera avec la prospérité et l’emploi que par une politique économique et industrielle cohérente visant à la réindustrialisation du "site de production France". Il n’y a aucune raison pour que l’Allemagne excelle et que la France périclite. Notre balance commerciale se détériore régulièrement depuis la fin des années 90 alors que celle de l’Allemagne s’améliore. La productivité des salariés français est plus performante que celle de nos voisins, mais les productions allemandes sont encore peu confrontées à la concurrence des pays émergents. Un pays sans industrie est un pays qui s’appauvrit et cesse de peser. Le discours environnementaliste se satisfait parfois d’un recul de l’activité industrielle, certains allant jusqu’à théoriser la décroissance. A l’inverse, nous plaidons pour une politique qui recherche les voies de la compétitivité de notre industrie pour créer des emplois. Cette compétitivité dépend de la base de financement de la protection sociale, des structures des entreprises, de l’organisation de la sous-traitance, de la recherche et de l’innovation, de la formation et la qualification des salariés, de l’indépendance, du bas coût de l'énergie, et enfin de la participation des représentants des salariés à la stratégie des entreprises. Si l’État Républicain se doit d’agir en ce sens, il doit aussi être un État stratège pour soutenir et développer les filières industrielles prioritaires. Il doit se donner la possibilité d’introduire un contrôle public pouvant aller jusqu’à la nationalisation vis-à-vis d’entreprises qui mettent en péril nos capacités productives, l’emploi salarié et l’intérêt national. Cela doit nous conduire à élargir la base des prélèvements sociaux pour qu’ils pèsent moins sur le travail et davantage sur les revenus financiers et cela doit nous conduire à faire baisser le taux de la monnaie, aujourd'hui surévaluée. La relance industrielle doit s’accompagner d’une politique de relance de l’emploi par le biais de grands travaux. Il convient de prendre des dispositions pour protéger l’économie de production à l’échelle de l’Europe par une préférence communautaire assumée vis-à-vis des pays à bas coût de main d’œuvre.

5– Notre pays a besoin de recherche, c’est-à-dire de science et de rationalité.

La rationalité exige un effort de recherche qui s’inscrit dans le long terme. Nous ne sommes pas des partisans du principe de précaution, qui n’est pas un principe scientifique. Les questions relatives au développement énergétique, à la nutrition ou à la nécessaire protection de l’environnement ne doivent pas être traitées frileusement. Ces questions doivent être passées au crible du doute méthodique. C’est par la recherche et l’innovation que les déséquilibres nés des excès de l’économie mondialisée et financiarisée seront contenus et pourront être dépassés.

Si l’on veut avoir une vision à long terme pour la recherche, il ne faut pas oublier ses fondements qui reposent sur l’amélioration de la connaissance, du savoir, du bien-être de l’humanité. C’est ce pourquoi la recherche fondamentale doit rester indépendante des lobbys financiers. L’innovation est la partie appliquée issue de la recherche fondamentale qui, valorisée, permet de générer des richesses. De nouvelles dynamiques de notre système de recherche doivent être trouvées en renforçant l’interdisciplinarité.

Enjeu majeur du XXIème siècle, la question de l'énergie doit satisfaire aux exigences d'indépendance, d'efficacité et d'accès pour tous. A ce titre, l'énergie nucléaire reste pour la France un atout majeur non seulement parce qu'elle favorise la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi parce qu'elle permet de fournir une électricité à bon marché (aujourd'hui l'une des moins chère d'Europe). Nous sommes favorables à la recherche publique sur les gaz de schiste en même temps qu’une recherche sur la captation du CO2.

6 – L’école de la République est le socle de la France de demain.

C’est l’instruction, la transmission de savoirs, qui est la mission fondamentale de l’école. L’école ne doit pas se construire sur l’idée d’un enfant construisant lui-même ses savoirs, mais autour de l’acquisition méthodique par l’élève, sous l’autorité de maîtres compétents, des principaux savoirs de base. La République a besoin de citoyens éclairés : l’École est le lieu par excellence de la formation du citoyen. Elle est une institution de la République. Il revient à la Nation de définir les programmes et les objectifs qu’elle lui assigne. L’école élémentaire constitue une étape déterminante du parcours scolaire. Le socle des savoirs fondamentaux (lire, écrire, compter) doit être acquis à la fin de l’école élémentaire et la priorité doit être mise sur la maîtrise de la langue française, condition vitale de l’exercice d’une pleine citoyenneté. Pour les élèves en difficulté d’apprentissage, l’école doit veiller également à rester son propre recours, au travers de la prise en compte des besoins éducatifs de chacun : il convient de s’opposer fermement à toute marchandisation de l’accès au savoir.

***

Bien entendu, le projet du MRC ne se limite pas à ces piliers porteurs. Il est rappelé que le MRC a en 2010 adopté un programme de salut public qui est encore d’actualité. Les 40 propositions de ce programme constituent le support du projet du MRC pour sortir la France et l’Europe de l’impasse. Il est de notre responsabilité d’être davantage présents dans les débats économiques et sociaux. Il nous faut être à la fois offensifs et efficaces dans l’affirmation de nos propositions et de nos refus lorsque l’essentiel est en jeu.  

 

Cet article est le 121ème paru sur ce blog dans la catégorie MRC national.

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19 décembre 2012 3 19 /12 /décembre /2012 21:25

Le MRC, composante non alignée de la majorité de gauche

 

Le Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) a une longue histoire, puisqu’il prend sa source dans la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO) dans les années 1960. Le Centre d’Etudes, de Recherches et d’Education socialiste (CERES) fut créé en 1966 par quelques jeunes socialistes, dont Jean-Pierre Chevènement, qui avaient participé à la campagne présidentielle de François Mitterrand l’année précédente.

Voir Congrès du MRC : une ligne politique qui a commencé avec le CERES - 15 novembre 2012.

 

Le Mouvement Républicain et Citoyen a tenu son congrès les 15 et 16 décembre 2012 à Paris.

Rappel : Congrès MRC : aller à l'essentiel, le redressement du pays, les repères républicains - 14 décembre 2012.

Jean-Luc Laurent demande au MRC d'être une boussole républicaine - 25 novembre 2012 

 

L’essentiel d’un congrès, c’est le texte qui en sort, car c’est la feuille de route de l’équipe dirigeante jusqu’au congrès suivant. Dans le cas présent, de Jean-Luc Laurent, réélu à la présidence, et des secrétaires nationaux qu’il a désignés, et dont la liste a été ratifiée par le congrès (voir Congrès de Paris : le nouveau Secrétariat national élu).

 

Congres-MRC-2012-Paris-15-et-16-12-12-022-T.jpgL’unique motion d’orientation présentée aux adhérents dans les comités locaux a été votée à l’unanimité par les délégués, après avoir été amendée sur divers points, non fondamentaux.

 

Après l’introduction (voir Congrès MRC 2012 : la motion d'orientation a été adoptée à l'unanimité - 17 décembre 2012), voici la 1ère partie du texte de la motion, qui relate d’où vient le MRC. 

 

Le texte est à lire sur le site du MRC. Voir Le MRC, une boussole républicaine pour la gauche et pour la France.

 

Notre projet politique vient de loin

 

Le Mouvement Républicain et Citoyen est un mouvement politique enraciné à gauche mais indépendant. Il est le vecteur d'un projet politique : celui de la construction et de l'affirmation d'une force républicaine, pour relever la France avec la gauche dans la justice sociale, par l'affirmation de l’indépendance nationale et de la souveraineté populaire sans lesquelles il n’y a pas de démocratie.

Il se situe dans la lignée d'une expérience constamment mise à jour dans des contextes politiques différents. Le CERES est né dans le contexte des années 60, à la fin des "trente glorieuses". Il a tenté, à l'intérieur du PS, de réunir les conditions d'une transformation sociale de grande ampleur, par l'union de toutes les forces de la gauche à travers un programme commun de gouvernement, dans le contexte de la fin de la guerre froide. C'était la tâche des années 70, par ailleurs marquées par la fin du système de Bretton Woods et par la crise économique qui, née d'un double choc pétrolier, s'est révélée être une véritable mutation d’un capitalisme managérial en un capitalisme financier mondialisé. Advint le règne d'un capitalisme dit "patrimonial" : tout le pouvoir aux actionnaires !

Quand la gauche est arrivée au pouvoir en 1981, la transformation dont elle était porteuse a été entamée dans un contexte hostile, celui de la montée du néolibéralisme, et sans véritable volonté politique. Elle a été très vite interrompue par une "pause" dans les réformes, puis par une politique de rigueur avec l'ouverture de la "parenthèse libérale" jamais refermée. Les défis du capitalisme financier et les renoncements de la gauche au gouvernement dès 1982-1983 conduisent à la création en 1986 de "Socialisme et République", courant du Parti socialiste, qui se fixe toujours l'objectif de changer la gauche pour relever la France, mais en prenant appui sur le paradigme républicain.

Mais la participation de la France à la guerre du Golfe et la négociation du traité de Maastricht en 1991-92 montrent les limites de l’action interne face à la dérive sociale-libérale et atlantiste : après les désaccords de 1983 sur la politique économique dite « parenthèse de la rigueur », viennent la démission de Jean-Pierre Chevènement , ministre de la défense, lors de l'engagement de la France dans la guerre du golfe en 1991, et le non à la ratification du traité de Maastricht en 1992. C'est la création du MDC (Mouvement des citoyens) en 1992-1993. L’expérience de la "gauche plurielle" née avec la surprise de la victoire de 1997 suite à la dissolution ratée, montre les apports et les limites d'une participation gouvernementale fondée sur l'équilibre implicite entre des forces politiques centrifuges et sans projet commun. L'appui d'une partie importante de la gauche aux thèses communautaristes, les oppositions sur l'immigration comme sur l'affaire du statut de la Corse et les dérives libérale et européiste conduisent les républicains à reprendre leur liberté pour faire entendre leur voix et rééquilibrer la gauche.

La campagne électorale de 2002 est l'occasion, autour de Jean-Pierre Chevènement, de tenter à travers sa candidature une expérience politique visant au rassemblement des républicains « des deux rives » et au rééquilibrage de la gauche sur une base républicaine. La stratégie du « Pôle républicain » est une réponse difficile à une bonne question : celle de la pertinence des clivages politiques actuels par rapport à une Europe néolibérale. Les partis de gouvernement étant d'accord sur l'essentiel, qui est l'acceptation de la construction européenne dans sa forme libérale actuelle, taire cette question, cela aurait été renoncer sans le dire à la souveraineté populaire et à la démocratie sur l’air de la rengaine « c'est l'Europe, nous n'avons pas le choix ».

L'effondrement du candidat de la gauche, qui est due au détachement du vote populaire vis-à-vis de la gauche de gouvernement et la présence du Front national au second tour se traduit non pas par une remise en cause de clivages périmés et par une rénovation de la gauche, mais par une glaciation européiste. Pour avoir brisé de nombreux tabous et secoué l’équilibre politique traditionnel, le courant républicain que nous incarnons à gauche a payé le prix fort. Né au lendemain de 2002, le Mouvement Républicain et Citoyen a subi les représailles d’une gauche sociale libérale vaincue par elle-même et qui cherchait ailleurs les causes de sa déroute. Cette stratégie de diversion sur un bouc émissaire avait pour but essentiel de préserver la ligne social-libérale et européiste. Seule notre ténacité a permis de franchir les nombreux obstacles qui entravaient notre chemin.
Le vote non au référendum de 2005 sur le projet de constitution européenne, dans lequel le MRC a pris toute sa part, a montré une résistance populaire qu’un déni de démocratie (la ratification du Traité de Lisbonne par la voie parlementaire) a privé de débouché politique.

En 2007, après le retrait de la pré-candidature de Jean-Pierre Chevènement, le MRC passe avec le PS un accord politique dont la contrepartie est le soutien à la candidature de Ségolène Royal à l’élection présidentielle. La candidate prend des distances vis-à-vis de certaines positions classiques du PS, même si l’évolution en matière européenne et sur le statut de la BCE contenue dans notre accord est remise en cause au congrès du PSE de Porto en janvier 2007.

L’accord entre le MRC et le PS de 2012, qui se traduit par un soutien « les yeux ouverts » à la candidature de François Hollande, est le prolongement de la « candidature pédagogique » de Jean-Pierre Chevènement annoncée le 5 novembre. Il s’agit d’une stratégie d’influence lucide : le MRC se situe dans une perspective responsable, et jamais dans une opposition protestataire. L’accord passé avec le PS identifie des convergences, mais aussi des points de désaccord assumés, notamment sur l’analyse et sur l’issue probable de la crise de l’euro et le refus de la fuite en avant post-nationale. Le MRC rappelle aussi l’importance de l’industrie – y compris nucléaire – pour la sauvegarde de nos emplois qui passe notamment par l’indépendance énergétique. L'accord pose enfin le refus de tout ce qui est de nature à remettre en cause l’unité de la République.

Cet accord politique qui engage le PS et le MRC, constitue un curseur pour le MRC qui a pris la mesure de ses responsabilités en décidant de prendre toute sa part dans la majorité présidentielle, tout en conservant son autonomie politique : nos trois députés élus en juin 2012 jouissent de la liberté d’expression et de vote au sein du groupe Socialiste, Républicain et Citoyen (SRC) auquel ils sont rattachés. Le MRC est une composante non alignée de la majorité présidentielle. Nous sommes alliés, pas ralliés. Si nous avons voté le budget qui comporte une réforme fiscale inspirée par le souci de faire partager plus justement l'effort nécessaire et deux priorités que nous approuvons - l’éducation et la sécurité-, nous avons dit non au TSCG.
 

Cet article est le 120ème paru sur ce blog dans la catégorie MRC national.

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17 décembre 2012 1 17 /12 /décembre /2012 23:35

La France républicaine traverse une crise de longue durée

 

Le Mouvement Républicain et Citoyen a tenu son congrès les 15 et 16 décembre 2012 à Paris dans la belle salle du Tapis rouge, face à la mairie du 10ème arrondissement.

Rappel : Congrès MRC : aller à l'essentiel, le redressement du pays, les repères républicains - 14 décembre 2012.

Jean-Luc Laurent demande au MRC d'être une boussole républicaine - 25 novembre 2012 

 

L’essentiel d’un congrès, c’est le texte qui en sort, car c’est la feuille de route de l’équipe dirigeante jusqu’au congrès suivant. Le MRC se singularise par la quasi unanimité de ses votes de congrès, l’unique motion d’orientation présentée aux adhérents dans les comités locaux ayant été votée à l’unanimité par les délégués, après avoir été amendée sur divers points, non fondamentaux.

 

Congrès MRC 2012 Paris 15 et 16 12 12 001 TLa commission des résolutions, présidée par Patrick Quinqueton, a épluché samedi les 150 amendements pendant que les débats avaient lieu, toute la journée. Elle a abouti à une synthèse dans de nombreux cas, notamment sur la question laïque. Le vote unanime traduit bien la satisfaction de l’ensemble des délégués après la présentation qui en a été faite par Patrick Quinqueton (photo), dimanche matin.

 

Le texte est à lire sur le site du MRC. Voir Le MRC, une boussole républicaine pour la gauche et pour la France. En voici l’introduction.

 

La France, avec son modèle républicain né de la Révolution de 1789, traverse une crise nationale de longue durée, amplifiée par le déferlement de la crise financière qui a commencé voici cinq ans aux Etats-Unis. La République et son corollaire, la souveraineté du peuple, font face à une rude adversité. Depuis la fin des années 70, la finance mondialisée a peu à peu ruiné les bases du contrat social.

En Europe, la déréglementation mise en œuvre à partir de l'Acte unique en 1985 et particulièrement la libéralisation des mouvements de capitaux depuis 1990, le traité de Maastricht en 1992, un libre-échangisme érigé en dogme par l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) instituée en 1994, ont précarisé le travail et favorisé les délocalisations et l'érosion industrielles. Un chômage de masse (10% de la population active), frappant particulièrement la jeunesse, s'est installé durablement. Les vieilles nations, et avec elles, la démocratie, ont été mises en congé au profit d'une Europe technocratique, à la fois libérale par son esprit et tracassière par ses méthodes. Le lien qui unissait hier les citoyens et l’Etat républicain s’est peu à peu défait, au point de mettre en péril le système de représentation politique des démocraties européennes. Les mouvements populaires qui battent le pavé à Athènes ou à Madrid en sont les signes les plus manifestes, mais le délitement de l'esprit public est le plus préoccupant. À mesure que des décisions visant à satisfaire aux exigences du capitalisme financier, au détriment du pouvoir d'achat des salariés, de la protection sociale et des services publics, sont prises par les dirigeants européens, le fossé se creuse avec les citoyens dont ils ont reçu mandat.

En France, la séquence électorale du printemps dernier offre elle aussi des enseignements qu’il convient de ne pas minimiser. Après cinq années d’outrances au plus haut niveau de l’État, et malgré le désir évident de changement, la moitié des citoyens ont apporté leurs suffrages aux extrêmes ou se sont abstenus. Si elle permet d’offrir des perspectives nouvelles, la victoire de François Hollande, à laquelle le MRC a apporté les yeux ouverts son soutien et sa contribution, a été célébrée dans la sobriété et la "normalité" à laquelle le candidat avait lui-même appelé. Le temps est à la retenue, dans un contexte de crise majeure et d’incertitudes tenaces. François Hollande a été élu président de la République et a obtenu une majorité parlementaire aux législatives. Pour autant l’enjeu politique est identifié : le 6 mai une majorité s’est constituée sans que la gauche soit majoritaire dans les urnes. La victoire place la gauche devant d’immenses responsabilités pour réussir à redresser la France et réorienter la construction européenne. Dans un mandat de cinq ans, les décisions essentielles doivent intervenir maintenant. Le pays veut des choix courageux. C’est l’État stratège et protecteur que réclame aujourd’hui le peuple français.

Dans le système international, la zone euro est devenue le maillon faible. Non seulement les décisions prises jusqu’ici par les dirigeants européens ne sont pas à la hauteur, mais elles aggravent souvent le mal qu'elles prétendent combattre. L'ensemble de la zone euro, en dehors de l'Allemagne, est entré en récession. La situation au sud devient particulièrement critique : une grande partie de la jeunesse grecque et espagnole est au chômage, les politiques d’austérité – qui enracinent leur justification dans la prétendue « crise de la dette » – aggravent la récession. La crise financière, devenue économique et sociale, menace de se muer en une crise politique mettant en cause la démocratie elle-même, si les décisions nécessaires ne sont pas prises pour sortir l’Europe de l’impasse dans laquelle elle s’est égarée notamment depuis la création d'une monnaie unique, dont les règles, transposées du mark allemand, ne peuvent convenir à dix-sept économies fortement hétérogènes.

Mais l'Europe n'est pas seulement fragilisée par ses propres faiblesses, notamment du fait de la surévaluation de l’euro. D'une part, le centre de gravité de l'économie mondiale s'est peu à peu déplacé vers l'Océan Pacifique avec l'installation d'une bipolarité Etats-Unis - Chine qui fonctionne sur une entente tacite. La Chine finance une grande part de l'endettement américain, grâce auquel elle écoule une part croissante de sa production. D'autre part, l'évolution du monde arabo-musulman, aux portes du continent européen, est facteur de déstabilisation. Avec l'incertitude des "révolutions arabes" et la montée objective de l'intégrisme (notamment à travers l'affrontement d'un intégrisme sunnite et d'un intégrisme chiite au Moyen-Orient), une ère de troubles s'annonce à l'horizon. A cet égard, toute tentation d’ingérence et d’intervention dans la guerre civile qui sévit aujourd’hui en Syrie, comme en Irak et en Libye hier, serait facteur d’aggravation de la situation. L’autodétermination des peuples à laquelle le MRC est attaché est incompatible avec la logique interventionniste qui consiste à agir en dehors de tout mandat des Nations Unies pour un changement de régime dans une nation souveraine.

 

Cet article est le 119ème paru sur ce blog dans la catégorie MRC national.

 

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14 décembre 2012 5 14 /12 /décembre /2012 14:13

 

Refonder le pacte social républicain, bâtir sur le long terme

 

Les délégués des comités locaux et départementaux du Mouvement Républicain et Citoyen se rassembleront les 15 et 16 décembre 2012 à Paris à l'occasion de leur congrès national. Voir Le MRC, qui se veut "une boussole républicaine", en congrès ce week-end.

Rappel : Jean-Luc Laurent demande au MRC d'être une boussole républicaine - 25 novembre 2012

 

Le MRC a vingt ans, dans la mesure où il est la continuité du Mouvement des citoyens (MDC), né d'une divergence fondamentale avec le PS en 1992 sur la question européenne (traité de Maastricht). Mais les idées qui ont fondé le MDC puis le MRC remontent à la création du CERES en 1965 au sein du parti socialiste de l'époque, la SFIO.

 

Comment le MRC, aujourd'hui, peut-il être utile à la gauche qui gouverne la France ? Il est dans la majorité parlementaire, sans être au gouvernement. Cela résulte d'un accord conclu en mars dernier avec le PS, accord politique et électoral. Allié du PS, mais dans des conditions de liberté d'expression et de vote pour ses parlementaires.

 

Parmi les divergences en cours, il y a la question des priorités politiques. Le PS a opté pour la mise en avant de questions sociétales, alors que les milieux populaires attendent une mobilisation sur les questions économiques et sociales. Sur ce point, voici ce que Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du MRC, a dit, ce 14 décembre, à deux journalistes du quotidien Le Monde, David Revault d'Allonnes et Thomas Wieder :

 

"Arrêtons d'enflammer la France avec des idées marginales"

 

Le Monde : Pensez-vous que le gouvernement s’est "couché" devant Mittal à propos de Florange ?
Jean-Pierre Chevènement : Il y avait trois solutions possibles. La première, c’était la nationalisation partielle, celle du seul site de Florange. Cela posait des problèmes d’approvisionnement et de débouchés, en fait maîtrisés par Mittal. La deuxième, c’était la nationalisation intégrale d’ArcelorMittal qui avait un sens car la sidérurgie est une industrie de haute technologie dont la France ne peut se désintéresser. Mais le risque aurait été moins financier que politique : la France doit continuer à pouvoir emprunter à des taux très bas. Le Premier Ministre a choisi une la troisième solution, celle d’un accord avec Mittal pour préserver l’emploi. C’est une solution à minima, je le concède, mais elle préserve l’avenir.

Arnaud Montebourg a-t-il eu raison de parler de nationalisation ?
Oui, il était dans son rôle. Il a agi avec panache. C’est son style. Ce qu’il a dit a contribué à amener Mittal à assouplir sa position.

Vous ne lui conseillez donc pas d’appliquer la « jurisprudence » Chevènement de 1983, à votre départ du gouvenrement : "Un ministre, ça ferme sa gueule. Et si ça veut l’ouvrir, ça démissionne"?
J’aurais eu mille raisons de démissionner quand j’ai été ministre. Je ne l’ai fait qu’à trois reprises, et chaque fois parce qu’ un intérêt essentiel était en jeu. Là, c’est différent : il y a un désaccord sur un dossier. Un arbitrage été rendu. Tant que l’essentiel n’est pas en jeu, un ministre doit privilégier l’image de cohérence du gouvernement auquel il appartient.

Qu’appelez-vous l’essentiel ?
La décision qu’a prise le gouvernement après la remise du rapport Gallois -traiter à bras le corps le problème de la compétitivité de l’économie française.
Les choix qui ont été faits sont-ils les bons ?
Dès lors que vous ne pouvez pas dévaluer votre monnaie pour rendre vos produits plus attractifs à l’exportation, vous ne pouvez utiliser que le levier fiscal et budgétaire : c’est ce qu’a fait le gouvernement avec le crédit d’impôt et la restructuration des taux de TVA. Cela dit, tant que notre monnaie restera surévaluée, nous peinerons à regagner des parts de marché. Le vrai choc de compétitivité, ce serait que l’'euro revienne à son cours de lancement, celui d’il y a dix ans, quand il valait à peu près un dollar.

A vos yeux, le « pacte de compétitivité » présenté par le gouvernement ne résout donc qu’une partie du problème ?…
Il est un signe donné par le gouvernement aux chefs d’entreprises. Mais il faut aller plus loin. Cela implique, comme l’a écrit Louis Gallois, la refonte en profondeur du « pacte social ». Cela passe par la mise en place d’'un nouveau CDI, combinant la stabilité nécessaire aux salariés et la flexibilité dont ont besoin les entreprises, et aussi par une nouvelle charte de l’entreprise associant les actionnaires, les managers et le personnel salarié. C'est la condition pour ressusciter la dimension du long terme, que le capitalisme financier a sacrifiée au profit de la rentabilité immédiate.

Si vous avez fini par soutenir la candidature de François Hollande, en mars dernier, c’est notamment parce qu’il s’était engagé à renégocier le traité budgétaire européen. Or ce traité n’a pas été renégocié. Vous sentez-vous trahi ?
Non, j’ai apporté mon soutien à François Hollande « les yeux ouverts ». Le traité n’a pas véritablement été renégocié, donc les parlementaires du MRC ne l’ont pas voté. Je continue de penser qu’on ne fera pas l’économie d’un réaménagement de l’euro, avec le passage d’une monnaie unique erronée, dans son principe, à une monnaie commune. Un système monétaire commun permettrait de faire cohabiter plusieurs euros rattachés chacun à un groupe de pays dont les économies sont voisines.
La BCE doit être une vraie banque centrale, jouant pleinement son rôle en matière de création monétaire. A défaut de solutions audacieuses, nous en resterons aux soins palliatifs, allant de sommet de la dernière chance en sommet de la dernière chance….

Voterez-vous la loi sur le mariage et l’adoption pour les homosexuels ?
Le MRC n’a pas encore défini sa position, mais ce sera pour la majorité soit le non soit un refus de participer au vote. Je continue pour ma part, de penser qu’un enfant doit avoir une mère et un père ou au moins l’idée d’un père et d’une mère, et qu’on ne peut rompre, sans alimenter le désarroi social, avec des repères fondamentaux.

Le PS lance cette semaine une campagne en faveur du droit de vote des étrangers. Qu’en pensez-vous ?
La direction du PS sait que le droit de vote des étrangers aux élections locales ne se fera pas. La bonne solution, c'est la naturalisation en vue de l'intégration. Il faut faciliter les conditions d'accès à la nationalité française. C'est ce qu’a entrepris, à juste titre, Manuel Valls. D'une façon générale, arrêtons d'enflammer la France avec des questions marginales. Ces réformes dites sociétales sont trop souvent le cache misère d'une insuffisante prise en compte des questions économiques et sociales. Je le redis à François Hollande : il faut mobiliser sur l'essentiel, et surtout ne pas s'égarer sur des chemins de traverse. C'est en assumant pleinement l’intérêt national que nous bâtirons la meilleure digue contre les dérives démagogiques et xénophobes du Front National et la tentation d’une partie de la droite d’y joindre sa voix. La côte d’alerte est atteinte. Seul un langage de salut public sera entendu.

Cet article est le 118ème paru sur ce blog dans la catégorie MRC national.

 

 

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25 novembre 2012 7 25 /11 /novembre /2012 17:54

Avec la gauche pour redresser la France et réorienter l’Europe

 

Le Mouvement républicain et citoyen (MRC) est la résurgence du Mouvement des citoyens (MDC) après la parenthèse électorale en 2002 du Pôle républicain. Le MDC était né en 1993 de la rupture avec le parti socialiste (PS) sur la question européenne (traité de Maastricht).

 

La ligne politique a peu évolué depuis la création du Centre d’études, de recherches et d’éducation socialiste (CERES) en 1966 par Jean-Pierre Chevènement et quelques amis. Ce mouvement s’est affirmé d’abord au sein de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) puis du nouveau parti socialiste à partir de 1969.

 

Avec l’apport de Georges Sarre et de ses militants parisiens, il s’est fait connaître lors du congrès du PS à Epinay-sur-Seine, en 1971, en faisant basculer la majorité en faveur de François Mitterrand, qui venait de rejoindre le PS avec son parti, la Convention des institutions républicaines (CIR), créé en 1964.

 

Le projet politique

 

Dans le projet de motion d’orientation qui est actuellement proposé au vote des adhérents par la direction sortante du Mouvement républicain et citoyen (MRC), dans le cadre du congrès 2012 qui aura lieu à Paris les 15 et 16 décembre, on retrouve cette longue histoire d’un projet politique qui vient de loin (voir Congrès du MRC : une ligne politique qui a commencé avec le CERES - 15 novembre 2012). « Il se situe dans la lignée d’une expérience constamment mise à jour dans des contextes politiques différents ».

 

Je note - ayant accompagné ce mouvement depuis 1973 (sauf pendant la période MDC, étant resté au PS jusqu’en décembre 2001) - que ce projet doit beaucoup à la personnalité de Jean-Pierre Chevènement, dont la vision politique sur l’essentiel ne bouge pas mais - et c’est à cela qu’on reconnaît l’homme d’Etat - la capacité d’adaptation est très grande. Je l’ai vu rebondir en 2008 en acceptant d’être président du MRC alors qu’il ne le souhaitait pas, afin de relancer le Mouvement sur la voie du réalisme politique (exercer une influence sur la gauche pour qu’elle réponde aux attentes du pays face à la crise financière).
Candidat à l’élection présidentielle 2012, à son corps défendant, dans le but de parvenir à se faire entendre du PS et de son candidat, il a réussi à peser suffisamment pour aider le MRC à obtenir un accord politique et électoral avec le PS, dont la validité est aujourd’hui confirmée par les faits.
Les trois députés MRC siègent au sein du groupe socialiste, républicain et citoyen (SRC) avec une liberté reconnue de vote et d’expression. Nous pouvons espérer un 4ème député si Julien Landfried réussit à succéder au député invalidé, Devedjian, dans les Hauts-de-Seine (élections les 9 et 16 décembre 2012). Voir, à ce sujet : En porte-à-porte à la Butte rouge avec Harlem Désir et Jean-Luc Laurent.

Pour consulter les textes du congrès, voir sur le site du MRC Congrès de Paris du Mouvement Républicain et Citoyen : les textes ou les articles parus sur le blog du MRC 53 :

Mouvement Républicain et Citoyen : congrès à Paris 15-16 décembre - 15 novembre 2012 

Congrès 2012 : le projet de motion rappelle les fondamentaux du MRC - 16 novembre 2012 

Congrès MRC : le projet de motion rappelle le rôle d'influence du MRC - 16 novembre 2012 

 

La ténacité de Jean-Luc Laurent

 

Le maire du Kremlin-Bicêtre, Jean-Luc Laurent (Wikipédia), qui a succédé à Jean-Pierre Chevènement à la présidence du MRC lors du congrès 2010, sera confirmé à son poste lors du congrès 2012. Député du Val-de-Marne (voir Jean-Luc Laurent - Le site), il a réussi les négociations de partenariat avec les socialistes à l’Assemblée nationale, en équipe avec les deux autres députés MRC, Marie-Françoise Bechtel et Christian Hutin, chacun ayant une responsabilité et des possibilités d’intervention (voir "L’euroréalisme doit conduire à la monnaie commune").

Université d'été MRC 2011 058 TDans l’éditorial du bulletin d’information du MRC (novembre 2012), le président Jean-Luc Laurent exprime sa satisfaction d’avoir pu rassembler les membres du Conseil national autour du projet de motion d’orientation :

(…) Ce projet de motion d’orientation a été adopté par le conseil national à l’unanimité moins trois membres qui se sont abstenus. Je me félicite du rassemblement qui s’est opéré. J’y vois d’abord le résultat d’un travail collectif qui a eu lieu avant le conseil national avec plusieurs réunions de la direction nationale puis deux réunions du secrétariat national élargi. C’est en­suite le produit d’un large échange à partir de la situation politique et d’une réflexion pros­pective partagée. Enfin la motion d’orientation est fidèle à ce qui constitue notre identité et claire dans les choix politiques présentés afin de nous donner les analyses et les moyens d’exercer une influence dans le débat politique.

Il rappelle ce que doit être la responsabilité de la gauche dans la période :

(…) La gauche est au pouvoir et a une responsabilité historique après dix années de régression et d’errance pour redresser la France et réorienter l’Europe. Le MRC a choisi d’être dans la majorité, au côté du Parti Socialiste : allié mais pas rallié.

Depuis l’élection de François Hollande, nous avons su faire preuve de notre indépendance en ne votant ni le traité européen d’austérité ni la loi organique qui en était la déclinaison. Nous ferons preuve de solidité en votant le budget de la Nation.

Chaque jour le prouve, la question des repères de la gauche est centrale. Derrière l’écume des loupés montés en épingle par la droite ou des maladresses objectives, c’est bien la ques­tion de la colonne vertébrale de la gauche de gouvernement qui est posée.

Le président de la République, que nous soutenons les yeux ouverts, a eu des paroles fortes pendant la campagne. Face aux responsabilités qui sont les siennes désormais et face aux défis à relever, la gauche doit affronter des chantiers multiples et notre parti doit jouer un rôle important en prenant appui sur la pertinence de nos analyses et de nos propositions, pour définir le projet d’une gauche réconciliée avec la République et ses exigences. Tel est le chemin proposé au MRC, si vous le décidez : être une boussole républicaine pour la gauche et pour la France.

 

Téléchargez le numéro de Citoyens Militants de novembre 2012 consacré au congrès de Paris

 

Cet article est le 118ème paru sur ce blog dans la catégorie MRC national.

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16 novembre 2012 5 16 /11 /novembre /2012 22:08

La gauche a besoin d’une refondation républicaine

 

Tous les deux ans, le congrès rythme la vie du Mouvement Républicain et Citoyen. Le prochain aura lieu à Paris les 15 et 16 décembre 2012. Voir Congrès de Paris du Mouvement Républicain et Citoyen : les textes.

Entre le 19 novembre et le 8 décembre, les adhérents sont invités à voter (et amender) les textes qui leur sont transmis par les responsables nationaux du Mouvement, notamment le projet de motion d’orientation. Voir Le MRC, une boussole républicaine pour la gauche et pour la France.

 

Ce projet de motion d’orientation est composé de plusieurs parties :

-          L’introduction (voir Mouvement Républicain et Citoyen : congrès à Paris 15-16 décembre - 15 novembre 2012).

-          Un rappel historique (voir Congrès du MRC : une ligne politique qui a commencé avec le CERES - 15 novembre 2012.

-          Le rappel des fondamentaux (le logiciel républicain). Voir Congrès 2012 : le projet de motion rappelle les fondamentaux du MRC - 16 novembre 2012. 

-          La refondation républicaine de la gauche.

-          Le développement du MRC.

 

Voici la 4ème partie, qui porte sur la situation de la gauche et le rôle du MRC.

 

LA GAUCHE A BESOIN D’UNE REFONDATION RÉPUBLICAINE

 

Nous devons mesurer la portée et les limites de l’actuelle équation politique. L’élection de François Hollande peut permettre des avancées décisives. Nous nous situons dans une perspective qui est la seule qui doit nous déterminer : faire réus­sir la France. C’est à cette aune là seule que nous devons mesurer nos soutiens et le cas échéant, nos critiques, mais toujours avec l’objectif de servir le pays.

Il y a des républicains et des libéraux (ou des différentialistes) dans toutes les fa­milles de la gauche : c’est aussi le cas au PS bien sûr, mais également au Front de gauche. Notre tâche est de nouer des liens avec tous les républicains et de faire mûrir les prises de conscience.

La gauche n’a plus de ligne directrice. Les mythes de la gauche – communiste et social-démocrate – se sont effondrés de pair. Les organisations demeurent, avec des militants et des responsables sincères mais souvent déboussolés. La gauche doit se mettre au niveau. C’est le sens de la conversion républicaine que nous lui proposons (par opposition à la conversion libérale).

La social-démocratie se débat difficilement dans une situation historique où il n’y a plus rien à distribuer, parce que les marchés financiers dictent leur loi aux États et que la croissance a disparu. Or, si elle a réfléchi à la distribution, la social-démo­cratie a insuffisamment pensé les conditions de la production et la lutte contre le capitalisme financier. Partout en Europe, elle régresse durablement. Les difficultés actuelles de la social-démocratie allemande en sont le signe. Cela ne lui interdit pas quelques victoires ponctuelles. Le parti socialiste français est par ailleurs tra­versé de courants divers, que l’exercice du pouvoir devrait permettre de dépasser en une nouvelle synthèse républicaine.

L’idéologie communiste s’est dissoute avec la chute du mur de Berlin et l’effon­drement de l’URSS. Le discours du PCF, en l’absence de débouché politique clair, est devenu largement incantatoire, se limitant à la défense, souvent louable mais essentiellement protestataire, des intérêts des « gens » qu’il oublie parfois de pré­senter comme des travailleurs. Il décline de plus en plus un discours sur les droits de l’homme oubliant ceux du citoyen, faute d’assumer aussi sa propre histoire. L’effondrement de sa base électorale est préoccupant. Son insertion en France dans le Front de gauche et son alliance municipale de fait avec le PS entrent en contradiction. Nous devons cependant maintenir un dialogue ouvert, à condition bien entendu que le parti communiste ne se dérobe pas devant le débat de fond, en cherchant à anathémiser le discours républicain.

L’écologie politique est devenue l’expression dominante des couches moyennes supérieures qui ont une activité tertiaire. Cette idéologie souvent a-républicaine et opportuniste a connu des succès relatifs aux élections régionales et européennes (scrutins peu clivants, où le taux d’abstention est de plus en plus élevé), mais ne s’est jamais vraiment affirmée comme une force politique nationale dotée de posi­tions politiques claires, sauf dans le refus viscéral de l’électricité d’origine nucléaire et, parfois de toute forme d’aménagement structuré du territoire qui dépasserait la seule conservation de la Nature idolâtrée par rapport à l’Homme dont le génie créateur est systématiquement dévalorisé.

Le trotskisme, qui s’est construit contre le communisme d’État et qui a connu quelques poussées électorales éphémères, est malade d’une vision exclusivement protestataire de l’action politique, qui n’échappe pas toujours au communauta­risme et ne se pose plus la question de la prise du pouvoir.

C’est donc à un vide idéologique que doit faire face la gauche française, alors même que la droite semble avoir définitivement rompu les amarres avec le gaullisme et que l’extrême droite essaie – hélas avec succès actuellement – de s’inscrire dans le paysage politique en profitant de la crise sur les décombres de la classe ouvrière. C’est aussi l’envers de la trahison de la plupart de ses élites politiques, médiatiques et économiques, qui ont perdu le sens de la patrie. Nous continuons de penser, avec Jaurès, que la République sociale que nous appelons de nos voeux, suppose d’organiser « les noces de la classe ouvrière et de la Nation ».

Pour réussir, la gauche doit d’abord se ressourcer dans sa meilleure tradition, qui est en France l’exigence républicaine. Nous le rappelions récemment lors de l’Uni­versité d’été de Belfort en septembre 2012 : « Cette exigence est particulièrement actuelle dans une époque dominée par l’Argent roi, celle du capitalisme financier à son apogée, où les marchés financiers rançonnent les États et où le Capital met les territoires en concurrence, en n’hésitant pas à coup de plans sociaux, à délocaliser la production au nom d’intérêts purement financiers. Actuelle est la République, face au déchaînement des intérêts particuliers et des corporatismes, à l’explosion de l’individualisme et des inégalités, et à la fragmentation de l’espace public au profit de revendications identitaires et communautaristes qui obscurcissent l’idée même d’un intérêt commun à tous les citoyens. »

Nous devons faire un bon usage de l’accord PS-MRC de 2012 qui préserve entière­ment notre identité politique. Son contenu, qui identifie nos convergences, mais aussi quelques divergences importantes, doit nous conduire à une utilisation in­telligente des termes de cet accord. Nous ne devons pas nous situer dans une opposition de gauche systématique qui chercherait à affaiblir le gouvernement. Mais il est utile de saisir toutes les occasions de mettre en évidence nos priorités politiques, que ce soit en soutenant clairement les décisions gouvernementales qui vont dans le bon sens ou en faisant entendre notre différence chaque fois que cela s’avère nécessaire pour faire avancer la conscience.

A cet égard, le vote de nos quatre parlementaires contre la ratification du TSCG et la loi organique qui inscrit ce traité dans notre droit national, s’inscrit clairement dans ce qui est présenté comme une des positions communes dans cet accord : « Le prochain traité européen est inacceptable, il provoquerait une austérité et une récession généralisée, et doit être renégocié : rachat des dettes publiques par la BCE qui doit soutenir la croissance, grand plan d’investissement financé par un emprunt européen, relance salariale, politique de change assurant un euro com­pétitif ». Mais il peut aussi se référer à l’un des points de désaccords reconnus par l’accord : « Le MRC rappelle son opposition au traité de Maastricht, propose la révision des statuts de la BCE afin que l’objectif de croissance soit intégré dans ses missions et qu’il soit mis fin à la politique de l’euro cher. De plus, la souveraineté budgétaire ne saurait en aucun cas être soustraite au contrôle des Parlements na­tionaux, et la monnaie devra être conforme à nos intérêts ».

 Il nous revient de faire un usage politique de cet accord qui permette de faire les choix que nous jugerons opportuns. La tâche du MRC est d’être la boussole républicaine de la majorité que nous voulons aider à réussir. Là est notre objectif central.

La forme politique que prendra la refondation républicaine de la gauche ne peut à ce stade pas encore être précisée. Mais si nous observons des limites sérieuses à court terme, il existe des possibilités à moyen terme, dès lors que le débat politique sera conduit sérieusement, sans opposition facile et sans approbation mécanique.

C’est par notre présence dans le débat politique à gauche que nous pourrons ai­der le plus efficacement la gauche de gouvernement à faire face aux difficultés de l’heure.

La gauche comme force de gouvernement rencontre les limites de cette seule perspective, même si elle est nécessaire : faire de la politique, c’est agir sur le réel. Nous avons choisi, en soutenant « les yeux ouverts » François Hollande, d’être dans la majorité et d’en être l’aiguillon républicain. Cela signifie que, les yeux ouverts, nous travaillons dans la majorité présidentielle, à sa réussite. Car il s’agit de la réussite et de l’avenir de la France. Nous savons que la réussite ou non du quinquennat passera par des changements que nous devons faire émerger en pesant dans le débat public.

« Donner du temps à François Hollande », comme nous l’affirmions à notre Uni­versité d’été, ne signifie pas que nous ne sommes pas conscients des choix poli­tiques décisifs auxquels le gouvernement devra procéder rapidement si les mots d’ordre de la campagne doivent avoir un sens.

A titre d’exemple, il convient que nous appuyions la proposition formulée par le candidat François Hollande consis­tant à organiser la séparation des activités bancaires. Face à la montée du risque systémique, la déconnexion des banques de dépôt et des banques d’affaires est une étape essentielle pour assainir la finance mondialisée. La responsabilité mo­nétaire, élément fondamental de l’ordre public, doit être dissociée des responsabi­lités économiques, et en particulier des activités de marché. A contrario, le projet de supervision bancaire unifiée par la BCE, elle-même soustraite à tout contrôle démocratique, ne permettra pas d’encadrer les activités spéculatives.

Notre solidité politique consiste à être conséquents avec nous-mêmes en portant l’accord politique que nous avons passé. Dans l’immédiat, le MRC doit prendre la mesure de ses responsabilités pour aider la gauche à réussir, au service de la France. Comme le général De Gaulle avait su s’adapter hier face à l’évolution du problème algérien, François Hollande est confronté à des résistances aussi puis­santes, parce qu’elles s’enracinent dans des croyances anciennes, sur la question européenne notamment. Mais les événements ne manqueront pas selon nous de fragiliser les certitudes des plus européistes.

 

Le MRC doit avoir suffisamment confiance dans ses propres analyses pour exercer son influence et peser. A plus long terme, la mobilisation de nouvelles générations de républicains sera la condi­tion essentielle pour assurer la continuité de ce combat.

 

Cet article est le 117ème paru sur ce blog dans la catégorie MRC national.

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16 novembre 2012 5 16 /11 /novembre /2012 20:57

Nation, citoyenneté, égalité, industrie, science, école

 

Tous les deux ans, le congrès rythme la vie du Mouvement Républicain et Citoyen. Le prochain aura lieu à Paris les 15 et 16 décembre 2012. Voir Congrès de Paris du Mouvement Républicain et Citoyen : les textes.

Entre le 19 novembre et le 8 décembre, les adhérents sont invités à voter (et amender) les textes qui leur sont transmis par les responsables nationaux du Mouvement, notamment le projet de motion d’orientation. Voir Le MRC, une boussole républicaine pour la gauche et pour la France.

 

Ce projet de motion d’orientation est composé de plusieurs parties :

-          L’introduction (voir Mouvement Républicain et Citoyen : congrès à Paris 15-16 décembre - 15 novembre 2012).

-          Un rappel historique (voir Congrès du MRC : une ligne politique qui a commencé avec le CERES - 15 novembre 2012.

-          Le rappel des fondamentaux (le logiciel républicain).

-          La refondation républicaine de la gauche.

-          Le développement du MRC.

 

Voici la 3ème partie, le rappel des fondamentaux.

 

NOTRE LOGICIEL POLITIQUE RÉPUBLICAIN GARDE TOUTE SA PERTINENCE DANS LA SITUATION ACTUELLE

 

Le logiciel politique du Mouvement Républicain et Citoyen repose sur quelques fondamentaux, qu’il est nécessaire de rappeler. Ce logiciel, ces fondamentaux, doivent être les outils de notre influence, qui n’est pas séparable de l’affirmation claire et publique de nos positions.

1. L’EUROPE NE PEUT SE CONSTRUIRE QU’EN S’APPUYANT SUR DES PEUPLES SOUVERAINS

Cette question est plus actuelle que jamais. En tant qu’entités historiquement constituées, les Nations sont le cadre essentiel de la démocratie et de la solidarité.

Bien entendu, nous défendons la conception républicaine de la Nation, commu­nauté de citoyens, et nous condamnons la conception ethnique. Nous ne confon­dons pas la Nation et le nationalisme qui en est une maladie. Nous sommes des patriotes car le patriotisme est l’amour des siens tandis que le nationalisme est la haine des autres. On ne peut rien faire dans l’ordre international si on ne s’appuie pas sur les Nations, briques de base de toute organisation supranationale. En par­ticulier, l’effort de défense ne doit pas dans la durée être inférieur à 2 % du PIB.

On ne gagne rien à occulter le rôle et la spécificité de chaque Nation, comme l’a fait le système de la monnaie unique. Celle-ci se révèle être une impasse. La situation grecque montre combien la création de l’euro, monnaie unique rassemblant des pays radicalement hétérogènes sur le plan économique et social, est une erreur profonde. Dans la tempête, l’orientation monétariste héritée de Maastricht (et sa seule obsession de lutte contre l’inflation) a été le principal facteur de divergence des Nations européennes dont les économies demeurent structurellement diffé­rentes.

Les intérêts propres de l’Allemagne ne sont pas les mêmes que ceux de la France et encore moins de la Grèce. Il faut nous rendre à l’évidence : il est peu probable que l’Allemagne accepte que la BCE vienne en appui du MES (mécanisme européen de stabilité), et accepte une politique de création monétaire (quantative easing) à l’image de la Réserve fédérale américaine, bref devienne une banque centrale comme les autres.

Dans ces conditions, il nous appartient de rendre cré­dible la mutation de la monnaie unique en une monnaie commune qui permette de rétablir une compétitivité adéquate pour chaque économie. Pour les membres de la zone euro, le maintien contre vents et marées de cette monnaie unique n’est pas viable en l’état car la crise de l’euro n’est pas une crise de la dette mais d’abord une crise de la compétitivité divergente entre les différentes économies.

Trois mé­canismes méritent d’être envisagés :

a) la coexistence d’une monnaie commune (dédiée aux transactions interna­tionales) avec des monnaies nationales qui retrouveraient ainsi une capacité d’ajustement dans le cadre d’une parité négociée comme ce fut le cas dans le cadre du Système Monétaire Européen,

b) la coexistence de monnaies nationales qui conserveraient leur dénomination commune d’euro (ces euros nationaux seraient à la fois utilisés pour les tran­sactions internationales et intérieures) et qui flotteraient les unes par rapport aux autres,

c) ou la création de deux zones euros (une zone euro hanséatique autour de l’Al­lemagne et une zone euro méditerranéenne autour de la France et de l’Italie). Une politique monétaire tournée vers la croissance dans l’UE et dans chacun des États membres est l’une des clés d’une politique de progrès.

Au-delà, il nous faut redresser et réorienter la politique européenne : le libre échange intégral doit céder la place à une protection raisonnée des industries euro­péennes. Les coopérations renforcées doivent progressivement remplacer le processus bureaucratique de l’unification juridique.

 

2. LE PEUPLE FRANÇAIS PEUT SE RASSEMBLER AUTOUR DE L’INTÉRÊT GÉNÉRAL

 

La République française est fondée sur la citoyenneté. Celle-ci est le corollaire de la souveraineté nationale. Chaque citoyen est une parcelle du souverain. La République ne va donc pas sans civisme, valeur aujourd’hui décriée, voire igno­rée.

République de citoyens, la République française se veut aussi une République sociale. Or, qu’en restera-t-il dans l’océan de la mondialisation libérale ?

Ancienne base sociale de la gauche, les couches populaires l’ont largement rejetée ou aban­donnée. La tentation est grande de chercher dans des réformes sociétales une diversion aux difficultés sociales.

Mais il est essentiel de ne pas déstabiliser encore plus des couches populaires inquiètes pour leur avenir et de leur fournir les sûrs repères de la République et de la citoyenneté. Celles-ci sont en recherche de sécu­rité devant l’incertitude de l’avenir. Elles sont de plus en plus installées dans les zones péri-urbaines et rurales sans l’avoir forcément choisi : c’est la France des personnes modestes, des oubliés, des invisibles.

Il ne suffit pas de constater que la classe ouvrière vote en partie à l’extrême-droite, encore faut-il mener une poli­tique qui supprime le terreau sur lequel prospèrent les thèses du Front National et tenir un discours qui réponde au besoin de sécurité de ces couches populaires sans céder à la logique tendant à faire de l’immigré le bouc-émissaire de la crise. Cette vision qui ethnicise les problèmes sociaux, est une impasse, non seulement parce qu’elle divise, mais parce qu’elle tourne le dos aux valeurs républicaines.

Comment rendre le peuple acteur de son propre devenir ? Pour agir dans l’intérêt général, il nous faut retrouver des marges de manoeuvre au niveau national comme au niveau européen. Mais il faut aussi mesurer que l’éclatement des cadres collec­tifs et le délitement de l’esprit républicain amènent les individus à s’identifier à des communautés aussi diverses que variées : le communautarisme est répandu à gauche comme à droite. La situation de « victime » est un des moteurs de l’action individuelle, fût-ce pour des causes parfaitement défendables, mais elle conduit aux recours juridictionnels plus qu’à l’action.

Il est nécessaire de contenir par la laïcité et par le civisme républicain les communautarismes de toutes sortes, qui sont aujourd’hui flattés par la gauche et par la droite « branchées ». Pour lutter contre l’hyper individualisme libéral et les diverses formes de communautarismes qui l’accompagnent, il y a un remède : relever les valeurs républicaines, et particu­lièrement la laïcité.

 

3. L’ÉTAT RÉPUBLICAIN EST LE GARANT DE L’ÉGALITÉ DES CITOYENS

 

La République décentralisée n’est pas une juxtaposition de territoires « féodaux » ; elle reste une et indivisible. Le rôle de l’État républicain porteur de l’intérêt général doit être rappelé dans un contexte d’effritement de la notion de territoire national. En France, l’État républicain doit être en mesure de garantir la cohésion institu­tionnelle et sociale à chaque niveau d’administration du territoire, plus particuliè­rement en période de crise. Il convient de stopper le démantèlement des services de l’État dont les compétences et les capacités se sont réduites considérablement ces cinq dernières années avec l’application de la RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques).

La mise en oeuvre de politiques publiques comme l’emploi ou l’aménagement du territoire, si elles doivent être coordonnées au niveau ré­gional, comme au niveau national, s’inscrivent aussi dans le cadre de « bassins de vie » souvent infra-départementaux. Plus généralement, les services publics doivent être maintenus car ils assurent la continuité territoriale, jusque dans les espaces ruraux aujourd’hui abandonnés (notamment victimes de la désertification médicale).

 

4. L’INDUSTRIE EST LA BASE DE NOTRE RICHESSE COLLECTIVE

 

Pour sortir de la crise et du chômage de masse, il est illusoire de penser que c’est par le seul développement des services et sans aucune base productive qu’on y parvien­dra. Notre pays ne renouera avec la prospérité que par une politique économique et industrielle cohérente visant à rendre son attractivité au « site de production France ». Il n’y a aucune raison que l’Allemagne excelle et que la France périclite. Un pays sans industrie est un pays qui s’appauvrit et cesse de peser.

Le discours environnementaliste se satisfait parfois d’un recul de l’activité industrielle, certains allant jusqu’à théoriser la décroissance. A l’inverse, nous plaidons pour une poli­tique qui recherche les voies de la compétitivité de notre industrie, qui tient au coût relatif du travail, aux structures des entreprises, à l’organisation de la sous-traitance, à la recherche et à l’innovation, à la formation et la qualification des salariés, à l’indépendance, au bas coût de l’énergie, et enfin à la participation des représentants des salariés à la stratégie des entreprises.

Cela doit aussi nous conduire à élargir la base des prélèvements sociaux pour qu’ils pèsent moins sur le travail et à faire baisser le taux de la monnaie, aujourd’hui surévaluée.

 

5. NOTRE PAYS A BESOIN DE RECHERCHE, C’EST-À-DIRE DE SCIENCE ET DE RATIONALITÉ

 

Nous ne sommes pas des partisans du principe de précaution, qui n’est pas un principe scientifique. Les questions relatives au développement énergétique, ou à la nutrition, ou à la nécessaire protection de l’environnement ne doivent pas être traitées frileusement. Ces questions doivent être passées au crible du doute méthodique. C’est par la recherche et l’innovation que les déséquilibres nés des excès de l’économie mondialisée et financiarisée seront contenus et pourront être dépassés.

Enjeu majeur du XXIème siècle, la question de l’énergie doit satisfaire aux exigences d’indépendance, d’efficacité et d’accès pour tous. A ce titre, l’éner­gie nucléaire reste pour la France un atout majeur non seulement parce qu’elle favorise la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi parce qu’elle permet de fournir une électricité à bon marché (aujourd’hui l’une des moins chère d’Europe).

 

6. L’ÉCOLE DE LA RÉPUBLIQUE EST LE SOCLE DE LA FRANCE DE DEMAIN

 

C’est l’instruction, la transmission de savoirs, qui est la mission fondamentale de l’école. L’école ne doit pas se construire sur l’idée d’un enfant construisant lui-même ses savoirs, mais autour de l’acquisition méthodique par l’élève, sous l’auto­rité de maîtres compétents, des principaux savoirs de base. La République a besoin de citoyens éclairés : l’école est le lieu par excellence de la formation du citoyen. Elle est une institution de la République. Il revient à cette institution de définir les programmes et les objectifs et d’éclairer sur les meilleures méthodes.

Bien entendu, le projet du MRC ne se limite pas à ces piliers porteurs. Il est rappelé que le MRC a en 2010 adopté un programme de salut public qui est encore, dans de nombreux domaines, d’actualité. Il est de notre responsabilité d’être davan­tage présents dans les débats économiques et sociaux. Il nous faut être à la fois offensifs et efficaces dans l’affirmation de nos propositions et de nos refus lorsque l’essentiel est en jeu.

 

Cet article est le 116ème paru sur ce blog dans la catégorie MRC national.

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15 novembre 2012 4 15 /11 /novembre /2012 21:09

La gauche et la France ont besoin d’une force républicaine

 

Le MRC prépare son congrès (voir Mouvement Républicain et Citoyen : congrès à Paris 15-16 décembre - 15 novembre 2012). C’est le moment de regarder dans le rétroviseur.

D’où vient ce mouvement politique né dans les années 1960 (le CERES* - centre d’étude, de réflexion et d’éducation socialistes), qui s’est constamment organisé autour des idées de Jean-Pierre Chevènement ?

 

* Personnellement, je me souviens avoir commencé à m’intéresser au CERES quand, en 1972, à mon retour de coopération en Algérie, je me suis abonné à la revue « Repères ». Repéré début 1973 par les amis de Robert Buron, qui était alors maire (souffrant) de Laval et promoteur du mouvement politique « Objectif 72 », devenu « Objectif socialiste », j’avais reçu de Jean Offredo, son assistant, les documents préparatoires au congrès du PS, transmis par la motion CERES (Chevènement).

 

Les amis de Robert Buron avaient choisi de soutenir le texte (motion d’orientation) du CERES, deux ans auparavant, lors du congrès d’Epinay-sur-Seine. C’était cette motion (8,5 % des voix au congrès d’Epinay) qui avait été déterminante dans l’arrivée d’une nouvelle majorité au PS en 1971 (alliance Mitterrand-Chevènement-Mauroy-Deferre, qui allait mettre ce parti sur la voie du succès en optant pour la stratégie d’union de la gauche).

 

Nouvel adhérent du PS (j’allais créer avec 12 autres militants - dont Francis Bour, ancien directeur de cabinet du ministre Robert Buron - la section de Saint-Berthevin), j’acceptais de présenter la motion du CERES en Mayenne lors de ce congrès 1973, présidé par Francis Bour, et de lancer ce courant dans le département (nous allions progresser rapidement jusqu’à 45 % des voix en 1977, ce qui me portera à la responsabilité départementale en 1979, dans le cadre de l’alliance avec le courant Mitterrand). Délégué suppléant au congrès de Grenoble, ce sera ma première expérience de congrès politique…

 

Le projet de motion d’orientation 2012 du MRC (voir Le MRC, une boussole républicaine pour la gauche et pour la France) comporte un rappel historique, qui montre la continuité de la ligne politique de ce Mouvement (on le doit évidemment à Jean-Pierre Chevènement).

 

NOTRE PROJET POLITIQUE VIENT DE LOIN

 

Le Mouvement Républicain et Citoyen est un mouvement politique enraciné à gauche mais indépendant. Il est le vecteur d’un projet politique : celui de la construction et de l’affirmation d’une force républicaine, pour relever la France avec la gauche dans la justice sociale, par l’affirmation de l’indépendance nationale et de la souveraineté populaire sans laquelle il n’y a pas de démocratie.

Il se situe dans la lignée d’une expérience constamment mise à jour dans des contextes politiques différents. Le CERES est né dans le contexte des années de soixante, à la fin des « trente glorieuses ». Il a tenté, à l’intérieur du PS, de réu­nir les conditions d’une transformation sociale de grande ampleur, par l’union de toutes les forces de la gauche à travers un programme commun de gouvernement, dans un contexte qui était celui de la fin de la guerre froide. C’était la tâche des années 70, par ailleurs marquées par la fin du système de Bretton-Woods et par la crise économique née d’un double choc pétrolier, qui s’est révélée être une véritable mutation d’un capitalisme managérial en un capitalisme financier mon­dialisé. Advint le règne d’un capitalisme dit « patrimonial » : tout le pouvoir aux actionnaires !

Quand la gauche est arrivée au pouvoir en 1981, la transformation dont elle était porteuse a été entamée dans un contexte hostile, celui de la montée du néolibéra­lisme, et sans véritable volonté politique. Elle a été très vite interrompue par une « pause dans les réformes », puis par une politique de rigueur avec l’ouverture de la « parenthèse libérale » jamais refermée1. Les défis du capitalisme financier et les renoncements de la gauche au gouvernement dès 1982-1983 conduisent à la création en 1986 de « Socialisme et République », courant du Parti socialiste, qui se fixe toujours l’objectif de changer la gauche pour relever la France, mais en pre­nant appui sur le paradigme républicain.

Mais la participation de la France à la guerre du Golfe et la négociation du traité de Maastricht en 1991-1992 montrent les limites de l’action interne face à la dérive sociale-libérale et atlantiste : après les désaccords à partir de 1983 sur la politique économique dite « parenthèse de la rigueur », viennent la démission de Jean- Pierre Chevènement, ministre de la défense, lors de l’engagement de la France dans la guerre du golfe en 1991, et le « non » à la ratification du traité de Maas­tricht en 1992. C’est la création du MDC (Mouvement des Citoyens) en 1992-1993. L’expérience de la « gauche plurielle » née avec la surprise de la victoire de 1997 suite à la dissolution ratée, montre les apports et les limites d’une participation gouvernementale fondée sur l’équilibre implicite entre des forces politiques cen­trifuges et sans projet commun. L’appui d’une partie importante de la gauche aux thèses « communautaristes », sur l’immigration comme sur l’affaire du statut de la Corse et la dérive libérale et européiste, conduisent les républicains à reprendre leur liberté pour faire entendre leur voix et rééquilibrer la gauche.

La campagne électorale de 2002 est l’occasion, autour de Jean-Pierre Chevène­ment, de tenter à travers sa candidature une expérience politique visant au ras­semblement des républicains « des deux rives » et au rééquilibrage de la gauche sur une base républicaine. La stratégie du « Pôle républicain » est une réponse difficile à une bonne question, celle de la pertinence des clivages politiques actuels par rapport à une Europe néolibérale. Les partis de gouvernement étant d’accord sur l’essentiel, qui est l’acceptation de la construction européenne dans sa forme libérale actuelle, c’était renoncer sans le dire à la souveraineté populaire et à la démocratie : puisque « c’est l’Europe », nous n’aurions pas le choix. Mais l’effon­drement du candidat de la gauche, qui est due au détachement du vote populaire vis-à-vis de la gauche de gouvernement et la présence du Front national au second tour se traduit non pas par une remise en cause de clivages périmés et par une rénovation de la gauche, mais par une glaciation européiste. Pour avoir brisé de nombreux tabous et secoué l’équilibre politique traditionnel, le courant républi­cain que nous incarnons à gauche a payé le prix fort. Né au lendemain de 2002, le Mouvement Républicain et Citoyen a subi les représailles d’une gauche sociale libérale vaincue par elle-même et qui cherchait ailleurs les causes de sa déroute. Cette stratégie de diversion sur un bouc émissaire ayant pour but essentiel de préserver la ligne social-libérale et européiste. Seule notre ténacité a permis de franchir les nombreux obstacles qui entravaient notre chemin. Le vote « non » au référendum de 2005 sur le projet de constitution européenne, dans lequel le MRC a pris toute sa part, a montré une résistance populaire qu’un déni de démocratie (la ratification du Traité de Lisbonne par la voie parlementaire) a privé de débou­ché politique.

Après le retrait de la pré-candidature de Jean-Pierre Chevènement, le MRC passe en 2007 un accord politique avec le PS dont la contrepartie est le soutien à la candidature de Ségolène Royal à l’élection présidentielle. La candidate prend des distances vis-à-vis de certaines positions classiques du PS, même si l’évolution en matière européenne et sur le statut de la BCE contenue dans notre accord est remise en cause au congrès du PSE de Porto en janvier 2007.

L’accord entre le MRC et le PS de 2012, qui se traduit par un soutien « les yeux ouverts » à la candidature de François Hollande, est le prolongement de la « can­didature pédagogique » de Jean-Pierre Chevènement annoncée le 5 novembre. Il s’agit d’une stratégie d’influence lucide : le MRC se situe dans une perspective responsable, et jamais dans une opposition « protestataire ». L’accord passé avec le PS identifie des convergences, mais aussi des points de désaccord assumés, no­tamment sur l’analyse et sur l’issue probable de la crise de l’euro et le refus de la fuite en avant post-nationale. Le MRC rappelle aussi l’importance de l’industrie– y compris nucléaire – pour la sauvegarde de nos emplois, qui passe notamment par l’indépendance énergétique. L’accord pose enfin le refus de tout ce qui est de nature à remettre en cause l’unité de la République.

Cet accord politique qui engage le PS et le MRC, constitue un curseur pour le MRC qui a pris la mesure de ses responsabilités en décidant de prendre toute sa part dans la majorité présidentielle, en conservant son autonomie politique : nos trois députés élus en juin 2012 jouissent de la liberté d’expression et de vote au sein du groupe Socialiste, Républicain et Citoyen auquel ils sont rattachés. Le MRC est une composante non alignée de la majorité présidentielle. Nous sommes alliés, pas « ralliés ». Si nous avons dit « non » au TSCG, nous voterons le budget qui com­porte une réforme fiscale inspirée par le souci de faire partager plus justement l’ef­fort nécessaire et deux priorités que nous approuvons : l’éducation et la sécurité.

 

Cet article est le 115ème paru sur ce blog dans la catégorie MRC national.

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15 novembre 2012 4 15 /11 /novembre /2012 17:22

Le MRC, boussole républicaine pour la gauche et pour la France

 

Entre le 19 novembre et le 8 décembre 2012, les adhérents du MRC sont invités à voter sur les textes qui leur sont transmis par les responsables nationaux du Mouvement, en vue du congrès qui aura lieu à Paris les 15 et 16 décembre 2012.

L’essentiel est le projet de motion d’orientation, amendable, présenté par le Conseil national, intitulé « Le MRC, une boussole républicaine pour la gauche et pour la France ».

 

Voir Le MRC, une boussole républicaine pour la gauche et pour la France et Congrès de Paris du Mouvement Républicain et Citoyen : les textes

 

Voici l’introduction du projet de motion d’orientation (pour les deux ans à venir).

 

La France, avec son modèle républicain né de la Révolution de 1789, traverse une crise nationale de longue durée, amplifiée par le déferlement de la crise financière qui a commencé voici cinq ans aux États-Unis. La République et son corollaire, la souveraineté du peuple, font face à une rude adversité.

Depuis la fin des années 70, la finance mondialisée a peu à peu ruiné les bases du contrat social. En Europe, la déréglementation mise en oeuvre à partir de l’Acte unique en 1985 et particuliè­rement la libéralisation des mouvements de capitaux depuis 1990, la création de la monnaie unique en 1992, un libre-échangisme érigé en dogme par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) institué en 1994, ont précarisé le travail et favorisé les délocalisations et l’érosion industrielles. Un chômage de masse (10 % de la po­pulation active), frappant particulièrement la jeunesse, s’est installé durablement.

Les vieilles nations, et avec elles, la démocratie, ont été mises en congé au profit d’une Europe technocratique, à la fois libérale par son esprit et tracassière par ses méthodes.

Le lien qui unissait hier les citoyens et l’État républicain s’est peu à peu défait, au point de mettre en péril le système de représentation politique des dé­mocraties européennes.

Les mouvements populaires qui battent le pavé à Athènes ou à Madrid en sont les signes les plus manifestes, mais le délitement de l’esprit public est le plus préoccupant. A mesure que des décisions visant à satisfaire aux exigences du capitalisme financier, au détriment du pouvoir d’achat des salariés, de la protection sociale et des services publics, sont prises par les dirigeants euro­péens, le fossé se creuse avec les citoyens dont ils ont reçu mandat.

En France, la séquence électorale du printemps dernier offre elle aussi des ensei­gnements qu’il convient de ne pas minimiser. Après cinq années d’outrances au plus haut niveau de l’État, et malgré le désir évident de changement, la moitié des citoyens ont apporté leurs suffrages aux extrêmes ou se sont abstenus.

Si elle permet d’offrir des perspectives nouvelles, la belle victoire de François Hollande, à laquelle le MRC a apporté les yeux ouverts son soutien et sa contribution, a été célébrée dans la sobriété et la « normalité » à laquelle le candidat avait lui-même appelé. Le temps est à la retenue, dans un contexte de crise majeure et d’incerti­tudes tenaces.

François Hollande a été élu président de la République et a obtenu une majorité parlementaire aux législatives. Pour autant l’enjeu politique est iden­tifié : le 6 mai une majorité s’est constituée sans que la gauche ne soit majoritaire dans les urnes.

Pourtant, la victoire place la gauche devant d’immenses responsa­bilités pour réussir à redresser la France et réorienter la construction européenne. Dans un mandat de cinq ans, les décisions essentielles doivent intervenir mainte­nant. Le pays attend des choix courageux. Plus que jamais l’État est garant du long terme.  

Dans le système international, la zone euro est devenue le maillon faible. Non seu­lement les décisions prises jusqu’ici par les dirigeants européens ne sont pas à la hauteur, mais elles aggravent souvent le mal qu’elles prétendent combattre. L’en­semble de la zone euro, en dehors de l’Allemagne, est entré en récession. La situa­tion au sud devient particulièrement critique : la moitié de la jeunesse grecque et espagnole est au chômage, les politiques d’austérité – qui enracinent leur justifica­tion dans la prétendue « crise de la dette » – aggravent la récession.

La crise finan­cière, devenue économique et sociale, menace de se muer en une crise politique mettant en cause la démocratie elle-même, si les décisions nécessaires ne sont pas prises pour sortir l’Europe de l’impasse dans laquelle elle s’est égarée notamment depuis la création d’une monnaie unique, dont les règles transposées du mark allemand, ne peuvent convenir à dix-sept économies fortement hétérogènes.

Mais l’Europe n’est pas seulement fragilisée par ses propres faiblesses, notam­ment monétaires.

D’une part, le centre de gravité de l’économie mondiale s’est peu à peu déplacé vers l’Océan Pacifique avec l’installation d’une bipolarité États- Unis - Chine qui fonctionne sur une entente tacite. La Chine finance une grande part de l’endettement américain, grâce auquel elle écoule une part croissante de sa production.

D’autre part, l’évolution du monde arabo-musulman, aux portes du continent européen, est facteur de déstabilisation. Avec l’incertitude des « ré­volutions arabes » et la montée objective de l’intégrisme - notamment à travers l’affrontement d’un intégrisme sunnite et d’un intégrisme chiite au Moyen-Orient, une ère de troubles s’annonce à l’horizon.

 

Cet article est le 114ème paru sur ce blog dans la catégorie MRC national.

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