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Présentation

  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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2 février 2007 5 02 /02 /février /2007 19:54

 

Donner du sens à la politique et de la force à la République

 Le PS organise ce soir un forum participatif au Centre de rencontres de Saint-Berthevin (voir sur ce blog l’article paru hier). Cette réunion est ouverte à toutes celles et ceux qui veulent « contribuer à enrichir le projet socialiste et bâtir avec Ségolène Royal le projet présidentiel ».

 Il est écrit « Venez exprimez, vos attentes, vos idées, vos propositions… TOUT sera transmis à Ségolène Royal ». Cette formulation me convient.

 J’ai beaucoup de choses à dire, mais il faut aller à l’essentiel. Je n’aime pas la façon dont s’est engagée la campagne présidentielle.

 La tendance n’est pas bonne pour la candidate que je soutiens (depuis que le MRC a ratifié l’accord politique et électoral passé avec le PS au niveau national).

 Je pense qu’elle a eu raison de vouloir débattre avec les citoyens avant de présenter officiellement ses propositions. Mais, en sortant des sentiers battus, elle prend le risque de l’innovation dans notre « démocratie surveillée », selon l’expression retenue par Jean-Pierre Chevènement sur son blog, hier soir, commentant les mésaventures du Président actuel dans ses relations avec la presse (voir www.chevenement.fr ).

 « La démocratie surveillée dans laquelle nous sommes entrés ne tolère plus que le babil inconsistant dicté par la bien-pensance. Malheur à ceux qui, comme Jacques Chirac ou Ségolène Royal, ont gardé un peu de spontanéité ! Ca ne pardonne pas aux yeux des bien-pensants. Mais si c'était ce que le peuple attendait ? Une démocratie en liberté... ».

 Une démocratie en liberté

 De fait, le peuple français vit mal l’évolution de notre société. C’est pourquoi il exprime son insatisfaction quand il est consulté. Ce fut le cas le 29 mai 2005. Il a dit non. Ce non était un refus. Le 22 avril, puis le 6 mai, il aspire à un vrai choix, pas comme en 2002 (le second tour était aussi un refus, après un premier tour qui exprimait l’embarras du choix).

 Dans les conditions de l’élection présidentielle, où le premier tour est décisif pour le résultat du second tour et pour les élections législatives qui suivront en juin, comment notre candidate doit-elle mener sa campagne ?

 A mon avis, elle doit marquer clairement sa différence en faisant comprendre aux français qu’avec elle, la France ira vers « une démocratie en liberté », dans laquelle les libertés individuelles seront réelles et les dirigeants, à tous les niveaux, seront réellement au service du peuple, de l’intérêt général, de la société dans son ensemble.

 Une nouvelle organisation des pouvoirs publics

 C’est d’abord un état d’esprit qui doit venir d’en haut, donc de la présidence de la République, mais c’est aussi une organisation des pouvoirs publics, donc des institutions, qu’il faudra reconsidérer avec le souci de faire vivre la démocratie et la citoyenneté.

 Des institutions républicaines rééquilibrées afin que les différents pouvoirs jouent pleinement leur rôle dans la liberté de chacun, c’est-à-dire de manière séparée (les pouvoirs exécutif, législatif, judiciaire, mais aussi médiatique).

 La future présidente de la république devra partager les responsabilités exécutives avec le gouvernement. Elle doit donc dire, dès maintenant, comment elle a l’intention d’exercer le pouvoir, en veillant au bon fonctionnement de l’ensemble, au respect des principes et des valeurs de la République.

En étant à l’écoute des citoyens, ceux-ci étant les décideurs en dernier ressort. Mais aussi en les informant de la réalité de la situation du pays et des rapports de force avec les institutions européennes et mondiales.

 Celles-ci sont actuellement beaucoup trop soumises, et dans la plus grande discrétion, aux influences des représentants de la finance mondialisée. C’est cela qui doit changer.

 Le rôle de la France et de l’Europe dans la mondialisation

 La candidate Ségolène Royal doit affirmer ce qu’elle fera à la présidence de la République, ses grandes options pour la France et, surtout, les initiatives qu’elle prendra pour réorienter la construction européenne dans le respect de la démocratie et dans la recherche de l’efficacité politique.

 L’enjeu essentiel se situe dans le rôle que doivent jouer l’Europe et les nations européennes dans la mondialisation, afin que les peuples aient confiance dans leurs représentants politiques.

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31 janvier 2007 3 31 /01 /janvier /2007 19:50

 

La République face à la finance mondialisée

Je ne me réjouis pas de l’échec des républicains de gauche dans leur entreprise de recomposition de la gauche antilibérale, à partir des collectifs antilibéraux pour un NON de gauche le 29 mai 2005.

 Eric Coquerel, Michel Naudy et Pierre Carassus, qui animent des mouvements (Mars et la Gauche républicaine) issus de ruptures avec Jean-Pierre Chevènement, font l’état des lieux de la gauche antilibérale dans un texte publié par Libération le 29 janvier dernier (voir, ci-après).

 Ils ne voient pas que les collectifs unitaires du printemps 2005, qui étaient porteurs d’un refus, ne l’étaient pas de la solution. En outre, ils avaient sous-estimé la force de la logique de l’élection présidentielle, parce qu’ils ont dans la tête de mettre en place un régime parlementaire dans lequel le président de la République serait marginalisé.

 La gauche républicaine, de mon point de vue, au lieu de chercher à recomposer la gauche antilibérale, doit exercer son influence sur l’ensemble de la gauche afin de l’amener à adopter la stratégie et les orientations politiques qui lui permettront de regagner la confiance de l’électorat populaire et de se rassembler autour d’un projet alternatif à la vision néo-libérale.

 L’enjeu de l’élection présidentielle est d’une importance majeure, car elle décidera du rapport de force entre la république et la finance mondialisée.

 C’est cela l’essentiel et les différents courants, aujourd’hui dispersés, de la gauche républicaine devraient impérativement se rapprocher pour devenir l’axe de la gauche demain au sein des pouvoirs publics nationaux, avec la capacité de mettre en œuvre la réorientation de la construction européenne, en priorité sur les plans économique et financier.

 Voici le texte signé par Eric Coquerel et Michel Naudy (président et vice-président du Mouvement pour une Alternative Républicaine et Sociale) et Pierre Carassus (président de la Gauche Républicaine).

 José ! Et après?

 Après avoir gâché l'occasion des Présidentielles, la gauche antilibérale doit tenter de renouer les fils de l'unité pour les Législatives.

 Si à l'applaudimètre, la proposition de candidature faite dimanche dernier à José Bové a, sans conteste, été largement adoptée lors de la réunion nationale des collectifs antilibéraux, ce dernier en est-il pour autant devenu le candidat capable d'unifier l'ensemble de ce mouvement ?

 A  reprendre le long feuilleton à épisodes de nos débats depuis l'été, la question mérite, pour le moins, d'être posée. On le sait, la campagne contre le traité constitutionnel européen, inaugurant notre mouvement, a été marquée, à gauche, par un puissant mouvement unitaire « à la base ».

 Près d'un millier de collectifs ont organisé une mobilisation et une réflexion citoyenne sans guère
d'équivalent. Sur  toutes les tribunes, les grandes sensibilités de la gauche antilibérale se sont retrouvées incarnées par Olivier Besancenot, José Bové, Marie-George Buffet et Jean-Luc  Mélenchon.

 De notre retentissante victoire et du travail d'élaboration mené en commun un projet est né : il était possible de battre durablement la droite en modifiant le rapport de force à gauche entre le social-libéralisme et la gauche de transformation. Il était devenu pensable de « recomposer » la gauche et d'envisager son rassemblement durable.

 Certes, la majorité de la LCR se plaçait immédiatement en dehors du mouvement au nom d'une prétendue ambiguïté sur la question des alliances avec le Parti Socialiste alors même que nos textes dénonçaient à l'avance toute inféodation à une logique Blairiste sans, pour autant, tirer un trait sur les larges fractions socialistes gagnées à une politique antilibérale qui s'étaient exprimées dans le vote référendaire.

 Malgré tout, l'arc de force demeuré en place était large et finit par aboutir en octobre à un véritable programme de gouvernement portant notamment une critique radicale de la 5ème République. Ironie du sort,  c'est bien sur les logiques empoisonnées de cette dernière  que nous venons de nous casser les dents…

 La « logique » présidentialiste porteuse de bipartisme et de providentialisme qui impliquait de réduire notre diversité à une seule figure se révéla une tâche insurmontable pour une démarche d'essence plurielle qui réunissait autant de courants, héritiers à la fois du mouvement « ouvrier » du siècle passé, d'une vision égalitaire et sociale de la République, de l'écologie politique, de l'altermondialisme et de ce qu'il est convenu d'appeler le mouvement social…

 Sans omettre, pour compliquer l'affaire, la prégnance d'objectifs partidaires à plus courte vue. Après la LCR, le PCF choisissait fin décembre de privilégier unilatéralement la candidature de Marie-Georges Buffet.

 Et maintenant José… Sans doute a-t-il été préféré par une partie substantielle des
collectifs de base qui en est aussi la partie la moins homogène. Grosso modo une grande majorité des délégués de 300 collectifs sur 600, souvent amputés de leur sensibilité communiste, se sont prononcés en sa faveur à Montreuil. Ce n'est pas négligeable même si on peut
regretter que les méthodes reprochées en décembre au Parti communiste n'aient pas été tout à fait absentes dans son propre processus de désignation (sifflets, chahuts, pression « extérieure », de type pétitionnaire dans ce cas, appel au fait majoritaire pour imposer le… consensus).

 Cependant, si nous,  républicains de gauche, avons refusé d'avaliser la synthèse finale, c'est pour une raison plus forte encore : la mise en péril accrue de l'unité et de la diversité  que doit
conserver le mouvement des collectifs. En refusant d'engager l'ensemble du mouvement autour d'une sensibilité – sans être d'un parti, José Bové représente incontestablement un courant – nous estimons ainsi être restés fidèles au refus qui fut déjà le notre en décembre d'engager un processus identique autour du PCF à travers la candidature de Marie-George Buffet.

 Cela précisé, José Bové, et ceux qui le soutiennent, ont sans doute autant de légitimité à s'engager dans la bataille présidentielle que les candidats déjà déclarés de la gauche antilibérale. Mais ni plus, ni moins. Quelque soit  le résultat final des « trois B », aucun ne pourra prétendre représenter ni même synthétiser à lui seul l'ensemble de la gauche antilibérale et cet échec est d'autant plus rageant que leur résultat cumulé  dépassera probablement un score à deux chiffres,
lui-même inférieur à ce que nous aurions pu obtenir unis. Et ce, au moment même, où les tenants de Ségolène Royal semblent à la peine…

 Et maintenant, que faire, comme disait l'autre ? A court terme, après avoir gâché l'occasion des Présidentielles, ne pas gâcher le potentiel des collectifs unitaires, leur épargner la querelle, la division et l'enrôlement, tenter de renouer les fils de l'unité pour les élections législatives, tirer les leçons de notre échec commun, envisager des regroupements politiques intermédiaires
pour mieux bannir les rapports de force écrasants dont nous avons pâti.

 Dès l'automne, nous devrons nous retrouver rapidement pour réfléchir à l'avenir structurel de la gauche antilibérale. Nous avons pour notre part avancé l'idée d'une confédération permettant un travail qui associe des sensibilités indépendantes et des adhérents directs.

 Tout reste ouvert si la division et le sectarisme – deux plaies de la gauche de transformation au XXème siècle – ne l'emportent pas. C'est bien le moins que nous devons à des citoyens qui dans les urnes comme dans les rues ont démontré ces derniers temps leur force de résistance. Une autre voie à gauche reste à construire, sans oublier au passage, de battre la droite en 2007.

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1 janvier 2007 1 01 /01 /janvier /2007 21:18

 

Avec la gauche, tout faire pour gagner en 2007

 Les lecteurs de ce blog ne voudraient, sous aucun prétexte, rater* l’élection présidentielle 2007 comme ce fut le cas de la précédente, un certain 21 avril 2002 (* rater : au sens propre « ne pas partir » et au sens figuré « échouer, manquer »).

 Tout indique que les leçons ont été tirées et que la gauche se présente dans de meilleures dispositions cette fois-ci. Mais il convient de faire preuve de la plus grande vigilance. Le but n’est pas seulement la victoire le 6 mai prochain. Il s’agit d’ouvrir une nouvelle période historique.

 1981 – 2007 : des similitudes

 En 1981, la France élisait le candidat de la gauche, François Mitterrand, à la présidence de la République française. Une première sous la Vème République, après 23 ans de gestion de droite.

 Le coup de pouce décisif était alors venu des gaullistes qui avaient voulu éviter de prolonger le bail du candidat de la droite libérale, atlantiste et conservatrice, Giscard d’Estaing.

 En 2007, la situation se présente un peu comme en 1981 : il s’agit de barrer la route de l’Elysée au candidat de la droite libérale, atlantiste et communautariste, lequel a pour adversaire Ségolène Royal qui met ses pas dans ceux de François Mitterrand.

 On peut penser que ce qui reste du courant gaulliste dans la droite actuelle, ajouté au courant centriste (UDF « maintenue »), fera pencher la balance du côté de la candidate socialiste, comme en 1981.

 En 2007, un double enjeu

 Mais, cette fois-ci, l’enjeu est double : il ne suffit pas de battre la droite conservatrice, il faut aussi réorienter la construction européenne afin de fermer la « parenthèse libérale » ouverte en 1983 par la gauche.

 En fait, le PS conçu en 1971 par le tandem Mitterrand – Chevènement, et arrivé aux responsabilités politiques nationales en 1981, ne pouvait mettre en œuvre son projet social et républicain au moment où le vent néo-libéral anglo-américain (Thatcher - Reagan) commençait à souffler fort sur l’Europe.

 En 2007, alors que les citoyens constatent les effets des libéralisations économiques et commerciales dans un capitalisme mondialisé, les conditions semblent plus favorables pour mettre en œuvre le projet social et républicain abandonné par Mitterrand en 1982-1983 sous la pression extérieure.

 Il revient au tandem Royal – Chevènement de réussir le changement qu’attend la société française depuis un quart de siècle.

 Le choix des internautes

 Lors du congrès 2004 du Mouvement Républicain et Citoyen, j’avais écrit une contribution à l’élaboration des choix stratégiques de mon nouveau parti (notre petit groupe mayennais l’avait rejoint dans l’année).

 J’en ai repris la conclusion dans ce blog (article mis en ligne le 25 juillet 2006). Ce texte semble avoir rencontré l’intérêt des internautes puisqu’il est associé à mon nom (taper Michel Sorin) par leur moteur de recherches préféré. En voici un extrait significatif, sous le titre :

 « Remettre la France au travail et en ordre de marche démocratique ».

« Il faut  changer l’Europe pour construire un autre monde ! Et, pour réorienter l’Europe, il faut changer la donne politique en France.

 La première marche à gravir est une victoire du non au référendum constitutionnel européen.

La seconde sera, ensuite, l’adoption d’un projet stratégique alternatif à celui du néo-libéralisme.

 Dans tous les cas, nous aurons un rôle majeur à jouer, en proposant aux citoyens un projet d’alternative démocratique, fondé sur une double rupture avec le néo-libéralisme : une rupture sociale, afin de rééquilibrer le rapport capital - travail et rapprocher la gauche et le peuple français d’une part, une rupture démocratique, afin que les citoyens prennent leurs affaires en mains et se rendent maîtres de leur destin d’autre part.

 Il nous appartient de nous rassembler avec la volonté de convaincre les citoyens, à commencer par les milieux populaires et toutes celles et ceux qui ne bénéficient pas des bienfaits de la mondialisation néo-libérale.

 Nous devons nous tourner en priorité vers celles et ceux qui seront invités à participer à la révolution démocratique : le monde du travail, pas seulement les salariés mais aussi les dirigeants économiques, ceux dont les entreprises et les emplois font vivre les territoires, en premier lieu, les paysans ; les enseignants et formateurs, le monde de la culture, de l’action sociale, et de la santé ; les services publics et privés, notamment mutuels et coopératifs, bien ancrés dans les territoires ».

 Un vœu pour 2007

 En ce début d’année, mon vœu est de faire de ce texte une référence de l’action de la gauche républicaine, en Mayenne et au-delà.

 Je lance un appel aux internautes, qui sont nombreux à lire régulièrement des articles de ce blog, au-delà de la trentaine d’abonnés. Nous devons franchir une nouvelle étape en ce début d’année : faire de ce blog un outil militant de rassemblement de la gauche républicaine.

 L’enjeu en vaut la peine : ouvrir au printemps 2007 une brèche démocratique et républicaine dans la forteresse néo-libérale du capitalisme mondialisé.

Avis aux volontaires ! Signalez-vous. Plus nous serons nombreux, plus notre motivation sera grande, plus nous serons efficaces !

 « Je veux une nouvelle République qui soit au service des citoyens ».

 C’est ce qu’a déclaré hier soir la candidate des groupes « Désirs d’avenir » et des partis politiques PS, PRG et MRC.

 Soyons présents et actifs dans la mise en place du projet social et républicain de Ségolène Royal et de Jean-Pierre Chevènement.

 Mettons-nous en marche à la façon de Robert Buron, ancien ministre du général de Gaulle et maire PS de Laval (1971 – 1973) qui, à la fin de sa vie, avait écrit une lettre aux jeunes qui veulent changer le monde, leur donnant ce conseil (Par goût de la vie, 1973) : « Investissez votre vie dans une entreprise qui en vaille la peine : le changement du monde et de vous-même ». 

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3 octobre 2006 2 03 /10 /octobre /2006 18:46

 

Du nouveau au PS ?

 Ce qui s’y passe intéresse le MRC et toute la gauche

 

 

  Trois candidats à l’investiture du PS à l’élection présidentielle se sont engagés dans la campagne électorale interne, qui va se dérouler sur six ou sept semaines. Trois autres sont restés à l’écurie mais ils ne seront pas sans influence sur l’issue de la compétition.

 Cette présélection a eu le mérite de mettre en avant les trois personnalités les plus motivées et les mieux positionnées, chacune ayant su convaincre de nombreux militants, élus et citoyens, de sa capacité à concourir avec des chances de succès dans la compétition officielle, puis à exercer la fonction présidentielle.

 Il y a une dimension que les adhérents du PS ne devront pas négliger dans leur choix, c’est la capacité de ces postulants à rassembler la gauche et à mobiliser l’électorat des classes moyennes et populaires qui a boudé les urnes et les socialistes le 21 avril 2002. Ce même électorat qui a désespéré les élites européennes en refusant de ratifier le traité constitutionnel le 29 mai 2005.

 Le candidat le moins bien placé, à cet égard, est certainement  Dominique Strauss-Kahn qui, avant les élections 2002, avait écrit un livre dans lequel il prenait acte du refus des classes populaires de voter pour la gauche et en tirait la conclusion que la gauche devait se tourner désormais vers les classes supérieures afin de rester au pouvoir.

 Il veut libérer le PS de ses attaches historiques ouvrières et populaires, et aussi de ses analyses marxistes, et en faire un parti social-démocrate comme les autres, qui joue le jeu de la mondialisation libérale et mise sur l’Europe communautaire et fédéraliste pour  moderniser et démocratiser notre pays.

 La posture de Ségolène Royal est plus difficile à cerner. Elle s’est tenue éloignée des responsabilités au sein du PS, voire distante de ses « éléphants », tout en les soutenant et en s’engageant clairement en faveur de la Constitution européenne. Récemment, à Bruxelles, elle ne s’est pas exprimée sur l’Europe, contrairement à ce qu’elle avait prévu, probablement consciente de devoir approfondir sa réflexion afin de ne pas décevoir son entourage et ses électeurs potentiels qui avaient voté NON lors du référendum européen.

 A l’occasion de sa déclaration de candidature à Vitrolles, vendredi, elle a surpris par les accents républicains de son discours (voir, ci-après, des extraits de l’article du journal Le Monde, daté du 1er octobre). Posture tactique ou position de fond ? A suivre ...

 Laurent Fabius est le dirigeant socialiste le mieux préparé à rassembler la gauche en 2007.  Il a tiré les enseignements du 21 avril 2002 et choisi de faire campagne pour le NON au TCE le 29 mai 2005. Sans être très âgé, il a exercé des responsabilités qui en font un bon connaisseur des rouages de la République.   Il est bien armé pour le poste à pourvoir et a réussi brillamment le premier examen devant les militants du Pas-de-Calais et les caméras de la télévision. Ses propositions des trois cercles pour réorienter la construction européenne sont proches de la conception que nous avons.

 Notre désaccord porte sur la possibilité de soumettre à un nouveau référendum une Constitution européenne, même réduite à la première partie du TCE.

 Cela, nous ne le voulons pas car, bien loin d’être un seul peuple, l’Europe ne peut être à court et moyen termes qu'une confédération de nations partageant un même socle de valeurs et capables de s’unir sur des projets communs et des délégations de compétences (voir l’intervention de Jean-Pierre Chevènement le 10 septembre dernier à l’université d’été du MRC – article paru le 12 09 06 sur ce blog).

 

     Extraits de l’article du Monde le 1er octobre 2006, rendant compte de la prestation de Ségolène Royal à Vitrolles

 

     (…) Tout au long de son discours, Mme Royal a exalté la nation et appelé à "refonder le pacte républicain". "Plus les insécurités quotidiennes et sociales et les précarités gagnent du terrain, a-t-elle déclaré, plus les Français ont mal à la France et plus ils s'inquiètent de la pérennité de la nation, moins ils sont portés à la vouloir généreuse avec les siens et hospitalière avec les autres."

 "LE NATIONAL ET LE SOCIAL"

 Elle poursuit : "Le drapeau tricolore et la sécurité sociale, l'emblème de la République et les outils de solidarité, voilà ce qui cimente en premier lieu l'appartenance commune (...). Car chez nous, on le sait, le national et le social marchent ensemble, et c'est l'Etat qui est garant de cette alliance."

 Pour cette "nation remplissant son devoir", qu'elle appelle de ses voeux, "innovante et non pas bridée de trop de lourdeurs bureaucratiques", Mme Royal a soulevé la question de son identité, en appelant la France à "reconnaître tous ses enfants". "Jusqu'à quand parlera-t-on de deuxième, troisième, quatrième génération ? Jusqu'à quand parlera-t-on de Français de souche comme si les autres étaient de feuillage ou de branchage ?", s'est-elle exclamée.

 L'éducation, "la réussite scolaire, la récompense de l'effort", la sécurité, avec le projet de proposer "aux jeunes qui dérapent autre chose que la prison pour les recadrer", font partie des priorités de Mme Royal, pour qui "être fidèle au patrimoine vivant des socialistes, c'est faire ce qu'ont fait nos prédécesseurs : inventer des droits nouveaux, des libertés nouvelles"(…).

  

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30 septembre 2006 6 30 /09 /septembre /2006 15:45

 

Rassembler la gauche autour de l’idée républicaine pour gagner en 2007

 

En juin, le MRC 53 avait décidé de participer à l’initiative de rassemblement de la gauche antilibérale en Mayenne.

 

 Nous avions observé que l’appel du 11 mai, au niveau national, « pour un rassemblement antilibéral de gauche et des candidatures communes » n’était pas contradictoire avec nos orientations, que nous avions formulées ainsi :

« Rassembler la gauche autour de propositions concrètes et d’actions de terrain afin de créer une dynamique de réflexions et d’échanges politiques entre les Mayennais »,

en ajoutant (parce que nous étions conscients du problème), « le nom du (de la) candidat(e) à l’élection présidentielle ne doit pas être un préalable ».

 

 Au vu du texte adopté le 10 septembre à St-Denis, lors de la réunion nationale des collectifs unitaires et populaires, nous avons constaté que la troisième partie intitulée « procédure pour le choix de nos candidats » n’est pas compatible avec la démarche adoptée par le MRC pour les élections 2007.

Nous avons donc décidé de ne pas nous engager dans le collectif unitaire et populaire mayennais, dont continuent de faire partie le PCF et l’association PRS (Pour une République Sociale), aux côtés de citoyens à titre individuel.

 

 Le Mouvement Républicain et Citoyen, au niveau national, n’est pas membre de ce collectif, qui se situe dans la mouvance des collectifs antilibéraux pour le NON au traité constitutionnel européen et dont le but est de présenter des candidats communs aux élections 2007. Le seul parti signataire, le PCF, s’est engagé pleinement dans ce collectif, en espérant que Marie-George Buffet sera la candidate commune du PCF et de la gauche antilibérale.

  La gauche est dispersée, à sept mois de l’élection présidentielle, entre plusieurs stratégies et plusieurs orientations politiques.

Le PS, qui n’a pas tiré les leçons des scrutins du 21 avril 2002 et du 29 mai 2005, est obligé de choisir entre trois ou quatre candidats à la candidature, sans compter ceux qui voulaient l’être, à condition de ne pas avoir de concurrents. Le projet du PS est un compromis appelé à être amendé par le (la) futur(e) candidat(e).

 

 Dans ce paysage mouvementé, le MRC milite pour une gauche rassemblée autour d’un projet républicain clair de redressement du pays et de réorientation de la construction européenne (les deux étant liés), conformément à la volonté des citoyens, telle qu’ils l’ont manifestée lors du référendum européen.

 Actuellement, comme l’a dit Jean-Pierre Chevènement devant les militants réunis le 10 septembre à l’université d’été, le MRC attend de savoir ce qui va sortir des votes internes du PS. Il prendra position en décembre sur la question de l’élection présidentielle.

 Pour information complémentaire, je vous invite à lire le texte, ci-après, extrait du blog de Patrick Trannoy, rapportant son intervention au nom du MRC dans les débats de la fête de L’Humanité, à La Courneuve, le 17 septembre dernier.

 

 

 

 

 Extrait du blog www.patrick-trannoy.skyblog.com

 Chers camarades,

Le MRC a un objectif pour les élections de 2007 : faire gagner la gauche, mais une gauche qui ne trahit pas le peuple. Car la gauche a trahi, elle a trahi en 1983, avec le "tournant de la rigueur" ; elle a trahi en 1999-2000, sous Lionel Jospin, avec les privatisations, la non intervention de l'Etat dans les dossiers industriels (ça donne Michelin : "l'Etat ne peut pas tout"), avec la Corse, Barcelone, etc.

Alors, est-ce que ce serait un progrès de faire gagner la gauche, si c'était pour avoir la même politique ? Ce serait surtout, je crois, une étape supplémentaire dans l'escalade du désespoir populaire.

Symétriquement, je veux poser une autre question, notamment à Alain (KRIVINE) : à quoi servirait-il de se borner à la contestation, de se retrancher dans une Tour d'Ivoire supposée idéologiquement pure, sans se confronter à la responsabilité des affaires du pays ? Ce serait se limiter à des mots, qui ne changent pas véritablement la réalité de la vie des Françaises et des Français.

Entre ces deux écueils, il y a un chemin. Celui de l'action républicaine, d'un gouvernement qui ne subisse pas des mouvements qui lui échappent, mais qui traduise en acte le resaisissement par le peuple de son destin.

Pour cela, il ne suffit pas, Henri (EMMANUELLI), d'en appeler comme tu viens en quelque sorte de le faire, au vote utile. Il ne suffit même pas, comme Patrice (COHEN SEAT) l'a fait à l'instant, de proposer des objectifs (même si j'y souscris). Il faut se mettre d'accord sur un axe politique autour duquel construire l'action gouvernementale dans la durée. Il faut que nous décidions d'actionner ensemble le même levier face à la mondialisation néo-libérale. Ce levier, c'est celui de la puissance publique.

Il n'est pas contradictoire avec l'importance du mouvement social. Mais sans la puissance publique, sans la politique monétaire, comment résister à l'hégémonie du Dollar, qui permet aux Etats-Unis de capter les richesses du monde ? Sans la puissance publique, comme jouer sur le levier fiscal pour plus de justice ? Sans la puissance publique, comment protéger notre économie et lutter contre les délocalisations ? Sans la puissance publique, comment faire progresser l'égalité sociale et spatiale, et l'aménagement du territoire, via les services publics ? Bref, la gauche doit réhabiliter la puissance publique.

Cela suppose de se mettre d'accord sur son cadre, et sur sa substance.

Son cadre : qui peut croire que c'est au niveau des régions (même Poitou-Charentes !), que l'on va lutter efficacement contre la déferlante néo-libérale ? La gauche doit s'opposer au démantèlement de l'Etat républicain, qu'on appelle parfois la "décentralisation". Elle doit refuser aussi la dillution de cet Etat dans un magma européen castrateur : Bruxelles, ce n'est pas le contre-poids des Etats-Unis en Europe, c'est, comme dit
Jean-Yves AUTEXIER , le chausse-pied de la mondialisation néo-libérale sur notre continent ! Alors le cadre, c'est la France. C'est l'Etat-Nation, et je voudrais que la gauche soit fière de son pays, de la Nation, de l'Etat républicain, qui, je le rappelle, a été sauvé et relevé par la résistance - notamment la résistance communiste.

La substance : c'est la citoyenneté, la République. Parce qu'il ne suffit pas d'être gouverné en France. Il faut être gouverné par les citoyens de France. Cela suppose de relever la démocratie et la citoyenneté, en un mot la République. Relever la démocratie, c'est soigner une démocratie représentative malade au point qu'aujourd'hui, le Parlement est littéralement squatté par 90% de députés et sénateurs qui étaient favorable au OUI au TCE, donc qui représentent seulement 45% des Français ! Il faut changer les règles d'élections des députés et des sénateurs !

 

 

Relever la démocratie, c'est nous permettre de débattre, à travers une presse libérée des tutelles financières et de la mainmise des sphères du pouvoir. Relever la démocratie, c'est permettre aux citoyens de se faire une idée, de comprendre, de participer à la définition de l'intérêt général, de défendre leur point de vue... et pour cela, il faut relever l'Ecole de la République ! Relever la citoyenneté, c'est enfin rejeter le communautarisme. Voulez-vous d'une société dans laquelle blacks, blancs, beurs, jaunes, se battent non pas tous ensemble pour plus de justice, mais les uns contre les autres pour se partager les miettes laissées par l'actionnariat mondialisé ? La gauche doit opposer la laïcité au communautarisme, une laïcité qui, je le rappelle, a été conquise par la gauche, contre les obscurantismes.

Voilà chers camarades : la gauche pourra gagner et ne pas trahir si elle se reconstruit autour d'un axe politique clair, la réhabilitation de la puissance publique, la défense de son cadre (la France), de sa substance (la République), et c'est pourquoi je suis fier de représenter ici la gauche patriotique, internationaliste, républicaine, rassemblée derrière
Jean-Pierre CHEVENEMENT et Georges SARRE . C'est une gauche qui offre une opposition construite à la droite extrême de Nicolas SARKOZY, une opposition que je crois, à terme, plus efficace que le blairisme - que j'observe parfois ici, et que le maximalisme incantatoire - que j'entends parfois là.

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14 août 2006 1 14 /08 /août /2006 14:50

 

Pour gagner, la gauche doit créer une dynamique populaire

 

Les grands enjeux de 2007 :

 Le message des Français (21 avril 2002, 29 mai 2005) est clair : la conduite du pays doit être assurée par ses élus et non par une technostructure européenne et nationale qui échappe à tout contrôle démocratique. C’est une exigence démocratique et patriotique. En 2007, le nouveau président de la République devra proposer des réformes engageant de vrais changements dans la construction européenne.

 La mondialisation :

 On ne peut se résigner à la domination du monde par la finance mondiale et les intérêts nord-américains, laquelle se traduit par une économie sans règles, une concurrence exacerbée qui conduit au nivellement social et environnemental par le bas, une dilution des pouvoirs et des responsabilités, une citoyenneté qui cède le pas à l’identitarisme et au communautarisme. Il faut mettre de l’ordre et de la justice dans tout cela, instaurer des clauses sociales et environnementales à l’OMC ou protéger le marché européen, organiser des coopérations européennes et internationales.

 La relance de la construction européenne :

 La priorité est économique et sociale : revenir sur les statuts de la Banque Centrale Européenne et remettre la monnaie entre les mains des gouvernants, réformer le pacte de stabilité budgétaire, changer cette politique libre-échangiste stupide qui ouvre l’Europe à tous les courants d’air et provoque les délocalisations.

 L’immigration :

 Il faut revenir à l’immigration maîtrisée avec des critères de régularisation fondés sur la capacité d’intégration, en mettant en place des mesures de coopération et de co-développement avec les pays du sud, pour agir sur les causes de l’immigration.

 La crainte d’un nouveau 21 avril :

 C’est une manœuvre qui cache mal l’absence de dynamique de rassemblement sur des bases politiques nouvelles. Une réorientation du PS est nécessaire. Or, jusqu’à présent, sur le fond et sur les questions électorales, il semble plus soucieux de maintenir le statu quo que de créer les conditions du rassemblement et du succès.

 Le parrainage du candidat socialiste :

François Hollande doit comprendre que, pour gagner, la gauche doit être capable de créer une dynamique. Prendre une mesure administrative ne résout rien.

 En cas de second tour Sarkozy-Royal :

La discipline républicaine devrait jouer. Mais, pour que le courant républicain se mobilise, il serait préférable que les conditions politiques soient réunies en amont.

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31 juillet 2006 1 31 /07 /juillet /2006 10:38

 

Reconstruire la gauche

 Réflexions de Michel Sorin                                                                      

 Reconstruire une gauche capable de se rassembler autour d’un projet.                          

 La responsabilité de la gauche est de proposer une alternative réaliste et crédible au « modèle néo-libéral ».                                                                                   

 Propositions de Jean-Pierre Chevènement                                                       

  Remettre la construction européenne à l’endroit.                                                         

 Remettre la France dans le sens de la marche… républicaine.                          

 Réaffirmer les principes républicains.                                                                

 Rééquilibrer les institutions républicaines.                                                   

 Mobiliser les atouts de la France.                                                            

 Revaloriser les services publics et redéfinir leurs missions.                                 

 La France a besoin d’un projet national pour donner des orientations et des impulsions en Europe et dans le monde.                                                          

 En Europe, le NON du 29 mai n’a pas réduit l’influence de la France !                       

 La mondialisation est présentée par la pensée dominante comme un fait, ou une nécessité, auxquels on ne peut que se conformer.                   

 La gauche doit prendre conscience de ce qu’est la mondialisation pour opérer sur des bases solides les redressements qui s’imposent.             

 Reconstruire la gauche 

 

 Comme l’Allemagne, la France hésite dans le choix de son avenir. Dans le tourbillon de la mondialisation libérale, les deux pays réagissent, chacun à sa façon, mais de manière convergente, face au dilemme que l’on peut résumer ainsi : d’un côté, les principes sur lesquels ils ont fondé leur existence, de l’autre, les directives  d’une Europe qui détruit les protections et immerge dans un marché mondial sur lequel les nations (et, donc, la politique) n’ont pas prise.

 Les Français, consultés le 29 mai dernier, ont refusé de s’engager dans la voie tracée par le traité constitutionnel, qui conduisait à l’abandon des principes républicains.

 Ce vote est historique et le clivage apparu lors de cette campagne référendaire est fondateur. Le peuple français a tenu à conserver la maîtrise de son destin.

 Les Allemands, pour leur part, le 18 septembre dernier, ont voulu marquer leur opposition à la remise en cause de leur système social en donnant à la gauche, dans sa diversité, la majorité de leurs suffrages, empêchant ainsi la droite libérale et atlantiste de prendre, seule, les commandes du pays.

Comment ne pas ressentir la puissance de la mondialisation libérale, portée par un capitalisme financier en pleine évolution !

 Mais, dans nos « vieux » pays démocratiques, il nous reste des moyens de résister et de nous opposer à ce déferlement destructeur des cultures humaines et des solidarités sociales.

 En France, nous avons un moyen, c’est la République, à condition de vouloir s’en servir et en ayant une claire conscience des faiblesses, des failles et des contradictions de cette mondialisation qui n’a rien d’inéluctable et qui pourrait être rééquilibrée par les pouvoirs publics, aux niveaux national et européen.

 Le sens des votes du 21 avril 2002 et du 29 mai 2005 est clair. A deux reprises, le peuple français a défié les élites politiques du pays.

 En fait, c’est un appel de détresse qui s’adressait tout particulièrement à la gauche. Car la droite, n’ayant pas trouvé de successeur au général de Gaulle, est clairement engagée dans la voie libérale et ne résiste plus, ou si peu, à l’américanisation de la société française.

 La gauche ne peut esquiver ses responsabilités. Mais elle est émiettée, incapable de se rassembler tant que le Parti Socialiste reste sous l’emprise de l’idéologie européo-libérale de ses dirigeants.  Certes, l’issue du congrès du PS en novembre sera déterminante pour l’avenir de la gauche. Mais il y a urgence. Dès maintenant, jetons les bases d’un projet novateur et réaliste.  

 

     Préparons les conditions de la reconstruction d’une gauche capable de se rassembler et de gagner durablement la confiance des Français.                                          

 La responsabilité de la gauche est de proposer une alternative réaliste et crédible au « modèle néo-libéral »

 Au lieu de se perdre en se diluant dans une Europe attelée au cheval impérial nord-américain et drivée par un cavalier portant les couleurs du capitalisme financier, la France doit se donner les moyens de mettre en œuvre une politique réellement nouvelle et ambitieuse, suffisamment cohérente et compréhensible pour être approuvée et soutenue par les principales composantes du peuple français.  Une politique dont la pertinence serait perceptible et reconnue par les autres peuples européens et dans d’autres parties du monde.  Au lieu de persister à mettre en œuvre une vague copie du modèle anglo-saxon qui ne lui convient pas, notre pays a tout intérêt à réinventer son propre modèle social, en harmonie avec son histoire et en lien direct avec les attentes citoyennes.

 Un vrai modèle, qui soit attractif en Europe et dans le monde.  Réinventer le modèle social français… Cela suppose de proposer une démarche et des perspectives politiques que le peuple français sera en mesure de s’approprier dans la durée, au-delà des alternances électorales… C’est refonder la République, en l’adaptant aux conditions du 21ème siècle.

 Une France qui réinvente son modèle social et fait vivre sa République selon ses valeurs et ses principes, en prenant appui sur les citoyennes et les citoyens, actifs et responsables.

 Une Europe, protectrice de son économie et ouverte sur le monde, qui adopte une nouvelle approche fondée sur la démocratie, la coopération et la solidarité (à la place de l’approche néo-libérale fondée sur l’oligarchie, la concurrence et l’inégalité).

 Au lieu d’accroître les inégalités sociales, nous devons rétablir la cohésion sociale. Cela suppose de faire progresser les bas revenus et de prendre des dispositions pour encadrer les très hauts revenus dans des limites raisonnables.

 A l’initiative et à la liberté individuelles, qui sont indispensables au dynamisme de la société, il faut le complément tout aussi indispensable qu’est l’organisation de la vie sociale et collective. Ensemble, il faut avancer. Ensemble, il faut se protéger face aux aléas et aux duretés de la vie.

 La République doit proposer un mode d’organisation cohérent des pouvoirs publics entre les différents niveaux (Europe, nation et territoires), en précisant le rôle de chacun d’eux dans un souci d’efficacité et de complémentarité.

 L’Europe se construisant dans le prolongement des nations, la République pourra s’affirmer dans ses dimensions, française et européenne, sans déroger aux principes de la souveraineté populaire et de la démocratie.

 Remettre la construction européenne à l’endroit

 Les signes de la crise de confiance entre les peuples et leurs dirigeants ne manquent pas, surtout au niveau européen.  Le 29 mai, le peuple français a rejeté la manière dont l’Europe a été faite, dans son dos, en dehors de la démocratie. Le 1er juin, le peuple hollandais a refusé, lui aussi, de ratifier le traité constitutionnel européen, craignant la perte de son identité nationale. Les élections européennes 2004 ont été marquées par un taux d’abstention record, notamment dans les pays de l’est européen, mais aussi à l’ouest. Les gouvernements sortants sont le plus souvent désavoués par les électeurs et les majorités parlementaires nationales deviennent de plus en plus introuvables…

 L’Europe est au cœur du malaise politique actuel.  Les citoyens ne refusent pas l’Europe mais ils veulent mettre fin à la dérive libérale, libre-échangiste et bureaucratique de la construction européenne. Conscients que les grands problèmes actuels ne peuvent trouver de solutions au seul niveau national, ils souhaitent que l’Europe les défende, dans une compétition mondiale sans règles, et réduise les inégalités entre les peuples.

 L’Europe a échoué parce que ses dirigeants ont détourné les pouvoirs transférés à Bruxelles à des fins de mise en conformité avec les règles de la mondialisation libérale. Elle a échoué pour une seconde raison. Les conditions précipitées dans lesquelles a été  décidé l’élargissement  aux pays de l’Europe centrale et orientale ont résulté, pour une bonne part, de la soumission des institutions de Bruxelles à la volonté des USA de maîtriser l’avenir de l’Europe et, au-delà, du continent eurasiatique.

 Désormais, l’Europe doit se construire sur de nouvelles bases. 

 Après le vote du 29 mai, rien n’est plus comme avant. Désormais, construction européenne rime avec assentiment populaire. Un changement de méthode s’impose. L’Europe doit se construire dans le prolongement des nations, par délégation de compétences bien ciblées et démocratiquement contrôlées. Faut-il une constitution européenne ? Non, ce n’est pas nécessaire et ce n’est pas une bonne solution pour 25 peuples qui tiennent à vivre dans le cadre de leurs démocraties nationales et coopérer entre eux sur la base de projets clairement définis. Quelle est la solution ? Il faut partir des traités existants et les renégocier en fonction des priorités. La relance durable de l’économie de la zone euro est l’urgence absolue. Cette partie de l’Europe (zone euro : 300 millions d’habitants) est le centre vital de l’Europe, avec en son cœur les six pays fondateurs de la CEE (225 millions d’hab.). C’est la locomotive dont l’Europe entière a besoin. Il faut la doter des institutions et des politiques qui relanceront le développement économique sur tout le continent. 

 

  Un nouveau traité est nécessaire pour réformer les statuts de la Banque Centrale Européenne et attribuer de nouvelles compétences à l’Eurogroupe (élargi aux chefs d’Etat et de gouvernement) concernant la monnaie et la politique de change, la coordination budgétaire (au lieu du pacte de stabilité) et la convergence progressive sur les plans fiscal et social. Dès lors que les compétences de l’Eurogroupe et de la BCE auront été ciblées par la définition d’objectifs clairs (croissance, emploi, rôle international de l’euro), il pourra être admis que, sous le contrôle des Parlements nationaux, les décisions de l’Eurogroupe soient prises à la majorité qualifiée.  Ce traité devrait inclure la possibilité, pour un petit nombre de pays, d’opter pour des coopérations renforcées, sous réserve que celles-ci respectent les acquis communautaires et restent ouvertes aux autres pays. C’est le moyen d’aller vers « un acteur européen stratégique à l’échelle mondiale », qui serait indépendant.

 Cette réorientation de la construction européenne avec les partenaires qui le souhaiteront sera favorisée par l’inévitable distanciation des USA par rapport à l’Europe en raison de leurs engagements prioritaires ailleurs dans le monde.

 Remettre la France dans le sens de la marche… républicaine

Dans le désert des grandes ambitions collectives et la sécheresse des perspectives offertes par les grands partis politiques actuellement, il importe plus que jamais de faire retour à la République. Cette République qui, depuis deux siècles, donne sens à notre histoire et aux luttes pour la démocratie politique, le progrès social, l’indépendance nationale et la fraternité des peuples. Dans ce monde injuste et violent qui serait, dit-on, en train de glisser vers le « choc des civilisations », la voix de la République, qui est aussi celle de la France, doit parler pour l’humanité.

 Réaffirmer les principes républicains.

 Foi dans l’Homme et dans la raison humaine : c’est la base de la démocratie issue des Lumières. Cette confiance dans la capacité humaine à s’affranchir de l’ignorance et de la superstition constitue le socle de la République.

 Souveraineté populaire : le peuple est le creuset de la volonté générale. C’est lui qui tranche en dernier recours. En France, souveraineté nationale et souveraineté populaire sont indissociables. C’est pourquoi nous parlons de nation républicaine, qui peut agréger sans cesse de nouveaux citoyens. A ne pas confondre avec la nation ethnique ou culturelle, qui est tournée vers le passé et beaucoup plus fermée.

 La citoyenneté se déduit de la souveraineté populaire. Elle nourrit la démocratie, ce qui suppose une pleine liberté d’expression et, pour les citoyens, un bon équilibre de droits et de devoirs. Elle s’exerce dans un espace laïc, soustrait aux dogmes. La laïcité fait en sorte que tous les citoyens, au-delà de leur diversité (sociale, ethnique, religieuse, philosophique…), puissent se déterminer ensemble sur le contenu du « bien commun ». Tous les citoyens sont égaux devant la loi. L’autorité de la loi est la base même de la République .Celle-ci est un régime de liberté, qui comporte le droit à la sûreté. La sûreté est la condition de l’exercice de toutes les libertés. L’ordre républicain ne se confond ni avec l’idéologie sécuritaire ni avec le laisser-faire (« angélisme »). 

 L’école laïque est au cœur de la République, de la formation du citoyen et de son esprit critique. L’acquisition des savoirs fondamentaux ne se fait pas sans efforts, mais c’est dans l’intérêt des enfants, notamment ceux issus des milieux populaires. Se limiter à un « socle commun de connaissances » ne correspond pas à ce qu’on attend d’une école républicaine. L’instruction civique et morale sont parties intégrantes de l’école, les jeunes ayant besoin d’avoir à l’esprit les règles républicaines.

 L’égalité est au cœur de la devise républicaine. Dans la République sociale, l’égalité des chances est une réalité. Le droit au travail, à la formation, au logement, sont garantis.  La revalorisation du travail est la première priorité. Elle va de pair avec la revalorisation de l’économie. L’accroissement des salaires directs sera réalisé par le glissement des charges patronales et salariales vers la TVA et la CSG.

 Rééquilibrer les institutions républicaines.

 La Constitution de 1958 prétendait instaurer un « parlementarisme rationalisé ». La pratique a débouché sur un régime présidentiel déséquilibré, l’adoption du quinquennat ayant accru le déséquilibre et la concentration des pouvoirs.  Pour revaloriser le rôle du Parlement, il faut aller vers un régime présidentiel rationalisé, où le Premier Ministre et le gouvernement seront nommés par le Président de la République et ne procèderont plus de la majorité parlementaire. Quelques mesures complémentaires permettront d’équilibrer le dispositif : Suppression de l’article 49-3 de la Constitution qui permet l’adoption d’un projet de loi, sauf adoption d’une motion de censure par l’Assemblée Nationale. Maintien de deux « soupapes de sécurité » : Droit de dissolution (à la disposition du Président de la République face à l’Assemblée), motion de censure (à la disposition de l’Assemblée à l’égard du gouvernement). Mais la nouveauté serait, en cas de conflit, le renvoi simultané des belligérants devant le suffrage universel (élection présidentielle puis législative). En conséquence, le mode de scrutin pour les élections législatives pourrait être réformé afin que l’Assemblée Nationale soit plus représentative. Le maintien des circonscriptions territoriales est souhaitable pour ne pas faire des députés de simples délégués des partis politiques. La représentation proportionnelle serait présente dans le cadre d’un système à l’allemande (deux bulletins pour chaque électeur, l’un pour élire le député de la circonscription, l’autre pour choisir le parti à la proportionnelle).

 Commentaires : Le Président et le gouvernement  (installés à l’issue de l’élection présidentielle) et l’Assemblée Nationale (installée à l’issue des élections législatives qui suivent l’élection présidentielle) seraient placés dans des conditions qui les inciteraient fortement à coopérer. Le peuple serait assuré de trancher les conflits en dernier ressort. Les députés (pouvoir législatif) verraient leurs pouvoirs de contrôle renforcés, du fait de leur moindre dépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif. On n’entre pas dans une VIème République. On reste dans une Vème rééquilibrée, après avoir admis qu’il n’est pas réaliste de revenir sur l’élection du Président de la République au suffrage universel, pas plus que sur son rôle majeur dans les institutions.                                 

 Mobiliser tous les atouts de la France.

 Limitons-nous à quelques-uns d’entre eux, plus importants. La réforme des prélèvements obligatoires doit servir un double objectif d’efficacité économique et de justice sociale. L’égalité homme-femme doit être promue systématiquement. L’épargne doit être détournée des placements spéculatifs et canalisée vers l’investissement productif. La hausse des taux d’activité sera encouragée par la mise en œuvre d’une retraite progressive et par une politique permettant aux femmes de mieux concilier une activité professionnelle avec leur désir d’enfants (crèches, assistantes maternelles, etc.). On sait que ce désir est aujourd’hui loin d’être satisfait. La politique industrielle sera relancée en prenant appui sur l’épargne collective et sur un secteur public revitalisé . La politique agricole commune sera maintenue et réformée, dans un sens favorable aux exploitations moyennes.

 Revaloriser les services publics et redéfinir leurs missions.

 Les services publics sont le socle de la compétitivité  d’un pays moderne. La priorité ira à l’éducation, à la formation continue, à l’université qui en a grand besoin, et à la recherche. Une politique énergétique répondant aux besoins du pays et respectueuse de l’environnement mettra l’accent sur les énergies nouvelles, y compris les réacteurs nucléaires de nouvelle génération (EPR, puis réacteurs hybrides), la biomasse, les économies d’énergie et la recherche concernant le traitement des déchets nucléaires ultimes et les énergies du futur (hydrogène, fusion). Une politique gazière sera élaborée à l’échelle européenne, en coopération avec la Russie et les pays du Maghreb. La priorité à la réduction des gaz à effet de serre doit également se décliner en matière de transports (nouvelles infrastructures fluviales et de chemins de fer, lignes à grande vitesse, développement du ferroutage). La politique de santé mettra l’accent sur la prévention et l’éducation à la santé. La retraite par répartition sera maintenue. L’immigration, quand elle est définitive, doit aller de pair avec l’intégration républicaine. Elle suppose l’accès égal à la citoyenneté et le respect de ses valeurs et de ses règles. Des migrations temporaires peuvent et doivent faire l’objet d’une politique de coopération avec les pays d’origine.

 La France a besoin d’un projet national pour donner des orientations et des impulsions en Europe et dans le monde.   

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