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Présentation

  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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15 novembre 2008 6 15 /11 /novembre /2008 21:45

Réorienter en profondeur le modèle de développement

 

A peine élu sénateur et vice-président de la commission des affaires étrangères et de la défense, Jean-Pierre Chevènement a pu observer sur place la situation des Etats-Unis d’Amérique, après l’élection du nouveau président Obama (voir, à ce sujet, Sami Naïr (MRC) : Barack Obama, un autre regard sur le monde - 14 novembre 2008).

 

Ce voyage lui a permis de préciser ses idées en ce qui concerne les conditions à réunir pour traiter la crise américaine et mondiale, tout en réorientant le mode de développement.

 

Voici le texte paru sur son blog le 14 novembre (cliquer sur le titre).

 

Un moment politique à saisir pour traiter la crise et «réorienter le système»

D’un voyage récent aux Etats-Unis, voici les impressions que je retiens :

1. Les Etats-Unis ne pourront pas seuls rétablir leurs équilibres fondamentaux, ce qui est décisif, si on veut éviter un nouveau rebond de la crise, sans le concours du « reste du monde ».

a) Les Etats-Unis vivent très au-dessus de leurs moyens (déficit commercial supérieur à 700 Milliards de dollars, déficit budgétaire hors de contrôle, endettement des ménages égal à 133% de leurs revenus, épargne des ménages inférieure à 1 % de leurs revenus, endettement net extérieur croissant à une vitesse exponentielle, cours du dollar à la merci des politiques des pays détenteurs de « balances - dollars ». L’économie américaine draine 80 % de l’épargne mondiale. Le monde marche sur la tête !
b) Si les Etats-Unis devaient rétablir seuls leurs équilibres, cela plongerait le monde dans une récession sans précédent (le fléchissement du cours du dollar depuis dix-huit mois n’a entraîné qu’une progression modérée des exportations américaines, étant donné la désindustrialisation du pays. Quant aux importations, elles n’ont baissé tant soit peu que parce que la demande intérieure fléchissait. Il faudrait une chute de la demande beaucoup plus forte pour qu’on se rapproche d’un meilleur équilibre.
c) Si les Etats-Unis relancent seuls leur économie, les fondamentaux d’ici quelques années seront encore plus dégradés. On ira de bulle en bulle et de crise en crise, toujours plus graves.

 

2. L’aide du reste du monde est l’enjeu principal des principaux sommets en vue (G20 etc.).

Cette aide doit se traduire par une relance économique coordonnée des principales économies mondiales, à commencer par celles des pays excédentaires tant en ce qui concerne leur épargne que leur excédent commercial (Chine – Allemagne – Japon – pétromonarchies du Golfe).

a) Le Japon pratique déjà une politique relativement expansionniste.
b) L’Allemagne devrait y être fortement encouragée
(notons qu’elle réalise 75 % de son excédent extérieur sur l’Europe soit 150 Milliards d’euros sur 200 (dont 100 sur la seule zone euro). L’Allemagne devrait être sensible aux pressions en faveur de la relance, d’origine intérieure (syndicats) ou d’origine extérieure (Etats-Unis et, pourquoi pas, d’autres Européens (France, Italie, Grande-Bretagne, Espagne, etc.). En année électorale, la coalition SPD-CDU-CSU devrait se montrer compréhensive.
c) Le point le plus dur sera certainement la Chine. Celle-ci a un taux d’épargne excessif (près de 40 % de son PIB). Il est décisif qu’elle augmente sa consommation soit par la voie des salaires soit par le rétablissement et l’extension d’une protection sociale. Sinon il faudra faire pression pour une réévaluation du yuan, sans qu’on puisse exclure des mesures protectionnistes (droit anti-dumping social ou écotaxes). Une initiative américaine dans ce domaine n’est pas à exclure. L’Europe pourrait alors en faire autant.
d) En fait, il faudrait fixer des objectifs de relance régionalisés (par grandes régions du monde), ultérieurement déclinés par pays.

3. La question fondamentale est celle de l’inscription de la relance dans une projection à long terme du type de développement.

D’immenses investissements sont nécessaires :

a) Dans le secteur de l’énergie pour préparer l’« après pétrole ».
b) Dans la lutte contre l’émission de gaz à effet de serre et contre le réchauffement climatique.
c) Pour la préservation de ressources rares (eau, air, matières premières)
d) Pour l’éducation et la recherche.
e) Pour l’innovation à travers le tissu des PME-PMI qu’il faut encourager en faisant en sorte que l’Etat se porte caution des emprunts qu’elles contractent à cet effet (ne pas aider seulement les banques).
f) Pour la santé et la protection sociale (y compris la politique familiale).
g) Pour le développement, par exemple des infrastructures en Afrique ou dans l’Asie pauvre (BenglaDesh, Laos, Cambodge, etc.) : eau, irrigation, transports, écoles, hôpitaux.

On ne doit pas, selon moi, exclure l’utilisation à large échelle des droits de tirage spéciaux (DTS), créés en 1976 par les accords de la Jamaïque en réservant l’émission de ces DTS au FMI. Ces droits de tirage spéciaux n’ont servi qu’une fois, à une échelle assez modeste. La seconde fois, les Etats-Unis s’y sont opposés, en vertu du droit de veto de fait, qu’ils détiennent au sein du FMI (17 % des droits de vote ce qui suffit à empêcher le vote à la majorité qualifiée de 85 %). Il faut lever ce veto, soit politiquement, soit en modifiant les quotes-parts au sein du FMI pour empêcher les Etats-Unis de maintenir leur veto (qu’ils justifient par le souci de ne pas dévaloriser le rôle du dollar comme « monnaie mondiale »). Ces DTS pourraient financer l’aide au développement en priorité.

En réalité, ce qui est en cause c’est le « modèle de développement » de l’humanité, à l’horizon des trente prochaines années. Il existe une « fenêtre d’opportunité », suite à l’élection de Barack Obama et à la profondeur de la crise, pour « réorienter le système ».

4. En fait, la faisabilité d’une telle « relance coordonnée » de l’économie mondiale passe par un « moment politique », celui de la reconnaissance de la multipolarité du monde.

Les Etats-Unis ne peuvent plus faire comme s’ils pouvaient seuls imposer leur loi et faire comme si « le reste du monde » n’existait pas. Ils ne peuvent procéder à une « relance en solitaire ».

En même temps, si cette multipolarité est acceptée par les Etats-Unis, en redistribuant par exemple les quotes-parts au sein du FMI et, peut-être, en donnant aux grands pays émergents (Inde, Brésil) et aux pays financièrement « excédentaires », un statut de membre « semi permanent » (cinq ans sans droit de veto) au Conseil de Sécurité de l’ONU, il est nécessaire que des pays comme la Chine acceptent de réduire leur taux d’épargne et que le Japon et surtout l’Allemagne se rallient à une stratégie coopérative, en relançant leur demande intérieure.

C’est ce « moment politique » particulier (le passage de l’unipolarité du monde à une multipolarité raisonnable où les Etats-Unis resteront la plus grande puissance mondiale, sans pouvoir prétendre diriger le monde à eux seuls) qu’il faudra savoir gérer. Le rôle de l’Europe et notamment du duo franco-britannique peut être à cet égard déterminant pour infléchir la position de nos principaux partenaires (Allemagne, Etats-Unis) et pour impliquer davantage les pays d’Asie dans le traitement de la crise.

 

Cet article est le 1er sur ce blog dans la catégorie Chevènement sénateur

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14 novembre 2008 5 14 /11 /novembre /2008 21:37

L’intégration sociale et politique des Noirs américains

 

Sami Naïr, ancien député européen, est le secrétaire national du MRC aux Relations internationales. A ce titre, le 5 novembre, lors de la réunion du secrétariat national, il a rendu compte, à chaud, de ce que nous pouvons attendre des changements liés à l’élection de Barack Obama à la présidence des USA. Son exposé a été si intéressant que nous l’avons spontanément applaudi et lui avons demandé d’écrire ce qu’il venait de nous dire, afin que nous puissions faire connaître son point de vue.

 

Depuis hier, l’un des aspects de son intervention est présenté dans le texte qui est sur le site du MRC (cliquer sur le titre).

Parmi tous les espoirs que fait naître la victoire d’Obama, il en est un qui mérite une particulière attention : c’est celui du regard qu’il va porter sur le monde et sur l’Amérique elle-même.

Le regard de Barack Obama

 

Depuis maintenant plusieurs années, l’Amérique officielle voit le monde à travers le prisme déformant du choc des civilisations. Politiquement, cette orientation se traduit par une conception outrancièrement simpliste et unilatérale des relations internationales.

 

Enfermée dans une vision primaire de la « guerre contre le terrorisme », l’attitude de la diplomatie américaine à l’ONU tend à privilégier l’isolationnisme face à la stratégie coopérative des autres grandes nations, y compris de son alliée la Grande Bretagne.

 

Malgré le remplacement de Donald Rumsfeld par Condolezza Rice, sur la plupart des grands sujets de civilisation, les USA se sont opposés au reste du monde : refus de prendre au sérieux le Protocole de Kyoto, accentuation de la course aux armements par la mise en place du bouclier antimissile, refus du contrôle des armes biologiques, poursuite des programmes nucléaires aux USA, délégitimation du rôle de l’ONU dans la gestion des conflits internationaux, absence de respect du droit international et bien d’autres sujets encore.

 

Elaborée par les conseillers et ministres « néo-cons » de Bush, dont il faut ici rappeler les noms parce qu’ils résonneront comme la pire des calamités que l’histoire des Etats-Unis ait connue depuis longtemps* - Dick Cheney, Donald Rumsfeld, Paul Wolfovitz, Richard Perle, John Bolton, Zalmy Khalizad, James Woosley, Richard Armitage, Robert Zoellick, Elliot Abrahams, William Kristol, secondés par des idéologues du type de Paul Kegan et d’une pléiade de sous-fifres occupant des positions très importantes dans les grandes administrations américaines - cette conception agressive est entièrement fondée sur le paradigme de la « guerre préventive » face à un monde extérieur conçu comme foncièrement hostile.

Le manichéisme paranoïaque, caractéristique de l’idéologie d’extrême droite, entre le Bien et le Mal, l’Occident et ses ennemis, le Pur et l’Impur, s’est bien sûr focalisé en particulier sur l’Islam à partir du traumatisme créé par les attaques terroristes du 11 septembre.

 

Il a fait un mal considérable au monde, tout en transformant l’Amérique en objet de haine. La vision occidentalo-centriste que l’on trouve chez Bush et ses sbires, reprise par certains de leurs alliés internationaux, a évidemment contribué à apporter de l’eau au moulin des fanatiques intégristes religieux de par le monde, ravis de voir que la politique américaine se plaçait sur le même terrain qu’eux pour faire des conflits d’intérêts et des légitimes revendications des peuples, des oppositions identitaires irréconciliables.

Ce regard culturaliste, ethnocentriste et confessionnaliste, a structuré la stratégie américaine de l’époque Bush.

Barack Obama, dés le début de sa campagne, a clairement manifesté son désir de s’opposer à cette vision. Il a opposé à l’idéologie imbécile de l’ « occidentalo-centrisme », le dialogue des cultures et des civilisations, le respect de la diversité du monde.

Et c’est pourquoi l’une de ses premières décisions sera probablement d’adresser un message au monde islamique, pour bien marquer qu’il ne le confond pas avec le fanatisme intégriste des tueurs d’Al Qaida. Ce nouveau regard est indispensable. Et, si Obama tient ses promesses, il favorisera la libération d’immenses énergies d’espoir.

Mais plus fondamentalement encore, Obama va probablement contribuer à changer le regard des Américains sur eux-mêmes. Ceux qui croient que, premier président noir des USA, il va enfin mettre en place la politique « identitaire » dont aurait besoin l’Amérique pour apaiser superficiellement ses citoyens noirs, risquent de déchanter. En fait, tout son discours durant la campagne électorale a clairement montré qu’il ne voulait pas se laisser enfermer dans l’identitarisme de la « différence », si cher aux néo-conservateurs et aux idéologues libéraux-libertaires qui les miment en croyant s’opposer à eux.

La posture « communautariste » que certains attendent de lui parce qu’il est noir, Obama sera obligé en réalité de la combattre, s’il veut construire le consensus national dont il a besoin pour affronter les immenses défis sociaux et économiques qui l’attendent. Son regard ne sera pas celui d’un homme politique qui joue avec les déterminations identitaires, mais celui d’un leader dont le rôle historique sera enfin de donner vie à une conception intégrative et citoyenne dans la nation américaine. Précisément parce qu’il refuse le préjugé de la couleur, il va s’efforcer d’être le représentant d’une nation réconciliée avec elle-même par-delà sa diversité ethnique.

On peut donc s’attendre à ce qu’il relance le projet de melting pot, profondément miné ces dernières années par la montée des identitarismes sur fond d’appauvrissement et d’exclusion d’une grande partie de la population noire. Et il y a également tout à parier que certains représentants de la communauté noire, dés lors que le nouveau président refusera clairement de se laisser enfermer dans le piège de la politique identitaire, se retrouveront face à lui.

C’est un grand moment de vérité pour l’Amérique. Car aussi paradoxal que cela paraisse, la question la plus importante à laquelle il devra faire face, c’est celle de l’intégration sociale et politique des Noirs américains qui, jusqu’à maintenant, avaient peu confiance dans un système politique symbolisant de fait leur exclusion en raison de leur statut social et de la couleur de leur peau.

 

Les Noirs américains se sont mobilisés en masse pour faire élire Obama. Mais lui, il sait qu’il ne peut répondre à cette attente seulement du point de vue des Noirs américains. En réalité, Barack Obama sera le premier président américain qui devra tout faire pour ne pas être considéré comme un président communautaire ou de couleur.

 

Vis-à-vis du reste du monde comme par rapport à sa propre société, il devra faire du dialogue pour l’appartenance commune à une même grande civilisation humaine, le creuset du dépassement des différences et des conflits. C’est pour lui le plus grand des défis.

 

* Lire, à ce sujet, le bilan de Bush, vu par Pascal Riché dans Rue89 le 7 novembre dernier.

 

Bush peut partir avec le sentiment du désastre bien fait

Son bilan est catastrophique. Personnage shakespearien et troublé, il rejoint la liste des pires présidents que l'Amérique ait subis. La suite

 

 

Cet article est le 3ème sur ce blog dans la catégorie Amérique du Nord

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13 novembre 2008 4 13 /11 /novembre /2008 18:20

Entre les vieux démons et la refondation de la gauche

 

C’est à reculons que le parti socialiste va entrer demain dans son congrès à Reims. Ce sera un congrès utile… pour clarifier ce qui le divise ! Une étape vers la refondation républicaine de la gauche, selon la vision optimiste (vers la décomposition, selon la vision pessimiste). C’est le début d’un processus, mais il faudra des débats de fond, auxquels le PS n’est plus habitué depuis très longtemps, pour faire émerger une stratégie par une vraie majorité et la reconquête du pouvoir.

 

Marie-Noëlle Lienemann, sur son blog, le 7 novembre (voir PS : Rien n'est joué !), constatait l’opposition entre deux stratégies, celles de Ségolène Royal et de Benoît Hamon. Il est clair qu’elle ne croit pas à un rapprochement possible entre les deux. Ce serait pourtant une bonne idée, mais, parmi les soutiens à l’une et à l’autre, il existe des divergences telles qu’une alliance semble impossible.

 

Jean-Pierre Chevènement a déclaré à l’AFP, le 9 novembre, que le PS ne semble pas avoir pris la mesure des défis que la gauche et la France ont à relever.

 

Chevènement : «le souffle de la crise a fait bouger les lignes au PS»

 

"Le souffle de la crise économique et financière commence à faire bouger les lignes au sein du Parti socialiste, comme en témoigne les bons scores de Ségolène Royal et de Benoît Hamon", a déclaré à l'AFP le président du Mouvement républicain et citoyen (MRC).

Cependant, selon lui, "l'absence d'un réel débat sur la crise et la globalisation financière, sur les remèdes à y apporter et la nécessaire réorientation de la construction européenne, manifeste que le PS est loin d'avoir pris la mesure des défis que la gauche et la France doivent relever".

"L'urgence de la refondation républicaine de la gauche n'en paraît que davantage", estime l'ancien ministre. Il réitère sa proposition d'"organiser en 2011 des primaires ouvertes à tous les militants et tous les sympathisants de la gauche pour provoquer le débat et désigner sur cette base le candidat qui portera le projet de la gauche à l'élection présidentielle de 2012".

 

Un grand perdant, mais pas encore de gagnants…

 

A la veille du début du congrès de Reims et après les votes du 6 novembre, il ne fait aucun doute que le grand perdant est Bertrand Delanoë. Et, c’est logique, car sa motion rassemble tous les responsables du délitement du PS depuis une quinzaine d’années (voir Le Monde, 13 novembre, Un Parti socialiste sans boussole).

 

Martine Aubry, en refusant de s’associer aux signataires de cette motion, est à l’origine immédiate de l’échec du maire de Paris. En rassemblant les amis de Dominique Strauss-Kahn et de Laurent Fabius, anciens ministres des finances dans les gouvernements de Lionel Jospin, elle a créé une situation nouvelle, qui pourrait lui permettre de faire échec à Ségolène Royal lors de ce congrès (voir Les Echos, 13 novembre Congrès du Parti Socialiste : la partie d'échecs est engagée   ).

 

De plus, Martine Aubry entrevoit la possibilité d’organiser une majorité alternative, qui répondrait aux attentes des proches de Benoît Hamon (voir Le Monde, 13 novembre, Hamon assure être proche d'un accord avec Aubry).

 

Benoît Hamon, en réaffirmant sa candidature à la direction du parti, lors du vote du 20 novembre, croit en la volonté des militants de franchir un nouveau cap, celui de la rénovation et de l’ancrage à gauche, qui n’est pas garanti par la démarche de Ségolène Royal.

Le député au parlement européen, comme sa collègue Marie-Noëlle Lienemann, a mesuré à quel point les socialistes européens sont loin des peuples, enfermés dans leur bulle social démocrate à Bruxelles et à Strasbourg (voir Le Monde, 13 novembre, La social-démocratie en crise d'identité, par Liêm Hoang-Ngoc et Philippe Marlière).

 

Ségolène Royal croit en son étoile présidentielle. Elle a bien étudié l’histoire des congrès du PS (voir L'historique des principaux congrès du PS) et partage l’avis du spécialiste A.Bergougnioux : "le leader qui réussit est forcément présidentiable".

 

Il lui faut conquérir, de gré ou de force, ce PS qu’elle a tant critiqué (voir Le Monde, 13 novembre, PS : Royal est prête à assumer l'épreuve de force).

 

Même si elle ne parvenait pas à dégager une majorité au congrès, par un accord entre les motions, elle est prête à miser sur le vote des adhérents le 20 novembre, ou le lendemain en cas de second tour, pour arriver à ses fins (voir La nouvelle synthèse de Ségolène Royal, par Françoise Fressoz).

 

L’ancienne candidate à l’élection présidentielle a raison de rechercher à donner un nouveau cours à un parti qui ressemble à la SFIO de la fin des années 1960.

 

Après plusieurs tentatives de rénovation, notamment en 1969 à Issy-les-Moulineaux, où la SFIO devint le nouveau parti socialiste, animé par Alain Savary, c’est François Mitterrand, venant de l’extérieur (un parti républicain, la Convention des Institutions Républicaines, dans lequel les élus et les cadres valeureux étaient nombreux et les militants plutôt rares) qui réussit à trouver la solution de l’énigme socialiste (voir Le congrès du PS à Epinay en 1971, raconté par Jean-Pierre Chevènement - 10 novembre 2008).

 

Ce congrès de Reims pourra peut-être avoir des analogies avec celui d’Issy-les-Moulineaux, mais pour correspondre à celui d’Epinay, les socialistes auront besoin du projet républicain du MRC et de Jean-Pierre Chevènement, dans les rôles de la CIR et de François Mitterrand.

 

Jean-Luc Mélenchon n’a pas attendu pour quitter le navire et créer un nouveau parti de gauche, avec des groupes politiques qui refusaient le traité de Lisbonne (voir sur ce blog Mélenchon jette les bases d'un nouveau parti de gauche à l'allemande - 8 novembre 2008 - et Mélenchon annonce la création du «Parti de gauche», Libération, 12 novembre).

 

Cet article est le 77ème article paru sur ce blog dans la catégorie Gauche France 2007-08

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12 novembre 2008 3 12 /11 /novembre /2008 15:22

Moins de concertation, plus d’Etat directif

 

Dans une première partie, Patrick Nivet, médecin et administrateur de l’hôpital de Libourne (Gironde), avait traité de la réforme des hôpitaux (voir Hôpitaux : Patrick Nivet, médecin administrateur, conteste la réforme - 5 novembre 2008).

 

Il m’a transmis une seconde partie, qui traite de l’organisation sanitaire. C’est une contribution à la réflexion citoyenne concernant le projet de réforme de notre système de santé publique.

Mesures incitatives pour lutter contre la désertification médicale, création d’agences régionales de santé (ARS), réforme de l’hôpital, sont les grands points du projet de loi présenté par la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, le 22 octobre 2008, au Conseil des ministres (Assemblée nationale - Santé : réforme de l'hôpital, patients ...).

Patrick Nivet examine chaque point du projet de loi.

 

Une organisation sanitaire redéfinie

(Vent glacial sur l’hôpital public !)

 

A l’instar de ce que l’on constate dans les propositions concernant les hôpitaux publics, cette nouvelle loi vise à reprendre des dispositions qui existaient déjà, à les conforter par la loi mais aussi à en supprimer d’autres pour les remplacer par des dispositions nouvelles.

 

1) Le champ des missions des établissements de santé est réécrit pour être partagé entre établissements publics et privés.

 

- les missions de service public dont la liste est reprécisée peuvent dorénavant être exercées par les établissements privés dans le cadre de contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens (CPOM) qui régissent déjà l’activité des établissements publics.

 

- la permanence des soins est au cœur de ce dispositif qui existait déjà avec l’attribution au secteur privé d’Upatou (structures d’urgences de premier niveau) dans le cadre des schémas de l’organisation sanitaire et social en cours d’exercice. Il s’agissait de dispositions limitées, prises en fonction de situations locales particulières, les dispositions nouvelles paraissent de nature à élargir les compétences des établissements privés dans des domaines jusqu’ici réservés au seul secteur public.

 

2) Rapprochement des établissements de santé.

 

Coopération ? Filialisation ? Mutualisation ? En tout cas, des communautés hospitalières de territoire (CHT) seront créées par les directeurs d’établissement ou par les directeurs des futures ARS. Elles permettront « à plusieurs établissements publics de se fédérer dans une logique de délégation de compétences …». Il serait prévu deux formules :

La première dite « intégrée » ou les établissements préexistants confient à la CHT l’ensemble de leurs compétences.

La seconde « fédérative » ou les établissements membres restent autonomes juridiquement et financièrement.

Dans tous les cas, ces CHT seront des établissements publics de santé dont l’organisation, précisée par une convention constitutive, sera calquée sur celle des autres établissements de santé (directoire, conseil de surveillance…).

 

Le président du directoire de la CHT en assure la direction  avec les mêmes prérogatives que celles des directeurs des établissements de santé publics. Cette direction sera unique dans la forme intégrée.

La coopération entre établissements aux vocations différentes existait déjà dans et entre les secteurs sanitaires. La nouvelle formule exprime de toute évidence une volonté renforcée de regroupements nouveaux pour redistribuer davantage encore l’offre de soins, notamment publique.

 

3) Les groupements de coopération sanitaires (GCS) constitueront le mode de coopération privilégiée entre établissements de santé publics et privés, ainsi qu’avec les professionnels de santé libéraux ou le secteur médico-social.

Deux types de GCS sont prévus :

  - ceux avec mise en commun des moyens ;

  - ceux autorisés à exercer une ou plusieurs activités de soins.

Le groupement de coopération sanitaire se constitue en personne morale de droit public ou privé, il peut être employeur.

Les syndicats inter-hospitaliers ont trois ans pour se transformer en communautés hospitalières de territoire ou en GCS.

 

Le directeur général de l’agence régionale de santé peut redéployer les services et les activités avec leur personnel pour entre autre « rationaliser l’offre de soins et diminuer son coût notamment quand les procédures n’ont pas permis d’améliorer la situation financière d’un établissement.

 

Comment ne pas craindre qu’un secteur public appauvri et contraint par une T2A généralisée ne soit pas noyé, absorbé dans des structures juridiques de droit privé par des financeurs puissants ?

 

4) Création des agences régionales de santé « pour définir et mettre en œuvre la politique régionale de santé … » ; elles engloberont les soins ambulatoires, hospitaliers et les prises en charge des établissements et services médicaux sociaux, les professions de santé…

 

L’agence régionale est une personne morale de droit public dotée de l’autonomie administrative et financière. Elle est dirigée par un directeur général « qui prend toutes les décisions et exerce toutes les compétences qui ne sont pas attribuées à une autre autorité » et comporte un conseil de surveillance présidé par le représentant de l’Etat dans la région, qui ne donnera que des avis mais votera le budget de l’agence.

 

La conférence régionale de santé sera  un organisme consultatif de plusieurs collèges et organisera au moins une fois tous les deux ans un débat public sur les questions de santé de son choix (???).

 

Deux commissions de coordination des politiques seront misent en place, associant les services de l’Etat, les collectivités territoriales et les organismes de sécurité sociale, ainsi que des délégations départementales.

 

Le pilotage national des agences relèvera d’un comité de coordination du système de santé et de la signature par les ministres de la santé, des personnes âgées et handicapées, avec les directeurs d’agence des contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens.

 

Au fond, au-delà de la réunion sous une même administration de la santé et du champ médico-social, disparaissent pour l’essentiel les échelons départementaux et la plupart des structures qui, jusque-là, donnaient leurs avis tant sur les dotations en moyens des établissements publics ou privés que sur tous les aspects de structuration des territoires (conférences de secteur sanitaire, Cros, Cnos….)

 

Dans le prolongement de celle prévue pour les hôpitaux la gouvernance s’appuiera sur le pouvoir quasi absolu du directeur général de l’agence régionale, contrairement à celui du directeur actuel de l’ARH, président d’une commission exécutive, instance encore délibérative.

 

Le diagnostic général du médecin hospitalier

 

Au total, avec la réforme «  promise » à l’hôpital et celle de l’organisation sanitaire régionale, se dessine avec force un Etat plus fort, plus directif débarrassé, au nom de l’efficacité, de ses structures de concertation, allégé de ses procédures démocratiques.

 

La dimension Régionale s’affirme.

 

Les élus territoriaux et les personnels notamment médicaux, dont le rôle institutionnel s’efface, se voient cantonnés à un rôle de subordination administrative.

 

L’objectif est de toute évidence de prolonger la volonté exprimée par le Président de la République, dans son discours de Bletterans, de diminuer la part de l’hôpital public dans les dépenses de l’assurance maladie, objectif pour le moins discutable en soi, mais qui le devient d’autant plus quand le Président s’appuie sur des chiffres infirmés par ceux de la comptabilité publique, qui n‘attribue que 44% des dépenses a l’hospitalisation publique et privé de surcroît au lieu des … 64 % dénoncés par le Président pour le seul hôpital Public …

Cet article est le 31ème paru sur ce blog dans la catégorie Santé et sécu sociale

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11 novembre 2008 2 11 /11 /novembre /2008 16:39

Elle a décidé d’être candidate à la direction du PS

 

Selon la presse disponible ce 11 novembre sur la Toile, Ségolène Royal aurait décidé de solliciter les suffrages des adhérents du PS, le 20 novembre (Ségolène Royal sera candidate à la direction du PS, Le Monde). Plus personne ne s’y oppose parmi ses proches au sein de la motion E. Elle est persuadée que, de cette façon, sa motion a le plus de chances de sortir majoritaire du congrès de Reims. Toutefois, il reste à trouver cette majorité, ce qui passe par un accord de fond avec les dirigeants des autres motions, au moins d’une partie d’entre eux.

 

Benoît Hamon a fait monter la pression, après Henri Emmanuelli qui prône une alliance Hamon-Aubry-Delanoë. Par contre, François Hollande a fait allégeance à la responsable de la motion arrivée en tête, souhaitant un accord avec elle au congrès. Tout est encore possible.

 

Ségolène Royal  a transmis, hier, aux responsables de motion, un texte destiné à servir de base aux discussions préparatoires à la constitution d’une majorité au congrès de Reims. En voici des extraits (Le Monde, 11 novembre).

 

Le “document de travail ouvert” proposé par Ségolène Royal

 

«  Pour l’unité et le renouveau du Parti Socialiste

 

Les militants ont voté le 6 novembre. Par leur vote, ils ont affirmé leur désir d’une transformation profonde de notre parti et leur soif de fraternité et d’unité. Ils l’ont fait dans un contexte où le monde change, où le libéralisme échoue et où monte la demande d’un projet de gauche. Face aux souffrances sociales qui s’accumulent, nos responsabilités ne peuvent plus être différées. Il y a urgence. Agir pour que les valeurs humaines s’imposent, porter haut l’exigence de justice sociale et d’émancipation de la personne humaine, c’est depuis toujours l’ambition des socialistes. Nos valeurs sont d’une vibrante actualité.

 

Le temps est venu d’écrire une nouvelle page de notre histoire. Celle du socialisme du 21ème siècle. La France a besoin d’un Parti socialiste à la hauteur des grands choix politiques qui l’attendent, capable de faire bloc pour s’opposer et proposer. Le congrès de Reims doit être le point de départ d’un patient et passionnant travail de reconquête idéologique autour de nos valeurs et de nos idées face à la droite, d’élaboration programmatique fondée sur une démocratie militante, participative et active, de mobilisation pour attirer les forces de la jeunesse, les salariés, les catégories populaires et moyennes et construire un nouveau rapport de force politique. Un travail considérable nous attend.

 

Nous proposons de mettre le parti en mouvement autour de quatre grands chantiers destinés à redonner au PS toute sa place auprès des Français. Avec la ferme volonté de mettre en avant une équipe cohérente, voulant vraiment rénover et fédérant tous les talents, toutes les intelligences, toutes les convictions. Tous ensemble, les socialistes peuvent réussir cette transformation nécessaire

. 1 - Répondre d’abord à l’urgence de la crise financière et sociale

Nombreux sont celles et ceux, personnes âgées, jeunes, salariés précarisés, chefs de PME qui ressentent durement les conséquences de la crise. Nous devons leur dire qu’une autre politique est possible. C’est au Parti socialiste de la proposer. La France entre en récession. Nous devons partout sur les territoires évaluer les effets de cette crise. Ce bilan, dressé par les fédérations en lien avec les élus locaux, sera le préalable à l’organisation d’un grand forum global associant le mouvement social, syndicats, représentants des services publics, salariés en lutte, entrepreneurs, associations, universitaires, altermondialistes, consommateurs, petits épargnants…

 Ce forum global aura une dimension européenne. La réponse à la crise du capitalisme n’est pas le domaine réservé des cercles technocratiques et des sommets intergouvernementaux. L’efficacité de la réponse en dépend.

 2 - Cinq orientations pour bâtir le socialisme du 21ème siècle

1) La finance doit être au service de l’économie productive et non pas au service d’elle-même. Et l’économie productive doit être au service de l’épanouissement humain. Cela suppose un nouvel 2
ordre économique et social juste, contre la précarité et pour la société du travail bien rémunéré, rééquilibrant le rapport capital/travail.

2) Il faut un Etat préventif et stratège qui change les rapports de force. Distribuer après coup ne suffit plus. Cela suppose un nouveau modèle de croissance associant dynamisme économique, politique industrielle, progrès social et écologie.

3) Faire partout le choix écologique de l’excellence environnementale. Urgence sociale et urgence environnementale sont désormais liées. Cela suppose de favoriser une croissance sobre qui tienne compte de la rareté des ressources, d’organiser l’après-pétrole et de promouvoir de nouvelles révolutions technologiques.

4) Oser la démocratie jusqu’au bout et refonder le pacte républicain. Cela suppose de nouvelles institutions, de nouveaux pouvoirs pour les territoires, une réelle démocratie sociale et participative, le pluralisme médiatique, l’indépendance de la justice. Cela suppose d’avoir pour objectif de l’égalité réelle et de reconnaître la France métissée comme une chance.

5) Réorienter l’Europe pour la relancer.

 3 - Faire du Parti Socialiste une force neuve

Notre objectif est de faire du Parti Socialiste le grand parti démocratique, populaire et de mobilisation sociale dont la France a besoin. Le respect du vote des militants sera la règle absolue, car c’est la condition première d’une unité nouvelle des socialistes. Nous voulons construire un parti de masse. Le montant de l’adhésion ne doit plus être un obstacle au militantisme qui est d’abord un don de temps. Des responsabilités seront décentralisées aux fédérations pour que le parti fonctionne de façon ascendante en s’appuyant sur notre action concrète dans les régions, les départements et les communes. Des dotations financières plus importantes leur seront attribuées aux fédérations.

Une université populaire de la connaissance sera créée dans chaque région pour permettre à tous les citoyens d’accéder à la culture politique qui permet à chacun d’avoir les outils de compréhension et d’analyse pour intervenir dans les débats d’idées. Le parti organisera de nouvelles formes de militantisme : réseaux de solidarité concrètes, actions en direction des salariés, implantation dans les quartiers, place des nouvelles technologies, recrutement de nouveaux adhérents etc.

4 - Fédérer la gauche

La stratégie des socialistes a toujours consisté d’abord à rassembler la gauche, toute la gauche, autour d’un contrat de gouvernement. Celui-ci doit être préparé par un comité d’action de la gauche, ouvrant la perspective à terme d’une fédération. Ce comité ouvrira largement ses débats en associant les militants, en organisant des campagnes de mobilisation et d’actions. C’est à partir de cette stratégie que les socialistes ont vocation à s’adresser seulement ensuite à toutes les forces susceptibles de se reconnaître dans le projet socialiste pour battre la droite. ».

Voir aussi l’article paru ce 11 novembre sur le site de Rue89. Royal candidate à la tête du PS : les plus et les moins

Cet article est le 76ème article paru sur ce blog dans la catégorie Gauche France 2007-08

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10 novembre 2008 1 10 /11 /novembre /2008 20:39

Mitterrand : une stratégie et un sens politique

 

Jean-Pierre Chevènement, en tant que vice-président de la Commission sénatoriale des Affaires étrangères et de la Défense, était aux USA au moment de l’élection du président Obama. Dès son retour, il a exprimé son avis sur le vote des adhérents du PS le 6 novembre (voir Chevènement: «le souffle de la crise a fait bouger les lignes au PS» - 9 novembre 2008).

 

En parcourant l’article du Monde paru ce 10 novembre Au PS, les partisans de Royal cherchent un premier secrétaire, j’ai trouvé un trésor au bout de cette phrase :

 

(…) le congrès fondateur du PS, celui d’Epinay, n’avait pas été remporté par la motion majoritaire, mais par une alliance de motions minoritaire (un récit - forcément orienté - par Chevènement est disponible ici).  

 

Sur le site de l’Institut François Mitterrand (Archives), on peut retrouver effectivement ce récit inédit de Jean-Pierre Chevènement concernant le congrès, historique, d’Epinay-sur-Seine, en 1971.

Un récit inédit de Jean-Pierre Chevènement

Quand s’ouvre le congrès d’Epinay, aucune des composantes du Parti socialiste élargi à la C.I.R. n’est assurée de disposer d’une majorité. Les motions d’Alain Savary et de Jean Poperen (la gauche du N.P.S. d’Issy-les-Moulineaux) réunissent à elles deux 41 000 mandats environ, chiffre que n’atteint pas la réunion de la motion dite des "Bouches-du-Nord" (Pierre Mauroy et Gaston Defferre) et de celle des conventionnels (dite Mermaz-Pontillon).
Restait le C.E.R.E.S., dont les 7775 mandats (environ 8,5%) pouvaient être neutralisés ou décisifs selon le mode de désignation des dirigeants que retiendrait le congrès.

Jean-Pierre Chevènement raconte, dans le texte qu’on va lire, comment, en quelques heures, ses rapports avec François Mitterrand, qui n’étaient jusque là que d’"amicale connivence", se changèrent en alliance politique pour donner au congrès d’Epinay une majorité imprévue.

Lire la suite

 

Ségolène Royal, qui met ses pas dans ceux de l’ancien président de la République, saura-t-elle faire du congrès de Reims l’équivalent de ce que François Mitterrand avait fait du congrès d’Epinay ? Elle a réuni aujourd’hui au Sénat les responsables départementaux et nationaux de sa motion.

 

Elle va proposer un accord général (son texte sera rendu public le 12 novembre) et tout se jouera lors du congrès à Reims, les 14, 15 et 16 novembre. Voici l’article paru ce soir sur le site du Monde :

 

Pour Royal, la question du MoDem "ne doit pas servir de prétexte"

 

 

Cet article est le 75ème paru sur ce blog dans la catégorie Gauche France 2007-08

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9 novembre 2008 7 09 /11 /novembre /2008 17:18

La région des Grands Lacs et la hantise du génocide

 

Comment qualifier les évènements du Congo ? Il ne s’agit pas d’une guerre, mais il y a des massacres de civils, des réfugiés par dizaines de milliers, des groupes armés plus ou moins autonomes et incontrôlables, mais avec des liens avec les puissances voisines.

 

Le Kivu est une région riche de la République démocratique du Congo (ex-Zaïre, Congo Kinshasa, ancienne colonie de la Belgique), qui a accueilli de tous temps les émigrés du Rwanda et du Burundi et, notamment, après le génocide des Tutsi au Rwanda, en 1994.

Retour sur le génocide au Rwanda en 1994
Cette région des Grands Lacs est marquée par la hantise du génocide depuis un demi-siècle, ce que montre Jean-Pierre Chrétien, historien au CNRS, dans un article paru dans Libération le 17 octobre 2008, sous le titre Rwanda, les mots du génocide.

La région des Grands Lacs est marquée par la hantise du génocide depuis un demi-siècle. D’autres régions d’Afrique ont connu des massacres abominables, mais ici nous assistons, de manière récurrente, à des projets d’éradication de tout un groupe en fonction de sa naissance, selon un critère dit «ethnique». Déjà en 1964, Bertrand Russell dénonçait les tueries de milliers de Tutsis au Rwanda, «le massacre le plus systématique depuis l’extermination des Juifs par les nazis». La contagion gagna le Burundi voisin, pourtant socialement différent, avec le génocide des élites hutues en mai-juin 1972 en «représailles» d’une vague de tueries anti-Tutsis dans le sud du pays. Enfin, entre avril et juillet 1994, le monde a découvert avec horreur l’entreprise d’extermination des Tutsis du Rwanda.

Cette logique infernale, longtemps méconnue au titre des «luttes interethniques» africaines, repose sur un racisme, qui a une histoire bien documentée et qu’on ne peut éluder d’un revers de manche (…). Or on assiste aujourd’hui, notamment en France, à une reprise simpliste des schémas qui ont précédé et accompagné le génocide.

Dans la guerre civile rwandaise, la part respective de l’adhésion populaire, des organes de l’Etat et des différentes forces politiques, peut susciter interrogations et débats. Mais, en tout état de cause, la réalité du génocide est irréductible et incontournable et il est inquiétant de lire aujourd’hui des argumentaires qui semblent faire écho à ceux de la propagande qui a conduit à cette horreur.

Dans cette ligne, les très nombreux travaux historiques et anthropologiques de chercheurs européens, africains ou américains sur le Rwanda sont traités comme négligeables, voire comme le produit «d’idiots utiles» qui auraient été achetés par le FPR, nouvelle version de «l’anti-France». Ces travaux scientifiques sont regroupés (sans être cités ni analysés) sous la rubrique fourre-tout d’une «histoire officielle» à laquelle il faudrait opposer une «relecture» de la tragédie de 1994.

Pour appuyer cette révision, des clichés raciaux sont empruntés complaisamment à la littérature des années 1930-1950, notamment celui de la fourberie congénitale des Tutsis, développée en particulier dans l’ouvrage de Pierre Péan de 2005*. Le mensonge fut en fait une des tares naguère imputées collectivement à tous les colonisés, en oubliant que la ruse était une stratégie de résistance. Au Rwanda s’est ajoutée la sophistication de la théorie hamitique qui faisait des Tutsis des quasi-Sémites, des Orientaux infiltrés en Afrique, issus de la dernière vague des peuples sortis de la tour de Babel ! Ces délires du début du XXe siècle ont imprégné deux générations de missionnaires et d’administrateurs, sans parler des essayistes de l’extrême droite belge des années 30 comme le poète Paul Dresse.

Ne peut-on débattre de la situation du Rwanda sans se laisser piéger par de telles dérives ?

J’ai participé le 2 octobre à un débat public tenu à Bujumbura sur la tragédie de 1972. La qualité des questions et des perspectives exprimées dans ce pays également meurtri m’a impressionné. On était là à mille lieues du bréviaire de la haine qui a causé le malheur de toute cette région d’Afrique. Quels calculs peuvent expliquer dans notre pays un tel recours à des arguments raciaux d’un autre âge ? Et surtout de quel droit des Européens, qui n’ont jamais eu à pleurer des amis disparus dans ces tueries, persistent à cautionner chez ces peuples une logique de haine dont on connaît l’issue !

Le conflit du Kivu est une conséquence du génocide de 1994

 

Un article de David Servenay, paru le 30 octobre 2008 sur le site de Rue89, permet de mieux comprendre les évènements dans cette partie du monde.

RD Congo : pourquoi le conflit du Kivu resurgit aujourd’hui

(…) Dès les années 60, le Kivu a constitué une base arrière pour tous les réfugiés -principalement rwandais- de la région, mais également un enjeu de pouvoir entre le Zaïre, le Rwanda et l'Ouganda, où ce « ventre mou » de l'Afrique centrale reste une zone impossible à contrôler entièrement. Car trop vaste.

Des protagonistes de la crise du génocide de 1994

Tous les protagonistes du conflit d'aujourd'hui sont des héritiers du génocide rwandais. Impossible de comprendre la logique des acteurs sans se référer à cette période.

1.       Fin juin-début juillet 1994, après trois mois de massacres, les génocidaires balayés par l'offensive de l'Armée patriotique rwandaise (APR) de Paul Kagame traversent la frontière zaïroise, avec la complicité des soldats de l'opération Turquoise.

2.       Dans les mois qui suivent, les Forces armées rwandaises (FAR) reconstituent leurs unités, en se mélangeant aux Interahamwe (les miliciens du génocide) puis elles récupèrent les armes lourdes normalement confisquées par les Forces armées zaïroises (FAZ). Commence alors une guerre de guérilla contre le nouveau régime de Kigali, qui dure deux ans (1995-97).

3.       En octobre 1996, Kagame confie à son chef d'état-major, le général James Kabarebe, la tâche de liquider cette guérilla. Une traque sanglante commence, partant des camps de réfugiés qui abritent les Interahamwe, jusqu'à Kinshasa où les Rwandais portent au pouvoir Laurent-Désiré Kabila en mai 1997, provoquant la chute du maréchal Mobutu.

4.       En 1998, la guerre reprend dans le Kivu, faisant des centaines de milliers de victimes dans les camps de réfugiés. Chaque camp -Kigali et Kinshasa- s'appuie sur des groupes armés plus proches d'une troupe de miliciens que d'une armée régulière, mais en général bien équipés.

5.       Jusqu'en 2004, les alliés de Kigali contrôlent en grande partie les différentes filières de trafics de matières premières -notamment le coltan qui sert à fabriquer les puces de téléphone portable-, ce qui permet au Rwanda de financer sa reconstruction.

6.       En 2004, le président Kagame négocie la rédition des deux principaux chefs militaires du maquis des ex-FAR -les généraux Paul Rwarakabije et Jérôme Ngendahimana- qui entraînent dans leur sillage des milliers de combattants. Problème : plusieurs milliers préfèrent rester dans le maquis. Ils ne l'ont toujours pas quitté (…).

Lire La suite.

* Lire, à propos de Péan, l’article de Souâd Belhaddad, publié le 8 novembre par Rue89 :

Procès Péan : il n'est pas raciste de trouver les Tutsi menteurs

 

Cet article est le 11ème paru sur ce blog dans la catégorie Afrique

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8 novembre 2008 6 08 /11 /novembre /2008 15:21

Le NON de gauche au capitalisme et à l’Europe libérale

 

Le 23 octobre, Jean-Luc Mélenchon était venu à Laval pour témoigner en faveur de Hervé Eon* lors du procès pour offense au chef de l’Etat (voir Jean-Luc Mélenchon à Laval pour soutenir Hervé Eon au tribunal - 23 octobre 2008).

 

Le soir, il participait à une réunion publique organisée par l’association Pour la République sociale (PRS 53) dont il est le président. En attendant le début de cette réunion, il m’avait confié son désaccord avec la stratégie de Jean-Pierre Chevènement, qui consiste à vouloir refonder la gauche dans un grand parti de toute la gauche.

Selon lui, c’est impossible, car le PS est trop engagé sur une ligne libérale proeuropéenne. La seule solution est de créer un nouveau parti, à la gauche du PS, comme Die Linke en Allemagne, à la gauche du SPD. Le président de PRS ne pouvait plus rester au PS. Il restait quelques détails à mettre au point. Sa démission, qui était dans les tuyaux, serait prise dans les 15 jours …

 

Donc, sa décision de quitter le PS n’est en rien une surprise (voir Le Monde, 7 novembre : Mélenchon claque la porte du PS et crée une "nouvelle force"). Elle a été annoncée le lendemain du vote des adhérents du PS sur les motions, alors que la motion Hamon, dont il était signataire, avait obtenu un succès incontestable (près de 19%, au-dessus des 15% prévus).

 

Luc Mandret, dans Marianne, croit savoir que les vraies raisons de son départ ne sont pas celles qu’il invoque. Voir Marianne, 7 novembre : Mélenchon quitte le PS. Pourquoi ?

 

Et, toujours dans Marianne, ce 8 novembre, Gérald Andrieu apporte des précisions : Mélenchon crée le parti du ça-suffit-comme-ça ! Un communiqué est diffusé sur son blog Ça suffit comme ça !

 

En Mayenne, les responsables de PRS 53 ont emboîté le pas de leur président national. Voici le communiqué signé Manuel Doumeau, Morgan Legay, Monique Doumeau et Hervé Eon.

Répondant à l’appel de Jean-Luc Mélenchon (Sénateur) et Marc Dolez (Député)  qui, prenant acte des résultats du vote des motions du 6 novembre 2008, ont décidé de quitter le Parti Socialiste et de prendre l’initiative de la création d’un nouveau parti à gauche « pour porter publiquement notre conception du combat républicain et socialiste, sans concession face à la droite, au capitalisme et leur irresponsabilité destructrice contre la société humaine et l’écosystème », les animateurs et signataires mayennais de la motion C « un monde d’avance » décident, eux aussi, de quitter le Parti Socialiste et de rejoindre cette nouvelle force.

En Mayenne également, les motions issues de la majorité sortante regroupent plus de 80% des votes. C’est la validation d’une  ligne politique faite de l’acceptation de la construction libérale de l’Europe, de l’alliance à droite, de l’aménagement du capitalisme... dont nous ne saurions être porteurs.

C’est pourquoi, nous invitons, tous les mayennais qui sont convaincus de la nécessité d’un nouveau projet politique socialiste, laïque, républicain et alternatif à nous rejoindre et participer à  la constitution d’un front de forces de gauche pour les élections européennes.

Sur le site de PRS, mouvement politique d’éducation populaire, on a des explications concernant la crise : Crise d'en haut, crise d'en bas.

 

 

 

Le 23 octobre, dans la salle de l’Auditorium de Laval, le sénateur de l’Essonne avait décrit le système capitaliste comme étant un système instable, en proie à des crises à répétition (krach boursier, effondrement des banques). On en compte 16, en général des crises de surproduction, dont certaines ont débouché sur des guerres mondiales. Ce système est fondé sur la loi du plus fort, par assujettissement du travail d’autrui, socialisation de la production et privatisation des résultats.

 

L’accumulation du capital impose la conquête de nouveaux marchés ; l’impérialisme induit le contrôle de nouveaux territoires. Jean Jaurès a dit « le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ». Les pays qui s’en sortent se protègent du libre-échange généralisé en organisant les échanges et en édictant des normes.

 

Jean-Luc Mélenchon a conclu en rappelant ses orientations fondamentales : il est de gauche, républicain et se situe dans une perspective de participation au gouvernement.

 

* Jugement du 6 novembre : voir Rue89 « Casse-toi pov'con » : 30 euros avec sursis pour Hervé Eon et Le Monde Trente euros d'amende avec sursis pour un "Casse-toi pov' con".

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7 novembre 2008 5 07 /11 /novembre /2008 20:49

Une ligne nouvelle va s’imposer au congrès

 

Les adhérents du PS ont rendu leur verdict le 6 novembre. La direction sortante ne sera pas reconduite. Bertrand Delanoë ne sera pas candidat à la succession de François Hollande. Il était pourtant le favori des sondages, mais c’était un montage pour le mettre en valeur. Cela ne correspondait pas à la réalité, les militants ayant conscience de la nécessité de relancer leur parti et la gauche sur des bases nouvelles, à la fois plus offensives vis-à-vis du pouvoir et plus crédibles en ce qui concerne le contenu du projet alternatif à proposer aux français.

 

Les trois prétendants à la relève dirigeante (Ségolène Royal, Martine Aubry et Benoît Hamon) ont gagné le droit de participer au tour de table qui va désigner la coalition qui sera majoritaire au congrès de Reims les 15 et 16 novembre, ainsi que le candidat à la succession de François Hollande, ce choix devant être ratifié par les adhérents, le 20 novembre.

 

Bien sûr, ce matin, sur France Inter, l’ancienne candidate à l’élection présidentielle a affirmé qu’elle allait consulter tous ses collègues, responsables de motion, le maire de Paris inclus. Mais ce congrès n’a rien à voir avec les précédents. Il ressemble beaucoup au congrès fondateur d’Epinay-sur-Seine, en 1971, et va se conclure par une nouvelle majorité et une minorité.

 

Ce qui reste en suspens, c’est la configuration de la majorité qui sortira de Reims. La réalité impose aux trois prétendants de trouver un terrain d’entente entre eux, qu’il s’agisse de la ligne politique et du pilote.

 

Pour bien comprendre ce qui se passe, il faut avoir lu les épisodes précédents (voir PS : Benoît Hamon plaide en faveur d'un nouveau réalisme de gauche - 29 octobre 2008).

 

Les résultats du vote des adhérents sont présentés et commentés par la presse (voir Le Monde, ce 7 novembre "Royal n'aura pas les mains libres" et les réponses de Jean-Louis Bianco, dans Libération : Bianco: «Aubry et Hamon représentent le renouveau, Delanoë moins»).


Rue89 avait donné la parole à chaque motion avant les votes. Voici les entretiens réalisés avec Delphine Batho (Ségolène Royal), Martine Aubry et Benoît Hamon.

 

Batho : « Le PS doit discuter avec Besancenot et Bayrou »

Martine Aubry : « Les 35 heures n'étaient qu'une étape »

Benoît Hamon : « Les problèmes sont devant Besancenot »  

Cet article est le 73ème paru sur ce blog dans la catégorie Gauche France 2007-08

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6 novembre 2008 4 06 /11 /novembre /2008 23:03

Les femmes et les jeunes ont fait la différence

 

Le parti démocrate tient sa revanche. Il avait échoué de peu en 2000 et en 2004. Cette fois-ci, c’est une grande victoire d’un candidat exceptionnel, atypique, qui a bénéficié du rejet, sans précédent, du régime néo-fascisant du président sortant et de son entourage, le pire de l’histoire des Etats-Unis d’Amérique.

 

Le vote doit être analysé Etat par Etat (voir Marianne, 5 novembre 2008, La carte électorale qui va changer le monde). Je renvoie à l’article précédent (sur ce blog) qui, avant de traiter de politique agricole, apportait des éclairages sur ce vote historique du 4 novembre 2008 : B Obama élu, la politique agricole des USA restera interventionniste - 5 novembre 2008.

 

La personnalité du nouveau président est rappelée dans cet article de Libération, ce 6 novembre Obama, rassembleur en chef.

 

Poids des femmes, des jeunes, du vote racial, de l'économie… Comment expliquer la large victoire du candidat démocrate ? Rue89, hier, sous la signature de Zineb Dryef, proposait un article répondant à cette question Qui a vraiment fait gagner Barack Obama ?  

 

Sur son site, hier, Georges Sarre, adjoint MRC au maire de Paris, tempérait son enthousiasme par une certaine circonspection Victoire de Barack OBAMA : espoir et prudence.

J’en arrive à un élément qui a compté dans l’ascension ultrarapide de Barack Obama : la personnalité de son épouse, Michelle. Dans un article du Monde, daté du 6 novembre, Corine Lesnes décrit son parcours, son tempérament, l’influence qu’elle a eue sur son mari pour le ramener aux réalités de la société américaine. En voici des extraits.

Barack Obama était sans attaches. Il avait pour références les horizons lointains d'Hawaï et de l'Indonésie. Il n'avait pas connu la génération qui a lutté contre la ségrégation. Michelle lui a apporté des racines solides, dans le South Side. "Depuis Oscar de Priest, il n'y a pas meilleur tremplin pour une carrière politique", explique l'historien Edward Frantz, en faisant référence au premier Africain-Américain d'un Etat du Nord à avoir été élu au Congrès en 1928. Michelle lui a donné une famille, et aussi un clan (…).

Michelle Obama se trouve désormais investie d'un rôle historique dans la société américaine. "Pour une fois, on a une perspective de l'intérieur d'une famille africaine-américaine qui va à l'encontre des stéréotypes : une famille très disciplinée, où les enfants ont la priorité, où l'on prend l'éducation au sérieux", dit le professeur de Los Angeles (…).

Thierry Portes, dans Le Figaro, ce 6 novembre (Voir Michelle, la First Lady noire), montre l’apport de Michelle Obama sur l’électorat féminin et l’image positive que dégage ce couple, dans lequel la femme est à égalité avec l’homme.

Cet article est le 2ème paru sur ce blog dans la catégorie Amérique du Nord.

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