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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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29 janvier 2013 2 29 /01 /janvier /2013 00:01

Selon Gaël Giraud, la réforme n’est pas convaincante

 

Le ministre de l’économie et des finances, Pierre Moscovici, a présenté au Conseil des ministres du 19 décembre 2012 un projet de loi de séparation et de régulation des activités bancaires.

 

Le projet de loi tire les leçons de la crise financière en séparant les activités des banques pour limiter les risques pour les déposants. En effet la crise a montré les risques très élevés que présentent les opérations que les banques mènent sur les marchés financiers pour leur propre compte et pour leur seul profit, en mettant en risque les dépôts de leurs clients. Le projet de loi prévoit de cantonner ces activités dans une filiale séparée pour protéger la banque en cas de problème. A l’inverse, resteront dans la banque les activités utiles au financement de l’économie, et notamment des entreprises, qui peuvent légitimement s’appuyer sur les dépôts des clients. Le projet traduit ainsi dans les faits l’engagement du Président de la République d’une séparation des « activités des banques qui sont utiles à l’investissement et à l’emploi, de leurs opérations spéculatives ». Le projet de loi répond également au constat que les Etats ont été trop souvent contraints de voler au secours des banques pour sauver les dépôts de leurs clients et éviter la contagion et la matérialisation d’un risque systémique. Une banque prend des risques excessifs, lorsqu’elle se croit à l’abri de la faillite grâce à l’intervention de l’Etat (…).

 

Voir sur le portail du gouvernement Séparation et régulation des activités bancaires le projet de loi de séparation et de régulation des activités bancaires.

Il est prévu que ce projet de loi soit présenté en séance publique à l’Assemblée nationale les 12, 13 et 14 février 2013.

 

François Hollande, discours du Bourget il y a un an

 

Sur le site de L’Expansion, un an après le discours du Bourget du candidat François Hollande, le ton était au persiflage. Le 22 janvier 2012, lors du discours du Bourget, François Hollande déclarait la guerre à la finance, qu'il voulait résolument au service de l'économie. Mais après un an de lobbying acharné, les banques n'ont plus grand-chose à craindre du chef de l'Etat.

Voir Guerre à la finance: le bilan de Hollande, un an après Le Bourget

 

Un spécialiste de la régulation financière critique sévèrement le projet

 

Les critiques les plus fortes viennent de Gaël Giraud (CNRS, Ecole d’économie de Paris, REFI Régulation financière), dont l’étude est résumée ainsi : On montre qu'il est nécessaire de scinder les activités bancaires pour au moins 5 motifs distincts, répondant à 5 problèmes majeurs qui affectent aujourd'hui l'activité bancaire et pénalisent l'économie française. On rappelle les différentes manières de scinder déjà envisagées (Volcker, Vickers, Liikanen, Glas Steagall Act), et on les compare au projet de loi actuel. L'examen de celui-ci révèle que, dans son état actuel, il ne résout aucun des 5 problèmes mentionnés, et s'avère même cumuler toutes les faiblesses des projets antérieurs sans hériter d'aucune de leur qualité. La note se termine par l'examen des objections formulées par le secteur bancaire à une scission effective, et conclut qu'aucune de ces objections ne légitime un refus de scinder les activités bancaires.

  

Voir Réforme bancaire : le ton monte-t-il ? (Arrêt sur images, Anne-Sophie Jacques, 21 janvier 2013)

 

A quelques jours de la discussion du projet de loi de réforme bancaire devant l’Assemblée, les voix critiques se font plus fortes, et certaines finissent par inquiéter Bercy, assure ce matin, dans sa chronique, le journaliste de France Inter Philippe Lefébure.

Bercy et les banques sont-elles fébriles depuis la diffusion d’un rapport qui assassine la future réforme bancaire ? Philippe Lefébure racontait ce matin l'histoire d'un petit grain de sable appelé Gaël Giraud. Jésuite, économiste, chercheur au CNRS et à l’Ecole d’économie de Paris, il est l’auteur d’une trentaine de pages torpillant le projet de loi de séparation et de régulation des activités bancaires souhaité par le gouvernement. Selon Lefébure, ce rapport, qui circule à l’Assemblée nationale avec un certain succès, mettrait l’accent sur "cinq dangers, parmi les lesquels les conflits d'intérêt, la menace sur les dépôts ou encore l'extension de la garantie de l'Etat, qui font qu'au final, ce sont les contribuables qui assurent les risques pris par les banques". Puis Giraud étudie le projet de réforme et le compare aux modèles étrangers (Volcker, Vickers, Liikanen et Glass-Steagall Act, modèles épluchés par l’éconaute dans cet article).

Verdict : la réforme cumule "toutes les faiblesses des modèles étrangers sans hériter d’aucune de leurs qualités". En effet, pour mémoire, la réforme envisagée exige que les banques créent d’ici juillet 2015 des filiales regroupant les activités de spéculation pour leur propre compte, tout en considérant que pourront rester au sein des établissements des activités spéculatives considérées comme "utiles" à l’économie réelle. Lesquelles ? On n’en sait rien.

Comme nous le racontions ici, les voix ne manquent pas pour juger cette réforme "cosmétique", et celle de Giraud tente de donner le coup de grâce. Histoire de se faire entendre, l’économiste a donc organisé une rencontre ce lundi matin à la Sorbonne autour de la question "le projet de loi de séparation sépare-t-il vraiment ?" A ses côtés, il avait convié Thierry Philipponnat de l’ONG Finance watch (longuement interrogé par l'éconaute), Olivier Berruyer, auteur du site les-crises.fr, et Michel Rocard, grand supporteur d’une séparation claire et nette des banques. Si l’ancien premier ministre ne s’est finalement pas rendu à cette matinée, le ministre de l’économie, Pierre Moscovici a, lui, envoyé son conseiller Thomas Philippon pour soutenir le projet de réforme. De la même façon, la direction du Trésor, mise en cause également par Giraud, a dépêché un représentant, en l’occurrence Hervé de Villeroché. Dans son rapport en effet, Giraud s’étonnait que ladite direction "ait formulé une proposition qui reviendrait, dans beaucoup de cas, à exiger simplement la reconduction du statu quo". En gros : ministère et administration sont tous les deux coupables d’une réforme qui ne réformera rien (…).

Les banques s’inquiètent d’un possible durcissement du texte
Réforme bancaire : les hedge funds dans le viseur (Le Figaro, Isabelle Chaperon, 20 janvier 2013)

Les banques françaises craignent que le Parlement ne veuille attaquer un symbole fort en leur interdisant de travailler avec les fonds alternatifs. La place de Paris est en émoi. Alors que le projet de loi visant à isoler les activités spéculatives des banques, dévoilé en décembre par le ministre des Finances Pierre Moscovici, avait été jugé équilibré par les grands établissements, les voilà de nouveau sur le pied de guerre. BNP Paribas, Société générale et autres Crédit agricole craignent, en effet, que le Parlement, sous l'impulsion de Karine Berger, la députée des Hautes-Alpes, rapporteuse du projet de loi, ne durcisse considérablement le texte.

 

Karine Berger est dans les starting-blocks. La députée (PS) des Hautes-Alpes a été officiellement nommée, mercredi 23 janvier, rapporteure du projet de loi de séparation et de régulation bancaire, dont l'examen débutera à l'Assemblée nationale le 12 février (Le Monde, 24 janvier 2013).

 

L’Europe commence à bouger 

 

La BCE accepte de séparer les activités bancaires à risque (Les Echos, 28 janvier 2013)

 

La BCE « voit un intérêt » à séparer certaines activités de trading très risquées des banques de leurs activités principales mais elle ne va pas jusqu’à apporter son soutien à une scission entre les activités de dépôt et la banque d’investissement (…).

 

Cet article est le 114ème paru sur ce blog dans la catégorie Travail Economie

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28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 17:46

Une analyse acerbe de la politique de l’emploi sous Sarkozy

 

Le rapport de la Cour des comptes sur le marché du travail, publié le 22 janvier 2013, a été commenté, principalement sur la question de l’indemnisation du chômage. Exemple : L’Express L’Expansion, le 22 janvier (Emilie Lévêque) : La France est-elle trop généreuse avec ses chômeurs?

Dans un rapport sur les politiques de l'emploi publié ce mardi, la Cour des comptes s'inquiète de l'avenir de l'assurance chômage qui cumule un déficit de 18 milliards d'euros. Elle met en cause des règles d'indemnisation particulièrement généreuses. Explications.

 

Mais les autres points du rapport ont été passés sous silence. Pourquoi ? Sans doute parce qu’ils mettent durement en cause la politique de la majorité précédente en matière d’emploi.

Voir Marché du travail : face à un chômage élevé, mieux cibler les politiques.

Un dualisme du marché du travail aggravé par la crise
Un financement de l’indemnisation du chômage difficilement soutenable
Des dispositifs peu efficaces face à la hausse du chômage
Des politiques pas assez ciblées sur les publics en difficulté
Une gouvernance publique et paritaire complexe et insuffisamment coordonnée
Conclusion
Les recommandations de la Cour

 

Michel Abhervé, qui est professeur associé à l'université de Paris Est à Marne-la-Vallée, a écrit, le 22 janvier, un bon article à ce sujet sur son blog « Alternatives économiques ».

 

Rapport de la Cour des Comptes : une analyse acerbe du quinquennat précédent

 

Si les médias ont retenu du rapportMarché du travail : face à un chômage élevé, mieux cibler les politiques” que vient de publier la Cour des comptes la mise en cause du système d’indemnisation, il est de nombreux autres points de ce rapport qui méritent attention.

 

Son calendrier de parution en fait, de fait, un document synthétique sur la façon dont dans le précédent quinquennat la politique de l’emploi a été conduite durant la crise. Nous avons la faiblesse de le trouver, avec une démarche tout autre, complémentaire de l’analyse que nous avons publiée en avril 2012 (voir Bilan du quinquennat en matière d’emploi : dernière parution autorisée avant le premier tour et Tentative de bilan de l’action Xavier Bertrand, Ministre du Travail et de l’Emploi : un coupable défaut de diagnostic)

 

Il est en particulier mis en évidence l’accroissement de la division du salariat en deux mondes de plus en plus éloignés dans un “dualisme particulièrement fort : à côté de l’emploi stable en contrats à durée indéterminé, en particulier dans les grandes entreprises, s’est développé un emploi plus ou moins précaire prenant des formes intermittentes et saisonnières.

 

Ce dualisme est associé à la qualification, les emplois précaires étant moins qualifiés, et au cycle de la vie active, l’entrée dans celle-ci étant souvent amorcée dans la précarité. Or, en France, les jeunes et les titulaires de contrats courts ont été particulièrement touchés par les effets de la crise.” ce qui “les personnes les plus fragiles sur le marché du travail (titulaires de contrat à durée déterminée, intérimaires et jeunes) ont également été les premières victimes de la dégradation du contexte économique.”

 

De même ce rapport met en évidence l’usage réduit et peu efficient du recours au chômage partiel, dont l’usage dans de nombreux pays, en particulier l’Allemagne, a joué un rôle déterminant au plus fort de la crise pour réduire le nombre de ruptures de contrats de travail, ce qui est résumé ainsi “Quatre années après l’éclatement de la crise, le dispositif français de chômage partiel n’a pas trouvé son équilibre, les freins à son utilisation subsistent. La lenteur dans l’adaptation du dispositif met en évidence l’inertie d’une réglementation dont la complexité fait pourtant l’objet d’un diagnostic partagé par l’ensemble des acteurs. Cette faible réactivité est d’autant plus dommageable quand elle entrave l’efficacité d’un dispositif qui a pourtant fait ses preuves à l’étranger et dont l’essentiel des effets est concentré sur l’industrie.”

 

Puis ce rapport effectue un nouveau diagnostic du système de formation professionnelle, parfaitement en phase avec les très nombreux diagnostics précédents, ce que résume cette phrase “la formation professionnelle continue bénéficie plus aux salariés les mieux formés, alors même que les moins qualifiés font face au risque de chômage le plus élevé

 

Il met même en évidence que la pratique de ces dix dernières années a accentuée cette tendance au détriment des demandeurs d’emploialors que la formation des demandeurs d’emploi est affichée de longue date comme une priorité par l’ensemble des acteurs intéressés, on ne peut que souligner que sa part dans les dépenses totales de formation professionnelle a reculé depuis le début des années 2000, les sommes correspondantes étant restées quasiment stables en valeur absolue entre 2001 et 2009“aboutissant à ce constat désespérant “ le taux d’accès des chômeurs (au sens du bureau international du travail) à la formation serait inférieur d’environ un tiers à celui des actifs occupés“. Nous avons pourtant eu les oreilles rebattues, en particulier par Laurent Wauquiez, par la réforme de la formation professionnelle !

 

Ce rapport met aussi en évidence la dérive des contrats aidés, en particulier des contrats aidés du secteur non marchand qui n’ont pas, contrairement à l’objectif qui les légitime, été centrés sur les publics les plus éloignés de l’emploi “à partir de 2008, l’objectif quantitatif a pris le pas sur l’objectif qualitatif dans la régulation des admissions en contrats aidés …les contrats ont relativement moins bénéficié aux demandeurs d’emploi les plus éloignés du marché du travail en période de dégradation de la conjoncture“

 

Enfin le rapport met une nouvelle fois en évidence la complexité des institutions, l’absence de rationalisation d’un dispositif qui s’est complexifié tout au long du quinquennat, comme en témoigne par exemple la création des superfétatoires Comité National de l’Emploi et Comités Régionaux de l’Emploi

 

Un certain nombre de recommandations formulées par la Cour des comptes sont d’ores et déjà concrétisées ou en cours de concrétisation. Nous citerons en particulier les choix du gouvernement de centrer les emplois d’avenir sur les jeunes les plus éloignés de l’emploi, et non sur ceux qui pourraient avoir accès à d’autres dispositifs, et la décision des partenaires sociaux d’augmenter la contribution des employeurs à l’assurance chômage pour les CDD les plus courts (même si on peut regretter que contrairement à ce que suggère la Cour, l’intérim ne soit pas concerné)

 

Un rapport qui mérite une lecture attentive, au delà de ce que les médias annoncent.

 

Cet article est le 113ème paru sur ce blog dans la catégorie Travail Economie

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27 janvier 2013 7 27 /01 /janvier /2013 19:55

Un SIEG pour maintenir l’accession sociale à la propriété ?

 

Le Crédit Immobilier de France (CIF, 2 500 salariés) traverse une période de turbulences depuis que les agences de notation ont mis sous surveillance négative cet établissement financier qui a besoin de la clémence des marchés de capitaux pour assurer le financement de ses prêts. Ayant été contraint d’obtenir la garantie de l’Etat depuis le 31 août 2012, il subit les conditions imposées par la tutelle, notamment un projet de restructuration très périlleux en termes d’emplois.

 

Le Collectif "Pour un Pôle public financier au service des droits" apporte son soutien au personnel du CIF mobilisé pour la défense de la pérennité de l'établissement et la défense de l'emploi dans le cadre de sa mission au service de l'intérêt général. Il s’agit de défendre le financement de l'accession sociale à la propriété au service de la clientèle modeste à partir des compétences reconnues du personnel du CIF.

Rappel :

Crédit Immobilier de France : pas de survie, les salariés en partie repris - 5 déc. 2012 

Crédit Immobilier de France : les syndicats pour une nouvelle structure - 3 nov. 2012

Les consommateurs appellent à sauver le Crédit Immobilier de France - 27 oct. 2012

 

Une mauvaise nouvelle est arrivée par le canal du quotidien Le Monde (Anne Michel), le 22 janvier 2013. Voir Le Crédit immobilier de France est sous la menace d'une liquidation.

Le Crédit Immobilier de France, ce groupe financier en difficultés placé sous perfusion de l'Etat depuis le 31 août 2012, plonge à nouveau dans la tourmente. L'Autorité de contrôle prudentiel (ACP) envisage de désigner un administrateur provisoire à la tête du CIF, si le protocole d'accord préparé par l'Etat, en contrepartie de sa garantie sur les opérations de refinancement du groupe, n'est pas entériné par l'Assemblée générale de CIF Développement (l'organe central), convoquée jeudi 24 janvier. Une telle décision de l'autorité de tutelle des banques entraînerait la liquidation de ce groupe de 2 500 salariés à vocation sociale.

 

Ceremonie-11-novembre-2012-StBerthevin-002-T.jpgLe quotidien Les Echos, le 26 janvier, surprenait par ce titre Crédit Immobilier de France : Yannick Borde nommé PDG.

Le conseil d'administration a désigné ce matin Yannick Borde, proche des actionnaires, comme nouveau président. Patrick Morlat, le numéro 2 du CIF, est nommé directeur général. Les salariés redoutent la casse sociale.

Photo : Yannick Borde, en tant que maire de Saint-Berthevin, le 11 novembre 2012, lors de la cérémonie au monument aux morts. 

 

D’autres précisions étaient apportées par cet article de La Tribune, 26 janvier : Un nouveau président pour le Crédit immobilier de France

Le conseil d'administration du CIF réuni aujourd'hui a décidé de nommer un homme du sérail de la banque à la présidence. Le message est clair : la banque souhaite reprendre le pouvoir et régler ses problèmes en interne. Comment va réagir l'Etat qui apporte pourtant sa garantie ? Ce nouvel épisode à rebondissements retarde d'autant l'émergence d'une solution pérenne pour les 2.500 salariés du groupe.

Les actionnaires historiques du Crédit immobilier de France reprennent le pouvoir au sein de l'entreprise en difficultés. Comme en témoigne la nomination cet après-midi du président des 56 Sacicap propriétaires du Crédit immobilier de France, Yannick Borde, lequel avait déjà succédé à Claude Sadoun à ce poste en octobre dernier. En mettant cet homme du sérail à la place de Michel Bouvard, nommé par l'Elysée à la fin de l'année dernière pour gérer la situation de crise, le conseil d'administration du CIF envoie un message clair : après l'éviction du nouveau patron décidée jeudi par les actionnaire de la banque réunie en assemblée générale, place à une solution concoctée en interne et par les propriétaires de l'établissement. Une sorte de camouflet donc pour l'Etat, même si les mêmes actionnaires du CIF ont accepté le processus de garantie offert par Bercy. Une partie de bras de fer semble en effet s'installer entre ces deux parties prenantes. Et ce, autour d'un sujet certes crucial : les Sacicap ne veulent pas qu'en échange de la garantie offerte par l'Etat, celui-ci ne mette la main sur 2,5 milliards de boni logés au sein du CIF (…).

 

Le sénateur écologiste (EELV), Jean Desessard, a publié ce communiqué le 25 janvier dans lequel il insiste sur la possibilité d’une solution alternative, innovante, celle de la mise à l’étude par le gouvernement d’un Service d’intérêt économique général (SIEG) de droit communautaire (européen) afin de financer l’accession sociale à la propriété.

Crédit Immobilier de France : pour maintenir l’accession sociale à la propriété, création d’un Service d’Intérêt Economique Général

 

Coup de théâtre hier : l’assemblée générale des SACICAP, actionnaires du CIF, réunie en session extraordinaire, a pris acte du protocole temporaire portant sur la garantie d’Etat et devant être notifié à la Commission Européenne, mais elle a assorti cette adoption par un vote à l’unanimité, de réserves et d’observations visant à engager la recherche de solutions alternatives à la mise en extinction.

 

Cette prise de position fait écho aux objectifs des écologistes. Cela s’accorde avec l’amendement introduit par les députés écologistes à la loi de finances 2013 demandant « dans un délai de trois mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement présente au Parlement un rapport sur les résultats de l’examen de la situation du Crédit immobilier de France. » « Contrecarrant » l’exposé des motifs portant mise en extinction, il invite à mettre à profit la période pour l’étude de toutes les alternatives d’ici le mois de mars.

 

Le commissaire à la concurrence, Joaquin Almunia, lui-même avait indiqué 21 décembre dernier, en réponse à une question à la députée européenne Karima Delli, n’avoir jamais demandé la mise en extinction : « La Commission n'a posé aucune condition de cessation d'activité du Crédit immobilier de France ». Il précise n’avoir pas été saisi et ajoute que « La Commission n'est pas davantage en mesure d'examiner à ce stade des options alternatives à un éventuel projet de cessation d'activité du CIF dont elle n'est pas à l'origine. »

 

Aujourd’hui rien ne devrait s’opposer au basculement en Service d’Intérêt Economique Général (SIEG) de financement de l'accession sociale à la propriété. Les missions d’intérêt général imparties à ce SIEG seraient justifiées par une défaillance du marché de l'offre bancaire commerciale, et notamment, l’exclusion de ménages spécifiques (jeunes, revenus précaires, absence d'apport personnel, personnes âgées, malades...). A savoir, l'Ecosse et l'Irlande ont déjà notifié à la Commission ce type de SIEG et la Commission les a validés.

 

Toutes les conditions pour l’élaboration d’un SIEG sont donc réunies. Il reste à construire cette nouvelle structure autour des objectifs suivants :

• allier les missions sociales et les prêts d’accession à la propriété pour des personnes qui n’ayant pas ou peu d’apport personnel ne trouvent pas de solutions auprès des banques commerciales

• maintenir le savoir-­faire des salariés du groupe CIF dans l’accompagnement de ces personnes

• respecter les valeurs et principes de l’économie sociale et solidaire : mode de gouvernance démocratique, non lucrativité ou lucrativité limitée, utilité sociale et ancrage territorial

 

Les écologistes au Sénat demandent au gouvernement l’étude d’un tel SIEG au service de l’accession sociale à la propriété, à l’instar des exemples écossais et irlandais.

 

Cet article est le 32ème sur ce blog dans la catégorie Le logement

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26 janvier 2013 6 26 /01 /janvier /2013 23:30

L’Europe à contre sens de ce qui se fait ailleurs dans le monde

 

André Pflimlin était invité le 15 janvier à Laval au meeting électoral de la Confédération paysanne (voir Confédération paysanne : un meeting en Mayenne avec Gérard Durand - 16 janvier 2013).

Il était chargé de présenter le tableau de la production laitière en Europe. Retraité de l’Institut de l’élevage, il est l’auteur du livre « Europe laitière » (Editions France Agricole, novembre 2010).

Voir André Pflimlin présente trois avenirs possibles pour l'Europe laitière- 30 juillet 2012.

 

Voir aussi André Pflimlin, expert pour l'EMB, en Bretagne sur la politique laitière - 16 janvier 2012 

Dans son livre, Europe laitière, André Pflimlin condamne le libéralisme - 6 mars 2012

 

L’hebdomadaire d’informations générales et agricoles, L'AVENIR AGRICOLE, dans son édition du 18 janvier 2013, sous la signature de Rémi Hagel, a rendu compte d’une partie de son intervention, sous le titre « L’interdiction de labour des prairies permanentes est suicidaire* ».

 

* Ce titre a été rejeté par André Pflimlin. Il conteste le terme « suicidaire » qu’il affirme ne pas avoir utilisé à ce moment de son intervention. Il tient à préciser qu’il est clairement pour les systèmes herbagers et, donc, pour le maintien du maximum de prairies, avec des mesures incitatives fortes (par exemple, 200 euros par hectare de plus pour les prairies par rapport aux hectares de culture), à l’opposé du projet PAC actuel qui est punitif pour les plus vertueux.

Il pense avoir utilisé le qualificatif « suicidaire » à propos de la politique laitière menée par la Commission européenne et de son mini paquet lait, rustine dérisoire face au marché laitier mondial et aux politiques inverses, de protection de leur marché laitier, menées par la plupart des grands pays du monde (USA, Canada, Japon, Inde, Chine, Corée…).

 

Voici le texte de l’article de L’avenir agricole.

 

André Pflimlin a passé sa carrière à l’Institut de l’Elevage. « On y a un certain devoir de réserve. J’ai attendu la fin de mon activité professionnelle pour évoquer mon analyse dans un livre ».

Sur ce qui s’annonce pour la PAC 2014. « Il y a peu d’espoir, on en attend peu de changements. Le contexte mondial a énormément bougé, avec l’énergie plus chère, le dérèglement climatique. Et la PAC continue de faire comme si rien ne s’était passé ».

Son inquiétude porte surtout sur les systèmes herbagers. « Limiter le couplage maximum à 10 % va représenter une contrainte forte pour les élevages allaitants ». Mais ce qui le choque le plus, c’est l’obligation de non labour des prairies permanentes. « C’est injuste et contre-productif ». Injuste parce que « cela pénalise ceux qui ont beaucoup d’herbe ». Ceux qui ont déjà retourné leurs prairies se retrouvent à l’abri. Et « c’est une mesure inefficace parce que la prairie conservée n’est intéressante pour l’environnement que si elle est bien localisée. Là, cela revient à une jachère imposée et non indemnisée. C’est suicidaire, c’est un non-sens ».

Il subsiste une infime chance : « Pendant quelques mois, on peut encore apporter des modifications ». Il propose de « rémunérer les biens publics associés aux prairies ». Quant à la dépendance vis-à-vis du soja, « il est scandaleux qu’il n’y ait pas une ligne dessus dans la prochaine PAC ».

 

Espoir déçu

Mais le passé récent laisse peu d’espoir. « Avec le traité de Lisbonne qui renforçait le pouvoir du Parlement, j’étais optimiste. Mais sur le paquet Lait, même s’il y a eu des discussions, le Parti socialiste européen a voté sans réserve ». Pourtant, selon lui, « le paquet Lait (avec la fin des quotas) reste dans une logique libérale. On est en train de vivre pour le lait ce qu’on a connu pour le porc. Après 2015, le marché régulera. Ce sont les éleveurs qui ajusteront… En disparaissant ».

 

Conf-paysanne-Laval-150113-005-T.jpgAndré Pflimlin, l’homme de l’est de la France (sud Alsace), aime le 4 puisqu’il est resté jusqu’à l’âge de 16 ans (4X4) sur la ferme de ses parents (4 enfants, 4 vaches laitières, 4 hectares de prairies…). Ensuite, il parle de ses 40 ans d’activité professionnelle.

A propos de prairies et de l’Institut de l’Elevage, qui l’a employé, il a souligné qu’il avait travaillé à Rennes en relation avec le spécialiste breton de la prairie à base de graminées et de trèfle blanc, André Pochon, et qu’il avait beaucoup voyagé pendant les dix dernières années de carrière afin de cerner au mieux les systèmes laitiers en Europe et en Amérique du nord.

 

Il a décrit les systèmes laitiers, très différents, de 4 pays : le Danemark, l’Irlande, l’Allemagne et la Roumanie, avant d’évoquer ceux du Canada, des USA et de Suisse.

 

Au Danemark, comparable dans ses dimensions à la Bretagne, l’agriculture est dominée par les productions porcine et laitière, les deux étant liées. La transmission des exploitations se fait par rachat aux parents à un prix qui doit être égal ou supérieur à 80 % de la valeur du marché et avec des financements hypothécaires (prêts à vie).

A noter que le prix du foncier a augmenté jusqu’en 2007-2008. Avec ce système de transmission, les producteurs de lait sont endettés en moyenne à un niveau extravagant (20 000 euros par vache laitière).

Le Danemark est entré dans la Communauté économique européenne en 1973, en même temps que le Royaume-Uni. C’est un petit pays dynamique. Il n’a pas cru dans les quotas laitiers, mis en place en 1984, et s’est préparé à leur suppression. Une coopérative laitière, ARLA Food, collecte la quasi-totalité du lait du Danemark et une grande partie du lait de Suède, d’Allemagne et aussi du Royaume-Uni.

Au Danemark, il y a un syndicat unique d’agriculteurs, qui contrôle toute l’agriculture (coopérative, recherche…). C’est un système très organisé, efficace techniquement. Les danois ne cherchent pas à se distinguer par rapport à la règle. Depuis la crise, en 2008, ils continuent de soutenir le système et les banques (Etat, banques en difficulté, exploitations laitières endettées).

 

L’Irlande (4 millions d’habitants, un million de vaches laitières) a un système qui semble beaucoup plus séduisant, basé entièrement sur l’herbe et utilisant très peu de concentrés. Les salles de traite et les laiteries sont fermées pendant un mois chaque année, les vêlages se faisant principalement en février-mars chaque année. Tout le lait est transformé en beurre et poudre de lait (modèle unique). Les vaches (de type Frison) sont petites et fécondes. Les bœufs sont nourris à l’herbe. La production de viande diminue. D’ici 2020, la production laitière devrait augmenter de 50 %.

 

L’Allemagne laitière est divisée en trois parties distinctes : le sud, le nord et l’est.

-          Le modèle bavarois, c’est un troupeau entre 20 et 40 vaches, de race mixte (lait et viande), des petites et moyennes exploitations en propriété et un complément de revenu par le tourisme.

-          Le nord est spécialisé lait avec des vaches de race Hollstein, des grands troupeaux (100 vaches) et le système fourrager maïs-herbe. La reprise après les parents se fait sans démantèlement et sans frais. Le jeune, qui a seulement une pension à verser à ses parents, n’a pas d’emprunts à rembourser, ce qui est un énorme avantage. Le complément de production de biogaz a conduit à l’augmentation du prix des terres.

-          L’est se rapproche du modèle américain, avec des troupeaux de 500 à 1 000 vaches, très productifs, gérés par des managers et des financiers. Le prix du foncier n’est pas élevé.

 

La Roumanie est le pays le plus pauvre de l’Union européenne. Le quart de la population active est agricole, vivant dans des très petites et très nombreuses fermes (un million), qui ont, en général, moins de 5 vaches laitières. Toutefois, l’évolution est rapide, distinguant les fermes de grandes cultures, en proximité du Danube, au sud, avec production de lait et de porcs d’une part, et à l’intérieur du pays (Carpathes), des régions  en voie de désertification, ne recevant pas d’aides.

 

Ainsi, l’Europe laitière est marquée par une extrême diversité. Quels modèles retenir ? Cela relève des choix politiques. La Politique agricole commune (PAC) es gouvernée par la Commission européenne. Le traité de Lisbonne, en 2008, a repris les principes inclus dans le Traité de Rome, en 1957 (sécurité alimentaire, préférence communautaire, notamment).

En 2003, la Commission a fait avaliser par les gouvernements la fin des quotas laitiers en 2015, acceptant que les prix du lait fluctuent comme ceux du porc, selon les marchés. C’est la fin de la régulation politique. Malgré les grèves du lait en Allemagne (en 2008) puis en France et en Europe (en 2009), les quotas ont été augmentés de 8 %, ce qui a  libéralisé la production.

Il n’y a pas eu de remise en cause de la décision politique de libéralisation de 2003. Même si diverses institutions européennes produisent des rapports montrant les effets négatifs de la suppression de la régulation, la Commission européenne n’en tient pas compte. Le Parlement européen a voté le « paquet lait » qui entérine la ligne libérale. Or, la maîtrise des volumes est nécessaire. La Commission reste sous l’emprise des directives de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui privilégie le libre-échange.

 

Dans tous les grands pays, ce n’est pas cette politique libérale qui s’applique.

 

Au Canada, depuis 40 ans, le prix du lait est fixé selon un dispositif décidé en commun par l’Administration et les producteurs de lait. Il n’y a pas exportation sur le marché mondial. C’est, donc, un marché interne. Le prix du lait est indexé sur les coûts de production. Les excédents ou pertes sont répercutés sur les producteurs. L’inconvénient, c’est un marché des quotas, très coûteux (2 euros le litre de lait).

 

Aux USA, le système est très organisé depuis 1934. L’aide alimentaire aux plus démunis s’ajoute aux aides aux grandes fermes. Le système est très stable. Les prix sont différents selon les marchés. La prochaine loi agricole (Farl Bill) introduira une garantie par référence à la marge sur coût alimentaire, sans limite de taille du troupeau, dans le but de sécuriser tous les revenus agricoles, les gros inclus. C’est un système de régulation pour tous. Les laiteries ne sont pas d’accord mais elles devront s’y plier.

 

En Suisse, les producteurs de lait ont subi à leurs dépens la dérégulation et la contractualisation depuis quelques années. La Chambre des députés débat du problème.

 

Cet article est le 373ème publié sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 22:50

Avec les syndicats minoritaires dans l’Office du lait

 

L’association des producteurs de lait indépendants (Apli), née en 2008-2009 de la crise européenne du lait (grèves du lait), n’est pas présente dans les élections 2013 aux Chambres d’agriculture. Toutefois, ses affinités sont réelles avec la Coordination rurale, principalement (voir Elections Chambres d'agriculture : la Coordination rurale est confiante - 24 janvier 2013) et avec la Confédération paysanne, secondairement (voir Les propositions de la Confédération paysanne pour sauver l'élevage - 18 janvier 2013).

 

L’Apli veut baisser la représentativité des syndicats majoritaires (FNSEA-JA) et faire avancer les idées de régulation de la production sans qu’il y ait besoin de subventions, dans le cadre d’un mécanisme pouvant évoluer avec les marchés et prenant en compte les coûts de production, la rémunération du travail de l’éleveur. Voici les recommandations de l’APLI nationale ASSOCIATION NATIONALE DES PRODUCTEURS DE LAIT

 

AG Apli 120911 001 TVOTEZ UTILE !!!

 

Votons pour écrire notre avenir en nous servant de notre passé

385 000 producteurs laitiers en France en 1984 ,90 000 en 2009, 30 000 en 2025 (estimation réaliste) soit 90% de disparus.

Des volumes à la hausse, des revenus à la baisse. Qui peut défendre un tel bilan !!!

Ils ont inventé le concept de TRAVAILLER PLUS POUR GAGNER MOINS, et pourtant certains d'entre eux sont devenus ministres.

Le Xème plan agricole, écrit par deux syndicats en mars 1989 stipulait qu'il fallait supprimer toutes les petites et moyennes exploitations familiales, produire à bas prix, et subventionner derrière.

Nous y sommes, rappelez-vous avril 2009 prix du lait à 21cts.

Septembre 2009 la grève du lait…..Qui a amené le changement de cap ?

Nous, APLI, associatifs et sectoriels, n’avons pas vocation à ce jour, à nous présenter aux élections chambres d'agriculture, mais nous voulons être le moteur de ce changement, la vigie du maintien d'un nouveau cap.

Nos valeurs sont fondées sur la rémunération du travail et non sur le culte de la subvention, la régulation de la production en amont des entreprises suivant les marchés et prise en compte de nos coûts de production.

Soyons tous conscients que de nos votes dépendent les orientations futures de la politique agricole.

Soyons acteurs de notre présent, bâtisseur de notre avenir. Changeons les Hommes, changeons de cap. VOTONS !!!

 

L'AVENIR AGRICOLE (édition du 25 janvier 2013) résume ainsi la position de l’APLI.

 

L’association des producteurs de lait indépendants incite les éleveurs à voter pour ces élections aux Chambres d’agriculture.

Si l’ancien président fondateur, Pascal Massol, ne voyait « aucun intérêt » dans les Chambres pour changer l’avenir de la production laitière, ses successeurs veulent, eux, endiguer les cessations d’activité. Et, selon eux, cela passe par une baisse de la représentativité de la FNSEA.

Se voulant « asyndicale », l’Apli se montre plus proche de la Coordination rurale (CR). Mais elle partage aussi des points de vue avec la Confédération paysanne.

C’est avec ces deux syndicats que l’Apli a mis en place France MilkBoard (FMB), une Organisation de producteurs (OP) transversale, « ouverte à tous », organisée par bassins laitiers. FMB Grand-Ouest et FMB Sud-Ouest ont été reconnues par décret en décembre 2012.

 

AG Office du lait Avranches 221111 029 TFrance MilkBoard

 

De son côté, Paul de Montvalon, président de l’Office du lait (voir Paul de Montvalon, paysan, président : fédérer les producteurs de lait) s’est adressé aux producteurs de lait en ces termes (extrait). Voir Notre projet - Office du lait

 

En ce début d’année 2013, mon sentiment est partagé. Je laisserai d’abord s’exprimer ma fibre d’éleveur car l’actualité du prix du lait pour le premier trimestre me désole. Alors que dans la plupart des pays européens le lait flirte avec les 400 EUR (Italie 380, Danemark 390, Allemagne 350,…), nous devons nous contenter d’augmentations dérisoires, issues de calculs savamment pensés, pour nous exploiter jusqu’au sang.

J’entends monter la colère dans la campagne et soyez assurés que si des actions de revendication se mettent en place, malgré mon statut plus consensuel de président de l’Office du Lait National, je serai le premier à monter au front. Car je suis avant tout producteur, avec les mêmes difficultés que vous rencontrez quotidiennement.

 

Cette situation est inacceptable, même si, concernant le moyen et le long terme, je dois avouer que nos idées progressent. Trop lentement sans doute, mais nous partons de tellement loin que je ne peux que me réjouir du moindre  signe d’espoir.

 

En effet, vous avez dû le remarquer, dans tous les discours, de tous bords, les clés que nous agitons depuis 2009 sont devenues monnaie courante. Tous évoquent la nécessité d’une forme de régulation, le poids des coûts de production, l’obligation d’une rémunération du travail et du capital. Même le rôle ambigu et le statut des coopératives sont parfois à l’ordre du jour. J’ose espérer que ces propos pertinents ne sont pas tenus à des fins électoralistes, mais n’ont comme seul objectif la défense du producteur et le maintien de son statut dans la filière laitière.

 

L’amorce d’optimisme dont je vous fais part, tient aussi au fait que la nouvelle équipe ministérielle semble plus attentive et plus préoccupée par notre situation, proposant des solutions plus sensées, plus proches de nos idées et surtout réceptive à tous les courants de pensée. Cela aussi nous le préconisions. C’est du débat et de la fin de la pensée unique que germera la solution.

 

L’agrément de nos deux Organisations de Producteurs transversales, France MilkBoard Sud-Ouest et France MilkBoard Grand-Ouest, est la preuve de cette ouverture. En ce début 2013, et pour ce qui concerne la construction de notre avenir, toute votre énergie doit se concentrer sur la constitution des 7 Organisations de producteurs France MilkBoard non encore agréées. Tous les documents sont disponibles au siège de l’Office du Lait National où Françoise est disponible pour tous renseignements. Mais c’est à chacun de vous de devenir l’ambassadeur de France MilkBoard, en contactant vos représentants, en démarchant vos collègues, en résistant aux pressions.

 

Soyez conscients que, même si nous n’en sommes qu’au commencement et que le plus délicat reste à faire, la négociation avec les industriels, donner mandat à France MilkBoard, reste pour vous la dernière opportunité d’éviter l’intégration, de conserver une forme de liberté, de solidarité, de pouvoir, renforcé inéluctablement par chaque nouvelle adhésion.

 

Si vous êtes coopérateur,  pour l'instant, vous ne pouvez adhérer à aucune Organisation de Producteur officielle. Mais vous pouvez rejoindre le collège producteur de l'Office du Lait National au sein duquel tous les producteurs sont traités de manière égalitaire. Soyez assuré que dans toutes nos contestations, analyses ou solutions, le cas des éleveurs coopérateurs est abordé. Comment pourrait-il en être autrement ? Comment envisager une issue, si seulement la moitié des producteurs et des industriels sont concernés ? Surtout, ne pas croire à cette logique libérale appétissante pour s’en sortir : « Je courbe le dos un temps car, quand les autres auront disparu, le prix du lait augmentera et je ferai les quantités à leur place. » Faux ! Je vais courber le dos toute ma vie et m’asservir par le travail et les investissements de la même manière qu’aujourd’hui. Aujourd’hui, où malgré la tension palpable sur les volumes produits, le prix continue de stagner.

 

Il nous faut également poursuivre notre objectif d’informer et alerter les consommateurs sur notre situation d’un autre âge, où des individus sont exploités sans rémunération, pour le profit d’une minorité. Un clip vidéo sur le sujet («  La vache et le prisonnier ») est disponible sur You tube : http://www.youtube.com/watch?v=5guMYOFphto&list=HL1358516684&feature=mh_lolz

Voir aussi le Bulletin EMB janvier en ligne (7 janvier 2013) de European Milk Board: EMB (confédération européenne d’organisations de producteurs de lait, à laquelle adhère l’APLI).

 

Cet article est le 372ème publié sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 23:48

Les paysans doivent gagner correctement leur vie

  

Les agriculteurs votent actuellement (par correspondance) pour élire leurs représentants dans les Chambres d’agriculture départementales et régionales. Les salariés de l’agriculture et les autres composantes, qui constituent les autres collèges, aussi.

Après avoir présenté Les propositions de la Confédération paysanne pour sauver l'élevage - 18 janvier 2013, voici les propositions de l’autre organisation syndicale agricole minoritaire, arrivée en 3ème position en 2007, la Coordination Rurale.

 

D’abord, une présentation des enjeux électoraux (L'AVENIR AGRICOLE, 18 janvier 2013).

 

Des ambitions proportionnelles

 

Les élections aux chambres d’agriculture ont lieu du 21 au 31 janvier 2013. Et les ambitions du couple FNSEA-JA sont claires : « Faire mieux qu’en 2007 ». Soit plus que 55,19 % en moyenne nationale. Le secrétaire général JA (Jeunes Agriculteurs), Gaël Gautier, précise même vouloir reprendre les 4 Chambres qui leur avaient échappé. Mayotte et La Réunion détenues par la Confédération paysanne (CP ou Conf’) et surtout le Lot-et-Garonne et le Calvados, détenues par la Coordination rurale (CR).

« Je ne suis pas animé de la même volonté hégémonique « , ironisait Philippe Collin, lors du débat organisé par l’association des journalistes agricoles, le 9 janvier. La Conf’ espère surtout rester le 2ème syndicat agricole français.

Et, derrière, la CR n’a jamais été si confiante pour alléger le poids de la FNSEA : « Pour la première fois, nous sommes présents dans l’ensemble des départements ». La crise du lait est passée par là, emmenant avec elle militants ou électeurs des FDSEA et JA (…).

 

La « Fédération nationale des syndicats d’exploitations agricoles » (FNSEA), alliée au syndicat « Jeunes Agriculteurs » (JA), se heurte à des listes dissidentes dans cinq départements (Yonne, Charente, Tarn-et-Garonne, Corrèze, Haute-Saône). Dans ce département (Haute-Saône), les dissidents font liste commune avec la CR et la CP. Celles-ci font alliance dans le Puy-de-Dôme et dans l’Ain.

 

En Mayenne, Olivier Chemin conduit la liste de la Coordination rurale « Changez, c’est vital »

 

Chevenement-Commer-301111-035-T.jpgOuest-France, 17 janvier 2013 : « Trois questions à Olivier Chemin », posées par Xavier Bonnardel. Selon la Coordination rurale, la survie de l’élevage laitier passe par des quotas flexibles.

 

Comment faire pour enrayer le déclin de l’élevage ?

 

Il faut des prix rémunérateurs tenant compte des coûts de production. Sinon, c’est la mort de l’élevage. Cela passe par une régulation de la production. En lait, il faut un quota flexible. Si les marchés ont besoin de lait, on augmente la production de 1 ou 2 %. C’est simple, ça ne coûte pas un sou au contribuable, puisqu’il n’y a pas de stock.

 

Comment installer davantage d’agriculteurs ?

 

Il faut faire sauter l’âge limite des 40 ans. Il n’y a pas d’âge pour devenir agriculteur. La chambre doit s’ouvrir à tous les projets. Si la banque a donné son feu vert, c’est que le projet est viable. A partir de là, la chambre doit conseiller l’agriculteur, sans l’orienter, sans lui imposer un modèle. Il faut inciter par un abattement fiscal le propriétaire à louer ses terres à un agriculteur qui s’installe plutôt que de vendre pour l’agrandissement, au plus fort la poche.

 

Comment améliorer la qualité de l’eau ?

 

La qualité de l’eau est bonne : les agriculteurs travaillent bien, respectent des plans de fumure, suivent des formations sur les produits phytosanitaires, traitent à micro-doses… Les mises aux normes sont faites. Donc, pas de couche réglementaire supplémentaire. Il faut simplement éviter de trop regrouper les exploitations : cela concentre le risque de pollution en cas de fuite ou d’accident. Il faut maintenir de petites exploitations sur tout le territoire : les rejets organiques sont dilués.

 

Voir aussi Élections à la Chambre d'agriculture: Olivier Chemin conduira la liste de la Cordination rurale

Mayenne - Elections Chambres d'agriculture 2013 (Coordination rurale)

Bernard Lannes (Ouest-France, Guillaume Le Du, 18 janvier 2013) ; bernard-lannes-sud-ouest-18-01-2013.jpg

 

Un paysage agricole de plus en plus bouleversé (Ouest-France, François Purseigle, propos recueillis par Patrice Moyon, 17 janvier 2013)

 

Elections 2013 - Chambre d agriculture de la Mayenne

Elections à la chambre d'agriculture 2013 - Préfecture de la Mayenne

arrêté du 2 janvier 2013 portant publication état définitif listes candidatures

 

Cet article est le 371ème publié sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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23 janvier 2013 3 23 /01 /janvier /2013 18:17

Les fermes toujours moins nombreuses et plus grandes

 

C’est la période des élections aux chambres d’agriculture* (du 21 au 31 janvier 2013, par correspondance). Et le moment de savoir comment évolue l’agriculture. La rédaction du quotidien Ouest-France, en Mayenne, a fait le point sur l’agriculture mayennaise, une des meilleures de France.

Dans l’édition datée du 15 janvier 2013, Jean-François Vallée a donné des chiffres et interrogé un observateur, Michel Gaudin, enseignant au lycée agricole de Laval, reconnu pour les excellents résultats de ses élèves au BTS ACSE (formation de techniciens supérieurs, qui deviennent souvent agriculteurs après des emplois de salariés dans des organismes agricoles).

 

Anniversaire Maria 90 ans 1 08 10 071 TEn 15 ans, la Mayenne a perdu 40 % de ses fermes

 

La Mayenne, une terre agricole

La Mayenne reste l’un des premiers départements agricoles de France. La preuve : elle arrive au 2ème rang français pour la viande bovine, au 5ème rang en porcs et en lait, au 12ème rang en volailles. Et l’agriculture emploie 9 % de la population active totale, soit trois fois plus que la moyenne française (3 %). Le secteur agroalimentaire fait travailler 5 700 personnes, surtout dans les grosses entreprises laitières (Lactalis, Bel, Bongrain…), les abattoirs de volailles (Secoué, LDC, Loué), de porcs (Socopa) et des coopératives (Coopérative des agriculteurs de la Mayenne).

 

Des exploitations en forte baisse…

Le nombre d’exploitations ne cesse de baisser. Le département en compte 8 000 alors qu’elles étaient 13 400 en 1995. Soit une baisse d’environ 40 % en 15 ans ! Une hécatombe que le nombre d’installations ne suffit pas à combler : de 140 à 150 par an en moyenne.

Cette baisse se traduit également par celle des actifs. Ils sont 10 750 à vivre encore de l’agriculture. Ils étaient 12 300 en 2005. De même, le grignotage des surfaces agricoles ne connaît pas de répit. Entre 2000 et 2011, 17 000 hectares ont été perdus au profit de l’urbanisation et des zones d’activités.

 

… mais plus grandes

Les exploitations sont moins nombreuses mais désormais plus importantes en surface : 54 ha en moyenne en 2011 contre 48 en 2005. Ces agrandissements concernent surtout les sociétés : 75 ha en moyenne pour les EARL et 120 ha pour les GAEC. Cela dit, les fermes restent familiales dans le département.

 

Le porc en baisse

Surtout présente dans la moitié ouest du département, la production porcine est en net recul après un essor important dans les années 1970 et 2000. Deux facteurs l’expliquent : les mouvements d’opposition de riverains contre les projets et les agrandissements d’élevages. Et surtout la forte concurrence de certains pays européens comme l’Allemagne. La production de volailles, surtout présente dans l’est du département (Loué), connaît le même recul.

 

Lait et la viande bovine

Le lait et la viande bovine représentent 60 % de la production départementale en chiffre d’affaires. Ces deux secteurs restent très dynamiques, même s’ils enregistrent également un recul. Le cheptel laitier mayennais, par exemple, s’est réduit de 6 % en dix ans.

 

L’herbe perd du terrain

Avec 49 %, les prairies, naturelles et temporaires, représentent une part importante du territoire agricole. Mais cette part diminue au profit des cultures de vente (céréales, oléagineux, protéagineux).

 

La bio se développe… un peu

225. C’est le nombre de producteurs bio en juin 2011. Ils étaient 149 en 2007. Avec une forte orientation en direction de la production bovine (52 % des exploitations bio). Mais avec une part de 2,8 % de la surface agricole, le département se classe très au-dessous de la moyenne régionale (4,4 %).

 

Trois questions à… Michel Gaudin, enseignant au Lycée agricole de Laval

 

« Produire un maximum reste la priorité »

 

Globalement, comment évolue l’agriculture mayennaise ?

L’agriculture est une activité à cycle long, très long. Les évolutions sont lentes, mais progressives et continues. En Mayenne, on est toujours dans une agriculture productive, basée sur le lait, bien entendu. Mais avec d’autres productions complémentaires depuis le milieu des années 1980. Il me semble, que les agriculteurs savent produire en utilisant moins d’engrais et moins de pesticides, mais la priorité de beaucoup reste de produire un maximum, par hectare ou par vache. Pour gagner leur vie, tout simplement. Il faut aussi souligner l’émergence de nouveaux systèmes qui enrichissent l’agriculture départementale. Le bio, la vante directe à la ferme, par exemple.

 

Quelles sont ses particularités ?

Anniversaire Maria 90 ans 1 08 10 100 TLa force de la Mayenne, c’est d’avoir de vraies compétences en élevage. Même si le contexte économique est défavorable à l’élevage, les hommes et les femmes du département ont cette passion-là. C’est historique. Là-dessus, l’Ille-et-Vilaine, la Manche et la Mayenne sont assez proches. J’ai l’impression que la fin des quotas laitiers (prévue le 1er avril 2015) va renforcer la spécialisation laitière du département.

 

Il y a de moins en moins d’agriculteurs. Qu’en pensez-vous ?

Aujourd’hui, on se rend compte que la concentration va trop vite. Mais qu’amène-t-elle vraiment ? Je ne dis pas qu’il faut figer les tailles, mais je ne suis pas certain que la concentration améliore systématiquement la compétitivité. Il faut être très prudent là-dessus. Evidemment, il y aura une concentration. Mais la question c’est : à quel rythme ? Quand on voit que l’agriculture, c’est presque 10 000 emplois dans le département, battons-nous justement pour qu’on les garde. C’est vrai, il y a une volonté très forte d’augmenter la taille des exploitations. Parce qu’on se compare aux autres départements et autres pays. Mais si on fait ce choix, on ne maintiendra pas l’emploi. C’est pourquoi il faut une réglementation forte, afin de permettre aux plus jeunes d’accéder aux moyens de production et à la terre. Qui seront beaucoup plus coûteux.

 

Les chiffes de l’agriculture en Mayenne en 2011

 

La surface agricole représente 77 % de la superficie du département, soit 399 000 hectares.

Nombre d’actifs vivant de l’agriculture : 10 750.

8 000 exploitations agricoles, 143 installations par an, 27 % de femmes chefs d’exploitation.

Productions agricoles (en % du chiffre d’affaires) : 37 % lait, 23 % viande bovine, 11 % porcs, 12 % volailles, 17 % cultures.

Filière bovine :

 - lait : 157 000 vaches laitières ; 1,1 milliard de litres de lait livrés dans l’année.

- Viande : 614 000 bovins ; 62 800 tonnes de viande.

 

* Elections 2013 - Chambre d agriculture de la Mayenne

Elections à la chambre d'agriculture 2013 - Préfecture de la Mayenne

arrêté du 2 janvier 2013 portant publication état définitif listes candidatures

 

Cet article est le 370ème publié sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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22 janvier 2013 2 22 /01 /janvier /2013 20:50

La flexibilité n’a jamais permis de faire baisser le chômage

Les accords interprofessionnels de Wagram (voir Flexibilité et sécurité de l'emploi : accord entre le patronat et 3 syndicats - 20 janvier 2013) sont programmés pour faire loi, selon la volonté du gouvernement, qui demande aux parlementaires de les voter sans rien y changer.

Le correspondant pour la Mayenne de « Résistance sociale », Gérard Beillard, a vivement réagi (voir Accord interprofessionnel Wagram : le point de vue de Gérard Beillard - 21 janvier 2013). Voir aussi Accord interprofessionnel Wagram  sur le site de REsistance SOciale

 

Les réactions de Marinette Bache, conseillère de Paris, présidente de l’association REsistance SOciale, qui a signé l’édito de janvier 2013 de sa publication, sont tout aussi vives.

 

L’ÉDITO

 

Il n’est pourtant pas si loin le temps où François Hollande promettait de s’affronter aux marchés : c’était il y a près d’un an, au Bourget. Aujourd’hui les temps ont changé : on vient encore de s’en apercevoir avec ce qu’il est convenu d’appeler les accords de Wagram entre le patronat dans sa diversité et trois organisations syndicales (CFDT, CFTC, CGC), minoritaires lors des dernières élections prud’homales (38,7 % contre près de 50 % pour la CGT et FO réunies, sans compter Solidaires et Unsa, non invitées aux négociations). Accord salué tant par F. Hollande que par M. Sapin qui réussit à y voir une avancée pour les salariés alors que les 13 points de cet accord ne sont que des remises en cause du droit du travail ! La patronne du MEDEF, Laurence Parisot, peut pavoiser. Elle est parvenue à obtenir tout ou presque de ce qu’elle souhaitait au prix de quelques concessions mineures sur les contrats courts, qui ne toucheront d’ailleurs qu’une faible partie de ceux-ci ou sur la présence de représentants des salariés dans les conseils d’administration. Et, notamment, la possibilité pour les entreprises de baisser les salaires ou d’augmenter le temps de travail au seul prétexte de la conjoncture. Ou encore la limitation des possibilités de recours aux prud’hommes contre les décisions des patrons.

 

Pour Résistance sociale, il serait inadmissible que cet accord soit traduit dans la loi.

Espérons que les députés de gauche se souviendront de ce pour quoi ils ont été élus ! Contrairement à la ritournelle du patronat, la flexibilité n’a jamais permis de faire baisser le chômage. La preuve : l’augmentation exponentielle des ruptures conventionnelles va de pair avec l’accroissement important du nombre de chômeurs, qui devrait encore se poursuivre cette année. On prévoit ainsi près de 180 000 chômeurs supplémentaires à la fin 2013.

Quant à la cure d’austérité que le gouvernement met en oeuvre, on a déjà vu ses conséquences dans d’autres pays européens ! Il ne faut pas en attendre un renversement de tendance. Quant à une vraie taxation des hauts revenus, on peut craindre qu’elle ne soit qu’un nouveau mirage, après l’échec de la mise en place de la taxe de 75 %, échec dont on finit par se demander s’il n’a pas été voulu. Si cette taxation n’avait qu’un impact limité, elle était un signe fort face à l’accroissement, non remis en cause, lui, des impôts indirects et injustes, comme la TVA, et aux hausses généralisées en ce début d’année (transports, énergie, tarifs postaux, carburants, etc.) qui frappent durement les couches populaires. Tout cela pour satisfaire marchés financiers et Commission européenne, alors même qu’on apprend que l’objectif de limitation du déficit public à 3 % résulterait d’une erreur de calcul de la part de mathématiciens, qui auraient mal apprécié les conséquences des cures d’austérité ! Constatation qui ne s’est d’ailleurs toujours pas traduite par une révision des politiques menées en Grèce, en Espagne, en Italie ou au Portugal. Même quand il n’a plus de justification, l’aveuglement continue !

 

Au moment où on nous annonce de partout une année 2013 difficile, nous attendons d’une équipe gouvernementale, que nous avons élue à gauche, qu’elle tourne le dos à cette politique. Nous attendons d’elle qu’elle ne s’enferme pas dans une politique comptable qui a participé à la débâcle de « l’ancien régime » sarkozyste et qu’elle réoriente son action vers la satisfaction des besoins du peuple et la recherche du progrès social. S’il devait en aller autrement, on peut compter sur Résistance sociale pour se battre aux côtés des forces sociales refusant la régression de leurs droits, de leur pouvoir d’achat et de leurs conditions de travail.

Une petite minorité proclame sans vergogne son refus de la justice sociale et s’enrichit chaque jour un peu plus tandis que la majorité des salariés, retraités et chômeurs voient leur vie devenir plus difficile et plus précaire. À Résistance sociale, nous savons, sans aucun doute, que la lutte des classes existe. Et que quand on ne mène pas un combat, on le perd.

 

Cet article est le 112ème paru sur ce blog dans la catégorie Travail Economie

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21 janvier 2013 1 21 /01 /janvier /2013 23:40

Régression pour les salariés, progrès pour le patronat

 

Quelques jours après l’accord de Wagram (voir Flexibilité et sécurité de l'emploi : accord entre le patronat et 3 syndicats - 20 janvier 2013), Gérard Beillard* me faisait savoir ce qu’il pensait de cet accord. Il était fort mécontent. Je lui donnai rendez-vous la semaine suivante. C’était avant-hier. Il m’a présenté son point de vue personnel concernant cette négociation.

 

Le point de vue de Gérard Beillard

 

Cet accord est-il un progrès pour l’ensemble des salariés ? Non, c’est une régression et il n’aura pas d’effets sur le chômage. Le fait que les négociations aient eu lieu au siège du patronat, boulevard Wagram, n’était pas neutre. Le patronat a conduit les négociations à sa façon.

 

Pour l’essentiel, les propositions Sarkozy d’avant l’élection présidentielle (projet de décrets) ont été reprises dans l’accord et le code du travail sera revu à la baisse. Dans les négociations pour garantir l’emploi, les mesures de flexibilité l’emportent sur celles visant à la sécurité de l’emploi.

Le chantage à l’emploi continuera car il faut faire pression sur les salaires, comme le demandent les actionnaires afin d’améliorer la compétitivité des entreprises.

 

Il est lamentable de présenter comme une avancée, comme le fait la CFDT, la création d’une assurance complémentaire qui ouvre des droits, en fait un ticket modérateur. C’est ouvrir un marché pour les assurances privées, car ce sont les entreprises qui choisiront l’organisme assureur. Les remboursements seront à un bas niveau, entre le ticket modérateur (secteur 1) et la CMU, le niveau de garantie étant modulable selon le prix choisi par l’entreprise.

Les dépassements, sauf pour les cadres, seront à la charge des salariés. Et, ce sera un manque à gagner pour la sécurité sociale, alors que la bonne solution serait que l’assurance complémentaire se fasse par le biais de la sécurité sociale.

Le patronat investit dans la santé. Ses représentants assureurs vont tirer bénéfice de cet accord. Ils sont déjà dans les organismes de la sécurité sociale et cherchent à appauvrir celle-ci pour y rentrer davantage.

 

L’orientation reste la même que sous le gouvernement précédent. L’Etat se désengage de la protection sociale. La tendance est d’aller vers le modèle anglo-saxon, pendant que les USA se tournent vers le modèle français…

 

Les salariés perdent des droits avec l’assouplissement de la durée du travail et des licenciements. « C’est la flexibilité maintenant, et la sécurité plus tard ». Les demandes du Medef sont, depuis plus de 25 ans, en défaveur des salariés. Les banques et actionnaires ont accru leurs exigences. Quant à la CFDT, ses promesses n’ont pas été tenues lorsqu’elle a engagé les salariés dans l’accord sur les retraites en 2003. En fait, c’est un accord qui favorise les cadres et c’est pourquoi la CGC et la CFDT l’ont signé. Le patronat aime les syndicats « réformistes » car ils acceptent les réformes libérales qui vont dans son sens.

 

On est ni naïfs, ni des opposants systématiques. Mais on a l’impression de ne plus être dans le pays de la grande Révolution française. On nous demande de subir, comme au temps de la domination des rois. Le peuple n’est pas écouté. La République a perdu son sens. Les valeurs de fraternité et de justice ne sont plus à la mode.

 

Mais nous vivons au temps d’Internet et ne sommes plus incultes. Nous n’acceptons plus que les plus gros efforts soient toujours demandés aux plus faibles, avec les licenciements en fin de compte. Ce n’est pas par hasard si le stress est le premier symptôme de maladies professionnelles en France.

 

Face à la soif de pouvoir qu’ont les dirigeants et la complicité entre certains syndicats et le gouvernement, ce qui contribue à appauvrir le peuple, nous demandons que les efforts soient partagés et que l’humain passe avant la spéculation.

 

Il faut cesser d’augmenter la pauvreté pour satisfaire l’Europe, comme le veut l’Allemagne. Ce pays, qui était un modèle pour les salariés - les salaires étaient 30 % plus élevés en Allemagne qu’en France il y a 25-30 ans, le patronat était aux petits soins des ouvriers - impose désormais l’austérité salariale à toute l’Europe, cette Europe qui a choisi les valeurs de concurrence et de compétition entre ses membres, alors qu’elle avait été fondée sur celles de la coopération et de la solidarité entre les nations.

 

L’Europe libérale n’est pas un modèle. Nous voulons que la valeur « travail » ait autant d’importance que la valeur « capital ». Le capitalisme doit être encadré et compensé par le pouvoir politique républicain de l’Etat. Quand le pouvoir politique se met au service du « capital », cela donne le capitalisme financier, qui détruit l’humain.

 

Avec Sarkozy, il fallait travailler plus pour gagner plus. Depuis la crise financière, les salaires baissent, ce qui est une erreur car il faut des revenus pour consommer et faire marcher l’économie. Le système libéral tire vers le bas les revenus salariaux de production (pas des cadres) afin de rapprocher les coûts de production des conditions salariales des pays émergents.

 

En conclusion, les syndicats qui ont signé l’accord de Wagram affaiblissent la majorité des salariés, mettent en péril notre modèle de protection sociale et ne contribuent pas au redressement national.

 

Gerard-Beillard-190113-002-T.jpg* Vous saurez tout sur Gérard Beillard

 

Gérard Beillard habite à Saint-Berthevin (53) depuis 1986. Il est originaire de Laval (Mayenne). Son père avait été à Laval un ouvrier syndiqué à la CGT et membre du PCF. Il avait cessé les deux engagements sous le choc de l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’URSS en août 1968.

Gérard se définit comme engagé, mais pas embrigadé (liberté de pensée et, donc, d’engagement ; pas de doctrine ; il part quand il est en désaccord).

 

A partir d’un CAP de peinture, il avait commencé à travailler pendant deux à trois ans comme peintre en bâtiment dans une entreprise de Laval. Il avait 17 ans et n’avait pas tardé à créer un syndicat avec deux collègues. Recruté par une entreprise textile lavalloise en 1975, il y restera - à temps partiel depuis quelques années, suite à une invalidité pour raison de santé - jusqu’à sa retraite, prévue en 2014.

A noter que, pendant 7 à 8 ans, il avait mené de front, à côté de son emploi d’ouvrier, une activité de sous-agent d’assurance à temps partiel.

 

Son syndicat était la CFDT (il a été délégué suppléant - pendant un mandat - dans l’entreprise textile) jusqu’à la mise à l’écart de son dirigeant national, Jean Kaspar, remplacé par Nicole Notat, ce qui l’avait amené à déchirer sa carte lors d’un de ses discours, car elle avait des positions s’éloignant des intérêts du monde du travail. Il n’avait pas rejoint la CGT, en raison de la trop grande proximité de celle-ci avec le PCF. Toutefois, depuis six mois, il est membre de l’union départementale CGT (commission santé).

 

Son engagement politique a été d’abord au Parti socialiste par intermittence, avant de rejoindre le Mouvement Républicain et Citoyen, en 2004.

Il est membre de deux associations politiques, CiViQ (Citoyenneté et Vie Quotidienne) et Résistance sociale (correspondant départemental).

 

Il milite pour que les citoyens se prennent en mains. Il ne suffit pas de critiquer et de se plaindre. Il faut trouver des hommes et des femmes, honnêtes, cohérents, qui réfléchissent et mettent en œuvre dans leur vie les valeurs républicaines et de justice sociale. Il faut des patrons, comme son beau-père qui était photographe à Laval et était un républicain gaulliste. Ce sont les valeurs des milieux populaires.

 

Dans un monde économique dominé par la finance, le peuple est étouffé, sans réactions, se laissant aller dans ce qu’il croit être moderne mais qui n’est fait que pour être consommé dans le court terme. Il faut inventer un autre système social, dans lequel l’être humain serait reconnu à sa juste valeur et créerait des richesses qui seraient bien distribuées, avec le souci de la justice. Le but des organisations citoyennes et politiques doit être l’émancipation du peuple. A titre personnel, il dit aimer les autres et être heureux quand ils sont heureux. C’est cela sa motivation.

 

Cet article est le 111ème paru sur ce blog dans la catégorie Travail Economie

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20 janvier 2013 7 20 /01 /janvier /2013 22:01

Deux lignes syndicales pour et contre les accords de Wagram

 

Les 10 et 11 janvier 2013, ce qui est appelé « le marché du travail » était l’objet de la conclusion de trois mois de négociations entre les organisations représentant le patronat et les syndicats représentatifs dans les entreprises à statut commercial. La réunion avait lieu au siège de la principale organisation patronale, boulevard Wagram. Comme le gouvernement le souhaitait, un accord est intervenu entre les trois organisations patronales et trois des cinq organisations de salariés. Voir Vie publique, 16 janvier 2013 :

Négociations sur l'emploi : l'accord sur la « flexicurité »

 

Prévue par la conférence sociale de juillet 2012, la négociation sur la réforme du marché du travail s’est achevée le 11 janvier 2013. Au terme de trois mois de négociations, le patronat (Medef, CGPME, UPA) et trois syndicats (CFDT, CFTC, CFE-CGC) sont parvenus à un accord. Deux syndicats (CGT et FO) se sont clairement opposés au texte.

 

Cet accord national interprofessionnel (ANI), qui tente de concilier flexibilité pour les entreprises et sécurité pour les salariés, prévoit notamment la taxation de certains contrats de travail à durée déterminée (CDD). La cotisation patronale d’assurance chômage pour les CDD de moins d’un mois devrait passer à 7% (+3 points) et celle pour les CDD compris entre un et trois mois à 4,5% (+1,5 point). Les missions d’intérim et les CDD liés à des remplacements ou à des activités saisonnières ne seraient pas soumis à ces majorations. En contrepartie, le patronat a obtenu l’exonération, pendant trois mois, de la cotisation patronale d’assurance chômage pour les jeunes de moins de 26 ans embauchés en contrat à durée indéterminé (CDI).

 

Les salariés devraient bénéficier de droits nouveaux : la mise en place de droits rechargeables à l’assurance chômage (un chômeur qui retrouve un emploi ne perd pas les droits non utilisés), l’instauration d’un compte personnel de formation tout au long de la vie, la généralisation de la complémentaire santé cofinancée par les employeurs, ainsi que l’entrée de salariés "avec voix délibérative" dans les conseils d’administration des entreprises employant au moins 10 000 personnes dans le monde ou au moins 5 000 salariés en France.

 

La procédure de licenciement économique collectif ("Plan de sauvegarde de l’emploi", PSE) devrait être modifiée. Il s’agit de limiter les possibilités de contestation des plans sociaux devant les tribunaux. La négociation des accords de compétitivité-emploi (réduction des salaires ou/et du temps de travail en contrepartie du maintien des emplois) devrait être simplifiée. Les salariés refusant les nouvelles conditions de travail ainsi définies pourraient notamment être licenciés.

 

Une fois l’accord officiellement approuvé par les organisations patronales et trois syndicats sur cinq, le gouvernement devra préparer un projet de loi qui en traduira les dispositions. Ce texte devrait être présenté en Conseil des ministres le 6 ou 13 mars 2013. Il devrait ensuite être examiné en urgence au Parlement, en vue de sa promulgation à la fin du mois de mai.

 

Selon la loi, "la validité d'un accord interprofessionnel est subordonnée à l'absence d'opposition de la majorité des organisations syndicales de salariés représentatives". Cela signifie que trois confédérations représentatives sur cinq devraient s'y opposer pour qu'il ne soit pas valide, ce qui n’est pas le cas. Une loi réformant la représentativité syndicale, votée en 2008, ne produira pleinement ses effets que lorsque, avant l'été 2013, la liste des organisations syndicales représentatives aura été arrêtée. Voir, à ce sujet, l’article de Michel Noblecourt (éditorialiste, Le Monde), le 14 janvier 2013 : L'aile gauche du PS dénonce l'accord sur l'emploi. Ce quotidien, Le Monde, a accueilli cet accord avec enthousiasme.

Emploi : un accord (presque) historique (Le Monde, 12 janvier 2013)

Enfin une bonne nouvelle pour François Hollande : alors que le chômage et la précarité explosent, les partenaires sociaux, au terme de trois mois de négociations qui ont mis en relief les divisions syndicales et patronales, ont abouti, vendredi 11 janvier, à un accord pour "un nouveau modèle économique et social au service de la compétitivité des entreprises et de la sécuri sation de l'emploi ". "Un succès du dialogue social", s'est félicité M. Hollande, qui voit valider sa méthode sociale-démocrate fondée sur le compromis social.

L'accord qui devrait être signé par trois syndicats - CFDT, CFTC et CFE-CGC - et par les trois organisations patronales a l'imperfection de tous les compromis, mais il est équilibré, gagnant-gagnant. Aux entreprises, il apporte une meilleure sécurité juridique sur les procédures de licenciement et valide les "accords de maintien dans l'emploi" - prévoyant pour un maximum de deux ans baisses des salaires et du temps de travail en échange du maintien des effectifs - en cas de "graves difficultés conjoncturelles". Elles gagnent un surplus de flexibilité, mais celle-ci sera encadrée par des accords avec les syndicats.

Les salariés empochent des droits nouveaux : création d'une complémentaire santé, mise en place de "droits rechargeables à l'assurance-chômage" - un chômeur qui retrouve un emploi ne perd pas ses droits déjà acquis -, taxation d'une partie des contrats courts, encadrement du temps partiel, instauration d'un compte personnel de formation tout au long de la vie, entrée de salariés, "avec voix délibérative", dans les conseils d'administration des entreprises françaises de 5 000 salariés. Le compromis esquisse ainsi la sécurité sociale professionnelle réclamée par la CFDT et... la CGT.

M. Hollande n'a pas obtenu le "compromis historique" dont il rêvait il y a deux mois encore, la CGT et FO réfutant l'accord. Mais il s'agit tout de même d'un accord historique, une nouvelle étape dans les relations sociales. Dans un pays qui n'a pas une tradition de compromis et où le syndicalisme est faible, les signataires ont courageusement pris le risque de la forme au lieu de s'accrocher à un statu quo mortifère. Laurence Parisot, la présidente du Medef, n'a pas tort de saluer "l'avènement d'une culture du compromis après des décennies d'une philosophie de l'antagonisme social" (…).

 

La CGT et FO n’ont pas signé cet accord. Elles disent pourquoi dans des communiqués, publiés le 14 janvier 2013.

 

Une grave régression des droits sociaux (CGT)

 

Le Bureau confédéral de la CGT confirme l’avis négatif de la délégation CGT sur l’accord national interprofessionnel du 11 janvier 2013 qui modifierait profondément le Code du Travail.
Ce texte marque une grave régression des droits sociaux des salariés et va a contrario des objectifs fixés par la « Grande Conférence sociale » et celle de la « lutte contre la pauvreté ». Il contient de multiples dispositions pour faciliter les licenciements et accentuer la flexibilité.
Le chantage à l’emploi est généralisé par des accords permettant la baisse des salaires et l’augmentation du temps de travail, ce sont les accords de « compétitivité/emploi » voulus par Nicolas SARKOZY. La thèse du MEDEF est le principal fil conducteur de cet accord : « les licenciements d’aujourd’hui feront les emplois de demain ».
Il serait inconcevable que la majorité parlementaire et le Gouvernement, issus des élections de mai 2012, entérinent dans la loi les reculs sociaux dictés par le MEDEF.
Le Gouvernement, qui se dit attaché au Dialogue social, doit prendre en compte le rejet de cet accord par les syndicats représentant bien plus de salariés que les syndicats potentiellement signataires.
La CGT attend du gouvernement un projet de loi d’une toute autre nature, qui protège les salariés contre les licenciements et la précarité.
La CGT va amplifier sa campagne d’information par l’édition d’un journal tiré à deux millions d’exemplaires à destination des salariés pour favoriser leur mobilisation dans les semaines à venir.

Communiqué de FO sur l'accord interprofessionnel "compétitivité et sécurisation de l'emploi'

 

A l'unanimité le Bureau Confédéral de Force Ouvrière décide de ne pas signer l'accord interprofessionnel portant sur la compétitivité et la sécurisation de l'emploi. Alors que l'emploi et la lutte contre le chômage doit être la priorité n°1, Force Ouvrière souligne que cela doit prioritairement passer par une politique économique ambitieuse, source de croissance économique par la consommation, l'investissement public et privé, la stratégie industrielle.

Au nom du principe dangereux selon lequel il faut d'abord pouvoir licencier pour pouvoir embaucher, ce projet d'accord est profondément déséquilibré. Le projet d'accord inscrit le social comme variable d'ajustement d'une politique économique de rigueur tant au plan national qu'européen.

Pour le Bureau Confédéral ce projet se caractérise par: «la flexibilité, c'est maintenant, la sécurisation de l'emploi pour demain, peut-être». Nombre de dispositifs annoncés comme positifs pour les salariés sont partiels, aléatoires, d'application tardive ou pouvant déjà être contournés dans le cadre de ce projet.

Par contre en terme de flexibilité (accords dits de maintien de l'emploi avec la baisse des salaires – nouvelles procédures pour les PSE – mobilité interne forcée – CDI intérimaire – CDI intermittent…), le projet d'accord constitue une remise en cause importante des droits des salariés. Il en est de même pour la sécurisation judiciaire des employeurs au détriment des salariés.

Force Ouvrière décide d'informer largement les salariés du contenu de ce projet et entend intervenir auprès du Gouvernement et du Parlement pour faire valoir ses positions. Le dossier n'est pas clos.

Gérard Filoche, ancien inspecteur du travail, membre du Conseil national du PS, récapitule toutes les insuffisances de l’accord. Voir cet article publié le 12 janvier 2013 : Rien contre le chômage, le Medef a bloqué toute avancée pour les salariés.

Jacques Sapir émet des réserves à cet accord, le jugeant dangereux au niveau économique global. Voir son article sur son blog RussEurope | Carnet de Jacques Sapir sur la Russie et l'Europe

 

On parle beaucoup du « coût du travail », et il est évident que la compétitivité de la France, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la zone Euro, s’est dégradée. Ceci a lancé un débat sur le coût du travail, et a abouti aux discussions sur l’accord signé entre le MEDEF et la CFDT vendredi 11 janvier (Accord de securisation de l’emploi). Le problème ici est que ce qui apparaît comme de bonne politique à l’échelle de l’entreprise (échelle microéconomique) peut s’avérer parfaitement désastreux à l’échelle de l’ensemble de l’économie (échelle macroéconomique). Ceci conduit à regarder de manière comparée les effets de la dévaluation interne (baisse des salaires) qui ne touche pas au niveau nominal mais espère provoquer par un effet d’entraînement une baisse réelle des prix, et la dévaluation externe qui modifie brutalement la totalité des prix nominaux mais sans toucher, du moins en apparence, au salaire réel.

 

Cet article est le 110ème paru sur ce blog dans la catégorie Travail Economie

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