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Présentation

  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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29 novembre 2013 5 29 /11 /novembre /2013 13:15

Un choix d’avenir pour Belfort face à un sortant ex-MRC

 

C’est peut-être une surprise à Belfort (voir France Bleu, 15 novembre 2013 : Municipales Belfort : un candidat surprise pour le MRC), mais pas pour moi car j’ai vu Bastien, originaire de Belfort, se réinstaller dans cette ville après avoir travaillé au contact de Jean-Luc Laurent dans le Val-de-Marne. Il était candidat à la candidature MRC aux élections législatives dans le Territoire de Belfort en 2012 mais devancé par le maire de Belfort, lui-même successeur de JP Chevènement dans cette fonction. Etienne Butzbach n’avait pas été élu député et, en rupture avec le MRC, s’était ensuite engagé avec le PS, au grand dam du sénateur du Territoire de Belfort, Jean-Pierre Chevènement.

 

Conseil national MRC 240313 015 TBastien Faudot a été élu par les militants MRC de Belfort pour conduire une liste aux élections municipales de mars 2014. Voir l’article paru le 27 novembre 2013, signé Jérémy Chevreuil, journaliste à France3 : Bastien Faudot, candidat du MRC à Belfort: « Jamais la ville n'a été socialiste.

Il aura 35 ans en mars, quelques jours seulement avant le premier tour des élections municipales. Bastien Faudot a été choisi par les militants du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) pour mener la liste chevènementiste à Belfort. La tête de liste initiale, Christian Proust, a jeté l’éponge, craignant « l’échec de la gauche ». Bastien Faudot, qui travaille au SMTC présidé par… Christian Proust, entend « renouer avec le fil d’une histoire interrompue avec le départ d’Etienne Butzbach (élu sous l’étiquette MRC) au PS », certain que « les Belfortains savent ce qu’ils doivent » à Jean-Pierre Chevènement et Christian Proust. Interview.

Que va faire un trentenaire comme vous dans la pétaudière politique belfortaine ?

« On peut retourner la question. Je parle souvent de guerre des mémoires. Dans ce contexte national et local difficile, et la donne n’est pas simple non plus de l’autre côté de l’échiquier politique, il faut renouer avec le fil d’une histoire interrompue avec le départ d’Etienne Butzbach au PS. L’attaque n’est pas personnelle, mais concerne la signification politique de ce départ ».

Justement, le MRC a perdu la ville de Belfort, son fief historique, avec le ralliement du maire sortant Etienne Butzbach au PS. Quelles sont les ambitions de votre parti pour ces municipales ?

 « Reconquérir la ville. Nous ne sommes pas dans une logique d’étiquette. C’est le projet républicain qui nous tient à cœur. Nous avons fait des propositions au PS, conscients du risque considérable de partir divisés. Mais l’on ne peut pas succomber en permanence à l’argument d’autorité selon lequel le PS doit conduire la liste. Belfort a une histoire particulière. Jamais la ville n’a été socialiste. Ce n’est pas un hasard de la carte électorale. Belfort a une double tradition, industrielle et militaire, ce qui peut sembler contradictoire. Le MRC fait la synthèse entre le patriotisme républicain et le souci de la justice sociale. »

Vous envisagez donc de devenir le prochain maire ? 

« Bien sûr, sinon je n’irai pas. L’enjeu dépasse d’ailleurs les municipales. Il faut reprendre l’initiative. Je parle souvent des 4R: renouvellement des personnels et des pratiques politiques, face à un système qui verrouille le débat et l’absence totale de la génération des moins de 50 ans; rupture avec la ligne sociale-libérale du PS qui a des conséquences directes sur le fonctionnement des collectivités; rassemblement, tel que l’a toujours fait Jean-Pierre Chevènement, des communistes aux gaullistes; républicain, car les partis politiques sont confrontés à une défiance généralisée. Un tiers de notre liste sera composée de membres de la société civile et du monde économique. »

Écartez-vous toute alliance avec le PS ? Avec d’autres partis ?

« Pour le PS, l’affaire est réglée. Nous ne ferons pas d’accord avec le PS. Nous souhaitons une liste d’ouverture républicaine. Nous l’avons fait savoir à plusieurs partenaires potentiels, un certain nombre d’organisations politiques. Nous discutons avec plusieurs politiques locaux, des Verts ou du Front de Gauche. Pour l’instant le Front de Gauche semble plutôt vouloir constituer sa propre liste. J’espère pouvoir les convaincre de la nécessité politique de l’union. »

Le risque n’est-il pas de mener la campagne de trop pour le MRC ?

« Je ne propose pas aux militants, aux sympathisants, de livrer un dernier combat. Si on l’aborde comme le premier, je suis sûr qu’il y en aura beaucoup d’autres. Les Belfortains connaissent le capital politique légué par Jean-Pierre Chevènement. Sans lui, sans Christian Proust, il n’y aurait pas la gare TGV ou les Eurockéennes par exemple. Les Belfortains savent à qui ils doivent tout cela. Ils sont attachés au MRC. »

Rappel : Avec Chevènement, le MRC propose de construire l'Europe des réalités - 7 novembre 2013 

Municipales 2014 : le MRC expose au PS sa vision du rassemblement - 14 juillet 2013

Alsace : le détricotage institutionnel de la Nation, repoussé (B Faudot) - 9 avril 2013

 

Cet article est le 25ème paru sur ce blog dans la catégorie Municipales et intercommunalité

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28 novembre 2013 4 28 /11 /novembre /2013 23:35

L’hebdomadaire Le Point dévoile sa stratégie manipulatrice

La présence de Jean-Pierre Chevènement, auteur du livre 1914-2014 : l'Europe sortie de l'histoire? (Fayard) dans les médias commence à avoir un impact. Mais le contraste est grand entre les deux hebdomadaires Marianne et Le Point :
- Le premier est élogieux. Ainsi, Eric Conan dans Marianne n866 - 23-29/11/13 : Chevènement, une passion européenne. Le nouveau livre de l'ancien ministre socialiste "1914-2014, l'Europe sortie de l'histoire?", impressionne par son ampleur de vue et installe celui-ci en véritable héritier de De Gaulle. Voir aussi le blog d’Elie Arié Chevènement Premier Ministre, vite ! (Site de Marianne, 28 novembre 2013).

- Le second se laisse aller à des insinuations manipulatrices. Voir A la première page du Point La revanche des "néocons" , la dénonciation des "néocons à la française". Ceux-ci existent bien, mais pas là où Le Point croit les apercevoir… Ce commentaire est de Jean-Pierre Chevènement lui-même. Voir Manipulation ! Et Les « néocons ».

Le 20 novembre 2013, le sénateur était l’invité de l’association des journalistes parlementaires. Il a montré une stature d'homme d'Etat. Voir la vidéo Dailymotion : M. Jean-Pierre Chevènement

 

Fondation J Jaurès livre Chevènement 121113 002. TjpgAutres présences de JP Chevènement dans les médias (Voir aussi Chevènement parle de son livre 1914-2014 : l'Europe sortie de l'Histoire - 22 novembre 2013) :

"C'est toute la politique économique qui est à revoir" . JP Chevènement était l'invité de Sud Radio dimanche 24 novembre 2013. Il répondait aux questions de Louis Morin.

"Je ne suis pas contre l'Europe, mais contre la manière de la faire" . JP Chevènement était l'invité de "Salut les Terriens" sur Canal + samedi 23 novembre 2013. Il répondait aux questions de Thierry Ardisson.

"Les pays européens du Sud pourraient renouer avec la croissance sans obérer les finances publiques des pays du Nord" . Entretien de JP Chevènement avec Pascal Boniface, directeur de l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), le mardi 26 novembre 2013.

Pascal Boniface : Vous préconisez le passage de la monnaie unique à une monnaie commune. Comment est-ce possible ? Quels sont les avantages ?

Jean-Pierre Chevènement : D’abord ce passage à la monnaie commune doit être préparé par tous les Etats européens concernés et bien entendu par la France et l’Allemagne qui ont porté la monnaie unique sur les fonts baptismaux. Celle-ci à long terme n’est pas viable. Elle impliquerait soit des transferts internes massifs inacceptables par les pays de l’Europe du Nord, soit une paupérisation durable des pays de l’Europe du Sud également inacceptable pour eux.
L’Allemagne ne soutiendra pas à perte de vue une monnaie unique frappée d’un vice congénital. Les pays qui la partagent sont trop hétérogènes. On ne peut pas fabriquer une nation à partir d’une monnaie mais seulement avec l’aval des citoyens. L’expérience montre que cela ne peut se faire que dans le temps long de l’Histoire.
L’objectif serait de faire de l’euro une monnaie commune, panier de devises nationales reconstituées sous un toit européen commun, afin de corriger les écarts de compétitivité entre les différents pays en laissant fluctuer l’euro mark, l’euro franc, l’euro lire dans des marges qui pourraient être rapidement stabilisées. Les pays européens du Sud pourraient renouer avec la croissance sans obérer les finances publiques des pays du Nord. La renationalisation des dettes, largement entamée depuis 2010, rend cette opération plus facile. Bien entendu un contrôle des capitaux provisoire devrait être instauré avant le lancement d’une telle opération dont je répète qu’elle ne peut être que concertée, et d’abord entre la France et l’Allemagne. Ce compromis « gagnant-gagnant » permettra seul de sauver le projet européen en intégrant à la monnaie commune la livre et un jour le rouble.

 

Vous écrivez que quiconque réfléchit à l’Europe sait que rien n’est possible sans une profonde entente franco-allemande et également que l’Allemagne devenue puissance économique dominante en Europe a encore besoin, pour ne pas être isolée, d’une France amicale et confiante. Comment renouer cette relation ?

La France a des atouts propres. L’Allemagne a besoin de la France pour reconstruire l’Europe sur des bases saines. Dans nos relations, l’amitié et la franchise doivent aller de pair. Nos intérêts communs à long terme l’emportent largement sur les divergences actuelles qui tiennent essentiellement à une surévaluation de l’euro pour l’économie française, comme pour toutes celles de l’Europe du Sud.

Vous croyez en l’émergence d’un monde multipolaire. Comment celle-ci peut-elle être gérable ?

Si on parvient à construire l’Europe comme une confédération de peuples libres, de la Méditerranée à la Russie, on évitera au XXIe siècle un tête-à-tête mortifère entre la puissance montante qu’est la Chine et la puissance lentement déclinante que constituent les Etats-Unis d’Amérique. L’Europe est l’alliée des Etats-Unis mais elle n’est pas leur caniche. Elle n’est pas non plus l’ennemie de la Chine. Nous avons besoin de temps pour inventer l’humanisme du XXIe siècle et j’ai la faiblesse de penser que l’Europe y peut quelque chose.

Source : Le blog de Pascal Boniface

 

Cet article est le 184ème paru sur ce blog dans la catégorie CHEVENEMENT

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28 novembre 2013 4 28 /11 /novembre /2013 20:46

Le MRC rassemble ses forces le 30 novembre à Paris

La Convention Europe du Mouvement Républicain et Citoyen se tiendra samedi 30 novembre 2013 à La Bellevilloise (21 rue Boyer, Paris 20e).

 

2014 est l’année des élections européennes et le peuple français est appelé à désigner ses 74 députés au parlement européen. Le Mouvement Républicain et Citoyen est d’ores et déjà sur le pont pour préparer cette échéance qui doit être l'occasion d'un grand débat pour une autre Europe. Notre campagne des européennes s'ouvrira avec la Convention pour une autre Europe qui se tiendra à Paris à La Bellevilloise le 30 novembre prochain.
Le texte d'orientations "Une autre Europe" adopté en conseil national est la base programmatique pour le MRC soumise à la discussion des adhérents. La matinée de la Convention pour une autre Europe sera l'occasion de l'enrichir en intégrant, après débat, les amendements proposés par les militants des fédérations et les réunions publiques en circonscriptions avant un vote en fin de matinée.

L'après-midi sera pour nous l'occasion d'échanger en présence des partis de gauche sur la question européenne pour faire vivre un débat qui est de plus en plus majeur pour sortir la France de la crise et lui donner un avenir. Le MRC s’engage dans une réorientation de la construction européenne pour stopper l’austérité, le chômage, les délocalisations, les licenciements qui ruinent notre pays et notre souveraineté. Fort de nos analyses depuis le traité de Maastricht en passant par le traité constitutionnel de 2005 et le TSCG de 2012, nous pensons qu’il est urgent de donner un autre cap à l’Union européenne pour construire une Europe des Nations et non plus des marchés.
Le scrutin de 2014 doit être l’occasion pour chacun de s’exprimer sur une Europe à la dérive et nous entendons y participer pleinement.

 

Voir Convention pour une autre Europe: participez aux débats du 30 novembre 2013

Rappel : MRC : convention pour une autre Europe le 30 novembre 2013 à Paris - 16 nov. 2013

 

Université d'été MRC 2011 058 TLe MRC a répondu à l’invitation du PS. Il était présent mercredi soir au meeting de la majorité pour défendre la République. Jean-Luc Laurent y est intervenu, comme il l’a indiqué sur son site.

Voir Le meilleur moyen de lutter contre le Front National ?

 

Merci Harlem pour cette invitation et cette initiative. Ce Merci est d’autant plus sincère que ce meeting a été et est critiqué comme une initiative contre-productive, nuisible voire cynique.
Pour ma part, je viens à la Mutualité, animé d’une double conviction. La nécessité de réagir et la conviction que ni l’antiracisme ni l’antifascisme ni la vigilance ne font pas un programme pour la gauche, un programme efficace pour lutter contre le Front National mais tout simplement un programme efficace pour la France.

Il est nécessaire de réagir, de ne pas tourner la tête ou de baisser le nez. Depuis le retour de la gauche au pouvoir, les difficultés que nous rencontrons dans la conduite du pays, les oppositions qui se sont levées à l’occasion du débat sur l’ouverture du mariage aux couples de même sexe ont créé plus qu’un climat, une situation politique pourrie.

Dans les années 80-90, Le Pen se vantait de dire tout haut ce que certains Français disaient tout bas.
Avec le développement des réseaux sociaux, d’une société d’expression du moi, de l’information continue, ce que les gens pensaient tout bas maintenant ils peuvent maintenant trouver un canal pour le communiquer, un mur Facebook, un tweet, une vidéo virale, une caméra de chaine d’info continue…une bonne maîtrise de ces outils donnent une audience nationale à des actions groupusculaires voire individuelles.
Il y a 30 ans le FN organisait un système de provocations bien agencé mais aujourd’hui nous sommes confrontés à des initiatives protéiformes qui minent peu à peu l’espace commun, la cité.

La couverture de Minute a marqué un tournant dans l’abject mais les multiples expressions sont tout aussi inquiétantes. Cette « une » après tant d’autres a marqué un tournant en faisant lever le cœur de tous les Républicains et tous les Démocrates. Trop c’est trop et il n’y aucune hésitation à avoir pour réagir politiquement à ces initiatives. Car la République, c’est un espace commun.

Bien sûr que la politique est conflictuelle mais la République doit être notre maison commune, un espace commun fondé sur un socle de principes fondamentaux qui nous rassemblent. Il y a clairement des comportements, des paroles qui sont hors du cercle républicain. Certaines tombent sous le coup de la loi, la Justice doit poursuivre et sanctionner. Certains sont limite, il faut alors des réactions politiques, des réactions civiques.

Réagir ne suffira pas. Courir après le Front National ne suffira pas. Car si certains ont l’impression de revivre les années 80, nous avons tous ici un peu de sagesse et d’expérience, l’évolution de nos coupes de cheveux en témoigne. L’expérience des années 80-90 doit nous éclairer. La réponse à l’activisme de l’extrême droite (qui ne se résume pas au seul Front National) doit être politique.


La gauche a historiquement la responsabilité de lutter contre l’ensemble des inégalités et des insécurités. Lutter contre le Front National, c’est conduire une politique de transformation sociale qui émancipe et qui protège, collectivement et individuellement.

Permettez-moi une évocation que certains trouveront incongrue, celle de Philippe Cohen qui récemment nous a quitté, récemment et trop tôt. On le connaît, il aurait ironisé contre notre réunion de ce soir. Il aurait ironisé mais au fond, sur un plan, supérieur, il aurait été, il est avec nous. Il est avec nous ce soir avec la conviction que ce sont les renoncements de la gauche qui font la force du Front National. La faiblesse de la droite, de l’UMP, c’est son affaire. La nôtre, ce sont les faiblesses de la gauche et l’épreuve de vérité du pouvoir. Philippe Cohen signait, il y a dix ans un essai visionnaire, mais qui je l’espère ne sera pas prémonitoire. Son titre était « Protéger ou disparaître ».

Dans le monde difficile de 2013, cet impératif garde toute son actualité. Cela passe pour nous aujourd’hui par le retour à la souveraineté dans tous les domaines, à la réorientation de la construction européenne qui est la condition du redressement de la France et du retour de la croissance, de la prospérité et de l’emploi. La gauche doit regarder en face les défis de la mondialisation, les impasses de la construction européenne, les insécurités économiques, matérielles et culturelles. Ce sont les défis de notre temps, ce sont les défis de l’année 2014 que la gauche doit relever.
  

 

Cet article est le 141ème paru sur ce blog dans la catégorie MRC national.

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27 novembre 2013 3 27 /11 /novembre /2013 18:33

Les services publics reposent sur des principes universels

 

Résistance sociale est le bulletin mensuel publié par l’association RESO présidée par Marinette Bache. Dans son numéro 120 de novembre 2013, Jean-Claude Chailley signe un article qui intéresse la Convergence nationale de défense et développement des services publics, qui compte RESO parmi ses membres. En voici des extraits significatifs.

Les services publics au cœur d'une Europe alternative

 

En France, dans la foulée du programme du Conseil national de la Résistance, l’Etat, les services publics, ont été restaurés, un large programme de nationalisations a été mis en œuvre, la Sécurité sociale créée.

Mais ce n’est pas qu’en 1945. Le programme commun de 1981 se donnait (déjà) pour objectif  de sortir de la crise, mais par des progrès sociaux, par la « rupture avec le capitalisme ». Relu maintenant, l’étendue du secteur public et nationalisé est telle qu’on a l’impression qu’on était sur une autre planète.

Les services publics, le secteur nationalisé, sont-ils une notion dépassée ou doivent-ils, au contraire, être au cœur de notre modèle social, au cœur d’une construction alternative de l’Europe ?

 

I - Les principes fondamentaux de nos services publics

II - Les principes du traité de Lisbonne, de l’Union européenne

III - Un choix de société

IV - Notre conception des services publics est-elle franco-française ou universelle ?

V - Les services publics au cœur de la campagne municipale et européenne

 

I - Les principes de nos services publics

 

Résistance Sociale est une des organisations membres co-signataires du manifeste de la Convergence nationale de Défense et Développement des Services Publics. Le manifeste (http://www.convergence-sp.org/spip.php?article850) dit:

«Les Services Publics s’inscrivent dans les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité qui sont celles de la République. Ils doivent permettre à toutes et à tous, sur l’ensemble du territoire national, un égal accès aux services rendus, dans le respect des principes qui sont les leurs : égalité, continuité territoriale, capacité d’évolution dans la qualité du service rendu, solidarité… Il faut notamment y ajouter la proximité, la transparence de la gestion et son contrôle par les élu(e)s, les représentant-e-s des salarié-e-s et des usager(e)s ainsi que le respect du principe de précaution ».

En 1981, la volonté politique n’a pas été suffisante pour appliquer l’ensemble de ces principes, puis très rapidement on est passé à la « parenthèse de la rigueur », dont les privatisations.

 

II -  Les principes du traité de Lisbonne, de l’Union européenne

 

1) Dès le Traité de Rome, signé le 25 mars 1957, tous les ingrédients de la construction européenne sont présents : marché commun, devenu marché intérieur, concurrence, libre échange, libre circulation des hommes, des capitaux, des marchandises.

Mais déjà un terme n’y figure pas : les services publics ! L’art 90-2 parle des « entreprises chargées de la gestion de services d’intérêt général ». On fait l’hypothèse que les entreprises privées sont à même de satisfaire simultanément leurs actionnaires et l’intérêt général.

 

2) Il y a une contradiction fondamentale : dans les écoles de commerce, on apprend que le marketing consiste à « satisfaire les besoins des clients en réalisant un profit » (P. Koetler). Si un segment de marché n’a pas de perspective de profit, ou pas assez, il n’a pas le produit ou service. S’il présente un profil de risque supérieur, il devra payer plus, se passer du service, ou accepter un service de qualité inférieure.

L’égalité, l’universalité n’ont pas leur place dans le privé. Les nationalisations (SNCF…) ont été réalisées « pour faire prévaloir l’intérêt collectif des citoyens sur les intérêts privés ». 

Ainsi, la Commission des affaires sociales du Sénat constatait que la conception française et la conception européenne du service public sont « deux philosophies  antinomiques ».

 

3) Le traité de Lisbonne, la législation européenne, se débattent dans la contradiction de vouloir faire entrer le service public dans la concurrence libre et non faussée, dans le privé : on ne peut éliminer une fraction de la population de l’accès à des services fondamentaux - santé, transport, énergie, logement, Poste, eau, etc... - et on ne veut pas les laisser à des services publics ou des monopoles publics hors champ de la concurrence même lorsque c’est nécessaire.

La définition du SIG – Service d’Intérêt Général – montre bien que le service public n’est pas dans ses gênes puisqu’on lui adjoint des « obligations de service public » (…).

 

4) La logique est la privatisation, la marchandisation généralisée

Les services représentent 70 % de l’emploi et du PIB de l’Union européenne. La direction générale « marché intérieur ET services » de la Commission européenne s’intéresse à ce « marché », tout comme le patronat européen.

Le protocole N° 26 reconnaît « le rôle essentiel et le large pouvoir discrétionnaire des autorités nationales, régionales et locales pour fournir, faire exécuter et organiser les services d'intérêt économique général d'une manière qui réponde autant que possible aux besoins des utilisateurs ».

Ce protocole est souvent invoqué comme preuve que « l’Europe n’oblige à rien ». En réalité, la construction européenne est fondée sur le double langage car pour ratifier les traités… il faut, dans tous les pays, le vote d’une grande partie de  la gauche. Donc, on affiche  qu’on a une préoccupation sociale, qu’on n’oblige à rien… et on fait le contraire (…).

5) Presque aucun service n’est voué à être épargné sauf ce qui n’est pas rentabilisable à un moment donné ou des résistances trop fortes

§          La croyance que les services sociaux, le secteur non lucratif sont hors champ des SIEG est fausse. Il n’y a d’ailleurs guère que les compétences régaliennes, et encore, qui appartiennent aux NSIEG et de la prudence sur les secteurs socialement explosifs comme la protection sociale ou l’enseignement où les gouvernements procèdent  à une déconstruction progressive ;

§          Exemple : « Un centre communal d’action sociale (CCAS), quand il propose un service de portage de repas à domicile, est soumis aux règles du droit de la concurrence ».

« En revanche, la gestion du revenu de solidarité active par les CCAS ne constitue pas une activité économique ».

 

6) Libre prestation de services et droits des salariés

§          La directive services (décembre 2006, ex « Bolkestein ») a été transposée discrètement en France par morceaux sans loi cadre qui aurait risqué de susciter des mobilisations. Rappelons son objectif : « Il est impératif d'avoir un marché des services concurrentiel ». La Commission européenne demande qu’on l’applique plus vite. 

§          La directive détachement des travailleurs en cours de révision. Il y a une directive de 1996 sur les travailleurs détachés pour effectuer des prestations de services à l’étranger (cf. art 1262-4 du code du travail). Non seulement cette directive est insuffisante, les salariés sont affiliés à la sécurité Sociale de leur pays d’origine (d’où économie pour les employeurs)... mais elle est si facilement tournée que des centaines de milliers de salariés venant de pays à bas salaires travaillent en France en dehors de tout droit.

L’objectif de la directive en cours de révision est « de trouver un bon équilibre entre le fait de protéger les droits des travailleurs et celui de faciliter l'exercice des libertés économiques, y compris la libre prestation de services ».

On ne peut mieux dire que les droits des salariés sont secondaires et qu’on refuse de s’aligner sur les droits du pays destinataire s’ils sont supérieurs (…).

 

7) La subsidiarité et « l’achèvement du marché intérieur »

§          On est dans l’achèvement du marché intérieur. La subsidiarité ne protège guère car la Commission européenne (TUE art 5) a toujours une bonne raison pour affirmer qu’elle est mieux placée que les Etats pour atteindre les objectifs de l’Union dans tel ou tel domaine. Ça lui permet de prendre la main et de légiférer. Les Etats voient donc leur champ de compétence se restreindre. C’est la subsidiarité.

Le 4ème paquet ferroviaire ci-dessus relève explicitement de la subsidiarité.

§          L’instauration de macro régions s’étendant sur plusieurs pays ainsi que l’Acte III de la  décentralisation renforcent ce processus notamment pour les services publics appelés à avoir de moins en moins le cadre national indispensable pour assurer un minimum d’égalité. La République n’est-elle plus une et indivisible ?

 

8) La directive marchés publics en cours d’adoption relève aussi de la subsidiarité: « Les objectifs ne peuvent être réalisés de manière suffisante par les États membres car il en résulterait inévitablement des exigences divergentes, voire des régimes procéduraux conflictuels, source de complexité règlementaire accrue et d’obstacles injustifiés à l’exercice transfrontière de l’activité »

§          On ne peut mieux dire qu’on est dans la concurrence transfrontalière sur les services, mais aussi sur un processus « d’harmonisation » à la baisse des « coûts du travail » ;

§          Cette directive a suscité des protestations légitimes de l’Humanité, de M. N. Lienemann, du Réseau européen santé, car présentant une menace pour tous les services dès qu’un montant suffisant est en jeu, entre autres pour la Sécurité Sociale (…).

 

III -  Un choix de modèle social

Pour Louis Gallois, approuvé par F. Hollande et JM. Ayrault, notre modèle social est « à bout de souffle ». Il s’agit, en réalité, de mettre en place le modèle néo libéral européen actuel fait de privatisations, d’ANI, de réformes de la santé, des retraites, de SIEG en lieu et place de services publics, de macro régions... qui détruisent l’égalité républicaine L’Acte III de la décentralisation prévoit de créer des maisons – qui peuvent être privées - de service AU public. Dans ce modèle libéral européen, la souveraineté populaire, la démocratie n’ont plus leur place.

 

IV - Notre conception des services publics est-elle franco-française ou universelle ?

§         Ça flatte de jouer les Astérix, mais au-delà d’un certain point c’est contre-productif. Après la guerre, il n’y a pas eu que le programme du CNR. Il y a eu ce qu’on a appelé l’Etat providence dans de nombreux pays occidentaux démocratiques. Au point qu’on nous ressort le souvenir du modèle suédois -sérieusement ébréché- pour nous faire avaler leurs régressions sociales ;

§         J’entends parfois dire qu’à l’étranger personne ne comprend ce qu’est un service public « à la française », que la seule traduction compréhensible c’est le SIEG. C’est faux ; j’ai participé avec le Réseau européen santé à une manifestation à Varsovie avec notamment des syndicats d’infirmières et de mineurs de Silésie. Tout le monde comprend ce qu’est une privatisation, le bradage d’entreprises publiques cédées pour un an de profit à des multinationales étrangères. Pareil pour les grecs, les portugais…

§         On pourrait multiplier les exemples, faire le tour de l’Europe. Les principes sur lesquels devraient reposer nos services publics sont universels.

§         C’est à partir de ces principes universels que doivent se reconquérir les services publics, en France, dans l’Union européenne et au-delà... Ce sont des principes de reconquête incontournables dans la perspective d’une Europe sociale.

 

LES SERVICES PUBLICS AU CŒUR DES ÉCHEANCES MUNICIPALE ET EUROPÉENNE

 

Le hasard du calendrier fait qu’en France les 2 échéances sont proches. Elles ont aussi un lien politique : les choix européens se matérialisent au niveau des municipalités comme à tous les niveaux, même si les citoyens sont tenus dans une ignorance condamnable.

Le CA de Convergence a décidé de mettre les services publics au cœur des échéances municipale et européenne. Résistance Sociale, comme les autres organisations qui en sont membres, apportera sa contribution.

§         Il n’y aura pas d’Europe digne de ce nom fondée sur la concurrence, l’inégalité, la destruction des services publics, des modèles sociaux. Le populisme est une impasse insupportable, mais est aussi l’expression de l’impasse de la construction européenne actuelle.

§         Il faut au contraire promouvoir des services publics, de haute qualité, dans chaque pays (enseignement, santé- protection sociale, transports, communication, énergie, logement, eau, services à la personne, services bancaires…).

§         La proximité, l’accessibilité pour toutes et tous, pour tous les âges, sont particulièrement importantes.

§         L’axe actuel de la législation européenne est la destruction des services publics au profit du privé. Elle doit donc être profondément modifiée.  Un maximum de contacts doit être pris dans les autres pays de l’UE pour créer le rapport de forces.

§         La question de la propriété dans un certain nombre de secteurs revient dans le débat. La coopération entre Services Publics de différents pays est souhaitable et possible si on a la volonté politique. Par contre, la coopération entre multinationales concurrentes, ce sont des ententes illégales. Les privatisations sont un boulet qui plombe l’Europe.

 

Seuls des services publics forts, de qualité, dans leur conception universelle, peuvent être le moteur du modèle social européen de haut niveau souhaité par les populations. 

 

Rappel : Anicet Le Pors voit le service public avoir son âge d'or au 21ème siècle - 9 sept. 2013 

 

Cet article est le 40ème paru sur ce blog dans la catégorie Services publics

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26 novembre 2013 2 26 /11 /novembre /2013 22:21

De Jean Poperen, il a gardé l’idée de contrat social

 

Le Premier ministre a créé la surprise en annonçant une remise à plat de la fiscalité. Voir Réforme fiscale : les dix travaux d'Ayrault (Le Monde, Patrick Roger, 25 novembre 2013).

Il semble probable que cette décision (très importante, car personne ne pourra désormais arrêter le processus de remise en cause de la fiscalité existante) a été prise en lien avec le PS, au moins certains députés. Voir Karine Berger défend la "remise à plat" fiscale de Jean-Marc Ayrault (BFMTV, 25 novembre 2013).

 

A son poste, le Premier ministre est bien placé pour voir arriver la protestation sociale et il a sans doute voulu tenter de la désamorcer, sans en méconnaître le risque. Je me souviens que, dans sa jeunesse, Jean-Marc Ayrault était dans les années 1970, à la gauche du PS, un soutien de Jean POPEREN  qui prônait le contrat social - voir Jean Poperen propose méthode et slogan pour le contrat social (Libération, 3 janvier 1995).

 

« Jean-Marc Ayrault semble déterminé mais les obstacles techniques et le risque politique paraissent insurmontables ». Voir Pourquoi la révolution fiscale n’aura (sans doute) pas lieu (Rue89, Pascal Riché, 25 novembre 2013).

 Jean-Marc Ayrault a reçu aujourd’hui les syndicats salariés et patronaux pour en discuter. Il est inédit que les partenaires sociaux soient invités à discuter de fiscalité. A la sortie de Matignon, Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, a trouvé le Premier ministre « déterminé » et eu l’air plutôt convaincu par la démarche. Ayrault recevra ensuite les présidents des groupes parlementaires et les rapporteurs généraux du budget des deux assemblées. Puis, en décembre, les représentants élus locaux. Il s’est engagé à faire des propositions à l’été 2014, pour un début d’application en 2015. Mais François Hollande affiche un entrain de tortillard : la réforme, dans sa totalité, prendra « le temps nécessaire, c’est-à-dire le temps du quinquennat » (…).  

Impôt sur le Revenu et Contribution Sociale Generalisée : deux logiques

IR : impôt affecté au budget de l’État, progressif, appliqué aux foyers fiscaux, tenant compte du nombre de personnes dans le foyer, mité de niches, prélevé l’année qui suit celle des revenus. CSG : contribution sur les revenus affectée à la sécurité sociale, individualisée, prélevée à la source des revenus, proportionnelle au revenu, dépourvue de quotient familial et de niches.

 

"C'est toute la politique économique qui est à revoir" selon Jean-Pierre Chevènement, qui était l'invité de Sud Radio le 24 novembre 2013. Il répondait aux questions de Louis Morin. Sur le thème de la fiscalité, il a dit : « J'ai bien gardé à l'esprit que tout cela se ferait à prélèvements constants. Je ne crois pas que la remise à plat de la fiscalité permettrait d'apaiser le climat en France, mais c'est une bonne idée quand même. Cela permet de bousculer des bulles médiatiques qui n'avaient pas grand sens et de rappeler la promesse de François Hollande de fusionner la CSG avec l'impôt sur le revenu. Mais cela comporterait des conséquences importantes pour les gens qui ont des revenus moyens ou supérieurs. Ça ne manquerait pas de faire crier, peut-être pas dans les maisonnées, mais dans les châteaux, peut être même dans les maisons de maître, et même dans des maisons plus modestes. Disons que les classes moyennes pourraient se sentir également impactées ».

Pour l'agaureps-prométhée (François Cocq et Francis Daspe), « l’impôt doit retrouver sa finalité républicaine : faire richesse commune au nom de l’intérêt général. La révolution française a permis d‘associer à l’impôt la nécessité de son libre consentement et de sa libre disposition. A l’heure où la Commission européenne vient de rendre son verdict sur notre budget national avant même que les parlementaires français l’aient examiné, l’impôt reste l’enjeu fondamental de la justice sociale et de la souveraineté populaire ». Voir En marche pour la Révolution fiscale

 

Cet article est le 12ème paru sur ce blog dans la catégorie Hollande Ayrault gouv.

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25 novembre 2013 1 25 /11 /novembre /2013 21:07

Le gouvernement commence à prendre en compte le problème

 

Le 23 novembre, j’avais publié un article annonçant Le 25 novembre, journée de lutte contre les violences faites aux femmes. Je le complète avec les propositions de Muriel Salmona, que l’on trouve dans l’article paru ce 25 novembre sur le site du Nouvel Observateur :

 

Violences faites aux femmes : 10 points pour améliorer les soins apportés aux victimes

 

Il y a quelques mois j’écrivais une tribune sur le soin des victimes de violences, le grand oublié des politiques publiques. Depuis, beaucoup de choses se sont passées : les travaux de la mission interministérielle de protection des femmes victimes de violences et de lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF) sur la formation des professionnels de la santé, le colloque sur le soin des victimes et la prise en charge des auteurs organisé par le ministère des Droits des femmes les 2 et 3 septembre 2013 (mission et colloque auxquels j’ai participé), et le nouveau plan triennal de lutte contre les violences envers les femmes qui vient d’être annoncé par Mme Najat Vallaud Belkacem la ministre des Droits des femmes et Porte-parole du gouvernement. Il semblerait qu’enfin une prise en compte de ce grave problème de santé publique soit en train d’émerger.

 

Un premier pas important

 Pour la première fois, Najat Vallaud Belkacem a déclaré que les femmes victimes de violences devraient pouvoir accéder rapidement à des soins sans frais par des professionnels formés, et que les violences faites aux femmes seraient considérées comme une priorité de santé publique. Avec un protocole national adressé aux Agences régionales de santé dans le but de renforcer les liens entre services de santé, de police et de justice. En cette journée internationale de lutte pour l’élimination des violences envers les femmes, c’est un premier pas très important qu’il faut saluer, il va en falloir beaucoup d’autres pour que toutes les victimes de violences traumatisées aient enfin la possibilité de recevoir des soins adaptés sur tout le territoire français et les DOM-TOM.

L’abandon sans protection ni soin de la très grande majorité des victimes de violences est un véritable scandale de santé publique. D’autant plus que nous disposons depuis plus de 10 ans de toutes les connaissances nationales et internationales sur la réalité des violences et la gravité de leurs conséquences psychotraumatiques.

Nous savons que ces conséquences sont très fréquentes (elles touchent de 60 à plus de 80% des victimes de violences intra-familiales, conjugales et sexuelles qui sont les plus nombreuses et les moins reconnues, la loi du silence et le déni régnant sur elles) et que les atteintes sont non seulement psychologiques, mais également neurologiques avec des dysfonctionnements importants des circuits émotionnels et de la mémoire, visibles sur des IRM. Nous en connaissons depuis plusieurs années les mécanismes psychologiques et neuro-biologiques.

 

L'enfance, une période déterminante

Nous savons très bien décrire cliniquement ces troubles psychotraumatiques, les diagnostiquer, et nous savons les traiter efficacement (avec une récupération des atteintes neurologiques grâce à la neuroplasticité du cerveau), nous savons aussi qu’avoir subi des violences particulièrement dans l’enfance est un des déterminants principal voire le déterminant principal (quand les violences ont eu lieu dans l’enfance) de l’état de santé des personnes même 50 ans après.

Et nous savons enfin que laisser des victimes de violences traumatisées sans soin est un facteur de risque de reproduction de violences de proche en proche et de générations en générations, les victimes présentant un risque important de subir à nouveau des violences, et aussi d’en commettre pour un petit nombre d’entre elles (ce qui suffit à alimenter sans fin un cycle des violences).  Lutter contre les violences passe par la protection et le soin des victimes.

Pourtant, à l’heure actuelle, les médecins et les autres professionnels de la santé ne sont toujours pas formés ni en formation initiale : lors d’une enquête récente auprès des étudiants en médecine plus de 80 % ont déclaré ne pas avoir reçu de formation sur les violences et 95% ont demandé une formation pour mieux prendre en charge les victimes de violences ; ni en formation continue, et l’offre de soins adaptés est très rare.

 

Des soins accessibles pour toutes les victimes

Le plus souvent les diagnostics sont erronés et les soins sont uniquement symptomatiques, avec des parcours de soins parfois maltraitants et qui représentent une perte de chance pour les victimes. De façon injuste, au mépris de leurs droits, les victimes vont devoir organiser seules leur survie face aux violences et à leurs conséquences. Il reste donc - et c’est un grand chantier - à mettre en place cette offre de soins et à la rendre accessible à toutes les victimes. Les femmes bien sûr, mais aussi les hommes victimes et les victimes les plus vulnérables et les plus discriminées, encore plus laissées pour compte, alors que ce sont celles qui présenteront le plus de conséquences psychotraumatiques :

- les enfants qui paient un très lourd tribu aux violences, surtout à l’intérieur de leur famille par leur proche, dès leur vie fœtale avec les violences conjugales pendant la grossesse, puis à leur naissance (néonaticides, bébés secoués) et tout au long de leur enfance avec les maltraitances et les violences sexuelles (les mineurs subissent plus de violences sexuelles que les adultes il ne faut pas l’oublier),

- les personnes âgées et malades, les personnes handicapées qui subissent trois fois plus de violences, les personnes sans-papiers, les demandeurs d’asile, les personnes qui sont à la rue, les victimes de violences sexuelles (sans oublier les victimes de violences sexuelles incestueuses, de violences sexuelles conjugales, de violences sexuelles dans les institutions et au travail, de violences sexuelles dans le cadre prostitutionnel).

 

Dix points sont incontournables pour y arriver

 

1- Une vraie politique de santé publique concernant la prévention, le dépistage, la prise en charge et le soin des victimes de violences, s’inscrivant dans une politique globale de lutte contre les violences et contre l’impunité des auteurs, et de protection de l’enfance et de toutes les victimes de violences.

2- Une formation en urgence des professionnels de santé et de tous les autres professionnels qui interviennent dans la prise en charge des victimes de violences : pour les former à la réalité des violences, à leur repérage, à leurs conséquences sur la santé physique et psychique des victimes et des témoins, à la connaissance des dangers que court la victime et des protections à mettre en place en urgence, sans oublier le cadre médico-légal (certificats et expertises).

3- L’élaboration de recommandations de la Haute Autorité de Santé sur la prise en charge des victimes de violences et le traitement de leurs conséquences psychotraumatiques.

4- La mise en place par décret - avec le soutien des agences régionales de santé - de centres de santé pluri-disciplinaires pour les victimes de violences (et pour les enfants témoins des violences domestiques, ainsi que pour les proches), accessibles pour toutes les victimes quels que soient leur âge, leur handicap, leur situation sociale et proposant des soins sans frais, et si nécessaire anonymes, par des professionnels compétents et formés dans chaque département, avec une prise en charge globale (médicale, sociale, associative et judiciaire), et une mise à disposition d’information et de documentation.

5- Des campagnes d'information grand public sur les conséquences des violences et la possibilité de les traiter, des campagnes de prévention, et l’élaboration d’outils de prévention et d’information.

6- La création d'un observatoire national sur l'impact des violences et la prise en charge des victimes.

7- La mise en place d'enquête et de recherches sur les conséquences  des violences sur la santé et sur les moyens de prévenir et de traiter ces conséquences.

8- La mise en place d’un centre d’accueil téléphonique d’expertise, de conseil, d’orientation et de documentation pour les professionnels de la santé et tous les intervenants de la prise en charge.

9- La mise à disposition pour les victimes de violences d’un carnet de santé informatif indiquant l’origine traumatique de leurs troubles pour éviter des prises en charge inadaptées et des diagnostics erronés, et permettant un travail en réseau de qualité.

10- La protection des professionnels de santé qui signalent des maltraitances sur des mineurs ou des personnes vulnérables, et qui établissent des certificats médico-légaux pour des victimes de violences.

 

 Cet article est le 18ème sur ce blog dans la catégorie Femmes.

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24 novembre 2013 7 24 /11 /novembre /2013 20:27

Une telle mobilisation n’avait jamais été vue auparavant

 « Une fièvre de cheval ». L’expression ne s’applique pas aux chevaux mais à leur environnement économique. Cela fait du monde, dont les activités sont touchées par les conséquences de la suppression du taux réduit de TVA, sur injonction de la Commission européenne. Y compris pour La Mayenne, terre de cheval (Le Parisien, 4 juin 2013).

Olivier Peslier, né à Château-Gontier, a commencé par des courses de poneys. J’ai connu sa famille à Cossé-le-Vivien. C’est le jockey en activité qui a le plus beau palmarès, selon Wikipédia.

 

Pour bien comprendre le problème qui est posé à la filière équine depuis longtemps, voici les explications de Pascal Donet dans l’hebdomadaire L'Avenir Agricole. Elles datent du 14 décembre 2012. Voir  

Le changement de TVA inquiète la filière équine

 

La TVA sur les ventes de chevaux et une partie des activités équestres devrait passer de 7% à 19,6% dès janvier 2013. L’objectif est de se conformer à la législation européenne. Les filières des courses et des sports sont sous le choc. Pour la Commission européenne, le taux réduit de TVA concerne la vente de chevaux destinés à l’alimentation ou à la production agricole et ne peut donc pas être appliqué aux chevaux de course. La France bataille depuis 2002 avec Bruxelles sur ce sujet. Le 8 mars dernier, la Cour de justice européenne a confirmé la situation française “non conforme” à la directive TVA.

Un aménagement spécifique pour combien de temps ? Dès le 1er janvier 2013, le taux réduit de TVA (7%) serait supprimé pour les gains de course et la vente de chevaux, à l’exception de ceux destinés à la boucherie ou encore utilisés dans la production agricole (labour, débardage, etc.). Mais ce passage au taux plein de TVA (19,6%) ne concernerait pas les centres équestres. L’information provient du ministère de l’Agriculture­. Les centres équestres devraient continuer à bénéficier du taux réduit à 7 %. Cette dérogation pourrait n’être à nouveau que transitoire. Un amendement, voté par l'Assemblée­ Nationale, décalerait à plus tard de porter le taux des activités des centres équestres à 19,6% (20% au 1er janvier 2014). Quid de la filière course et élevage ? Selon les informations qui circulent, ces deux filières passeraient au taux plein en janvier prochain. Reste en suspens la grande question de la valorisation des chevaux de sport, n’entrant pas pleinement dans une des catégories précédentes.

Des conséquences importantes sur l’emploi. Selon l’Institut Français du Cheval­ et de l’Equitation (IFCE), l’activité équine crée 1000 emplois par an depuis six ans et 6000 emplois directs sont menacés dans l’année à venir. Avec cette augmentation brutale de 12,6 % de TVA, le choc va être rude pour la filière équine tout entière.

Des amendes fortes en cas de non-respect. Si l’Etat français n’applique pas cette mesure européenne, il risque une amende de 20 à 30 millions d’euros par an quand, dans le même temps, les activités équestres, courses comprises, lui rapportent deux milliards d’euros. En plus de cette amende conséquente, si la France n’applique pas les nouvelles règles de TVA européenne, elle sera condamnée pour manquement et devra payer 250 000 euros d’astreinte par jour de retard à partir du 1er janvier 2013... (…)

 

Le quotidien régional Ouest-France a relaté l’évènement.

Au niveau national (Guillaume LE DU, 14 novembre 2013) :

TVA à 20 % dans l’équitation : ça ne passe pas

Cette hausse pourrait provoquer la fermeture d’un tiers des centres équestres, selon les professionnels. En guise de compensation, le gouvernement promet un « fonds cheval ». La réunion des professionnels du cheval avec Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, et Bernard Cazeneuve, ministre du Budget, mardi 12 novembre à Paris n’aura pas eu beaucoup d’effets… Dès le lendemain, le gouvernement a publié le décret entérinant la hausse de la TVA de 7 % à 20 % sur l’activité des centres équestres. Cette TVA sera applicable au 1er janvier 2014. Le gouvernement dit devoir obéir à une injonction de Bruxelles et à un risque de sanctions financières.

Conséquence : un tiers des 7 000 centres équestres français pourrait être amené à mettre la clé sous la porte. « La filière, qui représente 40 000 actifs et salariés, va perdre 6 000 emplois et fermer 2 000 établissements équestres pour une mesurette qui va rapporter trois sous à l’Etat », affirme Serge Lecomte, le président de la Fédération française d’équitation.

Le risque d’un sport élitiste

Pierre Moscovici, le ministre de l’Economie et des Finances, a senti le danger et a annoncé, dès hier, des aménagements. Un « fonds cheval » de 20 millions d’euros sera débloqué pour les centres équestres. Les contrats conclus avant le 1er janvier bénéficieront du taux réduit jusqu’à leur terme, au plus tard fin décembre 2014. Selon le ministre, ces deux mesures vont absorber les deux tiers des coûts liés à la hausse de la TVA. La France promet aussi de défendre un taux réduit dans le cadre de la révision de la directive TVA. Pour Serge Lecomte, ces mesures sont « un gadget » (…).

La grogne des centres équestres ne faiblit pas. Après Paris, Toulouse, Montpellier ou Dijon, les manifestations continuent dans l’Ouest, avec des rassemblements ce jeudi à La Roche-sur-Yon, samedi 0 Rennes, Brest, Quimper, Nantes, et dimanche à Caen. « En quarante ans, je n’ai jamais vu une telle mobilisation », souligne Gérard Naudin, le directeur du comité régional d’équitation de Normandie.

 

CindyBerengere290709-015-T1.jpgAu niveau du département de la Mayenne (Sophie DELAFONTAINE, 23 novembre 2013) - photo Centre équestre d'Ambrières-les-Vallées, 29 juillet 2009.

 

Les Mayennais manifestent dimanche contre l’équitaxe

Ils devraient être une cinquantaine de Mayennais à se rendre à Paris, en car, dimanche. Six structures du département seront représentées. Ils vont manifester contre la hausse de treize points de la TVA. « Qu’il y ait une TVA à 20 % sur nos prestations de services comme les pensions pour chevaux, d’accord. Mais nous faisons partie du monde agricole, avec une TVA réduite, et nous enseignons un sport qui doit bénéficier comme les autres d’une TVA réduite ».

Barbara Javaux-Bisceglia est en colère. Son école d’équitation et son élevage, situés à Ambrières-les-Vallées, elle y tient comme à la prunelle de ses yeux. Elle avait déjà eu à supporter une augmentation de la TVA en janvier dernier pour la vente d’animaux issus de l’élevage, passant de 2,1 % à 20 %. « Comme je ne vends que deux à trois chevaux par an, c’est supportable ». Mais une augmentation de treize points sur son centre équestre, c’est une autre histoire (…).

 

Trois questions à Xavier Soler, délégué du groupement hippique national pour la Mayenne

Qu’est-ce qui vous met le plus en colère ? Cette augmentation de la TVA de 13 points est inopportune et injuste. Nous nous battons contre Bruxelles depuis quelques années. Nos écoles d’équitation sont une spécialité française. En Angleterre, par exemple, pour pratiquer à un bon niveau, il faut acheter son chaval. Notre modèle est donc unique. La France avait un sursis jusqu’en décembre 2014 avant de potentiellement augmenter la TVA, ce qui laissait le temps à nos élus d’adopter une mesure euro-compatible dans le Code général des Impôts et de continuer de bénéficier d’un taux réduit. Il n’y avait donc aucune urgence.

Il est proposé une compensation… Le fonds cheval ? Quel est l’intérêt ? Nous ne voulons pas entrer dans une politique d’assistanat. L’équitation est un sport qui ne coûte rien à la collectivité et qui ne vit qu’avec les cotisations de ses membres. Nos infrastructures sont privées. Nous avion d’ailleurs, pour la plupart d’entre nous, anticipé cette augmentation. Mais de trois points, pas de treize ! (…)

 

 Voir aussi, concernant les manifestations de ce 24 novembre à Paris :

Les cavaliers défilent à Paris contre la TVA à 20% (Nouvel Obs. 24 novembre 2013)

TVA : poneys et chevaux à Paris (Le Monde, 24 novembre 2013)

Cet article est le 133ème paru sur ce blog dans la catégorie France et Europe

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23 novembre 2013 6 23 /11 /novembre /2013 17:11

Muriel Salmona : le livre noir des violences sexuelles

 

« En 1981, la date du 25 novembre comme journée de lutte contre les violences à l'égard des femmes a été choisie par le monde militant "droits des femmes" en mémoire des 3 soeurs Mirabal, brutalement assassinées sur ordre du dictateur dominicain ce jour de l'année 1960.

En 1999, l'ONUOrganisation des Nations unies a déclaré le 25 novembre "journée internationale pour l'élimination de la violence contre les femmes" et a invité les gouvernements et les associations à organiser ce jour des activités conçues pour sensibiliser l'opinion à ce drame ».

Voir ce qui est organisé au niveau des Pays de la Loire : Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes

 

Dans son édition du 21 novembre 2013, le quotidien Ouest-France (page des Pays de la Loire, Isabelle Labarre) a posé trois questions à Muriel Salmona*, psychiatre, présidente de l’association « Mémoire traumatique et victimologie ». Celle-ci  était invitée à un colloque, le 22 novembre, à la faculté de droit de Nantes.

 

Pourquoi le silence fait-il loi sur les situations de violences subies par les femmes ?  

Les chiffres, ce sont 145 femmes tuées en 2012, 75 000 viols par an, plus de 180 000 si on prend en compte les mineurs. Mais la réalité de la situation actuelle, c’est effectivement la loi du silence. Moins de 10 % des femmes victimes de violences osent déposer plainte. Le silence est d’autant plus difficile à briser que 80 % de ces violences sont commises par des proches. Par ailleurs, les femmes ne sont pas suffisamment informées de leurs droits. Beaucoup ne savent pas identifier un viol, a fortiori conjugal, et ne connaissent pas  les conséquences traumatiques lourdes pour leur santé. Au final, seulement 20 % des femmes victimes sont prises en charge, l’immense majorité reste dans le silence.

 

Pourquoi est-il si difficile de parler ?  

Les femmes violées ou qui ont subi des violences ont une image catastrophique d’elles-mêmes. Elles se sentent coupables. Pourquoi n’ont-elles pas crié ? Pourquoi ne sont-elles pas parties ? Les conséquences psychotraumatiques peuvent entraîner des phénomènes de sidération ou de mémoire traumatique : la victime revit sans cesse le drame, réentend les phrases assassines. C’est une vraie torture s’il n’y a pas de prise en charge. C’est comme si on laissait une fracture se réparer toute seule. Conséquence : la femme n’en parle pas car elle a peur de revivre la scène. Elle consulte pour des symptômes cardiovasculaires, pulmonaires, digestifs… mais ne fait pas le lien entre ce qu’elle a subi et ses troubles.

 

Aide-t-on les victimes à s’exprimer ?  

Pas assez. Les médecins ne sont pas suffisamment formés à la psychotraumatologie et se retrouvent face à des patientes souffrant d’attaques de panique, de dépression… sans leur poser la question de violences éventuellement subis. Si le médecin ne le fait pas, la victime ne le dira pas spontanément. Pour la prise en charge judiciaire des victimes, il faudrait que les femmes puissent déposer plainte dans de bonnes conditions. Parfois, les enquêteurs continuent de regarder la victime de manière soupçonneuse. Soit elle était consentante, soit elle ment. Par exemple, on considère qu’elle ment si elle est incapable de dire à quelle heure elle a été violée. Or, cette réaction est normale, elle est liée au traumatisme.

 

* Muriel Salmona est l’auteur d’un livre « Le livre noir des violences sexuelles » (Dunod, avril 2013). Voir le site et l’article paru le 6 septembre 2013 dans l’Humanité Muriel Salmona «La réalité des violences sexuelles est l'objet d'un déni massif.

 

Rappel : le combat contre une autre forme de violence faite aux femmes, la violence psychologique :

Parmi les violences faites aux femmes, la manipulation destructrice- 6 août 2011

Violences psychologiques faites aux femmes : la loi doit être améliorée - 15 mars 2012

La manipulation destructrice : entretien avec le Dr Geneviève Pagnard - 16 mars 2012

Loi sur les violences faites aux femmes : l'audition de Valérie Bouveri -  25 mars 2012 

 

Cet article est le 17ème sur ce blog dans la catégorie Femmes.

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22 novembre 2013 5 22 /11 /novembre /2013 19:03

Vidéo intégrale de la conférence à la Cité des livres

 

Fondation-J-Jaures-livre-Chevenement-121113-002.-Tjpg.jpgLe 12 novembre 2013, la "Cité des livres" de la Fondation Jean Jaurès recevait, Cité Malesherbes, l'auteur d'un opuscule qui fera date 1914-2014 : l'Europe sortie de l'histoire?  (Fayard, octobre 2013, 342 pages, 20 euros). Le même auteur, Jean-Pierre Chevènement, pour son précédent ouvrage « La France est-elle finie ? », chez le même éditeur, avait reçu le prix du livre politique 2011.

 

Dans son numéro de novembre, la revue Esprit Critique avait proposé une critique du livre par Thierry Germain (voir Le livre de Chevènement sous la critique de la Fondation Jean Jaurès - 14 novembre 2013). 

 

Jean-Pierre Chevènement a commencé par indiquer que la Cité Malesherbes lui rappelait de bons souvenirs puisque c’était le siège du parti socialiste en 1971 et, donc, le lieu de travail des responsables du PS après le congrès d’Epinay. Il se souvient aussi, étudiant de Sciences Politiques à Paris mais aussi frontalier avec l’Allemagne et parlant l’allemand, avoir rédigé en 1960 un mémoire de 160 pages sur la droite nationaliste allemande. Voir la suite : Invité par la Fondation Jean Jaurès, Chevènement a présenté son livre - 15 novembre 2013. 

Ce 22 novembre, on peut trouver la vidéo de la conférence dans son intégralité. Voir "Chaque épisode de mondialisation modifie l'équilibre des puissances".

Au cours du débat, j’avais posé une question relative à la perception par Jean Jaurès des causes de la guerre (voir vidéo, avant-dernière question, à 1h 14’ 40’’). Cette question était née du commentaire* d’un fidèle lecteur à l’article mis en ligne sur le blog du MRC 53 le 11 novembre 2013. Voir Jean Jaurès, dernier discours avant le désastre de la guerre de 1914 (discours du 25 juillet 1914 à Lyon).

 

* Le commentaire :

« Ce texte très visionnaire de Jean Jaurès est en complète contradiction avec l'interprétation que donne Jean-Pierre Chevènement du déclenchement de la première guerre mondiale. L'interprétation de Jaurès me semble bien plus convaincante... et il l'a payé de sa vie ».

Ma réponse sur le blog :

J'ai été très intéressé par ce discours de Jaurès et j'avais constaté les différences d'approche avec ce qu'indique Jean-Pierre Chevènement dans son livre. Etant présent dans les locaux de la Fondation Jean Jaurès mardi 12 novembre, au 1er rang des auditeurs de Jean-Pierre Chevènement (j'ai rapporté ce qu'il a dit dans la présentation de son livre, voir l'article publié le 15 novembre), je lui ai posé la question, lui demandant ce qu'il pensait de la vision de Jaurès des causes de la guerre. Il a répondu longuement, bien sûr en rappelant que Jaurès n'avait pas tous les éléments dont nous disposons maintenant avec le recul historique. Notamment, il n'avait pas vu "l'hegemon", la question de la suprématie dans la mondialisation entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne. Il décrivait l'engrenage conduisant à la guerre, mais pas le moteur de la guerre. Il voyait très bien les alliances qui conduisaient à la guerre, mais pas le dessous des choses.

 

Rappel : complément à la revue de presse précédente (voir Le nouveau livre de JP Chevènement : revue de presse, dont Le Monde - 8 novembre 2013).

"Pour revenir dans l'Histoire, l'Europe doit transformer l'euro de monnaie unique en monnaie commune" . Jean-Pierre Chevènement était l'invité de Xerfi Canal lundi 18 novembre 2013. Il répondait aux questions de Jean-Michel Quatrepoint.

"François Hollande doit aller très loin dans la voie d'un véritable changement de politique" . Jean-Pierre Chevènement était l'invité de Radio Télévision Suisse, mardi 12 novembre 2013. Il répondait aux questions de Simon Matthey-Doret.

"Les 1,4 million de Poilus tués ne l'auront pas été en vain si la France continue" .  Jean-Pierre Chevènement était l'invité de LCI et Radio Classique lundi 11 novembre 2013. Il répondait aux questions de Guillaume Durand.

"Il faudrait faire un gouvernement qui puisse changer de cap!" .  Jean-Pierre Chevènement était l'invité de l'émission "On n'est pas couché" sur France 2 samedi 9 novembre 2013. Il répondait aux questions de Laurent Ruquier, Natacha Polony et Aymeric Caron.

"La guerre de 14 s'est terminée en 1945" . Entretien de Jean-Pierre Chevènement au Journal du Dimanche le 10 novembre 2013. Propos recueillis par Laurent Valdiguié.

"Remanier est inadapté à la situation actuelle. Ce qu'il faut, c'est un changement d'orientation politique" . Entretien de Jean-Pierre Chevènement dans Nice Matin, vendredi 8 novembre 2013. Propos recueillis par André Fournon.

 

Cet article est le 183ème paru sur ce blog dans la catégorie CHEVENEMENT

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21 novembre 2013 4 21 /11 /novembre /2013 21:27

Première source d’énergie de l’économie mondiale en 2020

 

Le charbon est, de loin, la source d’énergie la plus polluante (gaz à effet de serre) et dangereuse pour la santé - voir Les dangers du charbon (Bernard Durand, 16 novembre 2011, Sauvons le Climat) - et, pourtant, elle est en passe de devenir la principale énergie utilisée dans le monde.

 

On peut supposer que c’est avec l’espoir d’impliquer davantage la Pologne (championne du charbon) dans les actions contre le changement climatique que le choix s’est porté sur Varsovie pour accueillir la Conférence internationale sur le climat en 2013, avant Paris en 2015.

Cette Conférence a vu l’opposition entre les nations qui ont contribué à la pollution atmosphérique (les USA, en tête) et celles qui ne veulent pas s’interdire de le faire maintenant (notamment la Chine). Voir Climat : les ONG claquent la porte(Le Monde, 21 novembre 2013). Extrait. « Cet accord, qui doit entrer en vigueur en 2020, se veut le plus ambitieux jamais obtenu sur le changement climatique : universel, légalement contraignant, il devrait réduire les émissions de gaz à effet de serre afin de limiter le réchauffement à 2 °C par rapport à l'ère préindustrielle. Pour l'heure, les émissions sont à la hausse et mettent le monde sur la trajectoire d'un réchauffement de près de 4°C ».

Rappel : Evolution du climat : les experts du GIEC renforcent leur diagnostic - 5 oct. 2013 

 

Depuis une vingtaine d’années, des recherches ont été conduites sur le captage du gaz carbonique (CO2) des industries polluantes pour le stocker dans le sous-sol. Le quotidien Ouest-France a posé la question des résultats de ces travaux. Voici des extraits de l’article daté du 13 novembre 2013, intitulé « Le stockage du CO2 a du mal à faire son trou ».

Entretien de Serge Poirot avec Isabelle Czernichowski, géologue au Bureau de recherche géologique et minière.

La recherche a beaucoup progressé, mais le développement de cette technologie butte sur des limites financières. Pourtant, elle est considérée comme indispensable pour freiner le changement climatique.

 

Où en est le stockage du gaz carbonique (CO2) ?

Après vingt ans de recherche, on est à un moment charnière. En 1993, un premier projet de recherche européen avait pour but d’évaluer la faisabilité du captage du CO2 des industries pour le stocker dans le sous-sol afin de lutter contre les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Depuis, il y a eu de nombreux développements dans le monde. Maintenant, on a besoin d’expériences de terrain - de recherche et de taille industrielle - pour pouvoir préparer un développement commercial, à partir de 2020-2025 (…).

 

Quelles sont les perspectives ?

Dans tous les scénarios de lutte contre le changement climatique, on a besoin du stockage du CO2. Cela pourrait permettre d’éviter 17 % des émissions mondiales, soit presque autant que la part des énergies renouvelables. Mais il faudrait mille sites comme Sleipner (en Norvège). La capacité de stockage du sous-sol le permet : elle est estimée à au moins 2 000 milliards de tonnes alors que les émissions de CO2 humaines sont de 30 milliards par an. Mais pour que les industriels gros émetteurs - centrales électriques à charbon, cimenterie, sidérurgie… - aient intérêt à investir, il faudrait des contraintes réglementaires ou un marché du carbone plus fort. Il y a un problème de volonté politique.

 

Le rédacteur en chef de la publication Edito Matières Premières (publications AGORA), pécialiste des matières premières et des pays émergents a une connaissance approfondie de l'ensemble de la chaîne industrielle des matières premières - des pays producteurs aux marchés de consommation. Voici ce qu’il a écrit le 20 novembre 2013.

Le charbon "propre" est-il un mirage ?

 

Peut-on être écologiste et défendre le charbon ? Greenpeace s’est chargé de répondre à cette question cette semaine par la négative en occupant le toit du ministère polonais de l’Economie, à Varsovie, pour dénoncer son mix énergétique trop dépendant du charbon. Le choix de Varsovie n’était pas le fruit du hasard. La ville polonaise s’est prêtée au jeu du grand écart en accueillant en même temps deux manifestations autour de thèmes diamétralement opposés. La première était la conférence mondiale sur le climat des Nations unies, dix-neuvième du nom. Ouverte dans l’anonymat général, du moins en France, ce grand raout des acteurs de l’écologie lancera un cycle de deux ans pendant lequel seront étudiés les différents moyens de limiter l’augmentation de degrés Celsius de la température du globe. Pendant plusieurs jours s’est tenue une autre conférence qui a rassemblé ceux qui tiennent justement entre leurs mains la solution pour limiter ce réchauffement, puisque Varsovie a accueilli le sommet international du charbon.

 

Le charbon, une énergie paria

Il y a peu de temps, le charbon était encore présenté par les mouvements verts comme une énergie que l’on pouvait maîtriser. Bien entendu, le charbon est la plus polluante des énergies fossiles. La combustion d’une tonne équivalent pétrole (tep) de charbon rejette 1 123 kilos de CO2. Mais les technologies de capture du CO2 ont longtemps été présentées comme la clef pour rendre cette énergie inoffensive pour le climat. Tout était question d’investissement et de R&D. L’enthousiasme est aujourd’hui quelque peu retombé. Les technologies de captage/stockage du CO2 (CSC) peinent à percer, et l’emprise du charbon sur le mix énergétique mondial continue de s’étendre. Le charbon propre n’est peut-être pas la meilleure énergie pour lutter contre le réchauffement climatique du fait de son prix.

 

Un coût extrêmement élevé

Voici une publication qui donnera un argument de plus aux défenseurs des énergies vertes. Selon un rapport de la Banque mondiale publié le 18 novembre dernier, le réchauffement climatique coûterait 200 milliards de dollars par an. Toutefois, il semble encore que le coût des technologies de captation de carbone soit tout aussi ruineux. Aux 200 milliards de la Banque mondiale, l’Agence Internationale de l’Energie oppose le chiffre de 900 milliards de dollars. C’est le coût global estimé de la séquestration géologique des émissions mondiales d’ici 2050. Bien que ce chiffre représente une dépense de 24 milliards par an, le calcul de l’AIE pointe bien le principal du problème des technologies CSC, son prix.

Effectivement, les projets qui ont été lancés ces dernières années se sont révélés particulièrement peu rentables. Le Wall Street Journal s’est fait l’écho en octobre dernier du désastre de la centrale au charbon propre de Kemper aux Etats-Unis. Ce projet de centrale doit capter 65% des émissions de CO2 pour une puissance de 582 MW. Alors qu’aucun électron n’a encore été produit, les coûts ont déjà augmenté de plus de 50%. Le projet a englouti 4,7 milliards de dollars, contre 2,9 prévus au départ. Comme le décrit Michael Haggarty, analyste chez Moody’s Investors Service, Kemper “fait fuir les gens”.

Plus généralement, les études menées ne laissent pas un grand espoir aux défenseurs du charbon propre. Selon les calculs de Philippe Le Moal, professionnel du commerce des certificats d’économie d’énergie (CEE), le surcoût du MWh produit à partir du charbon vert oscille entre 40 et 60% au regard de l’exemple allemand. En 2009, c’est le Centre International de recherche sur l’environnement et le développement (CIRED) qui a conclu que le coût de production d’énergie augmentait de 25 à 50% avec un système de CSC. Le problème, c’est que si les technologies de CSC stagnent, l’utilisation du charbon elle décolle.

 

Le charbon, première énergie au monde en 2020

Dans le monde, le charbon représente 40% de la production d’électricité. En Chine et en Inde, cette proportion atteint respectivement 70% et 80%. Or malgré l’importance prise ces dernières années des thématiques environnementales en Chine, la consommation continue de progresser. La consommation de charbon hors OCDE a augmenté de 8,4% en 2011, principalement du fait de Pékin. La progression est si forte que selon le cabinet Wood Mackenzie, le charbon devrait en 2020 devenir la première source d’énergie de l’économie mondiale. Pour inverser cette tendance, les décideurs se sont attaqués à son principal atout face aux autres énergies, son coût. Comme le souligne un article de ParisTech Review, selon le C2ES (Centre de recherche indépendant sur le climat et l’énergie), “un dollar de charbon permet de produire autant d’énergie que 6 dollars de pétrole ou de gaz naturel”.

Pourtant, les gouvernements ont essayé de renchérir le coût du charbon en obligeant les industriels à payer pour sa facture “environnementale”. C’était l’idée de la création d’un marché du CO2. Malheureusement, les cours de la tonne de CO2 en Europe se sont effondrés depuis plusieurs années, passant au-dessus des 30 euros lors de son pic de 2006 à moins de 5 euros actuellement.

 

Qui saura verdir le mix énergétique ?

Tout espoir n’est pourtant pas perdu. Si la consommation chinoise est effectivement en pleine progression, Pékin vient de créer à son tour son propre marché du CO2. Son bon fonctionnement pourrait permettre au minimum de contrôler les émissions de CO2 de l’empire du Milieu. Il n’en demeure pas moins qu’à l’avenir il est peu probable que le charbon soit sévèrement concurrencé par les énergies renouvelables, ne serait-ce que pour une simple question de performance. Toutefois, le charbon est en train de perdre du terrain face à une autre énergie fossile, du moins aux Etats-Unis : le gaz.

Le développement des gaz de schiste a effectivement fait reculer la consommation de charbon américaine, alors même que son industrie montait en puissance depuis 2000. Moins efficace que la technologie CSC, la fracturation hydraulique est pour l’instant le moyen le plus rapide et le plus économique de réduire les émissions de CO2 (…).

 

Cet article est le 82ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

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